Pa Di sentit ses pieds fouler de l’herbe et son nez reconnu l’odeur de fleurs et d’agrumes qui lui mirent l’eau à la bouche. Ces effluves, aussi minces soient-elles, lui donnèrent envie d’avancer. Des kilomètres de jardins et de vergers s’étendaient autour d’une tache sombre qui devait être le village. Des toits de tuiles vapotaient de la fumée tandis que des bergers rentraient leurs moutons et leurs chèvres à l’intérieur de granges dans un concert de bêlements. Emmenant leurs troupeaux et leurs chiens à la suite, des fermiers rentraient d’une longue journée de travail en carriole.
Importunée par la poussière qui voltigeait après leur passage, May Gocy posa une main délicate sur son petit nez de biche.
— Enfin, soupira-t-elle. J’ai cru que ce moment n’allait jamais arriver. Trouvons-nous une auberge où passer la nuit, je n’en peux plus de dormir à même le sol.
— Soignons notre apparence d’abord, nous devons rester discrets, rappela Mo Mi qui évalua le périmètre en quelques secondes. Avec nos habits, nous ne passerons pas inaperçus.
Pa Di se rappela que sa robe et ses chaussures étaient tachés de sang de cheval et que l’odeur attirerait probablement des chiens. La jupe de May Gocy était déchirée et salie par la terre. Les vêtements de Mo Mi faisaient triste figure avec leurs éraflures et les traces de combat. Quant à Cheng, il était impossible de dissimuler sa main en métal.
Mo Mi trouva non loin de là du linge tendu sur une corde à proximité d’une ferme. Elle revint quelques minutes après, les mains chargées de vêtements. May Gocy se scandalisa à la vue de cet « emprunt » de vêtements mais elle admit qu’ils n’avaient pas vraiment le choix. Cheng enfila un gant en peau de mouton. Mo Mi cacha ses cicatrices avec une chemise. Pa Di opta pour une simple tunique avec des manches courtes. Elle troqua ses chaussures pour des sandales et réarrangea du mieux qu’elle put ses cheveux sales.
— Pa Di ! s’exclama May Gocy. Quelle catastrophe !
— Quoi ?
— Ta robe est trop courte ! On voit tes mollets et tes genoux. Imagine qu’un homme te voit ainsi !
Pendant une fraction de seconde, Pa Di se cru de retour dans la Cité Fleurie. Les règles et les normes étriquées ne lui avaient pas manquées. Aux yeux de May Gocy, une femme ne pouvait pas dévoiler son corps. Surtout si des hommes étaient là.
Après avoir passé deux jours entiers dans le désert, emmitouflée par des couches de vêtements pour ne pas attraper de coups de soleil, Pa Di avait ressenti le besoin urgent de laisser ses jambes à l’air libre et tant pis si cela bousculait les conventions sociales. C’était le cadet de ses soucis. Elle haussa seulement les épaules tandis que Cheng expliquait patiemment à sa sœur que de plus en plus de femmes portaient des robes courtes et que cela était même très à la mode. May Gocy ne semblait pas prête à embrasser la modernité au vu de ses mains crispées sur son tablier qui lui tombait jusqu’aux chevilles.
Une fois prêts, ils empruntèrent de petits escaliers en pierres qui traversaient les jardins et menaient droit vers la ville en contrebas. Pa Di crut rêver. Comment autant de végétaux pouvaient pousser au cœur de ce désert aride ? Comment faisaient ces villageois pour supporter la chaleur ? Tout cela semblait si irréel.
— Magnifique, commenta Cheng.
Mille odeurs exquises chatouillaient ses narines tandis que Pa Di laissait ses yeux vagabonder d’un endroit à un autre. Elle glissait entre des buissons de fleurs dont les couleurs lui sautaient à la figure. De temps à autre, elle surprenait une abeille fourrée dans les pétales délicates d’une rose. Un chèvrefeuille grimpant s’était accaparé une haie et s’enroulait sensuellement autour. De petites branches mal taillées s’agrippaient à sa robe et la retenaient en arrière comme pour la supplier de rester dans ces jardins. Au-dessus de sa tête, le ciel commençait à prendre une teinte indigo pendant que des papillons flottaient délicatement d’un buisson à un autre. Ces jardins n’avaient rien à envier à ceux de la Cité Fleurie. Ils étaient même inégalables.
Les escaliers prirent fin dans une petite ruelle en briques. Pa Di fut déçue de quitter aussi brutalement les jardins.
