Chapitre 17 : Danger imminent

Le lendemain matin, alors que les premiers rayons du soleil perçaient à travers les rideaux mal fermés, Rena ouvrit péniblement les yeux. La lassitude de la veille ne l'avait pas quittée, elle se sentait affreusement lourde et n'avait qu'une seule envie : se rendormir. Elle se tourna vers Ezarel qui dormait encore.

Ses yeux s'attardèrent sur son dos et ses épaules carrées. Il était loin d'avoir la carrure de Valkyon, mais son corps, bien que svelte, était solide et musclé. Ses cheveux bleu azur qui lui tombaient sur la nuque avaient besoin d'un bon coup de ciseaux.

Quand Rena avait rencontré Ezarel pour la première fois, ils étaient bien plus longs. Un choix esthétique qui n'était pas au goût de la yôkai. Elle pensait qu'il serait mieux avec les cheveux courts, même si c'était contraire aux mœurs elfiques chez qui la longueur des cheveux était égale à la noblesse de l'individu.

Ezarel se souciait assez peu des coutumes de son peuple. Il n'était pas particulièrement attaché à ses origines aristocratiques. La longueur de ses cheveux représentait simplement le temps qui s'était écoulé depuis qu'il avait quitté les siens pour poursuivre ses propres rêves. L'arrivée de Rena dans sa vie avait ouvert un nouveau chapitre de son histoire.

En acceptant de se faire couper les cheveux, il avait changé d'objectif. Désormais, il ne compterait plus les jours depuis son départ, mais ceux passés aux côtés de la femme de sa vie. Rena pouvait les raccourcir aussi souvent qu'elle le voulait, car Ezarel ne voyait pas de conclusion à leur relation. Il ne voulait même pas penser au temps qui passait. Il n'envisageait rien d'autre que l'éternité.

La yuki-onna souffla doucement sur sa nuque pour dégager les quelques cheveux fins qui s'y étaient collés, puis elle fit glisser un doigt le long de sa colonne vertébrale. Son geste arracha un frisson à son amant qui ouvrit les yeux à son tour.

— Tu veux me rendre fou dès le matin ? marmonna Ezarel en se tournant vers elle.

La jeune femme le salua d'un sourire tendre, suivi d'un bisou sur le bout du nez, puis elle posa sa tête sur son épaule en étouffant un bâillement.

— Je n'ai pas envie de me lever, gémit-elle.

— Moi non plus, souffla Ezarel d'une voix ensommeillée en passant un bras autour de sa taille. Je dois faire l'inventaire complet de la salle d'alchimie, je vais en avoir pour trois jours. Et encore, ça, c'est si je ne dors pas.

Le devoir les appelait tous les deux, ils ne pouvaient pas se permettre de traîner au lit. Ils s'en étaient extirpés non sans difficulté, puis s'étaient séparés dans le hall principal. Ezarel avait emprunté l'escalier de droite, vers les laboratoires d'alchimie, et Rena celui de gauche qui menait à la bibliothèque.

***

L'archiviste n'était pas encore arrivé. Rena avait pris l'initiative de fouiller dans les rayonnages, quitte à se faire sermonner quand Kero allait découvrir qu'elle avait – encore – mis ses étagères sens dessus dessous.

La gardienne de l'Ombre avait déniché une carte détaillée de la cité qu'elle avait grossièrement copiée sur un parchemin vierge, puis elle y avait matérialisé l'emplacement du Grand Cristal, l'enceinte du Q.G, et les remparts de la Cité d'Eel. Elle avait conservé la carte d'origine qui lui permettrait de se repérer plus facilement dans la cité puis, après avoir glissé les deux parchemins dans le col de sa tunique, elle était sortie explorer la ville.

Elle était d'abord retournée dans la ruelle où elle avait découvert le premier cercle. Elle espérait qu'il n'y soit plus, mais c'était un vœu pieux. Elle grimaça lorsqu'elle sentit le maana rayonner, toujours aussi palpable que la veille.

