Chapitre 15 : Les masques tombent

Notes de l’auteur : Oui, je m'amuse avec les titres de chapitres.

Le casque, brisé en deux, tomba avec lourdeur, révélant le visage en sang du chasseur. L'écho de la chute résonna dans le couloir pendant quelques secondes, sonnant aux oreilles du Twi'lek comme un mirage. Tandis que le jeune Skywalker se faufila dans le couloir sombre, Orn, brûlé par la douleur qui traversait son visage, sentit ses jambes se dérober sous lui. La main au sol, il resta appuyé sur ses genoux, clignant des yeux avec frénésie pour chasser sa surprise et son choc. Avec son autre main, le chasseur essuya machinalement le liquide rouge sur son visage. Son sang se glaça lorsqu'il comprit avec horreur qu'une grande entaille traversait son visage d'un œil au coin opposé de la bouche. Avec effroi, il réalisa également que s'il pouvait toucher son visage, c'est parce qu'il n'avait plus son casque.

Une panique s'empara de lui, plus forte et plus puissante que celle liée à sa blessure. Sa respiration s'accéléra, se coinça dans sa gorge, ressemblant plus à un râle qu'à une expiration. Ses pensées défilèrent à toute vitesse, sans laisser le temps au Twi'lek de les comprendre. Semblables à des grains de sable s'échappant entre ses doigts, toutes ses réflexions s’enfuyaient, pour enfin laisser le chasseur la tête vide. La panique, l'angoisse et la douleur s’emparèrent de tout son être. Orn n'arrivait plus à se concentrer, et ne pouvait plus réfléchir. La seule pensée qu'il réussissait à saisir était : je n'ai plus mon casque. Et cette pensée l'effrayait, effaçant en lui les moindres possibilités d'agir en conséquence. Sans son casque, c'était sa fin. Skywalker avait vu son visage, et, bientôt, d'autres le verraient et Galaxie entière serait au courant. Plus aucun lieu ne sera sûr pour Orn et son équipage. Il devrait toujours être sur ses gardes, sans pouvoir retourner à Ryloth. La tombe de sa sœur, dans un cimetière seulement connu du clan Tualin, deviendrait un lieu à éviter. Ses ennemis le traqueraient sans répit, pouvant enfin se renseigner sur le passé du Twi'lek banni. L'Empereur trouverait un autre Chasseur Impérial, moins atteignable, et Orn tomberait à la merci de ceux qui le haïssaient. Les Rebelles, les Mandaloriens, toutes les personnes affectées de près ou de loin par ses chasses indénombrables viendraient le poursuivre. Les primes s'abattraient sur lui, pour achever le Twi’lek pris au piège dans cette Galaxie si exposée. Et, dans ce chaos de réflexions et de panique, le chasseur pensa à Fett. Le travail entrepris par le Mandalorien serait enfin terminé, quelques années après l'embuscade.

Les yeux fixés sur le sol, Orn sentait le sang goutter, s'écrasant par terre comme des larmes qui glissaient sur sa joue. Les perles rouges tachaient la blancheur éclatante du sol, ternissant sa luminosité pourtant rayonnante. Seul dans le couloir, le Twi’lek laissait ses taches de vitiligo disparaître de ses mains, remplacées par le liquide rougeâtre qui ne cessait de couler. Une douleur intense fixait sur son visage une éternelle grimace de souffrance. Le coup de blaster brûlait le chasseur, marquant sur sa face une trace qui ne partirait jamais. Orn ne saurait dire combien de temps il était resté ainsi, genoux et mains à terre, à fixer le sol sans comprendre ce que son cerveau lui disait. Tout cela paraissait irréel. Malgré ce que lui dictait le bon sens, le chasseur ne bougeait pas, sentant sur ses épaules sa capuche qui était tombée. Il ne songea même pas à contacter Nasha et Twik. De toute manière, il n'était pas en état de prononcer ne serait-ce qu’un seul mot. Orn avait un cran de retard sur le présent, et comprendre ce qu'il venait de se passer lui prenait du temps. Même la douleur, pourtant bien présente, semblait distante, semblable au fantôme d’une blessure ancienne.

