- Bonjour à tous. Je suis Melle Téléma.
Hélène était assise au premier rang. Elle était entrée la première et avait pu choisir son siège. Derrière elle se tenaient les autres étudiants. Si elle avait dû décrire la classe, hétérogénéité aurait été l'adjectif approprié. Femmes et hommes, de tous âges, de toutes origines, se trouvaient assis derrière les tables en bois un peu vieillottes. Hélène ne s'attendait pas à cela. Ceci dit, elle ne s'attendait à rien.
Quelques jours plus tôt, monsieur Sérapis lui avait annoncé son obtention du bac avec mention très bien. Hélène avait rayonné de joie mais une boule avait également serré son ventre. Ce diplôme signifiait la fin de ses études et son entrée en formation sherva, où elle se trouvait actuellement.
Elle avait pris l'avion pour retourner au Mexique. Elle était restée enfermée pendant plus d'une semaine avant que monsieur Sérapis, qui avait accédé à sa demande de rester auprès d'elle, ne vienne la chercher pour l'amener dans ce qui ressemblait énormément à une salle de classe banale, non sans lui avoir placé un petit appareil sur les oreilles. La seule différence notable était l'absence de fenêtre, due au fait que la pièce se trouvait en souterrain, sous les temples mayas de Chichen Itza.
Hélène avait vu entrer ses camarades de classe avec une surprise non feinte. Ces gens étaient tellement différents les uns des autres. Certains marchaient avec charisme et assurance, d'autres avec vulgarité et froideur, d'autres encore avec nonchalance.
Ils avaient pris place, un par table comme il leur était demandé. Ils semblaient autant attendre la suite qu'Hélène. Puis, Melle Téléma était entrée et s'était présentée. La formation pouvait commencer.
- Vous êtes tous ici pour des raisons aussi variées qu'hétéroclites. Vous êtes ici pour apprendre votre futur métier de sherva. Certains ont déjà une petite idée de ce qui les attend, d'autres absolument pas.
Hélène écouta le professeur avec attention. Elle ne voulait rien rater. Elle savait que sa vie en dépendait. Les yeux fixés devant elle, elle ignorait totalement comment les autres étudiants réagissaient.
- Au premier rang, Hélène Troulier, dix-sept ans, a été témoin d'une scène qu'elle n'aurait jamais dû voir.
Hélène rougit sous les regards des autres étudiants. Elle ne s'attendait pas du tout à une présentation générale.
- Derrière elle, Steven Wings, quarante-deux ans, ex profiler pour le FBI, a débusqué le mauvais tueur en série.
Hélène se retourna pour voir l'américain qui se contenta de serrer les dents à sa présentation.
- Puis vient Aileen Carol Wuornos, continua Melle Téléma en désignant une femme du groupe de la main, quarante-huit ans, une dizaine de meurtres à son actif, officiellement morte par injection létale en Floride.
Hélène vit Steven se raidir en apprenant l'identité de la femme présente derrière lui. Cette femme était censée être morte. Ils l'avaient sortie du couloir de la mort pour faire d'elle un sherva. En quoi consistait ce travail exactement ?
- Alton Coleman, quarante-huit ans, officiellement mort par injection en Ohio, condamné pour un double meurtre mais en réalité plus d'une dizaine commis.
Hélène se mit à pâlir. Steven et elles étaient-ils les seuls innocents de la salle ?
- Maury Troy Travis, trente-neuf ans, une quinzaine de meurtres à son actif, officiellement suicidé dans sa prison du Missouri.
- Vous auriez dû me laisser crever là-bas. J'en ai rien à foutre de vos histoires, précisa Maury en anglais mais l'appareil sur ses oreilles traduisit immédiatement les propos en français, permettant à Hélène de comprendre.
- Si tu parles une seconde fois sans autorisation, je mettrai volontiers fin à ta vie, indiqua Melle Téléma.
Hélène aurait supposé que l'homme, avide de mourir, sauterait sur l'occasion mais non, il se renfrogna et garda le silence.
- Huang Yong, vingt-neuf ans, officiellement mort lors d'une exécution par balles en Chine pour le meurtre de vingt-cinq adolescents.
