Les jours s’égrenaient dans une quiétude à laquelle Altaïs peinait à s’habituer. Il se prenait souvent à espérer que cela durerait indéfiniment, que sa famille ne les retrouverait jamais. Une ombre planait pourtant au-dessus de lui, une peur sourde qui ne le quittait jamais tout à fait. Les bruits inattendus le faisaient trop souvent sursauter, des évènements insignifiants le replongeaient dans les méandres de sa mémoire. Il haïssait ces instants où il s’absentait de longues minutes, engloutis par ses souvenirs.
Ne pouvaient-ils pas le laisser en paix ?
Il tourna la tête vers Alexander, assis près de la baie vitrée. Celui-ci observait les jardins avec une expression paisible. Les flocons avaient cessé de tomber, et les rayons pâles du soleil ricochaient sur le tapis blanc s’étendant jusqu’au bois. Altaïs avait même aperçu une jonquille la veille. La neige persistait dans le Nord, mais le printemps était sur le point de revenir. Dans les prochaines semaines, des festivités fleuriraient dans tout le royaume pour célébrer son retour, y compris sur le domaine d’Evald.
Il s’approcha jusqu’à poser une main douce sur le bras d’Alexander. Celui-ci pivota vers lui avec un sourire tendre.
— Tu me montreras comment jouer de la harpe ?
Le visage d’Altaïs s’éclaira.
— Tu n’as jamais osé me le demander au palais.
— Je ne voulais pas me ridiculiser, marmonna Alexander, sans parvenir à cacher son amusement.
Altaïs l’invita à le suivre jusqu’à l’instrument et lui indiqua comment se positionner avec la harpe calée entre ses jambes. Alexander pinça une corde entre ses doigts, produisant un son tellement discordant qu’Altaïs ne put s’empêcher de grimacer. Le second fut tout aussi désagréable.
— Pardonne-moi, pouffa Alexander.
— Voyons le bon côté des choses : tu as une grande marge de progression.
Alexander marmotta quelque chose en écartant ses doigts des cordes en boyaux de mouton. Altaïs esquissa un sourire amusé et posa une main sur son poignet pour le guider.
— Comme ça…
Alexander frissonna lorsque le chuchotement glissa dans le creux de son oreille. Cette fois, une note plus claire s’éleva dans l’air, puis une deuxième… La troisième émit un crissement strident, et Alexander éclata de rire en sentant Altaïs sursauter contre lui. En représailles, celui-ci lui asséna une petite tape sur le bras, mais ses yeux brillants le trahissaient.
Le moment se brisa lorsque des bruits de pas précipités résonnèrent dans le corridor, quelques instants avant qu’Evald n’apparaisse sur le pas de la porte.
— Nous avons des visiteurs indésirables.
Altaïs blêmit.
— Quoi ?
— Ne quittez cette pièce sous aucun prétexte. Je ne les laisserai pas entrer dans ma demeure, mais nous devons à tout prix éviter qu’ils aient la certitude de vous trouver ici.
Alexander se releva en acquiesçant, tandis que les doigts d’Altaïs agrippaient son bras. Evald leur adressa un dernier regard avant de tourner les talons.
Altaïs recula jusqu’à buter contre le mur derrière eux. Les sons s’estompaient à l’exception du sang qui pulsait dans ses tempes. Il s’efforça de se concentrer sur sa respiration, mais la peur lui tordait le ventre.
Harald et Elaran avaient retrouvé leur trace.
Une main chaude se posa sur sa joue.
— Altaïs…
Son regard accrocha celui d’Alexander comme un roc auquel on s’agrippe pour ne pas dériver.
— Je ne veux pas te perdre, balbutia-t-il.
— Tu ne vas pas me perdre.
Sa main devint caresse.
— Evald ne les laissera pas entrer. Et moi je ne laisserai rien t’arriver.
Alexander appuya doucement son front contre celui d’Altaïs. Celui-ci prit une inspiration tremblante, mais sa nausée reflua.
— Je te promets qu’un jour j’effacerai tes cauchemars.
◊
Evald observa les cavaliers avancer sur le chemin bordé de pins, entouré par une poignée de gardes du duché de Frostarel. Une haine viscérale lui broya le cœur lorsqu’il discerna la silhouette d’Elaran, précédant celle du souverain d’Issheimr, qui ressemblait tant à son défunt père. Evald n’avait pas vu Elaran depuis la mort d’Eigil, mais l’adal n’avait pas changé. Si l’âge avait paré ses cheveux autrefois bruns d’un voile blanc et son visage de quelques rides, il possédait toujours cette aura impérieuse, cette attitude arrogante, comme si le monde lui appartenait. Evald savait qu’enfant, Eigil avait éprouvé de l’admiration à l’égard de ce demi-frère plus âgé. En grandissant, l’admiration s’était étiolée jusqu’à devenir de la méfiance, du regret peut-être également. La naissance d’Altaïs avait entériné une guerre familiale entre eux. Aujourd’hui, Evald n’aurait aucune hésitation à perpétuer cette guerre pour protéger Altaïs et Alexander.
Elaran arrêta sa monture pour mettre pied à terre, imité par les soldats de la Haute-Garde. Le roi Harald demeura en retrait, observant la scène du haut de sa monture comme un souverain tout puissant sur son trône, tandis que son adal s’avançait vers Evald. Ils se toisèrent un long moment, le regard dur, avec une rancœur et une haine si palpables qu’elles écrasaient l’espace. Le vent s’engouffra sous leurs capes et fit claquer l’épais tissu. Enfin, la voix d’Elaran s’éleva au-dessus des sifflements de l’air glacial :
— Duc de Frostarel.
Trois petits mots qui disaient tout le mépris qu’éprouvait Elaran.
Evald esquissa un rictus.
— Elaran, que me vaut le plaisir de la venue du roi sur mes terres ?
Ce fut infime, mais Evald aperçut un tic agacé creuser la joue d’Elaran. Il ne s’était pas trompé, son interlocuteur n’avait pas changé ; il n’avait jamais supporté que l’on refuse de s’écraser devant lui. Parce que cela lui rappelait son statut de bâtard, peut-être ?
— Je suppose que les rumeurs de la fuite du prince régicide sont parvenues jusqu’ici.
— Depuis deux ans. Tu arrives bien tard si tu espérais me l’apprendre.
— Tu es toujours le même… Ton effronterie ne s’est malheureusement pas assagie avec le temps.
— Tu confonds mon effronterie avec de l’irrévérence.
— Le roi m’en soit témoin, je pourrais te faire châtier pour cela.
Evald le transperça du regard.
— Je t’en prie, avise-toi d’essayer.
Le silence les enveloppa pendant de longues secondes, puis Elaran déclara avec une lenteur calculée :
— Si par le passé tu avais courbé l’échine, je t’aurais peut-être laissé le voir.