Rena se trouvait à l'ouest de la cité, à l'extrémité du marché. Si elle respectait les principes fondamentaux des cercles magiques, il devait y en avoir d'autres au nord, à l'est, au sud, ainsi qu'aux points cardinaux intermédiaires.

À l'aide de la carte, elle se dirigea en ligne droite vers le nord-ouest. Une fois le périmètre réduit à un rayon d'une centaine de mètres carrés environ, elle fouilla la zone méthodiquement, en examinant tous les recoins les plus sombres. Elle avait fini par dénicher le cercle, tracé dans le sous-sol d'une ancienne taverne abandonnée.

Il lui avait fallu deux bonnes heures pour trouver le premier cercle. Il lui en restait encore au moins huit à localiser. Elle en trouva un troisième au nord une heure plus tard, puis un autre au nord-est. Elle s'était dirigée vers l'est puis le sud-est où elle avait détecté deux autres cercles.

La nuit était déjà en train de tomber. Elle avait passé la journée à parcourir la ville de long en large, mais il lui restait encore deux cercles à trouver. Elle avait remis cela au lendemain. Elle avait suffisamment crapahuté pour la journée.

***

Rena avait dîné en compagnie d'Ezarel. Le couple s'était installé au bout d'une table de banquet, un peu à l'écart des autres gardiens. Le menu de ce soir était plutôt appétissant. Karuto leur avait préparé un ragoût de viande aux petits légumes, accompagné de polenta au maïs. Il devait y avoir eu un nouvel arrivage au Grenier d'Eel, car les ingrédients étaient d'une fraîcheur exceptionnelle et les portions étaient inhabituellement généreuses.

— Alors, comment s'est passée ta journée ? demanda Ezarel tout en savourant son repas. Qu'est-ce que tu as fait aujourd'hui ?

— Oh, tu sais, pas grand-chose... J'ai surtout patrouillé en ville.

— Depuis quand est-ce le rôle d'un vice-capitaine de patrouiller ? Ce sont les gardiens non gradés qui sont assignés à ces missions.

— Je sais, mais depuis la tentative de coup d'État de Rurik, je ne suis pas sereine. Je sais qu'on a déjà traqué une bonne partie de ses partisans, mais sa tentative de rébellion a pu en motiver d'autres à tenter quelque chose à leur tour.

— Hm. Tu n'as pas tort. On a essayé d'étouffer l'affaire, mais j'imagine que ça a dû fuiter quand même. J'ai entendu dire que le gouvernement royal a demandé des comptes à la générale. Ils l'ont convoquée à Regalia. Ils veulent s'assurer que rien ne menace l'intégrité du Cristal et de l'Oracle. Ils vont probablement envoyer des soldats royaux pour renforcer la sécurité.

— Tu crois que Rurik en avait après le Cristal ? Je pensais qu'il voulait simplement détrôner Miiko pour prendre sa place et ramener la Garde à sa gloire d'antan, comme il disait, mais je commence à me demander s'il n'avait pas une autre idée derrière la tête.

— Je ne sais pas. Il faudrait être fou ou totalement inconscient pour s'en prendre au Cristal. Si quelque chose devait arriver au Cristal, c'est tout le royaume qui serait condamné, mais d'une part, c'est un gros rocher bleu sacrément solide, et d'autre part, il est protégé par l'Oracle. Ce n'est pas quelque chose qu'on peut détruire d'un simple coup d'épée.

— C'est vrai, mais de façon totalement hypothétique, admettons que quelqu'un cherche réellement à le détruire, comment s'y prendrait-on ?

Ezarel était resté songeur un moment. La question avait éveillé sa nature d'érudit. C'était donc en sa qualité de mage accompli qu'il s'était exprimé.

— Je ne sais même pas si c'est possible, ce n'est qu'une théorie, mais si on pouvait inverser les flux de mana terrestres et les renvoyer vers le Cristal, cela pourrait créer une surcharge qui entraînerait son implosion. En pratique, cela demanderait beaucoup de ressources aussi bien en mages compétents qu'en artefacts magiques pour renforcer et stabiliser le sort, sans compter tous les cercles qu'il faudrait tracer.

