Chapitre 15 : Un véritable travail d'Orfèvre

Notes de l’auteur : Bonjour les gens ! ^___^
Voici le chapitre qui boucle l'affaire Océane (enfin, me direz-vous). J'espère qu'il vous plaira. Wala ! Bonne lecture, et merci pour vos gentilles p'tites reviews ! Mouaaaks !

 

Chapitre Quinze : Un véritable travail d’Orfèvre

 

Toujours au 36, le soir…

 

- Raoul ! Ne fais pas chier ! Et explique-toi bordel !

- Okay, Val’, mais avant, je t’en supplie…reste zen !

 

Les deux hommes en étaient venus étrangement à la familiarité. Les cinq photographies avaient fait monter le stress chez l’officier, et tout ce qu’il réclamait, c’était de comprendre.

 

- Tu sais bien, Val,’ que j’aime rendre service et…

- Oui. Je sais. Rendre service. Tu me rendras service lorsque tu m’auras dit expliquer cette put…

- Oh, oh, stop, Valentin, ça suffit, réprimanda Gabrielle.

 

Le jeune homme respira profondément pour tenter de se calmer.

 

- Okay. Je suis zen. Maintenant, Raoul, raconte. Sinon, je perds tout contrôle et je t’envoie valser contre le mur.

- Donc, tu sais bien que j’aime rendre service, et que…

 

Valentin et Gabrielle levèrent les yeux au ciel. Oui, Raoul adorait rendre service, surtout à des flics de la Crim’. Il était excité par l’affaire de la petite-fille du Maire. Jamais de leurs carrières entières, ils n’avaient rencontré un journaliste aussi passionné par ce genre d’enquête.

 

- Je me rendais chez ma grand-mère. Donc, tu vois, je sortais de Paris, puis j’ai aperçu une voiture qui était garée sur le bas-côté de la route nationale. Et tu sais, Val’, que je suis très curieux…

- Je m’en étais rendu compte, oui.

- Donc, je me suis aussi arrêté un peu plus loin, discrètos. Un mec est sorti de la bagnole, avec quelque chose dans les bras. Il s’est enfoncé dans les champs. Pour pas me faire remarquer, j’ai fait semblant de trifouiller mon moteur comme si j’étais en panne.

- Oui…encouragea l’officier.

- Et puis, après le mec a fait demi-tour et s’est barré. J’ai attendu qu’il soit loin, et je suis allé dans le champ pour voir ce qu’il avait fait. Et là, j’ai vu le corps d’Océane.

- Le mec l’aurait donc amenée là-bas après l’avoir tuée ?

- Je pense, oui.

- Tu as touché le corps ?

- Non.

- Et tu crois qu’il est encore dans les champs ?

- Probable, oui.

- Je vais appeler les scientifiques pour qu’ils aillent la chercher, décida Gabrielle en se dirigeant vers la sortie du bureau.

 

Valentin la regarda s’éloigner, puis reporta son attention sur le journaliste.

 

- Oh, s’exclama le rouquin, et j’ai aussi quelque chose qui va t’intéresser…

- Quoi donc ?

- La plaque d’immatriculation.

 

 

 

 

- Vous deux, vous accompagnez les scientifiques pour chercher Océane. Les autres, vous faites vos recherches sur la plaque d’immatriculation que nous a refilé notre cher Raoul. Ah oui, et essayez aussi d’en savoir plus sur le mec qui possède la bagnole ! Quant à toi, toi, et toi, vous nous suivez jusqu’à chez Marchal.

- Et moi ?

- Toi, Raoul, fit Valentin en le pointant du doigt, tu restes ici, et tu réponds à leurs questions. Rend service.

- Mais, intervint un flic, on ne sera pas nombreux pour aller chez Marchal.

- Il y’a déjà deux hommes qui le surveillent, expliqua Gabrielle. C’est bon ? On peut y aller ?

 

Ils hochèrent la tête et suivirent la jeune femme. Ils s’entassèrent dans une seule voiture et se rendirent jusqu’à la résidence de l’homme politique. Il était 22 heures. Arrivés devant chez lui, ils retrouvèrent Anthony et un autre gardien de la paix.

 

- Il fait quoi ? s’informa la jeune femme.

- Il regarde la télé.

- Bon, je vais aller sonner.

- Hein ?! paniqua Valentin. Ah non, Gabrielle ! Tu ne vas pas sonner chez ce type !

- Si, je vais y aller. Il aura moins de doutes. Et pendant que je lui parlerai, vous pourrez faire sauter la porte du garage !

- Euh…sauter, c’est un peu fort comme terme, non ? fit un flic.

- Tu préfères peut-être défoncer ?

- Pas mieux.

- Je vais chercher le matos, s’exclama Anthony, impatient à l’idée de défoncer le garage.

 

Gabrielle s’éloigna vers l’appartement de Josselin Marchal, Valentin à ses talons.

 

- Je te préviens, je te suis, hein !

- Comme vous voulez, mais vous restez derrière et vous ne montrez pas le bout de votre nez !

 

Le jeune homme dut obéir à contrecœur. Pendant ce temps, leurs hommes forçaient le garage dans la plus grande discrétion. Gabrielle appuya sur la sonnette et, très vite, le suspect vint lui ouvrir. D’abord étonné de la voir à cette heure de la soirée, il fut content de sa présence.

 

- Bonsoir, je ne vous dérange pas ? s’informa l’officier, tout sourire.

- Non, non, pas du tout. Qu’est-ce qui vous amène ?

- Rien de spécial. J’avais juste envie de vous faire une petite visite amicale.

 

Il la laissa entrer dans l’appartement, et il la conduisit jusqu’au salon. Gabrielle le suivit, tout en laissant la porte légèrement ouverte, pour que Valentin puisse y entrer sans bruit. Josselin Marchal éteignit la télévision et se retourna vers elle, les mains sur les hanches.

 

- Alors ? demanda-t-il, en s’approchant d’elle, avec un brin d’impatience et une lueur lubrique dans les yeux.

 

Il devait sûrement penser qu’elle était venue pour lui, pour faire certaines choses ensemble. Elle aurait eu peur si elle était venue seule, ce qui n’était pas vraiment le cas ici. La jeune femme posa ses yeux sur lui, puis sur les armes accrochées au-dessus de la cheminée.

 

- Et bien…commença Gabrielle, hésitante.

 

À ce moment-là, un bruit sourd se fit entendre. Anthony et ses collègues avaient terminé de faire sauter le verrou de la porte du garage.

 

- Tiens, qu’est-ce que c’était ? s’étonna l’homme politique en fronçant les sourcils.

- De quoi ? feignit-elle. Je n’ai rien entendu.

- C’était pourtant un bruit distinct… J’aurais oublié de fermer la porte ?

- Et bien…je ne sais pas. Je l’ai peut-être mal fermée… Mais sinon, vous êtes célibataire Monsieur ?

