Chapitre 16 : Ysalis - Retrouvailles

- Tu as le droit de parler à l’assemblée, bien évidemment, dit Mathias, mais Ysalis, tu dois comprendre…

- Je n’ai pas d’ailes, je sais.

- Tu sais bien qu’ils ne le savent pas. Nous avons tout fait pour que ça ne s’ébruite pas. C’est juste qu’ils ne te connaissent pas. Tu peux me transmettre ton message. Je le porterai.

- J’aimerais m’exprimer moi-même, indiqua Ysalis.

- Je comprends parfaitement. Je te dis juste que tu risques de ne pas recevoir un bon accueil. Ils savent que tu es derrière mes écrits, que tu me relis, que tu es mon ombre. Te voir te mettre en avant risque de ne pas leur plaire. Tu es une inconnue. Les rouges n’ont pas l’habitude de ce genre de comportement. Ils ne comprennent pas ta timidité.

Ysalis hocha la tête.

- Réfléchis-y et demain, si tu veux encore parler, tu pourras, annonça Mathias.

Le lendemain, l’assemblée la dévisagea avec insistance. Tous savaient bien sûr que Mathias avait une épouse. Sa forte fertilité avait offert ce poste à son mari. Ils n’ignoraient pas que la femme de l’actuel régnant ne se montrait que fort peu. Personne n’avait d’ailleurs pu apercevoir ses ailes, toujours repliées sous sa tunique. La rumeur courait qu’elle ne pouvait pas voler. Étaient-elles brisées ? Les accidents de vol étaient malheureusement nombreux. Si certains volants y perdaient la vie, la plupart ressortaient handicapés à vie malgré les efforts des médecins de la clinique.

- Bonjour, dit-elle poliment, intimidée par cet aréopage de politiciens.

Ils répondirent d’un mouvement poli de la tête.

- J’aimerais proposer de modifier les conditions d’accès au pouvoir, indiqua Ysalis.

Les douze membres de l’assemblée se regardèrent, perplexes.

- Je ne suis pas sûre de voir le lien entre le nombre d’enfants et le droit de régner. Je comprends qu’il faille encourager les purs à se reproduire. Il faut conserver les privilèges donnés aux familles les plus fécondes mais pas le titre suprême.

- Comment proposez-vous de procéder ? demanda Arnaud.

- Par tirage au sort, annonça Ysalis. La meilleure personne pour régner est celle qui ne désire pas le poste. Le tirage au sort sera réalisé parmi toutes les ailes adultes. Le désigné sera régnant pour une durée à déterminer. Trop court, il ne verra pas assez à long terme. Trop long, il régnera trop longtemps et se souciera avant tout de lui-même. Dix ans me semble une durée raisonnable.

- J’ai dû mal comprendre, Rouge-Ysalis, lança André. Vous proposez d’effectuer le tirage au sort parmi quelles ailes ? Toutes les pures ? Qu’elles soient rouges, jaunes ou bleues ?

- J’ai bien dit parmi toutes les ailes, dit Ysalis. Pourquoi une couleur influerait-elle en quoi que ce soit les compétences à gouverner ?

- Vous voulez dire les impures aussi ? s’étrangla Arnaud.

- Je veux dire toutes les ailes : rouge, bleue, jaune, verte, orange, violette, noire…

- Noire ? s’étrangla Mathias à côté d’elle. Tu n’es pas sérieuse !

L’assemblée s’agita. Les exclamations fusèrent de toutes parts. Mathias, comprenant qu’il serait impossible de faire revenir l’ordre, ordonna la levée de la séance.

- Ysalis, je comprends ta position, assura Mathias dès qu’ils furent dans le corridor menant à leurs appartements.

- Je n’ai pas eu l’impression d’être soutenue, répliqua Ysalis.

- Vouloir changer le mode de désignation du régnant est une excellente idée. Le tirage au sort, bien que surprenant, est une bonne idée. En revanche, il ne sera réalisé que parmi les rouges adultes.

- Pourquoi ? s’exclama Ysalis.

