Le quatrième jour après le départ, la vieille femme parla pour la première fois à Vabrinia. L’aube éclairait alors la mer d’un rose cotonneux, l’air était humide. Ewannaël trempait son coude dans l’eau, inquiet du pus sécrété par ses croûtes. Il avait déjà eu une blessure comparable quelques années plus tôt, l’année de son premier départ en mer. Son poignet s’était éraflé sur un rocher et il n’avait pu le soigner qu’à son retour, alors que l’infection s’était déjà développée sur son bras. Il avait dû se rendre chaque jour chez une guérisseuse amie de sa mère, qui lui appliquait de curieuses crèmes verdâtres sur la peau. Tout en agissant, elle murmurait des phrases inintelligibles. La plupart des gens au village la croyaient folle, mais Ewannaël l’avait toujours appréciée. Elle l’avait toujours reçu avec joie, peu habituée aux visites depuis la mort de son mari. Il était revenu la voir plusieurs fois après sa guérison. Qu’il aurait aimé pouvoir se rendre chez elle pour lui montrer son coude.
Faè dormait, allongée avec un bras autour du mât. Vabrinia regardait les vagues, accroupie sur le bord du radeau. Elle ne s’attendait pas à ce que la vieille femme s’adresse à elle et se retourna avec un regard surpris. Malgré son propre étonnement, Ewannaël n’osa pas faire un geste. Il craignait que son intervention fasse taire la vieille femme, était curieux de ce qu’elle s’apprêtait à dire. Elle n’avait jamais utilisé d’autre langage que celui qu’elle partageait avec son fils. Vabrinia le connaissait-elle aussi ?
Ewannaël ne perçut d’abord qu’une suite de sons monocordes, à peine articulés. Les lèvres de la vieille femme s’entrouvraient et lorsqu’elle haussait le ton, sa voix devenait sifflante. Elle accompagnait son propos de gestes de mains et d’un regard interrogateur. Presqu’aussitôt, sa voix happa l’attention de Vabrinia. L’enfant regarda cette compagne de voyage avec une grande émotion. Ses yeux s’écarquillèrent et elle se mordit la lèvre inférieure. Ewannaël se demanda ce qu’il se passait dans son esprit. Reconnaissait-elle la langue de son enfance ? S’étonnait-elle d’être interpellée par cette femme qui ne lui avait pas adressé un mot ? Il mourait d’envie de lui demander, mais était trop intéressé par la suite de l’échange.
Vabrinia répondit d’un ton hésitant, prononça des mots inconnus à l’oreille d’Ewannaël, qui confirmaient sa première hypothèse. Vabrinia et les cadavres qui l’accompagnaient venaient du même endroit que la vieille femme et son fils. Ils parlaient une langue différente de la sienne, différente de celle des tuniques blanches. Sa curiosité s’en trouva nourrie. Lui qui ignorait autrefois l’existence de cultures autre que la sienne se questionnait à présent sur leur nombre. Se pouvait-il qu’il existe encore des dizaines de langues et de peuples inconnus ? Combien de gens comme lui avaient fui leur terre d’origine pour un avenir instable ?
La réponse de l’enfant éclaira le visage de la vieille femme d’un doux sourire. Elle croisa ses mains sur sa poitrine avant d’articuler deux syllabes. – Ram – Cheh Elles devaient être son nom. Un beau nom. Un nom imprononçable pour lui dont les consonnes roulaient comme l’eau d’un torrent. Ramcheh présenta son fils d’une voix tendre : - An – Fech. Puis Vabrinia répondit. Elle prononça deux noms. Un inconnu, qu’elle murmura si bas qu’il ne l’entendit pas, puis son nouveau, plus affirmé. Ramcheh acquiesça avant de prendre à nouveau la parole.
Frustré de ne pas comprendre ses mots, Ewannaël s’approcha pour tenter de saisir la signification de ses gestes. Toute à son récit, elle ne prit même pas garde à sa présence. Elle ne s’adressait qu’à Vabrinia et peut-être à son fils, s’il la comprenait. Une chose était certaine, Ramcheh parlait beaucoup de lui. Elle le montrait, le regardait, prononçait son nom avec à chaque fois une nouvelle émotion. Rapidement, sa voix s’enroua, tant elle portait avec elle de colère et de souffrance. Elle relâcha les rames, cessa de regarder l’horizon, trop occupée à se libérer de ce passé qui la tourmentait.
Sans pouvoir saisir le sens de ces phrases, il s’imagina cent histoires, des aventures folles. De tout ces récits imaginés, une même trame ressortait : Anfech avait subi d’horribles sévices et sa mère était partie pour lui. Au vu de la manière dont elle racontait, cela paraissait une évidence. Ewannaël ressentit de la compassion pour elle, aussi partie pour protéger un enfant. Peut-être avait-elle aussi perdu des membres de sa famille dans son trajet. Peut-être avait-elle sacrifié une situation comparable à la sienne pour sauter dans l’inconnu. Seule Vabrinia saurait le lui dire et il se promit de lui demander.
Peu à peu, Ramcheh se détacha de ses émotions et son récit devint aussi froid et calculé. Du moins était-ce ce qu’elle voulait laisser paraître. Son masque d’impassibilité tremblait à l’issue de chacune de ses phrases et elle devait souvent prendre de longues inspirations. Sa voix trembla lorsqu’elle dut achever son histoire et elle dut lutter pour contenir ses larmes. Le temps se suspendit tandis qu’elle respirait doucement en regardant son auditrice. Vabrinia frissonnait, comme si le bateau avait été couvert de neige. Ewannaël sortit de son mutisme pour la prendre dans ses bras, l’envelopper dans son manteau. Il la serra contre lui, l’embrassa, mais son petit corps demeurait froid et raide.
— Vabrinia, ça va ? Qu’est-ce qu’elle t’a dit ?
La petite fille ne répondit rien, son visage se ferma. Ewannaël devina que Ramcheh lui avait livré un de ces secrets que l’on ne partage pas. Il ne saurait sans doute jamais ce qu’elle lui avait raconté. Au fond, cela n’avait qu’une importance minime. Il devinait l’essentiel, la souffrance et l’espoir d’un lendemain meilleur. Ils n’étaient pas arrivés dans le même bateau sans raison. Quand il relâcha sa fille pour regarder la vieille femme, cette dernière avait repris sa position habituelle, de dos. Elle se tenait aussi indifférente que s’il ne s’était rien passé.
Ce fut à ce moment précis qu’Anfech hurla à mort, se débattit pour sauter du navire. Ramcheh dut s’accrocher à sa taille pour le maintenir sur son fauteuil. Ewannaël s’approcha en ouvrant les mains. Elle ne repoussa pas son aide.
*
Ewannaël passa une nouvelle fois sa langue sur le noyau, espérant raviver le plaisir qui l’avait saisi au moment de mâcher le fruit. Son léger goût sucré lui rappela leur escale dorée de la semaine précédente, sur une île sauvage à la végétation luxuriante. Ils y avaient cueilli plusieurs dizaines de fruits jaunes orangés de la taille d’une paume de main, tué et cuisiné des animaux sauvages, mélangé racines et plantes. Ramcheh avait une connaissance pointue de la flore, les avait aidés à reprendre des forces après de longues semaines de navigation. Ils avaient dormi de longues heures, réparé et élargi leur radeau.