 

Elle ne voulait absolument pas qu’il sorte de l’appartement et qu’il réalise ce qu’il se passait. Dehors, Valentin fulminait. L’oreille collée à la porte, il tentait de surveiller sa collègue, tout en restant attentif sur ce que ses hommes découvraient dans le garage. Il vit Anthony en sortir et lever le pouce droit vers le ciel. C’était la confirmation d’une découverte positive. Il décida donc d’intervenir, d’autant plus qu’il entendait Josselin Marchal se diriger vers la porte d’entrée, ainsi que Gabrielle qui essayait de l’en dissuader.

 

Elle savait que dans quelques secondes, il tomberait nez à nez avec l’officier. Mais avant que cela arrive, Valentin finit par intervenir et le politicien sursauta à sa vue.

 

- Contre le mur ! hurla-t-il en pointant son arme vers lui.

 

Marchal reprit vite de l’assurance et effectua quelques pas en arrière. Le jeune homme ne douta pas un instant qu’il tentait d’attraper l’une des nombreuses armes qui se trouvaient en exposition sur sa cheminée. Comme il hésitait sur ce qu’il devait faire à ce moment-là, c’est Gabrielle qui fut la plus rapide pour réagir et prendre une décision. Elle saisit la canne posée contre la cheminée bien avant que l’homme politique l’atteigne et, après avoir vérifié le cran de sécurité, elle tira sur le loquet.

 

Marchal sursauta lorsque le coup de feu se fit entendre. Immobile, il chercha à comprendre ce qu’il se passait. Il se rendit compte bien vite que la jeune femme avait tiré à blanc et qu’elle le menaçait de tirer une seconde fois mais, cette fois, sur lui. Il pouvait sentir le bout de la canne faire pression sur son dos. C’était une situation assez terrifiante et inconfortable.

 

- On vous a demandé de vous mettre contre le mur. Êtes-vous d’accord ou faut-il trouver de meilleurs arguments pour vous convaincre ?

 

Il ne répondit et ne bougea pas d’un pouce, les bras ballants. Valentin qui, visiblement, en avait assez d’attendre, le poussa brutalement sur le mur, sans se soucier de savoir s’il lui avait fait mal ou pas.

 

- Hey ! Mais faites attention ! Vous avez failli me casser une dent !

- Pardon ? s’étouffa l’officier. Mais pétez-vous la mâchoire si ça vous chante, ça me fera ni chaud, ni froid !

- Et d’abord, que faites-vous là ? paniqua l’homme politique en sentant des bracelets en acier glisser le long de ses poignets.

- Vous n’avez pas deviné ?

- Attendez ! Vous n’avez pas le droit de m’arrêter !

- Oh si, j’ai tous les droits. Celui de vous arrêter, et celui de fouiller dans votre appart’ !

- Vous ne savez pas à qui vous à faire !

- C’est bien vous Josselin Marchal ? Oui ? Bon, alors il n’y a aucun malentendu !

- Dès que je serai relâché, je vais porter plainte ! Je vous rappelle que je suis un personnage important et haut-placé et que…

- Qui vous a dit que vous serez relâché ?

- Ça va aller loin tout ça, attention !

- C’est ça ! Maintenant, vous la fermez et vous me foutez la paix ! Mais ne vous inquiétez pas pour ça, on discutera vous et moi tout à l’heure !

 

Un gardien de la paix qui venait d’arriver saisit à son tour Marchal par le bras et le fit sortir de son appartement. Anthony fit à son tour son apparition, fier comme un pape.

 

- Quoi de neuf ? s’informa la jeune femme.

- Bagnole très suspecte. Quelques cheveux, deux ou trois tâches de sang, sans oublier le plus important…un poupon. De quoi divertir la petite pendant le voyage si tu vois ce que je veux dire…

- On avance, on avance, jubila Valentin.

 

Un autre flic arriva dans l’appartement, et les deux officiers le chargèrent de saisir les armes du suspect. Pendant qu’il se hâtait à sa tâche, Valentin et Gabrielle se rendirent dans le garage. L’endroit était une véritable mine d’or. La voiture était approximativement identique à celle qu’avait déclarée le frère de Raoul. Tous ces indices laissaient à croire qu’Océane avait mis le pied dans ce véhicule.

 

- Les techniciens ne devraient pas tarder à arriver pour faire le ménage, expliqua Anthony. Il nous suffit juste de vérifier si le sang et les cheveux sont bien ceux de la petite. Peut-être qu’on pourrait aussi retrouver des empreintes sur le poupon.

- Okay. On doit faire le point sur le scénario de l’enlèvement, décida Valentin. Marchal était à la réception. Prouvé. La petite-fille du Maire était chez elle à regarder la télévision. Sa nurse couchait à l’étage. Un homme, forcément autre que lui, l’a enlevée chez elle, et avec la voiture de Marchal. Entre temps, on fait surveiller Marchal qui n’a pas pu sortir de chez lui. Il s’est passé on-ne-sait-quoi entre Océane et son kidnappeur. Tout ce qu’on sait, c’est qu’il l’a tuée, et l’a amenée dans un champ, au moment où Saint-Raoul passait par-là.

- Est-ce qu’on peut soupçonner Raoul ?

- On peut. Mais je pense surtout qu’il a été là au mauvais moment, et au mauvais endroit. Pauvre Raoul…lui qui aime tant rendre service va se retrouver dans un interrogatoire…

- Arrêtez de vous moquer. Je vous rappelle que sans lui, on ne serait pas là.

 

Tout sourire, l’officier donna une petite tape amicale à Gabrielle.

 

- C’est vrai, approuva-t-il. Mais il faudra être certain qu’il n’a rien à voir dans cette affaire. Parce que tu remarqueras, ma chérie, que Raoul ferait un coupable parfait. Mais vraiment très parfait.

 

 

 

 

Minuit. Les techniciens avaient terminé de relever les indices se trouvant dans le garage de Marchal. De retour au 36, Gabrielle était allée faire un rapport oral à son commissaire. Celui-ci avait été très satisfait de l’avancement de l’enquête. Pendant que Valentin interrogeait Josselin Marchal, elle avait rendu visite à ses hommes. Ainsi, la moitié avait identifié le kidnappeur d’Océane à partir de la plaque d’immatriculation de sa voiture. L’autre partie avait commencé à le repérer. Ils avaient contacté les aéroports et les gares, comme à leur habitude. Maintenant qu’ils étaient si proches du but, ils ne voulaient plus le perdre de vue. Raoul avait été interrogé. Il n’avait pas apprécié, et l’avait fait savoir à Gabrielle lorsqu’elle était revenue.

 

- Quoi ? Vous avez osé douter de moi ? Moi ? Moi, qui vous ai rendu tant de services !

- Je suis désolée, mais vu votre position dans l’affaire, vous ne pouviez pas y échapper. Et je vous placerai en garde-à-vue si c’est nécessaire.

