Après l’arrivée du roi Amalric et de sa conseillère Kiryana, les cloches du Palais des Lumières ne tardèrent pas à tinter de nouveau. Au crépuscule du même jour, une procession de voitures noires comme le charbon fut observée par les gardes postés sur les remparts. La diligence de tête arborait un blason reconnaissable entre tous : un drapeau rouge sang, où trônait en son centre un phénix entouré d’un cercle. Les souverains d’Indeya se rendirent aux portes du château sans tarder, prêts à accueillir la reine d’Elesther.
Lorsque le carrosse royal s’immobilisa aux pieds des marches de pierre, Christian serra la main de son épouse dans la sienne avant de lui adresser un regard entendu. Jade acquiesça en réponse, et elle attendit que la porte de la diligence s’ouvre pour prendre la parole avec enthousiasme.
— Nous, roi et reine d’Indeya, vous souhaitons la bienvenue au Palais des Lumières, reine Marina du Royaume d’Elesther.
Mais la personne qui sortit de la voiture ne ressemblait en rien à la jeune femme qui gouvernait le Royaume de l’Ouest. Il s’agissait d’un homme de petite carrure, aux cheveux de chocolat et à la peau caramel. Ses lèvres charnues se fendirent en un large sourire à la vue du roi d’Indeya.
— Bonjour, mon frère, dit-il d’une voix chaleureuse, puis adressa une révérence élégante à la reine. Votre Majesté, Jade d’Indeya, c’est un honneur de faire enfin votre connaissance. Mon frère m’a…
Un bruit sourd provenant de l’intérieur du carrosse le força à interrompre son discours de politesse, et il se précipita pour contourner le bâtiment et ouvrir la porte côté droit.
— Toutes mes excuses, Vos Altesses, ajouta-t-il à l’adresse des souverains d’Indeya, contrit. Veuillez m’accorder quelques secondes…
Il se pencha dans l’embrasure de la porte et tendit une main gantée.
— Pardonnez-moi, ma reine. Je n’avais aucunement l’intention de…
— Tout va bien, Damian, répondit une voix limpide.
La reine d’Elesther posa enfin pied à terre et pivota pour faire face à ses hôtes. Jade fut frappée par l’aura de puissance, presque surnaturelle, qui se dégageait d’elle. De quelques années son aînée, elle semblait pourtant la dépasser de plusieurs têtes. Sa longue robe dotée d’une traine, faite de satin rouge, capturait les rayons du soleil mourant et épousait son corps svelte telle une seconde peau. Une tour imposante de cheveux de jais, agrémentée d’un diadème doré, trônait sur son crâne, accentuant son port altier. Ses lèvres écarlates et ses yeux d’ambre achevaient ce reflet parfait de prestance et de pouvoir.
Sa main reposant toujours dans celle de son compagnon, elle se prosterna devant les gouvernants d’Indeya. Jade se demanda si, malgré sa posture courbée, Marina n’était pas toujours plus grande et gracieuse qu’elle, qui pourtant se tenait parfaitement droite.
— Vos Altesses, roi et reine d’Indeya, je ne peux exprimer ma gratitude envers vous. Votre hospitalité durant cet évènement majeur me comble d’honneur. Permettez-moi de me présenter : je suis Marina, sixième reine en titre d’Elesther. Et voici mon Chancelier, Damian de Rochevelle. Mais je crois que vous le connaissez déjà.
Le rictus amusé qui habillait sa bouche vermillon était contagieux. Christian s’avança sur le perron dans un geste accueillant tandis que la reine d’Elesther et son conseiller gravissaient les marches pour le rejoindre. Sans hésiter, Damian de Rochevelle s’approcha de son frère cadet et l’entoura de ses bras.
— Je suis si heureux de te revoir enfin, mon frère. Et en si bonne compagnie !
Il se tourna vers la reine d’Indeya, tout sourire, avant de remarquer que celle-ci était en train de déposer un souffle de baiser sur la main de Marina, qui la fixait les yeux écarquillés, trop stupéfaite pour esquisser le moindre geste. Jade sembla deviner les regards interloqués qui convergeaient vers elle, mais elle ne perdit pas contenance pour autant. Au contraire, elle rejoignit les deux hommes, saisit la main de Damian et répéta le même rituel, sous les yeux interdits de tous les spectateurs présents.
— Veuillez m’excuser, déclara-t-elle d’un ton qui faisait mentir ses paroles. Depuis ma plus tendre enfance, j’ai toujours observé les nobles et notables saluer la reine Diane des Ospales, ma mère, de cette manière. J’ai pensé qu’il n’y avait aucune raison pour que je ne fasse pas de même… mais vous semblez tous si surpris, ajouta-t-elle, penchant la tête d’un air pensif. C’est pourtant un geste qui représente parfaitement le respect que je vous porte à tous deux.
Les frères Rochevelle n’avaient pas bougé d’un pouce et se tenaient coude contre coude face à Jade, leurs quatre prunelles noisette suivant le moindre de ses mouvements, partagées entre le choc et l’admiration. La reine Marina fut la première à s’extirper de cette torpeur d’incompréhension, et elle prit la main de la reine d’Indeya dans la sienne.
— Vous avez raison, Votre Majesté, renchérit-elle en déposant à son tour un baiser factice sur sa main. Je ne vois aucune raison qui empêcherait que nous nous saluions tous de cette manière.
Les lèvres roses de Jade s’ouvrirent dans un sourire étincelant, juste avant qu’elle ne fasse volte-face, faisant signe aux gardes d’ouvrir les portes du Palais des Lumières.
— Je suis ravie que vous voyiez les choses de la même façon, reine Marina. Je suis persuadée que nous nous entendrons bien, dit-elle par-dessus son épaule, son rictus devenu indéchiffrable. Votre Altesse, Monsieur le Chancelier, je vous prie de bien vouloir me suivre. Je vais vous conduire à notre Intendante du Palais, qui vous guidera jusqu’à vos appartements.
Marina lui emboîta le pas prestement, tandis que Christian et Damian avançaient timidement, demeurant à une bonne distance derrière elles.
— Pardonnez-moi, reine Jade, mais j’ai apporté avec moi quelques serviteurs qui ne me quittent jamais. Est-il possible de les loger au Palais ou dois-je m’assurer qu’ils puissent être accueillis dans un établissement de la capitale ?
— Oh, vous n’y pensez pas ! Aucun établissement à Irradya ne serait digne de vos serviteurs. Mais ne vous inquiétez pas, nous avons la place nécessaire pour que tous les souverains puissent loger cinq personnes en plus de leur Attendant. Cela vous est-il satisfaisant ?
