Chapitre 15 - Rendez-vous à Paris

Les deux jeunes gens arpentèrent les couloirs du château d'un pas lent.

— Cet étage est le seul où nous logeons, je vais vous montrer la demeure. Veuillez m'en excuser, mais elle n'est point entretenue pour le moment.

Tibère hocha la tête sans un mot. Il savait qu'Isaure ne possédait pas de personnel, mis à part cette nourrice qui devait travailler aux soins de Camille. Avec curiosité, il se laissa guider dans les enfilades de pièces.

La nuit commençait à tomber et la lumière était devenue rare. Malgré les ombres présentes et l'obscurité qui grandissait, il paraissait évident que les lieux avaient besoin de travaux de rafraichissement : les boiseries étaient écaillées par endroit et les sols étaient crasseux. Dans certains salons, les rideaux étaient alourdis par la poussière et les peintures anciennes enduites de saletés. Sans doute était-ce à cause des grandes cheminées et de la fumée qu'elles devaient dégager. Les tapisseries avaient besoin d'être changées par endroit et le mobilier, démodé et dépareillé, témoignait du fait que de nombreux propriétaires s'étaient succédé avant la famille d'Haubersart. Tibère constata cependant que les pièces étaient vastes, lumineuses grâce aux fenêtres et que l'ensemble n'était pas aussi vétuste qu'Isaure le percevait.

Elle le guidait dans un grand salon, doté d'une formidable cheminée en marbre et surmonté d'une cartouche représentant la conversion de Paul.

— Il y a ici de beaux éléments, déclara Tibère en observant le plafond. Les frises et peintures sont en parfait état. Les volumes sont agréables.

— Oui, les précédents propriétaires en ont pris grand soin. La charpente est, grâce à Dieu, en excellente condition, mais la toiture souffre. Elle est le sujet de toutes mes angoisses. Je crains également l'humidité dans les fondations... Nous sommes littéralement entourés d'eau et il faudrait des spécialistes pour évaluer l'étanchéité des murailles. Je vais vous montrer la chapelle, que j'affectionne beaucoup.

Elle le guida encore et, en descendant le large escalier de pierre, le jeune homme devina dans sa démarche toute la fatigue qu'elle avait subie ces derniers jours.

Isaure avait les chevilles qui tremblaient, chaque pas lui coûtait à présent un effort. Les émotions qu'elle ressentait lui faisaient perdre le fil de ses pensées. La mort d'Armand, l'état de Louise, la subite maladie de Camille, la présence de Tibère... Tout cela la perturbait au plus haut point.

Elle arriva dans la chapelle avec soulagement. S'y trouvait un petit autel en marbre travaillé, la statue d'une vierge à l'enfant et trois petits vitraux colorés.

— C'est magnifique ! commenta Tibère en observant les arches de pierre peintes en bleu et or, simulant un ciel étoilé.

— Je la trouve particulièrement belle et réconfortante, murmura Isaure, avant de se mettre à prier.

Elle confia au Seigneur ses inquiétudes et demanda à ce qu'il accompagne Louise dans sa douleur et qu'il la soutienne pour les jours à venir. Elle le remercia aussi d'avoir retrouvé Camille en bonne santé et d'avoir permis aux médicaments d'éloigner sa fièvre.

Tibère l'observa en silence et lorsqu'elle eut terminé, ils quittèrent les lieux pour la cuisine.

Là aussi, la pièce était grande et bien aménagée. Johanne avait rempli les placards et préparé une soupe épaisse en prévision de leur arrivée.

Ils mangèrent en échangeant sur les ambitions que portait Isaure sur le domaine

— Je souhaiterais à terme employer d'anciens soldats et des filles sans éducation. J'aimerais aussi soutenir la cause des établissements qui s'occupent des enfants comme Camille. Nombreux sont abandonnés par leur famille à la naissance.

— Vous êtes parvenu à trouver un sens à votre nouveau titre... Je vous envie, avoua Tibère avec un faible sourire.

— Je suis certaine que vous en trouverez un aussi, vous êtes un homme plus intelligent et courageux que vous ne le pensez.

Il se sentit rougir et baissa bêtement les yeux vers son assiette de soupe vide. En quoi avait-il fait preuve d'intelligence et de courage ?

— Venez, je vais vous conduire à votre chambre, déclara Isaure en se redressant. Johanne en arrangé une pour vous. Prier et manger m'a rendu les idées claires. Il ne me manque que quelques heures de sommeil pour être tout à fait remise. Cela doit être pareil pour vous, l'on se sent toujours mieux l'estomac plein.

Il répondit en souriant :

— J'ai surtout besoin de faire un brin de toilette.

Ils retournèrent à l'étage et Isaure constata que la chambre que Johanne avait préparée était éloignée des leurs. Sans doute avait-elle agi pour préserver les bonnes mœurs...