Ils auraient pu demeurer bien plus longtemps sur cette île paradisiaque, attendre d’avoir recouvré l’intégralité de leur force, tenter de construire un nouveau voilier mais les températures chutaient de plus en plus et la mer commençait à s’agiter. L’été se retirait à grands pas et il était hors de question d’attendre une saison entière avant de reprendre la mer. De plus, d’étranges individus débarquaient régulièrement sur l’île, lourdement armés.
Ils arrivaient sur de longues goélettes, installaient des tentes à l’entrée de la forêt, puis allumaient de grands feux pendant la nuit. Ils sortaient de leur campement au petit matin, armés de longs fusils noirs. Ils menaient ensuite de longues battues ponctuées du son des cors et des hurlements. Ewannaël, Faè, Vabrinia, Ramcheh fuyaient, puis se cachaient pour éviter d’être vus, emmenant Anfech avec eux. La vieille femme tentait de rassurer son fils, consciente que le moindre de ses cris pouvait les faire repérer. Plusieurs fois, des chasseurs avaient failli les découvrir.
Ils ne restaient qu’une poignée de jours, mais étaient aussitôt remplacés par des groupes semblables. Ewannaël avait mis de longues semaines à comprendre ce qu’ils venaient chercher sur l’île. Il l’avait finalement découvert le soir du départ d’un groupe de chasseurs. Avec ses filles, il était venu visiter les restes du campement en espérant y récupérer quelques objets abandonnés. Ils avaient alors découvert les cadavres de petits félins à la peau brune. Leurs corps suppliciés avaient été l’objet d’horribles jeux. Les chasseurs avaient préféré les abandonner là, car leur trophée n’avait pas la valeur de ceux de leurs parents. Ewannaël avait croisé plusieurs d’entre eux depuis son arrivée sur l’île, mais ces prédateurs rapides fuyaient toujours à sa vue.
Ils avaient attendu que le ciel se dégage et que la mer se calme, puis avaient mis leur radeau à la mer. Ramcheh parlait de plus en plus à Vabrinia, qui avait informé son père que Losival était désormais proche. Il ne restait plus que quelques jours de navigation mais l’optimisme avait cédé face à l’ennui de journées interminables. Les provisions s’étaient épuisées, les fruits colorés n’étaient plus que des noyaux durs.
Ewannaël s’aperçut que Vabrinia frissonnait, alla resserrer son manteau et caresser ses épaules. Il ne dit rien, conscient qu’il serait incapable de la rassurer. Après tant de faux paradis, il peinait lui-même à croire que Losival leur donnerait asile. Il craignait de n’y trouver que de nouvelles illusions, doutait d’y retrouver Jolyn. Le futur ne lui inspirait que de la peur. Une crainte mêlée de désespoir pour ses filles, à qui il ne pouvait offrir aucun espoir, aucun mensonge doré, aucune naïveté.
Tout en serrant sa fille, il s’assoupit. Il accueillit volontiers cette inconscience, ce repos qui le fuyait toutes les nuits. Une fois encore, il navigua entre confusion et cauchemars, aperçut des centaines d’yeux braqués sur lui. Ce cauchemar revenait le traquer chaque jour, parfois même avec les paupières ouvertes. Il s’interrompit au son d’une corne de brume. Elle s’approchait à toute vitesse et Ewannaël ouvrit les yeux. Choqué, il vit un géant de bois, de fer et d’acier qui se jetait sur eux. Une coque de paquebot de la taille de dix maisons, dont l’ombre gigantesque planait déjà sur eux.
Tout alla très vite. Faè hurla, se jeta contre le ventre de son père et se serra contre sa sœur. Ramcheh courut vers son fils, se dressa devant lui, autant pour lui cacher le danger que pour tenter de le protéger. Ewannaël l’imita, fit écran de son dos et se détourna du monstre qui s’apprêtait à les écraser. Il serra ses filles aussi fort qu’il le pouvait, ferma les yeux et cessa de respirer.
*
Il n’y eut ni choc ni cri. Seulement une immense vague qui les jeta loin de la course du paquebot. Elle renversa leur navire, brisa leur mât, tandis que les sirènes du navire résonnaient. Jamais Ewannaël ne lâcha ses filles. Il vola avec elles, plongea avec elles dans et sous les vagues. Il s’enfonça quelques secondes vers les abysses, dans un silence apaisant. Ses yeux s’ouvrirent sur un spectacle envoûtant. L’eau bleue, les ténèbres des profondeurs, les ombres des poissons. Que la mer était belle.
Un bref instant, il confondit passé et présent. Il se sentit à nouveau jeune adolescent téméraire, à courir derrière le boomerang de Briennec en ignorant les dangers de la glace. La même sensation de chute brutale suivie du calme réconfortant des eaux, la même stupéfaction de découvrir un autre univers, seulement séparé d’une paroi de glace du sien. À l’époque, Briennec lui avait tiré le bras, l’avait forcé à retrouver la réalité. Cette fois, personne ne viendrait. Ses filles devaient vivre.
À grands coups de jambes, l’ancien pêcheur remonta vers la surface. Il reprit une longue inspiration une fois à l’air libre, puis replongea. Lors de sa deuxième remontée, il était déjà à bout de forces. Ewannaël tourna la tête en tous sens alors que la panique montait. S’il ne trouvait rien à quoi se raccrocher, il n’aurait pas la force de sauver ses filles de la noyade. À la troisième, il le vit. Le mât, arraché, qui dérivait à quelques mètres d’eux. Il rassembla ses dernières forces dans un effort furieux dans sa direction, parvint enfin à l’attraper. Le courant éloignait ses filles, inanimées. Ewannaël lutta de longues minutes avant de pouvoir les arracher à l’eau et les accrocher à ce vestige de leur radeau.
L’équilibre du mât était trop fragile et il ne put monter avec elles. Le morceau de bois menaçait de couler si l’on y ajoutait le moindre poids. Ewannaël se contenta de le tenir d’une main en prenant de grandes respirations pour recouvrir ses forces. Il aperçut alors un corps qui s’éloignait doucement. Celui de Ramcheh, inconsciente. Après une brève hésitation, il s’assura que ses filles tenaient en équilibre, puis nagea à nouveau. Il attrapa le corps de la vieille femme et revint avec peine jusqu’aux rescapées. Ne pouvant la mettre en sécurité, il la garda dans ses bras, la bouche hors de l’eau. Il l’entendit tousser, puis reprendre sa respiration. Elle vivait.
Chaque vague était un danger, une menace. Ewannaël avala de nombreuses gorgées d’eau, batailla contre la mer pour maintenir le mât à flot. Il épuisa peu à peu des forces qu’il s’ignorait avoir, en sombrant peu à peu dans le désespoir. Avait-il eu raison de continuer à se battre contre un destin si cruel ? N’aurait-il pas mieux valu abandonner ses filles déjà évanouies à la mort ? Pourquoi était-il allé chercher Ramcheh alors qu’Anfech s’était déjà noyé ? Elle aurait sans doute préféré partager le sort de son fils.
