Mes pères avaient rapidement repris le travail dès le lendemain de Noël. Nombreux étaient les clients qui souhaitaient profiter de leurs services pour le Nouvel An.
Dans la matinée, j’avais tenté d’aider un peu. J’avais les connaissances et l’entraînement pour. Même si je n’avais pas produit la moindre composition florale depuis des mois, ils m’avaient fait confiance et j’avais repris mes habitudes dans la foulée.
Clint avait également pris un peu de temps pour nous aider. Malheureusement, il continuait de m’envoyer les mêmes regards dédaigneux. Il n’avait pas abordé de nouveau les sujets qui fâchent. Tant mieux, ça m’éviterait de devoir mentir davantage. Parce que jusqu’alors, qu’il soit au courant de mon amitié avec Kayla était un problème mais pas impossible à surmonter, quant à ma relation avec Blaine, c’était une tout autre histoire.
Et ça me tuait d’être soudainement si seule. J’en venais à regretter d’être rentrée. Quand j’avais appris la mort de ma tante, et puis particulièrement, qu’elle s’était ôté sa propre vie, j’avais décidé de revenir à San Francisco. Parce que je comprenais exactement ce qu’elle avait pu vivre. Je me disais que ç’aurait pu être moi. J’aurais pu faire de même à tout moment sans que personne ne s’en rende compte.
Enfin, en France, j’avais rencontré quelques personnes qui avaient su me comprendre et me rassurer. Ces émotions envahissantes n’étaient plus un problème. Ça faisait juste partie de moi et j’apprenais à vivre avec. Mais depuis mon retour, j’avais l’impression de régresser et de nouveau haleter.
J’étais partagée entre un milliard d’émotions. J’étais fière de qui j’étais, du chemin que j’avais parcouru jusqu’à là. Et en même temps, je ne voyais pas l’intérêt de continuer à vivre.
Mon esprit n’arrivait pas à se mettre d’accord et j’avais peur d’exploser à tout moment. J’avais beau être calme d’habitude, aujourd’hui, ce serait compliqué.
Heureusement, mon cousin n’osa même pas m’adresser la parole et ce n’était pas plus mal ainsi. Je voulais juste rester dans ma chambre en espérant pouvoir renouer un peu le contact avec mes amis français. Quelques-uns répondirent malgré l’heure chez eux. Nous échangeâmes un peu sur nous, histoire de prendre des nouvelles de chacun. Visiblement, je n’étais pas inexistante à leurs yeux. Mais peut-être que dans quelque temps, le contact serait bien plus compliqué...
Puis je reçus un message de Blaine m’invitant à le rejoindre chez lui. Ses parents ainsi que son frère venaient de partir. Il ne restait plus que sa sœur, ce qui nous laisserait suffisamment tranquilles.
Immédiatement, mon moral remonta d’un coup — et je m’en voulais déjà que mon humeur soit aussi sensible pour ça. Je pris quelques affaires dans mon sac et attrapai mon manteau au rez-de-chaussée pour finalement rejoindre Blaine chez lui, dans la maisonnette de son jardin.
Celui-ci était en plein croquis sur la table du salon. Il leva son regard un instant vers moi et me sourit silencieusement. Je déposai mon manteau et mon sac à l’entrée avant de le rejoindre dans le canapé.
Je jetai un coup d’œil sur son dessin. Il s’agissait un portrait extrêmement réaliste d’une jeune femme. J’étais impressionnée par la finesse de ses ombres et ce qu’il arrivait à en dégager.
— Tu veux ton premier cours de dessin ? me proposa-t-il en reprenant son dessin.
— Peut-être bien, répondis-je, joueuse.
Ses yeux se posèrent de nouveau vers moi et je ne pus m’empêcher de me mordre la lèvre inférieure. Parce que j’avais désormais soudainement envie qu’il m’embrasse. Sa petite lueur d’innocence dans son regard était beaucoup trop adorable pour ne pas me faire fondre.
Lui aussi semblait avoir cette même envie et nos lèvres se rejoignirent assez naturellement pour un chaste baiser dans un premier temps. Puis il posa ses affaires de dessin sur la table et je l’embrassai de plus belle et bien plus fougueusement avant même qu’il ait le temps de se poser.
