LE CEIBA QUI POUSSE CONSOMME ET STOCKE DE L’ENERGIE
LE FEU QUI LE CONSUME LIBERE L’ENERGIE STOCKEE ET LA TRANSFORME,
SOIT EN CHALEUR SOIT EN LUMIERE
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Moebius se laissa gifler, les ongles fichés dans les paumes. Après tout, il restait le responsable de sa situation actuelle.
— J’espère que vous êtes meilleur assassin qu’ami, Moebius, lui assena Diane en se détournant.
Il déglutit. Elle n’était pas de la confrérie, il ne pouvait pas tout lui dire, et elle ne pouvait pas comprendre.
Une conque sonna, bientôt relayée par d’autres.
— Il faut y aller, dit-il plus sèchement qu’il ne l’aurait voulu.
Il saisit sa main et l’emmena vers la sortie la moins gardée. Diane se laissait tirer, sans résister. Moebius sauta le mur pour endormir le garde à l’extérieur. En contrebas, une caravane attendait bien. Un des llamas hennit. Une fois le soldat étendu par terre, il lui emprunta ses clés et ouvrit la porte.
Moebius descendit l’escalier abrupt avec précautions, pour éviter de se rompre le cou. Dans la ruelle sombre, il contourna le chariot pour vérifier l’identité du conducteur, au cas où, Diane derrière lui. Puis il l’aida à monter dans le véhicule. Elle s’assit sur le banc en lui tournant le dos. Il chassa un frisson.
— C’est bon ? lui Demanda Tobias.
— Suivez bien l’aqueduc. Maître Xavier vous trouvera.
— Et toi ? insista lui aussi Tobias.
Il tapota son bracelet et secoua la tête. Qu’est-ce qu’ils avaient tous aujourd’hui ?
— Je vais rester brouiller les pistes. Que la pluie vous évite sans vous oublier.
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Moebius se réveilla difficilement, une migraine tenace au-dessus des yeux. Le soleil pénétrait déjà largement par la petite fenêtre de sa chambre.
Il était rentré très tard, après s’être assuré plusieurs fois d’avoir bien perturbé ses traces. Et le sommeil l’avait fui. Il avait répété ses arguments, revu mentalement toutes ses actions de la journée, cherché les failles. Il avait fait tout son possible, mais le plus difficile restait : assumer.
Ses pensées tournaient dans son crâne comme un serpent qui chasse sa queue. Ce n’était pas la première occasion où il se mettait tout seul dans des circonstances compliquées, mais sans Martial pour l’aider à faire de l’ordre dans sa tête, la situation prenait des proportions inédites.
Moebius se frotta la joue, se leva et sortit se laver à contrecœur. Il n’avait pas envie d’aller à ce conseil. Il posa une paume au sol et chercha la trace de Diane, mais ne trouva rien, ce qui le rassura. Il ne voterait pas, son absence ne changerait rien.
Par la fenêtre de la salle d’eau, le couvert nuageux menaçait. Il soupira et se tâta la tête en se regardant dans le miroir de pyrite ébréché. Ses cheveux repoussaient enfin. Son absence ne changerait rien, mais paraîtrait suspecte.
Il enfila son uniforme des occasions avec l’impression désagréable d’avoir davantage maigri et passa prendre un gâteau qu’il ne mangea pas. Quand il arriva dans l’auditorium, il le trouva encore désert et ressortit et fit un tour dans les couloirs, non désireux d’attirer l’attention trop tôt.
Jusqu’où Tobias avait-il poussé cette nuit ? Il avait l’habitude de circuler discrètement. Ils devaient être loin.
Quand il revint vers l’auditorium, la salle se remplissait. Il retrouva sa place au fond de la pièce et remonta sa capuche. Puis choisit de la baisser à nouveau. Les trois doyens entrèrent et firent signe à l’auditoire de demeurer assis. Tous les sièges étaient occupés.
Yonos prit rapidement la parole.
— Bon. Je vois que nous sommes plus nombreux qu’hier. Tant mieux. Y a-t-il de nouvelles questions ?
La salle resta silencieuse.
— Alors, votons. Que ceux qui sont en faveur de livrer Mademoiselle au roi lèvent la main !
Moebius regarda une forêt de bras se soulever. Derrière l’estrade, un mouvement attira son attention. Un apprenti venait de rentrer dans la pièce et saluait ses aînés, l’air très inquiet. Un frisson parcourut son dos.
— Vingt-huit ! cria le jeune qui faisait le secrétariat, en se retournant pour chercher ce qui déclenchait ainsi la curiosité de l’audience.
Le nouvel arrivant avait murmuré quelque chose à l’oreille du doyen Yvan, et les trois hommes échangeaient maintenant vivement à voix basse. Moebius inspira doucement. Ça commençait.
— Le conseil est ajourné. Reprenez vos agendas habituels. Moebius imita le mouvement, et sauta la porte fracassée de l’auditorium, dans ses pensées. À peine sorti, le doyen Yonos l’accula dans un coin de couloir.
— Suivez-moi.
Moebius lui emboîta le pas en faisant de son mieux pour ne pas voir les paires d’yeux braqués sur lui.