- Ah non ! Pas ça ! Je refuse !

- Ce n’est pas vous qui décidez, c’est moi.

- Mais je bosse demain ! Et j’ai rien fait pour mériter ça !

- Et alors ? Moi aussi, je bosse ! Qu’est-ce que vous croyez que je fasse en ce moment ? Figurez-vous que je ne fonctionne pas aux 35 heures par semaine comme certains !

- Alors là ! Si vous me gardez, ne serait-ce qu’une nuit ici, ça va polémiquer sur la police dans tous les journaux ma p’tite dame !

- De toute façon, nous n’avons plus rien à espérer de l’opinion publique ! Maintenant, vous permettez, j’ai du boulot, donc je dois vous laisser.

 

Elle allait s’éloigner, mais Anthony lui avait foncé dessus.

 

- Attends Gabrielle ! J’ai le casier judiciaire du mec de la bagnole !

 

Les casiers judiciaires avaient toujours fasciné l’ex-élève, sans trop que sa supérieure en sache la raison. À chaque enquête, il farfouillait dans les archives à la recherche d’un casier rempli jusqu’à saturation. Il aimait ça…et il était bien le seul.

 

- Il est connu de chez nous ? s’étonna la jeune femme.

- Chez les Stup’s. Trafic de drogue. Complice, plus précisément.

- Mais qu’est-ce qu’ils ont tous à se droguer ?!

- Vous dites enfin quelque chose de censé, monsieur Raoul. Malheureusement, on ne peut pas empêcher le monde entier de se suicider en fumant un joint…

 

 

 

 

Minuit et demi. Premier tête-à-tête entre Valentin et Josselin Marchal. La pièce était silencieuse. Le suspect ne voulait pas parler. Au plus grand comble d’Albert, qui surveillait la scène, l’officier restait calme.

 

- Vous ne pouvez pas me soupçonner…fit Marchal, avec un sourire sadique.

- Si, je peux.

- Vous vous trompez.

- Vraiment ?

- Oui. J’ai un mobile que vous avez très certainement dû vérifier. J’étais à la même réception que le Maire, et il y’a des témoins. Je ne peux pas avoir enlevé Océane.

- C’est vrai, admit Valentin. Pour ne pas vous salir les mains, il valait mieux que quelqu’un d’autre le fasse à votre place. Un complice que personne ne soupçonnerait justement. Mais qui est ce complice ?

 

C’est à cet instant que Gabrielle fit son apparition dans le bureau. Les deux hommes ne purent s’empêcher de la dévorer des yeux. Elle s’avança jusqu’à son collègue et se pencha sur lui, en lui chuchotant quelques mots à l’oreille.

 

- Je peux voir votre téléphone portable ? demanda alors le jeune homme.

 

Le politicien ne comprit pas pourquoi il le lui réclamait, mais il ne refusa pas et obéit sagement à la requête. Valentin manipula le téléphone quelques minutes, pendant que Gabrielle s’asseyait à ses côtés et passait son bras autour de son cou. Marchal ne dit rien à la vue du couple serré l’un contre l’autre.

 

- C’est pas ça ? murmura-t-il en montrant le téléphone à la jeune femme.

- Si, si.

 

Il leva les yeux vers le suspect, et lui fit à son tour un sourire sadique.

 

- C’est bizarre que vous ayez le numéro de Pierre Manslès dans le répertoire de votre téléphone… Saviez-vous que c’est lui qui a amené le corps d’Océane dans un champ pour ne pas qu’on la retrouve ?

 

 

 

 

Deux heures du matin. Berthier et Anthony attendaient devant le bureau de l’officier. Ils étaient, d’une part, soulagés, car ils avaient récolté la majorité des informations concernant le propriétaire de la voiture. D’un autre côté, le temps de dresser un plan, de repérer Pierre Manslès, de l’arrêter, de l’interroger et de rédiger un rapport, ils ne pourraient rentrer chez eux que dans la matinée.

 

- Je me demande si je vais tenir jusqu’à 10 heures du mat’…fit Anthony en baillant aux corneilles.

- On n’a pas trop le choix de toute façon…

 

À ce moment-là, Gabrielle, Valentin et Marchal sortirent de la pièce. Les deux officiers avaient l’air satisfait.

 

- Tu veux qu’on l’amène ? proposa Berthier.

- Oui, s’il te plaît. Et ramenez-nous Raoul.

- Ah ! Il est complice ?!

- Pas du tout, répondit Gabrielle. Juste là au mauvais moment, au moment endroit. Un coup de chance pour nous, un coup de malchance pour lui.

 

Les deux flics acquiescèrent et disparurent avec l’homme politique. C’est alors que le jeune homme se tourna vers sa collègue.

 

- Je reviens Gabrielle. Je descends chez nos gangsters maison.

 

Valentin laissa la jeune femme à la Brigade Criminelle et se rendit à la B.R.I., dans l’espoir d’emprunter deux hommes qui l’accompagneraient chez Pierre Manslès.

 

- Pas de problème Val’, avait répondu le commissaire divisionnaire. Tu les veux pour quand ?

- S’ils peuvent être prêts à intervenir dans deux heures, ce serait cool. On préférerait coincer ce mec en pleine nuit plutôt que dans la journée.

 

Dès que sa requête fut acceptée, il remonta à sa brigade tout en réfléchissant. Oui, au plus tard dans deux heures, ses hommes auraient remonté le fil jusqu’à leur suspect. Dans le couloir qui menait à son bureau, il trouva Raoul en train de discuter avec Gabrielle.

 

- Il faudra que je fasse venir ma nouvelle photographe, s’exclama-t-il, joyeux comme pas possible. Je pourrais bien caser un petit dossier spécial dans le journal, en réussissant à mettre mon rédacteur en chef de mon côté.

- Attendez, vous n’allez quand même pas publier quelque chose sur Océane ?!

- Bah si. Si on pouvait quadrupler nos ventes, ce serait fantastique !

- Non ! s’écrièrent en cœur les deux lieutenants.

- Mais…pourquoi ?

- Parce que, de une, tu n’as pas l’autorisation du Maire, et qu’ensuite, il vaudrait mieux étouffer l’affaire. Puis, merde, laisse tomber, ça te regarde pas, c’est tout !

- Bon, bon, bon, rumina le journaliste. D’accord, mais en échange, je veux pouvoir rester avec vous lorsque vous irez arrêter le type qui a fait…ça.

- On peut refuser ? demanda Valentin.

- Non, répondit Raoul avec un sourire sadique. J’ai toujours rêvé de participer à ce genre de situation sur terrain. Et puis, au lieu d’écrire un article sur Océane, je pourrais tout aussi bien en écrire un sur vous. J’ai déjà plein d’idées. Qu’est-ce que vous en pensez ?

- On verra, fit Gabrielle, mal à l’aise.