— C’est plus que satisfaisant. Je vous remercie, Votre Majesté.
Les Rochevelle suivaient les deux femmes à une distance raisonnable, quand Damian se pencha pour murmurer à l’oreille de son frère.
— La reine Jade m’a tout l’air d’être une fille – une femme… fascinante. Mais n’est-elle pas un peu trop jeune pour toi, mon frère ?
Christian afficha une moue contrariée et tira sur le bras de son frère aîné pour l’inciter à presser le pas.
— Les alliances ne sont pas libres dans cette dynastie, Damian. Ni la princesse Jade ni moi n’avons eu le choix. Ou plutôt, nous avons tous deux été forcés de faire le choix du moindre mal.
— Vraiment ? C’est étrange, parce que la reine Marina a justement choisi de ne pas prendre époux. C’est un choix que je respecte. Mais je comprends ; tes obligations sont sans doute tout autres. Puisque nous ne sommes pas des enfants de la dynastie. Et puis, la reine Jade est certes très jeune, et ravissante, mais avant tout, elle est… Hm… Comment dire ? Elle est…
Soudain, la reine Marina se retourna vers eux, ses lèvres rouges animées par un sourire mystérieux.
— Je crois, Damian, que le mot que vous cherchez est libre.
***
Gina avait profité de l’engouement engendré par l’arrivée de la souveraine d’Elesther pour s’éclipser discrètement, laissant le soin aux roi et reine d’Indeya de remplir leur rôle d’hôtes irréprochables. À vrai dire, le lendemain à l’aube, une réunion importante se déroulait quelque part dans les pièces inusitées du Palais des Lumières, et elle y était conviée. La règle était qu’elle devait s’y rendre seule, et dans le plus grand secret.
Elle poussa la porte de l’ancienne salle à manger, celle-là même qui abritait le tableau de la reine Nyla, mère de la défunte reine Katherine. Aussitôt la porte refermée, elle se retrouva plaquée contre le bois, un avant-bras appuyé contre son cou, lui coupant la respiration.
— Qui est le sauveur ? demanda une voix sèche et stricte.
— L’Immortelle, évidemment, grommela-t-elle.
D’un seul mouvement, sa gorge fut libérée et l’ombre recula. La salle était plongée dans des ténèbres insondables, où quelques formes plus sombres encore que le noir s’agitaient. Dans un grognement, Gina traversa la pièce en prenant soin d’éviter la table rectangulaire, et tira sur les rideaux d’un coup sec. Elle se retourna, bloquant la lumière du soleil rougeoyant qui peignait les murs et le parquet d’une couleur de sang. Ses yeux gris rencontrèrent les prunelles marron de celle qui se tenait droite devant la porte.
— Il faut vraiment qu’on change ce mot de passe. N’importe qui peut le deviner.
— Je ne crois pas ! s’exclama un petit homme rond assis sur l’une des chaises. Il y a un piège dans cette question ; avec le terme « sauveur », on s’attend à un nom masculin. Et pourtant, non !
Gina asséna un regard dédaigneux à l’homme vêtu d’une robe bleu marine. Ses petits yeux pétillant de fierté lui rappelaient l’écureuil qui était parvenu à grimper au sommet du plus grand arbre de la forêt.
— Penseur Perrault, vous êtes conscient qu’immortel au féminin et au masculin sonne exactement pareil ? marmonna-t-elle entre ses dents, avant de se tourner vers la silhouette à l’entrée. Et Jeanne, il faut vraiment que tu arrêtes d’agresser les gens comme ça. Inutile d’être aussi violente, tu sais…
— Pardon, répondit l’Intendante du palais, rejoignant le groupe autour de la table. Concernant le mot de passe, Gina, n’aies aucune crainte. Nous sommes les seuls à connaître ce surnom. Les personnes qui ont eu connaissance des lettres posthumes de la reine Katherine sont toutes autour de cette table.
— Jeanne a raison, intervint une autre voix familière, calme et mesurée. Et cela doit demeurer ainsi. Si la moindre information traverse ces murs, cela signifiera que l’un d’entre nous a parlé.
Jeanne contourna la table pour se placer devant l’homme au veston blanc brodé d’argent, et s’inclina légèrement devant lui.
— Monsieur le Premier Ministre, si vous me le permettez, j’aimerais suggérer une idée.
— Faites, Jeanne, faites, répondit Guillaume d’Arsénis, ses yeux bleu profond s’écarquillant d’étonnement. Vous savez qu’entre ces murs, la parole appartient à tous.
Gina poussa un soupir bruyant et alla se percher sur le rebord de la fenêtre, un genou replié contre son torse. Elle logea son menton dans la paume de sa main et fixa la falaise rouge et la mer d’or qui la narguaient au dehors. Cette réunion allait encore s’éterniser, et elle se sentait déjà lasse.
— Eh bien, en parlant des lettres de la reine Katherine, commença Jeanne, hésitante, son regard se posant alternativement sur le ministre et sur le Penseur. Je me rappelle distinctement que l’union entre Christian de Rochevelle et la princesse Jade était recommandée par la reine Katherine elle-même. C’est elle qui a insisté, dans sa dernière lettre, pour que ce choix diplomatique soit fait. Pour sauver Indeya et pour s’opposer à la reine Diane. Alors, cela ne peut signifier qu’une chose.
— Laquelle ? s’enquit le Premier Ministre, son regard se faisant soudain plus dur.
— Je pense que la reine Katherine faisait confiance à Jade des Ospales.
Un éclair traversa le regard de lagon de Guillaume d’Arsénis, pourtant il garda son calme et se contenta de balayer l’argument d’un revers de main.
— La reine Katherine n’était pas infaillible. Dois-je vous rappeler que c’est justement son excès de confiance qui l’a menée droit vers la mort, Intendante du Palais ? Son excès de confiance… et le vôtre.
Gina tourna la tête si subitement qu’un craquement déchira sa nuque. Jeanne avait reculé d’un pas, comme frappée en plein coeur, et se tenait droite et rigide devant le Premier Ministre, un poing serré contre sa poitrine, comme pour panser une plaie invisible.
— Monsieur le Premier Ministre, vous allez trop loin, lâcha Gina, une colère sourde alourdissant sa voix et intensifiant son accent sylve. Jeanne n’a pas besoin de ce rappel, et vous le savez.
