Découragée après des heures de planque, Thomas vérifia sa montre pour la énième fois de la nuit. Elle indiquait quatre heures, la fatigue commençait à le gagner et toujours aucune trace du fantôme. Elle eut alors une idée, si Belphégor défendait vraiment le Louvre, il suffisait de s’attaquer à une œuvre et peut être qu’il se monterait. Il s’approcha d’un tableau au pif, le premier qui se trouvait sous ses yeux. Mais comment faire… il n’avait aucune envie de dégrader la peinture… Il prit une pièce de monnaie dans sa poche, et commença à gratter le cadre en bois. Ça au moins, on pourrait le changer. Il ne fallut pas plus de quelques secondes après le début de cette opération pour que le bruit de petites billes qui roulent se fasse entendre. Se rappelant ce que lui avait dit Érik, Thomas se boucha le nez avec sa main après avoir pris une grande respiration. Il s’éloigna ensuite en courant de la zone. Belphégor se dressa droit devant lui et le frappa au visage pour le faire respirer les vapeurs toxiques. Le détective prit une grande bouffer d’air par réflexe.
— Non, attendez ! Je veux vous parler ! S’exclama-t-il alors que la tête commençait à lui tourner.
— Pas moi ! Je vais t’apprendre à t’attaquer une deuxième fois à mon musée !
Il se jeta sur Thomas en lui assénant un violent coup de poing dans le ventre. Sous le choc, il tomba à genoux. Il devait réagir et vite. La jeune femme sous le déguisement commençait à en avoir marre de se faire assommer, noyer, attaquer sans n’avoir aucune réaction. Comme mu pas un instinct de survie, il fit un croche-pattes à Belphégor qui s’écroula. Thomas s’assit sur lui pour l’immobiliser. Il fut surpris que ce soit si facile. Après tout, elle n’avait pas autant de force qu’un homme. Il eut un vertige et ses yeux clignaient, mais il tenait ferme. Il ne devait pas flancher maintenant.
— J’ai besoin que vous me guidiez dans les tunnels sous Paris ! Si vous refusez, je reste comme ça jusqu’à ce qu’un gardien passe !
La créature masquée se débattait sous le poids de Thomas en grognant.
— De toute façon, d’ici quelques minutes, tu dormiras !
Les yeux de Thomas papillonnaient et il luttait pour ne pas sombrer. Sinon tous ses efforts seraient perdus.
— Peu importe ! Guidez-moi !
— Pour quoi faire ? Je n’ai pas envie de révéler mes secrets à la concurrence !
— Je n’ai aucune intention de devenir un voleur ! Je suis détective ! J’ai besoin de savoir quels tunnels sont empruntés régulièrement ces derniers temps ! Avant qu’un autre lieu culturel soit attaqué !
Belphégor était complément coincé, il n’avait pas d’autre choix que de coopérer pour le moment. Après la trahison d’Érik, Thomas n’avait plus aucune confiance dans ces personnages masqués. Il lui passa donc une paire de menottes que lui avait données le commissaire au cas où … Titubant à cause du sommeil qui l’envahissant, Thomas prit dans la poche de sa veste des sels. Il inspira plusieurs fois afin de reprendre un peu ses esprits.
— C’est à se demander pourquoi la police a mis temps de temps à vous capturer à l’époque !
— Parce que les policiers sont des imbéciles, et mes billes sont efficaces. Mais visiblement, vous étiez bien informé.
— On va dire que ce n’est pas la première fois que je rencontre un fantôme.
Le démon conduisit le détective vers la dalle par laquelle il pénétrait en toute impunité dans le bâtiment. Le couloir était sombre, seule une lampe à huile posée quelques mètres plus loin permettait d’y voir clair.
— Vous parcourez souvent ces couloirs ? demanda le jeune homme.
— Non, pas tant que ça. J’évite de m’y aventurer. C’est un labyrinthe. Je connais les grands boyaux, c’est tout.