Cependant un instinct de survie primaire le poussait à continuer de se battre. Il n’avait qu’une idée : maintenir les visages hors de l’eau. Le sien, les autres. Il n’aurait pas la force d’aller chercher un nouveau corps. Ewannaël ferma plusieurs fois les yeux, espérant que cela réduirait l’attente, mais même ainsi, les secondes lui paraissaient interminables. Jamais le temps ne lui avait paru un si cruel adversaire. La pénible irrigation de ses poumons en oxygène était la seule douceur de ce naufrage. Il tenta de s’y consacrer entièrement, de ne penser à rien d’autre, mais chaque vague l’en distrayait.
Il avala de nombreuses gorgées d’eau salée, manqua de s’étouffer à plusieurs reprises. Il eut mal à la tête, au ventre, aux bras. Il lui sembla que son corps tout entier se raidissait pour s’économiser tout en maintenant ses filles à flot. Il n’était plus qu’un pantin du destin, condamné à se noyer au milieu d’une mer immense. Il repensa à la tempête qui avait failli les emporter avant leur arrivée à Maëlval, se demanda s’il n’aurait pas mieux valu que tout s’y arrête. Ils étaient une famille unie, libre. Ils auraient emporté leurs espoirs dans la mort au lieu de voir la vie les briser un à un.
Il repensa à sa mère, qui leur enseignait les histoires d’esprit avec Briennec. Elle leur disait que la mort était l’un des plus anciens et des plus beaux. Un des rares esprits à se montrer aux hommes et femmes, une seule fois pour chacun d’entre eux le jour où il les appelait à le rejoindre. Elle leur décrivait le cortège formé des proches du défunt, qui dansaient de joie, heureux d’accueillir une nouvelle âme parmi eux. Des larmes se formaient dans sa voix lorsqu’elle énumérait les célébrations qui agitaient les nuits suivantes. Enfant, il ne comprenait pas qu’une histoire si joyeuse la rende triste.
À cet instant, il se demanda si cette légende était vraie, si Edenn l’attendait dans un ailleurs inaccessible aux vivants. Ce serait si beau de pouvoir le rejoindre, avec sa sœur. Ils n’auraient plus qu’à attendre Jolyn pour enfin fêter leur réunion. Ils resteraient ensemble durant l’éternité si les esprits le leur permettaient. Ce serait fantastique. Malheureusement, ce ne devait être qu’une douce illusion, comme l’avaient été ses retrouvailles avec Jolyn. Une belle histoire inventée par des vivants terrifiés par leur disparition, une belle histoire pour se donner du courage avant d’affronter ce qui dépasse les mots. La mort pouvait aussi être une histoire triste, une continuation de souffrances comme l’avait été sa vie. Cela pouvait aussi être rien, mais il ne pouvait se le figurer. Comment s’imaginer l’inimaginable ?
À bout de forces, Ewannaël ne sentait même plus l’eau qui l’enveloppait, les vagues qui l’assaillaient. Lui, le marin, le pêcheur, l’amoureux des mers, ne ressentait plus qu’une froide indifférence quant à ce qui l’entourait. Il toussait désormais plus qu’il ne respirait, sa gorge lui semblait noyée d’eau de mer. Ses paupières étaient lourdes, fatigué de lutter, son corps aspirait à la paix. Même si cette paix devait être autre chose que du sommeil. La tension de ses muscles se relâcha et il sentit ses mains glisser contre le bois. Son cou plongea, puis son menton et ses joues. Il coulait.
Une vague manqua de renverser l’embarcation de fortune et le corps de Faè glissa vers les eaux. Ce dénouement intolérable redonna à Ewannaël la force d’un nouveau mouvement de bras. Il rattrapa sa fille pour réinstaller son visage à l’air libre. Ses yeux se remplirent de larmes alors qu’il comprenait qu’il ne pourrait indéfiniment repousser cette issue. À ce moment, il avait perdu conscience de lui-même, n’existait que pour protéger celles qu’il aimait. Plus père qu’homme.
Puis il y eut un bruit de sirène. Dans la confusion de ses sens perdus, Ewannaël prit seulement conscience qu’une ombre lui enlevait le soleil. Ce ne pouvait être qu’un bateau. Il hurla. Il n’avait plus de force, plus d’espoir, seulement une voix. Un appel au secours, un appel à la vie. Des voix humaines lui répondirent, puis des bras se posèrent sur lui. On l’arracha aux eaux, le tracta d’une corde de chanvre. Elle lui frotta la peau sans qu’il sente la moindre douleur. Il se retrouva allongé sur un sol de métal dur. Des mains le pressèrent, des voix l’entourèrent. Il cracha de l’eau. Plusieurs fois. Son corps s’agita de soubresauts de vie. Ses paupières s’ouvrirent.
Une lumière dorée lui brûla les yeux. Puis il sentit les gouttes de pluie qui tombaient sur son visage. Ewannaël entendit sa respiration pénible, sifflante. Il voulut bouger, mais son corps n’était plus qu’une masse inanimée, étrangère. Il se concentra sur les visages au-dessus de lui sans parvenir à les identifier. Il mobilisa tout ce qu’il lui restait de voix dans un seul ordre :
— Relevez moi.
Après quelques secondes de flottement, ses sauveurs consentirent à le hisser sur leurs épaules. Il vit un pont gigantesque derrière lui, de bois et de métal, avec des dizaines de voyageurs qui regardaient vers lui. Puis on le tourna de l’autre côté, vers la mer. Il vit les corps des rescapées, entourés de sauveteurs. Il leur avait gardé la bouche hors de l’eau pendant le temps qu’ils avaient passé à la dérive. Ewannaël sut qu’elles vivraient, que tout cela n’avait pas été vain.
Derrière-elles, il y avait l’horizon. Au-delà des vagues bleues, des trombes de pluie, du ciel recouvert de nuages, il y avait une terre. Elle était couverte de constructions plus grandes que des montagnes, dont les murs métalliques reflétaient les rayons du soleil. Au-dessus d’eux, des oiseaux de métal transperçaient le ciel. Des volutes de fumée blanche mariaient la terre aux nuages. Cette vision lui fit douter d’être encore vivant. Des esprits avaient dû s’emparer de son corps pour le conduire dans un paradis où celle qu’il aimait l’accueillait enfin.
Puis il se souvint avoir déjà entendu parler de cette cité immense lors de son séjour à Maëlval. Armen la lui avait décrite avec une pointe de nostalgie dans la voix. L’égérie d’une culture, la guide d’une civilisation. Losival.
Ce voyage était terminé.
Ce fut le quatrième jour après le départ que la vieille femme parla pour la première fois à Vabrinia. --> Cette phrase pourrait être écrite à la voie active ("Le quatrième jour, la vieille femme parla pour la première fois à Vabrinia" ou inverser les deux segments). La voie active est généralement préférable et je crois que c'est un bon exemple d'un moment où la voie passive devrait être remplacée.
