Chapitre 16 : Silence

Par Camice

– Ah non ! s’exclama Sofia qui venait à peine de revenir de son expédition à travers le château.

– Pourquoi ? désespéra Maï Rose. On a besoin de ton aide pour se rendre dans la forêt.

– Je reste ici. Je venais à peine de commencer à m’amuser ! Fuyez si vous voulez, mais ce sera sans moi !

La loup garou leur tourna le dos, elle se préparait à aller dormir comme si rien de tout ça ne s’était passé. Même lorsque les deux filles lui avaient expliqué ce qui s'était passé au sous-sol du château, elle n’avait daigné accorder la moindre importance à leur histoire, Sofia ne voulait décidément rien entendre.

– Sans toi, on ne pourra retrouver notre chemin. supplia encore Maï Rose.

– Je ne pense pas que ce soit mon problème, je n’ai pas dit que je serais là à vous suivre tout le temps.

– Dis nous au moins comment rentrer...

– Il vous suffit de suivre le chemin jaune. rit la loup garou.

– Ce n’est pas vraiment le moment de déblatérer des prophéties. grinça Ariane entre ses dents.

Les deux filles avaient préparés leur sac, prêtes à partir de la bâtisse sombre dont les murs semblaient se resserrer sur elles de minute en minute. Maï Rose ne savait pas quoi faire pour convaincre Sofia qui continuait de les regarder d’un air amusé.

– Vous pouvez continuer à me fixer longtemps, mais je ne compte pas partir d’ici. Donc vous feriez mieux de déguerpir rapidement avant que la ronde de garde n’arrive.

– Les gardes ? murmura Maï Rose avec anxiété.

– Ah oui ! J’espère que vous avez un plan pour sortir du château.

Ariane se mit immédiatement à fouiller dans son sac et en sortit une feuille de papier froissée. Le plan ! Elles avaient un plan ! Celui qu’elles avaient emprunté la veille au chef de la Résistance !

– Quand je parlais d’un plan, je ne parlais pas du bout de papier. rit Sofia. Enfin bon, c’est déjà mieux que rien.

Son amie était penchée sur la carte, à chercher un moyen de sortir. Maï Rose se pencha par-dessus son épaule, mais se heurta face à une écriture qu’elle n’avait jamais vue et des plans dont elle ne pouvait même pas se situer elle-même. Le papier révélait de nombreuses pièces du château, aussi bien détaillées les unes que les autres, comment ils avaient pu se procurer une carte aussi fidèle et continuer de dire qu’ils n’arrivaient pas à infiltrer l’endroit ?

– Pourquoi ne vont-ils pas eux même chercher ces informations...? réalisa Maï Rose. Avec la même chose qu’à Sofia pour changer d’apparence ?

– Ah ça ? Parce que je suis la seule à l’avoir, personne à la Résistance n’a de technologie du genre, ils ne sont pas très avancés dans leur magie.

– Je pensais que-

– Non. interrompit Sofia à nouveau. Ils n’ont rien d’aussi avancé, c’est bien connu que c’est la raison pour laquelle ils ont perdu la guerre. Ils vous ont envoyé là bas car vous êtes les seules inconnues de leur côté à être assez folles pour s’introduire dans un bâtiment rempli de miliciens compétents.

Maï Rose sentit son cœur tomber, c’était elle, qui avait voulu venir jusque là. C’était sa décision de prendre la quête d’Arazhis comme quelque chose qu’elle pouvait régler. Non seulement elles n’avaient pas obtenu les informations qu’elles étaient venues chercher, mais en plus elle n’avait rien fait.

Maï Rose n’avait rien fait pour chercher ces informations, pire, elle a causé des suspicions au point de devoir faire intervenir Octave.

– Tu ne peux pas nous traduire. gronda Ariane en montrant la carte à la loup garou.

– Non, répondit-elle sarcastiquement. Je ne sais pas lire.

– Vraiment ?

– Vraiment, oui. Personne n’écrit en Aioï de nos jours, c’est une écriture morte.

Ariane, qui semblait à bout de nerf, se retourna vers elle pour signer lentement. Maï Rose du se concentrer pour se rappeler des différents signes qui existaient, malheureusement certains lui étaient inconnus.