 

Ils continuèrent de discuter pendant longtemps. Ils en arrivèrent même à sympathiser. Valentin et Gabrielle trouvaient que Raoul était quelqu’un d’attachant et d’intéressant avec qui parler, et toujours plein de bonnes attentions. C’était aussi quelqu’un d’assez philosophique. Le journaliste aimait bien les taquiner.

 

- Non, parce que je me suis dit que vous n’aviez pas d’alliance, et que donc, vous n’étiez pas mariée. Et je pensais que j’aurais une petite chance de faire plus ample connaissance avec vous, avait-il déclaré malicieusement à la jeune femme.

- Ouais, avait répondu Valentin, sur les nerfs. Mais c’est con pour toi, elle n’est plus célibataire depuis bien longtemps !

- C’est dommage. Et vous avez des amies ? Libres ?

- Deux, mais elles ne sont pas en état de reprendre quelque chose tout de suite. Désolée Raoul !

- Ah, vous cherchez vraiment à me faire marronner !

 

Et ils avaient éclatés de rire. Tous les trois. Vers quatre heures du matin, Anthony débarqua dans le bureau de Valentin, chargé d’informations et de nouvelles.

 

- Alors, c’est bon. On l’a localisé et on a recueilli plein de choses sur lui. Ça promet Val’, écoute !

- Pourquoi ?

- Et bien, en mettant en retrait ce que je t’ai déjà dit avant, ce mec n’est pas marié, ne travaille pas et il est champion de Kung-fu de sa section !

- Et alors ? grogna le jeune homme. Je n’ai pas peur.

- Mais tu ne te rends pas compte ?! T’as jamais vu un mec qui fait du Kung-fu ou quoi ?! Le p’tit copain de ma sœur, il en fait, c’est vraiment terrible !

- Bof, tu parles…je le mets à terre avec un seul coup de détente, alors si tu crois qu’il va venir me faire chier en tournant les bras dans tous les sens, tu te trompes Anthony !

 

 

 

 

Une demi-heure plus tard, une fourgonnette de la B.R.I. quittait silencieusement la cour du Quai des Orfèvres. Elle renfermait Valentin, Gabrielle, Raoul, et quatre hommes.

 

- Je sens que ça va être excitant ! s’exclama le journaliste, assis par terre.

 

Les autres flics ne répondirent pas, sauf la jeune femme.

 

- J’aurais dû prendre un café…

- Ça va ? Vous allez tenir ? s’inquiéta son collègue tout en déboutonnant sa chemise.

- Oui, oui.

 

Valentin ramassa un gilet pare-balles qui traînait sur le sol de la fourgonnette et l’enfila.

 

- On ne sait jamais, expliqua-t-il pour seule excuse aux regards interrogateurs.

 

Lorsqu’ils arrivèrent devant le domicile de Pierre Manslès, l’agitation se fit plus grande. Tout en sortant discrètement du véhicule, ils se chuchotaient quelques indications que Raoul avait du mal à entendre. Pendant que les flics sortaient le matériel de l’Antigang, Gabrielle observa l’immeuble. Pierre Manslès habitait au dernier étage. Il devait sans doute dormir. Elle voulut s’avancer vers la porte du hall, mais elle sentit une main qui retenait son bras, et trois doigts qui lui tâtaient le dos.

 

- Vous restez ici, ordonna fermement Valentin, après s’être rendu compte qu’elle ne portait rien pour sa sécurité sous sa chemise.

- Alors là, même pas en rêve. Je suis aussi bien chargée que vous d’arrêter ce mec !

- Peut-être, mais je préfère que vous teniez compagnie à Raoul.

- Ah non ! s’incrusta ce dernier. Je veux rester avec vous !

 

Gabrielle se dégagea de l’emprise du jeune homme et se dirigea jusqu’à la porte que ses hommes avaient commencé à ouvrir avec le digicode.

 

- Je ne plaisante pas ! s’écria-t-il en la rattrapant. Je veux que vous restiez en arrière !

- Roh comme c’est touchant, commenta Raoul, en battant des cils. Vous m’inviterez au mariage, hein ?

 

Les deux officiers le foudroyèrent du regard. Au même moment, un déclic se fit entendre. La porte était ouverte, et Valentin oublia momentanément Gabrielle. Ils montèrent tous ensemble jusqu’au dernier étage, et une fois sur le pas de la porte de leur suspect, les deux flics de l’Antigang entreprirent de la forcer. La porte céda, le jeune homme donna rapidement ses ordres, et ils entrèrent tous dans un grand vacarme dans l’appartement. Contrairement à ce qu’ils croyaient tous, Pierre Manslès ne dormait pas. Il préparait ses valises, et était donc parfaitement bien réveillé.

 

- Police ! Restez où vous êtes !

 

Les flics, Gabrielle y compris, l’encerclèrent, pointant sur lui leurs fusils à pompe. Dès qu’il se rendit compte de la situation, il saisit en un geste une barre de fer qui était posée contre le mur. Il la fit tournoyer, sans doute pour leur faire peur, mais Valentin se força de ne pas rire. Raoul se tenait debout, plus éloigné, en écrivant rapidement quelques mots sur son petit calepin de poche.

 

- Posez cette barre ! ordonna Gabrielle.

 

Il ne répondit pas et continua à les défier du regard. À chaque fois qu’un flic essayait de s’avancer vers lui, il risquait de recevoir la barre de fer dans le crâne s’il ne se reculait pas aussitôt. Chacun s’était rendu compte que Pierre Manslès était un homme rapide, et ce critère posait déjà un problème. Le jeu avait tout juste commencé, et Valentin en avait déjà assez.

 

- Ça suffit ! Posez-ça tout de suite, sinon, on tire, et on ne cherche pas à comprendre !

 

Une personne enleva le cran de sécurité de son arme, et le jeune homme sut directement que c’était Gabrielle. Elle était sur la gauche du malfaiteur.

 

- Nous sommes sérieux, fit-elle sur un ton déterminé.

 

Il se tourna vers elle, pensif. Elle était si proche de lui qu’il pouvait la toucher…et même l’attraper. Et c’est ce qu’il fit. Il la saisit brutalement par le bras et l’attira à lui. Il était allé si vite qu’elle-même n’avait pas tout de suite réalisé ce qu’il se passait. Elle poussa un cri et, surprise, lâcha son arme qui rebondit sur le plancher. Le coup de feu partit tout seul, mais ne blessa personne. Profitant de la confusion générale, Pierre Manslès laissa tomber la barre de fer sur le plancher, recula jusqu’à un tiroir et y fouilla pour en ressortir un poignard. Et tout cela, en deux-trois mouvements.