Mes bras se croisèrent derrière sa nuque et mes mains s’accrochèrent délicatement à ses cheveux. Je lui tirai légèrement la tête en arrière et me cambrai pour prendre un peu de hauteur.
Doucement, ses mains se posèrent sur mes omoplates puis elles vinrent s’enfoncer dans le creux de mes reins. Il me rapprocha fermement de lui et nos corps vinrent se coller un petit plus.
Tout allait bien trop vite, mais je n’avais aucunement envie d’arrêter. J’en avais envie et lui aussi visiblement.
Je le poussai dans le canapé pour l’y allonger tandis que je le chevauchai. Mes mains se posèrent sur son torse et je pourrais maintenant d’envie de déboutonner sa chemise pour embrasser la peau qui s’y cachait en dessous. Ma respiration se ralentit un instant.
— Tu veux aller plus loin ? osai-je demander.
— Oui... Complètement. Et toi ?
— Totalement. T’as de quoi te protéger ? Sinon j’ai de quoi faire dans mon sac.
— Sérieusement ? s’enquit-il, assez amusé.
— Hé ! On ne sait jamais quand l’occasion se présente ! Il vaut mieux toujours avoir de quoi faire sur soi.
— Je n’aurais jamais cru ça de toi.
Je me contentai d’un simple sourire et je déposai un bref baiser sur ses lèvres.
— Tu l’as déjà fait avec quelqu’un ? l’interrogeai-je simplement.
— Oui. Autant avec un homme qu’une femme.
— Moi aussi.
Ses sourcils se levèrent un instant.
— T’es bi ? me demanda-t-il à demi-voix.
— Ouais.
— Moi aussi.
Un grand sourire se dessina sur son visage et je fis de même en voyant cette joie exploser sur son visage. Malheureusement, je reconnaissais cette expression, ce n’était pas la première fois que je le voyais chez quelqu’un. Il avait fait partie de ces personnes qui avaient dû se cacher dans ce si fameux et étroit placard.
Et nous lâchâmes tous les deux un petit rire. Alors il se releva pour m’embrasser tendrement. Bien que nos lèvres soient scellées, je continuai de rire et lui aussi.
Mon corps avait terriblement envie d'aller plus loin avec lui, de le voir nu et de jouer avec tous ses sens et ses désirs. Mais mon esprit savait que peu importe où nous irions, c'était déjà bien suffisant.
Il se leva et m'aida à quitter le canapé à mon tour en me prenant par la main. Quelques mèches de ses cheveux lui tombaient sur le visage et cette anarchie dans ses cheveux était terriblement sexy. Je ne pus m'empêcher de l'embrasser de nouveau et de plaquer mon corps contre le sien. Je n'avais désormais plus aucun doute quant à ses envies en sentant son entrejambe se durcir contre moi.
Je posai mes mains sur son torse et plongeai mon regard dans le sien. Ma respiration s'était ralentie et était un tout petit peu plus bruyante.
Jamais je n'aurais cru me retrouver dans une telle situation et cette fois-ci, nous braverions plus que jamais l'interdit. Jusqu'à quelques jours seulement, je n'aurais jamais cru être autant attirée par lui. Avant mon départ en France, c'était juste le fils de la famille ennemie, un homme comme un autre que je devais éviter. Désormais, c'était tout le contraire à mes yeux.
Il me proposa de le suivre jusqu'à une autre pièce qui faisait office de chambre. Je l'arrêtai un instant pour récupérer un préservatif dans mon sac. Je le lui montrai sans dire un mot et il sourit à son tour. Puis je le rejoignis dans la chambre et je l'embrassai de plus belle.
Mes mains se glissèrent jusqu'au col de sa chemise et j'hésitai encore à déboutonner les premiers boutons. Pourtant, ce n'était qu'un geste.
Ses lèvres profitèrent alors de mon hésitation pour se poser juste en dessous de mon oreille. Il y déposa quelques baisers et je sentis mon corps trembler. Sans compter sur son souffle chaud à cet endroit de ma peau était bien trop satisfaisant.
Je laissai faire pendant quelques secondes, puis je repris le devant en le poussant dans le lit pour le chevaucher. Je l'embrassai tout en déboutonnant le haut de sa chemise. Mes mains se posèrent sur son torse tandis que ses mains se posèrent sur le dessous de mes cuisses. Malgré l'épaisseur de mon jean, je ne pouvais nier l'effet de ses doigts sur cette partie de ma peau.