Evald laissa échapper un rire cassant.
— Nous savons tous les deux que c’est un mensonge. Tu étais bien trop heureux d’avoir récupéré sa tutelle.
— Quelqu’un devait se charger de son éducation.
Une envie de tuer qu’il pensait avoir refoulée il y a longtemps submergea Evald. Il se souvenait seulement maintenant que son deuil n’avait jamais vraiment pris fin, qu’Altaïs était, pour sa part, en vie et qu’il avait souffert pendant des années entre les mains de sa famille. Ses doigts descendirent vers le poignard accroché à sa ceinture. Il pourrait tuer Elaran, achever le roi Harald. Tout serait fini en un instant, Altaïs serait libéré de leur présence.
— Je ne le ferais pas si j’étais toi, susurra Elaran. Je ne doute pas que tu rêves de me tuer, mais tu n’as jamais rien pu faire face à la royauté.
Le regard d’Evald dévia un bref instant vers les soldats de la Haute-Garde, à une quinzaine de pas. Dans son dos, ses propres gardes se tenaient aux aguets, une main posée sur le pommeau de leur épée. Du coin de l’œil, il aperçut le roi Harald se dresser sur sa selle. Même si Evald tuait Elaran et Harald, cela engendrerait un carnage et Altaïs et Alexander seraient de nouveau contraints de fuir. Son bras retomba le long de son corps.
À cet instant, une présence effleura son esprit. Il lui fallut tout son sang-froid pour s’en protéger sans rien laisser paraître.
— Va-t’en. Vous n’avez rien à faire ici.
— Nous le pourchasserons jusqu’au jour où nous le retrouverons. Nous avons suivi sa trace jusqu’à Issfell. C’est étrange, n’est-ce pas ? Qu’il soit si proche mais que tu ignores sa venue…
— Vous vous êtes assurés qu’il ne sache rien de moi, répliqua Evald.
— Qu’en sais-tu ? J’aurais pu lui expliquer que tu l’avais abandonné, comme son père l’a lui-même fait.
— Va-t’en !
Mais au contraire, Elaran effaça la distance qui les séparait et se pencha pour chuchoter au creux de son oreille :
— Nous pourrions forcer les portes de cette demeure. Rien n’est impossible en présence du roi.
La magie d’Evald crépita au bout de ses doigts. Ses gardes suivirent son impulsion, et le chuintement d’épées qui glissent hors de leur fourreau résonna autour d’eux. Les soldats de la Haute-Garde réagirent aussitôt en dégainant leurs lames. Elaran pinça les lèvres, sans doute lui aussi conscient qu’ils se trouvaient dans une impasse. Un passage en force ne pourrait que les desservir si un bain de sang survenait. La présence du souverain d’Issheimr ne les aiderait pas, au contraire ; les tensions entre le Nord et le reste du royaume étaient encore trop vivaces, un rien suffirait à les raviver.
Elaran adressa un signe de la main à ses soldats pour qu’ils rengainent leurs armes.
— Ne t’avise pas de le cacher, Evald. Vous le regretteriez tous les deux.
L’adal fit volte-face sans lui laisser le temps de répondre, rejoignit sa monture et échangea quelques mots à voix basse avec le roi. Il accorda un dernier regard à Evald avant de se mettre en selle. Le duc de Frostarel demeura immobile lorsque Elaran et Harald s’éloignèrent, suivis de la Haute-Garde, attendit un long moment après qu’ils aient disparu pour bouger de nouveau.
Eigil… Ellinor… Je suis tellement désolé…
◊
— Tu es certain de vouloir prendre part aux festivités ?
À travers la fenêtre de sa chambre, Altaïs observait Evald superviser l’installation de lourds buffets dans les jardins. Bientôt, ceux-ci se couvriraient de victuailles, et tous les habitants des environs envahiraient le domaine pour célébrer le retour du printemps. Depuis la veille, des odeurs de gibier, de baies et de miel embaumaient les couloirs de la demeure. Une excitation communicative s’était emparée des domestiques, et Altaïs assistait aux préparatifs avec une certaine fascination. Il se tourna vers Alexander, qui se mordillait l’ongle du pouce.
— Evald a même proposé de les annuler, insista celui-ci.
— Nous savons tous que ce serait encore plus suspect qu’il les annule après la visite d’Harald et Elaran. Vártilba est une fête sacrée qu’il organise chaque année sur ses terres.
Altaïs ferma les yeux. Une angoisse sourde lui tordait le cœur, vestige de son emprisonnement.
— Je me sentirai davantage en sécurité près d’Evald que tenu à l’écart dans sa demeure.
Et il avait besoin de s’assurer que les festivités célébrant le retour du printemps pouvaient être autre chose qu’un cauchemar.
Lorsqu’il rouvrit ses paupières, il devina à l’expression d’Alexander que celui-ci comprenait. Cela faisait deux ans qu’Altaïs n’avait pas fêté Vártilba, que les derniers souvenirs qui s’étaient incrustés dans son esprit n’étaient plus qu’un amas de peur et de douleur. Dagmar s’en était assuré. Un frisson remonta le long de son dos ; il n’oubliait pas que son ancien tortionnaire avait lui-même lancé des mercenaires à ses trousses pour le retrouver.
Il se sentirait définitivement plus en sécurité près d’Alexander et d’Evald. D’autant plus que ce dernier avait assuré qu’il renforcerait la surveillance du duché durant les festivités.
Les doigts d’Alexander caressèrent sa joue avec douceur. Altaïs décolla légèrement ses talons du sol pour déposer un baiser sur les lèvres du jeune homme, qui entoura sa taille avec son bras libre. Au fil des jours, Altaïs parvenait plus facilement à se laisser aller contre Alexander, à initier leurs rapprochements, à faire abstraction des souvenirs douloureux.
— Seras-tu mon compagnon ce soir dans ce cas ? souffla Alexander contre ses lèvres.
Altaïs prit son courage à deux mains pour répondre :
— Pas seulement pour ce soir, si tu le souhaites.
Peut-être qu’il devait arrêter de craindre le passé s’il voulait avancer. Peut-être que… L’étreinte d’Alexander se raffermit.
— Jusqu’au jour où les étoiles tomberont.
— Jusqu’au jour où les étoiles tomberont.
Ces mots issus d’une vieille balade scellèrent leur promesse. Ils s’enlacèrent un long moment, leurs fronts appuyés l’un contre l’autre, jusqu’au moment où Altaïs s’éloigna à regret.
— Nous devrions nous préparer, Evald doit nous attendre.