— Nous reviendrons, lui assura Mo Mi avec un clin d’œil.
Quelques passants les regardèrent sans s’attarder davantage, ayant l’habitude de voir passer des étrangers ou des voyageurs en quête d’aventures. Le village n’était pas très grand, une trentaine de maisons — toutes en bois — formant un cercle avec au centre une immense horloge. Celle-ci indiquait vingt heures et quart, et la lumière qu’elle dégageait éclairait un autre bâtiment en face.
La façade en bois de l’établissement tombait presque en miettes. L’ensemble était constitué de pierres empilées les unes sur les autres, maintenues par un pur hasard. Des tuiles manquantes laissaient sur le toit des trous noirs, souvent remplacées par des bouts de bois ou des bâches. Une enseigne grinçante indiquait fièrement aux visiteurs « La table de Po ». À travers la porte à double vantaux dont la peinture s’écaillait, des rires et de la musique résonnaient.
Pa Di se déroba à ses cousines et essaya de marcher toute seule. Ses pieds lui faisaient toujours autant souffrir le martyr, mais au moins la douleur avait diminué. Une main appuyée sur la rambarde, Pa Di gravit les quelques marches qui la séparaient de l’entrée.
— Allons-y, déclara Mo Mi avant de prendre une grande inspiration et de pousser les portes.
Ils pénétrèrent dans une salle faiblement éclairée dont les murs en pierres conservaient une délicieuse fraîcheur. Les poutres en bois étaient recouvertes de fusils de chasse et de photographies. La plupart des clients étaient tous rassemblés en petits groupes tandis qu’une poignée de solitaires se retranchaient dans leur coin sans rien demander. Un vieux piano étouffait sa mélodie sous les mains caleuses d’un vieillard voûté, éclairé par une chandelle larmoyante de cire.
— Eh bien, commenta May Gocy qui jetait des regards inquiets à ses cousines, cet endroit m’a l’air…
— Convenable, trancha Pa Di qui n’en pouvait plus.
S’affalant sur une chaise en oseille, la petite princesse posa ses coudes sur la table et coinça sa tête sur ses bras osseux. Un doux sentiment de bien-être empli son corps meurtri. May Gocy, toujours aussi élégante et distinguée, s’assit sur sa chaise avec autant de grâce qu’un cygne. Cheng fit glisser la valise sous la table, protégeant précieusement son contenu. Puis il plongea sa main dans sa poche et en ressortit Zaza qui agita frénétiquement ses huit pattes.
— Cheng ! Range-la immédiatement ! s’écria May Gocy. Tu veux créer une émeute ?
— Elle n’a même pas pu sortir…
— Je n’en ai cure alors cache-la immédiatement !
Avec un soupir, Cheng dissimula sa « fille » à contrecœur dans un pan de sa veste et bouda dans son coin. Quant à Mo Mi, elle attrapa une chaise et y passa une jambe de chaque côté, le dossier contre sa poitrine. Sourcils cambrés et lèvres pincées, May Gocy crispa ses mains sur sa robe.
— Une jeune princesse bien élevée…
— Que désirez-vous ? fit une voix douce.
Tous les quatre sursautèrent. Une jeune femme avenante et souriante leur faisait face, un plateau en fer coincée sous le bras. Mo Mi se redressa immédiatement avant de louer une chambre et de commander cinq assiettes.
— Pourquoi cinq assiettes ? demanda May Gocy une fois que la serveuse fut partie.
— Parce que mon estomac mange pour deux personnes, répliqua Mo Mi en s’installant confortablement sur sa chaise. Quand j’ai une faim de loup, je peux avaler un cheval entier.
Et pour achever ses dires, Mo Mi croisa ses mains derrière la tête et prit un sourire moqueur.
— Quoi, tu vas me faire la morale ?
— Du tout, rétorqua May Gocy en lui lançant un regard hautain.
Un silence pesant s’étira entre elles tandis que Pa Di baillait et que les autres clients s’exclamaient à grands bruits. La table derrière eux étaient particulièrement agitée, une partie de cartes ayant été lancée.
Les deux jeunes filles se fixèrent dans le blanc des yeux, leur silence signifiant plus que n’importe quel mot. May Gocy ne pouvait supporter Mo Mi, et ce sentiment était réciproque. Leur rivalité était apparue le jour de leur naissance. May Gocy était née à l’aube pendant que le soleil illuminait la Cité Fleurie, un ciel rose et doré accueillant la petite princesse. Le soir même, alors que des nuages pluvieux dissimulaient la lune et que des vents froids et violents se déchaînaient sur le palais royal, Mo Mi avait poussé ses premiers cris de nourrisson.