— Souhaitez-vous que je fasse chauffer une bassine ? demanda la Comtesse en arrivant devant la porte.

— Non, j'ai pris l'habitude de me laver à l'eau froide.

Il ouvrit de lui-même la porte et ils entrèrent tous les deux. La jeune femme alluma la lampe et regarda autour d'elle. Quelques ombres se projetèrent sur les murs de pierres nus et lisses. Il n'y avait pour ameublement qu'un grand lit, une table et une armoire. Un fauteuil défoncé était installé dans un angle et le couchage était collé au mur, un tapis bleu effiloché était déroulé au milieu de la pièce, afin d'éviter aux pieds de sentir les dalles froides au levé durant les matins d'hiver.

— Je suis navrée de ne pas avoir mieux à vous proposer.

— Je vous assure que cela ira.

Il saisit le pichet rempli d'eau posé sur la table et le versa dans la bassine.

— Je vais vous laisser, commença Isaure, en faisant demi-tour.

— Restez..., répondit-il, pourquoi partir ?

Elle voulut avaler sa salive, mais se rendit compte qu'elle avait la bouche sèche. En portant son regard vers ses yeux, elle rencontra dans ses pupilles deux lumières brulantes. Elle observa son visage et constata qu'il affichait un sourire, son cœur rata alors un battement.

— Vous avez déjà tout vu de moi, continua-t-il avec un ton faussement indifférent.

— Votre attitude est bien provocante, je trouve... Vous êtes un peu trop sûr de vous, pour un héritier en cavale.

— Et alors ? Pourquoi n'en aurais-je pas le droit ?

Il se déshabilla avant qu'elle n'eût le temps de répondre. L'agitation que subit alors Isaure termina de couper ses jambes. Elle prit place sur le lit et l'observa se laver. Sa peau, marquée par le soleil, avait pris des teintes abricot et frissonnait au contact de l'eau fraîche. Il se savonna rapidement et prit un linge pour se sécher. En terminant, il enfila une chemise et lui demanda :

— Souhaitez-vous que je vous aide à retirer vos bottes ?

Encore une fois, elle n'eut pas le temps de placer un mot. Il se baissa et retira ses chausses une à une.

Pour la première fois depuis le début de leur intimité, Isaure se sentit presque gênée. Elle le laissa faire, enfiévrée. Il devenait à chaque fois de plus en plus audacieux. Tout comme lui, elle finit en chemise et il s'attribua le plaisir de la rafraichir.

La sensation du savon, glissant entre ses doigts sur sa peau lisse, lui donna des frissons délicieux. L'eau était froide et des gouttes tombèrent sur le carrelage, formant une petite flaque à ses pieds. Une fois sa toilette effectuée, elle réalisa à quel point la soirée était avancée, car derrière la fenêtre ne se laissait deviner que l'obscurité. Tibère se détacha d'elle et il éteignit la lampe. Les premières secondes, elle ne vit plus rien. Le silence les avait aussi enveloppés. Finalement, la lune se détacha du ciel et dessina les contours de la chambre en contrastes de gris et de blanc.

Isaure se retourna. Les épaules nacrées de Tibère semblaient scintiller dans la nuit, tandis que sa chemise glissait sur sa peau. Il secoua la tête et ses cheveux ondulèrent en boucles soyeuses sur son visage.

— Juste ciel, vous êtes si beau, Tibère..., souffla-t-elle en s'approchant du lit.

Elle réalisa qu'elle avait songé à ce moment depuis leur départ de Couzières. Une idée inavouable derrière la tête, cachée derrière ses angoisses et sa fatigue. Elle tendit la main pour lui caresser la joue. Au moment où sa main entra en son contact, il ferma les yeux. Elle se pencha alors sur lui pour effleurer ses lèvres, avant de s'en emparer plus fébrilement. Elle l'embrassa encore et toujours plus, en écartant sa chemise.

Il était aussi délicieux que dans ses songes. Lorsqu'il ouvrit les paupières, elle redoubla d'ardeur, puis elle s'allongea doucement sur lui, désireuse de graver dans sa mémoire la sensation de son corps doux et nu contre le sien.

— Quand vous faisiez l'amour à d'autres femmes, les regardiez-vous ? demanda-t-elle d'une voix rauque.

— Je...

Il détourna la tête, rouge et à bout de souffle.

— Vous le faisiez dans l'obscurité ou à la lueur des chandelles ?

Il ouvrit les yeux, mais elle ne pouvait pas voir son visage, car il l'avait enfoui dans le creux de son épaule.

— Oui, avoua-t-il dans un souffle. Dans le noir.

— Alors, fermez les yeux, Tibère... Fermez les yeux... Sans bouger.

Tandis qu'il gardait les paupières closes, elle glissa ses doigts entre ses lèvres et il entrouvrit la bouche puis elle frotta la pulpe contra sa langue. Elle caressa ensuite sa verge avec sa main devenue humide. Il s'abandonna à ses caresses, la tête rejetée en arrière, les mains plongées dans ses cheveux, le corps frémissant.