Hélène avala difficilement sa salive. Les adolescents étaient les proies de ce tueur en série, catégorie dont elle faisait partie. Elle voulait se trouver ailleurs, maintenant et vite. Cette possibilité ne faisait malheureusement pas partie de ses choix. Ses jambes se mirent à trembler et elle enroula nerveusement ses doigts autour du bout de sa manche.
- Lilian Amerzy, trente-trois ans, a brisé le secret d’un journal intime.
Hélène observa l'homme qui soupira à l’entente de sa description fort brève et peu détaillée. Il semblait, comme elle, n’avoir commis aucun acte particulièrement mauvais pour arriver ici. De qui avait-il pu lire le journal intime ? Un Vampire avait-il réellement placé des informations secrètes dans un simple journal intime ?
- Jamile Amiri Ismaeili, dix-neuf ans, violée par un militaire américain. Elle a ainsi commis un adultère et a de plus été sodomisée, deux crimes suffisamment graves pour lui valoir la peine de mort par lapidation en Iran.
Hélène observa la jeune femme, à peine plus vieille qu'elle, au premier rang. Elle portait un voile islamique, serrait ses mains et murmurait ce qu'Hélène supposa être un passage du Coran. Cette adolescente avait subi une agression sexuelle et son pays avait décidé de la punir d'une mort aussi affreuse ? Hélène se sentit en colère contre ces lois injustes.
- Peu importe votre passé désormais, continua Melle Téléma, votre but est de devenir sherva ou de mourir en essayant de le devenir.
Hélène sentit son ventre se contracter. Les tueurs en série connaissaient probablement l'imminence de la mort mais pas elle. Elle géra difficilement la menace.
- Nous allons pouvoir commencer la formation.
- C'est pas trop tôt, murmura Maury.
Il tomba sur le sol et nul ne douta qu'il venait de perdre la vie. Melle Téléma venait de mettre sa menace à exécution. Hélène respira de plus en plus difficilement. Sa gorge se serrait. Elle ignorait comment le tueur en série était mort et s'en fichait. Elle ne voulait juste pas subir le même sort.
- Regardez les images suivantes en silence. Nous échangerons ensuite.
Un vidéoprojecteur afficha la photo d'un corps masculin, nu, recouvert de sang, les membres dans des positions invraisemblables. Ses yeux exprimaient une terreur sans nom. La peau et la chair entourant le bas du visage manquaient, offrant une mâchoire inférieure nette et propre. Ses viscères sortaient de son ventre, l'entourant précautionneusement dans un cercle parfait.
Hélène eut un haut le cœur.
La seconde photo montrait la même scène, sous un autre angle.
Hélène se sentait mal.
La troisième photo présentait encore un autre point de vue.
Hélène allait vomir. Elle ne serait plus capable de se retenir. Un seau tenu par Melle Téléma apparut devant elle au moment exact où elle expulsa le contenu de son petit-déjeuner.
- C'est inacceptable, lui chuchota Melle Téléma une fois que les haut le cœur cessèrent. Tu as compris le principe alors je te fais une fleur : je te permets de cesser de regarder l'écran pour observer tes compagnons d'infortune.
Hélène hocha la tête et se retourna. Aileen et Alton semblaient s'ennuyer ferme. Huang souriait pleinement, appréciant visiblement le spectacle. Steven, le visage grave, bougeait les yeux dans tous les sens, cherchant des indices sur les clichés présentés. Lilian avait les yeux dirigés vers l’écran mais même Hélène pouvait voir qu’il ne regardait pas. Son regard était lointain. Il se détachait du moment présent afin de ne pas en souffrir.
Hélène se sut incapable de faire cela. Elle ne pouvait s’empêcher de ressentir de l’empathie pour cet homme au visage horrifié et au corps désarticulé. Jamile récitait le coran sans arrêt et cette logorrhée quasi silencieuse lui permettait, apparemment, de ne pas subir les effets négatifs d'une telle vision.
Melle Téléma proposa douze photos avant que le vidéoprojecteur ne s'arrête enfin.
- Que pensez-vous de ce que vous venez de voir ?
Le silence lui répondit.
- Il sera particulièrement rare que je vous propose de vous exprimer librement. Je vous conseille d'en profiter, précisa Melle Téléma.
Hélène choisit de ne pas répondre. Elle avait clairement indiqué son opinion en vomissant peu de temps auparavant.
- Des cadavres, du sang, rien que je ne connaisse déjà, dit Alton.
