—La délégation a amené le monstre.
Mirage, surpris, réfléchit un instant.
—Tu es sûr ?
—Certain.
Pratiquement collé contre Ojas malgré la chaleur étouffante, Mirage devait tendre l’oreille pour comprendre ce qu’il chuchotait. Les petites heures du jour étaient passées, le matin prenait place et amenait avec lui le vacarme de la rue. Les clients déambulaient déjà devant les vitrines, admirant les pavés et les fresques murales, tandis que les artistes et les gens du peuple prenaient garde à ne pas trop s’approcher du satin et des plumes. Mirage, emmitouflé dans sa cape, maudissait la sueur qui déjà lui coulait le long du dos. Il dit en s’essuyant le front :
—Et l’espion des Volindra te l’a dit, à toi ? Comme ça ? insista-t-il.
Soit l’homme de l’atelier était un mauvais élément, soit les Volindra n’inspirait plus la même loyauté qu’autrefois. L’idée qu’un pauvre charpentier en sache plus sur les agissements de l’Empire qu’une richissime famille de princes-marchands était délicieusement drôle.
—En fait, ce n’est pas exactement comme ça qu’il l’a dit, avoua Ojas. Il n’avait pas l’air très convaincu par ce qu’il racontait, mais… Il jeta un coup d’œil aux alentours avant de poursuivre, la voix plus basse encore : D’après ses contacts sur le continent, il y a eu plusieurs attaques de monstres dans l’Empire, exactement comme celles des semaines passées ici. Sauf que là-bas, ils appellent ça des chimères.
Son intérêt piqué, Mirage invita Ojas à continuer. Il ne vit pas l’étrange chien noir secouer la tête, ses contours tremblants, jusqu’à ce que toute sa silhouette rapetisse et soit semblable à n’importe quel autre cabot, puis sortir de la ruelle et longer les bâtisses, protégé du soleil par les toits.
—Parfois, on décrit des ours, des fauves, voire même des harpies ou des goules. Mais c’est du pareil au même ! Ils agissent tous de la même manière. Le monstre vient de l’Empire, j’en suis convaincu, et la délégation l’a forcément ramené avec eux. Peut-être qu’ils voulaient semer la panique pour nous affaiblir, avant de nous attaquer ?
—Tu gaspilles tes talents à couper du bois. On devrait te nommer stratège, ironisa Mirage en s’éventant de la main.
—Ne te moque pas. Tu ne penses pas que j’aie raison ?
—Si. C’est pour ça que je ne comprends pas pourquoi l’information n’a pas été directement relayée à la petite Volindra.
Loin derrière eux, la bête noire grattait la terre de ses lourdes pattes. Une mère, l’apercevant, prit sa fille par l’épaule et fit un large cercle autour d’elle. Les autres passants la remarquèrent à peine : les chiens errants n’étaient pas rares dans les parages. Quoique certains levaient les sourcils en voyant cet animal racé renifler l’air. Une si belle bête devait appartenir à quelqu’un. Mais à peine se faisaient-ils cette réflexion qu’elle s’éloignait. Ne restait plus qu’une légère odeur de soufre et l’ombre de son pelage disparaissant entre les jambes des badauds.
Mirage jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Il hésita un instant, avant de se retourner vers Ojas qui expliquait :
—Parce qu’il n’y a pas de preuve et que, apparemment, Chidera ne veut que du solide. Il n’a pas trouvé ça urgent... ni crédible.
Mirage essuya sa main humide sur le revers de sa cape. Voilà qui n’avait pas de sens. Chidera avait besoin d’informations, n’importe lesquelles. Vu la situation, elle aurait dû se réjouir d’une rumeur comme celle-ci. Puis l’idée lui vint tout à coup que, peut-être, les subordonnés de la jeune femme n’avaient pas entièrement conscience de ce qu’Ojas et lui savaient.
Chidera désespérait de trouver un indice, une piste qui la mène aux dieux, et d’obtenir un moyen de protéger Galatéa de l’Empire comme du mystérieux monstre qui hantait ses rues. Mais Chidera savait-elle que, au fond, ce qu’elle désirait vraiment était une victoire ? Mirage l’avait compris au premier regard. Leur conversation en tête-à-tête l’avait confirmé.