— Monsieur le doyen ? Que se passe-t-il ? demanda-t-il, pour la forme.
Maître Yonos le regarda de travers, mais ne dit rien. Il traversa les salles communes à grandes enjambées et prit la direction de la tour est. Le vieil homme lui arrivait à peine au menton, mais Moebius dut plusieurs fois courir pour ne pas se laisser distancer. Dans tous les couloirs, des apprentis et des maîtres toquaient aux portes et inspectaient les pièces.
On le fit attendre sur une paillasse, le doyen Yonos allant et venant dans son dos. Puis maître Yvan entra, suivi de Léandre, et les deux s’assirent face à lui.
— Moebius. Nous avons un problème. Savez-vous de quoi je parle ?
Moebius se redressa. Léandre le connaissait plutôt bien. Impossible de jouer la carte du benêt. Il se demanda ce que Diane aurait répondu à sa place.
— Ce n’est pas compliqué à deviner. Le conseil a été arrêté avant le vote, tout le monde fouille jusqu’aux placards. Mademoiselle a disparu.
Tant qu’ils ratissent le palais, se dit-il, c’est qu’ils restent persuadés qu’elle n’en est pas sortie.
— À votre place, je ne jouerai pas au plus malin, dit le doyen Yonos en s’appuyant lourdement sur ses épaules.
Moebius ne leva pas la tête, mais son courage se fana quand une de ses vertèbres dorsales craqua.
— Pourquoi m’avez-vous fait venir ?
— Je vais être franc avec vous, Moebius, dit maître Yvan. On pense que vous l’avez aidée à sortir de sa chambre et que vous l’avez cachée quelque part.
Moebius ouvrit la bouche. Puis la referma. Il savait que peu de monde l’appréciait, mais l’accusation frontale lui serra le cœur.
Maître Yonos se pencha par-dessus lui pour l’observer un moment.
— Néanmoins, nous n’avons pas de preuve et jusqu’à présent nous n’avons jamais eu à douter de votre loyauté. Alors pour l’instant, restez dans les murs, le temps qu’on tire cette affaire au clair. C’est compris ?
Moebius opina.
— Parfait. Maintenant vous allez aider Léandre à la localiser. Il ne l’a que vaguement croisée lorsqu’elle a emprunté son tunnel pour venir ici. Je suppose que vous connaissez son signal. Vous avez dit avoir sondé au bord de la grotte.
Moebius acquiesça. Il n’avait pas à faire semblant. Diane était loin, et le collier la masquait. Il avait déjà vérifié. Il ôta son gant et posa la main au sol. Léandre fit de même. Il se contenta de chercher Diane en évitant de penser à Tobias.
— Je ne la vois pas, dit-il.
— Selon vous, où pourrait-elle se cacher ?
— Mademoiselle est plus intelligente qu’elle ne le laisse croire, et beaucoup plus informée de nos capacités qu’elle ne le devrait, répondit-il en réfléchissant à comment amener la suite, pourtant répétée plusieurs fois pendant la nuit.
— Dites-nous le fond de votre pensée, dit le doyen Yonos derrière lui.
— Elle peut avoir fui vers le domaine des Cénotes. Là-bas elle sait qu’avec les émanations d’énergies des roches elle sera difficile à pister. Elle connait le terrain et elle y a beaucoup d’alliés. Elle a peut-être prévu d’aller retrouver le petit prince et de s’y cacher.
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Yvan l’avait congédié en lui réitérant de rester dans les murs. Quand il avait passé la porte, il avait entendu Yonos grommeler qu’il avait la bouche pleine de feuilles sèches.
Il marcha rapidement jusqu’à la salle d’eau la plus proche et plongea la tête directement dans un seau, les mains tremblantes. Puis il ôta son manteau, trouva une pièce d’entraînement et répéta plusieurs séries d’agrès jusqu’à ce que sa chemise lui colle à la peau, dégoulinante. Quand il se sentit un peu soulagé, il passa changer de tunique et alla se joindre aux investigations.
Il faisait une pause avec son groupe de recherche au réfectoire quand maître Yvan s’avança vers eux. Les autres égys se levèrent et quittèrent la table. Le doyen s’assit face à lui.
— Il semble que plusieurs apprentis aient été manipulés magiquement. Yonos dit que vous êtes particulièrement à l’aise avec ce genre de technique.
Moebius soutint le regard un peu terne du vieil homme, honnêtement assez malheureux. Au fond, il avait bêtement espéré passer entre les mailles du filet et pouvoir reprendre ses habitudes, tout en surveillant du coin de l’œil Augustin. Mais il saisissait maintenant qu’il allait mettre des semaines à récupérer la confiance des siens.
— J’ai toujours privilégié l’intérêt de la confrérie, même lorsque je n’étais pas d’accord avec les ordres, monsieur le doyen…
— Je sais. D’ailleurs, je vous ai souvent soutenu. J’avais pitié de vous. Mais vous me posez un problème, là. Si vous avez vraiment aidé Mademoiselle à partir, j’ai dit à Yonos que je me débarrasserai de vous moi-même. Vous êtes prévenu. En attendant, intégrez votre chambre et restez-y. On a beaucoup de questions pour vous.
