Chapitre 16

Notes de l’auteur : « Tu continues à danser sur hits sales, si t’étais toute à moi tu serais mon casse-dalle » Thérapie TAXI
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Les couloirs bondés de l’université m’apparaissent différemment ce matin. Pour la première fois, j’observe avec attention les gens qui m’entourent, les étudiants, les professeurs. J’analyse leur langage corporel, devine le type de relation qui les lie. Martin n’est pas encore là quand j’approche de notre classe, contrairement à la petite bande de Bastien. Celui-ci me salue avec gentillesse quand je les rejoins. 

- Hey Emilie. On fait une soirée chez moi vendredi soir, tu es la bienvenue si ça te branche.

- Quel genre de soirée ? Juste vous ou il y aura plus de monde ?

Il semble soudain se rappeler de ma mésaventure passée et rougit, embarrassé.

- Notre bande et quelques autres de la fac. On sera une vingtaine, peut-être plus. Je te donne mon numéro comme ça, tu me tiendras au courant. 

Je lui tends mon téléphone pour qu’il y rentre son numéro. Lorsqu’il me le rend, nos mains s’effleurent. Je masque mon embarras en souriant et en le remerciant.

Elsa nous rejoint à ce moment-là et sourit à tout le monde, affichant fièrement sa nouvelle coupe de cheveux. Son brushing est parfaitement exécuté et leur couleur est bien entendue différente. Elle n’en finit pas de nous surprendre avec cette fois du noir d’un côté et du blanc de l’autre.

- Sympa ! Commente Bastien avant de lui proposer également de se joindre à eux le week-end prochain.

- Vous y réfléchissez ! » nous lance-t-il au moment de s’engouffrer dans la classe.

- El’, viens.

Je l’attrape par le poignet et la tire derrière moi au fond de la classe, près de la fenêtre où je trouve deux places libres. La cloche sonne au moment où Martin fait son entrée. Je ne peux m’empêcher de regarder dans sa direction et croise son regard. Il semble incertain de la façon dont il doit se comporter avec moi. Je préfère me détourner vers Elsa et engager une fausse conversation.

Celle-ci me regarde d’un air interrogateur, et une fois que tout le monde est installé et que le cours commence, elle me questionne enfin :

- Ça va toi? Tu ne m’as même pas dit ce que tu pensais de mes cheveux …

Je souris, attendrie.

- Zaza, quoi que tu fasses à tes cheveux ou ton visage ...t’es toujours une bombe atomique. Sérieusement, tu ne devrais pas t’en inquiéter. D’ailleurs je rêverais de te voir un jour au naturel !

La curiosité me démange. Mon amie porte toujours beaucoup de maquillage, ses cheveux ne sont jamais au naturel et ses vêtements sont toujours noires et sexy, ce qui lui va très bien. Mais je ne peux m’empêcher de penser si c’est pour elle une façon de s’exprimer ou au contraire une façon de se cacher. Car cette pépite de jeune femme ne devrait jamais avoir à se camoufler, jamais.

- Bon, qu’est-ce que tu voulais me dire, ma mystérieuse princesse ?

Je fais la moue en entendant le mot « princesse » mais me lance :

- Ça te dit qu’on aille à cette soirée chez Bastien, vendredi ?

Elle me regarde, un peu surprise.

- J’ai loupé quelque-chose. Qu’est ce qui se passe ?

Incertaine de ce que j’ai envie de lui raconter, je lui explique ma résolution sans en donner la cause :

- Je commence à m’intéresser …aux garçons.

Un petit sourire narquois étire ses livres et elle semble essayer de le ravaler.

- Voyez-vous ça, c’est surprenant.

- Qu’est ce que tu veux dire ?

- Joue pas l’innocente, ça n’a rien à voir avec un certain garçon présent dans cette classe, peut-être ?

- Non ! Enfin, si. Il m’a permis d’ouvrir les yeux. Ce n’est pas ce que tu crois. Je ne sais même pas s’il sera là vendredi soir en plus de ça. C’est juste que … j’aimerai commencer à expérimenter la vie étudiante.

Cette fois, un franc sourire apparaît sur son visage et un petit son strident d’excitation sort de sa bouche.

Tout le monde se retourne, interloqué. Martin également.

- Excusez-moi, s’empresse t-elle de dire à l’ensemble de la classe.

Le professeur laisse passer et tout le monde revient au sujet du cours.

Je lui fais de gros yeux.