La famille royale et les nobles n’avaient depuis lors cessé de les comparer. À chaque fête, à chaque événement, les gens s’amusaient à mettre en avant les défauts et les qualités des deux princesses. Si la grâce et l’esprit de May Gocy étaient loués, l’ingéniosité et le courage de Mo Mi étaient également mis en avant. Les adultes avaient, sans même consultés les enfants, décidés qu’elles fêteraient ensemble chacun de leurs anniversaires — en plus de recevoir des cadeaux identiques. Cette décision avait provoqué une crise sans précédent dans toute la Cité Fleurie. May Gocy détestait partager ce jour sacré avec une fille aussi rustre et impulsive que Mo Mi, et cette dernière haïssait devoir passer une journée entière aux côtés d’une perfectionniste qui possédait un cœur à peine plus grand qu’une aiguille à coudre.
Le lendemain de leur neuvième anniversaire, les parents de Mo Mi divorcèrent et Cha Yang emporta sa fille loin de la cour, dans une province reculée et montagneuse. On aurait pu croire qu’ainsi, cette rivalité disparaîtrait et enterrerait la hache de guerre entre les deux princesses mais il en fallait plus pour éteindre le feu de la rancœur.
— Allons les filles ! s’exclama Cheng avec un petit rire gêné. Vous n’allez pas vous disputer pour si peu ! Et puis, euh… regardez les gens là-bas ! Ce sont peut-être des guides, ils pourraient nous aider à trouver un raccourci pour Balandjar.
Les deux jeunes filles étaient si occupées à se fusiller du regard qu’elles remarquèrent à peine la présence joyeuse et optimiste de Cheng. Ce dernier eut envie de s’enterrer six pieds sous terre et prit une mine déconfite qui, toutefois, eut le mérite de tirer May Gocy de cette partie de jeux de regards.
— Soit, fit sa sœur en retrouvant son calme et son flegme. Va quérir un guide.
Cheng s’en alla de son côté, non sans avoir trébuché contre sa chaise et juré sur ses ancêtres. Au même moment la serveuse revint déposer sur la table un pichet d’eau frais et quatre gobelets.
May Gocy remplit les verres tandis que le piano crachotait une mélodie de plus en plus affreuse. La princesse articulait ses mains en des gestes automatiques et bien définis, tels qu’on les lui avait appris à la Cité Fleurie. Servir le thé était une tâche bien plus complexe qu’il n’y paraissait et si elle déversait de l’eau dans les tasses avec indifférence, personne n’avait raté les tremblements de ses doigts.
Pa Di avala si vite son eau qu’elle en mit sur ses vêtements. Il lui semblait que cette eau était la plus délicieuse qu’elle ait pu boire de toute son existence. L’eau avait le goût de la vie.
Lorsque la serveuse déposa leurs mets sur la table, Pa Di et Mo Mi mangèrent sans aucune retenue. Pa Di savoura chaque bouchée comme si elle mangeait pour la première fois de sa vie. Elle redécouvrait des saveurs qu’elle aimait tant, elle célébrait avec joie les raviolis frits qui croustillaient sous sa langue, elle avalait la viande sans même la mâcher.
Sa fourchette glissa entre ses doigts quand Cheng revint, tout excité et rouge de bonheur. Derrière lui, une femme se tenait les bras croisés et les jaugeait d’un regard enflammé.
Elle devait mesurer moins d'un mètre soixante et compensait sa petite taille par une paire de bottes à talons en cuir noir. Elle portait un large pantalon de soldat et une chemise aux manches ouvertes. Une cravate blanche froufroutante était nouée autour du cou. Ses cheveux ténébreux étaient coupés en un parfait carré juste au-dessus de ses épaules et se mouvaient comme un rideau à chacun de ses gestes.
Pa Di ne put s'empêcher de la trouver belle : son visage souple et anguleux resplendissait de vie et d'énergie. Lorsque leurs regards se croisèrent, la femme lui sourit de toutes ses dents. Son sourire projetait autant de chaleur et d’énergie qu’un soleil.
Les joues brûlantes, Pa Di baissa vite le regard et se prit d'intérêt pour le sol. Ses mains se remirent à se compresser entre elles dans un mécanisme automatique.