 

En parallèle, Gabrielle tentait de se débattre mais il arrivait à la tenir très serrée contre lui. Les flics ne savaient plus quoi faire, et regardaient Valentin comme si le sort de la jeune femme était entre ses mains. Hélas, l’officier était blanc comme un linge, immobile, muet, terrifié à l’idée qu’il arrive quelque chose à sa Pitchounette. Le criminel vit bien qu’il avait dans ses bras son point le plus faible.

 

- Si tu ne veux pas qu’elle y passe, je te conseille fortement de dire à tes zouaves de poser leurs bijoux par terre !

 

Tandis que Gabrielle faisait non de la tête, son collègue ordonna à ses hommes de se désarmer. Tous lui obéirent, sauf les deux flics de la B.R.I. qui n’avaient pas l’habitude de se laisser marcher sur les pieds.

 

- Et eux, pourquoi ils t’écoutent pas ? s’énerva le malfaiteur en augmentant la pression du poignard sur la peau nue de la jeune femme.

- Mais parce qu’ils sont spécialisés, répondit Raoul, qui se baladait tranquillement dans l’appartement, comme si de rien n’était.

 

Il regardait dans tous les coins, les mains dans les poches. Il farfouillait un peu, avec ce petit air curieux qui lui allait si bien. Son attitude perturba Pierre Manslès qui, entre parenthèses, vouait une haine sans faille aux rouquins.

 

- Tiens ? s’étonna le journaliste en ouvrant un tiroir. De la marijuana !

- Oh comme c’est intéressant, fit Valentin, qui retrouvait peu à peu son assurance. T’es dépendant ? Ça te ferait quoi si je te confisquais ta drogue ?

 

Gabrielle sentit une certaine hésitation chez le criminel. Elle chercha une idée de le distraire, mais l’heure était désormais à la négociation.

 

- Si tu me rends ma collègue, on oublie cette histoire de marijuana, et ça passera ni vu ni connu, mentit l’officier.

- Ah non ! Parce que si je te la laisse, tu vas quand même m’arrêter pour l’enlèvement et le meurtre de la gamine !

- Ah…tu reconnais l’avoir fait alors ? Marchal t’a payé combien ?

- 2 000 euros en espèce, répondit Raoul qui venait de trouver l’argent dans un autre tiroir.

- Presque mon salaire, ironisa Valentin.

 

La jeune femme fronça les sourcils. Elle venait de se rappeler que, contrairement à lui, elle était plutôt loin de les toucher, les 2 000 euros tant convoités. Combien de chaussures pouvaient-t-elle s’acheter avec une telle somme ? Elle avait commencé à calculer mentalement lorsqu’une idée lui vint en tête. Elle disposait sur elle d’une arme redoutable dont Pierre Manslès ignorait l’existence. Des talons-aiguilles perfides et pointus. Elle jeta tant bien que mal un œil derrière elle, comme si quelque chose avait tiré son attention.

 

- Hey ! s’exclama-t-elle. Mais qu’est-ce que c’est que ça ?!

 

Étonné, le malfaiteur regarda à son tour dans la même direction. Et peu après, la jeune femme donna un grand coup de pied dans la partie la plus intime de l’anatomie masculine. Il ne put s’empêcher de crier, souffrant, et chaque homme présent dans la pièce fut pris de compassion et eut une pensée pour lui.

 

- Ouh, ça fait mal ça…soufflèrent-ils, en grimaçant.

 

Il chancela. Valentin en profita pour entraîner Gabrielle vers lui. Quand elle fut bien contre l’officier, celui-ci leva son arme et visa Pierre Manslès. La balle atteignit sa cuisse droite et il tomba à genoux sur le sol. Il souffrait de l’état de sa jambe, mais n’avait qu’une idée en tête : récupérer le revolver de la jeune femme qui était resté sur le plancher. Les autres flics se ruèrent sur lui pour l’immobiliser mais il avait déjà saisi l’arme.

 

- Ne bougez plus ! hurla-t-il.

- Non ! riposta Valentin. C’est toi qui ne bouges plus sinon je te dégomme l’autre jambe !

 

Le malfaiteur ne l’écoutait pas vraiment. Il hésitait sur qui tirer. Il n’eut pas le temps de choisir une victime car, par chance, Raoul arriva derrière lui, la barre de fer à la main, et le frappa au crâne. Il tomba, assommé, et les flics se jetèrent sur lui pour le menotter.

 

Il fallut ensuite attendre qu’il sorte de l’inconscience pour l’embarquer. Pendant ce temps, Raoul prenait toujours des notes sur son calepin et la moitié des hommes fouillait l’appartement à la recherche de la drogue. Valentin n’avait pas pu s’empêcher d’entraîner Gabrielle à l’écart pour l’embrasser. Jamais de sa vie il ne s’était fait autant de sang d’encre.

 

- C’est la dernière fois que vous me faites ça, promis ?

- Mais…faire quoi ?

- Me faire peur !

- Vous exagérez ! Ça arrive !

- Gabrielle…

- C’est le risque du métier, vous devriez être bien placé pour le savoir !

- Peut-être…mais je n’aurais pas apprécié s’il vous était arrivé quelque chose…

- Moi non plus, avoua la jeune femme en lui souriant.

 

Il lui sourit à son tour et l’enlaça tendrement. C’est un de leurs hommes qui vint les déranger.

 

- Il s’est réveillé, informa-t-il, gêné.

- On peut rentrer chez nous alors, décida Valentin.

 

 

 

 

- Et bah dis donc ! Celui-là, il ira faire un tour chez les Stup’s avant de venir à la Crim’ ! Deux kilos de marijuana planqués chez lui ! Vous vous rendez compte ?!

- Mais vous ne pouvez pas empêcher la drogue d’arriver en France ? s’informa Raoul.

- Avec la suppression des frontières de l’Union européenne, on n’a plus aucun pouvoir sur la circulation de la marchandise, expliqua Valentin, en calant sa tête bien au creux des genoux de Gabrielle.

- Ah…c’est con…se désola le journaliste.

- Tout à fait.

 

La petite troupe rentrait tranquillement au 36. Les flics étaient assis à l’arrière de la fourgonnette, ainsi que Pierre Manslès. Celui-ci ruminait et cherchait sans doute à se rappeler du numéro de téléphone de son avocat. Sa jambe saignait encore, et il devait attendre d’arriver au Quai des Orfèvres pour pouvoir se faire soigner. Gabrielle étouffa un bâillement, et passa sa main dans les cheveux blonds de Valentin.

 

- Pas trop fatiguée ? demanda-t-il, les yeux fermés, en espérant gagner quelques minutes de sommeil.

- Un peu. Il est quelle heure ?

- Cinq heures et demi. Le soleil ne va pas tarder à se lever.

 

Un chœur de soupires se fit entendre dans la fourgonnette. La nuit était loin d’être terminée…

 

 

 

 

De son côté, Josselin Marchal n’avait pas non plus dormi cette nuit-là. Le commissaire divisionnaire lui avait fait passer un second interrogatoire, deux fois plus minutieux que le précédent. Et même si l’homme politique n’avait pas réalisé lui-même l’enlèvement et le meurtre d’Océane, il était tout aussi coupable que son complice Pierre Manslès. Il était à l’origine du complot dans le but de nuire au Maire de Paris.