— Des cercles ? Quel type de cercles ?

— Il faudrait créer un cercle complexe qui puisse pomper l'énergie dans les lignes manéiques et convertir le mana en source d'énergie alternative sans être altéré. Et un seul de ces cercles ne suffirait pas, il faudrait en tracer plusieurs et les mettre en réseau. Si c'est le Cristal qui est visé, il faudrait tracer ces cercles dans l'enceinte de la cité, mais également en mer, car il faut que le Cristal se trouve parfaitement au centre du sort.

— Et c'est possible, ça, de tracer des cercles sur l'eau ?

— Directement sur l'eau, non, mais sur un bateau, un récif rocheux, une petite île, ou même au fond de l'océan, c'est envisageable. Je sais que tu ne vas sans doute pas vouloir me répondre, mais je vais quand même te poser la question. Pourquoi tu t'intéresses à ça ? Tu crois vraiment que quelqu'un cherche à nuire au Cristal ? Si c'est le cas, il faut en avertir la générale le plus rapidement possible.

— Je n'ai que des suspicions pour le moment, mais j'ai trouvé d'étranges résidus de magie un peu partout en ville qui émanait de cercles actifs. Je dois y retourner demain pour localiser le reste et confirmer ma théorie.

— Laisse-moi venir avec toi. Je pourrais peut-être t'aider à y voir plus clair, mais après ça, il faut absolument qu'on en parle à la générale.

— Oui, je sais, mais elle a déjà beaucoup à faire, je ne veux pas l'alerter tant que je n'aurais pas de preuves tangibles. Merci de vouloir m'accompagner, mais tu es sûr que tu peux te permettre de t'absenter ? Ce n'est pas une mission officielle...

— Je trouverais une excuse pour sortir du Q.G, ne t'en fais pas. Séraphina m'envoie souvent faire des emplettes dans le quartier des Apothicaires. Je préfère subir les remontrances de ma supérieure plutôt que te laisser enquêter là-dessus toute seule.

Rena lui offrit un sourire reconnaissant. Elle appréciait la sollicitude de son compagnon. Elle devait admettre qu'à deux, ils iraient beaucoup plus vite, et qu'elle se sentirait plus sereine avec Ezarel à ses côtés.

***

Dès l'aube, les deux gardiens s'étaient rendus en ville, à la recherche des derniers cercles. Ils avaient eu du mal à les dénicher, car ils étaient fichtrement bien cachés. Ceux qui les avaient placés là tenaient à rester discrets. Rena songeait qu'elle avait vraiment eu de la chance de tomber sur ce premier cercle. Sans cette découverte fortuite, elle ne se serait doutée de rien.

Ezarel avait examiné l'un des cercles. Il avait reporté son tracé sur son carnet, mais à première vue, il s'agissait d'une combinaison complexe de cercles imbriqués les uns dans les autres. Les fonctions runiques ne correspondaient à aucun code connu, mais l'elfe avait identifié certaines formules plus basiques qui le laissaient perplexe.

— Alors ? demanda sa compagne avec appréhension. Tu as trouvé quelque chose ?

— Je ne suis pas sûr, mais c'est étrange... Ce cercle a été programmé pour servir de téléporteur. D'autres runes indiquent la présence d'un sort d'amplification et de transfert d'énergie.

— Qu'est-ce que ça veut dire ?

— Je ne sais pas encore, mais il se pourrait bien que tu aies raison... Je vais faire d'autres relevés.

Ezarel avait sorti divers objets de mesure pour évaluer la puissance du cercle, le niveau d'æther – le mana volatile – dans l'air et la présence de lignes manéiques. Les résultats étaient formels : ils se trouvaient pile au-dessus d'un nœud énergétique. Le mana parcourait la terre en formant un vaste réseau d'artères et de petits vaisseaux qui alimentaient le royaume en magie comme les racines d'un arbre géant.