Ce n'est que plus tard qu'il réalisa que faire l'amour avec une maîtresse aussi exigeante, qui après lui avoir interdit d'ouvrir les yeux, le léchait et le mordillait, n'avait rien à voir avec les ébats des filles de joie qu'il avait connues. Il tenta de respirer à pleins poumons, de réprimer ses frissons, d'ignorer cette sensation brulante qui enflait entre ses cuisses. Ne lui avait-elle pas dit de ne pas bouger ?

Il tournait la tête d'un côté à l'autre, de plus en plus fébrile. Elle humidifia le bout de son gland avec sa bouche puis se redressa avec une amplitude plus grande, tandis qu'il gémissait. C'était un son plus doux que le sirop de canne, plus chaud encore que le rhum. Au moment où elle accéléra son geste, elle s'empara de sa bouche et la garda plaquée contre lui, tout en le faisant monter vers le plaisir. Il se tordait tant qu'elle monta sur le lit et se glissa derrière lui. Tibère sentit la chaleur de son corps contre son dos, une main enroulée autour de son torse et l'autre tenant fermement sa verge.

La sensation de ses seins durcis frottant contre ses omoplates fit grimper son désir. Très rapidement, il poussa un cri si puissant que les murs de la chambre raisonnèrent dans un écho vide. Une onde de fierté envahit Isaure, qui esquissa un long sourire.

Il reprit peu à peu ses esprits et elle relâcha son étreinte. Tibère se leva du lit, ignorant les gouttes luisantes qui avaient explosé à côté du tapis. Il lui fit face et l'attira contre lui, les mains dans ses cheveux. Elle s'allongea sur le dos, les jambes dans le vide. Ses cheveux blonds virent caresser sa peau sombre, suivie par sa langue douce. Elle voulut se redresser, mais il la repoussa et elle cessa de résister.

— Tibère, me désirez-vous vraiment ?

Elle se souleva pour mieux s'offrir à lui, brulante. Il retint son souffle.

— Quoi ? demanda-t-il. Que voulez-vous que je fasse ?

— Donnez-moi du plaisir. Quelque chose ne va pas, dans la façon dont vous pensez vous y prendre ?

— J'ai beaucoup d'idées...

— Montrez-les-moi.

Avec sensualité, il se pressa contre elle, ses courbes épousant les lignes dures de son corps. Un soupir s'échappa de la gorge de la jeune femme. Sa bouche taquinait la sienne avec tendresse, presque suppliante. Elle s'offrait, alanguie et il lui rendait ses caresses avec une audace qui la surprenait. Isaure retira les lacets de sa chemise avec impatience, les deux pans du corsage s'ouvrirent, révélant sa lourde poitrine aux formes parfaites que le désir gonflait.

— Vous êtes incroyablement magnifique., murmura-t-il en prenant l'un de ses seins dans sa main.

Il perdit le souffle tandis qu'il effleurait ses tétons, il admira le scintillement de ses yeux, dont les pupilles variaient de l'or au vert. Si doux, si chaud...

— Isaure ? chuchota-t-il d'une voix à peine perceptible

Encouragée par cet appel, elle le serra contre lui, le cœur brulant. Il prit l'un de ses seins dans sa bouche et en flatta la pointe du bout de sa langue, sans cesser de caresser l'autre de ses doigts déliés. Tibère sentit son corps s'embraser de nouveau. Un feu sans nom courait le long de ses veines, n'épargnant aucun recoin de son intimité.

— Je vous désire tant, Isaure...

— Et bien, qu'attendez-vous ?

— Vos désirs sont des ordres.

Il vint sur elle puis souleva l'une de ses jambes et ainsi offerte, la pénétra d'un geste de la hanche.

Elle se mit à bouger sous lui, afin de le recevoir plus profondément. D'une main, elle agrippa sa fesse et l'invita à bouger. Galvanisé par ce geste, il souleva sa seconde jambe et les posa sur ses épaules. Il précipita le mouvement et regarda ses seins bouger au rythme de ses allers et retours. De plus en plus, il sentit le bout de sa verge devenir sensible au moindre contact humide de son intérieur. Il redressa encore ses cuisses et s'appuya contre elles des deux mains, tandis qu'elle enfonçait les doigts dans ses cheveux. Il accéléra encore, hypnotisé par sa poitrine dansant sous les a coups de son bassin. Elle gémit soudain, de plus en plus fort. Un déferlement de plaisir les unit, leur arrachant des souffles et des soupirs. Il continua, admirant la transpiration qui luisait dans son cou. Il ferma de toutes ses forces ses paupières, sentant arriver ses limites. Mais elle le retint fermement en lui et lui intima de continuer. Il se redressa alors, toujours obéissant. Il accéléra encore, à bout de souffle, jusqu'à ce qu'il la sentît se resserrer autour de lui, le corps secoué de frissons.