- Je pourrais peut-être réussir à y faire inclure les bleues et les jaunes.

- En quoi la couleur des ailes…

- Avec beaucoup de diplomatie, les impures pourraient même se voir offrir cette option. En revanche, avec les noires, tu es allée trop loin, Ysalis.

- Leur couleur d’ailes impliquerait-elle quoi que… commença Ysalis mais Mathias lui coupa la parole.

- Ces meurtriers ne…

- Ils n’ont pas à souffrir des actes de leurs ancêtres !

- Leurs ancêtres ont tué nos dieux ! s’insurgea Mathias et Ysalis ne l’avait jamais vu aussi en colère. Nous ne pardonnerons jamais. Nous les traquerons jusqu’au dernier.

- Arrête ! Vous traitez avec eux. Vous êtes bien contents de trouver leurs produits au marché noir et qu’ils vous offrent leurs services quand vous voulez vous débarrassez de l’amant, de la maîtresse ou de l’adversaire commercial.

- Tu oses insinuer que nous…

- Ils vivraient comment sans cela ? Ils font partie de notre société !

- Imaginons un instant que les ailes noires puissent vivre parmi nous. Nous pardonnons et ils nous rejoignent. Nonobstant le fait que je pense qu’ils refuseront et que nous ne pardonnerons jamais, tu n’ignores pas ce qui se passe quand une couleur et une aile noire font un bébé ?

- Les ailes de l’enfant sont forcément noires, répondit Ysalis.

- C’est ça que tu veux ? Que le monde devienne entièrement sombre ?

- Et si c’était le cas, ça ferait quoi ? Au moins, ces ridicules considérations de couleur cesseraient.

- Tes mots sont un blasphème, Ysalis, gronda Mathias. Nous sommes les élus des dieux. Notre couleur est le reflet de notre lien avec le divin. Tu as subi un événement traumatisant et ta proposition de tirage au sort permettra d’éviter que cela ne se reproduise. En revanche, je ne comprends pas ce que tu reproches au reste du fonctionnement de notre monde. Tout le monde y trouve son compte.

- Sous prétexte d’ailes bleues, un jeune doit devenir danseur ?

- Ou chanteur, ou musicien, ou peintre, ou sculpteur, ou dessinateur, ou décorateur d’intérieur ou même jardinier. Le choix est large et chacun de nous est heureux de rester à l’intérieur de sa caste et d’honorer le dieu correspondant.

Ysalis serra les dents de rage. Elle sentit qu’elle ne gagnerait pas contre Mathias, ni contre les autres. Elle s’éloigna d’un pas rageur et rejoignit l’immense terrasse réservée aux dirigeants. Les nuages passèrent dans le ciel, changeant de forme, se détachant, s’agglutinant. De nombreux oiseaux volèrent, certains seuls, d’autres en formation.

- Rouge-Ysalis ?

L’épouse régnante se tourna vers l’intrus.

- Yvan. Que puis-je pour vous ?

- J’ai eu vent de votre intervention aujourd’hui à l’assemblée. Tout le monde est au courant. Je voulais vous remercier. Je ne comprends pas bien pourquoi vous faites ça mais…

- Je veux l’égalité entre ailes, quelle que soit leur couleur.

Yvan ricana.

- Je comprends mieux. Vous n’aurez jamais ce que vous souhaitez. En tout cas, sur le chemin de votre propre reconnaissance, vous avez été dans le sens de la nôtre, à nous, les impurs.

- Mathias m’affirme que vous êtes heureux de votre sort, que vous vous complaisez dans votre situation, que vous cherchez avant tout à honorer votre caste. C’est vrai ?

- Disons que nous nous sommes faits une raison. Rouge-Ysalis…

- Arrêtez Yvan ! Vous savez mieux que personne à quel point ce nom est faux. Cessez !

- Ysalis, se corrigea Yvan, peut-être cherchez-vous à avoir trop, trop vite. Si déjà vous parvenez à ce que le dirigeant soit désigné par tirage au sort la première fois parmi les rouges, un peu plus tard parmi tous les purs et que mes arrières-petits-enfants voient un tirage au sort inclure les impurs, alors je serai heureux.