Il osa enlever mon haut et je finis d'enlever sa chemise pour la jeter au sol. Je ne pensais pas que me retrouver devant lui torse nu serait aussi excitant. Mes doigts le caressèrent délicatement. Puis il approcha mon visage du sien pour l'embrasser de nouveau.
— Ça fait pas depuis le début qu'on a envie de se sauter dessus ? l'interrogeai-je dans ce qui pourrait presque être un murmure avec un petit rire.
— Peut-être depuis bien trop longtemps... Et maintenant, j'en ai plus envie que jamais.
— Pareil... Je suis contente d'avoir appris à te connaître Blaine.
— Moi aussi Charlie.
Je l'embrassai de nouveau alors que j'étais déjà à bout de souffle. Nous échangeâmes un long regard et il caressa délicatement ma lèvre inférieure.
— Tu es si belle Charlie...
— Toi aussi.
Et ce n'était pas que physiquement. C'était bien plus que ça. Quand j'avais appris à connaître sa sensibilité, tout s'était embrouillé de mon côté. J'ai vu dans ses yeux quelqu'un d'extrêmement fort et de très loyal envers ses proches. Je savais que c'était le genre de personne capable de créer un petit nuage pour une personne qu'il aimait. Un petit nuage rien que pour cette personne et qu'elle puisse exprimer tous ses états d'âme en sécurité. Et lui, il était prêt à les recevoir, à les comprendre et à s'adapter.
Quand je voyais tous les efforts qu'il avait faits pour sa sœur, j'étais très impressionnée. Parce que rares étaient les personnes qui étaient capables d'aller aussi loin pour leurs proches. Il aurait pu sacrifier sa vie pour sa sœur. Dans le fond, lui aussi avait terriblement envie d'aider son entourage comme moi. Mais alors que je le faisais par quelques conseils et discussions, lui agissait d'une autre manière.
Il avait été capable de confronter son père, d'accepter toutes les rumeurs à son sujet, parce que l'amour qu'il éprouvait pour ces personnes était extrêmement fort.
Je le pris un instant dans mes bras et posai ma tête sur son épaule. Quelques larmes m'échappèrent un instant. Il s'en rendit compte assez rapidement et essuya mes larmes. Un air contrit se dessina sur son visage.
— Ça va ? s'enquit-il faiblement.
— Oui, terriblement bien. Je suis juste heureuse d'être ici avec toi... Tu es vraiment une extrêmement belle personne Blaine.
— Toi aussi tu l'es Charlie, n'en doute pas.
— Je crois que je t'aime, murmurai-je.
Peut-être que je n'aurais pas dû dire ça. Peut-être que c'était un peu trop tôt. Mais en le disant à voix haute, je me rendais compte à quel point c'était vrai. Mon cœur battait déjà trop vite à l'attente de sa réponse.
— Je t'aime, répétai-je simplement.
— Moi aussi, je t'aime, rétorqua-t-il dans un souffle.
Mes lèvres se plaquèrent immédiatement aux siennes pour les embrasser langoureusement. Il l'intensifia de plus belle et ses mains descendirent dans le creux de mes reins. Je sentais la douce chaleur sur ma peau. Ce fut légèrement déstabilisant au début puis je plaquai mon corps contre lui.
Sa main caressa délicatement mon visage et j’effleurai ses épaules du bout de mes doigts.
Je repris alors la capote en main et le lui montrai.
— On le fait ? demandai-je pour une énième confirmation.
— Seulement si tu en as envie toi aussi.
— J’en meurs d’envie.
Nous nous débarrassâmes de nos derniers vêtements et je m’allongeai sur le lit tout en le dévorant du regard. Mes mains furent alors incapables de tenir en place et je les posai sur sa taille alors qu’il enfilait la capote. Il lâcha un petit rire puis repoussa d’une main les cheveux qui lui tombaient dans le visage.