Alexander acquiesça avant de se diriger vers sa propre chambre – qu’il n’avait que peu occupée –, lui adressa un clin d’œil en refermant la porte derrière lui. Les joues d’Altaïs s’empourprèrent. Celui-ci s’empressa de récupérer les vêtements que leur avait offert Evald pour la soirée, enfila le pantalon blanc et la tunique argentée qui lui arrivait mi-cuisse, puis tressa les lacets du col avec dextérité. Lorsque cela fut fait, il s’empara du masque traditionnel qui recouvrirait le haut de son visage, comme le voulait la coutume.
Un loup…
Le temps d’une nuit, Altaïs deviendrait un loup.
Le temps d’une nuit, il ne serait plus ce fugitif traqué par sa famille.
Après avoir posé sur ses épaules une cape blanc de lait ourlée de fourrure, il retrouva Alexander dans le couloir. À l’inverse d’Altaïs, dont le masque couvrait le front et les yeux, celui d’Alexander dissimulait la partie droite de son visage et représentait un ours.
— Tu le portes à merveille, sourit Altaïs.
Ils traversèrent un corridor pour rejoindre les escaliers, croisant une domestique empressée qui les salua à la volée. Altaïs effleura la main d’Alexander ; il savourait chaque moment passé à ses côtés. Il regretta pourtant la distance qu’il s’imposa dès qu’ils sortirent de la demeure, parce qu’il craignait qu’ils ne soient trop exposés aux regards des autres, parce que les relations entre deux personnes du même sexe n’étaient pas vraiment admises dans le royaume même si aucune loi ne les interdisait, parce qu’il n’avait pas suffisamment confiance en lui.
Une boule enfla dans sa gorge.
Tu crois que je n’ai pas vu comment tu regardes les hommes ? siffla une voix dans son esprit.
Ses ongles s’enfoncèrent dans sa paume. Sa famille n’avait peut-être jamais toléré l’idée qu’il puisse aimer les hommes, mais Evald lui avait dit quelques jours auparavant que leur relation n’appartenait qu’à eux et que personne n’avait le droit de les juger pour cela.
— Evald est là-bas, indiqua Alexander.
Altaïs balaya les jardins du regard pour le trouver. Une odeur de pin et de braises flottait dans l’air. Des guirlandes couraient le long des arbres bordant le domaine, des dizaines de lampions projetaient des éclats dorés sur la neige. Altaïs aperçut des gardes faire leur ronde, se mouvant en silence dans l’ombre des troncs. Non loin d’un bûcher dressé pour l’occasion, les buffets couverts de victuailles commençaient à attirer la foule. Des cercles se formèrent progressivement au centre desquels certains entamaient des danses au rythme des tambours en peaux de mouton, accompagnés par les notes mélodieuses d’une lyre. Leurs masques animaliers renforçaient leur lien avec la nature.
Le visage en partie dissimulé par un masque de renard des neiges, Evald vint à leur rencontre dès qu’il les vit s’approcher.
— Je vous attendais avec impatience.
Son regard bleu pétilla de chaleur, de bienveillance.
— Profitez des festivités. Cette nuit est pour vous.
Altaïs eut l’impression de reprendre vie.
Merci, Evald.
Les heures s’égrenèrent dans une ambiance chaleureuse. Des étoiles piquetèrent le ciel qui s’assombrissait d’instant en instant. Altaïs souffla sur un petit pain fourré à la viande et aux baies qu’Alexander avait rapporté, tandis que ce dernier se brûlait la langue en mordant dans le sien. Un rire tendre lui échappa, puis Alexander l’entraîna à sa suite une fois les pains engloutis pour qu’ils puissent faire leurs offrandes. Altaïs se sentait plus léger qu’il ne l’avait jamais été dans ses souvenirs.
Malgré la neige et le givre qui recouvraient encore le sol, des fourrures furent enterrées pour symboliser la fin de l’hiver et offrir à la terre de quoi faire pousser les récoltes. Chacun fit don de légumes ou de fruits, de morceaux de viande grillée, de bois de cerf ou encore de poteries et de tissus sous l’œil bienveillant d’Evald. Sans tenir compte de la neige, Alexander et Altaïs creusèrent une cavité suffisamment large pour accueillir une statuette en bois et un bouquet de jonquilles. Ils se redressèrent en échangeant un regard complice, et les réminiscences de ces deux dernières années se dissipèrent dans l’esprit d’Altaïs.
Il était libre ; libre de célébrer le retour du printemps, de cueillir des fleurs couleur soleil pour en faire don à la Magie.
Alexander disparut un court instant et revint avec un gâteau de miel, un sourire mutin aux lèvres. Les joues d’Altaïs se parèrent d’un voile écarlate lorsque le jeune homme le rompit en deux pour lui en offrir une moitié. Traditionnellement, on partageait un gâteau de miel avec la personne que l’on aimait pour lui promettre que l’on passerait l’année à venir avec elle. Alexander mordit dans sa part en lui adressant un clin d’œil, avala sa bouchée sans le quitter du regard, puis se pencha pour souffler dans le creux de son oreille :
— Jusqu’au jour où les étoiles tomberont.
Leurs lèvres se frôlèrent lorsqu’il recula. En réponse, Altaïs croqua sa part de gâteau au miel, savourant le parfum sucré qui coula sur sa langue.
Ils poursuivirent les festivités jusqu’au moment où Altaïs s’écarta de la foule pour se reposer quelques instants. Il appréciait la jovialité qui embaumait les jardins, mais il n’était plus capable de rester si longtemps entouré sans que se lovent en lui les premiers signes de l’anxiété – les palpitations de son cœur, son sang bouillonnant et les sueurs glacées. Ses prunelles ne quittaient pas Alexander qui s’était joint à l’une des danses traditionnelles. Pour la première fois depuis des jours, lui aussi semblait avoir oublié leurs préoccupations, la culpabilité et la tristesse qui le hantaient. Alexander croisa son regard, lui adressa un sourire rayonnant. Une douce chaleur se répandit dans la poitrine d’Altaïs alors que le jeune homme disparaissait un instant derrière d’autres danseurs.
Poussé par l’envie folle de le rejoindre et de lui proposer une danse malgré la foule, Altaïs amorça un pas dans sa direction lorsque le son d’une conque tonna au loin.
— Que…
une conque. le roi. Harald.
À cet instant, un craquement retentit derrière lui. Il fit volte-face, mais n’eut pas le temps de se baisser pour récupérer le poignard caché dans sa botte.
La pointe d’une épée frôla sa gorge.
Une peur vorace l’asphyxia lorsque son regard heurta les prunelles anthracite de son oncle. Il voulut reculer, mais son corps refusa de lui obéir, prisonnier d’un carcan de glace.
— Evald pensait vraiment que nous ne retrouverions pas ta trace sur son domaine ? Que nous renoncerions sous prétexte qu’il affirmait ne pas t’avoir vu ? Ou que nous hésiterions parce qu’il a renforcé sa garde ?
