Ils étaient partis tôt le matin, après un solide petit déjeuner. Taka avait accepté de les guider jusqu’à Lapiz et Surielle était réjouie de passer encore un peu de temps avec sa cousine. Rayad et Shaniel étaient inquiets pour Alistair ; le jeune ailé n’avait toujours pas repris conscience quand ils s’étaient levés.
Elycia leur avait assuré qu’elle veillerait sur lui quand elle avait perçu leur hésitation. Rayad était tiraillé entre son envie de trouver des réponses à Lapiz pour rentrer chez lui au plus tôt, et la culpabilité qu’Alistair ait été blessé par sa décision de se rendre sur Massilia. Payait-il le prix de son impatience ?
En dépit des paroles rassurantes de Surielle et Elésyne, Rayad n’appréciait pas de laisser Alistair seul au milieu des Massiliens. Il craignait des représailles sur son ami, malgré la paix. L’attaque à laquelle ils avaient été confrontés avait douché son optimisme sur la situation. Lui-même ne s’était que peu intéressé à la Fédération des Douze Royaumes, jusque-là, les affaires de l’Empire requérant la plupart de son temps. C’était uniquement par curiosité sur le peuple d’origine d’Alistair qu’il avait épluché quelques livres regroupant leurs connaissances sur le sujet. Depuis qu’il était en terre étrangère, cependant, il avait du revoir son opinion sur l’état de leurs relations diplomatiques.
Il se souvenait pourtant d’avoir rencontré la Souveraine par le passé, ainsi que son époux. Leur escorte était chaque fois peu nombreuse et leurs visites restaient annuelles. Son père, l’Empereur Dvorking, Orssanc garde son âme, avait un emploi du temps chargé. Rayad espérait changer les choses à son retour, sans se bercer d’illusions : il doutait que la paix l’attende et craignait que la guerre civile déchire la fragile harmonie entre les Familles.
— Vous êtes prêts ?
Rayad caressa une dernière fois le bec lisse et froid de Zéphyr, puis acquiesça. Le regard du griffon pétillait d’intelligence et le prince se demanda quelles étaient ses pensées. Il considérait l’animal comme un ami, n’oubliait pourtant pas que son espèce avait été créée pour l’amusement de son peuple. Comment se sentait-il, sur cette planète inconnue ? Rayad avait veillé à ce qu’il soit nourri de viande fraiche et s’était occupé de sa toilette, savait que Grenat, le griffon de sa soeur, lui était d’un réconfort, mais parfois, il se demandait si c’était suffisant.
Comme s’il avait perçu ses pensées, Zéphyr s’ébroua, claqua du bec comme pour l’inciter à se dépêcher. Rayad rougit en réalisant que tous l’attendaient et se hissa sur le dos du griffon. Sa confiance en Zéphyr était totale ; jamais il ne le laisserait tomber.
Taka et Surielle décollèrent avec quelques pas d’élan, suivies par Shaniel, et Rayad se hâta de les imiter. Alors qu’ils gagnaient en altitude, il se retourna. La demeure du Djicam rapetissait à vue d’oeil. Il eut un pincement au coeur en songeant à Alistair, toujours inconscient. Le jeune ailé serait furieux qu’ils soient partis sans lui, arguant de sa sécurité. Rayad avait déjà préparé sa défense : l’Emissaire Taka - il avait toujours du mal à l’appeler par son véritable prénom - était une combattante de valeur, et puisqu’ils étaient ses invités, ils étaient sous sa protection. La Seycam bénéficiait quand même d’une certaine aura.
Rayad n’aurait jamais du songer à se justifier auprès d’Alistair. Qu’il soit son ami était une chose, mais Rayad était le futur Empereur, et Alistair un subalterne. Rayad espérait que son prochain titre n’entacherait pas leur relation : il aurait besoin des avis francs de son ami.
Et pour le moment il devait se concentrer sur leur mission. Trois heures de vol, avait estimé Taka. Ce serait long. Zéphyr semblait n’avoir aucune difficulté à tenir le rythme qu’imposaient les deux massiliennes. Elles se relayaient à la tête de la formation, échangeant quelques gestes qu’il supposait être une forme de communication. Avec leur vitesse, se parler était impossible. Même en hurlant, il doutait de comprendre une simple phrase.