Ysalis en trembla de rage.

Petits pas, Ysalis. Tu as déjà beaucoup accompli. Tu as infiltré des nôtres parmi les rouges. C’est déjà merveilleux. Reste-s-en là et profite de ta vie. Tu l’as bien mérité. Laisse tes enfants prendre le relai. Transmets la connaissance et repose-toi.

- Jamais de la vie ! dit Ysalis avant de lever les yeux vers Yvan et de lui préciser : Je ne vous parlais pas, pas plus maintenant que quand j’ai dit « Ta gueule » il y a une éternité de cela dans votre bureau. C’est à Bramamm que je m’adresse.

- Oh, dit Yvan. Vraiment ? Je suis navré. J’ignorais que vous pouviez interagir avec elle. En fait, je ne sais pas grand-chose.

Crois-tu que j’aurais accompli la mission divine sans mes pères et mères ? Ils ont, chacun leur tour, infiltré un peu plus l’ennemi, m’apportant la connaissance, reculant au moment opportun pour transmettre le savoir et laisser la génération suivante prendre la suite. Sans eux, rien n’aurait été possible. Tu es le maillon d’une chaîne, Ysalis, pas la chaîne toute entière. Tu as bien travaillé. Tu peux passer le flambeau.

- J’aimerais être seule, Yvan, s’il vous plaît.

- Bien sûr, Rou… Ysalis. Je vous laisse. Encore merci.

Ysalis hocha la tête puis observa Yvan déployer ses courtes ailes mauves et s’envoler. Elle soupira. S’arrêter maintenant ? Laissez faire les suivants ? Se contenter de cela ? De cette vie auprès de Mathias, de ses nombreux enfants ? Il était gentil, Mathias, aimant, doux, éperdu d’elle. Elle adorait ses nombreux enfants, tous différents, chacun avec son caractère.

Pourtant, elle ne se voyait pas s’arrêter là. Elle était dans une position idéale pour faire bouger les mentalités, pour faire changer les choses, pour créer un monde plus juste.

- C’était gentil mais pas nécessaire, dit une voix grave à sa droite.

Elle sursauta. Elle se croyait seule sur cette terrasse. Les gardes étaient censés veiller au grain ! Elle se tourna vers l’intrus pour frissonner devant les vêtements noirs. Ysalis recula d’un pas en tremblant. L’assassin venait-il la tuer ? Lentement, les ailes se déployèrent derrière le nouveau venu, des ailes tatouées !

- Othander ? demanda-t-elle, le cœur battant la chamade, le souffle court.

Il s’avança un peu vers Ysalis. La lumière émanant des flammes d’un brûlot lécha son visage. Ysalis reconnut ses traits. Sans attendre, elle se jeta dans ses bras. Il la serra contre lui avec douceur. Elle s’enivra de son odeur musquée. Elle fondit en larmes.

- Pardonne-moi, Othander !

- Tu es toute pardonnée, indiqua l’aile noire. Je comprends, vu l’objectif atteint. De travailleuse à régnante, évidemment que tu m’as écarté.

- Je suis tellement navrée !

- Ne le sois pas. Je comprends.

- Est-il… A-t-il… Comment va…

- Farid se porte à merveilles.

- Farid… C’est un garçon ?

Othander hocha la tête. Ysalis sanglota. Elle aurait voulu le voir, tout savoir de lui, lui dire qu’elle l’aimait.

- Il marche dans mes pas, alors même que je n’ai rien réclamé, précisa Othander. Il est déjà autonome. Son tatouage est complet. Il est très doué, très persévérant. Petit, c’était compliqué mais il s’est endurci et aujourd’hui, il est sans pitié, pour le plus grand bonheur de Un-Fyier.

Ysalis en sourit de bonheur.

- Au risque de me répéter : c’était gentil, mais inutile.

- Quoi donc ?