— Les filles, annonça Cheng de sa voix naturellement enjouée, je vous présente notre nouvelle guide !
Cette dernière dépassa Cheng et se rapprocha des filles d’une démarche féline comme si elle venait de ferrer ses proies. Ses yeux se posèrent tour à tour sur May Gocy, Mo Mi puis Pa Di avant de susurrer :
— Que font des chérubins perdus dans cet enfer ? Mon petit doigt me chuchote à l’oreille que vous avez très certainement commis une énorme bêtise.
Les Zaj se crispèrent. Ils détonnaient avec leurs visages d’enfants assombris dans cette auberge si pleine de vie et de joie.
— De grâce, détendez-vous ! Après tout, ce ne sont pas mes affaires – tant que mes clients me payent du moins… Je m’appelle Fen, déclara-t-elle en tendant une main à Pa Di.
Cette dernière la prit et la secoua poliment, s’attardant un court instant sur le tatouage qui ornait le dos de sa main. Il s’agissait d’une étoile à quatre branches barrée en son centre, encastrée dans un losange lui-même entouré d’un cercle.
— Il te plaît ?
Surprise, Pa Di lâcha les doigts de Fen et essaya de formuler une réponse.
— Il… Il est intrigant.
— Vous aussi, rétorqua Fen avec un petit rire. Ma foi, ce n’est pas tous les jours que je croise des clients comme vous ! Une dame de la haute société, une guerrière avec une épée, une fillette tachée de sang et un soldat doté d’un bras de fer… Quelle étrange bande !
Seuls les rires des clients et les notes du piano délabré rompaient le silence qui planait. Pa Di rentra sa tête dans ses épaules et se rembrunit. Elle sentit à ce moment-là une croute de sang sur son cou qui n’avait pas dû être nettoyée. Leurs apparences en révélaient trop. Le moindre mot de travers et leurs identités seraient découvertes. D’un geste vif, Fen attrapa une chaise et se fit une place entre Cheng et Mo Mi.
— Tous les gens qui viennent dans cette petite oasis ont leurs propres secrets. Et tout ce qui se dit ici ne sort pas d’ici.
— Nous n’avons rien à dire, objecta May Gocy. Nous ne sommes là que pour parler affaires, ni plus ni moins. Vous connaissez déjà mon frère, Shen. Voici mes sœurs Pia et Zan. Je m’appelle Mei.
Sentant qu’ils se dirigeaient vers une pente dangereuse, elle avait préféré couper net et changer de direction. Fen s’humecta les lèvres d’un coup de langue. Si elle était piquée, elle ne le montrait pas. La voix toujours empreinte de malice, elle poursuivit comme si de rien n’était :
— Très bien, alors. Parlons affaires, de grandes personnes à grandes personnes. Sachez que je connais le désert d’Akmir comme ma poche, et soyez sûrs qu’en deux semaines à pieds, nous arriverons à Balandjar sains et saufs.
— Combien ? lança Mo Mi avec sérieux.
Fen posa ses coudes sur la table, attrapa un ravioli dans l’assiette de Cheng et le mordit d’un air moqueur. Cheng ouvrit ses lèvres pour protester mais May Gocy lui asséna un coup de pied sous la table. L’eau dans le pichet gicla violemment.
— Hum… voyons voir… Alors je dirais… Cinquante mille tyanns.
— C’est du vol !
Cheng regretta immédiatement d’avoir ouvert sa bouche. Pa Di avait compris que le voyage aurait un prix amer. Mais avaient-ils au moins les moyens de se le payer ? Elle n’était pas sûre de posséder cinquante mille tyanns dans sa valise.
— Que voulez-vous que j’y fasse ? rétorqua Fen en lissant sa cravate. Je ne peux baisser mon prix pour des raisons évidentes et puis avec moi vous ne risquerez pas de...
— Quarante mille, coupa net Mo Mi.
— Cinquante mille.
— Quarante mille.
— Cinquante mille.
— Quarante-cinq mille.
— Cinquante ou rien.
— Très bien, déclara Mo Mi en se levant si brusquement de sa chaise qu’elle racla le sol. Cheng, allons trouver un autre guide.
Mo Mi avait à peine esquissé un mouvement que Fen s’était mise en travers de sa route. Toute trace de fierté avait disparu de son visage. La tête baissée, elle marmonna :
— D’accord, va pour quarante-cinq mille tyanns…
— Marché conclu.