Il m’embrassa de nouveau tandis qu’il s’insérait délicatement en moi. Il s’assurait que ça ne me fasse pas mal, mais une fois qu’il s’était frayé un chemin, je me sentais mieux. Mes bras s’enroulèrent derrière sa nuque tandis qu’il se mouvait en moi. Mes mains s’agrippèrent à ses cheveux tandis qu’il posa la sienne sur mon cou.
Je le regardai un long moment puis je rapprochai sa tête de la mienne pour embrasser le lobe de son oreille droite. Il laissa échapper un grave soupir, comme si je venais de taper là où il fallait à mon tour.
Puis il prit mon visage en main et repoussa tendrement mes cheveux. Et je ne pus m’empêcher de lui sourire. Il fit de même. Mon index se glissa sur sa lèvre inférieure et je le dévorai encore du regard.
Il était si beau à l’état brut. Ses cheveux étaient complètement dans tous les sens et ses sentiments étaient nombreux et bouillants. Je le voyais dans son regard. J’aurais pu rester ainsi très longtemps, juste pour l’observer.
Il l’embrassa une énième fois avant de finalement se laisser aller dans un petit gémissement. Puis il se retira et s’allongea à mes côtés. Je le pris tendrement dans mes bras et nous profitions alors de ce silence à deux.
Je plongeai ma tête sur son épaule et le serrai fermement contre moi.
Ç’avait beau être très intense pour une petite nature comme moi, parce que je connaissais les limites que nous venions de franchir tout en appréciant terriblement ce moment. Je n’avais jamais senti aussi fort le parfum de l’interdit jusqu’à maintenant.
*
En remettant mes vêtements, j’aperçus les cicatrices sur mes bras. Ce n’était que maintenant que je me rappelais de leur existence. Je m’étais mis à nu quelques minutes auparavant et je n’y avais pas pensé un instant alors que j’avais toujours craint ce moment lors du sexe.
Je m’inspectai brièvement dans le miroir et remis en place mes cheveux. En réalité, personne ne se douterait de quoi que ce soit en temps normal, alors je n’avais pas trop à m’inquiéter, mais il y avait quand même ce moment où je me retrouverais face à ma famille. Ce moment où je devrais cacher le fait que Blaine et moi avions couché ensemble.
Je rejoignis Blaine dans la kitchenette qui était en train de préparer un café torse nu.
— Si tu n’enfiles pas quelque chose, ce n’est pas un café que je vais demander, lâchai-je par pure provocation.
Il se tourna vers moi et je mordis la lèvre inférieure comme si je regrettais un peu mes propos. Il passa brièvement une main dans ses cheveux toujours aussi décoiffés.
— Devrais-je m’en plaindre ? rétorqua-t-il, tout aussi joueur.
Je m’approchai de lui et commençai à remettre une partie de ses cheveux en place. Puis je déposai un baiser que j’aurais voulu bref sur ses lèvres, mais j’en fus incapable. Il intensifia mon baiser et mes mains se perdirent sur son torse.
Il me proposa alors de prendre le café qu’il venait de faire tandis qu’il partit chercher sa chemise. Puis il revint vers moi pour la boutonner sous mes yeux.
— Tu sais que c’est criminel de te rhabiller sous mes yeux ?
— Parce que tu as juste envie de m’en empêcher ? demanda-t-il naïvement.
— Exactement.
Nous échangeâmes un bref sourire.
Lorsque la porte s’ouvrit brusquement, nous eûmes tous les deux un bref sursaut avant de nous rendre compte qu’il ne s’agissait que de Kayla. Elle devint rapidement assez rouge et son frère s’empressa de refermer sa chemise.
— Désolée ! Je frapperai la prochaine fois ! Vraiment désolée ! s’excusa-t-elle en cachant ses yeux avec ses mains.
Blaine s'empressa de refermer sa chemise et je me retins de le regarder, parce que je ne pouvais plus garder mes hormones en place. Si sa sœur n'était pas venue, peut-être que je me serais de nouveau jeté sur lui.
D'habitude, je n'étais pas aussi excitée par quelqu'un, mais peut-être était-ce juste l'attrait de la nouveauté et du danger. Au pire, ce n'était pas bien grave, tant qu'il était lui aussi consentant.
Kayla enleva les mains de son visage, mais celui-ci était toujours aussi rouge et gêné.
— Peut-être que je viens au mauvais moment...