Elle l’avait toujours reçu avec joie, plus habituée aux visites depuis la mort de son mari. --> L'utilisation de "plus" au sens de "perdu l'habitude" crée une confusion brève avec le sens d'"augmenter". "Moins habituée" ou une toute autre structure pourrait être préférable.
Elle n’avait jamais utilisé d’autre langage que celui qu’elle partageait avec son fils, Vabrinia le connaissait-elle également ? --> remplacer cette virgule par un point.
Les lèvres de la vieille femme ne firent que s’entrouvrir et lorsqu’elle haussait le ton, sa voix devenait sifflante. --> ... femme 'entrouvraient à peine et...
Ewannaël se demanda ce qu’il se passait dans son esprit : reconnaissait-elle la langue de son enfance ? s’étonnait-elle d’être interpellée par cette femme qui ne lui avait pas adressé un mot ? Il mourait d’envie de lui demander mais était trop intéressé par la suite de l’échange --> remplacer les deux points par un point et capitaliser la première lettre de la seconde phrase.
Ramcheh acquiesça puis prit de nouveau la parole. --> virgule avant puis OU remplacer puis par et.
Frustré de ne pouvoir comprendre ses mots, Ewannaël s’approcha pour tenter de saisir la signification de ses gestes. --> remplacer pouvoir par pas (élimination d'un verbe terne, mais la phrase devient incomplète s'il n'est pas remplacé).
Une chose était certaine, Ramcheh parlait beaucoup de lui. --> ici, il est difficile de dire si mon cerveau a dérappé ou si la confusion est possible. Un moment, j'ai cru que "lui" référait à Ewan et que la vieille dénonçait ses actions. La phrase est devenue claire pour moi quelques lignes plus tard, mais a causé un décrochage. Je n'ai présentement pas de clarification à proposer et je ne puis dire si ce décrochage vient de moi ou de la structure elle-même.
Anfech avait subi d’horribles sévices et sa mère était parti pour lui --> partie
Ewannaël eut de la compassion pour elle, aussi partie pour protéger un enfant. --> ressentit de la compassion (élimination d'un verbe terne).
Sa voix trembla lorsqu’elle dut achever son histoire et elle dû lutter pour contenir ses larmes. --> dut (passé simple et non participe passé).
Le temps se suspendit tandis qu’elle respirait doucement en regardant son auditrice. --> simple suggestion, la phrase ne contient pas d'erreur, mais j'irais avec "Le temps suspendit son vol tandis qu’elle respirait doucement en regardant son auditrice."
Il la serra contre lui, l’embrassa mais son petit corps demeurait froid et raide. --> virgule devant "mais".
Ramcheh avait une connaissance aigüe de la flore, les avait aidés à reprendre des forces après de longues semaines de navigation. --> "aiguë" (le tréma indique que la lettre normalement muette précédente est prononcée ou qu'une diphtongue est séparée). L'usage de ce mot est de plus étrange ici et la structure de la phrase est un peu bancale. Je suggère quelque chose de l'ordre de "Les connaissances pointues de Ramchehsur la flore les avaient aidés à reprendre des forces après de longues semaines de navigation."
Cependant, les températures chutaient de plus en plus, la mer commençait à s’agiter. --> ...plus en plus et la mer... Personnellement, je lierais cette phrase à la précédente et lierais les deux parties par un "mais" plutôt qu'un "cependant".
Ils menaient ensuite de longues battues, ponctuées du son des cors et des hurlements. --> "Ils menaient ensuite de longues battues ponctuées du son des cors et de hurlements." (retiré la virgule et ajouté un s).
Plusieurs fois, des chasseurs étaient passés proches de les découvrir. --> "avaient failli" (pour éviter une voie passive verbeuse). "passé proche" une formulation orale; si tu la gardes, change plutôt "proches" pour "près".
Ewannaël avait croisé plusieurs d’entre eux depuis son arrivée sur l’île mais ces prédateurs rapides fuyaient toujours à sa vue. --> île (circonflexe); virgule avant "mais".
Petite note ici : je ne suis pas chasseur sportif moi-même, mais les chasseurs ne sont pas nécessairement des psychopathes qui torturent les bébés. C'est un cliché répandu par les écolos enragés. Comme il s'agit de la seule apparition de chasseurs dans ton texte, je crois qu'il est préférable d'éviter le cliché.
Ils avaient attendu que le ciel se dégage, que la mer se calme puis avaient mis leur radeau à la mer. --> "et que la mer se calme, puis" (virgule avant puis, remplacement d'une virgule par "et", phrase plus fluide).
Il ne demeurait plus que quelques jours de navigation. Cependant l’optimisme avait vite cédé face à l’ennui de journées interminables. Les provisions s’étaient rapidement vidées, les fruits colorés n’étaient plus que des noyaux durs. --> virgule après cependant; l'utilisation de "demeurait" est étrange ici. Tu voulais peut-être éviter "restait", mais je crois que c'est tout de même un meilleur mot ici. Je remplacerais "vidées" par "épuisées (et même, "avaient rapidement été épuisées.") Je crois aussi que la dernière phrase aurait intérêt à être séparée en deux.
Il s’interrompit alors qu’une corne de brume résonnait. --> Il s’interrompit au son d’une corne de brume.
Mention générale valide pour les 15 chapitres : quand tu peux éviter de nommer une émotion (suggérée par le contexte), fais-le. "hurler de peur", "choqué" (les mots qui, me font penser à le dire dans ce chapitre-ci) sont évidents dans le contexte. Toute émotion nommée affaiblit un texte; toute émotion impliquée ou décrite le renforce. Parfois, on ne peut éviter de les nommer : le contexte s'y prête, la description surchargerait le passage, etc. Ceci dit, en général, on tend à trop les dire et à trop peu les décrire. Dans le cas d'un "hurlement de peur", tu décris l'émotion (situation+hurlement = peur évidente) et tu la dis en plus. Le lecteur sera plus immergé dans le texte si tu lui dis l'essentiel et que tu le laisses ressentir le reste.
Ewannaël fit de même, fit écran de son dos et se détourna du monstre qui s’apprêtait à les écraser. --> deux fois "fit" dans la même phrase; tu peux l'éviter en restructurant la phrase pour rendre l'un des deux obsolète. "De son dos, Ewannaël fit écran entre ses filles et le monstre qui s’apprêtait à les écraser. " S'il utilise son dos comme écran, il se détourne forcément.
L’eau bleue, les ténèbres des profondeurs, les ombres de poissons. --> "des poissons" fonctionne mieux ici.
Il se sentit à nouveau jeune adolescent téméraire, à courir après le boomerang de Briennec en ignorant les dangers de la glace. --> "courir après" est très oral; "courir derrière" est préférable. Une mention sur le sauvetage d'Ewan par son frère : sauver une personne tombée sous la glace est une affaire très difficile et dangereuse.Je ne suggère pas d'enlever ce passage (loin de là), mais peut-être plutôt de l'étoffer légèrement pour qu'il soit bien clair que Briennec a risqué sa vie pour son frère.