Moebius se leva, salua, et quitta le réfectoire, une foule de regards vissés dans le dos. Il regagna sa chambre et se laissa tomber sur son lit. Un apprenti se posta derrière la porte, un second en face.
Le soleil n’avait pas encore commencé à descendre, et pour l’instant la confrérie n’avait envoyé personne sur les routes. Tobias et Diane seraient hors de danger quelques heures de plus.
Il se frotta le visage, enleva ses bottes pour s’asseoir en tailleur et fit quelques cercles avec la tête. Il aurait dû culpabiliser d’avoir ouvertement menti à ses supérieurs, mais il n’en était rien. Il se sentait stressé, inquiet, mais pas fautif. Il s’effrayait lui-même.
Moebius se pencha pour poser sa main sur le sol. Tobias était hors de portée de ses capacités. Il prit dans son placard un vieux codex sur l’histoire des énergies et s’allongea sur le lit. Il allait probablement rester sous surveillance un moment.
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On frappa à sa porte alors qu’il faisait le bananier contre le mur, tentant de dépasser son dernier record. Il se releva, les bras cotonneux. Maître Yonos entra avec une chaise et s’y assit à l’envers, le dossier entre les jambes, la tête dans l’ombre.
— Moebius. À votre avis, par où le traître a-t-il pu faire sortir la princesse ?
— Je ne sais pas comment répondre à votre question, monsieur le doyen, dit-il en se massant les coudes. Le palais n’a pas trente-six portes. Si je vous donne mon avis et qu’il se trouve qu’elle a fui par là, vous allez vous en servir contre moi. Si je vous donne volontairement une piste selon moi improbable, il peut quand même se passer la même chose. Et si vous ne découvrez rien, vous m’accuserez de mentir.
— Répondez à ma question.
— La poterne nord, celle qui donne sur l’escalier des pèlerins. C’est l’endroit le moins gardé.
— Et pour sortir de la confrérie ?
— Je ne sais pas, maître. Il faudrait que je réfléchisse à comment j’aurai fait, à la place du félon. Mais je ne comprends pas, n’a-t-on pas trouvé de trace de son passage dans les couloirs ?
— C’est moi qui pose les questions. Listez-moi tous les moyens d’extraire un profane d’ici sans laisser d’interférences. Soyez exhaustif.
Yonos lui jeta un carnet et un crayon et sortit en claquant la porte.
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Il s’écoula un bon moment avant que la porte se rouvre. Moebius avait envisagé diverses options pour s’échapper de sa chambre, convenu avec lui-même que cela ne ferait qu’empirer son cas, remplit plusieurs pages du carnet de gribouillis abstraits, fait des pompes et parcourut la petite pièce dans sa longueur un nombre incalculable de fois. Le soleil commençait à baisser, obscurci par de lourds nuages.
Yvan retourna la chaise et s’y assit dans le bon sens.
— Ne me regardez pas comme ça. Vous ne sortirez pas tant que l’on ne sera pas sûrs que ce n’est pas vous.
Comme l’astre de feu avait décliné, le doyen Yvan avait maintenant la tête éclairée par la fenêtre. Il fallut à Moebius du temps pour assimiler qu’il semblait avoir quitté le statut de coupable pour celui de suspect. Maître Yvan se frotta le visage.
— Mademoiselle est bien partie par la poterne nord. Un des gardes a été retrouvé endormi pendant la nuit et il jure que quelqu’un est venu parler avec lui avant.
Par défaut, Moebius prit son meilleur air déçu. Le doyen le scruta, puis secoua la tête.
— Vous avez fait la liste que Yonos vous a demandée ?
— J’imagine trois options, monsieur. Par les airs, lévitation. Cachée dans quelque chose. Ou alors le traître s’est assuré d’un itinéraire à couvert et s’est contenté de détourner la lumière. Ou une combinaison de tout ça.
— Dans tous les cas il aurait quand même fallu masquer son énergie. Avez-vous vu le moindre artefact lors de votre séjour avec la princesse ?
Moebius réfléchit vraiment avant de répondre, parce que si ça avait été Diane en face de lui, ça aurait été un de ces moments où elle savait qu’il faisait illusion.
— Non, monsieur.
— Léandre soutient qu’elle n’avait pas d’objet magique à son arrivée. C’est donc que le traître lui en a donné un. Ça expliquerait pourquoi on ne parvient pas à trouver quelle direction elle a prise…
Maître Yvan sembla prendre conscience qu’il raisonnait à voix haute. Il sortit un carnet.
— Dites-moi tout ce que vous avez fait, entre la fin du conseil hier soir et le vote de ce matin.
— Hum. Après le conseil je suis passé au réfectoire manger. Il n’y avait pas grand monde. Ensuite je suis monté sur le toit. Je n’avais pas fait de vrai entraînement depuis ma blessure. J’y suis resté un moment.
— Et après ?
— J’ai discuté avec une lingère là-haut. Je l’y croise de temps en temps. Elle doit être insomniaque. C’est elle qui m’a aidé à redescendre la fois où mes points de suture ont sauté.
Le doyen Yvan se passa la paume de la main sur le front.