Chidera était une meneuse d’hommes, on l’avait éduquée pour ça. Mirage l’avait senti en pénétrant dans la villa Volindra : c’était un temple dédié à la force et à l’ordre, et Chidera était l’héritière d’un sacerdoce aussi formidable qu’écrasant. Si on ajoutait à ça sa fierté personnelle et la succession de catastrophes qui s’abattaient sur l’île depuis plus d’un an, alors tout devenait clair. Chidera avait envie – non, le mot était trop faible – un besoin viscéral de gagner. Trop de temps s’était écoulé depuis sa dernière victoire, sans doute, et voilà que la jeune femme commençait à paniquer. Sa confiance en elle s’effritait. Mirage pouvait suivre son chemin de pensée comme il l’aurait fait d’un chemin de terre. Petite Volindra désireuse de protéger sa réputation et celle de sa famille avait décidé de ne parler de ses doutes à personne. De peur de paraître trop hâtive, elle avait préféré agir comme à l’ordinaire et n’avait donc demandé que des informations de source sûre. Or rien n’était moins croyable que des histoires de monstres et de magie.
Il y avait quelque chose de rassurant à voir que les hommes ignoraient tout du monde dans lequel ils vivaient.
Chidera devait se mordre les doigts d’avoir donné de tels ordres. Mirage l’imaginait dans son bureau parfumé, survolant des documents sans parvenir à les lire, griffonnant des projets de loi à soumettre au Conseil pourpre sans savoir si Galatéa survivrait assez longtemps pour les mettre en place. Et les nouvelles de ses espions qui ne venaient pas…
Jusqu’à ce qu’Ojas et Mirage arrivent, porteurs du seul indice qui puisse l’aider. C’était un rôle qui pouvait s’avérer intéressant.
—Les hommes des Volindra disent que ce n’est pas important, mais toi, tu veux aller voir Chidera sur-le-champ, résuma Mirage tandis qu’ils quittaient le quartier des Orfèvres. Qu’est-ce qui te fait croire qu’elle ne va pas t’envoyer balader ? Ou pire, te punir de l’avoir dérangée pour si peu ?
—Chidera ne ferait jamais une chose pareille, affirma Ojas, et Mirage s’émerveilla une fois de plus de sa naïveté. Les négociations n’avancent pas ! Si Chidera apprend que l’Empire est au courant pour les chimères, peut-être qu’elle pourra l’utiliser pour… Ojas agita les mains, à court d’idées. Pour faire pression sur eux ?
—Elle ne participe pas aux négociations elle-même, non ? C’est la matriarche Volindra qui s’en charge ?
—Peu importe ! Il faut que Chidera sache ce que je sais, assena Ojas. Sinon, à quoi bon aller et venir à la recherche d’informations ? Elle saura quoi faire, j’en suis certain.
Non loin d’eux, un homme s’arrêta devant une échoppe ombragée. Il admira les produits exposés, parla avec le commerçant. Tout à sa conversation, il ne vit pas le chien noir s’approcher. L’animal, discret et immobile, le jaugea. Soudain, l’homme partit dans un éclat de rire. Il renversa la tête en arrière, fit un pas. Le soleil le toucha et son ombre s’étala sur les dalles : la bête y entra. Il s’y enfonça, de plus en plus profondément, jusqu’à disparaître. L’homme échangea encore quelques mots avant de poursuivre sa route.
Un frisson parcourut brusquement l’échine de Mirage. Il fit volte-face. Rien, sinon la foule et ses bruits. Pourtant, il avait senti un regard, il en aurait juré…
—Et toi, qu’est-ce que tu as appris ? demanda Ojas, les guidant vers les Cordes.
—Il y a un prêtre renégat dans l’atelier, lâcha distraitement Mirage, ses yeux fouillant les alentours.
Cette fois, il en était sûr. Ils étaient suivis.
—Pardon ? s’exclama Ojas. Oubliant toute discrétion, il s’arrêta pour faire face au jeune homme. Tu en es sûr ? Qu’est-ce qu’il t’a dit ?
Mirage avait beau scruter les passants, il ne voyait rien. Pourtant, son mauvais pressentiment grandissait. Il souleva son capuchon, regarda à droite, à gauche. Tous ses sens lui criaient de fuir. C’était ridicule ! Qu’avait-il à craindre, lui, entre tous ? Où était l’impertinent qui essayait de l’effrayer ainsi ? « Pas la peine de te fatiguer, » lui souffla une voix qu’il connaissait bien. « La menace est au-delà du visible. »
Son sang ne fit qu’un tour.