- Dois-je comprendre que cela te laisse indifférent, Alton ? interrogea Melle Téléma.
- Exactement, indifférent, c'est le mot que je cherchais.
- Moi, je trouve ça magnifique, dit Huang.
- Peux-tu développer, Huang ?
- Le gars qui a fait ça est un artiste. C'est splendide. Le goût du détail, de la finition. On sent qu'il n'a fait ça que dans le but de photographier le résultat ensuite. La mise en scène est précise et parfaite. C'est beau, tout simplement.
- C'est ignoble, dit Steven.
Huang sourit au profiler. Que l'agent du FBI n'apprécie pas ne surprit personne.
- Pour en arriver à un tel résultat, il faut un entraînement. Alors, je me le demande : combien de meurtres ont été nécessaires pour en arriver à une telle perfection ? Réaliser douze meurtres aussi parfaitement, c'est…
- C'était douze fois le même, crétin ! s'exclama Aileen qui parlait pour la première fois.
- Non, répondit Steven. Ce sont douze personnes différentes.
Hélène se renferma. Elle aussi avait supposé qu'il s'agissait de la même scène, vue sous différents angles. Des victimes différentes à chaque fois ? Douze meurtres ? Elle en eut des vertiges. Elle s'accrocha à la table pour ne pas tomber.
- Tu es un professionnel, Steven, continua Melle Téléma. Décris-nous le tueur, je te prie.
- Puis-je revoir les photos et me lever pour mieux les voir ?
- Naturellement, répondit Melle Téléma.
Hélène préféra autant ne pas revoir les photos et tourna donc le dos à l'écran, observant le cadavre de Maury, finalement exaucé dans son vœu de mourir. Au moins n'avait-il pas souffert. Hélène repensa aux femmes se faisant manger vivantes par son frère et ses amis. Elle appliqua les méthodes de relaxation enseignées par monsieur Sérapis pour se calmer et fut de nouveau réceptive au moment où Steven retourna à sa place pour rendre ses conclusions.
- J'ai besoin d'informations pour finaliser, indiqua Steven. Si vous avez ces clichés, c'est que le responsable a été appréhendé.
- Non, il est toujours libre, indiqua Melle Téléma.
- Comment avez-vous pu obtenir ces photos en ce cas ? Il les a envoyés à la police ?
- Non, elles vous sont destinées à vous et à personne d'autre.
Hélène regarda Melle Téléma qui ne pouvait s'empêcher de sourire, certes brièvement, mais tout de même assez pour qu'Hélène le remarque. Hélène comprit alors et sa nausée n'en fut que plus grande. Ces douze hommes étaient morts pour eux, à cause d'eux et de cette formation ridicule. Elle secoua la tête, plus dégoûtée que jamais.
- C'est Steven qui a la parole, précisa alors Melle Téléma, et personne d'autre.
Les étudiants se regardèrent entre eux, se demandant lequel aurait eu envie de parler sans autorisation.
- Pourquoi une telle remarque ? demanda Steven, le seul autorisé à s'exprimer.
- Parce qu'Hélène et Lilian savent qui a commis ces meurtres et je veux d'abord vous entendre prononcer vos conclusions avant de vous le révéler.
Steven regarda l’adolescente devant lui puis l'homme à sa droite et fit la moue. Que cette gamine et cet homme sans expérience dans le profilage aient pu comprendre et pas lui semblait grandement affecter son amour propre et sa fierté.
- C'est l'un de ces connards ? demanda Steven en désignant les membres assis au fond de la salle.
- Non. Ils ont été sagement enfermés depuis leur arrivée ici. Ils n’ont pas eu la possibilité de commettre le moindre crime.
- Je suis un peu perdu, admit Steven. Je ne suis pas habitué à travailler de la sorte. Ceci dit, vu les images, je dirais que c’est un homme blanc d’une cinquantaine d’années. Il est grand, au moins un mètre quatre-vingt-dix. Il est marié mais malheureux en couple car il refoule son homosexualité.
- On ne pourrait être plus loin de la réalité, répliqua Melle Téléma.
- Certaines informations ne peuvent pas être fausses. C’est forcément un homme, par exemple.
- Non, indiqua Melle Téléma.