Un sourire triomphant illumina le visage de Mo Mi. Mais Fen ne s’avoua pas vaincue pour autant. D’un geste théâtral, elle accapara la cinquième assiette que Mo Mi s’était réservée.
— Bon appétit ! Cette assiette était pour moi, n’est-ce pas ?
May Gocy fit un sourire hypocrite.
— Totalement.
*
Heureusement, cette auberge était dotée d’une salle d’eau. Mo Mi, Pa Di et May Gocy s’y étaient précipitées après le dîner, laissant Cheng tout seul. Elles avaient découvert une petite salle carrelée, éclairée par des lanternes en métal, où se trouvait une baignoire, une fontaine, des seaux, des brosses, des éponges, une montagne de serviettes propres et une palette de savons odorant.
Elles avaient toutes les trois poussé un cri de joie.
L’eau coulant sur son corps était telle une bénédiction. Elle serpentait sur sa peau meurtrie et rouge, emportant la crasse et la saleté. La morsure de l’eau froide la faisait frissonner. L’eau était aussi délicieuse que désagréable pour son corps blessé. Pa Di soupirait de joie.
Allongée dans la baignoire, May Gocy nettoyait ses beaux cheveux soyeux en fredonnant un air, l’eau clapotant avec ses pieds qui battaient. À chacun de ses gestes, l’eau débordait de la baignoire en une cascade. Mo Mi était assise sur un tabouret en bois et frottait du savon sur ses bras et Pa Di, debout, se lançait des seaux d’eau à la figure.
Au départ, se déshabiller devant les filles avait été embarrassant pour Pa Di. Cette dernière était aussi peureuse que pudique. Elle avait eu beau chercher un paravent, elle n’en avait trouvé aucun. Pa Di aimait se baigner seule, et dans la Cité Fleurie, elle avait pris l’habitude de congédier ses servantes d’un geste de la main. Ici, c’était différent.
Elle avait détourné les yeux, rougi, parlé dans sa barbe et au final, elle avait retiré sa robe très lentement, puis son corset — quand bien même elle était aussi plate qu’un tableau —, sa culotte et ses lunettes.
Malgré sa vision floue, elle percevait les courbes de ses cousines. La puberté avait considérablement modifié leurs corps. Le sien allait-il leur ressembler plus tard ?
Pa Di était squelettique avec une peau bronzée par le soleil du désert. Elle n’avait pas encore de la poitrine, mais elle avait déjà ses règles depuis deux mois. Dès qu’elle les avait eues, on lui avait ordonné de porter des corsets et de se comporter comme une « femme » ce qui, pour une enfant de douze ans, était plutôt compliqué à suivre à la lettre. En renversant un nouveau seau d’eau sur sa tête, Pa Di se demanda ce que signifiait de se comporter en femme. Ce n’était certainement pas avec son corps d’enfant qu’elle trouverait une réponse.
Perdue dans ses pensées, elle se dirigea vers une table pour choisir un savon quand glissa sur une flaque et emporta le meuble avec elle dans un cri.
— Pa Di ! crièrent les filles.
Mo Mi se redressa, puis éclata de rire en voyant sa cousine allongée sous une vingtaine de blocs de savons.
— C’est pas drôle ! s’écria Pa Di.
Énervée, elle prit un seau d’eau et balança le contenu sur Mo Mi. Cette dernière répliqua de la même manière et ainsi s’ensuivit une bataille d’eau ponctuée par leurs cris et leurs rires.