Soudain pris d’un nouveau courage, le Twi’lek leva la tête, presque prêt à se relever sur ses jambes tremblantes. Mais lorsque son regard se posa sur les deux morceaux qui avaient constitué son casque, cette récente bravoure s’évapora aussi rapidement qu’elle était venue. Impuissant, le chasseur observa les débris noirs. Parfaitement scindé en deux, le casque gisait au sol, et le symbole du Chasseur Impérial était brisé. La couronne surplombant le vautour se retrouvait en deux fractions, faisant resurgir dans l’esprit du Twi’lek les mots prononcés par une Rebelle sur Alderaan. La vision de son casque ainsi détruit réussit à faire réagir son porteur, qui ravala un sanglot compressant sa gorge. Il ramena avec difficulté ses genoux sous lui, s’agenouillant devant les morceaux. L’idée de tout abandonner effleura son esprit, mais face à son casque scindé, Orn n’avait plus la force de rien. Il laissait son sang couler sur son visage et glisser sur son armure noire, ignorant la douleur et le danger qu’une telle entaille représentait. Ainsi enfermé dans cette bulle qui l’empêchait de rejoindre la réalité, le chasseur sursauta avec violence lorsque la voix de Lando retentit dans les couloirs, altérée par les haut-parleurs ornant discrètement les murs blancs.

"Ici Lando Calrissian. L’Empire a pris le contrôle de la ville. Je conseille à tous de partir immédiatement, avant que d’autres troupes impériales n’arrivent."

Les paroles de Lando, résonnant le couloir vide, arrachèrent Orn à sa torpeur. Soudain raccroché à la réalité, le chasseur se leva, d’un geste hésitant. Suite à l’annonce de l’administrateur de la Cité des Nuages, les habitants de la ville flottante allaient se précipiter vers les plateformes d'atterrissage pour tenter de fuir l’armée de l’Empire. Le Twi’lek devait à tout prix éviter la population. De ses mains sanglantes, il mit sa capuche noire, allant jusqu’à cacher ses yeux jaunes et paniqués. Orn se dirigea ensuite vers un autre couloir, à la recherche d’une salle pouvant faire office de cachette. Le pas rapide mais titubant, il déambula dans différentes allées, l'esprit toujours embrumé. Tous les couloirs se ressemblaient et éblouissaient le chasseur de leur blancheur dont la pureté se retrouvait tachée par les gouttes de sang qui ne cessaient de tomber. Le Twi'lek ignora son impression grandissante de tourner en rond, puis s'arrêta enfin devant une porte. Salissant la poignée de sa main couverte de sang, il ouvrit la porte, qui révéla une petite salle sombre. Décidant de s'y réfugier le temps de se remettre de ses émotions et de sa blessure, Orn se faufila à l'intérieur et ferma la porte. Il se retrouva plongé dans le noir et dans le silence calme, semblable à celui d'une nuit paisible.

Le chasseur entendait seulement sa respiration rapide et troublée, et son corps entier était soumis à de nombreux soubresauts irréguliers. Seul dans cette salle sombre et vide, il sentit toute sa panique immédiate le quitter, brisant définitivement la bulle qui le séparait de la réalité. Revenu au présent, le Twi’lek lâcha un soupir de rage et de défaite, puis se laissa glisser au sol. Une nouvelle panique s'empara de lui, plus insidieuse et discrète que la première, mais elle était plus puissante et violente. Orn réprima un haut-le-cœur, saisi de forts tremblements. Il prit sa tête entre ses mains, fermant les yeux et laissant les larmes s'enfuir librement de ses yeux. Puis, après un soupir, le chasseur ressentit le besoin de rationalité. La tête toujours enfouie dans ses mains sanglantes, il se força à éloigner la panique pour mieux penser.

Une inspiration. Puis une expiration. Le Twi'lek recommença une deuxième fois. Maintenant, il lui fallait réfléchir. Son casque était brisé, scindé en deux, mais ce n'était pas le plus important. Ce qui l'était concernait son identité. Seul Skywalker avait aperçu son visage, et peut-être n'avait-il rien vu, trop occupé à fuir le Chasseur Impérial. Et s'il l'avait effectivement vu, cela avait peu d'importance : Vador s'occupait du Rebelle en ce moment même. L'intrus ne pouvait s'échapper du Seigneur Sith, et sa rencontre avec l'Empereur assurerait son silence éternel. Personne d'autre n'avait aperçu le Twi’lek sans son casque, son anonymat était donc conservé. Ce problème écarté, bien que le chasseur s'en inquiétait toujours énormément, il fallait s'occuper de sa blessure. Avec sa main gauche, il fit glisser un doigt le long de l'entaille. Partant du sourcil gauche, elle passait sur son nez aquilin, pour finir sur le coin droit de sa bouche, dans laquelle un goût métallique se faisait sentir. Avec une grimace, Orn cracha le sang, et prit un pan de sa cape pour essuyer son visage. Le tissu sombre se teignit de rouge, mais le chasseur n'en prit pas garde.