Guillaume d’Arsénis regarda Gina, puis Jeanne et ses yeux bleus obscurcis par la rage s’éclaircirent à nouveau. Il secoua la tête, sa queue de cheval noire entamant une danse dans son dos. Il se leva et prit la main de Jeanne dans la sienne.
— Veuillez m’excuser, Intendante du Palais. Je ne voulais pas vous blesser. Nous ne sommes pas là pour nous dresser les uns contre les autres. À l’origine, les Restaurateurs ont été créés pour reconstruire Indeya, et protéger le roi Christian.
— Ah, oui ! Mais pourtant, cela fait déjà quelques temps que tout a été restauré…
Tous les regards fusèrent vers le Penseur, qui avait parlé de sa voix légère et rieuse. Il ne cessait de tournicoter ses mains, paumes ouvertes et emboitées l’une dans l’autre, ce qui accentuait cette impression désagréable qu’il ne recherchait rien d’autre que l’amusement.
— Nous le savons, Penseur Perrault, grinça Guillaume d’Arsénis, mâchoire serrée. Malgré cela, nous avons tous ici décidé, d’un commun accord, de continuer à nous réunir afin de…
— Protéger le roi Christian, je sais, je sais !
Le Penseur joignit ses mains en coupe, et jeta un oeil à l’intérieur du trou formé sur le côté, tout sourire.
— Ceci dit, je n’ai toujours pas compris de quoi on devait le protéger exactement…
Gina observa avec intérêt le confident du roi qui se tendit sur son siège et posa ses longues mains sur le drap recouvrant la table. L’Ange des Sourires savait que quoiqu’il advienne, Guillaume d’Arsénis ne perdrait jamais son sang-froid. Mais le voir lutter et se démener pour garder son calme et son élégance était tout aussi passionnant.
— Nous l’avons répété maintes et maintes fois, Perrault, dit-il dans une inspiration saccadée. Les dangers ne sont pas seulement ceux qui sont visibles ou prévisibles. Le sort tragique de feue la reine Katherine en est le parfait exemple. C’est pourquoi notre priorité actuelle est de nous assurer que les souverains des Sept Royaumes ne représentent pas une menace pour Indeya.
— La reine Diane en représente une belle, de menace, remarqua Gina, amère.
— Certes, acquiesça le Premier Ministre à contre-coeur, lançant un regard torve vers la femme perchée sur le rebord de la fenêtre. C’est pourquoi nous devons redoubler de vigilance dès l’instant où elle passera les portes du Palais des Lumières.
— Sans oublier les Panthères, ajouta Gina.
Guillaume ferma les yeux un court instant, avant de poser son regard bleu perçant sur l'Ange des Sourires.
— Tout à fait. À ce sujet, Mademoiselle Gina, avez-vous des nouvelles concernant ce qu'il se déroule à l'instant même en Ospales ?
— Non, pas depuis ma dernière infiltration. Depuis le Palais des Lumières, difficile d'obtenir des informations. Mais nos agents envoyés là-bas parlent d'une tension palpable dans la capitale et au château.
— Je vois. Diane doit savoir que la rébellion va bientôt éclater. Y aurait-il selon vous un quelconque risque qu'elle franchisse les frontières d'Indeya ?
Gina marqua une pause, ses yeux gris sondant le visage crispé de Guillaume d'Arsénis.
— Honnêtement, Monsieur le Premier Ministre, j'en ai aucune idée. Juste, je dirais qu'avec un groupe aussi organisé que les Panthères, et une leader aussi hargneuse et déterminée que la Panthère Noire, tout est possible. Après, on est pas la reine Diane. Notre politique n'a rien à voir avec sa politique de terreur.
Les traits du Premier Ministre se tendirent imperceptiblement, et sa bouche fine forma une ligne morne et stricte.
— Aux yeux des Panthères, nous sommes des alliés des Ospales. Nous n'avons jamais dénié notre association avec leur reine. Nous ne valons pas mieux que leur gouvernement. Nous sommes la même dynastie, nous sommes des parents, des partenaires économiques. Nous sommes la monarchie et le pouvoir. Tout ce qu'ils détestent. Croyez-moi, Mademoiselle Gina. Le jour où ils franchiront les portes du royaume, ils ne feront pas la différence entre Indeya et la reine des Ospales.
Et Gina ne trouva pas la force de le contredire. Elle se contenta de détourner le regard et se perdit de nouveau dans la contemplation de l'aube éclatant sur la Mer Tumultueuse.
— Et la fille de la reine des Ospales ? s’enquit soudain Jeanne, l’air indécise. Doit-on la laisser de côté pour nous concentrer sur la réelle menace…
— Surtout pas ! s’écria soudain Guillaume, brandissant un doigt autoritaire vers l’Intendante du Palais.
Puis, aussi rapidement qu’il s’était enflammé, le bras droit du roi Christian se ressaisit, comme si rien n’avait perturbé la quiétude de la salle abandonnée. Il prit une profonde inspiration et laissa son regard bleu apaiser la panique dans les yeux noisette de sa subalterne.
— Veuillez m’excuser, soupira-t-il, passant une main dans sa chevelure. Mais il ne faut pas sous-estimer Jade des Ospales. Sous aucun prétexte. Même si notre attention doit avant tout être concentrée sur Diane des Ospales et la progression des Panthères. Mais dites-moi, votre surveillance s’est-elle avérée efficace ?
— Je n’ai rien de suspect à signaler concernant la reine Jade, répondit Jeanne, son ton indiquant qu’elle savait que ses mots ne plairaient pas. Je crois qu’elle est tout simplement curieuse. Elle m’a posé plein de questions sur Gina. Cependant, mis à part cela…
La dénommée fut traversée par un frisson d’effroi, et elle baissa les yeux, poings serrés contre ses cuisses maigres.
— Qu’est-ce qu’elle voulait savoir sur moi ?
— Pas grand chose, en réalité. Elle désirait savoir dans quel royaume tu avais grandi.
Tout à coup, l’Ange des Sourires s’extirpa de son perchoir. Puis, une fois ses pieds nus ancrés dans le sol, elle entreprit de marcher, lentement, dangereusement, vers l’Intendante du Palais.
— Savoir d’où je viens… Et tu appelles ça pas grand chose ?
Elle poussa un juron inintelligible et cacha son visage dans ses mains parsemées de taches de peinture.
— Je comprends mieux maintenant. Son attitude, l’autre soir. Ses allusions, ses… provocations.
— L’autre soir ?
— Ses provocations ?