Le vent fouettait son visage, bien plus frais qu’au sol, et Rayad resserra sa cape autour de lui, tant bien que mal. Il l’avait arrangée dès le départ, pour éviter qu’elle ne claque au vent, mais leur allure était telle que ses efforts se montraient vains. Et l’air s’immisçait dans le moindre interstice, lui arrachant des frissons.
Rayad plissa les yeux. Comment se repéraient-elles ? Le paysage lui paraissait constant, avec ses forêts de sapins et les sommets parfois auréolés de nuages.
Le temps passant, il discerna des variations dans les teintes de vert, s’aperçut que chaque montagne était subtilement différente : des aiguilles à la pointe effilée, solitaires, d’autres évoquaient un crochet, certaines massives, aux formes arrondies, côtoyaient des parois quasi verticales. Taka semblait suivre une ligne de crête, d’ailleurs. Était-ce l’équivalent des routes, pour eux ?
Rayad soupira et se détourna du sol pour reporter son attention sur les nuages. Quelques cumulus flottaient au-dessus d’eux ; parfois il avait l’impression que s’il tendait la main, il pourrait les toucher. Rayad sourit. Enfant, il en avait rêvé ; dès que Zéphyr l’avait toléré sur son dos, il était allé traverser un nuage et s’était retrouvé trempé. Cette désillusion n’avait pas douché sa passion pour ces douceurs blanches, aux formes irréelles qui le laissaient rêveur. Son père ne saurait jamais qu’il choisissait sa place au Conseil pour sa position face à l’une des rares fenêtres. Rayad tâchait de rester concentré, mais face à certains Seigneurs aux discours pompeux, regarder passer les nuages était une bénédiction pour tromper son ennui.
Taka et Surielle les avaient pourtant prévenus : en cas de nuages d’orage, ils se poseraient immédiatement. Les éclairs étaient trop imprévisibles, mortels. Rayad et Shaniel n’avaient volé que par plaisir, jusque-là - n’étant pour quitter Valyar. Et l’Emissaire les avait jugés trop inexpérimentés pour prendre le moindre risque.
Rayad était plongé dans une douce rêverie quand il remarqua le geste de Taka, indiquant le sol. Avant même qu’il puisse presser sa main sur le cou de Zéphyr pour lui indiquer de la suivre, le griffon avait deviné ses pensées. Le jeune prince sourit. Zéphyr était irremplaçable, un don du ciel.
Ils atterrirent aux côtés des Massiliennes. Rayad sauta au sol, heureux de marcher un peu pour délasser ses jambes, engourdies par les longues heures de vol.
Devant eux, des bâtiments en pierre ocre, noircis par endroit, éventrés pour la plupart. Les fenêtres étaient brisées, des volets battaient parfois au vent, des tourbillons de poussière traversaient les rues pavées. Une ville abandonnée, songea Rayad, pourtant quelque chose titillait son esprit. Quelque chose d’anormal.
— Alors c’est ça, Lapiz, commenta Shaniel à ses côtés. J’aurais cru que la végétation aurait totalement envahi les lieux, depuis le temps.
— Oui, confirma Taka. Un phénomène que nous n’expliquons pas. Regarde bien, tu verras qu’il y a une démarcation nette entre la végétation et la cité.
Maintenant que l’Emissaire avait mis le doigt dessus, Rayad ne voyait plus que ça. Il était certain que s’il s’élevait suffisamment, il verrait un cercle parfait qui entourerait la ville. Quelle était cette bizarrerie ?
— Suivez-moi, je vais nous conduire au Temple.
Curieux, Rayad enjoignit à Zéphyr de l’attendre là, et après une dernière tape sur son cou, s’empressa de rejoindre les filles. Après plusieurs minutes de marche, Rayad commença à trouver l’atmosphère… étrange. Presque pesante. Parce qu’il était seul au milieu de trois jeunes femmes ? L’idée le fit sourire, mais il la dissipa. Non, c’était autre chose.
— Vous l’avez perçu aussi ? s’enquit alors Taka.
Elle s’était arrêté sur une place circulaire, où les pavés dessinaient des motifs géométriques. Shaniel acquiesça.
— Quelque chose semble anormal.
— Le silence, expliqua l’Emissaire. La nature n’aime pas le silence. Il y a toujours des chants d’oiseaux, des cris, des bruissements…
— Les animaux n’auraient-ils pas du recoloniser les lieux ? s’étonna Surielle.
— D’après ce que papa m’a dit, ils se tiennent éloignés des murs de la cité. Je vous l’avais dit, non, que Lapiz était supposée être maudite ?