— Et cette lingère a-t-elle un nom ?
— Elle a dit qu’elle s’appelait Madeleine, mais je pense qu’elle mentait. Elle a dû avoir peur pour ses gages.
Maître Yvan le regarda longuement.
— Vous êtes pénible, Moebius. Cette histoire de servante ne tient pas debout, pourtant c’est la seule partie où vous avez l’air à peu près sincère.
Le doyen se leva et quitta la pièce. On lui amena un plateau repas. Les deux apprentis à sa porte laissèrent leur place à deux Maîtres.
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Maître Yonos entra brusquement dans sa chambre. Le cœur battant, Moebius jeta un œil par la fenêtre. Il faisait nuit noire.
Le doyen ne s’assit pas. Il le toisa depuis le pas de la porte. Moebius déglutit. Il n’arrivait pas à se rappeler exactement ce qu’il lui avait dit la veille. Ses yeux piquaient. Il avait soif.
— Personne n’a acheté ni volé d’artefact ces derniers jours, ni ici ni en ville, dit-il. C’est donc que le traître a donné un de ses items personnels à la princesse.
Maître Yonos se dirigea vers le placard, qu’il vida au sol, méthodiquement. Moebius luttait contre la fatigue et tentait de se réveiller en se pinçant la joue avec les molaires. Yonos aligna ses artefacts, et compta jusqu’à ses chemises, puis sortit comme il était entré.
Moebius se laissa retomber en arrière. Ses mains tremblaient. Il n’osait pas penser à ce que Yonos lui ferait s’il trouvait un début de preuve. Il en venait à espérer que maître Yvan tiendrait sa promesse.
Il se tourna dans son lit, se massa doucement la joue. Avait-il bien songé à tout ? Il se força à respirer lentement. Le réveiller au milieu de la nuit faisait aussi partie de leur stratégie. Et cela signifiait qu’il restait encore leur seule vraie piste.
Il referma les yeux quelques minutes.
Quand la porte s’ouvrit et que Louis lui mit un coup de pied dans le tibia, Moebius se réveilla assis, la tête dans les mains. Cette fois il faisait tout juste jour.
— Les doyens veulent te voir.
Moebius se leva avec difficulté et se frotta la figure.
— J’ai juste besoin de passer aux latrines.
Après s’être soulagé et lavé les mains, il se jeta de l’eau sur le visage. Puis il suivit Louis jusqu’à la tour des doyens.
Maître Yvan regardait par une fenêtre en lui tournant le dos. Il ne voyait personne d’autre dans la salle. Pas invité à s’asseoir, il demeura debout.
— Ton assignation à ta chambre est levée. Yonos est parti monter un conseil extraordinaire pour statuer sur ton sort. Tu dois rester dans les murs d’ici là.
— Comment ça ?
Si les doyens n’avaient rien, pourquoi le faisaient-ils passer en conseil ? Et s’ils avaient découvert quelque chose, nul besoin d’assemblée pour le rayer des cadres…
— Cette histoire nous dépasse, soupira maître Yvan. Cyrill est dans une impasse. Il a ce qu’il désirait. Il est presque roi. À condition que personne de réclame sa tête pour le meurtre de Gabriel, et que personne ne trouve le bébé. Donc il veut nous dissoudre, mais il a besoin de nous pour faire disparaître le petit, et pour porter le chapeau pour son frère…
Moebius eut la mauvaise impression d’avoir compris.
— Il vous faut une ombre à sacrifier.
Yvan se retourna et le regarda tripoter son bracelet.
— Libre à toi de cesser de nous prendre pour des sots et de nous dire la vérité. Si l’on trouve la princesse et son neveu, il ne sera pas nécessaire d’accepter les termes du roi. La porte du bureau te reste ouverte.
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Moebius longea le couloir de sa chambre à pas lents. Il avait envie de vomir. Pour la première fois depuis la fuite de Diane, il avait l’impression que la situation lui échappait complètement. Si on le laissait s’expliquer, il parviendrait peut-être à convaincre suffisamment de maîtres de voter contre le principe d’une ombre à sacrifier…
Peu choisiraient de le soutenir personnellement. La plupart le considéraient au mieux comme bizarre, y compris ceux qui étaient partis en mission avec lui. Efficace, mais bizarre. Même Martial le disait.
Il arriva devant sa chambre, hésita face à la porte, puis descendit à la pouponnière. Il était encore tôt, mais Madeleine était peut-être déjà là. Plein de bambins plus ou moins debout occupaient le large corridor. Une servante aux cheveux courts passait et distribuait du linge dans les pièces. Madeleine discutait avec deux autres femmes au bout du couloir, Valery dans les bras. Le garçonnet lui parut triste, la tête sur l’épaule de la nourrice. Dans ses mains, il tenait un bout de tissus gris, à la place de la peluche puma, emportée par Diane. Moebius tourna son bracelet.
Madeleine fronça les sourcils en les voyant arriver. Elle tenta de donner Valery à sa voisine, mais l’enfant s’accrocha à elle et se mit à pleurer. Elle vint vers lui en berçant doucement le garçonnet dans ses bras, et lui fit signe d’entrer dans une des salles et poussa la porte derrière eux. Valery leva les yeux vers lui, puis tourna la tête et se cacha dans l’épaule de Madeleine en gémissant.
