chapitre 17

Thomas sorti en quatrième vitesse du boyau et se rua vers le premier policier qui croisa son chemin. Alors que le jour se levait, les deux hommes se précipitèrent au commissariat. À une heure aussi matinale, aucun inspecteur ne s’y trouvait. Il fallut une bonne demi-heure pour que celui chargé de l’investigation n’arrive. Thomas était complètement stressé, se tordant les mains dans tous le sens. Pendant que ces andouilles prenaient leur temps, le groupe de taré pouvait frapper à tout instant.

Installé tranquillement sur sa chaise, l’homme n’écoutait que d’une oreille attentive ce que lui disait Thomas. Les rictus méprisants qu’il lui envoya lors de la mention de Belphégor en disait long sur ce qu’il en pensait, de cette histoire.

Le jeune détective perdait patience quand un homme à la peau noir entra.

— Ne vous inquiétez pas Monsieur Le Forban, je prends en charge cette affaire.

— Et vous êtes ? L’agressa le jeune détective.

— Inspecteur Côme Toussain, brigades du Tigre.

Le cœur du jeune homme se serra. Un inspecteur des Brigades du Tigre ! Ses idoles ! Il ne savait pas qu’il y avait des personnes de couleur au sein de cette institution.

Sa colère redescendit pour laisser place à l’admiration.

— Expliquez-moi plus en détail, s’il vous plait. S’ils veulent faire un gros coup, ils attaqueront lors de l’inauguration. Ça nous laisse quelques heures. Merci Commissaire, vous pouvez disposer, ordonna le nouvel arrivant.

L’officier sorti en ronchonnant et grommelant dans sa barbe.

— De toute façon, s’ils envoient le négro, c’est qu’ils n’en ont rien à foutre

Thomas écarquilla les yeux de stupeur. Comment cet homme pouvait si ouvertement insulter un supérieur ! Il voulut lui répondre, mais l’inspecteur prit la parole avant.

— Ne vous inquiétez pas, j’ai l’habitude. Et il a raison. Ils essaient de se débarrasser de moi, alors ils m’envoient toujours sur des enquêtes bidon.

— Enquête bidon ? Je ne vous permets pas ! Elle a été menée avec le plus grand sérieux et…

— S’il vous plait, ne vous énervez pas. Racontez-moi ce qu’il se passe.

Thomas fulmina un bon coup puis commença alors son récit, en omettant volontairement les deux fantômes. Crédibilité et secret des sources.

— Vous pouvez nous guider dans ces souterrains ? demanda l’inspecteur.

— Oui, dans une certaine mesure, mais pour la sécurité de la surface ?

— Ne vous inquiétez pas, je vais envoyer un message à mes collègues.

Thomas se réjouissait de pouvoir aider les brigades, et en plus, ça permettrait de faire sceller la dalle du musée. Il souhaitait être une mouche pour voir la tête de Belphégor quand il reviendra au Louvre et qu’il trouvera « porte close ».

C’est toujours dans l’urgence que l’impression du temps s’écoulant à toute vitesse apparait. Onze heure sonnait lorsque l’inspecteur, deux hommes et Thomas prirent la direction du Louvre équipé des lampes à pétrole.  

Une fois dans les souterrains, le jeune détective fit de son mieux pour les guider jusqu’à l’intersection où Belphégor l’avait semé quelques heures plus tôt. À partir de là, c’était l’inconnu. Il espérait surtout qu’ils ne tomberaient pas sur Érik, car ils ne chercheraient sûrement pas à savoir dans quel camp il est.

Comme l’avait laissé sous-entendre Belphégor, le boyau changea brusque de direction en s’enfonçant plus profondément. Le petit groupe arriva à une intersection en forme d’Y.

— On va se séparer, décida l’inspecteur Toussain.

Il partit d’un côté avec un policier, alors que Thomas allait de l’autre avec le second officier.

Ils parcourent plusieurs centaines de mètres avant qu’une autre lampe que la leur n’éclaire le tunnel. Le détective éteignit la sienne pour ne pas être repéré s’il s’agissait bien des Apôtres.

Sans crier garde, une ombre se glissa derrière eux et assomma le policier. Thomas se retourna en sursautant et pointant vers elle le pistolet que lui avait confié l’inspecteur.

— Ho Érik ! Tu m’as fichu la frousse ! J’aurai pu te tuer !

— Tu raterais une vache dans un corridor.

La gorge du jeune homme se serra, car il savait qu’il avait raison…Aurait-il réussis seulement à appuyer sur la gâchette ?

— Tout le monde n’a pas l’habitude du meurtre, réplica-t-il, vexé.

Le fantôme esquissa un sourire effrayant derrière son masque blanc. Il lui passa devant en le toisant de toute sa hauteur.

Sale con.

Il finit de la guider à travers les tunnels jusqu’à une grande salle où une dizaine d’hommes s’affairaient.

— Que font-ils ? demanda tout bas Thomas.

— Ils préparent une bombe. Ils ont creusé le plafond pour n’être qu’à quelques mètres de la surface. Quand elle explosera, elle pulvérisa la tribune, enflammera les couloirs et tout s’écroulera. Un pur carnage.