Il faisait sombre. Le boyau sentait le moisi et les crottes de rats. Ils devaient surement être les seuls habitants permanents ici. En arrivant à un croisement, le fantôme tourna à droite sur les trois directions qui se présentaient.
— Attendez, dit le détective. Où avez-vous vu l’homme au béret la dernière fois ?
— Je ne sais pas qui est ce type. Mais tout le monde semble le chercher. Je vais vous conduire.
— Savez-vous où débouchait le couloir dans lequel il était ?
— Près de la tour Eiffel, je ne sais pas exactement où.
— Et celui-là ?
Il désigna le boyau de gauche.
— Celui-là c’est un vicieux, on dirait qu’il part dans la direction totalement opposée, mais ce n’est pas le cas.
— Il se termine où ?
— Aucune idée, mais il passe sous l’esplanade des Invalides.
Thomas faillit lâcher la lampe à pétrole qu’il tenait. Une nouvelle vague de sommeil le saisit subitement. Il se laissa glisser quelques instants au sol pour respirer de nouveau les sels. C’est alors qu’il remarqua la différence de saleté sur le sol des trois boyaux. Sur celui de droite, la crasse était plus tassée, plus hétérogène dans le couloir adjacent. Alors que dans celui où ils se trouvaient et dans celui de gauche, la fréquentation avait « nettoyé » les pierres. Les Apôtres le connaissaient donc les lieux, et savaient très bien où ils allaient : sous l’esplanade des Invalides. Là se tiendrai l’inauguration de l’exposition des Arts Décoratifs aujourd’hui même. Avec la lettre de menace, l’événement devait être très sécurisé de la surface, pas en dessous !
— Il faut aller par là ! s’exclama Thomas.
— Pas question !
Belphégor profita du trouble du détective pour lui arracher la lampe des mains et la briser au sol. Ils se retrouvèrent dans les ténèbres.
— Hé merde !
Thomas était totalement désorienté. La panique serrait son estomac. Il était prisonnier d’un tunnel labyrinthique, que personne ne connaissait, sans lumière.
Il se rapprocha du mur. Sa seule possibilité de sortir de ce piège était de remonter vers le Louvre. Ils n’avaient pas quitté l’ancien palais depuis longtemps, cela ne devrait pas être trop difficile.
À tâtons, Thomas suivait le couloir. Par moment, le jeune homme retenait des hurlements de surprise en touchant des choses gluantes inconnues. Soudain dans le silence, il crut percevoir un écho. Sûrement son imagination. Un peu plus loin, le mur se déroba sous ses mains. Mince, il ne se souvint pas qu’il y avait une intersection…
Encore une fois, il crut entendre un écho … quelque chose qui sonnait comme « oa ».
— Il y a quelqu’un ? cria-t-il à tout hasard.
Un moment s’écoula. Rien, il devait rêver.
— Thomas ! Thomas… Thom…a …. Tho…a …. O….a.
Cette fois-ci, il n’y avait plus de doute ! Il n’avait pas d’hallucination auditive ! Puis il distingua une lueur.
— Par ici ! hurla-t-il.
Une haute silhouette sombre surmontée d’un masque blanc apparu.
— Érik !
Il se précipita vers le fantôme de l’Opéra et se jeta dans ses bras, soulagés de ne plus être perdu dans le souterrain. Comme la dernière fois, Erik ne sut pas trop comment gérer cette marque d’affection et il lui tapota amicalement l’épaule. Puis, revenant à la raison, Thomas s’écarta de lui brusquement et lui colla un coup de poing sans pour autant faire voler le masque. Ne s’attendant pas une telle réaction Érik se le mangea en pleine poire.
— Ça, c’est pour avoir essayé de me tuer sous l’Opéra ! Tu es un monstre Érik ! Tu ne peux pas traiter les gens comme ça !
L’épisode lui restait en travers de la gorge. Il ne lui ferait plus jamais confiance, même si dans le moment présent, il était content de le voir. Le fantôme n’avait pas bronché et le toisait un sourire mauvais sur les lèvres après avoir remis son masque en place. Thomas ne se dégonfla pas et soutint le regard d’Erik.