 

- Moi, Josselin Marchal, je reconnais être responsable de l’enlèvement et du crime de la victime par le biais du dénommé Pierre Manslès, prononça le chef de la Brigade Criminelle, tout en tapant sur le clavier de son ordinateur.

 

Il rédigeait un rapport, qui serait envoyé à la Préfecture de Police. Devant lui, le politicien se tordait les mains. Toute cette situation ne l’arrangeait pas. Les élections approchant, il voyait venir vite le moment où il ne pourrait pas s’y présenter. Et celui où il apprendrait le nom du nouveau Maire dans sa cellule de prison. Lui, qui avait voulu exclure d’une façon ou d’une autre le Maire actuel, par la pression morale, se rendait compte que ses efforts n’avaient finalement servi à rien…

 

Dans le bureau d’à côté, Valentin discutait avec Berthier. Pierre Manslès n’avait pas encore mis le pied à la Crim’. C’est deux heures plus tard que le criminel s’y présenta en clopinant (la blessure à sa jambe avait été pansée) pour subir un second interrogatoire. Avant d’y venir, il avait fait face aux flics de la Brigade des Stupéfiants, à qui il avait dû expliquer la présence de marijuana à son domicile.

 

Il avoua à Valentin tout ce que celui-ci avait présumé. Le soir de la réception où se trouvait le Maire et après avoir emprunté la voiture du politicien (la sienne étant chez le garagiste), il avait réussi à dérober Océane de chez elle. Il avait pensé que les témoins étaient inexistants. Il l’avait ensuite amenée chez lui, où Marchal était venu lui rendre visite le lendemain pour la voir et lui remettre l’argent. Il apprit par des rumeurs que le Maire avait fait une tentative de suicide. Après avoir obtenu la permission de l’homme politique suite à un appel téléphonique, il avait tué Océane chez lui, et l’avait amenée discrètement hors de Paris, pour la laisser gésir dans un champ. Et si l’officier ne l’avait pas arrêté la nuit même, il aurait pris le premier avion en partance pour la province dans la matinée.

 

C’est à huit heures et demi du matin, à l’heure des petits pains au chocolat et du café, que l’interrogatoire se termina. Valentin, Gabrielle et leur équipe étaient presque morts au sens propre du terme. Ils avaient fait plus d’un tour du cadran. Dès que Pierre Manslès fut amené dans sa cellule provisoire, Anthony vint annoncer aux deux officiers que le médecin légiste les attendait à l’Institut Médico-Légal pour l’autopsie d’Océane.

 

- Vous allez amener le Maire avec vous ? demanda le gardien de la paix, curieux.

- Merde ! s’exclama Valentin. Je l’avais complètement zappé celui-là !

- Il vaudrait mieux qu’on aille le chercher, fit Gabrielle. Et lui annoncer la mauvaise nouvelle aussi…

- Je vous souhaite bon courage alors ! Parce qu’il y’a du monde au balcon !

 

 

 

 

Anthony n’avait pas tord. L’ensemble du quai des Orfèvres était bondé de journalistes. Exactement ce dont ils n’avaient pas besoin à ce moment-là. Valentin et Gabrielle, bien ennuyés de se faire photographier et aborder par un bain de foule, voulurent garder l’anonymat en enfilant leurs lunettes de soleil. Raoul, qui suivait les deux officiers, ne s’y attendait pas du tout, mais toute cette agitation l’excitait. Il se rendait compte qu’il était le seul journaliste qui connaissait l’affaire de la petite-fille du Maire sur le bout des doigts. Et à ce titre, il adressa le sourire le plus sadique au monde à ses confrères.

 

- S’il vous plaît ! hurlèrent quelques journalistes en se débattant pour les toucher.

- Monsieur le Commissaire !

- Lieutenant, corrigea Valentin, énervé, qui n’avait pas le cœur à répondre à des questions aujourd’hui.

- C’est vrai que le candidat aux élections municipales vient d’être incarcéré ?

- Madame, qu’est-il arrivé à Océane ?

- Mademoiselle ! grinça Gabrielle.

- Juste une minute !

- Quand est-ce que le juge rendra sa décision ?

- Vous avez pu rencontrer le Maire ? Comment a-t-il réagi ?

- Cela fait combien de temps que vous êtes sur cette affaire ?

- Et Josselin Marchal…

- Et son complice…

- Et le Maire…

- Et Océane…

 

Les journalistes se bousculaient et parlaient tous en même temps, si bien que les officiers n’entendaient presque plus rien. Ils seraient devenus sourds si une personne familière ne les avait pas sauvés.

 

- Poussez-vous, bande de cornichons ! Allez ! Cassez-vous ! Laissez-moi passer ! Connard, enlève ta main de mes fesses sinon tu peux dire au revoir à tes bijoux de famille ! Et toi là, arrête de marcher sur les pieds de ma copine, okay ? Mais poussez-vous, putain ! Hey ! Gabrielle ! C’est moi ! Souris ! Photo !

 

Un flash retentit et éblouit par la même occasion la jeune femme. Il fallut un certain temps pour que sa vision se réhabitue à la lumière du jour.

 

- Jessica ! s’exclama-t-elle, en même temps que Raoul, lorsqu’ils se rendirent compte de la présence de la photographe.

- Oui, c’est moi ! Oh Raoul, tu déconnes ! Je t’ai phoné toute la nuit ! Putain, mais t’étais où ?

 

Au lieu de répondre, le journaliste fit de grands signes en pointant les deux officiers.

 

- Bordel, mais t’attends quoi Jessica ?! Prends-les en photo ! Il nous faut l’exclusivité ! On ne peut pas laisser passer cette chance comme ça !

- No panic, rassura la photographe. C’est ma pote ! Je peux t’arranger toutes les photos que tu veux ! En échange d’une augmentation, bien entendu.

- Tu te fous de moi, là ? Attends, ça fait deux jours qu’on t’a embauché, et tu réclames déjà une augmentation !

- On n’a rien sans rien mon Raoulinouchinet !

- Mais Jessica, qu’est-ce que tu fais là ?! interrompit Valentin, en repoussant un journaliste qui s’approchait trop de Gabrielle.

- Mais figure-toi que je bosse ! Il faut bien gagner sa croûte hein !

- Oui, bien sûr…mais tu vas mieux ?

- Je nage dans le bonheur, ironisa-t-elle en écrasant le pied d’un homme qui était trop proche d’elle à son goût. Mais oui, tout va très bien ! Ne t’inquiète pas ! Bon Raoul, ramènes ta fraise, ils ont besoin de toi au journal ! Il paraît que t’as pas rendu ton article sur le développement durable !