- Ma puce, on dirait bien qu’on va s’amuser, cette année ! conclut-elle.

 

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*Martin

 

J’arrive à la soirée de bonne heure. J’ai besoin de me changer les idées. J’attrape une bière et me dirige vers Bastien pour le saluer.

Il y a déjà une dizaine de personnes qui discute tranquillement, un verre à la main. Du pop/rock sort des enceintes, donnant une ambiance de lâcher-prise agréable pour débuter une soirée. Doucement le salon se remplit. L’ambiance commence à vraiment se détendre. Certains sont déjà sous l’influence de l’alcool. Sylvia est assise sur un canapé, je la rejoins, décidé à me distraire davantage.

Sylvia n’a rien de particulier. Mais un peu plus âgée que la plupart d’entre nous, c’est quelqu’un qui ne se prend pas la tête, et pour qui le sexe est un passe-temps comme un autre. On commence à flirter quand quelque chose attire mon attention.

Emilie. Qu’est ce qu’elle fait là ? Si y a bien une personne que je ne m’attendais pas à voir ici, c’est elle.

Sa bouche. Elle a mis du rouge à lèvres. Un rouge profond. Damn it. Je ne comprends pas pourquoi elle me fait un tel effet. Je ne l’avais jamais vu habillée comme ça. Elle paraît plus …femme. Si je ne la connaissais pas, je la prendrais pour une femme expérimentée et l’aurais abordée. Elle porte un t-shirt rock et une jupe en cuir taille haute. Est-ce qu’elle sait à quel point elle est désirable, apprêtée comme ça ? Je ne suis pas le seul à le penser on dirait. Bastien ne l’a pas lâchée depuis qu’elle est arrivée. Est-ce qu’elle a conscience qu’il s’intéresse à elle ? Sûrement pas. Elle est tellement insouciante. Celui-ci me regarde nerveusement à plusieurs reprises. Ça m'agace. T’as peur que je te la pique hein ?

- Tu sais, si tu ne fais pas gaffe, elle va te filer entre les doigts.

Sylvia me sort de mes pensées.

- Quoi ?

- Fais pas l’innocent avec moi. Ça fait un moment que Bastien l’a dans le viseur. Et si maintenant elle se met à profiter de sa vie d’étudiante, d’autres vont très rapidement suivre le mouvement.

- Je l’aime bien, c’est vrai. Objectivement, elle est très jolie, et intelligente aussi. Mais ça ne va plus loin, tu sais comment je fonctionne.

- T’essaies de me convaincre moi, ou de te convaincre toi ?  murmure-t-elle à mon oreille en me taquinant.

 

Des jeux d’alcool commencent à s’organiser. Elsa entraîne Emilie  à faire équipe avec elle pour affronter deux gars au beer pong.

Elsa semble déchaînée et Emilie se laisse contaminer par son lâcher prise. Après son troisième verre, Emilie semble entrer dans une phase que je n’ai pas envie de lui voir traverser quand elle est entourée d’autant d’hommes : L’alcool la rend aguicheuse. Elle utilise son corps, sa bouche et son regard pour déstabiliser leurs adversaires. Et ils ont presque l’air heureux de perdre contre elle. 

 

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*Emilie

 

Je le devine en train de me fixer en arrière plan. Je ne pensais pas que ce serait si facile. Je savais que je pouvais plaire. Mais je n’imaginais pas que c’était aussi facile de manipuler un homme avec mes charmes. Devant mon côté de la table de beer pong, je me tiens toujours légèrement cambrée, le buste légèrement penchée en avant, l’air de rien. De temps à autre, je passe une main dans mes cheveux et les ramène sur un côté. Mon visage n’est pas en reste. J’ai beau être inexpérimentée, je suis observatrice. Et j’ai depuis longtemps remarquée que mon visage d’ange innocent pouvait être une vraie arme de séduction. Ça ne loupe pas avec ces deux gars que nous affrontons, Elsa et moi. 

Il ne faut pas être un génie non plus pour savoir que l’absence et l’attente font grimper le désir.

- Je m’arrête là. Je vais prendre l’air, dis-je avec un sourire.

Les garçons protestent mais je m’éloigne déjà.

Je me sens bien, légère. Je me sers un verre, quand une main chaude se pose sur mon bras pour me stopper.

- Tu as assez bu.

Martin me regarde sérieusement, ses yeux s’attardent un peu trop sur mon corps et ma bouche, puis il déglutit péniblement et me retire mon verre.