Aussitôt, il tira Vabrinia et Faè hors de l’eau, les accrocha à ce vestige de leur radeau de manière à ce qu’elles puissent respirer. --> Entre ce passage et le moment où Ewan coule sans les lâcher, la présence des filles n'est plus mentionnée. Quand Ewan refait surface, tu pourrais mentionner qu'il pousse la tête des filles hors de l'eau, qu'elles crachent, crient, que les maintenir hors de l'eau le fait couler à nouveau. Qu'il n'age en usant seulement de ses jambes, dos au mat. Qu'il les tire derrière lui. Qu'elles se cramponnent à lui et le font couler. La scène profiterait énormément de ces détails supplémentaires.
Il ne put monter avec elles, l’équilibre du mât étant trop fragile --> L'équilibre du mat était trop fragile et il ne put monter avec elles. (éviter le participe présent).
Ewannaël se contenta de le tenir d’une main, en prenant de grandes respirations pour recouvrir ses forces. --> enlever cette virgule.
Après une brève hésitation, il s’assura que ses filles tenaient en équilibre puis plongea à nouveau. --> s'il doit plonger la récupérer, il vaudrait mieux mentionner qu'il la voit couler; je la croyais flottant à la surface (peu probable pour une personne inconsciente, qui flotte au mieux légèrement sous la surface).
N’aurait-il pas mieux fallu abandonner ses filles à la douceur d’une mort si soudaine ? --> "vallu" plutôt que "fallu".
Une mention sur Ewan qui parle d'une mort douce pour ses filles; la mort par noyade est l'une des plus souffrantes et paniquantes qui soit. Le mot "douceur" n'est peut-être pas le bon ici.
Pourquoi avait-il été chercher Ramcheh alors qu’Anfech s’était déjà noyé ? --> était-il allé chercher.
Il tenta de s’y concentrer entièrement, de ne penser à rien d’autre mais chaque vague l’en distrayait. --> consacrer plutôt que concentrer; virgule avant mais.
Il repensa à la tempête qui avait failli les emporter, avant leur arrivée à Maëlval, se demanda s’il n’aurait pas mieux fallu que tout s’y arrête. --> enlever la virgule avant "avant"; "valu" plutôt que "fallu".
Un des rares esprits à se montrer aux hommes et femmes, une seule fois pour chacun d’entre eux. Le jour où il les appelait à le rejoindre. --> Je crois que ce segment aurait plus d'effet en une seule phrase.
Il toussait désormais plus qu’il ne respirait, ses poumons lui semblaient noyés d’eau de mer. --> une petite mention ici sur les poumons noyés; quand l'eau y entre, l'inconscience et la mort suivent de peu. Sa gorge, son ventre, etc. auront la sensation d'être noyés bien avant ses poumons.
Une vague manqua de renverser l’embarcation de fortune, le corps de Faè glissa vers les eaux. --> remplacer la virgule par "et". Juste après, le mot "dénouement" me semble mal choisi.
Des voix humaines lui répondirent puis des bras se posèrent sur lui. --> il vaudrait mieux commencer par au moins suggérer que les trois autres sont tirés de l'eau avant lui. Ewan est un homme et tient hors de l'eau par ses propres moyens. Il peut stabiliser le mot pour deux enfants et la femme pendant leur sauvetage. Une autre mention sur le recrachage de l'eau : comme l'eau n'a normalement pas pénétré les poumons (une toux l'aurait fait recracher aussitôt tant qu'il restait conscient), l'eau qu'il crache doit s'accompagner de vomissement. Elle vient probablement de son estomac..
À la lecture, je n'ai pas eu le sentiment que des heures avaient passé pour Ewan. Il était déjà à bout de forces après quelques minutes;; j'ai plutôt eu l'impression que le tout avait duré une dizaine de minutes, peut-être un peu plus, que le paquebot qui les avait renversés était peut-être même le même qui les avait sauvés. Suggérer l'arrivée de la nuit (et peut-être même le lever du soleil le lendemain) ou observer la course du soleil résoudrait probablement ce problème. Tu peux aussi prendre un peu de temps pour donner un coup de frousse ou deux à Ewan et au lecteur. À ce stade, on sait que c'est la fin de l'histoire. Elle peut être tragique. et c'est ici qu'on se demandera si Ewan mourra ou vivra. On craint pour ce qui lui reste de force, oui; si un grand blanc passait, on craindrait encore plus. Un requin tigre serait un peu trop (eux mangent tout ce qui passe, contrairement aux grands blancs), mais plusieurs espèces de requins ne sont pas dangereux pour l'homme (ou représentent un danger limité). Un banc de méduses en surface. Un autre danger plus sophistiqué auquel je ne pense pas. Les péripéties aquatiques aideront aussi à suggérer le passage du temps.
Je me questionne aussi au sujet du premier paquebot. Les marins qui fracassent un autre bateau le font toujours. Un peu comme le devoir d'hospitalité (même envers un ennemi) dans le désert, où refuser l'hospitalité peut correspondre à condamner un individu à mort, les marins sortent de l'eau les naufragés (quitte à les pendre ensuite). Un pavillon noir sur le paquebot pourrait régler cette question.
Commentaires généraux : ai-je bien compris qu'Ewannaêl est en fait un Inuit qui vient d'arriver à New York? :P Bon, ce ne sont pas des lauriers sur la statue de la Liberté... mais le concept est là ;)
Une fin apte, un personnage libéré, un prix terrible à payer. Si j'avais écrit cette histoire, je ne sais pas si j'aurais sauvé la vieille ou son fils. J'ignore tes plans concernant une suite à cette histoire, mais ce serait bien Ewan de prendre également en charge l'enfant torturé/autiste en se compliquant la vie au passage.
En passant, ce processus (de théoriser comment l'auteur aurait pu aller plus loin ou ajouter du drame, etc.) est présent chez moi quoique je lise. Je me demande comment je l'aurais fait. Je n'ai pas accès à ce qui était dans ta tête au moment de l'écriture et aux raisons pour lesquelles tu as fait les choix que tu as fais. Je ne prétends pas que ma vision aurait été meilleure que la tienne. Si ce à quoi j'ai pensé te donne des idées applicables, tant mieux. Tu as pu déjà analyser et écarter ces idées pour des raisons à toi (trop chargé, ça ne me correspond pas, collision avec cette idée et un élément de l'histoire "caché", ça te semble une mauvaise idée) pour obtenir cette histoire. Je pense toutefois que de savoir quel traitement une autre personne aurait donné à l'histoire peut aider à l'améliorer. En tout cas, moi, je sais que ça peut m'aider.
J'ai bien aimé l'histoire entière. Assez de drame, pas que du drame, des moments où les personnages relèvent la tête. Une lutte constante contre la dépression. C'est un récit très intérieur, aux antipodes de ce que je lis généralement, mais qui m'a beaucoup plu.
J'ai lu que Plume ferme bientôt. Transféreras-tu tes histoires ailleurs?
Dans tous les cas, à bientôt!
Merci de cet ultime commentaire sous cette histoire, encore très riche en suggestions, j'ai fait les modifications nécessaires !!
Tu donnes de bonnes pistes. Sur la fin, je pense enlever le parallèle avec NY, pas forcément pertinent au vu des thématiques. Je réfléchis d'ailleurs à d'autres pistes de fin, mais j'ai pas encore tout fixé.