ça fait longtemps que je suis pas venue faire un petit tour sur les Héritiers de la Grenouille (un long moment à vrai dire que j’ai pas été sur PA tout court mais chuuuute…) Entre la préparation du concours pour Rageot, l’écriture de mes futurs chapitres et TOUT mes autres projets de dessins, ben c’est compliqué de trouver du temps x) Mais tu vois je suis là ! ^^
D’ailleurs avant toute chose, dans tes Notes d’Auteur tu mentionnes que tu travailles sur un autre projet d’histoire ; ça m’intrigue ! Qu’est-ce que c’est ? Dis-nous en plus là ! ;)
Comme d’hab, mes p’tites notes de lecture (même si pour une fois je me suis plutôt laissée lire sans m’arrêter pour tout commenter, parce qu’il faut le dire parfois ça casse un peu la vibe de la lecture) :
- Le passage où ils « empruntent » les vêtements me fait immédiatement penser à la scène dans Avatar lorsqu’il vont dans la nation du feu et qu’ils « empruntent », pour reprendre ton terme, des vêtements pour passer inaperçus x)
- C’est intéressant de voir que le personnage de May Gocy reste toujours focalisé sur les traditions et le respect d’un certain protocole malgré ce qu’elle a traversé et la situation dans laquelle ils sont. Ca montre qu’elle n’accepte vraiment pas le changement, où du moins très difficilement. C’est une réflexion étrange peut être mais sans son frère et ses cousine May Gocy serait clairement morte. Je veux dire, elle n’arrive pas à s’adapter, ça lui déchire le cœur de renier tout ce qu’on lui a appris et tout ce qu’elle a toujours fait. Dans un film d’horreur, elle serait la fille qui ne croit pas au paranormal et la première à perdre la vie parce non les monstres ça n’existent pas alors qu’elle en a un juste sous les yeux. Voilà je me suis beaucoup trop étalée sur cette réflexion x) Mais voici comment je perçois le personnage.
- Encore une fois, les descriptions fonctionnent à merveille ! Efficaces, on cerne l’ambiance en quelques phrases, c’est top ! ^^
- « Chaise en oseille » Je pense que tu voulais dire osier ? Parce que l’oseille c’est une herbe aromatique ou un mot d’argo pour dire de l’argent mais je crois pas que ce soit une matière genre bois ou autre.
- Mo Mi la meilleure ! J’aime toujours autant son côté je fais ce que je veux, je m’en fiche des autres. Je l’imagine parfaitement s’assoir à l’envers sur sa chaise, une jambe de chaque côté, avec ses coudes calés sur le dossiers ;)
- Donc si je comprends bien dans le passage où tu expliques la rivalité entre May Gocy et Mo Mi elles sont nées le même jour ? Donc elles ont le même âge ? Moi j’ai toujours pensé que Mo Mi était plus âgé mais visiblement non x)
- En fait, je crois que je commence à comprendre pourquoi j’ai du mal avec May Gocy. C’est parce qu’elle me fait penser à ma propre cousine qui a juste un an de moins que moi. Et ma relation avec elle… Bah comment dire… Si elle est May Gocy, je suis Mo Mi. Je pense que ça résume bien les choses x) Nos familles nous comparait très souvent. Elle était la belle petite fille sage toute fine et super féminine, j’étais la grosse nerd qui sait pas s’habiller, joue aux jeux vidéo et fait du judo. Donc ouais pas étonnant en fait que je kiffe Mo Mi et que j’ai envie de secouer May Gocy pour la faire redescendre sur terre quand elle commence à prendre ses airs de princesse x)
- Oooh ! Je sens que le personnage de Fen va être super intéressant ! Mystérieuse, intrigante, forte, un peu sexy c’est comme ça que je l’imagine x) Et c’est le genre de personnage féminin que je trouve super cool !
- Je trouve ça très bien que tu parles de sujet comme les règles ! C’est très important je trouve de mettre ça en avant dans la fiction car on le voit quasiment jamais ! Plus jeune, je me demandais toujours comment faisait les héroïnes quand je les voyais partir à l’aventure. Je me disais : « Mais elles ont pas leur règles ? Pourtant elles devraient, mais on les voit jamais se changer ? Comment elles font quand elles ont pas de serviettes/tampon à leur disposition ? C’est jamais évoquer en fait ! » Bref, pour avoir eu mes règles en CM2, j’aurais aimé voir dans les histoires que je lisais, où les dessins animés que je regardais, que c’est normal en fait d’avoir ses règles et que ce n’est pas un tabou. Je pose ça là mais je trouve ça chouette voilà !
- « Perdue dans ses pensées, elle se dirigea vers une table pour choisir un savon quand elle glissa sur une flaque et emporta le meuble avec elle dans un cri. » Tu as oublié le « elle » dans cette phrase il me semble ;)
Voilà c’est tout pour moi ! Encore une très bon chapitre qui donne envie de connaître la suite ! Au final quand on revient sur le pdv des Zaj je me dis que je les aime tout autant que Vinh et Koki !! Tous tes personnages sont attachants sache le !! ;)
Je t’envoie pleins de Bisous depuis la France, depuis la campagne paumé plus précisément !! J’espère que tout se passe bien au Canada !