– Sofia me casse la tête. signait-elle en grimaçant. Je ne lui fais pas (??), parlons en ce soir après (??). 

Confiance, ça doit être confiance et pour le second-

– C’est très malpoli de parler de quelqu’un en sa présence. pesta Sofia qui regardait les deux filles échanger des signes.

– T-tu comprends ? bégueilla Maï Rose qui ne put dissimuler sa stupéfaction.

– Bien sûr ! C’est la langue signée universelle ! Pourquoi je ne comprendrais pas ?

– Parce que- C’est de la langue des signes française, la langue change en fonction des pays, encore plus dans un autre monde. Tu ne peux pas comprendre-

– Tu penses juste que je suis stupide alors ?

– Non !

– Alors je te dis qu’on a les mêmes mots signés. finit Sofia en signant rapidement d'elle-même, un air agacé sur le visage.

Ariane était livide à la révélation, Maï Rose restait sans voix aux implications derrière. Même dans la langue des signes française il y avait des variations de mots en fonction des régions, comment pouvaient-elles avoir la même langue signée qu’un autre monde, ça ne fonctionne pas. Les implications de comment un tel échange de langue à pu se produire étaient effrayantes, ne sont-elles pas les seules personnes à s’être retrouvées piégées dans le mauvais monde ? Il y en avait d’autres, bien avant leurs enlèvements ?

– Donc, reprit la loup garou sans les quitter du regard. Ariane, si tu veux t’amuser à m’insulter, ait au moins le courage de me le dire en face.

– J’y penserais la prochaine fois. marmonna la concernée qui reportait son attention sur la carte.

Après un instant de silence, Maï Rose se risqua à demander :

– Où sommes-nous ?

– Quoi ? Sur la carte ? Ici. pointa son amie.

Elle désigna une petite pièce sur la carte du premier étage, alignée par une multitude d’autres pièces similaires qui possédaient le même arrangement de fourniture. Cette partie de l’étage délimitait tout le dortoir. Maï Rose fit le chemin pour sortir de leur chambre en traçant le parcours du doigt, revivant les souvenirs de la veille pour localiser chaque milicien. 

– Tu as un stylo ?

– Pour écrire ? demanda Ariane avant de se rendre à l’évidence et récupérer un stylo de son sac.

– J’ai vu des gardes ici. Près de la salle d’entraînement, vers les cuisines, mais surtout dans la partie Est du château.

Maï Rose récupéra le stylo de son amie et griffonna sur le papier des “G” pour “garde” et indiquer les chemins risqués. Si elles faisaient attention, elles avaient un moyen de pouvoir sortir. Sofia regardait par-dessus leurs épaules.

– Il y a si peu de gardes que même Nonita pourrait s’échapper en gardant sa grande bouche.

– Mais il y a aussi les nouvelles recrues qui sont chargées de ménage, reprit Maï Rose en se rappelant de l’information donnée par Nonita. Ils seront sûrement dans les cuisines, la salle à manger et la salle d’entraînement.

– Vous vous rendez compte que si on vous attrape, vous serez fusillées ? ajouta la loup garou malicieusement, un petit sourire narquois sur le visage.

Maï Rose perdit rapidement ses couleurs à la remarque, visualisant avec horreur ce qui se passerait si elle était de l’autre côté du fusil d’Octave et les autres miliciens. Et cette fois ce ne seront pas des balles à blanc qui seront tirées.

 – Tais-toi Sofia. grinça Ariane entre ses dents. Si tu nous aides pas, tu peux tenir ta langue.

– Regardez la grommeler ! Je vais vous laisser à votre tentative d’évasion. 

Ariane et Maï Rose examinèrent encore un long moment leur cheminement pour s’éclipser de la demeure. Elles prirent leur mal en patience et se forcèrent à aller manger comme si de rien était. Maï Rose était à cran, autant de peur de se faire remarquer qu’à cause du fait qu’elle n’apercevait Nonita nulle part, malgré les longues minutes qu’elle a passé à la chercher dans l’assemblée. Peut-être avait-elle des corvées dans une autre partie du château.

Une fois la nuit tombée, les deux amies firent leurs derniers adieux à Sofia qui semblait convaincue de sa place dans l’établissement. Elles étaient fin prêtes.