- Ouais, ouais, j’arrive.

 

Il se tourna vers les deux flics, désolés.

 

- C’est con, je ne peux pas vous accompagner !

- C’est pas grave ! assura le jeune homme.

 

Ils se dirent au revoir, et très vite, Jessica et Raoul disparurent dans la foule de journalistes. C’est grâce aux agents de sécurité, Albert et ses acolytes, que Valentin et Gabrielle purent se frayer un chemin jusqu’à leur voiture. Une fois bien à l’abri à l’intérieur, ils soufflèrent enfin.

 

- Je ne savais pas que Raoul et Jessica se connaissaient…fit le jeune homme, encore surpris.

- Ils ont dû se rencontrer à son nouveau boulot.

- Ouais, ça doit être sûrement ça. En tout cas, je suis content de voir qu’elle allait super bien ta copine, par rapport à l’autre jour où on l’a vue… Ça fait plaisir !

- Quand je te disais qu’elle était dotée d’une capacité dépressive démoniaque !

 

 

 

 

- Les femmes sont douées pour annoncer les mauvaises nouvelles. Donc, c’est vous qui le lui annoncez, décida Valentin, en pénétrant dans le hall de l’Hôtel de Ville.

- Très bien, accorda Gabrielle. Mais s’il veut me tuer suite à ça, c’est vous qui devrez me protéger.

- Aucun souci.

 

Ils demandèrent à voir le Maire, et dix minutes plus tard, ils se retrouvèrent devant lui.  Il ne semblait pas avoir dormi de la nuit.

 

- Alors ? Du nouveau ? s’inquiéta-t-il.

- Et bien…commença la jeune femme, gênée. Oui, il y’a du nouveau. C’est un dénommé Pierre Manslès qui a kidnappé Océane à la demande de Josselin Marchal.

 

Le Maire plissa les yeux et fronça les sourcils. Il allait se mettre dans une fureur noire, mais quelque chose l’en dissuada. Il ne savait pas tout.

 

- Mais vous l’avais arrêté ?!

- Oui, oui, s’empressa de répondre Gabrielle. Nous les avons arrêtés tous les deux, et ils seront bientôt jugés. Ne vous inquiétez surtout pas pour ça.

- Alors, ça veut dire que vous avez retrouvé Océane ! s’exclama le vieil homme, tout sourire.

- Et bien…

 

Gabrielle regarda ses chaussures. Toute personne qui la connaissait pouvait dire qu’elle était dans une situation terriblement intimidante, car la jeune femme n’avait pas besoin d’observer avec grand intérêt ses talons-aiguilles pour savoir qu’elles étaient belles.

 

- Et bien…reprit-elle avec un peu plus d’assurance. Oui, bien sûr, on l’a retrouvée mais…

- Elle n’a pas eu trop peur ? Elle va bien ?

- Euh…pas exactement, non.

- Comment ça ? Ils lui ont fait du mal ? Elle est blessée ?

- D’une certaine façon, on peut dire que oui, mais…Monsieur le Maire…

- Je pourrai la voir quand ?

- Tout de suite, répondit Valentin, qui était fatigué. Nous venions vous chercher pour ça.

 

Gabrielle jeta un regard discret à son collègue, qui hocha la tête, et prit une grande inspiration.

 

- Monsieur le Maire, je suis navrée de vous apprendre que Océane a été assassinée.

- Toutes nos condoléances, termina le jeune homme, sur un ton morne.

 

 

 

 

Gabrielle et Valentin avaient eu beaucoup de difficultés à stimuler le Maire. Celui-ci s’était effondré à l’annonce de la mort de sa petite-fille. Il avait exprimé pendant plus d’une heure sa colère, sa tristesse et sa désormais solitude. Autour de dix heures du matin, il accepta de voir une dernière fois Océane. Une Océane comme il ne l’avait jamais vue encore.

 

- Ah, c’est vous ! s’exclama le médecin-légiste en les accueillant à l’Institut Médico-Légal. Je ne vous attendais plus ! 

- Désolé, on a été retardé, s’excusa Valentin.

- Monsieur le Maire, mes condoléances, j’aurais aimé vous rencontrer dans un autre contexte.

 

Le médecin serra la main du vieil homme, et après s’être assuré que celui-ci voulait bien voir sa petite-fille, il fit signe au petit groupe de le suivre. Les deux officiers étaient habitués à ce genre de scène. Pas le Maire. Dès qu’il vit Océane allongée sur une table de fer dans une salle glacée, il manqua de s’évanouir. Sa peau était d’un blanc anormal, qui contrastait affreusement avec ses cheveux noirs. Ses paupières étaient fermées. Son visage, sans expression. Elle avait été soigneusement nettoyée.

 

Valentin et Gabrielle avaient pitié pour elle et son grand-père. Ils en arrivaient même à culpabiliser pour n’avoir pas pu la retrouver à temps. Ils tenaient chacun un bras du Maire, car contrairement à lui, ils savaient ce qui attendait la petite-fille. Dès que le médecin s’approcha d’Océane, armé de ciseaux, de bistouris, et d’autres instruments chirurgicaux, le vieil homme comprit qu’il allait la disséquer. Il gémit rien qu’à l’idée de savoir qu’elle allait être cisaillée. Les deux officiers resserrèrent leurs prises lorsque le travail commença.

 

- Alors, je retire l’arme blanche du ventre de la victime. C’est un couteau de cuisine.

 

Le médecin légiste était contraint de raconter sa manipulation à voix haute. Cela était comme une sorte de rapport oral aux deux flics qui assistaient à l’autopsie. Il ouvrit le ventre d’Océane, et au même moment, le Maire s’évanouit.

 

- Déjà dans les pommes ? s’étonna Valentin en le retenant. Ça ne fait que commencer !

- Aidez-moi à l’asseoir ! supplia sa collègue.

 

Il obéit, et ils l’amenèrent hors de la pièce pour le faire asseoir sur un petit banc. Dès qu’il revint à lui, Valentin lui proposa un verre d’eau.

 

- Vous allez mieux ? s’inquiéta Gabrielle.

- Oh…ma petite Océane…gémit-il, souffrant.

- C’est vrai que ce n’est pas un spectacle très beau à voir, approuva le jeune homme, mais c’est vraiment nécessaire. Au moins pour que nous soyons sûrs de certaines choses. J’y retourne. Gabrielle, tu restes avec lui ?

 

Elle hocha la tête et tenta de réconforter le Maire, tandis qu’il retournait assister à l’autopsie.

 

- Ça me dégoûte presque de pratiquer ce genre d’opération sur une enfant, commenta le médecin légiste lorsqu’il fit son entrée dans la salle. Quel âge avait-elle ?

- Tout juste sept ans, je crois, répondit Valentin, amer.

- Je comprends son grand-père…je n’aimerais pas qu’il arrive la même chose à ma fille.