Shaniel gloussa. Ce n’était peut-être pas plus mal qu’Alistair ne soit pas là. Le jeune ailé détestait tout ce qui avait trait à la superstition.
— Le Temple était là, indiqua Taka.
Shaniel suivit son regard. Plusieurs bâtiments effondrés bordaient la place. Au travers des ouvertures, elle distinguait encore des reliquats de meubles, des lambeaux de rideaux. Curieuse, elle s’approcha davantage. Oui, il y avait encore de la vaisselle, des morceaux de faïence brisés qui jonchaient le sol sous la charpente noircie. Elle frissonna. Trois siècles, avait dit le Djicam ? L’incendie semblait bien plus récent. Comme si tout s’était figé dans le temps.
La jeune princesse se reprit, rejoignit Taka et Surielle qui l’attendaient. Rayad haussa les sourcils en une question muette à laquelle elle répondit d’un haussement d’épaules.
L’Emissaire s’accroupit pour enlever la poussière d’une inscription sur un bloc à terre.
— Eraïm. C’est le bon endroit.
Surielle l’aida à pousser les débris, dévoilant plusieurs marches qui s’enfonçaient dans les ombres.
— C’est bien sombre, s’inquiéta Shaniel.
— N’aie crainte, les Temples d’Eraïm ont toujours eu de la lumière.
L’impériale fronça les sourcils.
— Comment…
Elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase. Taka avait commencé la descente, et sa silhouette s’illumina bientôt, auréolée d’une lumière provenant des murs.
— Fascinant, marmonna Shaniel à sa suite, tandis que sa main venait effleurer les parois rugueuses. La Fédération ne possédait pas la technologie si familière aux impériaux, elle le savait. Il n’y avait pas d’électricité, alors comment ces rondes appliques parvenaient-elles à diffuser une lueur suffisant pour qu’ils voient où poser leurs pieds ?
— Tu es déjà venue ici ? s’enquit Rayad quand ils arrivèrent dans une salle rectangulaire.
— Non, mais j’en ai entendu parler, répondit Taka.
La jeune ailée s’avança dans la salle, demeurée obscure, d’un pas si assuré que Rayad fit un pas pour la suivre.
Surielle le retint par le bras.
— Attends, souffla-t-elle. Taka est Liée, elle voit bien mieux que nous dans le noir.
Rayad s’apprétait à protester quand la pièce s’illumina progressivement et révéla Taka au centre, devant un pilier surmonté d’une coupole étrangement semblable à celui qu’ils avaient vu au Temple d’Eraïm sur Mayar.
— C’est magnifique ! s’extasia Shaniel.
Elle ne savait pas combien de niveaux ils avaient descendu, mais le plafond était intact, constellé de points lumineux qui ne semblaient pas placés au hasard. Les étoiles locales, peut-être ? Elle ne reconnaissait rien.
Plus loin, Surielle s’était accroupie devant le mur. Shaniel s’approcha. Des bas-relief ?
— Je crois que ça raconte une histoire, murmura Surielle en promenant ses doigts sur les contours. Regarde, là, ce doit être Era…notre Dieu, non, qui pose ses mains sur les têtes des gens à genoux ?
Shaniel fronça les sourcils.
— Je ne l’imaginais pas si… dominateur.
— Ca commence ici, intervint Taka.
Les jeunes gens la rejoignirent. Taka tapota le mur.
— Regardez ça. Le système solaire de la Fédération et ses douze planètes.
— Toujours cette silhouette humanoïde, nota Surielle.
Les cheveux longs, la toge plissée… elle était sûre qu’il s’agissait d’Eraïm. Le dieu était censé avoir créé les douze planètes ; était-ce qui était représenté ?
Le bas-relief courait sur tout le pourtour de la salle, découpait en vignettes de taille similaires. Avec un frisson, Surielle comprit que les gravures représentaient le tout début de la Fédération. Et s’interrogea aussitôt : pourquoi ce savoir n’était-il pas enseigné à tous ?
Surielle se décala pour suivre l’histoire. Sur la vignette suivante, il y avait une Porte, et la broche en forme de phénix indiquait que l’homme était un Prêtre. Elle pinça les lèvres. Les Portes avaient donc été créées très tôt, mais rien n’indiquait comment en créer de nouvelles, apparemment.
— On dirait un vaisseau, remarqua Shaniel.
Les autres la rejoignirent. Elle montrait du doigt ce qui ressemblait à une nacelle pourvue de courtes ailes, le nez enfoncé dans le sol, des tourbillons de fumée s’échappant de l’arrière.