— Non ! Blaine m’apprenait à dessiner ! prétendis-je.
Elle arqua un sourcil et ajouta d’un air sarcastique :
— Et tu avais besoin d’un modèle à moitié à poil c’est ça ?
Blaine et moi échangeâmes un bref regard. Ce n’était absolument pas ce qu'il s’était passé, mais je n’étais clairement pas contre une excuse pour le déshabiller.
— Tu venais pour quoi ? s’enquit son frère.
— Je voulais voir comment ça allait comme il n’y avait personne à la maison. Même Ulric est parti rejoindre sa copine.
— C’est notamment pour ça que j’ai proposé à Charlie de venir.
— Je crois qu’on a toute la soirée de disponible aussi. On peut manger ensemble si ça vous intéresse... à moins que vous ayez déjà prévu quelque chose comme repas.
Elle était complètement en train de provoquer son frère et elle en riait déjà. Blaine s’empara alors d’un coussin qu’il ne se gêna pas pour lui lancer. Elle l'attrapa au vol et le remit en place.
— Oh mais je m’en fous ! Faites ce que vous voulez ! rétorqua-t-elle d’un air faussement indigné.
Blaine se contenta de lever les yeux au ciel.
— C’est juste marrant que je te voie enfin en couple. C’est vachement cool. Tu le mérites frérot.
Elle nous adressa un bref sourire et s’approcha de la sortie, prête à nous quitter, mais elle s’arrêta avant d’ouvrir la porte.
— Je reviendrai vous voir avant de manger, alors faites juste gaffe à l’heure.
Elle nous fit un bref clin d’œil avant de s’éclipser.
Mon regard se posa immédiatement vers Blaine. Il avait boutonné sa chemise à l’arrache et avant abandonné les boutons proches du col, ce qui donnait vu sur un splendide décolleté. Il était alors terriblement dur pour moi d’y résister.
En croisant son regard, je compris que lui aussi mourrait d’envie de se jeter sur moi. Il fixait mes lèvres dans l’attente de les embrasser langoureusement.
Nous n’étions peut-être pas partis pour aller plus loin que de simples baisers ou caresses, mais c’était bien suffisant.
Je me jetai alors sur lui pour l’attirer vers moi et l’embrasser fougueusement. Je me plaquai contre le comptoir de la cuisine et je m’assis dessus pour être à sa hauteur. Mes mains s’étaient posées sur son cou tandis que les siennes s’étaient glissées jusqu’à mon pantalon. Il inséra quelques doigts dans ma culotte et caressa délicatement mon intimité. Il eut un bref geste de recul alors je m’emparai de sa main pour appuyer le mouvement.
Mes lèvres rejoignirent les siennes une nouvelle fois tandis que mes mains déboutonnèrent un bouton supplémentaire pour me donner une meilleure vue sur son torse. J’y déposai quelques baisers tandis qu’il jouait encore avec mon entrejambe.
Puis nous nous arrêtâmes un instant, haletant, pour nous regarder longuement dans les yeux. Sans même dire un mot, ça nous suffisait pleinement.
*
— T’as déjà essayé de dessiner quelque chose ? me demanda-t-il alors que je m’installai à côté de lui.
— Pas vraiment.
Je serrai ma tasse de chocolat chaud dans les mains et y bus une brève gorgée. Il m’adressa un petit sourire beaucoup trop adorable. Encore une fois, j’avais terriblement envie de lui sauter dessus. J’espérais vraiment que mes hormones se calment au plus vite, sinon je serais incapable de l’écouter sans avoir envie d’embrasser ses lèvres.
— On va essayer de commencer par des bases et malheureusement, tu seras beaucoup déçue au début. Mais c’est quelque chose qui reste bien souvent avec le temps. Je n’arrive jamais à être satisfait de mes dessins...
Mon regard se posa sur son carnet ouvert sur la table basse. Ses dessins étaient si réalistes et précis que je me demandais comment il pouvait en être déçu.
— C’est pourtant magnifique...
— J’ai toujours trop d’attentes sur ce que je dessine. Et je vois rapidement les défauts de ce que j’ai fait.
Je m’emparai de son carnet et commençai à le feuilleter. Je reconnus alors quelques visages. Il y avait son frère et sa sœur. Puis je reconnus Kate, toujours fidèle à elle-même. Elle avait dû prendre la pause pour ce dessin, ou alors, il avait très bien retranscrit son sourire à la fois enjôleur et narquois.