– Ne mourrez pas trop. leur lança Sofia lorsqu’elles s’apprêtaient à sortir.

– On y compte bien. soupira Maï Rose avec inquiétude.

La porte se referma silencieusement derrière elle. D’un coup d’œil, Maï Rose vérifia avec que sa camarade était prête, ce qu’elle confirma avec un signe de main. Elles s’étaient accordées pour ne pas avoir à parler pendant l’escapade et n’utiliser que des signes. Ariane lui en avait même appris de nouveaux pour l’occasion, comme “danger”, “cours” ou “ennemi”, même si elle espérait qu’aucun d’entre eux ne serait utilisé.

Maï Rose s’engouffra avec précipitation dans le couloir de droite, avant de rapidement dévaler les escaliers de l’étage des chambres, le 4e, jusqu’à celui des bureaux au premier étage. Chaque porte de sortie vers l’extérieur était gardée par des miliciens armés, impossible de sortir par là. Il n’y a qu’une seule porte qui n’est pas gardée, celle des cuisines vers les poubelles. Néanmoins, toute une ribambelle de nouvelles recrues s’y adonnaient au ménage et à la vaisselle. D’après les plans, au-dessus de tout ce remue-ménage se trouvait un bureau, ou une salle des archives plutôt. Elles y étaient brièvement passées à côté après le repas, et personne ne semblait y rester de façon permanente. 

Chaque pas en direction de la salle des archives la terrifiait un peu plus, si elles venaient à croiser la moindre personne, c’était terminé, encore davantage si c’était Nonita. Bien que la fusillade n’était qu’un test, la jeune fille devait avoir son estime ébranlée par sa nouvelle amie n’a pas hésité à lui tirer dessus.

D’un coup sec, son sac se fit tirer en arrière. Ariane la plaqua contre le mur, derrière une grande armoire. Dans le noir total par l’absence d’électricité dans la bâtisse, Maï Rose n’avait pas aperçu, ni fait attention aux deux figures qui se dirigeaient de pas pressés en leur direction. Les deux filles retinrent leur respiration, et Maï Rose se pressa contre le mur comme pour disparaître à l’intérieur et ne faire qu’un avec les pierres sombres. Elle n’entendait plus que les pas claquer et les battements de son cœur dans ses oreilles. Les figures filèrent juste sous leurs yeux, ne leur donnant qu’un bref coup de vent sur le visage, eux-mêmes aveugles à la pénombre du château. Ce devait être des miliciens chargés du nettoyage. En soi, ce n’était pas tant un problème qu’elles soient vues par d’autres, mais plutôt que les deux filles s’encombraient de leurs sacs pour des tâches ménagères.

– Je ne les vois plus, signa Ariane en grimaçant. Continuons.

Ariane tira sa main pour l’entraîner à travers le dernier couloir. Les deux filles n’étaient plus qu’à quelques pas des archives, et son amie entrepris d’ouvrir la porte le plus lentement possible, les faisant s’engouffrer à l’intérieur tout aussitôt. La salle était plongée dans la pénombre, mais on pouvait deviner les nombreuses étagères, atteignant le haut plafond, remplies de cartons, eux même saturés de documents en tout genre. Ariane s’engouffra devant elle entre deux étagères et elle la suivit en veillant à ne rien faire tomber avec son sac. Tout au bout, un simple bureau, recouvert de papiers, documents, et cartons. Le désordre ne se limitait pas qu’aux meubles, il y en avait tout autant par terre, au point qu’elles devaient marcher à tâtons pour ne pas heurter une des boîtes.

Et enfin devant elle se trouvait l’objet de leur convoitise, les nombreuses petites fenêtres au verre clair, assez grandes pour laisser passer une jeune fille. Maï Rose inspecta les fenêtres et se tourna vers son amie :

– Pas de poignée pour ouvrir. signa-t-elle maladroitement, ses gestes hésitants.

– Attends.

Ariane s’en approcha et plaça ses mains sur le bas du verre froid et poussa avec force, Maï Rose se recula avec anxiété, elle n’allait tout de même pas casser le verre. Avec un coup sec, son ami réussit à faire pivoter la fenêtre vers l’avant, crissant bruyamment, les faisant toutes les deux arrêter tout mouvement.