-La prochaine fois je te laisserai crever dans ces souterrains, maugréa ce dernier en tournant les talons.
— Comment m’as-tu trouvé ?
— Tu peux remercier le Persan. Il te surveille depuis des jours. C’est un homme passe-partout lorsqu’il ne porte pas son turban. Il a fait son possible pour te garder à l’œil dans le Louvre sans pour autant réussir à y pénétrer. Quand il t’a vu te glisser sous la dalle avec Belphégor. Il est accouru sous l’Opéra.
— Merci quand même d’être venu, marmonna Thomas.
— C’est la troisième fois que je te sauve la vie. Il ne va pas falloir en faire une habitude.
Thomas rit jaune à cette réflexion.
— On va dire deux fois, ça compensera le fait que TU aies essayé de me tuer, Érik. Maintenant, il faut faire vite ! Les Apôtres vont s’attaquer à l’inauguration de l’exposition des Arts décoratifs aux Invalides !
— Comment ?
— Je ne sais pas ! Par-dessous ! Si je voulais me rattraper de l’échec de la tour Effel, je ferais tout sauter ! Rapide, efficace, beaucoup de victimes !
— Très bien, tu remontes à la surface et tu préviens la police. Moi je vais voir ce que je peux faire en passant par les souterrains ordonna Erik.
Thomas voulut protester, mais c’était la solution la plus logique. À contrecœur, il lui fit un signe affirmatif de la tête puis lui indiqua approximativement où devait être l’intersection.
— Tu vas t’en sortir ? S’enquit Thomas, inquiet.
— Oui, les grottes et autres crevasses, ça me connait. Toi, tu continues tout droit dans cette direction, et tu arriveras à la trappe.
Et sans se dire autre chose, ils partirent chacun dans une direction.
Ca fait un petit moment que je n'étais pas passé par là, il m'a fallu un petit temps pour arriver à remettre l'intrigue en place dans ma tête @@
J'ai pas mal de positif pour ce chapitre ! D'abord je trouve l'écriture plus fluide qu'avant, plus naturelle, y compris dans les dialogues ! J'ai l'impression que tu prends plus de temps à développer ton récit (même si c'est encore un poil trop rapide, surtout dans certains moments importants), et j'ai beaucoup apprécié certains éléments (notamment le jeu avec l'écho, qui est très bien rendu).
Deux petites remarques :
1. Le fait que tu varies sans cesse entre elle et il en parlant de Thomas, me perd complètement, alors même que je sais pourquoi tu le fais. Si tu veux rendre compte de l’ambiguïté du personnage, je te conseillerai plutôt d'utiliser le pronom neutre "iel", qui permettra de mieux comprendre de qui tu parles et à qui tu te réfères.
2. Cette seconde remarque est un avis très très personnel mais je trouve cette action : "Comme la dernière fois, Erik ne sut pas trop comment gérer cette marque d’affection et il lui tapota amicalement l’épaule. Puis, revenant à la raison, Thomas s’écarta de lui brusquement et lui colla un coup de poing sans pour autant faire voler le masque. "
Très... cliché. Je vois bien le mouvement, ce que tu cherches à faire, et comme c'est très connu je m'imagine bien la scène, mais je pense que tu peux rendre compte de l'antagonisme des deux personnages sans passer par des tropes vus, vus et revus ! Le coup du kiss kiss bang bang ça lasse un chouilla mon âme de grosse lectrice.
Voilà ! Je ne m'attarde pas et je passe à la suite !
Oui, je sais pas trop quoi faire avec elle/il. J'y pense au "iel", mais après si je veux soumettre un jour, il faudra que la ME accepte .... j'ai ce souci avec un texte d'un AT, ils ne veulent pas de l'écriture inclusive ( c'est un choix, je le discute pas même si je le regrette).
J'assume totalement le côté cliché de cette petite scène ^_^ . Je me fais un peu (beaucoup plaisir) j'avoue ;)