Merci de tes fidèles commentaires, qui m'ont bien aidé !!!
Oui, c'est sûr, je ne sais pas encore où mais on peut garder contact en attendant !! lejournaldoudou@gmail.com
A très vite !
Eh bien, cette histoire m'aura embarqué du début à la fin. C'est un voyage plein d'émotions, de courage, de force et d'espérance malgré des moments plus sombres. J'ai vraiment cru jusqu'au bout qu'Ewannael allait se noyer, que ton autre roman continuerait l'histoire avec l'une de ses filles.
En tout cas, c'est un très beau récit mis en lumière par la qualité de ta plume, et une fois encore je me suis régalé de faire ce bout de chemin avec toi.
La victoire aux Histoires d'Or est cent fois méritée.
À tout bientôt,
G / Ori'
Merci beaucoup, ça fait trop plaisir de lire ton retour <3.
Je suis content que tu retiennes un message de force et d'espérance de ce voyage malgré ses bas très bas.
Merci beaucoup de ton commentaire !!
À bientôt (=
Quelle ne fut pas ma stupéfaction quand je constatai qu'il s'agissait de la fin de ton œuvre. Etant une adepte des fins heureuses, mon petit cœur est actuellement en mille petits morceaux et je n'ai pas vu le temps passé (surtout je n'arrivais pas à m'arrêter de lire).
Ton récit, ton style d'écriture et les personnages m'ont transportée du début à la fin, et c'est exactement ce que j'attends d'une lecture. Merci pour cela ! Même si je souffre, ce genre de lecture fait réellement bien et est super enrichissante.
Suivre Ewannaël sombrer petit petit avec tous les malheurs qui lui tombent dessus, les pièges tragiques tendus par la vie qu'il mène et les choix qu'il fait... Oh c'est tellement tragique que je vais aller me cacher sous mes plaid en quête de réconfort.
Blague à part, c'est dur mais c'est puissant et très inspirant. Le développement d'Ewannaël est d'une justesse qui prend aux tripes, et ce qui mène le lecteur à comprendre les choix qu'il fait, les ressentiments qui le traverse et les tourments qu'il traine jusqu'au bout.
Je pourrais faire l'éloge des heures de ton œuvre je crois, j'en ai déjà parlé à tout mon entourage tellement il m'a bouleversée. Ton style d'écriture va droit au but, honnête et sans détour, et les mots utilisés sont précis et tellement juste avec le récit et les réflexions d'Ewannaël.
J'ai trouvé que quelques passages traînaient un peu en longueur, mais honnêtement, je suis passée au-dessus parce que c'était plus un ressenti personnel qu'un argument pertinent.
Cela ne m'a pas empêché d'adorer cette histoire et de m'investir émotionnellement à fond dedans.
Merci !
(et je vais sans doute jeter un coup d'oeil sur tes autres écrits hihihi)
Oui, la fin arrive vite. Il y aurait eu énormément d'autres choses à dire mais je trouve ça vraiment chouette de conclure ici. Avec cette fin ouverte, que le lecteur peut voir comme positive ou tragique selon son interprétation.
Désolé d'avoir brisé ton coeur, mais content que tu aies trouvé du plaisir à la lecture !
"Je pourrais faire l'éloge des heures de ton œuvre je crois, j'en ai déjà parlé à tout mon entourage tellement il m'a bouleversée." Wow, merci, je suis vraiment touché !!
"J'ai trouvé que quelques passages traînaient un peu en longueur, mais honnêtement, je suis passée au-dessus parce que c'était plus un ressenti personnel qu'un argument pertinent." Je suis très intéressé par savoir lesquels ? J'envisage quelques coupures dans une éventuelle réécriture donc ton avis m'intéresse.
En tout cas, merci pour ce magnifique retour ! Pour te le dire honnêtement, c'est un des commentaires qui m'a le plus touché sur cette histoire. Ca me donne vraiment envie de replonger dans ce projet, pour l'améliorer et pourquoi pas l'envoyer à des ME ou au moins l'imprimer format livre en quelques exemplaires. Merci beaucoup pour ça !
Trop cool ! Je suis curieux de voir ce que tu penseras d'Enfant de la Colère si tu le lis. Je pense qu'il est objectivement moins abouti que les Yeux de la Nuit mais subjectivement je le préfère, ça a été un régal d'écriture, avec des thèmes très perso.
Encore merci !!
A plus (=
COMME TOUJOURS, CE CHAPITRE ETAIT GENIAL !!! Dommage que ce soit déjà la fin par contre, Ewannaël et sa famille vont me manquer… Mais j’ai adoré ma lecture. C’est toujours un vrai plaisir de te lire ^^
Les trois parties de ce chapitre étaient toutes aussi intéressantes les unes que les autres. Entre Ramcheh qui raconte des choses visiblement très tristes à Vabrinia, qu’on ne saura jamais vraiment. (et qui attise beaucoup ma curiosité à propos de leur peuple, dont j’espère en savoir plus à travers les points de vues des deux autres narratrices !) L’île paradisiaque infestée d’horribles chasseurs. (pauvre bébés félins torturés à mort… faut vraiment pas avoir de cœur pour leur faire subir ça !) Puis le naufrage qui coûte la vie à Anfech et manque de peu de tous les tuer… Clairement, ce voyage vers Losival ne fût pas de tout repos !
C’est avec beaucoup de tristesse que je dis au revoir à la petite famille, mais je suis tout de même rassurée de voir que Ewannaël, Faè et Vabrinia sont tous arrivés sains et saufs ! (j’aurais pas été contente du tout si l’un ou l’une des trois avait perdu la vie en cours de route, et avec toi Edouard on sait jamais ! Tu n’as quand même pas hésité à tuer Edenn. Ce que j’approuve à posteriori (pardon Edenn) mais bon sur le moment j’avais tout de même frôlé l’arrêt cardiaque) Avec un peu de chance, Losival sera une ville plus accueillante et ils pourront enfin trouver la paix. Je leur souhaite en tout cas. Ils le méritent après toutes les épreuves qu’ils ont traversé !
C’est un peu frustrant de ne pas savoir ce qu’ils deviennent par la suite (j’aimerais bien savoir à quoi ressemble la vie à Losival !), mais en même temps, je trouve que s’arrêter là offre une bonne conclusion à leur aventure. Au départ Ewannaël a tout quitté pour sauver Faè, et maintenant ce sont ses filles qui le sauvent en lui donnant la force de se battre pour recommencer une nouvelle vie à Losival. La boucle est bouclée.
En ce qui concerne Jolyn… moi je crois dur comme fer qu’elle est toujours vivante quelque part ! Et j’espère qu’elle réussira à retrouver sa famille un jour, même si ça doit prendre des années et des années <3 Ce serait trop bien que Jolyn et Vabrinia se rencontrent enfin !
Au final, c’est toute cette histoire qui a été incroyable <3 <3 <3
Avec ce thème de la paternité qui sert de fil conducteur tout le long, nous faisant suivre l’éprouvant voyage d’immigration d’Ewannaël pour sauver sa famille.