— Si tu veux, je pourrais te dessiner un jour, me proposa-t-il timidement.
Je levai mon regard vers lui et je remarquai un brin de panique dans ses yeux.
— Bien sûr... Si tu veux que je pose, n’hésite pas à me le dire.
— À vrai dire, je n’aime pas vraiment que les gens posent, je préfère dessiner les gens au naturel.
Je souris à cette remarque, parce que je n’en attendais pas moins de lui. Il avait toujours été du genre discret et encore une fois, il me le prouvait.
— Fais comme tu le sens, le rassurai-je après avoir bu une gorgée de ma boisson.
Je continuai de feuilleter son carnet qui était rempli de dessins dans le même style. Visiblement, toutes ces personnes existaient bel et bien et toutes étaient si pleines de vie. Il y avait de la précision dans son tracé mais également de la justesse dans la manière de les représenter. Les gens riaient, souriaient, pleuraient... Ils vivaient. Et c’était atrocement beau à regarder.
Je lui tendis son carnet en souriant. Il le reprit en me retournant un sourire, mais bien plus timide.
Il l’ouvrit sur une page vierge et comme ça à crayonner dessus.
— La première qualité nécessaire pour apprendre à dessiner, c’est l’observation. Tu devrais passer plus de temps à réfléchir à comment est construit ton modèle qu’à le dessiner dans un premier temps.
Il me pointa du doigt la tasse que je venais de poser.
— Par exemple, pour ta tasse, je peux y voir un rectangle et deux ellipses.
Il dessina lesdites formes collées.
— À partir de là, tu peux commencer à construire les autres lignes, en effacer certaines. Puis ajouter un peu d’ombrages pour donner du volume.
Il continua son dessin, le rendant alors de plus en plus réaliste en quelques minutes seulement. J’étais vraiment impressionnée par la rapidité à laquelle il avait crayonné ma tasse. Même s’il disait ne plus autant s’entraîner qu’avant, ça se sentait qu’il y avait beaucoup travaillé pendant une longue période.
— N’hésite pas à prendre tout ce que tu peux trouver sous ta main. L’important c’est de dessiner un peu chaque jour.
Il me rendit un carnet et un crayon.
— Je suppose que tu n’as pas grand-chose chez toi pour t’y mettre, alors je t’ai pris quelques trucs basiques. Tu pourras racheter d’autres trucs plus tard...
Je les pris en main et j’avais presque envie d’en pleurer tellement c’était un geste adorable.
— Merci... Tu n’aurais pas dû.
— C’est bien pour ça que je le fais, rétorqua-t-il d’une douce voix.
Je pris son cadeau en main et vins immédiatement déposer un simple baiser sur ses lèvres.
— Maintenant j’ai la pression pour mon premier dessin, avouai-je à demi-voix.
— Je connais cette pression et il y a un moyen très efficace de l’évacuer.
Il prit pendant un bref instant mon carnet et dessina un petit bonhomme en trait avec une bulle où il y avait écrit « Amuse-toi ».
— Mais pourquoi ?
— Fais un dessin ridicule. Ça marche à chaque fois. Parce que tu feras toujours mieux que ça.
Je ne pus m’empêcher de rire en voyant son petit gribouillis. Puis il montra quelques-uns de ses carnets où il y avait fait le même genre de dessin très sommaire. Il y avait souvent une phrase plus ou moins stupide pour l’y accompagner. Parfois, il y avait même quelques blagues.
— C’est vraiment efficace cette technique ? osai-je demander.
— Oh que oui ! Tu ne peux pas savoir à quel point !
— Mais j’ai quand même la pression parce que tu as dessiné sur la première page, aussi ridicule que ce soit !
— Peu importe ce que tu dessineras, ça me fera honneur.
Comment pouvait-il être aussi adorable ?
Je repris mon carnet et mon crayon et les serrai contre moi, les larmes aux yeux.
J’étais terriblement heureuse d’avoir trouvé quelqu’un comme lui en revenant à San Francisco. C’était beaucoup de personnes aussi compréhensives que lui que j’avais quittées en France et j’avais peur de ne jamais en retrouver. Malheureusement, il fallait que ce soit dans une famille ennemie à la mienne.