Ça me met en colère. Pour qui il se prend, à toujours me traiter comme une petite fille? 

- Qu’est ce que ça peut te faire ? 

Je me sers un autre verre et m’empresse de le boire.

Sa mâchoire se crispe.

- Bon dieu Emilie, fais pas de bêtise ce soir, s’il te plaît.

- Quel genre de bêtise as-tu peur que je fasse ? 

- Tu le sais très bien …

Je souris.

- Encore une fois, qu’est ce que ça peut te faire ? Tu n’as pas à être désolé pour la dernière fois, tu sais. Tu n’es pas intéressé, j’ai compris le message. On est tous les deux des adultes, alors agissons en conséquence, ok ?

Tout en disant cela, je me rapproche doucement de lui. Nos corps ne se touchent pas mais je sens la chaleur qu’il dégage et l’odeur de son parfum. Je pose ma main sur son bras, me hisse sur la pointe des pieds et m’approche dangereusement de sa bouche. Je la regarde avec envie. Je mets toutes mes forces pour me retenir d’y toucher, l’alcool ne m’aidant pas, et bascule ma bouche vers son oreille.

- Si tu ne veux pas de moi c’est pas grave, d’autres pourront en profiter, je murmure.

Et je m’éclipse soudainement.

On est tous les deux des adultes, hein ? Je ne trompe personne. Un des garçons du beer pong me rejoint et m’offre un verre.

Il s’appelle William. Il est grand et plutôt bel homme. Mais je ne sais pas si je suis bon juge, sous l’effet de l’alcool. Sans m’en rendre compte, mon verre se termine et est vite remplacé par un autre. On finit par rejoindre un jeu d’alcool, et on s’assoit autour d’une table. Je me mets spontanément sur les genoux de William, qui ne semble pas importuné. Je croise le regard d’Elsa qui danse à l’autre bout de la pièce, ses longs cheveux noirs et blancs suivant ses mouvements, et celle-ci me fait un grand clin d’œil. 

On joue à “action et vérité”.

Quand vient mon tour, je m’empresse de clamer « action ! ». Une fille, dont je me rappelle être en classe d’art du spectacle, jette un coup d’œil à Bastien qui semble contrarié, et avec un sourire narquois, elle me dit « embrasse William ». Bastien semble en colère contre elle. Il évite mon regard.

Je me rappelle pourquoi je suis là : vivre ma vie d’étudiante, me détendre et profiter. L’alcool aide. Déjà sur les genoux de William, je me tourne vers lui, croise mes bras derrière sa nuque, et me penche pour l’embrasser.

Quand soudainement, on m’attrape par le bras et me tire des genoux de William. Martin m’entraîne à l’écart sans que je n'aie le temps de réagir.

« Qu’est ce que tu fais ?! » Ça, c’est la réaction de colère que je devrais avoir. Mais je suis trop éméchée pour réagir de la sorte. Il m’emmène dans une chambre et ferme la porte derrière nous.

- C’est quoi le problème, Martin ? 

Il s’assoit sur le lit, passe une main sur son visage. Il semble confus, et perdu.

- Je suis désolé. Je … Je ne supportais pas de te voir avec ce gars. 

- Pourquoi ? 

Il hésite. 

Je m’approche doucement de lui, laissant mes hanches ondulées légèrement, comme si c’était une démarche naturelle.

- Ne fais pas ça. 

- Faire quoi ? 

- Tu le sais très bien. Tu as gagné. Tu m’as donné une leçon. Tu m’as montrée que tu étais moins naïve que ce que je pensais. Maintenant arrête de me taquiner. 

- Pourquoi ? 

- Parce que j’aurais dû mal à me retenir. 

- De ? 

Son regard balaie mon corps, s’arrête sur mes hanches, caresse ma poitrine, remonte sur ma gorge, et ma bouche. A ce moment-là je ne peux m’empêcher de l’entrouvrir, déjà prête à recevoir ses baisers.

Il respire profondément et soudain me fixe intensément.

- Parce que j’aurais dû mal à ne pas te dévorer, Emilie. 

Mon bas ventre se tord de désir à ses mots. Mais une once de raison résiste.

- Le problème c’est que je ne veux pas être une simple conquête de plus pour toi. Je préfère encore rejoindre William. Ou Bastien. Ou n’importe qui d’autre qui voudra de moi. 