- Et moi donc…

- Il va mettre du temps à se remettre de son choc.

- Je sais. C’est d’ailleurs pour ça qu’on lui a proposé une aide psychologique.

- Il vaut mieux. Bon, revenons dans le vif du sujet. J’ai relevé un peu de son sang, je le transmettrai au labo et ils t’enverront les résultats de l’analyse par mail, okay ? On pourra donc savoir si ton coupable l’a droguée de somnifères ou autre.

- Et sinon…

 

Le médecin légiste leva sur lui un regard chargé d’interrogations. Valentin, l’air embêté, chercha ses mots.

 

- Et sinon…est-ce qu’elle a été…

- Violée ?

- Ouais.

- Attends.

 

Il effectua quelques manipulations dans le bas-ventre de la petite fille. L’officier se tourna les pouces, anxieux.

 

- Non. Il ne l’a pas touchée. Mais alors, vraiment pas du tout.

- Ouf…je suis soulagé, soupira le jeune homme, prenant la petite main glacée d’Océane dans la sienne.

 

Il essaya de la réchauffer, mais ses efforts étaient inutiles. C’était un véritable glaçon qu’il tenait dans sa main.

 

- Il y a des traces d’hématomes sur son torse. Il n’y en a pas beaucoup, c’est vrai, mais il a certainement dû la frapper un peu. Peut-être pour la maintenir ou la faire taire. Elle a l’air d’avoir reçu un coup à la boîte crânienne… Mais rien de plus, Valentin. Le mieux que l’on puisse penser, c’est qu’il aurait pu lui arriver pire.

- Quel salaud ! ne put s’empêcher de dire l’officier, frustré, en serrant fort la main d’Océane.

 

Non seulement il avait de la peine pour cette petite fille, mais en plus, il ne comprenait pas comment une personne sans cœur pouvait agir de la sorte envers un enfant. Car il était certain qu’à son âge, elle était encore innocente, et qu’elle n’avait rien fait de mal dans sa si courte vie. Le regard dans le vide, il n’aperçut pas le médecin légiste enlever ses gants et poser ses instruments.

 

- J’ai fini. Je te transmets le plus vite possible une copie du rapport par courriel.

- D’accord…répondit le jeune homme d’un air absent. Bon. J’y vais alors.

 

Il desserra la main du cadavre, car elle en était une, maintenant. Il se pencha vers elle et déposa un baiser chaud sur son front blanc et glacé.

 

- Fais de beaux rêves Océane…

 

 

 

 

Midi. La porte de l’appartement de Gabrielle s’ouvrit dans un grand fracas.

 

- Je n’en peux plus ! s’écria la jeune femme à l’agonie.

- J’ai soif, j’ai faim, j’ai sommeil, et j’ai envie de toi ! Qu’est-ce que je fais en premier ?! Je bois, je mange, je dors ou bien, nous procréons ?

- Tu fais ce que tu veux, mais tu le fais tout seul. Moi, je me couche. Sans tentative de procréation. Je crois que je suis bien assez crevée comme ça. Pas besoin d’en rajouter une couche !

 

Tout en parlant, elle farfouillait dans son armoire à la recherche de sa nuisette.

 

- Tu exagères, commenta Valentin, en déboutonnant sa chemise.

- Si vous le dites !

 

En deux trois mouvements, elle était prête à aller se coucher. Elle esquissa quelques pas vers son lit, mais il lui bloqua le passage.

 

- Quoi ? S’étonna-t-elle.

- Rien…marmonna-t-il en lui donnant quelques petits baisers dans le cou.

 

Elle devina sans difficultés ce qu’il se passait dans sa tête. Le jeune homme avait l’habitude de l’embrasser dans le cou lorsqu’il voulait aborder son sujet de conversation favori : les enfants.

 

- Tu sais, depuis Océane…commença-t-il sur un air innocent. J’ai trois fois plus envie d’avoir des enfants…pour les protéger.

- Vraiment ?

- Ouais.

- Et bien, tu sais quoi ?

- Non.

- Depuis Océane…j’ai trois moins envie d’avoir des enfants…de peur de les perdre.

- C’est bien ma veine ! Déjà que mes chances étaient minimes, c’est bon, vous venez de tout foutre en l’air là !

 

Elle lui adressa un clin d’œil et se jeta sur son lit, laissant ainsi Valentin perplexe. Finalement, il la rejoignit.

 

- Je te ferai payer cet affront, expliqua-t-il, alors que Gabrielle fermait doucement les yeux. Demain matin, tu as droit à un « entraînement de procréation ».

- C’est bien…marmonna la principale concernée. Maintenant, laissez-moi dormir…

 

Le jeune homme la serra un peu plus dans ses bras, prêt lui aussi à s’endormir. Mais avant de partir rejoindre le monde des songes, il lui murmura quelque chose à l’oreille.

 

- T’inquiète pas, je ne lâche pas l’affaire.

 

 

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Seja Administratrice
Posté le 14/08/2009
Et voila l'enquête bouclée...
Que dire de ces trois chapitres ? Bah en fait, en commençant, on se dit en regardant le nombre de mots que la fin est loin, mais elle a tendance à arriver au contraire très rapidement. Sans aucun doute, les dialogues qui y sont pour beaucoup, mine de rien, ça anime fichtrement.
Quant à l'issue de l'enquête, elle est, ma foi, assez logique, même si pas très rejouissante. Assez ignoble même. Mais, c'est aussi l'occasion de retomber sur Jessica, qui semble s'en être plutôt pas mal remise de sa dépression. Ah et Raoul qui m'a bien fait sourire XD
Enfin, voila, voila, plus qu'à partir du côté des deux derniers chapitres.
*mouchoirs* 
La Ptite Clo
Posté le 14/08/2009
Moui, c'est certain, les dialogues, ça passe extrêmement vite, surtout quand il y en a beaucoup. XD Mais perso, qu'il y a des histoires comme la PasseMiroir, même sans des tonnes de dialogue, je suis toujours déçue à la fin, parce que c'est passé trop vite. XD
Bref, je suis très contente que tu ais bien aimé Raoul. ^^
*Clo part répondre aux deux autres commentaires de Sej*
Sunny
Posté le 25/11/2007
Miaou. xD
C'est pas mal du tout. ^^ Honnêtement, ç'aurait pu être bien pire, et puis moi, j'ai bien aimé, valà tout ^o^
-_-" Enfin, ceci dit, c'est parfaitement atroce. Aah le pourri, même pas cap' de faire le boulot lui même...
Alors comme ça Raoul connait Jessica ? ^^ Tssk, ça ferait un joli petit couple ça... lol ;D 
Reponse de l'auteur: Merci Sunny ! Je suis contente que ça t'ait plu !
*tousse* Je doute que Raoul et Jessica se supportent s'ils se mettent en couple...^^ mais bon, why not ?! ^^
Bisous, bisous ! 
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