— Je vais devoir dessiner quelque chose de ridicule à mon tour.
J’ouvris le carnet à la première page, celle où il avait fait un petit gribouillis. J’y ajoutai un deuxième bonhomme qui disait « Avec plaisir ».
Il rit en voyant ce que je venais de dessiner. Un rire simple et sincère. Probablement une des meilleures expressions sur son visage.
*
En début de soirée, nous avions rejoint Kayla qui s’était installée dans le salon en train de lire tout en écoutant un peu de musique.
Blaine prit rapidement nos commandes pour ce soir et partit la chercher dans un restaurant à proximité.
Pendant un instant, mon regard se perdit sur ce que lisait Kayla.
— C’est le témoignage d’un ancien héroïnomane, me confia-t-elle. Mon frère l’a lu en se disant que ça pourrait m’aider et aussi l’aider à mieux comprendre ce que je vis. Alors, je le lis aussi pour voir si je peux lui dire que c’est le cas ou pas...
Je jetai un coup d’œil à la couverture et au résumé. Ça ne donnait pas vraiment envie de lire et je craignais déjà d’y lire beaucoup d’horreurs.
— Et c’est bien ?
— C’est plutôt pas mal. Il y a des passages assez durs parce que j’ai vécu les mêmes... Mais normalement, ça se finit plutôt bien. La personne cherche de l’aide et retrouve de la stabilité dans sa vie.
Pendant une fraction de seconde, j’aperçus une pointe de tristesse dans son visage. Probablement parce que ce livre avait dû lui faire remonter quelques souvenirs.
— Ça fait du bien d’avoir un modèle un peu plus positif. J’avais du mal à en trouver et j’ai toujours cru que j’allais finir dans un sale état ou morte au mieux.
— C’est si compliqué que ça ?
— Quand tu parles héroïne, les gens pensent direct à des films comme Requiem for a dream. Ouais, c’est un très beau film, mais j’ai juste l’impression que ce genre de trucs me hurlent que je ne peux pas être heureuse et que je vais juste mourir. Alors pourquoi je devrais chercher de l’aide quand tout me montre que c’est impossible ?
— Et c’est Blaine qui te l’a montré ?
— Oui. Quand j’y croyais plus, il est revenu avec des tas de ressources pour me montrer le contraire. J’ai rencontré des gens qui avaient une belle carrière, de belles études, une belle famille... Et j’ai commencé à y croire en échangeant avec ses personnes. Parce qu’elles avaient vécu la même chose que moi et qu’elles avaient pu s’en sortir. Alors pourquoi pas moi ?
Les larmes étaient en train de s’accumuler aux coins de ses yeux et je me rendais compte à quel point la représentation était importante pour des personnes comme elle. Certes, elle appréciait de belles histoires tragiques, mais elles n’en avaient pas besoin.
Je me rapprochai d’elle pour la prendre dans mes bras, parce que je connaissais cette sensation aussi. Celle d’être terriblement seule et incomprise. Pendant un long moment, j’avais souffert de ne pas trouver des gens comme moi. Heureusement, j’avais fini par en trouver, mais ce fut long et fastidieux.
— Je pourrais te le prêter si tu veux un jour, me proposa-t-elle.
— Pourquoi pas.
Son regard se perdit alors vers la fenêtre qui donnait sur ma maison. Elle fronça les sourcils un instant.
— Tu es revenue pour ta tante n’est-ce pas ? me demanda-t-elle maladroitement.
Je hochai simplement la tête comme réponse.
Je me rappelai alors de sa présence lors de l’enterrement et de la culpabilité qu’elle y avait exprimée. Elle avait la même expression sur son visage encore une fois. Visiblement, le sujet la hantait sans que je comprenne pourquoi.
— Il faut que je te dise quelque chose à son sujet...
Alors qu’elle s’apprêtait à prendre la parole, la porte d’entrée s’ouvrit et elle s’arrêta directement. Son visage devint soudainement très pâle pendant une fraction de seconde, puis elle se dirigea vers le hall pour aller saluer son grand frère qui avait désormais notre repas du soir.
Mais que voulait-elle bien me dire ?