Pas un bruit.

Maï Rose soupira longuement, personne ne les avait entendu, elle se glissa aux côtés de son amie et passa la tête pour apercevoir le sol. A six mètres de hauteur au moins, tout au bas, elle voyait les bacs à ordure des cuisines, ce qui devait amortir leur chute. Mais maintenant elle semblait compromise, c’était inutile de sauter et se casser une jambe, elles ne pourront plus s’enfuir. Maï Rose se tourna vers Ariane avec une grimace.

– Trop haut.

Un éclair de soulagement semblait traverser le visage de son amie, Maï Rose se mordit la langue. Bien sûr qu’Ariane devait prendre sur elle pour établir ce genre de plan. Rien que de se tenir debout sur une chaise la paralysait, alors sauter du premier étage devait être une torture. 

– Il faut passer par la cuisine. dit Ariane en finissant par tracer une ligne droite d’une main.

– Nos sacs. rappela-t-elle aussitôt en désignant son dos.

Ariane glissa son regard sur la fenêtre, et Maï Rose comprit, prenant son propre sac en main et attendant que personne ne soit dehors, laissant tomber son sac d’en haut, celui ci s’écrasa dans le bac des poubelles sans dévier de sa trajectoire. Un son sec fit sortir quelques recrues dehors, Maï Rose se recula du bord, le cœur battant, avant d’apercevoir Ariane avec son propre sac, tenter de s’approcher de la fenêtre.

– Attends, je vais le faire, tu ne peux pas regarder en bas. tenta de signer Maï Rose en mimant la deuxième partie.

Son amie finit par abandonner et lui tendit son sac. Avant de s’approcher de la fenêtre, Maï Rose en profita pour fourrer dans le sac des papiers se trouvant sur le bureau.

– Que fais-tu ? sembla s’affoler Ariane en tenant d’attirer son attention avec des gestes.

Maï Rose se contenta de l’ignorer et mettre le plus de papiers possible à l’intérieur des poches, au fond du sac. Elles n’avaient pas tout ce chemin pour ne rien rapporter au Résistant, elle refusait que tous ces efforts soient en vain. Elle fit tomber le sac de la même manière après avoir vérifié que les recrues étaient retournées à l’intérieur, prenant soin cette fois ci de l’envelopper de son manteau, qui couvre le sac marron d’une couche de noir, invisible depuis leur position. Maintenant, elles devaient s’empresser de sortir avant que quelqu’un ne finisse par trouver toutes leurs affaires personnelles dans les ordures.

– Dépêchons. lui intima Ariane.

Sans attendre, les deux amis se pressèrent jusqu’aux cuisines, plus bas, impossible d’y passer sans se faire remarquer mais, si elles se font passer pour des recrues qui jettent des détritus, tout ira bien. Après des couloirs sombres, où parfois s’y trouvait un apprentis au travail de nettoyage, elles se retrouvèrent enfin à la porte des cuisines. Il fallut encore une dose de courage avant d’oser faire un pas à l’intérieur, mais à peine avaient-elles franchi le pas de la porte, qu’une paire de yeux les avait repérées.

L’entièreté des recrues de la cuisine, soit une dizaine, étaient attelées à leurs tâches et se précipitait à droite et à gauche de l’immense cuisine, la lavant de fond en comble avec des serpillières, chiffons et d’autres techniques plus magiques. L’une de celle- ci prenait en compte de faire flotter de l’eau jusqu’au haut plafond, le rendant impeccable. Pourtant, alors qu’elles ne pensaient pas attirer l’attention, une recrue visiblement plus vieille que les autres, les fusillaient de son regard jaune et s’interposa sur leur passage.

– Je ne me rappelle pas vous avoir vu sur la liste de service pour ce soir. dit le grand homme en les dévisageant.

Son sang se glaça dans ses veines, des milliers de petites aiguilles venaient s’infiltrer sous sa peau. Avant même qu’Ariane ne puisse ouvrir sa bouche pour répondre, Maï Rose s’exclama :

– On a été sanctionnées cette après-midi, on a été rajoutées à la dernière minute.

– Vraiment ? Qui vous a sanctionné ?

A nouveau, Maï Rose pouvait sentir chaque regard de la cuisine les fixer comme un morceau de gibier.