—Elle est là, siffla Mirage en pâlissant. La chimère, elle est là !
—Quoi ? Ojas se redressa de toute sa hauteur, regarda les alentours. Attends, comment-
—Chut !
La peur s’était saisie de lui comme un gant de fer sur sa gorge. « Respire, » lui intima la voix. « Trouve l’écho. Souviens-toi, comme je t’ai appris. » Plus facile à dire qu’à faire. Il se rappelait vaguement les longues heures d’entraînement, il y a de cela plusieurs vies, assis sur la falaise à répéter les bons gestes. « D’abord, on respire… » Il prit une inspiration tremblante. « Et on y va. » Il ferma les yeux. Il plongea à l’intérieur de lui-même, jusque dans sa poitrine, à hauteur de cœur. Il y avait là une pulsation différente des autres. Elle projetait une lueur violette bien au-delà de son corps, invisible au commun des mortels. Il l’imagina s’étendre jusqu’aux confins de l’île. Ne restait plus qu’à attendre. « Allez, viens, » pensa-t-il en suivant l’onde violette. « Montre-toi, saleté ! » Puis, soudain, un écho. Noir, trouble, étrangement froid contre sa lumière. Et si proche ! « Et voilà, » et Mirage aurait juré que la voix lui souriait. « Bonne chance, petit frère. »
—Attention ! hurla Ojas.
Tout alla très vite. Mirage n’eut même pas le temps d’avoir peur. Il avait à peine ouvert les yeux que déjà, l’éclair noir se jetait sur lui.
La seconde d’après, il roulait dans la poussière, Ojas l’entourant de ses bras.
Les yeux grands ouverts, pleins de bleu du ciel, dos à terre, il mit un moment à réaliser ce qui venait de se passer. Ses ongles s’étaient instinctivement plantés dans les bras du charpentier, qui ne l’avait toujours pas lâché. Son nez était enfoui dans son épaule. Il sentait le bois et le sel.
Puis Ojas desserra son étreinte, le visage tordu d’angoisse :
—Ça va ?
Et Mirage de hocher la tête.
Des cris s’élevèrent. Mirage aurait aimé que la chimère se tourne vers eux. Qu’elle les poursuive, quitte à en tuer un ou deux, le temps qu’Ojas et lui se redressent et s’enfuient. Mais il était trop lucide pour y croire.
Ils se remirent debout tant bien que mal. Mirage sentait la main d’Ojas autour de son poignet trembler. Le charpentier s’était placé légèrement devant lui, face à la bête qui déjà se retournait vers eux.
Les cauchemars appartiennent à la nuit, quand les sens s’émoussent dans l’obscurité et où le sommeil isole l’esprit de chacun. La flamme d’une bougie, la présence d’un frère suffit à les dissiper. Mais quand l’horreur surgit au milieu d’une assemblée, sous le soleil de midi, comment y faire face ? Une longue langue rose vint lécher les babines noires. La main d’Ojas sur Mirage se raffermit. La chimère était identique à la première fois qu’il l’avait vue : même pelage sombre et iridescent, même pupilles jaunes, mêmes crocs trop blancs pour être vrais… Elle paraissait toutefois plus ancrée dans le réel, comme si elle s’était creusé un trou un peu plus grand dans le tissu de ce monde. Le jeune homme déglutit. « Et merde. Elle a repris des forces depuis la dernière fois. » Il ne restait plus qu’une chose à faire.
—Cours ! rugit Mirage en empoignant Ojas.
Les deux hommes s’élancèrent dans la rue. Les gens s’écartaient vivement de leur route, étonnés puis horrifiés en voyant leur poursuivant. Mirage tourna dans une rue, puis dans une autre, et encore une autre, jusqu’à ce qu’il perde le compte, entrainant Ojas à sa suite. Ce dernier s’exclama :
—Où est-ce qu’on va ? On est en train de mettre toute la ville en danger !