— C’est une fête sacrée, balbutia Altaïs. Tu n’as pas le droit de dégainer ton arme.
— Un criminel n’a pas non plus le droit de souiller nos traditions.
— Je ne suis pas un criminel !
Il maudit les infimes tremblements de sa voix. Elaran balaya son affirmation d’un hochement de tête méprisant, comme si les propos de son neveu n’avaient aucune importance. Altaïs risqua un bref coup d’œil derrière lui, mais la conque annonçant la venue du roi avait attiré toute l’attention de la foule.
— Inutile de chercher de l’aide. Nos Épéistes doivent s’être débarrassés des gardes à l’heure qu’il est, et Evald accueille certainement Harald en bonne et due forme.
Apeuré, Altaïs reporta son attention sur Elaran, qui le toisait d’un regard glacial.
— Tu peux choisir de te rendre sans faire d’esclandre, ou tu peux te rebeller et engendrer un carnage. Je suppose que tu n’as pas oublié l’exécution de l’Épéiste…
— Tu n’avais pas le droit de le tuer, siffla Altaïs. C’était un meurtre, pas une exécution !
— J’ai tous les droits sur les traîtres. Et j’ai tous les droits sur toi.
— Non ! Plus maintenant !
Altaïs esquissa un mouvement de la main ; un amas de neige suivit son geste… et l’air crépita dans son dos.
La foudre le transperça. La douleur éclata si violemment dans son corps qu’il s’écroula avec un hurlement. Un spasme souleva ses épaules, tandis que ses doigts se crispaient dans la neige. Il lutta pour garder les yeux ouverts. Un Épéiste le contourna pour se placer près d’Elaran.
Altaïs comprit qu’aucun garde ne viendrait ; la Haute-Garde avait exécuté les ordres.
— Altaïs !
Il tourna difficilement la tête pour voir Alexander se précipiter vers lui. Il avait dû le chercher après avoir entendu le chant de la conque.
— Va-t’en…
Sa voix ne fut qu’un murmure. Un Épéiste surgit entre eux pour mettre Alexander hors d’état de nuire, mais son poing invisible ricocha sur un bouclier étincelant. L’attaque obligea pourtant le jeune homme à ralentir. Il fit un geste de la main pour matérialiser la silhouette familière d’une lance éthérée, mais un second Épéiste profita de l’ouverture dans sa garde pour le plaquer au sol avec sa magie. Alexander émit un grondement rageur en tentant de se redresser, mais un troisième soldat lui tordit le bras dans le dos pour l’immobiliser. Son masque gisait dans la neige.
— Alex !
Altaïs essaya de se relever avec l’impression tenace que son corps pesait une tonne, mais quelqu’un le renvoya à terre. On ramena ses poignets dans son dos, et le fer glacé des chaînes mordit sa peau. Sa dernière once de lucidité s’évapora à cet instant ; il se débattit avec plus de hargne encore. En réponse, un coup heurta son visage, arracha son masque.
— Altaïs !
Du coin de l’œil, il aperçut Alexander se débattre lui aussi pour échapper aux Épéistes. Tous ceux qui assistaient aux festivités et se trouvaient suffisamment proches pour voir ou entendre la scène s’étaient immobilisés avec une crainte perceptible.
— Libère-moi ! Libère-moi, Elaran !
Son oncle entra dans son champ de vision. La gifle qu’il lui asséna cingla sa joue avec une telle force qu’elle projeta sa tête sur le côté et le sonna quelques instants. Un goût métallique envahit sa bouche. Il cligna des yeux et s’efforça de reporter son attention sur Alexander. Le hurlement du jeune homme se répercuta dans les jardins lorsqu’un Épéiste le frappa au visage, brisant son nez dans un craquement sec. Du sang dévala le menton d’Alexander.
— Alexander !
Un tourbillon de neige s’éleva pour repousser le responsable loin du jeune homme.
— Cesse de lutter, siffla Elaran.
Un son guttural lui échappa. Altaïs hoqueta ; sa magie s’évanouissait, disparaissait comme lorsqu’on l’avait forcé à avaler du nectar de fleur d’Adhelan.
— Non…
Des runes avaient dû être gravées sur le métal de ses chaînes, un mot avait suffi à les activer.
— Non !
L’air s’alourdit soudain autour de lui. Il comprit avec un temps de retard qu’il ne pourrait rien faire face à la magie d’Elaran qui s’insinuait déjà dans son esprit. Ses pensées volèrent en éclats, ravagées par un feu invisible.
Son esprit s’enflamma,
son corps se cambra,
un cri lui déchira la gorge.
— Assez, Elaran !
La magie d’Elaran s’étiola, le laissant étendu dans la neige, le corps parcouru de tremblements saccadés. Il battit des cils pour repousser le voile qui troublait sa vue. Au bout de longues secondes, il discerna enfin la silhouette d’Evald armée d’une épée. Sa cape blanche ondulait derrière lui, portée par la brise froide.
— Assez. Ne l’approche plus.
Altaïs chercha frénétiquement Harald du regard, mais il ne le vit nulle part. Evald avait-il réussi à lui fausser compagnie ? À le mettre hors d’état de nuire ?
— Il s’agit de mon neveu, je l’ai élevé. Qui penses-tu être pour me donner des ordres, Evald ? Cela fait des années que tu te terres dans ton misérable duché.
— Duché où tu t’es empressé de m’exiler, riposta Evald. Pour m’éloigner d’Altaïs. Et peut-être parce que je te rappelais de trop nombreux souvenirs, n’est-ce pas ?
Elaran émit un soupir à mi-chemin entre l’agacement et la moquerie.
— Tu t’accordes davantage d’importance que tu n’en as.
— Tu savais qu’Eigil m’avait demandé de veiller sur son fils.
— Tu n’es pas sa famille. Tu n’es rien par rapport à lui.
Evald tendit son épée vers Elaran.
— Écarte-toi. Je n’hésiterai pas à t’affronter.
Altaïs voulut se redresser, mais le pied d’un Épéiste appuya sur son dos pour le plaquer contre le sol.
— Evald…
Il ne voulait pas qu’Evald affronte son oncle.
Il ne voulait pas que celui-ci le tue.
Il ne le supporterait pas.
— Je te laisse une dernière chance de t’agenouiller devant moi. Ce ne serait pas la première fois, et j’envisagerai de t’épargner.
Evald l’attaqua avant même la fin de sa phrase. Leurs épées s’entrechoquèrent avec fracas, leurs pieds soulevèrent des nuages de poudreuse. Avec son esprit morcelé, Altaïs peinait à suivre l’affrontement, leurs fentes et leurs parades. Si Evald n’était pas un mauvais combattant, le jeune homme avait cependant deviné qu’il ne possédait pas une magie offensive. Son regard dévia vers Alexander, accrocha le sien, aussi impuissant que désespéré. Ses lèvres articulèrent des mots muets.