Moebius s’assit lourdement. Madeleine s’accroupit à côté de lui en silence, caressant affectueusement les cheveux du petit affligé. Il tenta de se souvenir de ce dont il voulait parler.
— Comment peut-on être sûr d’un choix que l’on a fait ?
— Sais-tu pourquoi j’ai pris ma retraite avant votre dernier départ en mission à Martial et toi ?
Moebius fit non de la tête. Il avait espéré une réponse éclairante, mais il n’avait pas le cœur de couper sa nourrice dans ses explications.
— La plupart des autres sont là parce qu’elles sont dans le besoin. Moi non. J’ai choisi ce travail parce que j’aime les enfants. Et je me suis usée à les aimer pendant des années. Jusqu’à ce que j’en aie marre. Marre de m’épuiser à donner de l’amour à des petits dont la moitié ne verra pas l’âge adulte et le reste ne comprendra jamais le sens du mot empathie, dit Madeleine, sans animosité. Je me sentais vidée de l’intérieur, je n’avais absolument plus rien à donner. Je suis partie parce que j’aimais trop les enfants pour me mettre à les détester.
— Alors pourquoi es-tu revenue ? Comment…
— Comment j’ai su que je devais revenir ? Martial et toi vous avez commencé à m’écrire. Je ne sais pas lequel d’entre vous en a eu l’idée. Ça m’a touché. Régulièrement, j’avais de vos nouvelles. Ça faisait presque trente ans que j’étais nourrice pour la confrérie, et c’était la première fois qu’un de mes gamins prenait la peine de m’envoyer un message. Je me suis rendu compte que si je n’avais pas été là, vous n’auriez probablement jamais écrit à personne. Je suis revenue parce que je veux donner envie à d’autres petits garçons d’être comme vous quand ils seront grands.
Moebius ne dit rien. Martial était connu pour son goût pour tout ce qui altérait son état de conscience, et lui-même pour son incompétence. Il n’aurait recommandé à personne d’être comme eux.
— Tu as vraiment aidé la princesse à fuir ? chuchota Madeleine. Tout le monde ne parle que de ça.
— Oui.
— Alors sache que moi je suis fière de toi.
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Moebius se dirigeait vers le réfectoire, sans trop savoir s’il était l’heure de manger. Il réfléchissait à ce que lui avait dit Madeleine. Il ne regrettait pas d’avoir permis à Diane de fuir, même si au final le conseil le désignait coupable et le punissait. La mort faisait partie de sa vie. Plutôt tomber pour une raison choisie que poignardé dans une ruelle par un inconnu qui tente juste d’éviter son propre trépas. Alors que déplorait-il exactement ? Et pourquoi se sentait-il trahi par la confrérie, qui ne faisait que défendre ses intérêts comme elle l’avait toujours fait ?
— Maître ?
Moebius se retourna, surpris, et pinça les lèvres. Émile se trouvait devant lui avec un plateau.
— Je peux m’asseoir avec vous ?
La salle derrière lui était presque vide.
— Si tu veux, Émile, soupira-t-il.
Moebius avait les tempes qui pulsaient et pas envie de gaspiller ses forces à expliquer au jeune novice qu’il valait mieux aller manger ailleurs, pour son propre bien.
— Maître, dit le garçon, embarrassé, je voulais vous dire… moi je sais que c’est pas vous.
Moebius leva la tête de son cacao et papillona des yeux un instant.
— Merci, Émile, ça fait plaisir, hésita-t-il.
— Je dis pas ça pour vous faire plaisir. Je dis ça parce que je vous aime bien. Vous êtes le seul qui soit gentil avec moi.
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Moebius remonta vers sa chambre, s’affala sur son lit et y dormit plusieurs heures d’un sommeil haché et inégal. À son réveil, il ne se sentait toujours pas frais.
On lui refusa le droit de sortir s’aérer les idées sur le toit, alors il fit demi-tour et trouva une salle d’armes inoccupée. Quand il décida de cesser l’entraînement, il était au-delà de la fatigue. Ses muscles tremblaient et il luttait contre des vertiges. Il regagna péniblement sa chambre et sombra de nouveau dans le sommeil sans même se changer.
Il se réveilla puant, fourbu et affamé. Il se lava rapidement et descendit au réfectoire en espérant que la plupart des gens soient déjà partis. Sur la porte de la salle, une affiche annonçait le conseil extraordinaire pour le milieu d’après-midi, ce qui lui laissait du temps pour se préparer.
Moebius trouva sans peine une table loin des petits groupes encore présents et avala un cacao et des gâteaux avant de se couper une bonne tranche de viande séchée qu’il mangea en retournant vers sa chambre. Il prit l’un de ses accumulateurs pleins et inspira longuement. La sensation familière des flux d’énergie qu’il fit circuler entre ses doigts l’aida à se calmer.