Voulant éviter une infection, il s'empara d'un spray situé dans une poche de sa ceinture. Le Twi'lek appliqua la solution sur sa blessure, laissant s'échapper un grognement de douleur. Après avoir rangé le désinfectant, il reprit sa cape et la maintint sur l'entaille pour arrêter l'hémorragie. L'œil gauche fermé, Orn se mit à penser au coup de blaster tiré par Skywalker. Ce deuxième tir était purement incompréhensible pour le chasseur. Il n'arrivait pas à croire que le jeune Rebelle ait réussi à scinder son casque en deux aussi facilement, d'un coup d'arme qui n'était même pas prévu. Cet enfant - car c'était un enfant aux yeux du chasseur - avait à ses côtés une chance inouïe, que le Twi'lek ne pouvait que maudire. Une rage vengeresse se construisit en lui, éclipsant presque entièrement son angoisse latente. Skywalker devait payer pour cette action. Orn se mit à espérer que le Rebelle échapperait à Dark Vador, pour qu'il puisse montrer à cet enfant les conséquences de son acte. Il voulait le capturer, le faire souffrir et lui rendre la pareille. Le chasseur songea sombrement aux amis de Skywalker, et se demandait quelle serait sa réaction s'il les chassait.

 

Cependant, Orn savait qu'il n'allait pas se venger sur l'équipage du Faucon Millénium. Il avait promis à Lando de ne pas les empêcher de fuir, ni de les prendre en chasse de son propre chef. La colère et le choc altéraient son raisonnement, mais il mettait un point d'honneur à tenir sa parole. En ce moment même, Lando et ses hôtes devaient être partis, fuyant la ville flottante et les troupes impériales qui s'étaient imposées. Le chasseur savait qu'ils se dirigeaient vers Tatooine, repaire de Jabba le Hutt, pour tenter de sauver Solo du criminel. Fett était sûrement en route, lui aussi, transportant son prisonnier pour récolter une des plus grosses primes de sa vie. À cette pensée, Orn lâcha un grognement, et se redressa, posant son dos contre le mur. La douleur de la blessure brûlait son visage, et ne semblait pas diminuer avec le temps. Le sang coulait de moins en moins, et rapidement, le Twi’lek sentit qu'il pouvait enlever la cape de son entaille. Le tissu s'était assombri encore davantage, et Orn sentait que sa cape était légèrement plus lourde. Avec le sang, le tissu s'était accroché à la blessure, arrachant un gémissement au chasseur lorsqu'il le retira. À son grand soulagement, l'hémorragie ne repartit pas de plus belle. Laissant sa cape de côté, Orn reposa sa tête sur le mur. Il se sentait vidé, éreinté.

Sans son casque, le Twi’lek avait l'impression d'être vulnérable et de dérouler sa vie à la Galaxie entière. La pensée que d'autres pouvaient désormais voir son visage le dégoûtait. Il n'aimait pas ces traits physiques qui ressemblaient trop à ceux de sa sœur. Il détestait ses yeux jaunes identiques aux yeux de Taano, qui brillaient toujours de vitalité lorsque les yeux de la Padawan assassinée étaient fermés à jamais. Au contraire, Orn embrassait ses taches de vitiligo qui ornaient sa peau et qui le différenciaient de sa sœur. Il savait que cette nouvelle blessure allait laisser une cicatrice permanente, et qu'une autre zone de vitiligo se développerait autour de l'entaille. Cette future marque blanche était le seul point positif de cette situation détestable et délicate. L'angoisse, qui s'était faite discrète, revint avec violence lorsque le chasseur songea qu'il devrait sortir de la salle. Il ne savait pas comment il allait éviter les témoins et les impériaux. Se sentant piégé, le Twi’lek sursauta en entendant son communicateur biper. Avec empressement, il l'activa, et une sensation de chaleur s'empara de lui lorsqu'il entendit la voix familière de Nasha, malgré son ton inquiet.

"Orn, est-ce que tout va bien ? Fett est déjà parti, et le Faucon Millénium aussi… qu'est-ce qu'il se passe ?"