Isaure attendit patiemment que le sommeil s'empare de Tibère. Elle le regarda s'endormir, à la lueur des bougies et songea à quel point il ressemblait à une statue antique. Son visage, doux et détendu, était illuminé par les reflets dorés des flammes, ses longs cils jetaient des ombres sur ses paupières closes.

Elle caressa du bout des doigts ses boucles soyeuses et se retira peu à peu de l'étreinte des draps. Sans un bruit, elle rassembla ses vêtements et quitta la chambre.

Je suis navrée, mon cher ange... mais je dois te laisser. Il me faut découvrir la vérité sur ta famille et savoir comment je dois m'occuper de Ravignant. Et ce n'est pas ici, en te prenant dans mes bras chaque nuit, que je trouverai mes réponses...

À la hâte, elle rédigea une note à son intention et pour Johanne. Après s'être vêtue de son habituel manteau de cuir, elle déposa sa missive sur la table de la cuisine et, tout en tenant fermement son sac sur le dos, referma la porte de service derrière elle.

***

Isaure arriva à Paris le lendemain matin après une nuit blanche. Une brume épaisse enveloppait la capitale, tandis qu'une pluie torrentielle emportait les ordures dans les rigoles et lavait les trottoirs de leurs immondices, les faisant disparaitre dans les trous béants des bouches d'égout. Les sabots des chevaux de trait qui tiraient sa voiture frappaient le sol détrempé et une vapeur blanche sortait de leurs naseaux, qui s'élevaient dans des volutes cadencées. Le soleil n'arrivait point à percer la brume et les nuages, sa visibilité était donc mauvaise. Elle dut plisser les yeux en mettant pied à terre, car elle avait du mal à reconnaitre le lieu exact où elle se situait. Elle avait demandé à descendre devant le logement parisien de son oncle et malgré le fait qu'elle s'y soit déjà rendue plusieurs fois, elle eut des difficultés à trouver la bonne porte.

Il était un peu plus de neuf heures quand elle frappa à la porte de l'appartement. Un homme, qu'elle reconnut comme étant le valet de son oncle, lui ouvrit la porte. Elle pénétra dans une petite entrée, le lieu était sobre, éclairé par une simple lampe.

— Vous êtes trempée, constata le domestique d'une voix courroucée.

— Oh, sans blague ? releva-t-elle en secouant sa pelisse.

Des gouttes tombèrent sur le parquet et elle sortit un mouchoir d'une de ses manches pour s'essuyer le visage. Des pas provenant de l'étage supérieur firent trembler le plafond. Alors que le valet s'efforçait à débarrasser les bagages d'Isaure du plancher, un homme de haute taille, fort corpulent, descendit les escaliers. Il s'agissait d'Alexandre Florent Joseph d'Haubersart, frère de son père. En voyant son visage, Isaure fut de nouveau frappée par la ressemblance qui unissait les deux hommes. Ils possédaient les mêmes cheveux foncés en bataille, les mêmes yeux clairs qui révélaient la nature exigeante de leur caractère... Même le nez droit et le front dégagé étaient identiques. Seules leurs expressions les distinguaient. Si son père Jean Édouard Henri avait la mine sévère, celle de son oncle était plus douce. Côte à côte, il était auparavant facile de deviner qui était le militaire de l'homme de loi.

— Ma chère Isaure ! s'exclama-t-il avec chaleur. Venez, un bon feu vous attend dans mon salon. Que je suis content de vous revoir... Voyons, vous voilà transformée depuis notre dernière entrevue !

Isaure ne put s'empêcher de glousser.

— Ais-je tant changée ? Je suis pourtant vêtue presque de la même manière que la dernière fois où j'ai pu vous rendre visite.

— Mais tout à fait ! Si Brigitte et Marie étaient ici, elles seraient du même avis. Le titre de Comtesse vous colle à la peau, maintenant.

Il lui fit signe de le suivre dans l'escalier, pressé de l'installer confortablement.

— Comment vont-elles ? s'enquit Isaure, qui le suivit dans l'étage.

— Tout à fait bien ! Marie a fêté ses dix ans cette année et Brigitte se plaît beaucoup à Amiens. Le petit Auguste est très studieux et la petite Clémence a eu la varicelle il y a quelques mois, sans trop de dommages. Comment se porte Camille ?

Ils arrivèrent dans un étroit salon, seulement meublé d'un canapé, d'un secrétaire garni de documents et d'une bibliothèque. Comme de nombreux autres planchers parisiens, les lattes étaient biscornues avec le temps, et mettaient les pieds de certains meubles de guingois. Un feu bien nourri ronflait dans la cheminée, une douce chaleur inonda les joues d'Isaure comme une caresse. Ils s'installèrent en même temps entre les coussins et continuèrent d'échanger.