Je me garde le chapitre 17 sous le coude pour le moment où je serais en panne d’écriture car tes chapitres me rebooste toujours ! ^^
Prends bien soin de toi ! A bientôt !
Petite Comète.
PS : Excuse moi s'il y a des fautes, mais il est actuellement 00:33 et j'ai pas la force de me relire x)
Je m’excuse de n’avoir pas répondu plus tôt mais ton message fait chaud au coeur. Ces derniers temps j’ai un peu perdu le lien émotionnel avec mon histoire, sûrement parce que cela fait depuis 2018 que je fais traîner l’écriture des Héritiers de la Grenouille… - - “ bref, tu m’as comprise, j’essaye de renouer un lien avec mon histoire et ma passion de l’écriture, en plus d’avoir les cours et la vie à côté. Forcément c’est pas facile pour trouver du temps pour écrire.
Parfois mon état d’esprit d’avant me manque. Avant j’arrivais à me consacrer des nuits entières à l’écriture. Maintenant cela n’est plus possible je me heurte à une fichu page blanche
Je ne sais pas si tu as déjà eu ça ? Breffff
Alors concernant cet autre projet, lui aussi est à la traîne et j’en suis pas très fière…
“Le passage où ils « empruntent » les vêtements me fait immédiatement penser à la scène dans Avatar lorsqu’il vont dans la nation du feu et qu’ils « empruntent », pour reprendre ton terme, des vêtements pour passer inaperçus x)”
MDRRR alors je me suis totalement inspirée d’Avatar pour ce moment et je suis très heureuse que tu l’aies remarquée !!
“Dans un film d’horreur, elle serait la fille qui ne croit pas au paranormal et la première à perdre la vie parce non les monstres ça n’existent pas alors qu’elle en a un juste sous les yeux.”
JPP tu as trop regardé de films d’horreur toi ! Comme si ce n’était pas la période
“ Encore une fois, les descriptions fonctionnent à merveille ! Efficaces, on cerne l’ambiance en quelques phrases, c’est top ! ^^”
Tu ne sais pas à quel point ça fait plaisir de lire ça !
“ « Chaise en oseille » Je pense que tu voulais dire osier ? Parce que l’oseille c’est une herbe aromatique ou un mot d’argo pour dire de l’argent mais je crois pas que ce soit une matière genre bois ou autre.”
Oupppssss merci pour l’oseille XD j’ai vraiment la tête ailleurs
“Mo Mi la meilleure ! J’aime toujours autant son côté je fais ce que je veux, je m’en fiche des autres. Je l’imagine parfaitement s’assoir à l’envers sur sa chaise, une jambe de chaque côté, avec ses coudes calés sur le dossiers ;)”
Je ne voyais pas Mo Mi être autrement que comme ça ! Pour moi c’est vraiment une rebelle qui ne se laisse pas faire
“Donc si je comprends bien dans le passage où tu expliques la rivalité entre May Gocy et Mo Mi elles sont nées le même jour ? Donc elles ont le même âge ? Moi j’ai toujours pensé que Mo Mi était plus âgé mais visiblement non”
En fait oui elles sont nées le même jour x) surprenant, hein ?
“En fait, je crois que je commence à comprendre pourquoi j’ai du mal avec May Gocy. C’est parce qu’elle me fait penser à ma propre cousine qui a juste un an de moins que moi. Et ma relation avec elle… Bah comment dire… Si elle est May Gocy, je suis Mo Mi. Je pense que ça résume bien les choses x) Nos familles nous comparait très souvent. Elle était la belle petite fille sage toute fine et super féminine, j’étais la grosse nerd qui sait pas s’habiller, joue aux jeux vidéo et fait du judo. Donc ouais pas étonnant en fait que je kiffe Mo Mi et que j’ai envie de secouer May Gocy pour la faire redescendre sur terre quand elle commence à prendre ses airs de princesse”
Quoi ? Ça me fend le coeur d’apprendre ça. Evidemment c’est dur de grandir en étant constamment comparé, ça n’aide pas à avoir confiance en soi. Donc je t’envoie pleins de bisous et de câlins
“- Oooh ! Je sens que le personnage de Fen va être super intéressant ! Mystérieuse, intrigante, forte, un peu sexy c’est comme ça que je l’imagine x) Et c’est le genre de personnage féminin que je trouve super cool !”
—> trop contente que tu aimes Fen !!!
“- Je trouve ça très bien que tu parles de sujet comme les règles ! C’est très important je trouve de mettre ça en avant dans la fiction car on le voit quasiment jamais !”