Le concerné ouvrit la bouche, pour parler, mais aucun son ne sortit. Son corps entier était toujours sous le choc, et des tremblements, bien que discrets, le prenaient toujours. Il ferma la bouche avant de déglutir, puis lâcha un long soupir ressemblant à un sanglot.

"Lando a… Lando a trahi l'Empire, et Skywalker est venu pour ses amis. Je…"

Orn laissa sa phrase en suspens, n'osant pas la finir. Avouer sa défaite et la perte de son casque était plus qu’humiliant. Le chasseur se sentait aussi faible qu'il y a vingt ans, au Temple de Coruscant. L'impitoyable Chasseur Impérial avait été vaincu par un jeune Rebelle inconnu de la Galaxie, et avait perdu le casque qui faisait sa renommée. Le Twi’lek était honteux, incapable d'admettre sa capitulation à son amie. Il n'osait pas non plus avouer l'effet que la perte du casque avait sur lui. Et plus que sa défaite, cette perte lui pesait sur le cœur, le rendant vulnérable et perdu. Orn ne put finir sa phrase. Trop de courage lui manquait, et il ne voulait pas remuer le couteau dans cette plaie récente et brûlante. Le communicateur entre ses mains, le chasseur se redressa contre le mur, se préparant à parler de sa voix tremblotante.

"Il faut que je te laisse, Nasha.

— Quoi ? Orn, qu'est-ce qu'il se passe ? S'il te plaît, par-

— À bientôt."

Orn coupa la communication malgré les protestations de la jeune Twi'lek. Il s'en voulait de ne rien lui dire, mais c'était trop dur de mettre des mots sur les événements récents. Le chasseur ne pouvait pas exprimer à voix haute sa détresse alors qu'il ne l'avait pas encore affrontée. Il laissa la voix de Nasha résonner quelque temps dans ses oreilles avant de penser à sa confrontation prochaine avec elle. Le Twi'lek réfléchit à ce qu'il pouvait dire à son équipage, tentant d'anticiper leur réaction, mais s'arrêta lorsqu'une vague de détresse le prit. Il savait que ses amis tenteraient de le rassurer, mais le chasseur était trop fier pour supporter leur pitié prochaine. Les larmes aux yeux, le chasseur prit sa tête entre ses mains avec violence, comme s'il voulait arracher ses lekkus. Un cri de rage et de tristesse retentit dans la salle, puis Orn, vidé de toute combativité, laissa libre court à ses larmes et ses sanglots. Ses pensées étaient toutes cruelles envers lui-même, le blâmant pour le moindre malheur qui lui était arrivé.

Le chasseur se pensa incapable, inutile et lâche. Il ne s'était pas lancé à la poursuite de l'intrus, mais s'était effondré en recevant un simple coup de blaster. Ce n'était pas la pire chose que Orn avait subi, mais les conséquences de ce tir chanceux lui étaient insupportables. Certes, il était en colère contre Skywalker, mais il était encore plus enragé contre lui-même. Lui qui avait survécu à une embuscade mortelle, il n'avait pas encaissé le tir ni fait payer le Rebelle. Le Twi'lek était submergé par ses reproches et ses réflexions, pleurant des larmes et du sang sans s'en soucier. Lâcher prise lui faisait du bien, allégeant quelque peu son fardeau qui pesait sur ses épaules. La simple rationalité qu'il avait adoptée avant n'avait pas suffi à l'apaiser, et pleurer toutes les larmes de son corps finissait ce que cette réflexion posée avait commencé. Peu à peu, avec lenteur, les sanglots se firent plus doux, jusqu'à disparaître entièrement. Des larmes continuaient à rouler sur ses joues, mais elles étaient légères, servant plus au corps qu'au mental. Les mains du chasseur glissèrent à ses côtés, libérant enfin sa tête meurtrie de toutes parts.

La détresse, toujours présente, se fit petite, se tapissant au fond du Twi'lek pour resurgir à la moindre occasion. Un calme dérangeant et irréel s'installa en lui, remplaçant ce trop plein d'émotions qui venait de s'exprimer. Orn n'allait pas bien mais se sentait un peu mieux, plus léger et moins affecté qu'avant. Ses yeux étaient secs, et les larmes avaient séchés sur ses joues, formant des sillons légèrement rougeâtres. La douleur du tir de blaster s'était atténuée, permettant au chasseur de profiter de ce faible répit. Sa respiration se faisait doucement plus calme, et le Twi’lek était fatigué, éreinté émotionnellement. Il ferma les yeux un instant, tentant d'éloigner son esprit de la réalité. Sentant qu'il ne réussissait pas, Orn les entrouvrit, ne songeant à rien en particulier. Il devait se lever, rejoindre son équipage, mais ses jambes étaient engourdies et il craignait d'être vu. Le fantôme de sa détermination habituelle se fit sentir, et le chasseur décida de tuer quiconque le voyait ainsi. Ce n'était pas la première fois qu'il le ferait.