La perspective du conseil lui remuait l’estomac, et il resta dans sa chambre jusqu’au dernier moment. Puis il enfila son uniforme de cérémonie, remplit ses poches d’artefacts pour faire des interférences si quelqu’un sondait, et se rendit à l’auditorium. Peu de maîtres étaient déjà présents. Il descendit les marches et se plaça au premier rang. Léandre vint s’asseoir à côté de lui.
— Tu as toujours été un inadapté, mais je n’ai pas aimé la façon dont Yonos a cherché à tout prix à te coincer, souffla-t-il sans le regarder.
Moebius eut un faible sourire. Il appuya son bracelet sur son genou pour empêcher sa jambe de tressauter nerveusement. La salle finissait de se remplir. Les doyens entrèrent, et l’assemblée se mit debout.
— Asseyez-vous, dit maître Yvan. Merci à tous d’être venus.
Le doyen Yonos se leva. Moebius pinça les lèvres et tripota ses gants qu’il avait posés sur ses cuisses. Il aurait préféré que maître Yvan expose le problème. Quoique, maître Yonos pouvait se montrer trop agressif et laisser mauvaise impression….
— La plupart d’entre vous savent pourquoi nous sommes rassemblés aujourd’hui. Je serai bref. Nous avons mené des interrogatoires, fouillé tout le palais. Mademoiselle demeure introuvable. C’est donc que l’un d’entre nous a l’aidé, dans sa fuite. Nos recherches nous ont conduits vers un suspect, mais nous n’avons toujours aucune certitude.
Moebius se sentit comme transpercé de dizaines de regards.
— Dans le même temps, Son Altesse nous a confié la mission de localiser et supprimer le prince Augustin et Mademoiselle. Certains d’entre vous ont déjà reçu des mandats. Il va sans dire que nous comptons sur vous. La couronne n’a pas besoin d’une raison supplémentaire de vouloir nous dissoudre.
Des mains se dressèrent.
— Oui ?
— N’est-il pas contraire à nos usages de tuer des membres de la famille royale ? demanda Orphée.
Maître Yvan se leva.
— La position de la confrérie est délicate. Il n’est effectivement pas normal de prendre de telles missions. Mais Son Altesse se fait de plus en plus menaçante et nous devons protéger l’institution avant tout. Accepter le mandat nous garantit un délai supplémentaire, d’autant plus que ni le prince ni Mademoiselle ne sont localisés à l’heure où nous parlons. Il est aussi possible que, le temps que nous les trouvions, Son Altesse soit également renversée et que la mission tombe caduque.
— Cependant ! lança maître Yonos en prenant le relai, nous ne bénéficions de ce délai que parce que Son Altesse ignore que sa sœur est passée par ici et que nous le lui avons caché. Il finira par le découvrir et nous devons anticiper les gages de loyauté que nous pouvons lui donner.
Moebius voyait beaucoup de visages perplexes. Manifestement, les autres ne comprenaient pas bien le lien entre le félon qui avait aidé Mademoiselle à fuir et les hypothèses des doyens. Lui-même avait trouvé l’exposé dur à suivre. Il se passa la langue sur les lèvres. Peut-être que finalement le vent tournait en sa faveur.
— Sur quoi sommes-nous censés voter en fait ? demanda quelqu’un.
Maître Yvan reprit la parole.
— Nous avons besoin de votre avis : si le roi réclame une tête pour avoir perdu Mademoiselle et le petit prince, est-ce dans l’intérêt de la confrérie de lui remettre le suspect pour l’apaiser ? Même si nous n’avons pas à prouver sa culpabilité ? Pour nous laisser plus de temps pour trouver la princesse et le garçon ?
Un brouhaha remplit la salle. De nombreuses voix s’élevèrent et Moebius ne perçut que deux exclamations parmi d’autres.
— Qu’on fasse parler le traître !
— Depuis quand on vend les nôtres pour que le roi nous fiche la paix !
— Silence ! hurla maître Yonos. Chacun son tour ! Qui veut pouvoir poser des questions à Moebius pour se faire une conviction ?
Une marée de main monta. Moebius s’essuya les paumes sur ses chausses et se leva, l’équilibre incertain et le cœur dans les oreilles.
— Comment tu as pu faire ça ?
Moebius serra les poings. C’était injuste. Le jeune maître qui l’interpellait ne lui avait jamais parlé. Il se contentait de suivre l’opinion générale, sans se questionner, et sans le moindre respect. Il n’était pas un bon égy, ça, il en convenait, mais là sa cruche débordait.
— Je ne suis pas ici pour me défendre contre les accusations gratuites. Je ne répondrai qu’aux vraies interrogations.
— Tu as fait quoi quand tu es descendu du toit ? On t’a vu t’entraîner, mais tu es resté après nous.
— Comme je l’ai dit à monsieur le doyen. J’ai recroisé la lingère qui m’a aidé à descendre du toit l’autre soir quand j’étais blessé. Je suis resté pour la remercier.
— C’est n’importe quoi ! cria une voix.
— Et après ? Aucun portier ne t’a vu entrer !
— Ceux qui ont fait leur apprentissage avec moi vous confirmeront que j’ai toujours été le cauchemar des portiers. Pour tenter d’échapper aux punitions. Demandez-leur combien de fois j’ai fui sous leur nez sans qu’ils s’en aperçoivent. Si vous voulez tout savoir, j’ai traversé par la fresque aux maïs.