Guillaume et Jeanne avaient parlé d’une même voix, et Gina ne manqua pas d’offrir à tous deux un regard foudroyant. Elle savait pertinemment que derrière son apparence flegmatique, Guillaume d’Arsénis ne cultivait pas la patience. Cependant, elle devait s’avouer déçue par Jeanne, qui d’ordinaire aurait pu incarner la déesse de la Patience elle-même, si une telle entité existait. Peut-être que la nouvelle reine et ses jeux de séduction l’avaient déjà métamorphosée, elle aussi.
— Quelques soirs avant le Renouveau, je l’ai suivie jusqu’à bibliothèque. Elle lisait des livres sur Percée, sur le roi Richard, et… Elle m’a attaquée, directement, sans raison. Et sans pudeur.
— Attaquée à propos de quoi ? l’interrogea Guillaume, chez qui la colère avait laissé place au soupçon.
— Peu importe. Je sais maintenant pourquoi.
Gina marqua une pause lourde de reproche, avant de plonger son regard d’orage dans les yeux sincères de l’Intendante du Palais.
— Il faut que tu arrêtes de répondre à ses questions, Jeanne. On ne sait pas ce qu’elle compte faire de ces informations. Elle en récolte déjà assez en farfouillant dans la bibliothèque toutes les nuits. Elle ne doit… Elle ne peut pas savoir d’où je viens réellement. Compris ?
La femme aux longs cheveux châtain se contenta d’hocher la tête, penaude, dans une promesse silencieuse. Indifférent au trouble de ses collègues, Guillaume d’Arsénis pivota vers le prêtre Penseur qui était demeuré coi, toujours occupé à jouer avec la chose qui semblait dissimulée entre ses mains.
— Penseur Perrault, vous n’avez jamais mentionné les visites de la reine Jade à la bibliothèque.
Le religieux interrompit un instant le manège de ses mains et tourna sa petite tête de rongeur en direction du Premier Ministre.
— Ah. Oui, voilà, c’est ça que je voulais vous dire la dernière fois. Ah, vous faites bien de me le rappeler ! Alors, oui, voilà : Jade se rend à la bibliothèque tous les jours. Ah, oui, et toutes les nuits aussi.
Gina espéra du plus profond de son coeur que les éclairs dans ses yeux parviendraient à annihiler cet être de la planète. Elle tenta de ravaler sa bile empoisonnée, se souvenant que malgré son air rêveur et ésotérique, Perrault était un homme extrêmement malin et attentif quand la situation le commandait. Guillaume d’Arsénis semblait avoir plus de difficulté à se remémorer les qualités du Penseur. Il affichait un air si désespéré qu’il paraissait prêt à abandonner tout lien avec la vie et le monde. Seule Jeanne, comme à son habitude, paraissait impassible, nullement surprise par le regard hagard et étourdi du prêtre.
— Et ce n’est que maintenant que vous jugez judicieux de nous faire part de cette observation ?
La voix du Premier Ministre évoluait dans un équilibre parfait entre rage et incrédulité.
— Et depuis quand vous appelez la reine par son prénom, vous ? intervint Gina, suspicieuse.
— Ah, oui, ça. Alors, ça, c’est simple. C’est parce qu’elle me l’a demandé. Je l’ai fait, parce que c’est la reine qui le dit, quand même. Et c’est gentil. Parce que Votre Majesté, c’est quand même plus long à dire.
Dans un soupir las, Gina retourna se poster sur le rebord de la fenêtre et tourna la tête vers l’horizon écarlate qui scintillait derrière la vitre. Elle refusait de perdre une seconde de plus à essayer de comprendre cet énergumène. Guillaume sembla prendre la même décision lorsqu’il se leva gracieusement de son siège.
— Bien, je crois que nous pouvons dès à présent clore cette réunion. Aucune information digne de ce nom n’a pu être découverte ces derniers jours, mais cela ne signifie pas que nous sommes à l’abri de tout danger. La Table des Sept approche à grands pas, et des nobles de tous les royaumes doivent encore faire leur apparition. Nous ne devons en aucun cas baisser la garde. La protection du roi Christian doit demeurer notre priorité absolue.
Alors que le Premier Ministre et l’Intendante du Palais marchaient d’un pas franc vers la porte, une voix retentit dans l’ombre.
— Protéger le roi Christian, êtes-vous sûr que c’est réellement ce que vous voulez… Monsieur le Premier Ministre ?
Gina leva la tête. La voix, sans timbre, sans âge, provenait de l’alcôve située dans le coin de la pièce, plongée dans le noir. Désormais, une forme se dessinait, haute et élastique.
Guillaume d’Arsénis fit volte-face et croisa les bras sur son torse. Il fixa l’ombre d’un air impassible, jusqu’à ce que la silhouette se détache de l’obscurité, dévoilant une personne d’une taille impressionnante, enveloppée dans une longue robe bleu nuit, aussi informe que le corps qu’elle dissimulait. Aucune parcelle de peau n’était visible, exceptée sur ce visage de la couleur du lait. Une chevelure noire semblable à des fils de laine recouvrait le dos de la silhouette, jusqu’à ses mollets. Des yeux fins et aiguisés comme des couteaux, comparables à ceux d'un chat, se posèrent sur le Premier Ministre, leurs prunelles noires semblant prêtes à le dévorer. Ses lèvres blanches se tordirent dans un sourire macabre.
— N’est-ce pas vous-même que vous protégez, Guillaume ?
Le Premier Ministre serra les dents, toisant l’immense silhouette. Sous sa peau d’albâtre, similaire à celle de l’apparition, il paraissait sur le point d’entrer en fusion. Leurs yeux également étaient comme frères, mais le bleu turquoise des prunelles de Guillaume s'opposait durement aux iris charbon de l'inconnue.
— Nous pensions que vous ne serez pas des nôtres pour cette réunion. Depuis quand êtes-vous là ?
— Depuis le début, je crois bien.
— On peut savoir ce que vous faites là ? demanda Gina, irritée, glissant du rebord de la fenêtre avec une agilité féline. Je croyais que vous ne deviez pas rentrer de votre… mystérieux voyage avant une semaine encore ? Et vous auriez pas pu vous manifester avant, aussi ? Alors ? Une explication à nous donner, Ren ?
— C’est « Madame Ren » pour vous, rétorqua la silhouette noire d’un ton sirupeux. Et je n’ai aucune obligation de me justifier auprès de vous.