Avec un mouvement raide, il mit sa main dans son dos à la recherche d'un Petar Kyuzo, poignard redoutable et meurtrier. Tâtant les armes accordées à sa ceinture - un blaster et deux Petar - il suspendit son geste lorsqu'il se rendit compte qu'une arme était absente. Le sabre-laser de sa sœur n'était pas là. L'arme de la Padawan était tombée avec le chasseur lorsqu'il avait reçu le deuxième coup de blaster. Une angoisse nouvelle vint, remplaçant le faible calme du Twi'lek, qui s'énerva contre lui-même. Tout engourdissement était oublié, et Orn se leva brutalement, cherchant frénétiquement au sol le sabre-laser à la poignée dorée. Ne trouvant pas l'arme de Taano, le Twi’lek poussa un cri de rage. Il frappa violemment le mur avant de baisser la tête, les poings tremblants. Le chasseur avait déjà perdu le sabre-laser il y a longtemps, et avait pensé avoir retenu la leçon, mais ce n'était pas le cas. S'insultant de tous les noms, il remit sa capuche d'un geste sec et contenu. Se forçant à ouvrir la porte doucement, Orn se retint de courir dans les couloirs, se faisant discret.

 

Poignard à la main, il arpentait les allées blanches et identiques à la recherche de son casque et de l'antique épée. Perdre cette arme était comme cracher sur la tombe de Taano, c'était un pas en avant pour oublier la jeune Padawan décédée. Son sabre-laser était la seule chose que le chasseur avait gardé de sa sœur, et qui lui rappelait, comme son armure, de sa véritable naissance, au Temple de Coruscant, agenouillé près de sa sœur morte. Il gardait cette arme pour s'assurer de sa conservation et de sa bonne utilisation, bien qu'il ne l’eût jamais utilisée. En tant que Padawan, Taano n'avait eu d'autre possession matérielle que son sabre-laser, construit par ses soins. Le perdre était l'équivalent de plonger la jeune fille dans un oubli éternel et irréversible, tout ce que le Twi'lek voulait éviter. Il s'était fait le gardien de la mémoire de sa sœur, le seul à connaître et à admettre la vérité de sa mort brutale. Orn lui avait promis, sur sa tombe, de ne jamais laisser de côté cette arme qui représentait la Padawan. Il manquait à nouveau à sa promesse et se haïssait pour cela. Maudissant son existence, le chasseur se cacha dans un coin sombre du couloir à l'approche de deux habitants de la Cité des Nuages. Pris dans leur panique, ils ne virent pas le Twi’lek encapuchonné, qui quitta sa cachette peu de temps après.

Continuant à marcher à travers les allées, Orn perdait de plus en plus patience. Il était perdu dans cette grande ville flottante qui faisait office de labyrinthe, et commençait à perdre espoir. Il cherchait désespérément un couloir sombre semblable à celui emprunté par Skywalker, mais ne le trouvait pas. Virage après virage, allée après allée, le chasseur rodait dans la Cité, le pas se voulant léger et souple malgré la colère et la panique qui grandissaient en lui. Au détour d’un couloir, il crut apercevoir une forme noirâtre au sol. Avec prudence, le Twi’lek s’approcha de l’allée, puis s’arrêta. Il tendit l’oreille, s’assurant que personne d’autre que lui n’était présent. L’espace d’un instant, il lui sembla entendre une respiration insidieuse, mais le bruit disparut aussitôt qu’il l’avait entendu. Orn leva les yeux au ciel, se trouvant ridicule de frissonner pour un son qui n’était que le fruit de son imagination. Son choc, sa peur et sa colère le rendait paranoïaque, créant des obstacles qui n’avaient pas raison d’être. Il reprit donc sa marche, quelque peu rassuré par le silence oppressant de l’allée vide.