- Ta prise de parole à l’assemblée, indiqua Othander. Nous n’avons aucune envie de rejoindre le monde coloré. Notre univers nous convient très bien.

- Vous êtes obligés de vivre dans l’ombre, tels des parias. Vous êtes traqués par les rouges, forcés de vous terrer.

- Nous avons notre propre territoire…

- Des marais insalubres peuplés d’animaux venimeux.

- Que personne n’ose approcher, fit remarquer Othander. Les rouges ne viennent pas nous chercher jusque chez nous. Notre territoire est trop bien protégé. Seuls les assassins se rendent à la ville des colorés sur demande d’un de ses habitants. Les colorés protègent ceux qui les servent.

- Vous êtes obligés de devenir des assassins ! geignit Ysalis.

- Je n’ai jamais tué personne et Farid non plus. Les assassins sont rares parmi nous. La plupart des noires sont du soutien. Il faut bien se sustenter, s’habiller, se loger. Nous n’avons qu’un seul problème : notre dieu a été endormi par une saleté de dorée. C’est la seule raison pour laquelle nous parcourons toujours la ville colorée. Nous traquons le moindre éclat brillant. Crois-moi, si l’un de nous tombe sur Bramamm, elle va manger grave !

Ysalis se figea l’espace d’un instant. Othander poursuivit :

- Donc, merci, mais tu peux arrêter de défendre notre cause. Nous ne désirons pas ton aide. Nous n’en avons pas besoin. Tu es une rouge alors ?

Ysalis ne répondit rien. Elle ne voulait pas lui mentir, pas à lui. Lui dire la vérité était tout autant exclu.

- Tu n’as pas à m’expliquer, lui assura-t-il. Je suis surtout navré pour toi que tu aies perdu tes ailes.

Ysalis ne put empêcher une larme de dévaler sa joue. Othander s’approcha pour l’essuyer de son pouce. Ysalis ne tint pas. Elle sauta sur son amoureux et l’embrassa. Loin de la repousser, il lui rendit son étreinte, déployant ses ailes afin de leur offrir un peu d’intimité. Ysalis retira sa robe qui tomba au sol dans un bruit léger de soie pure.

- J’ai le droit de te voir nue, maintenant ?

- Je n’ai plus rien à cacher.

Il observa son ventre dénué de nombril. Il l’indiquait clairement sortie d’un œuf. Les humains, mammifères, proposaient un nombril, ombre du cordon ombilical les reliant à leur mère dans son ventre. Les ailés n’en possédaient évidemment pas.

- Tu es très belle, dit Othander.

- Même là ? répondit Ysalis en se retournant.

Deux cicatrices verticales aussi hautes qu’une main et aussi large que deux doigts barraient ses omoplates. Malgré les années, elles restaient très sensibles et Ysalis souffrait régulièrement de douleurs dans le haut du dos.

- Tu as des fesses magnifiques et cette descente de rein ! Quelle merveille !

Ysalis gloussa. Othander l’attira contre lui. Ysalis jouit avec Othander. Non pas qu’elle ne le fit pas avec Mathias. C’était juste différent. Avec Mathias, c’était instinctif, presque animal. Mathias la baisait. Othander lui faisait l’amour, avec tendresse et douceur, avec lenteur et respect.

- Je dois y aller, finit par dire Othander. Chaque instant passé ici me met davantage en danger. Les gardes pourraient finir par s’apercevoir de ma présence.

- Je me demande d’ailleurs à quoi ils servent.

- Ils n’empêcheront jamais l’un de nous de passer. Ils ne sont pas là contre nous mais contre les colorés.

- Tu reviendras ? demanda Ysalis, pleine d’espoir.

- Appelle-moi demain soir après le crépuscule et je viendrai. Ça sera ta décision.

Pourquoi lui disait-il cela ? Ysalis sentait que cela cachait quelque chose, mais quoi ? Elle décida de ne pas trop y prêter d’attention et rejoignit sa chambre. Mathias n’était pas encore rentré. Elle se lava succinctement puis se coucha.