Le Cristal agissait comme un cœur qui produisait du mana en continu, s'en nourrissait pour maintenir l'Oracle en vie, purifiait le mana souillé, puis le réinjectait dans les lignes manéiques. Quand plusieurs lignes convergeaient vers le même point, elles formaient un nodule qui concentrait l'énergie et la gardait en réserve, à la manière d'un barrage. Le mana se divisait en plusieurs branches et poursuivait son chemin jusqu'au prochain nœud.

Ces nodules étaient tous liés entre eux et permettaient une diffusion équitable du mana sur tout le territoire et le maintien d'un niveau d'énergie optimal et stable. La rupture d'un noyau pouvait provoquer des effets magiques indésirables et affecter les flux magiques des personnes qui se trouvaient à proximité, mais c'était un phénomène rare et le problème se réglait souvent de lui-même en l'espace de quelques semaines.

Quand cela se produisait, une équipe était envoyée pour sécuriser la zone, dresser une barrière de protection, et faire des relevés réguliers jusqu'à ce que les niveaux de mana reviennent à la normale. La cause de ces incidents était le plus souvent un rituel mal effectué ou une zone de combat qui avait subi un trop grand nombre d'impacts magiques. Les soldats avaient pourtant pour consigne d'éviter l'utilisation abusive de magie de bataille lors des conflits, mais c'était le genre de recommandation qui était tombée dans l'oreille d'un sourd.

Le fait qu'un tel cercle se trouvait à l'emplacement même d'un de ces nodules n'annonçait rien de bon. Surtout si ce n'était pas qu'un seul noyau, mais plusieurs d'entre eux qui se retrouvaient surchargés en même temps. Pour le moment, les cercles étaient en latence. Ils étaient actifs, mais ils n'avaient pas encore été activés. Ils avaient peut-être encore une chance d'inverser le processus.

***

Ezarel avait essayé de désactiver le cercle, mais un sort de protection s'était déclenché dès qu'il avait tenté d'altérer le code runique. Il avait été violemment projeté en arrière par une décharge d'énergie. Il avait atterri quelques mètres plus loin, son dos heurtant les pavés froids et humides de la ruelle. Il se releva avec une grimace de douleur tout en frottant son coccyx endolori. Rena s'était précipitée vers lui pour l'aider à se relever.

— Eh bien, il fallait s'y attendre, soupira-t-il en essuyant ses mains le long de son pantalon avant de prendre celle que lui tendait sa compagne. Cela aurait été étonnant qu'aucune mesure de sécurité n'ait été mise en place pour protéger ces cercles laissés sans aucune surveillance.

— Tu veux dire qu'on ne peut pas les détruire ?

— Ce doit être possible, mais ça va me demander un peu de temps. Il faut que je rentre au Q.G pour mettre au point un contre-sort pour désactiver le système de sécurité. Et j'aimerais d'abord décrypter le code runique pour comprendre à quoi servent ces cercles exactement, et s'il n'y a pas d'autres pièges cachés quelque part. Si on fait n'importe quoi, on pourrait activer le cercle par inadvertance, ce qui pourrait s'avérer catastrophique.

Les deux gardiens avaient poursuivi leur inspection de la ville, ils avaient trouvé d'autres cercles placés à des endroits stratégiques. Ils ne s'étaient pas donné la peine de faire un tour en mer, car explorer les fonds marins aurait nécessité toute une expédition. Au lieu de ça, Rena avait consacré le reste de la journée à l'exploration des bâtiments de la Garde, pendant que Ezarel se penchait sur le décryptage des formules runiques.

Ce qu'elle avait découvert avait confirmé ses craintes. Leurs mystérieux ennemis étaient allés jusqu'à placer des cercles au sein même du QG, juste sous leur nez, et au plus près du Cristal, là où la magie était la plus pure et la plus puissante.

La découverte de ces cercles était d'une importance capitale, mais elle apportait plus de craintes et de questions que de réponses. S'ils ne savaient pas qui étaient ces ennemis invisibles, où ils se trouvaient, quand ils allaient frapper, ni ce qu'ils comptaient faire précisément, ils ne pourraient rien faire pour les arrêter.