- Une femme ne peut pas avoir commis un tel acte, rétorqua Steven, sûr de lui. Elle n’aurait pas pu…
- Hélène ? le coupa Melle Téléma. Voudrais-tu indiquer l’auteur de ces crimes à notre profiler ?
- Bien sûr, dit Hélène. C'est vous qui avez fait ça.
Melle Téléma salua avec un grand sourire cette assertion. Les tueurs en série se mirent à rire tant ils trouvaient l'idée stupide. Lilian détourna le regard, gêné ou peu désireux de croiser le regard du professeur. Steven réagit très différemment :
- N’importe quoi ! C’est complètement débile. Bien sûr que non, ce n’est pas vous. Ces hommes sont trop grands et trop forts pour vous. Vous n’avez pas le profil, pas de mobile, pas d’intérêt. Ces hommes sont trop éloignés de…
- Cette formation vous permettra de faire disparaître les préjugés. Ce n’est qu’à cette condition que vous pourrez être des sherva qualifiés. Vous allez entrer dans un monde totalement différent du vôtre. Vous êtes Alice et vous venez de sauter dans le terrier du lapin blanc. Tout ce en quoi vous croyez, tout ce que vous pensez savoir doit disparaître. Il va falloir vous créer de nouvelles valeurs, de nouvelles grilles de comparaison.
- Lilian et Hélène semblent être déjà à l’aise au pays des merveilles, grogna Steven.
- Parce qu’ils sont déjà tombés dedans, par mégarde, et auraient préféré éviter cette chute.
Hélène hocha la tête et constata que Lilian faisait de même.
- Vous n’avez pas pu faire ça, insista Steven. C’est tout simplement impossible.
- Je me suis tellement amusée en faisant ça hier pour vous, s’exclama Melle Téléma en sautillant de joie.
La nausée d’Hélène la reprit.
- Hier ? répéta Steven. Vous dites avoir fait ça en une seule journée ? Vous êtes une mytho totale !
Hélène n’écoutait qu’à peine, incapable de s’arrêter de penser que ces douze hommes étaient morts par leur faute, uniquement pour leur donner une leçon.
- Votre mission de sherva sera de trouver les gens comme moi, annonça Melle Téléma. Si vous pensez que je mens, c’est très mal parti. Ne vous inquiétez pas, cette formation a pour but de vous permettre de comprendre les règles régissant le pays des merveilles. Cependant, vous devez ouvrir un peu votre esprit. En restant trop bornés, vous n’arriverez à rien et vous n’êtes pas sans savoir qu’être recalé n’est une option pour aucun de vous.
Hélène frémit à la menace et constata que tous agissaient de même, y compris les tueurs en série. Hélène secoua la tête. Trouver les Vampires ? Elle avait bien sur débusqué son frère et ses deux amis mais ça avait été un manque de chance total. Jamais elle ne pourrait reproduire un tel évènement !
- Vous n'avez pas commis ces crimes, répéta Steven. Vous pourrez vous en vanter autant que vous voulez, je ne vous croirai pas.
- Le but est que vous finissiez par me voir pour ce que je suis réellement et que vous vous comportiez en conséquence.
Hélène pâlit. Elle n’avait aucune envie de voir un Vampire en action.
- Je ne vais pas faire de démonstration, promit Melle Téléma en regardant Hélène. Je veux que vous appreniez, pas vous rendre fou.
Hélène grimaça. Monsieur Sérapis lui avait pourtant assuré que les Vampires ne pouvaient pas lire dans les pensées. Parfois, elle en doutait.
- Une démonstration ? répéta Aileen. Hélène a craint que vous fassiez quoi ?
- Fou ? s’exclama Alton. Une démonstration ne va pas…
- Moi je veux bien une démonstration, commença Huang.
Les tueurs en série continuèrent à parler en même temps, ne s’écoutant pas. Hélène soupira. Lilian resta muet, le regard toujours dans le lointain. Jamile récitait, absente d'esprit. Steven n’en démordait pas : Melle Téléma n’avait pas pu commettre ces atrocités. Il se parlait à lui-même, Hélène entendant quelques bribes de réflexions personnelles.
D’un geste, Melle Téléma fit taire tout le monde. Elle obtint le silence. Seule Jamile continua sa litanie murmurée.