Toute la première partie a tourné autour d’Ewannaël luttant contre des problèmes extérieurs : la menace d’esprision qui planait sur Faè, la tempête qui a failli couler leur petit voilier, les habitants de Maëlval pas du tout accueillants, l’horrible Armen, la mine qui fût fatale pour Edenn, la difficulté d’embarquer sur le paquebot avec Jolyn qui ne peut pas les suivre.
Puis toute la deuxième partie a plutôt forcé Ewannaël à se confronter à des problèmes internes : sa difficulté à accepter la mort d’Edenn et surtout, la disparition de Jolyn. En tout il lui aura fallu pas moins de deux ans, passé à vivoter sur une île en négligeant ses filles, trop occupé qu’il était à pleurer sur son sort et sombrer dans la drogue, avant de se rendre compte que le plus important, c’était de veiller sur les deux petites filles bien vivantes à ses côtés, plutôt que de passer ses jours et ses nuits à songer aux absents au point d’en oublier tout le reste. Un peu triste tout de même qu’il ait fallu attendre qu’il soit condamné à mort pour trouver un sens à sa vie… Mais même si ce fût long, il a finalement réussit et accomplit enfin ce pourquoi Jolyn s’est sacrifiée : offrir un avenir meilleur à Faè, ainsi qu’à Vabrinia qui les a rejoint en cours de route. C’est beau <3
Bon, je pense quand même que la deuxième partie gagnerait à être raccourcie un peu, comme elle est un poil longue. Par exemple, à quoi sert tout le passage où Ewannaël joue au ballon avec des inconnus dans le chapitre 12 ? Parce que c’est bien joli de le voir s’amuser, mais j’ai l’impression que supprimer ce passage ne changerait rien du tout à l’histoire.
Enfin quoi qu’il en soit, malgré quelques petits détails à revoir, j’ai adoré ma lecture et cette histoire restera pour toujours dans mon cœur <3
Petites remarques :
« Vabrinia répondit d’un ton hésitant, prononça des mots inconnus à l’oreille Ewannaël, qui confirmaient sa première hypothèse. »
> d’Ewannaël
« La vieille femme tentait de rassurer son fils, consciente que le moindre de ses cris pouvait les dénoncer. »
> faire repérer ?
« Il vola avec elles, plongea avec elles dans sous les vagues. »
> dans et sous ?
« À cet instant, il se demanda si cette légende était vraie, si Edenn l’attendait dans un ailleurs inaccessible au vivant. »
> aux vivants ?
« Au-delà des vagues bleus, des trombes de pluie, du ciel recouvert de nuages, il y avait une terre. »
> bleues
Quel plaisir de lire tes retours ! Une fois encore, une bouffée de motivation pure !
Une petite page se tourne en te voyant terminer l'histoire d'Ewannaël, que tes commentaires auront passionnément accompagné (=
Oui, c'est prévu d'avoir davantage d'infos avec les autres narratrices, même si je t'avoue ne plus être aussi sûr de réunir leur pdvs. Je commence à me poser la question d'en faire trois histoires distinctes. Bref, on en reparlera après que tu auras un peu avancé sur Hildje^^
En effet, un voyage express avec beaucoup de péripéties, top si tu l'as apprécié.
Intéressant que tu le voies comme une happy-end. en écrivant, je voulais laisser un flou sur la survie ou non d'Ewannaël. Arrive-t-il à Losival ou dans une forme de paradis ? Mais en vrai, aucune interprétation n'est plus juste que l'autre (=
Je comprends la frustration, Losival est beaucoup teasé sans qu'on la découvre jamais vraiment. Promis, ça arrivera dans les autres pdvs (=
Cool de lire tes espoirs pour Jolyn, maintenant que tu as fini je peux te dire que je la vois aussi survivre, et peut-être un jour retrouver les siens. Mais là encore, pas de réponse toute faite.
C'est intéressant de voir cette opposition que tu notes entre première et seconde partie. Je pense effectivement qu'elle est assez marquée avec la séparation de Jolyn et Ewan + l'arrivée de Vabrinia.
Oui, la 2e partie est beaucoup plus lente, elle mérite des ellipses. Il y a 2 3 personnages et sous intrigues que j'hésite à garder. La scène du ballon est déjà supprimée. Je l'aime bien mais c'est vrai qu'elle n'apportait pas grand chose à l'histoire.
"Enfin quoi qu’il en soit, malgré quelques petits détails à revoir, j’ai adoré ma lecture et cette histoire restera pour toujours dans mon cœur <3" Merci infiniment !!
Bien vu pour les coquilles, c'est corrigé !
A très vite !!
"Oui, c'est prévu d'avoir davantage d'infos avec les autres narratrices, même si je t'avoue ne plus être aussi sûr de réunir leur pdvs. Je commence à me poser la question d'en faire trois histoires distinctes. Bref, on en reparlera après que tu auras un peu avancé sur Hildje^^"
> Dans tous les cas, que les trois points de vues des Yeux de la Nuit soient réunis ou deviennent des histoires distinctes, moi je reste fan ^^ (et si jamais tu décides de réécrire 15 fois cette histoire avant d'être satisfait du résultat, compte sur moi pour lire toutes les versions avec intérêt XD) Mais c'est vrai que l'histoire d'Ewannaël se tient très bien toute seule je trouve. J'ai juste pas du tout envie de quitter l'univers et suis ravie qu'il me reste plein de chapitres d'Hildje à découvrir ^^
"Intéressant que tu le voies comme une happy-end. en écrivant, je voulais laisser un flou sur la survie ou non d'Ewannaël. Arrive-t-il à Losival ou dans une forme de paradis ? Mais en vrai, aucune interprétation n'est plus juste que l'autre (="
> Bah écoute, moi je l'aime bien Ewannaël et je préfère qu'il survive, donc forcément XD
"Cool de lire tes espoirs pour Jolyn, maintenant que tu as fini je peux te dire que je la vois aussi survivre, et peut-être un jour retrouver les siens. Mais là encore, pas de réponse toute faite."
> Chouette ! Vive Jolyn ! (Par contre tout ça me donne quelque peu envie de te soudoyer pour écrire son point de vue XD)
Ahah, le pdv de Jolyn est pas forcément prévu mais qui sait ? Après, c'est le genre de personnages dont le mystère / l'implicite fait partie du charme, avoir son introspection modifierait forcément son perso. Mais ce serait un exercice intéressant.
Il y a donc trois scènes. La première est énigmatique et le reste. C’est une bonne chose de laisser le lecteur imaginer. La deuxième partie est plus qu’une scène : c’est un épisode dont on reçoit l’explication. Que faut-il comprendre ? Je crois que ce passage complète cette odyssée dans laquelle Ewannaël a en définitive été chassé de partout.
Vient le final que je trouve très bon. Enfin Ewanaël se départit de son égoïsme. Il est prêt à donner sa vie pour les autres. Il méritera une récompense, il retrouvera Jolyn.
Merci pour cette belle histoire.
Trop bien si la tension demeure ! Oui, une fin ouverte qui est sujette à interprétation, même si des éléments d'explication se retrouvent dans les autres histoires des Yeux de la Nuit.