Le lendemain, elle trouva Mathias debout à son réveil. Le régnant se tenait debout, un verre vide à la main, réminiscence de son passé d’alcoolique. Il avait tenu parole en n’avalant aucune goutte toutes ces années. Qu’il ait envie de boire prouvait que quelque chose le tracassait. Le tirage au sort lui donnait-il du souci ?

- Je comprends mieux et tu sais quoi ? Je suis soulagé en fait, dit Mathias.

- De quoi parles-tu ?

- J’ai passé un long moment à chercher à saisir tes raisons. De nombreuses options me sont apparues, certaines plus insupportables que d’autres. Celle-là, je ne l’avais pas imaginée.

Ysalis se figea. De quoi parlait-il ? Que pensait-il avoir compris ?

Ça sent le roussi. Transmets la connaissance, Ysalis ! Va voir Yvan. Il t’arrangera un rendez-vous.

Ysalis se retint de cracher un « Ta gueule » rageur. Bramamm avait la désagréable tendance à intervenir au plus mauvais moment.

- C’est horrible parce que quand je t’ai vue avec lui, j’ai été soulagé. Oui, soulagé, que ton soutien pour les noirs soit lié à une relation avec l’un d’eux.

Il les avait aperçus la veille ? Ysalis comprit la remarque d’Othander. L’aile noire avait remarqué la présence de Mathias. Il savait qu’Ysalis et son mari auraient une discussion. La gorge serrée, Ysalis remarqua :

- Tu n’as pas l’air en colère.

- Je ne le suis pas, indiqua-t-il. Je suis rassuré. J’ai cru t’avoir perdue.

- Tu ne m’en veux pas ?

- Absolument pas, assura-t-il. Je comprends. Je suis vieux. Tu es jeune. Tu as des besoins qu’il semble parfaitement capable de remplir. Nos enfants ont tous les ailes rouges. C’est l’essentiel. Qu’est-ce qui est le plus important pour moi, Ysalis ?

- Ta réputation, répondit sans attendre Ysalis.

- Sera-t-elle entachée ? demanda Mathias.

- Non. Nous serons discrets.

- Parfait.

- Je reste ta femme, assura Ysalis.

- Je suis vieux et fatigué. J’ai assez donné. Puisse-t-il te combler de cette manière. Tant que tu me soutiens toujours dans mon travail.

- Bien sûr !

- Parfait. Tu seras heureuse de savoir que ton idée de tirage au sort plaît. De nombreuses discussions sont en cours. La durée de dix ans que tu as proposé a été validée. Le contenu exact de l’échantillon est encore en discussion. Tout le monde est d’accord pour inclure tous les purs et non, Ysalis, cela n’inclut pas les noirs. Quant aux impurs, le peuple hésite mais l’idée n’a pas reçu le tollé que je craignais.

Ysalis ne sentit aucune joie l’envahir. Tout ça, elle s’en fichait. Sa cause à elle était perdue.

- Ysalis, tu ne remettras plus jamais les pieds à l’assemblée. Tes idées merveilleuses, tu me les transmettras en privé et je me chargerai de les relayer si elles me conviennent.

- Othander m’a clairement indiqué qu’aucune aile noire ne souhaitait être intégrée à ce système, qu’ils ne voulaient rien avoir à faire avec les colorés.

Mathias ricana.

- Ravi de savoir que ton amant et moi sommes sur la même longueur d’onde.

- Et les dorées ? demanda Ysalis.

- Quoi les dorées ?

- Ce sont des pures, non ?

Mathias ricana.

- Cela fait longtemps que les dorées n’existent plus, Ysalis. En as-tu vu dernièrement ?

- Toutes les familles pures en possèdent, séquestrées dans des caves, forcées à la reproduction pour assurer la pérennité de la couleur sans consanguinité.

- Tu n’accordes tout de même pas de crédit à ces fables ? s’amusa Mathias. Il n’y a aucune dorée, nulle part. Elles ont été exterminées par les noires.