La main de l’Épéiste qui le maintenait sur le sol agrippa ses cheveux pour l’obliger à se détourner. Un gémissement s’étrangla dans sa gorge. La posture malmenait son épaule récemment guérie, le poids qui pesait sur son corps lui donnait envie de vomir.
Ne me touche pas ! aurait-il voulu crier sans y parvenir.
Il redressa péniblement la tête pour observer Evald. Une entaille courait sur sa joue, une autre sur son bras, mais sa lame taillada la cuisse d’Elaran. Altaïs sut pourtant à cet instant, peut-être parce que son oncle s’était chargé de son entraînement, que celui-ci allait gagner. Elaran amorça un mouvement ; Evald ne recula pas assez rapidement pour l’empêcher de lui faucher les jambes. Il s’écroula dans la neige, et son épée lui échappa.
— Non…
Il mobilisa toutes ses forces pour repousser l’Épéiste. Surpris, celui-ci réagit avec un léger temps de retard. Altaïs se redressa en trébuchant.
— Evald !
Evald. Alexander. Evald. Alexander.
La main de l’Épéiste se referma sur sa cheville fragile et la tordit brusquement. Elle se rompit dans un craquement sinistre. Altaïs s’effondra avec un hurlement, un filet de bile brûla sa trachée. Il poussa pourtant sur ses jambes avec l’énergie du désespoir en voyant Elaran tendre son épée vers Evald.
— Je ne te tuerai pas. Mais te laisser vivre en sachant que tu auras échoué est peut-être un sort pire que la mort.
Evald releva le menton avec hardiesse.
— Épargne Altaïs, souffla-t-il.
— C’est impossible.
Elaran adressa un signe de la main à la poignée d’Épéistes qui attendaient ses ordres.
— Tuez le Protecteur.
— Non ! hurla Altaïs. Je t’en supplie !
Son regard chercha désespérément celui d’Alexander. Celui-ci était étendu dans la neige, des traces de coups parsemaient son visage ; son nez brisé, sa lèvre ensanglantée, des ecchymoses sur la pommette et autour de l’œil, mais la fureur embrasait ses prunelles. Un Épéiste appuyait un poignard contre sa gorge.
— Alex !
Une douleur fulgurante remonta le long de la jambe d’Altaïs lorsqu’il parvint à se mettre debout.
— Elaran ! cria Evald.
écho lointain
Altaïs avait longtemps refusé de courber l’échine, mais aujourd’hui, il était prêt à tout pour que l’Épéiste suspende son geste, pour que son oncle épargne Alexander, pour qu’il libère Evald.
Il se serait agenouillé, il aurait rampé, il aurait exécuté tous les ordres d’Elaran.
Il aurait fait n’importe quoi
pour sauver
ceux qui lui avaient redonné une raison de vivre.
Mais il était encore si faible face à la toute-puissance de sa famille.
Et il ne put rien faire lorsque la lame s’enfonça entre les côtes d’Alexander et lui arracha un hurlement. Les lèvres d’Altaïs s’entrouvrirent sur un cri muet. Le silence envahit son esprit, le monde se tut autour de lui. Ses genoux s’enfoncèrent dans la neige près d’Alexander.
— Alex !
Des larmes débordèrent de ses yeux, s’écrasèrent sur le visage d’Alexander.
— Je ne veux pas te perdre !
Sa voix vrilla dans les aigus. Les doigts ensanglantés du jeune homme effleurèrent la joue d’Altaïs avant de retomber sur son ventre.
— Altaïs…
Altaïs écarquilla les yeux, puis un sanglot s’étrangla dans sa gorge, un deuxième, un troisième… Ses larmes trempaient son visage et celui d’Alexander. Chacun de ses pleurs creusait davantage le vide béant dans sa poitrine, fissurait l’équilibre si fragile qu’il avait commencé à reconstruire dans le Nord, aux côtés d’Evald et d’Alexander.
Jusqu’au jour où les étoiles tomberont.
— Relève-toi.
La voix d’Elaran claqua dans son dos, mais elle ne l’atteignit qu’à travers un épais brouillard. rouge le sang sur la neige. La poigne de son oncle agrippa son bras, et Altaïs hurla lorsqu’il l’éloigna d’Alexander, qui ne respirait plus qu’avec peine. Il hurla à s’en déchirer les cordes vocales, il hurla encore, encore, encore. Ses chaînes écorchèrent ses poignets, sa cheville se déroba sous son poids.
je vais te tuer
JE VAIS TE TUER
JE VOUS TUERAI TOUS
La voix d’Elaran s’éleva au-dessus de ses cris :
— Il est temps de retrouver le roi. Et inutile de faire l’un de tes tours passe-passe, Evald : tu ne me duperas pas.
Deux soldats empoignèrent les bras d’Evald, tandis qu’Elaran entraînait Altaïs vers la demeure. Les jardins avaient été désertés, les corps des gardes souillaient la neige de sang. Altaïs avait l’impression que son esprit se détachait de son corps. Il ne sentait plus le vent glacé qui mordait ses joues trempées de larmes ou la douleur aigüe qui remontait le long de sa jambe. Étouffé par une chape de brume, il tourna la tête pour apercevoir Alexander, accrocha le regard dévasté d’Evald.
— Avance.
je te hais
JE TE HAIS
Ils avaient attendu leur heure, patiemment, attendu d’avoir la certitude de trouver Altaïs ici pour pouvoir attaquer en toute légitimité. Et ils avaient gagné.
Altaïs découvrit avec un détachement effroyable les chevaux de la Haute-Garde devant la demeure, la silhouette d’Harald drapée de sa cape pourpre en haut des marches.
c’est fini
Harald n’avait pas changé depuis son couronnement, mais une lueur bien plus dure que par le passé assombrissait son regard. Et lorsque ce regard se posa sur Altaïs, un frisson remonta le long de son dos. Elaran le jeta aux pieds du roi. Ses chaînes cliquetèrent, et il peina à faire abstraction de la douleur pour se redresser. Ses yeux pâles comme le givre dévisagèrent Harald. Un silence absolu les enveloppa,
lourd,
écrasant.
Même le vent semblait s’être tu.
Le bruit de la gifle qu’Harald lui asséna retentit dans le froid.
Sous la force du coup, la tête d’Altaïs vola sur le côté, mais il ne laissa pas échapper le moindre son. Sa voix s’était brisée, mutilée par ses cris. Un instant passa avant qu’il ne reporte son attention sur le roi, ne lui offrant qu’un visage défait.
— Comment as-tu osé, misérable lâche ?
Harald amorça un nouveau geste pour le frapper.
— Assez ! cracha Evald.
Le regard d’Harald délaissa Altaïs pour dévisager froidement le duc de Frostarel.