Plusieurs groupes échangèrent vivement entre eux.
— Bien sûr, ça l’arrange bien…
— On ne rentre pas ici si facilement.
Léandre se leva.
— En ce qui me concerne, je compte sept occurrences où il m’a fait dormir. Plus cinq autres où je sais qu’il est passé parce que j’ai trouvé des traces magiques, malgré mon esprit qui ne se rappelait pas de l’avoir vu. Et plusieurs traversées où je me souviens d’avoir discuté avec lui, mais je suis incapable de dire s’il est rentré ou sorti. Sans compter tous ceux où je n’ai rien remarqué du tout. J’ai détesté toutes les missions que j’ai faites avec Moebius. Mais nous savons tous qu’il n’est pas le seul à profiter des apprentis qui gardent les portes. Nous ne sommes pas là pour faire le procès des portiers. Le système est ce qu’il est. On ne peut pas mettre des maîtres partout.
Il se rassit. Moebius le remercia intérieurement.
— Maître Moebius, pouvez-vous ici devant tous répéter le serment de la confrérie ? réclama un vieux maître dont le nom devait commencer par A.
D’autres voix convergèrent.
Moebius prit ses gants sur son siège et descendit les gradins en inspirant longuement. Il s’était préparé à cette possibilité. La forme ne posait pas de problème. Le fond en revanche… La première fois qu’il avait prêté serment sur cette estrade, il s’était senti tellement fier. Aujourd’hui… la question était pertinente, mais la réponse se perdait dans l’ouragan de ses pensées ces derniers jours.
Moebius se plaça à l’endroit consacré, là où le soleil de face lui piquait les yeux.
Il tira sur les pans de sa veste, laissa tomber ses mains le long de ses cuisses, et récita le texte avec la désagréable impression de se regarder depuis un des fauteuils de l’audience.
— Servants des dieux de l’Inframonde, je viens ici pour participer à votre charge. Partager le devoir qui nous incombe. Aujourd’hui, je m’engage à ne jamais mettre à profit les enseignements et les secrets que vous m’avez transmis pour mon propre bénéfice. Je m’engage à rester impartial dans l’exercice de mes missions et à me limiter aux cibles désignées. Je m’engage à protéger en toute circonstance nos savoirs et l’intérêt de la confrérie. Que l’Inframonde s’ouvre sous mes pas si mes mots s’égarent et sont emportés par le vent.
Il déglutit, les lèvres sèches, puis se tourna sans réfléchir vers les doyens et poursuivit.
— Messieurs les doyens. Je n’ai pas rompu mon serment. Je l’ai répété aujourd’hui devant tous. Si ce conseil décide que je dois être livré au roi, je refuse que ce soit parce que mon innocence ne peut pas être prouvée. Je veux que ce soit pour protéger la confrérie. Que l’Inframonde s’ouvre sous mes pas si mes mots s’égarent et sont emportés par le vent !
Écoutes j'ai jamais été pull, justement ça gratte trop ces trucs là, mais là j'ai plus ressenti ça en mode polaire, tout doux, tout chaud, mais respirant et facile à porter, avec un zip au col et une grosse poche ventrale.
Ça se lit très facilement et le jeu entre les doyens et Moebius est bien décrit. Ya du détail, de la parlotte, mais sans trop en faire, des jeux de regards et bravo à Moebius, malgré ses noeuds aux entrailles il gère bien sa barque (de roseaux tressés), notamment avec le coup de la lingère. Et le serment à la fin c'est classe aussi, il a moyen de convaincre du maitre avec ça.
Bon il reste dans la daube quand même...
N'empêche en protégeant le petit prince et mademoiselle, il a aussi protégé la confrérie. Si Cyril avait eu tout le monde sous le coude, la confrérie était dissoute !
Je ne sais pas ce qu'il vaut en tant qu'assassin le Mœbius, mais il a des softskills comme on dit dans les entreprises... Pas sûr qu'il l'entende mais il est mieux vu qu'il ne le croit par certains dans la confrérie, Madeleine, Emile etc.
Il y a toujours la possibilité que Madeleine le trahisse mais je préfère croire que non. La scène était choupi en tout cas.
Ça donne envie de poursuivre tout ça !
J'ai juste vu ces quelques coquilles (au pire on va dire que c'est le petit élément grattant si tu en veux absolument un. Sûrement une étiquette mal coupée !) :
"Yvan l’avait congédié et lui réitérant de rester dans les murs" => 'en lui réitérant'
"Ô lui refusa le droit de sortir s’aérer les idées sur le toit "=> 'On lui refusa'
"ce qui lui laissait du temps de se préparer. " => 'du temps pour se préparer'
Enfin, pour l'histoire de l'énergie et de la magie, est-ce que l'explication implique une limitation sur les formes d'énergie que l'on peut tirer de certain élément ? Ou c'est simplement un exemple de transformation d'énergie dans le cas d'une combustion ?
Tu explique bien, l'air de rien, le concept d'énergie et sa conservation ! Monsieur Carnot et monsieur Joule seraient fiers de toi!