— Mieux, il a subi une forte fièvre il y a plusieurs jours. J'ai pris soin de m'assurer que tout danger était écarté avant de partir.

— Je suis certain qu'il a bien grandi. Et comment vous portez-vous ?

Le domestique entra avec un petit plateau d'argent sur lequel reposaient deux tasses de thé bien noir. L'oncle d'Isaure n'était point habitué à recevoir dans son pied à terre. C'était un homme acharné de travail, passionné par le droit et renommé pour son sérieux. Il avait été nommé directeur de la Régie et de l'Enregistrement d'Amiens quelques années auparavant et ses idées, fortes et contemporaines, l'élevaient toujours plus loin. En quelques années, il avait fourni des résultats remarquables. Comme le grand-père d'Isaure, le sénateur Alexandre Joseph Séraphin, l'amour que portait Alexandre Florent à la France ignorait les petits politiciens et les querelles intestines. Certains lui prédisaient la Légion d'honneur et une belle carrière en politique.

— Mieux, à présent que je vous retrouve. Quand je suis à vos côtés, j'ai l'impression que même si l'Empereur Napoléon bascule, la France tiendra toujours.

— C'est évident ! dit-il dans un sourire. La confiance que j'ai en nos institutions est plus forte que ceux qui les gouvernent. Ces derniers ne sont que leurs maîtres temporaires... le propriétaire change, mais les murs sont toujours les mêmes ! Tant de choses restent cependant à accomplir ! Mais je ne vais point vous agacer avec mes idéaux... J'ai bien reçu vos lettres, concernant Joseph Ravignant et j'ai les résultats que vous recherchez... Ce ne fut pas chose facile, vous m'aviez prévenu ! Mais nous les Haubersart, nous n'avons peur de rien, surtout quand la cause que nous servons est juste.

Il pointa du doigt sa chevalière, sur laquelle étaient gravées les armoiries de la famille : un chevron d'or bordé de deux épées au clair, au-dessus desquelles brillaient deux étoiles d'argent, au centre se trouvait une balance, symbole du sens de la justice, qui était une valeur qui se transmettait de génération en génération dans la famille.

Il se leva et saisi le tisonnier qui reposait contre le rebord de la cheminée. D'un geste précis, il remit en place quelques braises incandescentes entre les flammes et marmonna :

— Cet homme est doté d'une influence terrible. Si votre grand-père ne siégeait point au Sénat, je puis vous assurer que les informations que j'ai regroupées m'auraient coûtée chères, très cher même... On a tenté de m'impressionner et j'ai dû user de mon autorité pour fermer le caquet d'un secrétaire vendu à la solde de ce maudit marchand.

Isaure grimaça, elle s'était doutée que Ravignant possédait de nombreux contacts auprès du gouvernement et de ses fonctionnaires. Sinon, comment aurait-il pu aller si loin, en négligeant autant ces navires ?

— Sans de solides appuis, il est difficile de faire chanceler les puissants..., commenta la jeune femme avec une mine sombre. Je vous remercie d'avoir accepté de faire cela, alors que les risques étaient sans doute plus grands que je ne l'avais imaginé au départ.

— N'ayez crainte, mon enfant ! la rassura immédiatement son oncle, j'ai écrit à mon père et le nécessaire sera fait concernant cet homme, mais cela prendra du temps... car il nous faut des preuves.

Isaure hocha la tête et demeura silencieuse. Son grand-père, Alexandre Joseph Séraphin, était un Pair de France et à la tête de la Cour Impériale. C'était un homme vénérable, reconnu d'entre tous. Malgré son âge, il possédait un esprit plus éclairé et affuté que la moitié des hommes de l'Empire. La jeune femme ne l'avait vu que deux fois dans sa vie : il résidait à Douai principalement et ne quittait que rarement sa résidence. Elle avait songé, fut un temps, de lui demandé un emprunt pour financer les travaux nécessaires du Château de l'Islette... mais son père et lui s'étaient brouillés, des années auparavant. Le Sénateur avait reproché à son second fils de risquer sa vie inutilement à la guerre et ils ne s'étaient point revus depuis son départ en Espagne. De plus, la somme nécessaire était bien trop colossale pour demander plus que la simple pension que son grand-père lui octroyait généreusement depuis son enfance.

Son oncle s'installa de nouveau dans le canapé et reprit :

— J'ai également pris mes renseignements sur ce détective, Monsieur Fourchet. C'est un opportuniste qui s'est rabaissé à cette profession douteuse, mais il ne semble pas indigne de confiance. Sa loyauté va au plus offrant, cependant. Il a quitté la police des mœurs il y a quelques années. Il ne devrait point tarder, d'ailleurs, j'ai envoyé une missive pour lui indiquer de venir ce matin, jour de votre arrivée. Il faudra m'expliquer en détail les raisons qui vous poussent à enquêter sur tous ces gens, j'ai bien compris les grandes lignes de votre affaire, mais si vous souhaitez que nous procédions de manière plus... approfondie et directe, il me faudra tous les tenants et aboutissants de cette histoire.