« C’est le but, » pensa Mirage en accélérant autant que ses jambes le lui permettaient. Il regrettait de ne pas avoir la carte de Chidera sur lui. Parmi les documents que lui avaient prêtés l’héritière, celui détaillant les quartiers de Galatéa lui aurait évité de zigzaguer sans fin. Hélas, il l’avait trouvé beaucoup moins attrayant que celui indiquant les pays voisins, pleines de monstres marins et de montagnes enneigées. La faute aux enlumineurs paresseux qui avaient priorisé l’efficacité sur l’esthétisme ! Mais toutes les villes se ressemblent, et les rues mènent toutes à des places où les gens se retrouvent. Avec un peu de chance, ils en trouveraient bientôt une bondée de visiteurs.
Mais derrière, la chimère se rapprochait. Des traces de suie naissaient sur les dalles et les murs qu’elle touchait. Filant comme une flèche, elle était à peine ralentie par la foule qui se jetait hors de son chemin. Parfois, Mirage arrivait à la perdre l’espace d’une seconde ou deux mais, aussitôt, elle réapparaissait sur leurs talons. Soudain, les deux hommes foncèrent dans un cul-de-sac et s’engouffrèrent dans une ruelle serrée. La créature fonça directement dans le mur. Au lieu de s’affaisser, elle s’y écrasa comme une tache d’encre et dégoulina jusqu’au sol. La petite flaque noire bouillonna. Lentement, l’étrange liquide s’éleva de lui-même, comme un typhon, reformant la bête qui avait un instant disparu.
Mirage et Ojas, eux, couraient toujours. Le capuchon de Mirage avait glissé depuis longtemps, mais ni l’un ni l’autre ne s’en souciaient. Trempé de sueur, les jambes douloureuses, le jeune homme manqua de tomber. Ojas le rattrapa par la main et, ensemble, ils continuèrent à courir. Bien leur en prit : au loin, un sifflement de bouilloire se faisait entendre, accompagné de lourds claquements de mâchoires.
Enfin, la ruelle s’agrandit et fit place à une large esplanade. Ils étaient arrivés aux portes du Conseil pourpre. Large bâtisse de pierre blanche, au toit pointu d’où pendaient deux grands pans d’étoffe rouge, nouveau centre du pouvoir galatéen, elle étalait à son pied un miroir d’eau où jouaient des enfants. C’était un lieu de vie où se réunissaient petits et grands, citoyens et dirigeants, mendiants et émissaires. La présence de la délégation impériale n’avait donc rien de surprenante. Celle de Chidera non plus.
Mirage entendit le cri étranglé d’Ojas à ses côtés. Il vit la tête de Chidera se tourner vers eux, de l’autre côté de la place. Il vit ses yeux s’écarquiller en les reconnaissant. Le sifflement de la bête se faisait de plus en plus fort.
—Merde. Merde ! jura Mirage entre ses dents.
Pas de solution. Pas d’issue. Ojas et lui d’un côté, Chidera de l’autre, le reste du monde entre eux. Il ne pouvait pas la sacrifier comme ça, pas après tous ces efforts. Il avait besoin d’elle. Et puis la chimère s’intéressait à lui plus qu’à quiconque. Lui qui ne s’en était débarrassé que par miracle la dernière fois ! Sa magie l’avait fait fuir sans qu’il sache comment il l’avait déclenchée. Il ne saurait pas le refaire, pas tout de suite.
Le sol tremblait désormais. La poussière tressautait au rythme du galop du monstre. « Si ce sont mes pouvoirs qui l’intéressent, autant en tirer le maximum, » songea-t-il en se mettant à courir. Le rôle d’appât n’était pas son préféré mais il savait être beau joueur.
—Mirage, non ! hurla Ojas, horrifié.
Trop tard. Il poussa les badauds en travers de son chemin et sauta dans le miroir d’eau. Les rires excités des enfants se transformèrent en cris aigus. L’eau froide jaillissant des petits jets d’eau le trempèrent de la tête aux pieds. Il ne s’arrêta pas.