- Et s’il devait y en avoir encore…

- Je leur souhaite bon courage. Tout le monde leur sauterait dessus, pures, impures, noires… Elles sont haïes de tout le monde.

- Que les noirs les haïssent, ça se comprend. L’une d’elle a endormi leur dieu. Mais les colorés ? Une dorée a vengé vos dieux ! Elle a permis à justice d’être rendue !

- Les dorées restent une excellente façon de renouveler le sang, admit Mathias. Les unions hors cadre familial sont recherchées et de plus en plus rares. Si des dorées venaient à se faire connaître, toutes les familles pures chercheraient à se les approprier.

- N’y a-t-il aucun moyen de légiférer contre ça ? De les protéger ? demanda Ysalis.

- À quoi bon écrire une loi concernant un peuple disparu depuis des siècles ? L’assemblée à des problèmes bien plus urgents à résoudre, des moulins à répartir, des conflits à résoudre, des disputes à apaiser, des terres à distribuer. Si à un certain moment, nous n’avions rien d’autre à faire, que l’ordre du jour s’avérait vide, je penserai à ta proposition.

« Autant dire jamais » pensa Ysalis. Elle serra la mâchoire de rage. Elle se sentait tellement impuissante. À quoi bon atteindre le plus haut sommet si cela ne servait à rien ?

Transmets la connaissance ! Ça devient critique là ! Il va comprendre. Il n’est pas bête. Organise une rencontre avec Yvan et fuis. Permets au savoir de survivre !

Mathias sortit de la chambre, laissant sa femme seule avec ses sombres pensées.

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blairelle
Posté le 24/09/2023
Donc si je récapitule :
Ailes blanches = bébés
Ailes dorées = reproducteurs (je suppose), leurs ailes sont dorées mais en terme de mélanges elles ont les propriétés du blanc (élément neutre)
Couleurs primaires = purs
Ailes rouges = gouvernement et armée
Ailes jaunes = médecins et prêtres
Ailes bleues = artistes
Couleurs secondaires = impurs
Ailes orange = gestionnaires des fermes
Ailes violettes = gestionnaires des laveries
Ailes vertes = ?
Ailes noires = parias de la société + couleur absorbante (qui vivent dans les marais, donc à côté de chez Arya et aussi dans le coin où quelqu'un s'est fait posséder par un ver solitaire de la colonne vertébrale)
La reproduction fonctionne sur la base du mélange de couleurs : la mère d'Arya avait des ailes orange clair et s'est unie à un prêtre, donc les derniers gènes rouges sont partis et Arya est née pure jaune, les enfants des noirs sont forcément noirs, les enfants des dorées prennent la couleur de l'autre partenaire de reproduction, mais du coup les enfants d'Ysaline ne sont pas des ailes dorées et elle va devoir se reproduire avec un autre aile-dorée pour pouvoir continuer sa lignée. Elle est la dernière descendante de Machine (la donzelle qui est la plus importante parmi celleux qui vivent dans sa tête et qui a endormi le dieu des noirs) ? Ou alors c'est juste que la transmission de "l'élue" se fait aléatoirement, et c'est tombé sur Ysaline et Églantine par exemple ne pourrait pas prendre le relai ?
Nathalie
Posté le 24/09/2023
Tu as presque tout bon. La couleur des ailes n'oblige à un métier que chez les purs (rouge, bleu, jaune). Les impurs font ce qu'ils veulent, sans regard pour leurs couleurs.

Pour les dorées, tu n'y es pas encore mais presque.

Continue à me fournir tes suppositions. Cela me permet de voir ce que les lecteurs et lectrices comprennent.

Bonne lecture !
blairelle
Posté le 24/09/2023
Ah d'accord !
Les impurs font ce qu'ils veulent, sauf les trucs réservés aux purs, je suppose
Nathalie
Posté le 24/09/2023
C'est ça. Les impurs ont, en ce sens, plus de libertés que les purs (ils ont le choix entre toutes les tâches pourries laissées par les purs, même si c'est discutable de trouver "cool" d'être soldat et de mourir pour protéger les autres).
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