Sa mâchoire se crispe. Je fais mine de quitter la pièce quand soudain il me retient par le bras.

- Emilie, Don’t. Please. 

Je l’entends souffler, puis il lâche mon bras, défaitiste.

 

Je rejoins la soirée. Elsa est toujours sur la piste de danse et me fait signe de la rejoindre.

Je m'exécute en attrapant un verre au passage. Je me balance d’abord d’un pied à l’autre, prenant la température de l’ambiance qu’apporte la bande son. Puis doucement, j’ondule mon corps, me laisse porter par la musique, en tâchant de ne pas renverser mon verre. Je ne sais pas combien de verre je vide tout en dansant. Je me sens extrêmement bien. Je me sens sexy, confiante, légère.

Des mains apparaissent sur mes hanches. Je n’y prête pas plus attention, je commence à être vraiment saoule. 


 

 

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*Martin

 

Je ne peux qu’assister au spectacle impuissant. Elle dégage quelque-chose de très sensuel quand elle danse. C’est incompréhensible pour moi que son corps puisse se mouvoir avec tant de grâce et de volupté, elle qui est maladroite au quotidien. Là, au milieu de la pièce, elle paraît à sa juste place. Elle ne mérite pas d’être dans un coin. Dommage qu’il faille qu’elle soit bourrée ou qu’elle lâche prise pour se montrer, comme quand elle se laisse aller à chanter. Jésus Christ, cette meuf est une déesse, une nymphe des bois. Quand Apollon tombe sous le charme de l’ingénue Daphné …Daphné devait ressembler à Emilie. Elle doit être prise en photo, elle doit être capturée sous des traits de pinceaux précis, elle doit inspirer des chansons, des poèmes, elle doit être l’égérie de parfum de luxe, elle doit être admirée, écoutée. 

Elle est somptueuse, divine. Par moment, ses yeux se ferment quand elle est vraiment imprégnée par la musique. Je la vois chanter les paroles, et je trouve ça dommage qu’on n’entende pas sa voix. Dans sa main droite, son verre d’alcool fait des allers-retours vers sa bouche. 

Je me damnerais pour danser à ses côtés, poser mes mains sur ses hanches, sur sa taille, dans le creux de son dos, lui prendre les mains.

Elle ne laisse personne indifférent. Sans aucune surprise, j’aperçois Bastien à l’autre bout de la pièce qui ne la quitte pas des yeux, lui non plus. Nos regards se croisent et contrarié, il quitte la pièce. Le William n’est pas en reste mais je n’aime pas son regard. Plus téméraire que Bastien, moins torturé que moi, il la rejoint sur la piste de danse. Il se place derrière elle et pose ses mains là où j’imaginais les miennes. Il a l’air plus alcoolisé que tout à l’heure. Emilie… elle, a à peine réagi quand il a posé ses mains sur elle. Bon dieu, pourquoi tu as autant bu… J’ai envie de tuer ce gars d’oser la toucher comme ça. Ses mains deviennent bien trop baladeuses et elle est trop imbibée pour réagir. Quand il fait glisser ses mains sur ses cuisses pour remonter doucement sous sa jupe, je craque.

Je bondis devant eux.

- Dégage de là où je te tue.

Le mec proteste mais j’arrache Emilie du sol et la porte dans mes bras, légère comme une plume. Avant de partir, je fusille Elsa du regard. Comment peut-elle laisser passer ça ? Il allait la peloter devant tout le monde bordel !

William continue à gueuler derrière moi quand je tourne les talons mais j’en ai rien à battre. Tout ce qui m’importe, c’est qu’elle soit en sécurité, loin de toute cette perversité. En sortant de la pièce, je croise le regard de Sylvia, elle me sourit, amusée.

Je retourne dans la chambre où nous étions tout à l’heure et la dépose sur le lit.

- Martin …qu’est ce que tu fais … marmonne-t-elle difficilement.

- Chut… je tente de l’allonger.

- Martin …je veux qu’on m’aime.

Je la regarde, surpris. Ses yeux sont fermés maintenant.

- Mon père …toi, William …tout ce qui vous intéresse … c’est mon corps … Pourquoi …personne …veut m’aimer …

Sa respiration se calme, devient profonde. Elle dort. 

Je remets une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Je lui retire ses chaussures. Je la déshabille un peu pour qu’elle soit plus confortable, en faisant mon possible pour ne pas attarder mon regard. Je remonte la couverture sur elle.