— Je vous remercie, mon oncle. J'ai demandé à cet homme d'enquêter de son côté sur les possessions de la famille Petremand de Frosnier. Leur fils m'a indiqué qu'ils possédaient des mines, au sud de la région de Touraine. Elles seraient taries depuis plus de vingt ans, mais leur héritier affirme avoir découvert des documents démontrant l'inverse.

Au rez-de-chaussée, on entendit quelqu'un frapper à la porte. Des bruits de pas ainsi que des éclats de voix s'élevèrent jusqu'à eux.

— Il semblerait que Monsieur Fourchet soit arrivé, annonça Isaure en se levant pour servir un verre.

Quelques secondes plus tard, la silhouette haute et dégingandée du détective s'abaissa pour passer le seuil de la porte. Tout comme la jeune Comtesse, il avait été victime de la pluie et un soulagement sembla étreindre son visage lorsqu'il vit le feu bruler dans l'âtre.

— Monsieur, annonça Alexandre Florent, prenez place.

— Votre Grâce, fit l'homme en s'inclinant, c'est un honneur. Mademoiselle...

Isaure hocha la tête pour le saluer à son tour et lui fit signe de s'asseoir avec eux. Elle commença sans plus attendre :

— Je vous remercie, Monsieur Fourchet, d'avoir pris le temps de venir jusqu'ici. À nous trois, je pense que nous pouvons œuvrer afin de faire la lumière sur ce qui se trame au sein de la famille Petremand de Frosnier. Il semblerait que Joseph Ravignant, le propriétaire de la Compagnie du Cap Vert, soit impliqué dans de nombreux méfaits : pots-de-vin, extorsions, chantage... Cette personne n'aurait jamais croisé ma route si je ne m'étais pas retrouvée ciblée, bien que ce soit par erreur, dans l'une de ses manigances. En mars, j'ai fait la rencontre d'un jeune homme en fuite, se faisant passer pour un garçon du bas peuple. Il s'agissait de Tibère Petremand de Frosnier, accusé par son oncle d'avoir abusé sa cousine Amélie. Ignorant son identité et pour le remercier de l'aide qu'il nous a fournie sur notre route vers Veigné, je l'ai fait engager chez les Sérocourt en tant que valet de pied. Durant mon séjour à Tours, j'ai appris que des hommes louches étaient à la recherche de quelqu'un et j'avoue ne pas avoir fait immédiatement le lien avec ce jeune homme. J'avais, il faut le dire, d'autres préoccupations en tête et ces deux faits ne m'ont pas paru évidents à corréler dès le début.

Elle passa sous silence le fait qu'elle songeait que ces hommes étaient à la recherche de Camille.

— J'ai eu vent par des gens du village que Monsieur Fourchet était à la recherche d'un jeune héritier, décrit comme arrogant, oisif et blond de cheveux... Qui aurait commis un acte terrible envers une jeune fille. Le hasard a fait qu'un jeune gentilhomme, Jean Paul Darsonval et invité d'Honorine de Sérocourt, correspondait à cette description. Ce jeune homme faisant parti de mes prétendants, j'ai pris contact avec Monsieur Fourchet afin de confirmer ou non le lien entre ces deux hommes.

L'ancien policier hocha la tête et sortit une cigarette de son étui, il continua en l'allumant :

— Effectivement, c'est ainsi que nous avons pris contact. J'ai été commandité par Joseph Ravignant pour retrouver son neveu, qui aurait abusé de sa cousine et pris la fuite le matin même. Étant invité par Mademoiselle au château de Couzières, j'ai pu annoncer que Monsieur Darsonval n'était point la personne que je recherchais, cependant, j'ai pu reconnaitre le jeune valet de pied comme étant Tibère Petremand de Frosnier.

L'oncle haussa les sourcils de surprise : il était surprenant d'entendre une telle histoire. Isaure reprit, impassible aux battements qui agitaient son cœur à l'évocation du jeune homme :

— J'ai donc informé Monsieur Fourchet que j'allais lui livrer cet individu, afin d'éviter un esclandre dans la maison d'Honorine. Le lendemain, nous avons pris une voiture et j'ai pu confondre Tib... ce faux valet de pied, qui m'a tout avoué. Sur notre route menant à Montbazon, nous avons été attaqués par les hommes qui arpentaient les routes à sa recherche.

— Juste Ciel ! s'écria Alexandre Florent avec effroi.

Isaure continua, le visage fermé :

— C'est par la grâce de mon fusil et celui du cocher de Monsieur Fourchet que nous sommes parvenus à demeurer en vie.