Son cœur se serra lorsqu’il vit son casque de Clone noir et rouge cassé, gisant au sol comme un des vestiges des soldats de la République. Les larmes aux yeux, le chasseur s’agenouilla devant les débris, posant doucement sa main dessus. Le reflet de son visage balafré et ensanglanté glissait doucement sur les morceaux du casque, révélant au Twi'lek l’ampleur des dégâts. Avec une moue défaitiste, il prit avec délicatesse les deux parties du casque et les attacha avec une grande prudence sur sa ceinture, comme s’ils allaient s’effriter au moindre mouvement brusque. Non loin de lui, Orn aperçut également son deuxième blaster, qu’il avait oublié. Il le fixa à sa ceinture avec moins de tendresse que pour son casque, puis se releva doucement. Regardant tout autour de lui, le chasseur chercha le sabre-laser de sa sœur. Un soulagement immense le submergea lorsqu’il l’aperçut. L’arme était tombée devant le couloir sombre menant à la chambre de congélation carbonique dont la porte s’était fermée, et son éclat doré se reflétait doucement sur le sol blanc.

Orn mit un genou à terre, admirant l’épée mythique dans toute sa splendeur. Sa fine poignée, ornée de motifs mystérieux et énigmatiques, était longue et différemment sculptée de l’autre côté, marquant une délimitation au milieu. Cette démarcation rendait évidente l’assemblage de deux sabre-lasers en un, pouvant se séparer et se rejoindre au besoin. Le matériau, de l'électrum venant de Kashyyyk, était remplacé à quelques endroits par du noir, et le symbole de l’Ordre Jedi, en blanc, contrastait avec cette couleur sombre. Un des émetteurs, d’où la lame jaillissait si activée, était composé de trois crochets dorés, longs et élégants; tandis qu’en de l’autre côté, le deuxième émetteur, plus long encore, se divisait en quatre crochets noirs plus importants, qui se rejoignaient à la fin, laissant assez d’espace pour la lame lumineuse. Ce sabre-laser à double-lame était une œuvre d’art que le Twi’lek admirait avec ferveur, sentant dans l’arme l’essence de sa sœur. Il tendit tendrement la main pour attraper l’épée de Jedi, lorsque la porte en face de lui s’ouvrit rapidement.

Dark Vador, se tenant droit et raide, apparut derrière la porte, arrachant une exclamation de surprise au chasseur. Ce dernier eut un mouvement de recul en même temps que le Seigneur Sith, dont la respiration s’était brièvement arrêtée. Sa main au-dessus du sabre-laser de Taano, Orn fixait avec horreur le nouvel arrivant, inquiété également par son visage découvert. Il ne comprit pas la réaction de Vador, qui sembla être troublé, comme s’il avait vu un fantôme. Il regardait intensément le chasseur, avec une respiration troublée mais plus humaine que jamais. D’une voix étrangement normale qui combattait la modification apportée par le casque, il s’adressa au Twi’lek d’un ton profondément troublé et empreint d’un regret infini.

"Toi… Je t’ai tué..."

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SinnaraAstaroth
Posté le 18/05/2024
Pendant que Orn est en PLS à cause de son visage à découvert, j’imagine Luke qui est déjà parti en mode « je m’en bats les steaks de ta tête frère, j’m’en va sauver ma jumelle et mon poto Han Solo ».

Oh là ! On se calme Orn, on ne touche pas au petit Luke ! Qu’il aille essayer de tuer Boba Fett s’il veut se calmer les nerfs. x)

« Orn lui avait promis, sur sa tombe, de ne jamais laisser de côté cette arme qui représentait la Padawan. » Il aurait mieux fait de lui promettre de vivre selon les principes moraux et honorables des Jedi s’il voulait vraiment honorer sa mémoire, enfin je dis, ça je dis rien, mais je le dis quand même. x)

Cette fin ! J’allais dire que j’étais étonnée que Vador s’en souvienne, mais c’est vrai que ça l’avait traumatisé et que ça le hante encore cette histoire, même si bon… visiblement ça ne l’empêche pas d’être un tyran sanguinaire qui zigouille des planètes entières, même encore maintenant.

Les petites suggestions/corrections :

Tandis que le jeune Skywalker se faufila => ici l’imparfait « se faufilait » me semble plus adéquat à cause de la simultanéité des actions dans la phrase, le passé simple étant sur « sentit ».

qui traversait son visage : qui parcourait son visage, ce serait plus approprié

qu'une grande entaille traversait son visage : fendait son visage ou balafrait son visage

Soudain pris d’un nouveau courage : soudain pris d’un élan de courage

qui brillaient toujours de vitalité lorsque les yeux de la Padawan assassinée étaient fermés à jamais : alors que / tandis que
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