— L’arrivée des Anciens, possiblement ? risqua Taka.
Il y avait sur le sol de la Fédération de rares vestiges que les historiens du Onzième Royaume attribuaient aux Anciens, une civilisation dont on savait peu de choses, excepté qu’ils avaient créé des merveilles impossibles à reproduire aujourd’hui.
— Si c’est le passé qu’il faut creuser, nous aurions dû aller sur Aquiléa, dit Surielle en fronçant les sourcils. Les Prêtres ne voient que la dimension spirituelle de notre existence, or nous avons besoin de concret !
— Je suis surpris que nous ne connaissiez pas vos origines, avoua Rayad. C’est un point que nous abordons lors de nos études.
Taka renifla.
— Surielle l’a dit, seuls les Aquiléens s’intéressent au passé. Nous avons suffisamment à faire avec notre présent, sans parler du futur.
Rayad soupira. Il avait espérer trouver de l’aide sur Sagitta, puis Mayar… ils avaient dû se rendre sur Massilia pour un soi-disant indice supplémentaire, et maintenant, Aquiléa ? Hors de question qu’il fasse le tour des douze planètes de la Fédération pour trouver une solution à son problème !
Découragé, il s’assit au centre de la salle. Cette piste se révélait être une perte de temps. Comment rentrer chez lui, comment faire pour aider son peuple ? Ses poings se serrèrent. Quatre jours, déjà, et il n’avait aucun moyen d’obtenir des nouvelles. Jamais il n’avait ressenti aussi cruellement la perte de la technologie impériale. C’était tellement frustrant de se déplacer si lentement, de ne pouvoir contacter directement les gens pour leur demander une information… Parfois, il enviait l’Emissaire, connectée au réseau du Wild par l’intermédiaire de son Compagnon. Ça, c’était innovant, et pratique ! Mais le prix à payer était élevé. Partager son âme et sa vie avec un simple animal ? Pour Rayad le risque était trop important.
— Là !
Le cri de joie de Surielle le sortit de sa torpeur. La jeune ailée était surexcitée, ses ailes s’agitaient, créant des reflets dorés sur les murs. Un instant, Rayad suivit les mouvements quasi hypnotiques. Le rouge se mêlait à l’or pour évoquer des flammes, dans un ballet d’une beauté à couper le souffle. Le charme se rompit lorsque Surielle se déplaça, et Rayad cligna plusieurs fois des yeux. Orssanc lui vienne en aide, il était plus fatigué qu’il ne le croyait.
Avec un soupir, Rayad se redressa et s’approcha de Surielle. Un large sourire barrait son visage.
— La plume sur sa nuque ! L’Eveillé !
— Loin de moi l’idée de doucher ton enthousiasme, Surielle, mais, cette fresque ne raconte-t-elle pas le passé ?
— Regarde l’arrière-plan plus attentivement, intervint Shaniel.
L’air grave de sa soeur était suffisamment rare pour qu’il se concentre. Il n’y avait rien d’autre pourtant que des points et des cercles, derrière les silhouettes en premier plan. Jusqu’à ce qu’il comprenne. Ses doigts vinrent toucher la pierre, froide et lisse. Les neuf orbites du système solaire de l’Empire. Par Orssanc, cela signifiait-il que leurs deux nations aient effectivement une même origine ?
— L’Eveillé se trouverait en territoire impérial ? C’est une plaisanterie ?
— S’il est lié à Orssanc, c’est plutôt logique, non ? répondit Taka en haussant les épaules.
Rayad ravala une réplique cinglante. Manifestement, personne ici ne semblait prendre leur situation au sérieux. Peut-être Alistair avait-il raison. Il avait cherché à se montrer accommodant, peu désireux de mettre à mal leur alliance fragile… que pouvait-il faire d’autre, après tout ? Les menacer ? Alors qu’il était coincé ici, alors que la Barrière protégeait la Fédération de toute attaque physique ?
Non, il n’était pas en position d’exiger quoi que ce soit.
Une main se posa sur son épaule.
— Ça va ? s’enquit Surielle.
— J’ai l’impression de tourner en rond, marmonna-t-il.
— Remontons prendre l’air, suggéra Shaniel. Ca doit être l’heure de manger, non ? Autant profiter du soleil.
La princesse avait remarqué l’air sombre de son frère. Rayad prenait son rôle très à coeur, or la maitrise des évènements lui glissait entre les doigts et la patience n’était pas son fort.