Gina grogna de frustration. Tous au Palais des Lumières savaient que Ren ne souhaitait pas particulièrement ressembler à une femme, alors la raison pour laquelle elle souhaitait être appelée « Madame Ren » demeurait une énigme. Comme tout ce qui la concernait de près ou de loin, d’ailleurs. Entre ses nombreux voyages vers des destinations inconnues, sa taille inhumaine et ses yeux ensorcelants, Madame Ren était au coeur de nombreuses rumeurs qui animaient les bas-fonds du château. Elle était comme une poupée gigantesque, plus solide que la porcelaine, et aussi tranchante que le verre brisé.
Néanmoins, ce qui dérangeait Gina n’était ni son apparence ni ses cachoteries. Il émanait de Ren une aura, comme une auréole, de ténèbres pures. Une sorte de fumée noire qui l’habitait toute entière et tentait parfois de s’échapper pour se déverser sur le monde. Nul ne semblait avoir remarqué cet halo sombre qui suivait la femme dans chacun de ses pas, alors Gina se taisait. Ren était un élément central des Restaurateurs, selon le Premier Ministre, et l’Ange des Sourires n’était personne pour le contredire. Néanmoins, cela ne l’obligeait pas à lui accorder sa confiance les yeux fermés.
— Bien, alors si vous ne souhaitez pas nous expliquer la raison de votre présence, commença Guillaume d’un ton excédé, veuillez au moins nous dire si vous apportez des nouvelles avec vous.
— Bien sûr que j’apporte des nouvelles ! claironna la femme dans un sourire mielleux. En tant que Ministre des Affaires Clandestines, à quoi servirais-je si je n’amenais pas des nouvelles que vous ignorez ?
— Ministre des Affaires Clandestines ? pouffa Gina. Ça existe, ce ministère ?
— Ce n’est pas plus absurde qu’être nommée « Anges des Sourires », Gina.
La peintre grimaça de fureur lorsque la Ministre lui adressa la parole encore une fois sans lui accorder un regard.
— C’est « Mademoiselle Gina » pour vous.
— Mesdames, s’ił vous plait, les coupa Guillaume, ravalant son énervement avec un succès relatif.
— Pourquoi « Mademoiselle » ? l’ignora Ren. N’êtes-vous donc pas digne d’être une dame ?
— Vous ne ressemblez pas à une dame non plus, cracha Gina en retour. Vous ne ressemblez pas à grand ch…
— Il suffit, mesdames ! trancha le Premier Ministre, élevant sa voix au-dessus de celles des deux femmes. Madame Ren, enchaîna-t-il, avec toute la patience qu’il lui restait, quelles informations nous apportez-vous, je vous prie ?
La Ministre des Affaires Clandestines se départit de son rictus de mépris et croisa les bras devant elle.
— La reine Diane des Ospales est en route. Elle sera ici dans moins d’une heure.
— Rien que les gardes n’auraient pas pu nous dire, grommela Gina.
Pour la première fois, la femme se tourna vers elle, et Gina crut voir cette fumée obscure se mouvoir dans son sillage.
— Peut-être. Mais moi, je peux vous dire que vous n’allez pas aimer ce qu’elle apporte avec elle. Je souhaitais être celle qui vous annoncerait la nouvelle, afin que vous puissiez vous y préparer.
— Nous préparer à quoi, Ren ? s’enquit Guillaume, sa voix soudain tressautante de nervosité. Qu’apporte la reine Diane ?
— Un cadavre. Enfin, pas tout à fait. Disons… un futur cadavre.
Si les proches du roi se réunissent en secret, sans le lui dire, ce n'est pas vraiment pour son bien. Tenir ainsi le dirigeant à l'écart n'est pas bon signe. Ceci dit, ce n'est que mon point de vue...
Alors normalement ces réunions sont faites dans l'intérêt du roi mais effectivement comme elles sont aussi dans son dos on peut réellement s'interroger xD en tout cas, eux ils prétendent se réunir dans son intérêt x) je comprends ta méfiance !
Merci pour ton retour :)
J'ai adoré lire celui-là. Outre la raison que je viens de citer, l'ambiance globale était très intéressante. D'ailleurs, aucune idée de si c'était fait exprès mais du côté de Jade on se retrouve avec une fille enjouée, un caractère frais et agréable et… beaucoup de lumière. De l'autre côté avec Gina c'est sombre, colérique et plein de coup-bas qui semblent se préparer. Les deux personnages commencent à se démarquer plus explicitement qu'avant et c'est plutôt cool.
En tout cas la partie avec Gina était très intéressante et les personnages présentés furent tous correctement écrits. C'était beaucoup de dialogues et je les ai trouvés bien ficelés, donc bien joué à toi !
Je suis super contente si tu as aimé l'ambiance de ce chapitre, ce groupe de personnages est un groupe que j'aime beaucoup écrire et qui ont une dynamique assez fun je trouve ^^ Tu les retrouveras plusieurs par la suite ;)
Mais tu as tout à fait raison pour l'opposition Jade/Gina, c'est vrai qu'elles dégagent une aura ou une énergie qui sont complètement opposées ahah ^^
Super contente que tu aies trouvé les dialogues bien ficelés, c'est pas évident avec beaucoup de personnages, et tu verras par la suite parfois il y en aura encore plus, et je me demande si je ne suis pas un peu mayo des fois ahah xD
Merci encore pour ton retour, à bientôt ;)
Très belle chute !
J'ai littéralement adoré ce chapitre ! Le cadre ainsi que cette histoire de restaurateurs m'a permis d'imaginer la scène à ma sauce et c'était très cool. Les deux nouveaux persos sont géniaux. Perrault qui joue à l'idiot était très amusant et on n'a du mal à savoir à qui il est réellement fidèle. Ren est aussi très très bien, ses dialogues sont tous tranchants ! Son introduction donne envie d'en apprendre plus sur le perso.
En tout cas, c'était intéressant cette réunion qui faisait un peu conspirateurs^^ Pauvre Jade, elle ne sait pas tout ce qu'il se passe dans son dos.
J'ai bien aimé le personnage de Marina, le fait qu'elle sorte Jade de l'embarras permet de vite situer le personnage.
Mes remarques :
"un drapeau rouge sang, où trônait en son centre un phénix entouré d’un cercle." je trouve que la formulation pourrait être améliorée : un point après sang puis : En son centre, trônait un ... ?
"et son élégance était tout aussi passionnant." restait ? et enlever le tout aussi ? "« Anges des Sourires », Gina." j'ai trouvé que le prénom à la fin cassait un peu le rythme de la punchline (excellente au passage)
Un plaisir,
A bientôt !