Fourchet grimaça et s'inclina une nouvelle fois devant la jeune femme et Monsieur d'Haubersart :

— J'ai malheureusement averti Monsieur Ravignant de mon avancée... Mon client se sera montré bien plus pressé que je ne le pensai de retrouver sa cible. Il a donné l'ordre à ses hommes d'attaquer sans se soucier des conséquences.

— C'est ainsi, mon oncle, que je me suis retrouvée mêlée aux agissements de cet armateur. Ayant également fait entrer ce jeune homme recherché sous le toit des Serocourt, j'ai également ma part de responsabilité dans cette affaire.

— Il est évident que Monsieur Ravignant ne cessera jamais de chercher son neveu, reprit Fourchet, Mademoiselle d'Haubersart et Monsieur Petremand sont venus me retrouver à l'auberge où j'étais et j'ai décidé de laisser tomber mes recherches contre lui.

— Qu'est-ce qui vous a motivé à ne plus compléter votre contrat, Monsieur Fourchet ? questionna l'oncle d'Isaure avec suspicion.

Ce dernier répondit dans un sourire :

— Le fait que Monsieur Ravignant ai tenté de m'évincer, d'une part... Si ces hommes étaient parvenus à récupérer le jeune homme, il n'aurait pas eu besoin de finir de me payer... D'autre part, le fait que Monsieur Petremand de Frosnier m'air fait une proposition plus intéressante que son oncle.

— Hum... l'argent..., marmonna Alexandre Florent avec une moue désapprobatrice.

L'expression que l'homme eut sur son visage piqua le cœur d'Isaure : il ressemblait tant à son défunt père ! L'ancien policier rétorqua d'un ton mielleux :

— Tout travail mérite salaire, vous en conviendrez en tant qu'homme de loi... Le jeune garçon est sous la tutelle de son oncle et sa famille est désargentée, mais il m'a promis que les mines présentes dans les possessions de son héritage sont prometteuses. Il m'a donc proposé de me payer plus cher et d'entrer à son service, ce que j'ai accepté... à la condition de vérifier avant ses propos.

— Et qu'avez-vous trouvé ? questionna Isaure.

L'inspecteur mâchonna le bout de son mégot et souffla :

— Que Monsieur Petremand de Frosnier est riche ! Enfin, si son oncle admet de lui laisser gérer ses biens. J'ai passé les dernières semaines à fouiller le sud de la région et à interroger les gens : il semblerait que ce briscard de Ravignant compte bel et bien exploiter les mines derrière le dos du gamin. Elles s'étaient taries, certes, et cela aura conduit à la perte de la famille... mais de nouveaux filons ont été trouvés. On y trouve du cuivre et même parait-il... de l'or.

— Il disait donc la vérité ! s'écria la jeune femme, soulagée.

— Oui, les documents qu'il affirme avoir trouvés dans la bibliothèque de Joseph Ravignant semblent donc être vrais. Son oncle a commencé à réhabiliter trois mines, il a déjà payé des équipements, du personnel et commencé des travaux d'exploitations. Les lieux sont d'ailleurs terriblement bien gardés.

— S'il dit vrai là-dessus, continua Isaure, il y a donc à parier que les autres documents cachés au château de Vaufoynard contiennent les preuves que nous recherchons contre lui... Il n'est donc guère surprenant que Ravignant tente le tout pour le tout pour retrouver son protégé et tente de le marier de force à sa fille, voire même de le faire assassiner.

L'oncle d'Isaure eu un air songeur.

— Je comprends le lien qui vous unit à cet homme, mon enfant... Mais il nous faudrait mettre la main sur ces papiers afin de pouvoir aider ce jeune homme à récupérer ces biens. Hélas, ce sera une chose ardue, car il possède de nombreux avocats et même si son neveu est majeur, son oncle peut le forcer à épouser sa fille... étant donné l'accusation qui pèse sur lui.

La jeune femme hocha la tête à la négative :

— Son anniversaire est la semaine prochaine. Il fêtera ses vingt-cinq ans et il pourra donc épouser qui il le souhaite.

Une fois le récit complet, Monsieur Fourchet leva les yeux de ses notes et dit d'une voix grave :

— Mademoiselle, Joseph Ravignant est un individu dangereux avec des relations fortement étendues. Il est impliqué dans des affaires louches, du trafic illicite à la corruption. Nous devons rassembler des preuves tangibles et des témoignages. Si elles sont utilisées judicieusement, nous pouvons peut-être nuire à sa réputation et à le faire chuter. Malheureusement, peu de personnes seront suffisamment courageuses pour l'affronter sur la place publique.

— Nous pourrions contacter les marins ayant travaillé pour lui ? J'ai appris, bien tristement et de manière tout à fait récente, le naufrage du Burdigala. C'était l'un de leurs vaisseaux. Une personne que je connaissais depuis de nombreuses années y était embarquée et il y a perdu la vie. Ce second était un homme valeureux et d'excellente réputation. Il avait de nombreux amis et il a de nombreuses fois signalé le mauvais état du bâtiment. Il a écrit de nombreuses lettres à sa fiancée où il en faisait état.