Ils remontèrent à l’air libre, plissèrent les yeux sous l’assaut des rayons du soleil, s’installèrent à même le sol poussiéreux avant de déballer leur repas. La matinée avait filé plus vite qu’ils ne le prévoyaient. Un faucon piqua sur eux, avant de se poser près de Taka. La jeune femme lui proposa quelques lanières de jambon qu’il engloutit.
— Ton Compagnon ? s’enquit Shaniel avec curiosité.
Taka acquiesça.
— N’est-ce pas un peu… bizarre, de savoir que ta vie est liée à la sienne ? questionna Rayad.
— Nous mourrons tous un jour ou l’autre, répondit Taka. Le lien unit nos forces. Je vois mieux, il profite de ma force. Et grâce au Wild, nous communiquons.
— Pourquoi n’êtes-vous pas tous liés, du coup ? demanda Shaniel. Est-ce réservé aux seuls Mecers ?
— Non, du tout. C’est juste que notre formation nous prépare davantage. Se lier implique de partager totalement son esprit. Toutes tes peurs, toutes tes hontes, tous tes secrets, sont mis à nus. La plupart des gens ne le supportent pas. Et certains Envoyés non plus, d’ailleurs.
— Ils sont alors exclus des Mecers ?
— Non. Ils en perdent l’esprit. Ils ne reviennent pas de la Forêt de Jade.
Shaniel frissonna, coula un regard à Grenat, couché non loin de là. Nombre de fois elle avait souhaité pouvoir lire dans ses pensées ; le prix à payer lui paraissait disproportionné. Elle adorait Grenat, ses yeux rouges si semblables aux siens, le masque noir qui lui donnait autant de prestance que son maquillage, ses sifflements brefs qui trahissaient son excitation.
— Je ne pourrais pas, je crois.
Étrangement, Taka sourit.
— Je ne peux pas t’en vouloir. Tu sembles bien plus consciente des risques que les jeunes de ton âge, qui ne sont qu’enthousiasme. Les Mecers sont une unité d’élite, et notre lien fait notre force et notre différence.
— Es-tu sûre qu’il s’agissait bien de l’Eveillé, Surielle ? intervint Rayad.
Perdue dans ses pensées, la Massilienne releva la tête.
— Certaine. La plume tatouée sur son cou, comme a dit E… comme il a dit. Et puis, la scène était certes abimée, mais sa tête était inclinée, en signe de respect, ou de soumission, je ne saurais te dire, mais je suis prête à parier que les deux mains posées sur lui appartiennent à Orssanc.
— Nous pouvons retourner voir, si tu le souhaites, proposa Shaniel. J’ai fait un rapide croquis, si tu souhaites l’étudier en détail.
— Je crains que ça ne nous avance pas à grand chose, soupira Rayad. Nous ne pouvons toujours pas rentrer chez nous.
— Pensais-tu que l’Eveillé te ramènerait dans l’Empire en claquant des doigts ? s’étonna Taka.
— Pourquoi pas ? C’est la question que j’ai posée à la Prêtresse, après tout.
L’Emissaire se leva.
— Alors rentrons. Mes parents auront peut-être une solution à vous proposer.
Rayad ravala ses paroles. Si la Souveraine et son époux n’avaient rien pu faire - alors même qu’ils étaient liés à des phénix ! - il doutait qu’un Djicam le puisse.
— Et peut-être qu’Alistair est réveillé, ajouta Shaniel. Il trouvera peut-être un détail qui nous aurait échappé.
Depuis qu’il était en terre étrangère, cependant, il avait du revoir son opinion sur l’état de leurs relations diplomatiques.
→ dû
Rayad n’aurait jamais du songer à se justifier auprès d’Alistair.
→ dû
Donc, l’indice à Lapiz était une fresque sur laquelle l’Eveillé se trouve dans l’Empire. Super… Voilà qui ne les avance guère pour savoir comment s’y rendre. Je comprends la frustration de Rayad. Tout ça pour ça ?
Décidément, j'oublie toujours les accents sur les "du". J'écrivais avec scrivener et son truc de correction est moins au point.
Oui, j'avoue que la piste est maigre. Puis retourner dans l'Empire c'est aussi ce qu'ils cherchent dès le début... ça les fait rentrer pour ça plutôt que pour reprendre le trône mais du coup... ouais, y'a un truc qui coince. Faut que je cogite.
Merci :)