Je suis vraiment ravie que tu aies autant apprécié ce chapitre, c'est vrai que je me souviens avoir adoré l'écrire, notamment introduire ces nouveaux personnages qui sont un peu spéciaux comme tu l'auras remarqué xD
Tu as tout à fait cerner le personnage de Perrault ahah, et oui, Ren est très mesquine et tranchante dans ses dialogues, c'est un perso génial à écrire, je m'éclate ahah xD
Et oui, pauvre Jade ahah, si elle savait la pauvre... Elle a pas grand monde de son côté :/
Contente si tu as également apprécié Marina, c'est un personnage assez important, mais tu t'en rendras bien assez vite compte ;)
Merci pour tes notes ! Tu as raison, la punchline est mieux sans le prénom à la fin, je vais corriger ça ^^
Merci encore pour ton retour, et à bientôt ;)
Plus que ces nouveaux personnages, c'est l'existence de cette assemblée qui m'a vraiment réjouie, surtout la lire du point de vue de Gina. à travers elle, on en apprend beaucoup plus sur Guillaume et Jeanne, sur leurs caractères et leurs ressentis, c'était un chapitre très intéressant !
Je n'ai rien remarqué comme fautes, GG :) Je laisse quand même ces petites remarques prises au vol ;)
- que je vous porte à tous deux. < tous les deux, je pense que ça donnerait mieux
- Perrault était un homme extrêmement malin et attentif quand la situation le commandait < du coup, c'est bizarre qu'il ait "oublié" de mentionner ses visites à la bibliothèque x)
- C’est « Mademoiselle Gina » pour vous. < j'adore, je la sentais cette réplique xD Gina est tellement cute
Euh... de quelle note parles-tu ? Ahah, j'ai oublié x) Je suis contente que tu trouves ces 2 persos mystérieux, en tout cas, c'est évidemment volontaire ;)
Et pour Perrault, ta théorie est tout à fait logique et intéressante ;)
Je suis contente que tu aies trouvé le point de vue de Gina appréciable ici, et que ce que tu as appris sur Guillaume et Jeanne t'a intéressée :D
Merci pour tes remarques, je les note encore précieusement ! Tu as bien remarqué pour Perrault : il est bizarre ce gars-là, n'est-ce pas ? xD
Pour Gina, évidemment qu'elle allait répondre ça, c'est une p'tite rageuse dans l'âme c'est pour ça qu'on l'aime ^^
A bientôt <3
hé bien moi, je vois DEUX nouveaux personnages forts intéressants. Le Penseur Perrault d'abord - qu'on avait peut-être vu brièvement auparavant mais qui ne m'avais pas vraiment marquée - qui se démarque des autres Restaurateurs par son attitude euh... je-m'en-foutiste? :D En ce qui me concerne, je le trouve rafraichissant par rapport à la tension permanente qui habite Guillaume.
En passant, c'est tout à fait personnel mais, je n'aime pas beaucoup Guillaume. Il me parait se laisser bien trop commander par ses émotions. J'ai l'impression que sa haine pour Jade n'est motivée que par la jalousie, et non par la politique. Il devrait faire attention parce que c'est justement ce genre de mauvais jugement qui risque de mettre Christian en danger (mais c'est facile à dire quand on a une vision plus globale du puzzle :D )
Concernant Madame Ren, je ressens la même sympathie que pour le Penseur. Même si elle semble pencher vers les ténèbres, son attitude me parait plus lucide et plus rationnelle que celle des gentils Restaurateurs, qui m'apparaissent, certes, plein de bonne volonté mais pas très bien armés pour le jeu dangereux auquel ils veulent jouer...
Bref, j'ai hâte de voir où tout cela va nous mener car, pour le moment, beaucoup de questions restent en suspens. Tu maintiens un sacré suspens autour de la mort de Katherine, par-exemple :D
A bientôt
Alice
Je suis contente que tu aies apprécié Perrault, peu de lecteurs se sont arrêtés sur lui pour l'instant alors ça me fait plaisir :) Je crois qu'il est encore pas mal sous-estimé :P
Merci de me partager ton ressenti sur Guillaume ! En effet, à ce stade il est plutôt antipathique et c'est normal : c'était mon intention ^^ Maintenant, mon défi va être de vous montrer qu'il n'est pas si chiant que ça xD Mais tu as raison : il est bien trop guidé par ses émotions, mais peut-être que ce sera utile un jour, qui sait ? ;P
Et ton intuition sur Ren m'a bien plue ! Son côté plus calme et rationnel comme tu dis tranche beaucoup avec les autres membres comme tu dis ;) Et ça aura son intérêt plusieurs fois ! Contente si tu l'apprécies ;)
Et merci du compliment sur le suspens concernant Katherine, je suis vraiment heureuse de m'être pas mal débrouillée sur ce point :D J'espère que la suite sera à la hauteur de tes attentes du coup ^^
A bientôt <3
Cette histoire de réunion secrète m'a ravie ! J'adore l'idée que des personnages qu'on a croisé sans se douter de rien pendant quelques chapitres se réunissent et trafiquent ensemble ^^ Ça apporte de la densité à l'intrigue, et leurs interactions sont très bien rendues;
si j'ai une petite (minuscule ) remarque, c'est celle-ci : on voit un peu que le Penseur Perrault est là pour expliquer le fonctionnement de ce cercle secret. Par exemple ici ;
" Ceci dit, je n’ai toujours pas compris de quoi on devait le protéger exactement…
Gina observa avec intérêt le confident du roi qui se tendit sur son siège et posa ses longues mains sur le drap recouvrant la table. L’Ange des Sourires savait que quoiqu’il advienne, Guillaume d’Arsénis ne perdrait jamais son sang-froid. Mais le voir lutter et se démener pour garder son calme et son élégance était tout aussi passionnant.
— Nous l’avons répété maintes et maintes fois, Perrault, dit-il dans une inspiration saccadée. Les dangers ne sont pas seulement ceux qui sont visibles ou prévisibles. Le sort tragique de feue la reine Katherine en est le parfait exemple. C’est pourquoi notre priorité actuelle est de nous assurer que les souverains des Sept Royaumes ne représentent pas une menace pour Indeya."
Alors, je ne sais pas si tu peux amener ça avec plus de finesse, ou alors jouer sur le personnage pour que son ignorance soit plus crédible... mais si j'ai bien compris les indices que tu laisses dans les autres chapitres, les Penseurs sont des gens intelligents, non ? Habitués à réfléchir ? Du coup, je trouve qu'il fait un peu "benêt". Alors, tu peux effectivement accentuer cette piste (folie, démence liée à l'âge ?).
Sinon, j'adooore Madame Ren, elle est ô combien mystérieuse ! Et sa prise de bec avec Gina est bien trouvée, ça caractérise immédiatement leur relation et ce nouveau personnage !
