Chapitre 16 : fouilles

Par Drak

Extrait de communications (urgent) :

Comme ordonné, j’ai effectué des utilisations de l’A-M avec succès. Je vous joins les images que j’ai décrites pendant la séance, avec les interprétations que j’en ai faites.

Cependant, je vous renvoie, encore une fois, à la consigne M0r9h33, concernant les risques en cas d’utilisations répétées de l’A-M.

Archives de l’Apsû, branche Française, 2016

 

Nous montons dans un ascenseur qui nous emmène jusqu’au quatrième étage de la résidence.

Là, nous tombons immédiatement sur un homme brun et musclé, dont les manches de sa veste à carreaux sont relevées sur ses avant-bras tatoués.

« Mathieu ! »

« Salut, George ! »

Les beaux-frères s’échangent une étreinte chaleureuse, quoiqu’avec moins d’aisance du côté du plus jeune, avant que l’adulte ne nous fasse face à Sacha et moi.

« Enchanté, vous devez être les amis de mon frère. Comment vous appelez-vous ? »

« Sacha. »

« Et moi Diane, ravie de faire votre connaissance ! »

« George… on peut parler à l’intérieur, s’il te plaît… ? On sera plus au calme… » plaide Mathieu, une note pressée dans la voix.

« Bien sûr, bien sûr ! Je vous en prie, faite comme chez vous ! »

L’appartement est spacieux avec des meubles d’un style sobre et moderne. 

Le beau-frère de notre ami nous invite à prendre place à une table haute en plein milieu d’un salon-cuisine, encadrée de chaises tout aussi hautes.

Une fois chacun perché sur un siège, George nous adresse un sourire chaleureux.

« Alors ? Dites-moi ce que je peux faire pour vous ! »

« Tu… tu sais que maman a disparu depuis quelques mois… »

Le front de l’homme se plisse instantanément sous l’inquiétude.

« Oui… La police n’a toujours rien trouvé. Pendant ce temps, papa ronge son frein à l’hôpital… Il s’en veut, il est persuadé que c’est sa faute… »

Sacha et moi échangeons un regard, intrigués.

« Mon beau-père était avec ma mère quand… ça s’est passé. Ils étaient en voiture, il y a eu un accident… et lorsqu’il a ouvert les yeux, il était seul. » nous explique Mathieu, avant de se retourner vers son beau-frère pour poursuivre : « J’ai des raisons de penser que les personnes derrière tout ça en avaient après son Anneau. »

George porte la main à sa bouche, choqué.

« Tu… tu penses ? »

D’accord, donc il est dans la confidence… Cela me fait une angoisse en moins ! Je n’aurais pas à surveiller mes paroles en sa présence.

« Oui. Mes amis ont vu leurs familles être également attaquées dans ce but clair. Sacha a même toute sa famille qui est actuellement portée disparue ! Frangin… nous avons besoin d’un endroit où loger, qui ne soit pas connu de nos ennemis. Est-ce que tu peux… ? »

L’adulte se laisse retomber contre le dossier de sa chaise, sans voix.

Il lui faut une bonne minute pour se remettre, au cours de laquelle j’ai senti mon angoisse grimper en flèche !

« Bien sûr… bien sûr… j’ai une chambre d’amis ! Vous pouvez rester ici… Mon dieu, Mathieu, il va falloir que tu me racontes tout ! »

 

Pendant que nous nous installions, nous avons raconté l’essentiel à George.

C’est une personne très empathique, qui a souvent signalé à quel point il était désolé pour nous, au cours de notre récit.

Une fois notre histoire finit, il s’est tout de suite affirmé de notre côté et qu’il allait tout faire pour nous aider !

J’admets que c’est assez agréable de savoir que nous pouvons compter sur un adulte.

Même si, pour dire la vérité, son engouement m’inquiète un peu par instant : j’ai peur qu’il ne se rende pas pleinement conscient de l’ampleur de nos problèmes… Il ne faudrait pas qu’il se mette en danger par ignorance !

Aussi quant au moment du repas il nous annonce avoir une idée, je me montre très attentive.

« Nous n’avons aucune piste, c’est bien cela ? Votre professeur de SVT pourrait vous donner des réponses, mais allez la voir me semble dangereux, surtout si nous ne sommes pas certains de si elle est une amie ou une ennemie… Alors je me disais : même si la maison de ce Hector a été incendiée, tout n’a pas dû bruler, si ? Il doit rester des indices, peut-être ! Comme la pierre que t’avait laissée ton père, Diane ! La police n’a probablement pas encore tout fouillé, mais ça ne saurait tarder… C’est maintenant qu’il faudrait agir ! »

C’est risqué, nous le lui disons tous les trois, mais en même temps… ce qu’il dit n’est pas faux ! C’est même la piste la plus solide que nous puissions explorer ! 

La seule, en vérité…

L’opération est donc fixée pour le soir même.

 

Ce fut étonnement facile…

Dans la nuit, les quelques agents présents ne nous ont même pas vus passer !

George a un sourire de gosse collé aux lèvres, qui pousse son beau-frère à lui adresser de réguliers coups de coude, pour lui rappeler que nous ne sommes pas dans un film d’espion, mais son rictus finit toujours par revenir.

Je reporte mon attention sur les débris calcinés de ce que j’ai identifié être une commode dans, j’en suis pratiquement certaines, le bureau de mon oncle.

L’endroit parfait pour cacher des documents intéressants.

Après quelques interminables secondes à tenter d’ouvrir le meuble sans faire de bruit ni l’abimer, je peux allumer la lampe de mon téléphone au minimum, afin de la braquer sur l’intérieur du tiroir.

Mon regard se fait instantanément capturer par une liasse de photos endommagées par la chaleur, posé sur une chemise, mais au contenu reconnaissable pour la plupart.

Des clichés de mon père.

Je tends la main précautionneusement pour les étaler… Certaines sont anciennes, quand il était jeune, puis il semble y avoir un saut dans le temps pour le représenter plus vieux et il est toujours accompagné de ce que je suppose être des connaissances… Ces clichés-ci me mettent mal à l’aise, car un je ne sais quoi me hurle qu’elles n’ont pas été prises avec l’accord des personnes. La distance peut-être, ou bien parce que personne ne regarde vers l’objectif…

La chemise sur laquelle elles sont posées est grise, marquée d’un A noir.

Je tends la main pour m’en saisir, mais…

« Merci, nous allons nous charger de récupérer ceci. »

Les mots me frappent, juste avant que la sensation glaciale du canon d’une arme à feu ne se pose sur l’arrière de mon crâne.

« Retourne-toi. Sans gestes brusques. »

J’obéis lentement, pour faire face à un homme en manteau anthracite.

Aucune chaleur dans ces yeux. On dirait presque une machine…

« Avance. On va discuter, toi, tes amis et nous. » m’informe-t-il, m’indiquant d’un geste froid et procédurier la direction de la sortie.

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