— Je pensais que votre subterfuge vous aurait laissé le temps de fuir.
— J’ai assez d’honneur pour ne pas laisser un innocent se faire exécuter !
— Mais pas assez pour respecter la royauté. Le prince Altaïs sera jugé à Issarta, dans le palais où il a assassiné le roi Thorvald. Quant à vous, je vous accuse de traîtrise et vous condamne à être exécuté ici même.
Sa sentence provoqua une déflagration dans l’esprit d’Altaïs. Il voulut se redresser, mais la poigne d’Elaran le maintint agenouillé.
— Non… balbutia-t-il. Je vous en supplie… Je…
Les doigts d’Elaran s’enfoncèrent dans son épaule.
— Je ne pense pas qu’il soit judicieux d’exécuter le duc de Frostarel.
Son calme tranchait avec la tempête qui assourdissait l’esprit d’Altaïs.
— Être mon adal ne t’autorise pas à contester mes ordres, siffla Harald.
— Mais je me dois de te conseiller. Tuer le duc de Frostarel agitera inutilement le Nord. Laissons-le vivre, ses remords l’achèveront bien assez vite.
Altaïs ne parvenait plus à réfléchir, ne songeait plus à crier, alors que son oncle s’opposait à la décision d’Harald. Pour la première fois, les lèvres tremblantes, il pria la Magie pour qu’Elaran obtienne ce qu’il voulait.
— Il mourra, tonna Harald. Comme tous ceux qui nous trahissent, qui s’opposent à nous.
Altaïs retint son souffle, adressa une supplication muette à son oncle. Elaran garda le silence pendant d’interminables secondes, un silence hésitant, lourd de regrets, puis il inclina la tête. Harald se tourna vers l’un des Épéistes qui tenaient Evald.
— Tranche-lui la tête ; c’est un ordre du roi.
— Non ! hurla Altaïs.
Il se débattit dans l’espoir d’échapper aux chaînes entravant sa magie, à la poigne de son oncle qui l’avait mis à genoux. non. L’Épéiste dégaina sa large épée dans un chuintement métallique sous le regard impassible du roi. non. Soudain, Evald releva le menton pour ficher son regard dans le sien.
— Je suis heureux d’avoir pu te revoir, chuchota-t-il.
Le bleu de ses yeux s’adoucit, l’ébauche d’un sourire releva les coins de ses lèvres.
— Vis, Altaïs.
non.
pas sans toi. pas sans Alexander.
— Evald…
La lame se dressa au-dessus de sa nuque.
— Evald !
Vis, Altaïs.
Et trancha sa tête.
Dans ce chapitre, je n'ai pas du tout eu le même ressenti au sujet d'Evald, pour le coup il remplit très bien son rôle de personnage bienveillant qui veut aider nos deux héros, et notamment Altaïs.
Beaucoup d'explications sur le passé de la famille royale, c'est super intéressant. J'ai juste trouvé qu'il y en avait peut-être un peu trop en un seul chapitre alors qu'on en avait entendu encore très peu parler jusque là, donc ça fait beaucoup de choses à emmagasiner en une fois. Ou bien diviser les explications en deux moments de l'histoire, mais je sais que c'est très dur à écrire.
C'est très intéressant d'apprendre que la naissance d'Altais a provoqué la mort de ses parents, ça aide à comprendre qu'il soit le bouc émissaire pour les problèmes de sa famille. Le parallèle historique avec l'autre femme née avec des pouvoirs qui a mené la révolte aide aussi à mieux comprendre la situation. Par rapport à mon comm' sur les antagonistes, j'ai trouvé que ce chapitre aidait à mieux comprendre les motivations d'Elaran. Peut-être qu'on pourrait déjà les sentir dans leurs confrontations antérieures, même sans connaître l'histoire. Il pourrait l'accuser d'avoir tué ses parents, ce genre de choses.
Enfin, tout ça c'est si le père s'est vraiment suicidé, ce qui est loin d'être sûr au vu de la noirceur de certains persos à la cour xD
Je poursuis...
Oh ça me rassure si tu n'as pas eu le même ressenti dans ce chapitre au sujet d'Evald, ça me conforte dans le fait que j'ai bien fait de retravailler le chapitre précédent !
Je vois ce que tu veux sur la division des informations dans le récit, mais Evald a d'une part beaucoup de choses à leur apprendre, et d'autre part j'ai déjà divisé les informations puisqu'on en apprend davantage à d'autres moments, donc ce serait compliqué de repousser celles qui sont données dans ce chapitre ^^'
Je suis ravie que tu aies trouvé l'ensemble intéressant, cela permet en effet d'approfondir un certain nombre de points. Pour les motivations d'Elaran, en soi la traque est justifiée par le régicide, pour le reste, je ne suis pas certaine qu'il faille forcément plus de mentions pour l'instant, puisque finalement on a assez peu vu le personnage ?
À tout de suite !
Les chapitres tendres, doux et émotionnels se succèdent. C’est très agréable. Mélancolie, amour, remords, regrets, incompréhension, amitié, tu décris tout cela très bien. C’est beau.
Je suis ravie que tu apprécies cette succession d'émotions. C'est vraiment un passage de l'histoire où ils peuvent enfin respirer.
C'est très poétique, je trouve, cette histoire de "fordaedarn" et "skoldr" qui naissent du même éclat de magie, j'adore ce genre d'idées <3
Mon cerveau à théorie vient de se réveiller par contre... Je me demande si Monsieur le Papa d'Altaïs s'est vraiment suicidé. Je soupçonne un meurtre caché. Ou alors, si suicide il y a, j'aurais tendance à dire que dans ce cas, il avait une bonne raison...
Dans la mesure où il semblait sincèrement aimer son fils et qu'il était l'un des rares à vouloir le protéger, je trouverai ça étonnant qu'il ait vraiment décidé de l'abandonner comme ça à son sort.
Merci encore pour ton histoire, au passage, qui me redonne l'envie de lire plus régulièrement et de renouer avec une partie de moi que j'ai trop longtemps délaissée :)
Pour la mort du père d'Altaïs, tu n'es pas la première personne à évoquer cette possibilité ^^
Ça me touche beaucoup que cette histoire te redonne envie de lire plus régulièrement :D
Je suis plongée dedans, si c'était un livre papier j'aurai certainement tourné les pages en oubliant de dormir XD
Je me permets de ne pas toujours commenter, ton travail est très abouti et je n'ai la plupart du temps rien à t'apporter (ou qui n'ait pas déjà été dit par les lecteurs précédents) ^^
J'ai hâte de voir où cela va les mener ensuite.
Je me dis que la pause "sympa" ne va pas durer, la famille royale ne va pas baisser les bras juste parce qu'il a trouvé un soutien...