— Si ce jeune homme l'a signalé, il y a fort à parier qu'il n'était point le seul, admit Alexandre Florent.

Fourchet ajouta d'un ton prudent calme, mais ferme :

— Cependant, Mademoiselle, il est crucial de manœuvrer avec la plus grande prudence. Nous ignorons s'il n'a pas effacé toute trace de ces signalements et si des hommes sont prêts à se dresser contre lui. Une attaque frontale pourrait être risquée.

L'oncle hocha la tête avec approbation :

— Il nous faut utiliser la force de la loi à notre avantage. Si ses alliés ne peuvent point témoigner contre lui, il faudra aller trouver ses ennemis.

Isaure pinça ses lèvres, consciente de la perplexité de la situation :

— Comment pouvons-nous l'arrêter légalement, malgré sa puissance et ses contacts influents ? Il est évident qu'il sera au courant de notre entreprise.

Alexandre Florent réfléchit un instant avant de répondre :

— Ses points faibles sont à exploiter et il faudra agir avec méthode. Il est évident qu'il a commis de nombreux actes douteux et sa réputation le précède. Il faut parvenir à révéler ses agissements au grand jour en présentant des preuves irréfutables. Malgré toute l'influence dont notre famille est dotée au ministère de la Justice, les règles sur lesquelles nous devons jouer doivent demeurer intactes, sous peine de manquer de crédibilités.

— Les preuves se trouvent dans la bibliothèque de Vaufoynard, répondit Isaure. D'après Tibère, c'est à cet endroit que son oncle conserve toutes ses documentations secrètes, car il est loin de Paris.

— Il nous faudrait donc les lui voler, fit Fourchet d'un air entendu.

L'oncle d'Isaure grimaça :

— Je ferai comme si je n'avais rien entendu... Il faudra également réduire son influence sociale et politique... Que ce soit sur les marchés, le gouvernement ou dans les salons mondains. La réputation est une chose à laquelle les armateurs sont fortement attachés.

— Hum..., réfléchit Isaure en frottant ses deux mains, Honorine et Isidore de Sérocourt connaissent de nombreux cercles parisiens. Ils sont également fortement contrariés contre Ravignant : il a tenté de me tuer, par accident certes, mais il a aussi conduit à la disparition d'Armand, qui n'était autre que le marin décédé à bord du Burdigala. Il était fiancé à leur protégée, Louise, qu'ils considèrent comme leur fille. En ce qui concerne sa réputation commerciale... Je pourrais demander service à Monsieur Darsonval. Il a les dents longues et connait de nombreux jeunes gens, sans doute certains ont déjà fait les frais des procédures de Ravignant... En ce qui concerne le gouvernement...

— Je m'en occupe, conclut son oncle, comme je vous l'ai dit, les ramifications de cet homme sont dangereuses et les affaires dans lesquelles il trempe concernent forcément des fonctionnaires. La corruption ne serait point tolérée.

— La bibliothèque de Vaufoynard contiendrait des lettres qui impliqueraient des hommes politiques de la région de Touraine, concéda Isaure.

— Voilà qui pourrait accélérer fortement les choses ! répondit-il en levant sa tasse de thé.

Un sourire se dessinait sur les lèvres de la jeune femme. Quelle joie de pouvoir enfin être en capacité d'agir ! Il lui tardait déjà de rapporter tout cela à Tibère. Elle imaginait déjà son soulagement et la lumière qui brillerait dans ses yeux, lorsqu'elle lui raconterait leur plan ! Elle espéra un instant qu'en récompense, il lui accorderait plus qu'un baiser.

Elle leva à son tour sa tasse et lança d'une voix légère :

— Allons-y ! Si nous agissons adroitement et avec discrétion, nous parviendrons au but !

Fourchet hocha la tête et trinqua à son tour, déçu de n'avoir que du thé à déguster.

— Toutes ces manœuvres prendront du temps, mais nous y parviendront, fit l'oncle en souriant avec confiance.

— Combien de semaines pensez-vous que cela prendra ? questionna Isaure, soudain inquiète.

— Des semaines ? Voyons, il faudrait plutôt compter en mois, voire même en années ! Ce genre d'enquête demande beaucoup d'attention, les procédures judiciaires sont nombreuses. Il nous faut recueillir les témoignages, les preuves, soumettre des rapports, évincer les pressions politiques. Si tout se déroule comme nous l'entendons et que nous réussissons à mettre un homme comme Ravignant devant la justice... Il y aura bien deux ans, voire même trois, avant l'ouverture d'un procès !

Trois ans ! s'écria Isaure pour elle-même. Trois ans avant de faire condamner Ravignant et d'innocenter Tibère !

Elle plongea tristement son nez dans sa coupe de thé, regrettant elle aussi de n'avoir rien de plus fort pour faire passer la nouvelle...

 

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