- J’avoue ne pas comprendre, précisa Melle Téléma en regardant Steven. J’ai tué Maury il y a moins d’une heure et pourtant, vous ne semblez pas croire que…
- Vous n’avez pas tué Maury, cingla Steven. Il est mort, d’accord, mais vous n’avez pas bougé de votre bureau. Vous avez des complices armés qui nous observent et ont la possibilité d’agir à distance, voilà tout.
- Steven, tu m’as coupé la parole. C’est la première et la dernière fois que cela se produit. Est-ce clair ?
Steven lança un regard noir à son professeur. Il la fixa, refusant de baisser le regard. Melle Téléma se contenta de sourire, ne lâchant pas le profiler. L’un comme l’autre refusait de baisser les yeux. Le combat silencieux dura ce qui sembla à Hélène une éternité. Comme elle s’y attendait, Steven perdit en serrant les dents de déception.
- Je peux vous assurer que personne ne m’assiste et que je suis totalement seule avec vous dans cette pièce. Aucune arme n’est braquée sur vous. Aucune technologie ne…
- Je peux me lever et vous tuer donc ? proposa Alton d’un ton méprisant.
Melle Téléma se leva tranquillement, s’avança vers Alton alors qu’Hélène se recroquevillait dans son siège. Elle ne voulait pas assister à ce qui allait se passer mais sortir n’était pas une option.
- Pourquoi vais-je te faire souffrir ? demanda Melle Téléma lorsqu’elle fut devant Alton.
Le tueur se contenta de sourire en toisant le professeur. Il secoua la tête, totalement sûr de pouvoir se défendre aisément devant ce petit bout de femme moins grande que lui de deux têtes.
- Les autres ? Pourquoi vais-je faire souffrir Alton ?
- Parce qu’il vous a coupé la parole, répondit Steven.
Alton sembla enfin comprendre. Il sourit puis rit nerveusement. Il ne semblait pas accorder la moindre importance à son geste et ne le regrettait nullement.
- Lilian, qu’en penses-tu ? interrogea Melle Téléma.
- Vous allez le faire souffrir parce qu’il vous a donné un prétexte suffisant pour le faire. Vous aimez engendrer la souffrance et la mort. Vous le faites surtout parce que ça vous fait plaisir.
Hélène acquiesça. Elle était totalement d’accord avec Lilian. Melle Téléma avait besoin de sherva, c’était une évidence. En revanche, il sembla particulièrement évident à Hélène que certains d’entre eux n’arriveraient pas vivants au terme de la formation.
- Hélène, pourquoi vais-je faire souffrir Alton ? demanda Melle Téléma.
L’adolescente réfléchit. Que pouvait-elle dire de plus que Lilian ? Finalement, elle annonça :
- Parce que vous avez trop besoin de nous pour vous permettre de nous tuer, même si vous préféreriez ?
Melle Téléma regarda Hélène avec un regard surpris, puis sourit pleinement.
- Viens chérie, fais-moi mal, susurra Alton d’un ton se voulant érotique mais qu’Hélène trouva totalement déplacé dans le contexte.
Alton n’eut aucunement le loisir d’éviter les griffes de son adversaire. Il se retrouva au sol, le visage rayuré de blessures. Melle Téléma lui déchira le ventre, le dos, les bras, les jambes et rapidement, le sol carrelé blanc se teinta de rouge sous les hurlements du tueur en série qui, après avoir tenté de se défendre, puis de se débattre, avait fini par se recroqueviller en position fœtale et de supplier pour qu’elle s’arrête, ce qu’elle lui accorda.
Melle Téléma se tourna vers Steven.
- Toujours à douter que ça soit moi ?
Steven plissa des yeux et renifla.
- Arriverais-je à faire douter notre profiler ?
- Vous avez réussi à maîtriser Alton, pourtant plus grand et plus fort que vous. Cependant, il n'y a rien de commun entre ça, précisa Steven en montrant Alton baignant dans son sang, et ça, finit Steven en désignant l'écran désormais vide.
- Sans aucun doute, admit Melle Téléma avant de retourner à sa place, tandis qu'Alton gémissait, prouvant ainsi qu'il vivait toujours.
- Il va mourir, dit Steven.
- Non, répondit Melle Téléma. Je suis une experte. Il ne mourra que si je le décide et je ne le souhaite pas… pour le moment.
Steven gronda mais choisit de ne pas argumenter plus avant.