Il leur fallait du renfort, et Rena avait suffisamment de preuves et de doutes légitimes pour en faire part à la générale. La renarde dirigeait la garde d'Eel depuis quelques dizaines d'années seulement, elle était encore jeune et manquait parfois d'assurance – un défaut qu'elle compensait par une obstination à toute épreuve – mais c'était la seule qui pouvait prendre une décision dans ces circonstances.

La gardienne de l'Ombre connaissait Miiko Imaizumi depuis de nombreuses années, bien avant qu'elle ne prenne la tête de la Garde. Elle lui faisait entièrement confiance et voulait s'entretenir avec elle personnellement avant d'en parler à qui que ce soit d'autre.

***

Alors qu'elle se rendait chez les Étincelants pour demander une audience auprès de sa supérieure hiérarchique, Rena avait croisé le bras droit de la générale, Leiftan Falkenback, qui sortait de la salle commune. C'était un lorialet aux yeux émeraudes et aux cheveux blonds clairsemés de mèches noires. Il avait toujours l'air songeur, perdu dans ses rêves, mais il ne fallait pas se fier à son air absent, car c'était un redoutable mentaliste, versé en magie spirituelle et en hypnose. Il était également extrêmement perspicace. Rena connaissait le vice-capitaine de l'Étincelante depuis qu'elle avait rejoint la garde, une cinquantaine d'années plus tôt. Il avait toujours été aimable et bienveillant envers elle, et c'était de loin une des personnes les plus compétentes et les plus dévouées à Miiko et à la garde d'Eel. Contrairement à la kitsune au tempérament de feu, il savait garder son sang-froid et aborder la situation avec calme et optimisme.

La yôkai l'avait abordé avec un sourire amical avant de demander à s'entretenir avec la générale.

— Je suis désolé, mais je ne peux pas accéder à ta requête. Miiko a été soudainement appelée à Regalia pour une entrevue avec le Conseil royal. Elle ne reviendra pas avant tard dans la nuit.

— C'est vrai, j'avais complètement oublié ! Ezarel m'a dit qu'elle avait été convoquée à Regalia, mais je ne pensais pas qu'elle était déjà partie. Ça tombe vraiment mal...

Ce n'était pas souvent que le roi et ses conseillers faisaient appel au dirigeant de la garde d'Eel. Leur institution jouissait d'une indépendance historiquement intouchable. Le Conseil royal avait renoncé à son droit d'ingérence malgré de nombreuses tentatives de réformes visant à réduire le pouvoir politique et militaire de la garde.

Ses membres représentaient l'élite d'Eldarya et les gardiens d'Eel jouissaient d'un statut presque sacré qu'ils tiraient de leur proximité avec l'Oracle et le Grand Cristal. Ils étaient les protecteurs du mana, source de vie et de magie, ce qui en disait long sur l'importance de leur rôle dans le maintien de l'équilibre et des forces qui assuraient la pérennité de leur monde. Le gouvernement royal avait ses propres forces armées, mais les soldats royaux étaient loin d'être aussi populaires et appréciés.

Rena avait un mauvais pressentiment. L'absence de la générale en ces circonstances la mettait étrangement mal à l'aise.

— Tout va bien ? demanda Leiftan avec sollicitude, le trouble de la jeune femme ne lui ayant pas échappé. Si c'est vraiment urgent, tu peux m'en parler. Je vais voir ce que je peux faire.

— Non, je préfère lui en parler moi-même. J'attendrai son retour, ce n'est pas grave.

— Très bien, comme tu veux, répondit le vice-capitaine de l'Étincelante tout en la dévisageant avec curiosité.

Depuis la trahison de Rurik, la gardienne de l'Ombre préférait rester prudente. Elle ne voulait pas douter de la loyauté de Leiftan, mais elle ne savait plus à qui accorder sa confiance. Si la nouvelle s'ébruitait, cela risquait d'alerter leurs ennemis et de précipiter leurs plans. Miiko serait de retour dans quelques heures. Elle saurait quoi faire. Ils devaient juste espérer que le temps était de leur côté.