– Octave.

L’homme en face grimaça, visiblement ennuyé.

– Octave est indisponible pour vérifier votre histoire.

Une fille s’approcha de l’homme, l’air suppliante :

– Allez, Avalon, on est en sous nombre ce soir, je ne veux pas récurer le sol jusqu’au lendemain. On va finir par tirer sur quelqu’un au lieu de la cible.

Le dirigeant des recrues eut l’air embarrassé un instant, ses joues s’empourprèrent.

– D’accord, mais si j’apprends que vous avez mentis délibérément pour faire rentrer ou sortir quoi que ce soit, vous allez avoir de gros ennuis. Commencez par laver les tables de la salle à manger.

Sur ces mots, l’homme repartit donner des ordres aux autres recrues. Maï Rose voulut remercier la fille qui les avait sortis de ce pétrin, mais elle était déjà retournée travailler, faisant des gestes doux et fluides pour guider l’eau d’un seau jusqu’aux fenêtres en hauteur. Maï Rose n’eut pas le temps de s’en émerveiller très longtemps, Ariane lui tira la manche jusqu’à la salle à manger en empoignant deux chiffons et un sac en toile.

– Et maintenant on nettoie tout.

Après une heure de nettoyage, les deux filles avaient à peine nettoyé la moitié de la salle, et aucune autre recrue ne leur venait en aide, ce qui était une bénédiction mais aussi perturbant. N’étaient ils pas censés nettoyer partout ? Peu importe qui était à la tâche ? Maï Rose repoussait ses inquiétudes au plus profond et prit son sac en toile remplis de toutes sortes d’aliments laissés à l’abandon sur les table et se dirigeait avec Ariane vers les cuisines pour sortir quand le chef des recrues les interpela.

– Stop, vous.

Maï Rose se retourna lentement, la boule au ventre.

– La salle à manger est finie ou avez-vous besoin d’aide ?

– On n’a pas encore terminé mais on va se débrouiller. énonça rapidement Maï Rose en se reculant vers la porte.

– D’accord, fit il d’un air perturbé avant de retourner à sa tâche.

Les deux filles auraient pu soupirer de soulagement si fort que l’entièreté du château les aurait entendues, au lieu de quoi elles s’engouffrèrent dehors pour jeter le sac en toile, et chercher à l’intérieur leurs propres sac, Maï Rose trouvant rapidement celui d’Ariane et lui tendit avant de chercher le sien, le coeur battant.

– Je ne le trouve pas, geignit-elle en remuant les sacs de déchets suintant leur liquide sur ses mains.

– C’est pas grave. On y va. la pressa Ariane en lui tirant le haut, lui sortant la tête des ordures.

– Mais- s’ils le trouvent-

– On s’en fiche. On y va. 

Les deux filles prirent leurs jambes à leur cou et traversèrent à un vitesse folle le petit village et son sol pavé, quelques mètres à peine et Ariane la tira pour se cacher entre deux maisons.

– Quoi ? Qu’est ce qu’il se passe ?

Ariane lui fit signe de se taire et lui montra une scène toute proche. Un cercle d'habitants s’était formé sur la place du village, tous observaient le sol d’un air sombre. Sur le pavé de la rue, une silhouette sombre d’un chat y était étendue. A ses côtés, un petit garçon aux cheveux noirs, aux oreilles et queue de chat de la même couleur était en train de lui caresser la tête en sanglotant. Ses petites mains semblaient imbibées d’un liquide sombre, Maï Rose pourrait jurer que ce chat, c’était celui que Nonita avait aperçu le matin même.

– Kaïlen pourquoi... Pourquoi... sanglotait le garçon.

La collégienne sentit son amie lui tirer la main. Elle l’entraîna dans les bois plus rapidement.

– Ça ne sert à rien de rester là plus longtemps...

En jetant un dernier regard derrière elle, Maï Rose apercevait encore le haut de la bâtisse sombre qui surplombait le visage de son atmosphère. Une vague de soulagement s’empara d’elle, comme si l’emprise du château lâchait prise à chaque pas. Les deux filles se plongèrent à nouveau dans les ténèbres de la forêt, les arbres couvrant l’image du village jusqu’à le faire disparaître.

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