Ravie que l'histoire t'accroche autant haha ^^ Et pas de soucis si tu ne commentes pas chaque chapitre, je ne t'en voudrais pas ;) Je ne vais pas rebondir sur le reste du commentaire comme tu as lu la suite, tu sais déjà ce qu'il en est xD
Plus l'histoire avance, plus on s'attache à Alexander et Altaïs.
J'ai remarqué que beaucoup de tes personnages avaient un nom commençant par un "E" (sauf les deux personnages principaux avec un "A")... Est-ce que ça a une signification ou est-ce dû au hasard ?
Bonne continuation !
Oui, c'était vraiment un moment propice pour en apprendre davantage ! J'avais beaucoup aimé écrire les chapitres dans le Nord parce qu'ils dégageaient une certaine sérénité.
Alors en vrai tu remarqueras que beaucoup de prénoms commencent aussi par "A" (Aalis, Adela, Harald compte à moitié), ce n'était pas prémédité mais il faut croire que j'ai un faible pour ces prénoms x) Par contre pour toutes les villes qui commencent par "Iss", c'était réfléchi !
Merci pour ton retour !
D'ailleurs, le suicide du père, j'y crois pas vraiment perso. Est-ce qu'il a été tué pour qu'Elaran puisse récupérer la garde du gamin gênant et tenter de le dresser à pas devenir le sauveur du peuple ? J'ai plus l'impression que c'était un meurtre qu'autre chose, mais du coup, pourquoi le père et pas le fils ? Rhaaa, ça me chiffonne cette histoire ='D
D'ailleurs, ça me rappelle le passage dans l'église. Je suppose que les illusions magiques qui poussent les gens dans leur retranchement, c'est que pour Altaïs :p Mais du coup, l'image de lui en mode dark, c'est ce qu'expliquait Evald, il peut faire basculer l'équilibre dans un sens ou dans l'autre, et là, plus ça va et plus Altaïs se dirige vers une voie où il risque de faire tout basculer vers la destruction ? J'me doute que c'est ce qu'Elaran voulait éviter, mais il s'y ait pas pris de la meilleure façon du monde le petit x)
D'ailleurs, le coup du Skold qui doit protéger, j'ai l'impression que c'est métaphorique, dans le sens, pas protéger physiquement (en temps normal, j'ai l'impression qu'Altaïs pourrait se débrouiller très bien tout seul), mais plus l'empêcher d'emprunter le mauvais chemin et de sombrer dans le côté sombre ? De l'aider à combattre ses démons ? C'est ce que fait Alexander depuis le début et, clairement, ça aide. Ca serait plus ce type d'aide en vrai ? J'avoue que j'ai été rassuré de voir que ça les prédestinait pas à devenir amoureux, parce que sinon, j'aurais trouvé ça très triste pour les deux. On va espérait que les prédécesseurs étaient pas obligés de donner dans l'inceste à cause de ça hein ^^"
Tiens d'ailleurs, autre pensée au passage. Le recrutement d'Alexander dans l'armée, c'était vraiment un hasard ? Si je me rappelle bien, le recruteur avait pas mal examiné la magie d'Alexander. Ca se repère que quelqu'un est skold ? Il l'a recruté pour garder un oeil sur lui et avoir une chance qu'il rencontre Altaïs ? Ou je me fais grave des films ?
En tout cas, c'st très cool d'en apprendre plus sur tout ça, et sur les parents d'Altaïs \o/ Par contre, beaucoup trop de E dans la génération des parents là ='D
"mais en vérité, la magie d’Altaïs l’a déchirée de l’intérieur." Elaran était amoureux de la mère d'Altaïs, c'est pour ça qu'il lui en veut autant ?
"— Le privilège de l’âge. " Là il fallait répondre "Ok boomer" ='D C'est quoi cette réponse ?
Oui c’était un gros chapitre en terme de révélations ^^’ (pour un max de questions à la clé) Mais oui Altaïs a vraiment un rôle particulier avec sa magie. Pourquoi sa famille ne l’a pas exécuté ? D’une part parce que son père était résolument contre et que dans les faits Altaïs gamin n’était pas une menace en soi, et puis pour le reste, fiou, trop de questions x) Mais les réponses viendront :p (un jour, peut-être, si je suis d’humeur magnanime) Mais tu as plein de questions pertinentes, y compris sur le suicide d’Eigil ^^
En vrai, Alexander y aurait eu le droit aussi s’il était passé dans le temple :p Mais oui disons que l’illusions qu’a vue Altaïs était assez claire sur le fait que c’était ce qu’il pouvait devenir en basculant d’un côté ou d’un autre (sachant qu’en soi le résultat est censé être le même : retrouver un équilibre) ^^
Pour le skoldr, il y a la double notion de protection physique (ce qu’Alexander a fait à de nombreuses reprises) mais tu as raison sur le fait qu’il y a un aspect métaphorique, sur le fait de l’aider à surmonter ses traumatismes ! Cela dit j’apporte une nuance sur le fait de basculer dans le côté sombre, c’est à dissocier du fait de potentiellement devoir détruire pour ramener l’équilibre ! Chez la Magie, il y a l’idée que détruire peut être bénéfique, donc ici le problème c’est plutôt ce que deviendra Altaïs en tant que personne (et en tant que fordaedarn) ! Mais oui dans tous les cas Alexander est là pour l’empêcher de sombrer ^^
Je déteste le trope des âmes-soeurs, donc je voulais que les choses soient bien claires à ce sujet x) Ils sont liés par la magie mais ça ne définit absolument pas la nature de leur relation (et leurs prédécesseurs ne versaient pas dans l’inceste xD)
Oui c’était un hasard qu’Alexander ait été recruté dans l’armée ! Enfin il a été repéré à cause de sa magie très puissante (ce qui est notamment dû à son statut de skoldr), mais personne ne pouvait savoir qu’il en était un !
« Par contre, beaucoup trop de E dans la génération des parents là =‘D »
=> Tu vois qu’il n’y a pas que des A xD
« Elaran était amoureux de la mère d'Altaïs, c'est pour ça qu'il lui en veut autant ? »
=> Je pense qu’Elaran pouvait pas trop blairer la mère d’Altaïs, un peu trop indépendante x)
Merci pour ton commentaire ! :D
Chapitre plus calme, ça fait plaisir mais je stresse de la suite, ça ne peut pas rester calme comme ça éternellement :O
J'aime beaucoup les révélations de ce chapitre, la notion de fordaedarn et de son protecteur, l'idée que la magie puisse naitre pour rétablir un équilibre... je suis fan de ce nouvel élément de ton univers ♥ et j'ai hâte d'en apprendre plus :D
La relation Altaïs/Alex est toujours aussi mignonne, j'aime la confiance qui se tisse, la peur qu'Altaïs affronte pour s'approcher d'Alex... et j'ai envie de défoncer les vilaines petites voix qui lui disent des choses si odieuses ! Nanméoh !