— Il faut intervenir !

— Tout doux, ils ne vont pas se faire sauter. Ils vont mettre un retardateur et partir. On interviendra à ce moment.

— Oui, mais il faut aussi les arrêter ! S’ils repartent par ce tunnel, nous ne pourrons pas les maitriser à nous deux.

— Il n’y a plus qu’à espérer qu’ils partiront par l’autre passage, là-bas de l’autre côté. La galerie forme une boucle.

— Une boucle ? Ça veut dire que l’inspecteur Toussain doit être de l’autre côté.

— Tu as ramené combien de policier avec toi ?

Il ne lui répondit pas.

Ils observaient la scène en attendant de pouvoir agir. Thomas trépignant d’impatience. Fallait-il vraiment attendre le dernier moment pour passer à l’action ? Plus le temps passait, plus la marge de manœuvre diminuait. Cette idée du passé par l’esprit de l’inspecteur, car il choisit ce moment précis pour entrer en action. Sortant de l’autre tunnel, arme à la main, il hurla :

— Brigade du Tigre, personne ne bouge !

— C’est le moment ! marmonna Thomas prêt à s’élancer à son tour dans la salle.

— Non attends.

Érik la saisit par le bras et la retient près de lui.

L’inspecteur des brigades s’avança vers les Apôtres qui étaient visiblement très surpris de voir un policier, mais cela ne sembla nullement les perturber plus que mesure.

— Rendez-vous. Mettez-vous face contre le mur ! leur ordonna-t-il. Mes hommes attendent mon ordre pour attaquer si vous ne coopérez pas.

Les travailleurs rirent. Cela ne sembla pas décontenancer Toussain. Il savait très bien qu’il y allait au bluff. L’un d’entre eux s’avança vers lui comme s’il n’y avait aucune arme pointée vers lui.

— Inspecteur, vous êtes seul. Je ne sais pas comment vous avez trouvé les tunnels et notre groupe. Mais vous n’êtes pas venu avec une escouade. Nous les aurions entendus à des kilomètres à la ronde, ils sont moins discrets qu’un troupeau d’éléphants.

L’inspecteur ne broncha pas. Les deux hommes s’observèrent un long moment en silence. C’est la détonation du pistolet qui brisa ce silence. Sans autre forme de sommation, l’inspecteur venait d’exécuter le gredin.

Thomas laissa échapper un cri d’horreur bien plus aigu qu’il aurait aimé. Érik ne lui colla la main sur la bouche que trop tard. Tous les regards se tournèrent alors vers eux.

Sur le coup de ces deux surprises, personne ne bougea. Puis soudain la panique gagna les bandits. Plusieurs se jetèrent sur l’inspecteur qui venait de tuer leurs confrères pendant que d’autres se précipitèrent vers Érik et Thomas.

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Zig
Posté le 19/08/2020
Et hop ! Alors... autant j'ai été très convaincue par le chapitre d'avant, autant celui-ci retombe dans cette rapidité d’exécution qui casse un peu ton intrigue.

Toussain apparaît très vite, et on a à peine le temps de le caractériser. Je suis ultra heureuse de voir un personnage de couleur dans ton roman, mais il apparaît de manière très étrange, et n'existe finalement que par ses origines et la vision raciste des autres. Fais attention... dans l'époque où tu écris, la manière de voir les personnes non-blanches est très différente d'aujourd'hui, et même le racisme que tu dépeins n'est pas assez crédible. Je te conseillerai de mener de plus amples recherches sur le sujet pour gagner en réalisme et en crédibilité.

Ici, on sent qu'on s'approche de la fin du roman et tout s’accélère... beaucoup trop vite. Ton écriture est bonne, et pleine de potentielle, mais je pense qu'il faut que tu reposes tranquillement ta trame et que tu la revois pour la ralentir et la complexifier. Comme je te l'avais déjà dit, tu tiens entre les mains une belle histoire, intéressante, mais tu n'as pas assez de moments où on peut devenir plus intime avec tes personnages et comprendre ce qui les anime. Prends ton temps, pose le décor, travailles les liens, et bosse tes antagonistes aussi... au final ils ne semblent être que des menaces un peu fantômes, que lea lecteurice a du mal à appréhender parce qu'on les a peu vus, finalement, et qu'on ne comprend pas bien leurs motifs.

Je pense que tu gagnerais à créer un plan de trame, sur une bonne vieille feuille blanche, avec une chronologie des événements actuels. Ensuite tu pourras voir à rendre l'ensemble plus complexe et l'étoffer par d'autres scènes importantes.

Ca fait beaucoup de travail et ça fait peur, mais tu as réussi le plus dur : le premier jet. Maintenant tu n'as plus qu'à retravailler ta matière brute, pour donner naissance à un petit bijou !
SalynaCushing-P
Posté le 19/08/2020
Salut encore ! Oui, je suis tout à fait d'accord sur tes remarques sur Côme. Ca me travaille beaucoup pour ne pas en faire "le noir de service" ... Je n'ai pas ça non plus. Il mérite bien mieux que ce que je fais avec lui pour le moment !
Je sais aussi que mes "antagonistes" sont trop léger...
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