Ton commentaire met de la pommade là où ça gratte ^^
Merci merci :)
J'irai corriger les coquilles dès que possible
Pour le serment, il a eu une belle inspiration en effet ^^ mais ça va lui causer encore plus de nœuds au cerveau dans la 2e partie de ce chapitre (le parjure c'est dur à porter)
A la confrérie on va dire qu'il y a sa "mère" (c'est juste une employée donc elle n'est pas vraiment "dans" la confrérie). Et Émile pour qui Moebius est un peu la rockstar du moment...
Par ailleurs, comment vois tu le personnage de Martial après cette grosse dizaine de chapitres ? Ça m'intéresse de savoir s'il a bien pris (comme des œufs en neige) ou si ça reste une espèce de fantôme sans importance.
Pour les petits bouts de rêve en débuts de chapitres c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour faire passer le plus d'explications possibles, sans alourdir. Et a la fin de la saga on comprend qui parle et qui est l'enfant ^^
Ici c'est principalement un exemple, mais je fais super attention aux ordres de grandeur. Ex je pourrais pas dire que on peut utiliser la chaleur d'un cailloux chaud pour faire fondre un bout de métal. Merci pour le compliment ! Pour la petite histoire, j'ai eu une prof de physique chimie deux ans au lycée, c'était une casse pieds mais elle était super investie, elle m'a donné le goût de la science. Si un jour j'arrive à publier cette histoire je la mettrai certainement en remerciements
Pour Martial ce n'est pas si évident car on en entend surtout parler à travers Moebius qui semble le considérer comme celui qui lui permettait d'être acceptable au sein de la confrérie, donc ça déforme un peu la vision qu'on pourrait en avoir.
Mais il a l'air sympathique comme gaillard, avec de la répartie, peut être un peu gouailleur, pas le dernier sur les substances qui font planner, et surtout un bon partenaire et ami pour Moebius.
Pour la prof de physique chimie, je ne sais pas ce que tu as fait comme etude, mais si grâce à elle tu as si bien assimilé les concepts de base de la thermodynamique, alors c'est effectivement une très bonne prof.
Perso j'ai fait pas mal de thermo dans mes études mais j'ai bien compris qu'on lenseignait mal quand en fin d'études j'ai eu un prof qui nous a demandé ce que c'était et qu'on n'a pas su répondre correctement. Alors qu'on en avait tous fait au moins 5 ans.
On balance souvent les principes et on fait du calcul mais c'est rare qu'on explique pourquoi et d'où ça vient. Un peu comme pas mal de concept mathématiques d'ailleurs...
Donc bravo à elle et à toi pour en avoir saisi l'essence!
Les ordres de grandeurs c'est important :)
Mais je voulais savoir, dans l'exemple ici, tu parle d'énergie stockée au sein de l'arbre, est ce que la magie pourrait consumer l'arbre pour faire de la lumière ou autre ?
Pour le moment on a surtout vu Moebius utiliser de la chaleur ou de la lumière, mais bon pourrait imaginer d'autres sources potentielles, dont pas mal dans les êtres vivants...
Techniquement il peut prendre de l'énergie de l'arbre pour faire autre chose.
J'ai un exemple plus tard dans l'histoire où il utilise direct l'énergie de l'arbre pour remplir un accu. Ca fait un arbre mort tout sec, prêt pour un bon barbecue. Si a la place de remplir l'accu il veut se servir de l'énergie pour autre chose (ex qu'il aime bien : faire joujou avec la gravité et des bulles d'eau) il peut.
Par contre il y a de la perte en cours de processus et c'est pas une micro-fraction. Tu as du voir les yeux qui brillent déjà. C'est un mécanisme de base du corps pour pas cramer. Tu peux le cacher mais ça demande un effort supplémentaire et il faudra bien trouver où foutre cette énergie qui est retenue dans ton corps (si t'es pas trop habillé tu peux tenter de passer en mode résistance chauffante XD). Diane en fait les frais quand elle essaie d'apprendre.
Et pour les êtres humains, tout à fait, tu peux "refroidir" quelqu'un dans tous les sens du terme et utiliser l'énergie des cellules pour faire autre chose. Ou l'inverse... La fin de la saga tourne autour de ça. Spoiler alert : C'est puissant, mais c'est dangereux XD
Et donc tu ne réalise pas le grand rêve des adeptes du mouvement perpétuel et de l'énergie libre : avoir un rendement de 100%!
Fort fort intéressant ma foi!
Tiens puisque je fais mon relou allons y jusqu'au bout, et puisque tu en parles, comment tu envisages la lévitation des gouttes d'eau? Si c'est trop pénible de répondre, pas de souci, mais s'il y a une explication je prends!
En passant, avant que je finisse de corriger la 2e partie. Quelles sont tes hypothèses sur ce que Moebius va faire ?
Pour les gouttes d'eau j'avais prévu deux mécanismes à utiliser en même temps, un pour annuler la gravité (en appliquant de l'énergie pour créer une force opposée), et un second pour maintenir la cohésion et faire des gouttes, pas juste une flaque incontrôlable qui veut couler par les côtés.