Les remarques de MrOriendo sont toujours aussi pertinentes, et je n'ai rien de particulier à ajouter ^^
Je suis aussi intriguée par la rencontre Eigil/Evald, qui ressemble beaucoup à l'histoire de Alex... honnêteté ou manipulation, je ne sais plus quoi penser :O
Bref, j'attend toujours la suite avec grande impatience ♥
Merciii pour cette histoire incroyable que tu partages ici :)
Hâte d'en lire plus ^^
Manon
Hahaha, j'ai traumatisé mes lecteurs, vous êtes toujours sur vos gardes maintenant xD (vous avez raison)
Je suis ravie que la notion de fordaedarn et de protecteur te plaise ! J'avais hâte de pouvoir enfin l'introduire qu'on comprenne un peu mieux le pourquoi du comment ^^
Trop contente que la relation Alex/Altaïs (Alexaïs haha) te plaise <3 Leur douceur et leur tendresse étaient vraiment quelque chose d'essentiel à mes yeux ! Et Altaïs fait de gros efforts pour surmonter ses peurs (parce que ça en vaut la peine tout de même :p)
Pour le passé d'Evald, je disais à Oriendo plus bas que ce n'était pas voulu dans le but de créer des doutes sur une potentielle forme de manipulation xD Je trouvais intéressant le fait qu'Alexander ait cette personne à laquelle il peut se référer et qui peut le comprendre, puisque Evald avait déjà une relation "privilégiée" avec Altaïs !
Merci pour tes retours si enthousiastes <3
Mathilde
Je repasse en tête dans la course aux commentaires ! YES !
(Non, je plaisante, en vérité je n'arrive juste pas à décrocher de ton récit et je me précipite quand je vois apparaître un nouveau chapitre ^^).
En tout cas, que de révélations ! L'histoire avance à grands pas et on apprend plein de choses, qui nous permettent de mieux comprendre le fossé qui s'est creusé entre Altaïs et sa famille.
Très intéressante cette idée de fordaedarn et la définition que tu en donnes, "les fordaedarn naissaient de la Magie elle-même lorsque l’équilibre du monde vacillait. Leur pouvoir incommensurable infléchissait le cours des évènements, tantôt bienfaiteurs, tantôt destructeurs, pour ensuite établir un nouvel équilibre."
Ça me fait beaucoup penser aux Enfants de Shâat dans mon univers, à cela près que toi, tu leur rajoutes un protecteur. J'ai hâte de voir dans quelle direction tu vas nous emmener avec cette histoire.
Quelques remarques :
- "Certains affirmaient qu’il avait ainsi sauvé Issheimr de la ruine, en éradiquant les guerres intestines entre le Nord et le reste du royaume, qui avaient miné Issheimr pendant des années, et en évitant celles avec les royaumes avoisinants qui avaient été tenté de profiter de leur faiblesse."
--> J'ai trouvé ce passage un peu lourd et ardu à la lecture. En soi, l'idée que tu exposes est assez claire, on comprend bien qu'il a pacifié son royaume et assaini les relations avec ses voisins avec une poigne de fer et une politique isolationniste. Mais en terme de style, j'ai buté deux fois sur cette phrase avant de réussir à l'ingérer, donc je pense qu'il serait utile de l'alléger un peu.
Voilà ce que je te propose :
"Certains affirmaient qu’il avait sauvé Issheimr de la ruine en éradiquant les guerres intestines contre les provinces du nord, et en évitant celles avec les royaumes voisins qui avaient tenté de profiter de cette faiblesse."
L'idée principale est la même, mais je pense que ce serait déjà plus facile à lire.
À toi de voir si ça te convient ou non :)
- "Un vent de révolte soufflait encore sur le royaume, la politique de Thorvald Ier ne l’avait pas encore étouffé."
--> Il y a deux fois encore, personnellement j'ôterais plutôt le premier.
- "Leur choix ; leur liberté."
--> Je ne suis pas fan de cette expression en fin de paragraphe. Tu viens de nous servir une très bonne explication sur la relation entre fordaedarn et skoldr, et sur les craintes d'Alexander. Soit je remplacerais la juxtaposition de ces deux groupes nominaux par une vraie phrase courte, soit je l'enlèverais simplement pour conserver le soulagement d'A juste avant. Le lecteur est capable de deviner la suite.
- "C’est ainsi que nous nous sommes rencontrés ; j’étais un enfant des rues, j’ai essayé de lui voler sa bourse."
--> Est-ce volontaire, cette répétition de l'histoire d'Alexander au travers de la relation Eigil / Evald ? C'est vraiment étrange, on pourrait presque croire qu'il s'inspire des souvenirs d'Alexander pour leur raconter une belle histoire et les amadouer... Je me fais peut-être des idées, mais plus le scénario avance et plus je doute des motivations d'Evald à leur encontre ^^
Je pense qu'il a vraiment envie de les aider mais qu'il a aussi son propre objectif de son côté.
À bientôt !
Ori'
MATHILDE, ON VEUT LA SUITE ! x)
Haha, en fait tu n’étais vraiment pas très en retard xD Mais ça me fait vraiment plaisir que le récit t’accroche comme ça ^^
Je suis ravie que l’idée des fordaedarn (c’est une plaie à écrire en vrai, il m’a fallu plusieurs essais pour y parvenir du premier coup) te plaise ! Quant au fait qu’ils soient accompagnés d’un protecteur, pour moi c’était vraiment l’idée de l’épée et du bouclier, ou des deux faces d’une même pièce (et donc Altaïs et Alexander sont nés la même nuit ^^).
J’ai hâte de découvrir cet aspect dans ton univers ! Pour l’instant j’ai beaucoup de mal à dégager du temps mais lorsque j’aurai fini Le Prince déchu (d’ii la fin du mois j’espère) je me ferai une petite cure sur PA ^^
C’est noté pour tes remarques/reformulations ! Merci !
Pour ton questionnement sur la répétition de l’histoire entre Alexander et Evald, c’est volontaire (et il n’y aucune malhonnêteté de la part d’Evald, techniquement son passé existait même avant celui d’Alexander parce qu’entre la première et la deuxième version j’ai entièrement refondé celui d’Alex alors que celui d’Evald a peu bougé). Je trouvais cette effet miroir intéressant parce que ça ne crée plus seulement un lien entre Evald et Altaïs, mais également un lien entre Evald et Alexander, qui peut voir en lui quelqu’un capable de le comprendre. Mais je n’avais pas pensé que ça soulèverait des doutes chez les lecteurs du coup x)
Merci pour ton commentaire, tes retours sont toujours très précieux !
Mathilde
PS : La suite arrive, peut-être même plusieurs chapitres dans le week-end parce qu’on arrive au bout de la première partie (sur deux) :p