Je suis contente que tu apprécies Marina, en vérité je ne pensais pas qu'elle serait autant appréciée, ahah xD Mais j'en suis ravie ! Et je suis très, très touchée par tes mots sur ma caractérisation des personnages féminins, merci beaucoup, vraiment :O
Et effectivement, les Restaurateurs sont très discrets, et même s'ils se disputent souvent, ils sont quand même pas mal efficaces xD
Concernant Perrault, l'impression du personnage benêt est tout à fait volontaire justement ^^ En fait, c'est un petit monsieur très très déconnecté, et à l'ouest, mais pour autant bête ! C'est seulement l'impression qu'il dégage ;) Et pour te répondre, sa question sur le but des Restaurateurs, alors que selon lui tout a été restauré était pour le coup loin d'être idiote. Ça devait souligner le fait que pour certains membres, dont lui, Guillaume d'Arsénis était peut-être un peu trop zélé, ou alors cachait d'autres intentions. Sentiment qui est corroboré par l'insinuation de Ren plus tard, d'ailleurs ;) Donc voilà, c'est à ça que servait cette intervention de Perrault, normalement xD Et ce côté tête en l'air de Perrault sera rappelé d'autres manières par la suite, normalement ;)
Contente que tu aies aimé la dispute entre Ren et Gina, qui est effectivement, tu l'as remarqué, très importante ! Parce que ça veut tout dire, et sur l'une et sur l'autre ;) Quant aux mystères de Ren, ils mettront un certain temps avec de se dévoiler :P
Merci encore pour ton retour, et à bientôt j'espère <3
>> Et wow, super chapitre ! En fait, vois-tu, je lisais et je me disais qu'il était plus long que d'habitude, effectivement, et foutrement bien structuré et construit ! Alors chapeau pour ça :D Enfin c'est dur à expliquer mais il y a comme une logique dans le découpement entre les scènes (l'arrivée de Marina et la scène derrière le tableau puis l'arrivée de Ren) mais aussi un dialogue bien mené dans cette pièce secrète. Enfin voilà, je voulais saluer ça, comme un fil rouge que tu as bien su dérouler dans ce chapitre-ci :)
>> Sinon, au sujet de l'arrivée de Marina: wow, quelle femme! J'aime trop parce que dans ton récit, les femmes sont nombreuses à libérer force et puissance, si chouette d'avoir une telle représentation de la figure féminine, j'adore ^^
>> Ensuite : j'ai surkiffé cette réunion secrète ! Comme je l'ai déjà dit, le dialogue est bien mené, et je dis bravo parce que je trouve pas évident de faire converser un grand nombre de personnes en même temps, et là pour le coup ça coulait de source, chacun avait son intonation et ainsi, malgré la multitude de personnages, on arrive à sentir la force de caractère de chacun. Autrement dit, tous tes personnages sont bien caractérisés, c'est cool !
>> J'aime le nom les Restaurateurs !
>> Guillaume m'inspire de moins en moins confiance, quelque chose me dit qu'il a pas que des belles intentions, et que protéger le roi Christian, hum, comme Ren le souligne, est-il vraiment là pour le protéger? Ou agit-il par intérêt intéressé?
>> Reeeeeen, wouaaaaah, je sais pas qui elle est, ce qu'elle fout là, mais wow, j'adore son perso, elle est si intrigante ! *-* Une pépite de personnage ! Je me réjouis très fortement de voir comment elle va évoluer celle-là !
>> Gina : toujours aussi superbe. Magnifique. Coeur sur elle.
>> Simple réflexion que je me fais actuellement sur les femmes : en fait c'est vrai que beaucoup des femmes dégagent une certaine aura, et là je me demande, mais ce n'est qu'une suggestion: est-ce que ce serait pas intéressant aussi d'avoir une ou deux figures plus "mièvres" ou "effacées"? Pour pouvoir mieux détonner avec Jade, par exemple? Parce que là, je me fais juste la réflexion que Jade est peut-être moins Jade lorsqu'elle est entourée de beaucoup de femmes puissantes. Enfin je sais pas, ce n'est qu'une simple suggestion. Je trouve très très cool d'avoir autant de femmes fortes, mais peut-être que ça créé tout de même un trop gros condensé de vigueur et qu'alors c'est plus difficile de faire contraster les personnages entre eux? Mais voilà, ce n'est qu'une piste de lecture. A voir ce que toi tu veux faire de ton récit <3
>> La fin sur le cadavre... Argh, me voilà qui tourne la page et rien, et quoi je dois attendre que chère Momo poste la suite? Quoi alors elle se permet de finir sur un cliffhanger pareil? Rrrrrr.
VOILAAAA, des papouilles que je t'envoie ! Toujours un grand plaisir, je me réjouis de lire la suite ^^
Je suis super contente que tu aies apprécié l'enchaînement et la logique des scènes dans ce chapitre :) Et Marina aussi, je sais que pas mal d'entre vous l'apprécient donc ça me fait plaisir :D C'est un personnage complexe qui n'a pas encore révélé tous ses secrets :P
Et merci pour tes compliments sur la scène de la réunion : effectivement, les dialogues n'étaient pas si simples à gérer puisque beaucoup de personnages avec des personnalités très très différentes ! Mais je suis super contente de savoir si les différentes personnalités étaient bien distinctes :D Pour Ren, ahah vous êtes plusieurs à l'aimer aussi ! Je ne dirais rien de plus sur elle, juste j'espère qu'elle continuera de vous plaire ! Malgré ses failles et ses défauts xP
Ta réflexion sur des femmes "mièvres" et très intéressante parce que... C'EST PRÉVU ! Ahah xD Deux femmes mièvres arrivent, be ready ^^ Après, je ne compte pas les faire totalement débiles ou démunies non plus ! Mais elles seront très très effacées, l'une sera même détestable tant elle apparaîtra faible et influençable ! Mais j'espère que tu me connais assez pour savoir qu'il ne faut jamais trop se fier aux apparences avec moi :P Enfin voilà, mon pari c'était d'introduire d'abord des femmes fortes, qui sont plus nombreuses, et ensuite des femmes qui sembleront plus faibles et en retrait ! Je tiens à préciser que Jeanne l'Intendante du Palais, bien qu'ayant un poste important, n'est pas excessivement forte ni imposante non plus ;)
Voilà, j'espère que ça te convaincra quand tu verras les femmes plus "mièvres" arriver ahah xD Mais ta remarque était tout à fait pertinente puisque j'y ai pensé héhé :)
Pour le cadavre... eh bien... on se demande rendez-vous la semaine prochaine pour la réponse, hein ? xP (MOUHAHAHA)
Merci merci beaucoup pour ton soutien et tes mots adorables à chaque fois, tu n'imagines pas à quel point tes commentaires me réjouissent et éclairement mes journées <3
Bisous et à bientôt ;)
Merci pour ce commentaire qui EST* juste adorable
On se DONNE* rendez-vous la semaine prochaine, évidemment xD
P.S. Je précise que ces femmes apparaîtront "mièvres" de manière différente, bien sûr ! L'une sera plutôt lâche et renfermée, l'autre plutôt naïve et très très utopique dans ses idées, émotive à l'extrême, etc. ;) Et mon défi sera de montrer que oui, elles sont moins balèzes qu'une Marina ou qu'une Diane, mais c'est pas pour autant qu'elles n'ont pas de qualité qui les rendent intéressantes ;)
J'espère que j'ai été claire !