"Enfin Ewanaël se départit de son égoïsme. Il est prêt à donner sa vie pour les autres. Il méritera une récompense, il retrouvera Jolyn." Ce serait une belle fin, je ne te dis pas ce que j'imagine mais j'aime beaucoup ton interprétation !
Merci de tout ces retours sur Les Yeux de la Nuit, ça a été un plaisir de te lire, très intéressant d'avoir eu toutes ces remarques qui me seront très utiles pour la réécriture !
Merci encore !
A très vite (=
Je viens donc de lire toutes tes réactions d’aujourd’hui et de relire mes propres commentaires, et c’est à moi de te remercier. Ces échanges m’ont enrichi considérablement. Je suis nouveau sur PA. Je ne pensais pas trouver ce genre de contacts fructueux.
Je vais donc lire l’autre texte que tu proposes. Nous discuterons donc de nouveau.
À bientôt.
Avec plaisir ! Tes retours m'ont aussi beaucoup enrichi ! Oui, PA est vraiment une trop belle plateforme (=
Je suis très curieux de voir ce que tu penseras du pdv d'Hildje. Il est assez différent.
A très vite !
Eh bien eh bien, me voici arrivée à la fin !
Wow. Jusqu'à la fin, notre pauvre Ewen en aura bavé xD Echoué sur une île remplie de braconniers cruels qu'on voudrait pas trop croiser, pour finir sur un p'tit naufrage des familles. x)
Je suis curieuse de l'histoire de Ramrech, mais je trouve ça plutôt cohérent et pertinent qu'on ne sache jamais ce qu'elle a dit à Vabrinia, qui semble traumatisée à vie d'ailleurs. Pauvre gamine d'ailleurs, elle avait rien demandé ahah ^^
ET ENFIN, l'arrivée à Losival, qui était l'objectif de base ! Finalement, on y arrive. Maintenant, je suis hyper curieuse de cette ville, ce pays qui semble ultra moderne, ultra ouvert, qui fait beaucoup penser à nos villes mondialisées contemporaines. Curieuse aussi de cette immense statue de femme, que représente-t-elle ? Est-ce qu'ils vénèrent une divinité féminine ? Que de questions !
J'espère effectivement qu'on trouvera nos réponses dans les autres histoires liées ! Et qu'on recroisera Ewan et ses filles peut-être à travers d'autres points de vue, ce serait vraiment trop cool que tout se réunisse et s'entrecroisent à la fin ;)
En tout cas, j'ai vraiment beaucoup apprécié ce point de vue, suivre ce père déterminé et désespéré à la fois dans sa quête pour mettre à l'abri ses filles et sa famille. Effectivement on ne saura sans doute jamais ce qui est arrivé à Jolan (ou alors peut-être dans un autre pdv ?) mais ce n'est pas dérangeant non plus ! Ca fera partie des mystères non élucidés qui nous interrogera pendant des jours et des mois durant, et nous empêchera de dormir xD
J'ai vraiment beaucoup aimé cet univers que tu as créé, qui m'a fait voyagé, rêvé et cauchemardé aussi ! Malgré les similitudes avec notre monde à nous, il y avait toujours des éléments nouveaux, surprenants et intrigants qui ont fait qu'on se sentait toujours dépaysé et c'était un vrai plaisir ! J'ai autant aimé l'ambiance froide et polaire du début que cette ambiance plus chaude et sèche sur la fin ;)
Hâte de voir ce que tu nous réserves dans les autres points de vue !
Un plaisir de te lire comme toujours, je te dis à bientôt ;)
En effet, il n'aura pas vraiment eu le droit au repos pendant ces 15 chapitres...
Je suis content d'avoir suscité ta curiosité avec Losival, qui est un lieu fort des Yeux de la Nuit, et sera davantage développée dans d'autres pdvs...
"J'espère effectivement qu'on trouvera nos réponses dans les autres histoires liées ! Et qu'on recroisera Ewan et ses filles peut-être à travers d'autres points de vue, ce serait vraiment trop cool que tout se réunisse et s'entrecroisent à la fin ;)" hmmm, ni oui ni non, mais je te laisse découvrir ça eheh
Quant à savoir si d'autres pdvs vont résoudre les mystères non élucides dans celui-ci, je te réponds en partie. Mais bien sûr, cette histoire va garder des zones d'ombre.
Content que tu aies apprécié l'univers !! Ca change du medieval fantasy mais en vrai c'est très chouette aussi (=
"Hâte de voir ce que tu nous réserves dans les autres points de vue !" Très honnêtement, si tu as aimé le pdv d'Ewan, je pense que tu vas adorer celui d'Hildje. Enfin, je ne veux pas te le survendre non plus^^
Merci beaucoup pour tous ces retours si encourageants et toujours aussi pertinents ! Un plaisir d'échanger avec toi comme toujours !!
A très très bientôt !
Me voilà moi aussi arrivée à la fin de ce voyage ?
J'ai vu que tu avais sorti une autre histoire "Les Yeux de la Nuit", mais à la lecture du résumé, je n'ai pas eu l'impression qu'il s'agissait d'une suite, si ?
Pour en revenir à ce chapitre, j'ai trouvé très poignant le thème de la résilience dans le naufrage. L'acharnement à survivre, le doute sur si ça en vaut la peine... Le fait est que si Ewannaël avait été seul, il se serait probablement laissé sombrer, et c'est d'autant plus important et un peu le sommet dans la construction de son personnage, que de le voir s'efforcer de survivre dans un moment pareil, lui qui a avancé et fait des erreurs pour les siens avant tout. Je sais que c'est loin d'être une histoire heureuse, mais j'aimerais vraiment qu'il puisse retrouver Jolyn.
Je trouve que la mort (disparition, plutôt?) est vraiment dramatique, surtout si la mère a survécu. Elle, en l'occurrence, n'avait plus que lui. Du coup le questionnement sur le fait qu'il n'aurait peut-être pas dû la sauver. Ça aurait été de lui donner une certaine miséricorde, peut-être.
Pour la première partie, plus centrée sur Vabrinia, c'est vrai que ça serait intéressant de savoir ce que Ramcheh lui a raconté, ça permettrait aussi d'en savoir plus à son compte :)
Je te dis à bientôt, bon courage pour la suite de ton écriture !
La fin ? Oui et non. Les Yeux de la Nuit est un projet commun, mais j'ai fait le choix d'écrire les narrateurs les uns après les autres. L'autre histoire sur PA a donc vocation a être "mixée" (pas le meilleur mot j'avoue xD) avec celle-ci et une autre. Cette fin ci n'est donc pas LA fin, ça laisserait beaucoup trop de questions non résolues hihi
Trop content de lire ton retour sur la résilience d'Ewannaël, c'est évidemment un thème au coeur de ce personnage et de l'histoire en général d'ailleurs.
Oui, la disparition de Jolyn est douloureuse et cruelle. Je ne te dis pas si j'ai prévu d'autres choses pour ce personnage^^
Merci beaucoup de ton retour et de tous ces précieux commentaires !!
A bientôt (=
Avec plaisir :)
À bientôt !