Totalement ! Faut en parler des règles ! Des règles et non pas des ragnagnas
En plus oui je me posais tout le temps ces questions quand j’étais petite parce qu’au bout d’un moment c’est pas possible d’éviter de parler des règles de nos jours, parce que c’est omniprésent. Tiens d’ailleurs je les aies en ce moment
Bon je me dépêche de te lire et de poser un commentaire, ça ne devrait pas tarder d’ailleurs ^^
Tu me manques avec Alex et j’ai hâte de vous retrouver
Bisous et à bientôt !
Je suis super contente de te voir 'presque' de retour sur PA ! J'attendais ce chapitre avec beaucoup d'impatience ^^
J'ai beaucoup apprécié ce chapitre puisque j'ai eu le sentiment qu'il se focalisait davantage sur les filles. La rivalité entre May Gocy et Mo Mi est très intéressante, et leurs disputes me font bien rire surtout avec leurs forts caractères !
"— Parce que mon estomac mange pour deux personnes, répliqua Gao-Jer" Tu as oublié de modifier le prénom de Mo Mi !
Tu nous introduis un nouveau personnage : Fen ! Je suis curieuse de voir ce que tu prépares avec elle. Je ne sais pas pourquoi mais je sens qu'elle va attirer des problèmes...surtout à Cheng ! M'enfin c'est que mon impression :P En plus son tatouage m'intrigue beaucoup et je suis presque certaine qu'elle cache quelque chose. Et te connaissant, je pense que je ne me trompe pas :)
Comme je te l'ai dit, j'ai eu l'impression que tu mettais Cheng de côté en te concentrant plus sur les filles. Maintenant que j'y pense, je trouve qu'à plusieurs reprises, Cheng est oublié ou alors ce n'est que mon impression ? C'est peut-être dû au fait qu'on a eu très peu son POV ou d'action centrée sur lui. Donc j'ai très hâte de lire un chapitre sur lui !
Petite aparté mais je trouves qu'il y a de l'injustice envers Zaza ! C'est quoi ça, en fait ? Qu'on la laisse vivre ! #JusticeforZaza. You deserved better! x)
Je vois également que tu abordes des sujets sur le corps de la femme et le regard de soi. Pa Di est décrite comme très pudique. Je sens qu'elle a beaucoup de difficultés avec son corps et qu'elle serait presque envieuse de ses cousines...si c'est le cas, je suis de tout cœur avec elle. J'espère qu'elle arrivera à surmonter ça car ce n'est pas facile, surtout à cet âge où le regard des autres peut jouer énormément sur nous dans le futur ! Bref, je m'égare mais voilà x)
ET CETTE FIN ! Non mais l'amitié entre Mo Mi et Pa Di est adorable, vraiment ! J'ai déjà dit que je les appréciais énormément ensemble, surtout quand Mo Mi est très protectrice envers Pa Di mais voilà je réitère mes propos : je les aime trop !
En conclusion, c'est une lecture toujours aussi agréable ! Tu arrives vraiment bien à nous immerger dans ton univers grâce à tes mots. Seulement c'est vrai que l’alternance des POV avec Pa Di et Vinh peut jouer sur l'attachement que l'on a pour les personnages mais étrangement ce chapitre m'a vraiment donné de continuer avec eux encore plus ! C'est donc avec tristesse que je leur dis au revoir jusqu’au chapitre 18 ;(
Je te fais de gros bisous, et te dis à tout de suite pour un commentaire sur le chapitre 17 <3
Galatea
Je ne t’ai jamais répondu ?
LA HOOOOOONTE
Permets moi de me rattraper
Comme d’hab : merci beaucoup d’avoir pris le temps de me lire et de commenter. Je m’excuse, ces derniers temps je déserte PA et je t’avoue que je perds de l’intérêt pour mon histoire.
BREF.
J’essaye de renouer le lien avec Les Héritiers de la Grenouille mais c’est pas évident.
Tu t’inquiètes pour le point de vue de Cheng ? Rassures-toi, dans la deuxième partie, il y aura un beau chapitre pour lui, quoiqu’un peu triste.
Et oui je compte aborder le regard des autres et la perception du corps humain ^^ c’est un sujet très important
Bref, merci encore et je me dépêche de te répondre au prochain chapitre (et aussi de te lire pardi !)
Bisous depuis l’autre bout du monde
Almond oil