Et re-bisous <3
Et c'est vrai que Jeanne n'est pas imposante !
Et voilà voilà ^^
J'aime beaucoup cette espèce d'alliance secrète qui c'est formé. Ils ont l'air d'un peu tous se taper sur les nerfs à plus ou moins fort degré, mais font équipe malgré tout et ça, c'est beau et surtout pas si simple que ça, donc chapeau. Car pour moi, tu as bien su retranscrire toute la complexité du truc.
Surtout Gina / Ren.
J'ai hâte de lire la suite en tout cas :) (j'ai l'impression de dire ça à chaque fois, mais c'est vrai ahah )
Ta réflexion sur le fait que les perso de la réunion secrète parviennent difficilement à se supporter mais se forcent pour le bien, c'est une excellente interprétation ! J'y avais pas pensé, mais effectivement ça fait partie du défi de cette organisation, bien vu :D
À la semaine prochaine pour la suite, alors :P
Encore un beau chapitre que voilà ^^ tu nous fais découvrir de nouvelles facettes à ton univers et ça c'est merveilleux.
J'adore cette sorte de... société secrète ? C'est vrai que le roi Christian en a bien besoin tellement il est innocent, doux et mou... comme un marshmallow mais c'est un compliment, hein, ne te vexe pas Chris.
Ce petit groupe top secret me fait rire, j'imagine bien Jade avec eux. Mais je pensais pas du tout que Jeanne l'Intendante puisse montrer un aspect brutal, surtout lorsqu'elle a plaqué Gina contre la porte en échange du mot de passe.
XD c'est moi ou tout les groupes secrets ont des mots de passe ? Je trouve que mettre le mot de passe dans la pièce n'est pas très logique. En l'occurrence, c'est lorsque l'on veut rentrer dans une pièce que l'on dit le mot de passe avant de pénétrer dans la pièce. Mais je les vois tout aussi bien faire une sorte de salut ou de prière au nom de feue la Reine Katherine.
Personnellement, j'aime bien cette ancienne reine. Elle est certes morte, mais tout le monde parle constamment d'elle, ça veut dire que même après sa mort les gens continuent à la vénérer et ça c'est incroyable. Par contre sa morte soudaine a été... influencée par Jeanne ? Alors là, je suis bouche bée. J'ai hâte de découvrir sa mort même si j'imagine que Jeanne n'a pas joué un grand rôle...
Et qu'est-ce que j'adore la reine Marina, elle est si belle et pleine d'assurance ! j'ai adoré sa description ici ^^
Par contre le Chancelier et le roi ne se ressemblent pas du tout x) ils n'ont pas le même caractère ni la même attitude, ni la même apparence j'ai l'impression.
Bon, sur Madame Ren, je suis... bon elle a été introduite en fin de chapitre et du peu que j'en sais, je ne peux dire que ça : Wowwww
J'adore sa répartie XD elle est trop drôle avec Gina ! Génial, encore un autre duo déjanté !
En revanche, j'ai une question : est-ce que Ren est d'origine asiatique ?
>>> "Des yeux fins et étirés" : parce que si tu dis qu'elle a des yeux bridés, je ne trouve pas nécessaire de le dire explicitement. Je trouve ça maladroit de dire que les yeux sont "étirés" pour un personnage d'origine ou d'inspiration asiatique
Et cette fin ! elle est bien menée. En effet, je m'attendais à ce que cette horrible reine Diane monte un plan machiavélique... Les pouvoirs de Madame Ren m'ont l'air d'être très puissants en revanche... je me demande si ce n'est une double espionne ??
Je suis contente que tu aies aimé cette société secrète, c'est un petit peu mon kiff du moment, d'écrire ces scènes-là :) Et pour le moment de passe, tu as raison c'est presque plus un hommage envers la reine Katherine qu'un réel mot de passe ;) Et comme ça se passe dans une salle inusitée, peu de personnes peuvent se retrouver là par hasard ^^ et dire le mot de passe dans le couloir, c'est prendre le risque qu'il soit entendu aussi :P D'où le mot de passe à l'intérieur ;) T'as bien raison sur le fait que Christian a besoin d'être protégé ^^ Il est si innocent le petit roi :3 Et concernant sa ressemblance avec le Chancelier, si si ils se ressemblent, ils ont la peau mate tous les deux, les yeux marrons et les cheveux foncés, mais il est vrai que je ne me suis pas trop attardée sur la description de Christian, d'où cette impression peut-être ?
Ravie que tu apprécies Marina, c'est effectivement une nana qui en jette xD donc je suis contente si la description retranscrit bien ça :D
Je suis super contente que tu aies apprécié Ren, c'est vraiment ma chouchoute du moment :D Et effectivement, ses échanges avec Gina sont toujours houleux et ça m'amuse de les écrire xD
En effet, elle est d'origine asiatique ! Et si tu me dis que tu trouves ça maladroit, je m'en excuse et je vais corriger ça :/ J'espère vraiment que je ne t'ai pas blessée...? Parce que j'en serais vraiment trop attristée ! En fait, mon idée c'était pas tant de faire comprendre qu'elle était asiatique, mais surtout parce que moi dans ma tête je l'imagine avec les yeux vraiment très très très fins et étirés du coup, si bien que ça lui donne un air de reptile/félin tu vois ? Mais je ne veux pas que ce soit mal pris, alors je vais changer. Tu me conseilles quoi ?
Et oui, ses pouvoirs sont puissants, tu découvriras ça plus tard :P
Concernant Diane... et bien, tu vas vite savoir :P
À très bientôt !