Elle est si belle. Elle a un visage d’ange. Je caresse tendrement sa joue.

- Qui a bien pu te faire croire que tu ne méritais pas d’être aimée ? C’est vrai que tu es belle. Mais jamais personne ne devrait te dire que c’est ta seule valeur. Je suis désolé si tu as cru que ton corps était la seule chose que je voulais de toi. Je tiens à toi. Tu es intelligente, tu es courageuse et belle de l’intérieur. Et tu as vu quelque chose en moi …je ne sais pas ce que c’est. Je sais que je plais aux femmes. Je le sais peut-être trop. Mais toi, on dirait que tu as vu plus loin. J’ai envie de te connaître Emilie. J’ai envie de te protéger contre le monde entier.

Tu es la première femme que j’hésite à mettre dans mon lit…et ça me chamboule. 

Je la regarde, paisible, endormie. Je m’allonge à côté d’elle, par-dessus la couette. Et la regarde, jusqu’à ce que le sommeil m’emporte.

 

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*Emilie

J’ai mal à la tête. J’ai l’impression que ma peau s’est asséchée et s’est tendue sur les os de mon crâne. J’ouvre doucement les yeux. Et me fige. Le visage de Martin est à quelques centimètres de moi. Il semble profondément endormi.

Merde! Qu’est ce qui s’est passé hier soir ? Je suis coincée sous la couette par lui qui est dessus. Je soulève la couette et retiens ma respiration. 

- Please, please, please .

Au moment où j’aperçois que je suis nue à l’exception de mon t-shirt, celui-ci se réveille.

- Ne t’inquiète pas, on a rien fait. 

Je ne peux m’empêcher de laisser échapper un soupir de soulagement. Mais réalisant qu’il risque de mal interpréter mon soulagement je lui dis :

- Ne te méprends pas, je ne suis pas soulagée pour cette raison, je suis soulagée parce que j’aurais vraiment détesté ne pas me souvenir … 

Il semble étonné de ma réponse.

- Par contre j’ai une question … 

Il soulève un sourcil. Purée pourquoi mon pouls s’accélère tout à coup ?

- Pourquoi je suis en culotte …? 

- Je voulais que tu sois … à l’aise, pour dormir. 

- Donc tu m’as déshabillée ? 

Sa respiration semble se suspendre quelques secondes.

- …Oui. Mais j’ai fait en sorte de ne pas trop te regarder. J’ai été un gentleman, je te promets. 

S’entendre dire « gentleman » semble l’amuser.

- Emilie … tu te souviens de quoi ? 

- Euh …je jouais à un jeu. Action ou vérité. Je devais …j’allais embrasser …William ? J’ai embrassé William ? 

- Non, je t’en ai empêché. 

- Tous les deux, on a discuté mais je ne me souviens plus trop. Pourquoi tu m’en as empêché ? A y réfléchir, j’ai l’impression que tu as veillé sur moi tout le long …pourquoi ? 

Je me tourne vers lui, attendant sincèrement une réponse.

- Je …je ne sais pas. Je ne sais pas pourquoi je suis comme ça avec toi, Emilie. Tu me fais perdre la raison. 

Ses mots résonnent fort dans ma poitrine. 

 

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*Martin

 

Même au réveil, j’ai envie d’elle. Je ne comprends pas ce qui se passe avec cette fille. 

Elle pose sa main sur mon bras.

- Tu es glacé.

Elle me pousse hors du lit.

- Qu’est ce que …

Elle soulève la couette et attrape fermement mon bras pour me remettre dans le lit à côté d’elle, avant de nous recouvrir tous les deux. Je frissonne. C’est vrai que j’avais froid. 

On est face à face. Elle place sa main sur mon torse comme si c’était sa place. Là, tout de suite, je me demande si elle est si innocente que ça.

Putain qu’est ce que j’ai envie de l’embrasser. 

- Martin … s’il te plaît ne bouge pas. 

Qu’est ce que… elle se rapproche de moi. 

- Je suis désolée que tu ais eu froid à cause de moi.. 

Elle colle son corps contre le mien. Bon sang, qu’est ce qu’elle fait ? La chaleur de son corps irradie le mien. Je ne peux empêcher mon sexe de se gonfler à son contact. Elle relève son visage à la recherche du mien. C’est comme si mon corps se liquéfiait et se tendait en même temps. Ses lèvres viennent fondre sur les miennes. C’est un délice. Un gémissement m’échappe. Bordel mais elle me rend fou, comment elle fait ? 

- Emilie… 

Elle entrouvre la bouche et fait glisser sa langue à l’intérieur de la mienne. Quand ma langue rencontre la sienne, je m’enflamme. Je me redresse et la plaque dos au matelas. Je l’embrasse fougueusement, affamé, ma main attrape sa cuisse fermement, comme si cette prise pouvait me sauver la vie. Ses petites mains caressent mes pectoraux, descendent sur mes abdominaux. Je laisse échapper un grondement sourd dans sa bouche, tandis que ma main droite desserre sa prise et vient remonter sur sa taille, sous son t-shirt. Chaque prise sur son corps est aussi exquise que la précédente. Je ne sais plus où donner de la tête. 

Un bruit retentit dans les autres pièces. Je reprends pied et m’éloigne d’elle en un bond.

Elle est d’abord surprise, puis son regard s’assombrit.

- Oh, ok j’ai compris … 

- Non. Non Emilie, tu ne comprends pas. 

Je m’assois à ses côtés. Je tente de calmer ma respiration.

Je lève le pouce et le pose à la commissure de ses lèvres.

- Je veux te découvrir entièrement Emilie. Je veux toucher et embrasser chaque partie de ton corps. Je veux que tu te cambres de plaisir sous mes caresses. Et je veux te prendre, fort.. 

Je fais glisser mon pouce sur sa bouche.

- Je veux profaner cette bouche qui ne devrait pas exister tellement elle est belle. 

Elle rougit.

- Mais je ne veux pas faire ça dans la maison d’un autre homme, entouré d’autres gens, un lendemain de soirée. Je veux t’avoir pour moi tout seul, je veux prendre le temps, je veux faire les choses bien. 

Elle sourit délicatement, le rouge toujours aux joues.

- Je n’ai pas l’impression que ce soit ton comportement habituel avec les femmes. 

Je soupire et acquiesce.

- Je crois que je ne peux plus le nier. 

 

Elle se lève. Je lui tends sa jupe. Ses prunelles noisettes ne me lâchent pas tandis qu’elle l’enfile. Mon regard fuit un moment, gêné par la vague de désir que cela provoque en moi, mais je finis par reposer mes yeux sur elle. J’ai dû mal à respirer. Elle est magnifique. 

- Emilie, tu me tortures. 

- Alors on est quitte. Ta présence seule suffit à me torturer et à désirer ne jamais quitter cette chambre. 

Damn. Comment il peut y avoir des pensées aussi impures dans sa tête d’ange. 

- S’il te plaît, ne remets plus de tenues comme ça, ni ce rouge à lèvre, tu ne te rends pas compte de l’effet que ça a sur les hommes.

- Si, je m’en rends compte, dit-elle en baissant le regard avec un sourire dénué de sincérité.

Je me rappelle alors ces propos incohérents de la veille au soir. Son père … Je pensais avoir eu les réponses à mes interrogations en apprenant sa mauvaise expérience sexuelle en soirée mais est-ce que ce n’est qu’une expérience parmi de nombreuses autres ?

- Pourquoi tu t’es apprêtée comme ça ? Pourquoi tu as autant bu ? Qu’est ce que tu cherchais à faire ? 

- Je voulais que tu arrêtes de me voir comme une petite fille ignorante et crédule. Alors j’ai fait remonter à la surface une facette de moi que j’avais enterré.

Je sens que c’est trop tôt encore pour elle de se dévoiler entièrement.

- « Ignorante et crédule » : c’est vrai je m’étais fourvoyé. Mais « petite fille » …je t’ai toujours vu comme une femme. Une femme magnifique et attirante. 

Elle rougit, gênée. Je souris.

- Une femme que je fais rougir facilement. Mais je ne regrette pas de m’être trompé sur le reste, ça aurait été du gâchis de coucher avec toi comme ça, sur une simple pulsion. 

Mais je ne comprends toujours pas : qu’est ce qui a changé depuis que tu m’as éconduit devant la porte de chez toi ? 

- Ma volonté. Ma volonté a faibli quand tu as posé tes lèvres sur moi pour la première fois. 

Je sens qu’elle est gênée de cet aveu. Quant à moi, je suis un peu honteux de ne pas être capable de lui proposer une vraie relation amoureuse. Mais la vérité c’est que moi non plus je n’ai plus aucune volonté face à elle.

- Sortons d’ici !  lâche-t-elle enfin.

 

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