Le noble attroupement sur les marches du Conseil pourpre se dispersait déjà. Mirage reconnut le géant barbu et le jeune homme à lunettes de la plage. Pétrifiés, ils observaient la petite silhouette de Mirage et la créature qui accourrait derrière lui. Chidera, elle, avait eu le bon sens de prendre la fuite. Mirage ne put retenir un sourire mauvais. « Alors, lequel de vous deux Landais veut récupérer sa chimère ? » Mais la poignée de gardes galatéens qui les entourait encore se scinda en deux groupes. Trois d’entre eux bondirent à la rencontre du monstre, épées en main. À la grande surprise de Mirage, la bête ralentit à leur vue. Ses yeux jaunes allèrent des lames à Mirage. Celui-ci se redressa et, avec toute la superbe et le mépris qu’il savait si bien afficher, il sourit et tapota sa poitrine.
—Viens, murmura-t-il. Il savait que la chimère l’entendait, qu’elle le comprenait. Je sais ce que tu veux. Viens le chercher.
Les pupilles de la bête se réduisirent à deux points noirs. Elle poussa un sifflement furieux et se jeta sur lui toutes dents dehors. Mais juste à ce moment, l’un des gardes leva son arme et trancha la bête en deux. Il n’y eut ni sang, ni cri. Juste un gémissement plaintif avant que la chimère ne s’effondre sur elle-même, petite flaque noire.
Les cauchemars sont immortels. Ils se transmettent d’homme en homme. La peur grandit parce qu’elle se partage.
Du monstre tranché en deux naquirent deux nouvelles chimères.
Mirage les regarda se former. Le barbu et son fils n’avaient pas bougé. Le jeune homme brun était pâle, lèvres serrés. Il observait Mirage à la dérobée. Mirage planta ses yeux dans les siens mais n’eut pas le temps de faire quoi que ce soit.
—Qu’as-tu fait ? s’exclama Chidera en le prenant par l’épaule.
Mirage ne répondit pas. Il préférait regarder la chimère se transformer.
Le chien noir avait fait place à deux petites ombres aux contours tremblants. La foule les pointaient du doigt en chuchotant. Un œil apparut sur l’un des monstres, deux sur l’autre. Ils roulaient d’un bout à l’autre de leurs têtes, comme pour voir tout ce qui se passait.
—Tuez-les ! mugit le chef de la garnison.
Mais à peine avait-il posé la main sur le pommeau de son arme que les monstres, ombres rampantes, s’étaient enfuies en glissant à toute vitesse entre les dalles. Elles se faufilèrent sous les pieds des citoyens hurlants.
—J’ai raté mon coup, dit le jeune homme en soupirant de dépit. Voilà ce que j’ai fait.
—La délégation va nous accuser de tentative d’assassinat !
La confusion régnait encore sur l’esplanade, mais plus pour longtemps. Les yeux avisés des dignitaires commençaient à se porter sur la Volindra et le criminel qui avait guidé le monstre jusqu’ici.
—Tu pourras leur répondre qu’ils ont tenté de tuer toute la cité en amenant cette bête. Ojas t’expliquera les détails.
—Et qu’est-ce que je suis censé dire, en attendant ?
—Qu’est-ce que j’en sais ? Fais de ton mieux ! s’exclama Mirage.
Chidera le dévisagea un instant avant de hocher la tête. Elle recula d’un pas et déclara d’une voix forte :
—Gardes ! Arrêtez cet homme !
Aussitôt, les soldats accoururent. Éberlué, Mirage se laissa faire. Alors que le silence se faisait sur la place, Chidera poursuivit :
—Aujourd’hui, le monstre qui terrorise notre belle cité de Galatéa a refait son apparition avant d’être mis en déroute par nos efforts. Cet individu, et elle pointa Mirage du doigt, a participé à sa défaite en l’amenant jusque dans notre piège. Néanmoins, son imprudence a mis en danger nos nobles invités de l’Empire, et cela constitue un crime grave. En attendant qu’une enquête soit menée pour tirer au clair les responsabilités de chacun, cet homme sera gardé captif dans nos geôles. Je le répète : aujourd’hui, nous avons remporté une victoire contre le monstre. Soyez désormais sans crainte !
Des applaudissements s’élevèrent, ainsi que des hourras. Tandis que les « Vive Galatéa ! » et « Que la bénédiction des dieux soit sur la maison Volindra ! » retentissaient, Chidera chuchota discrètement à Mirage :
—Satisfait ?
Mirage, muet de stupeur comme de colère, se laissa entraîner par les gardes. Il voyait tout ce qui se passait autour de lui avec une acuité aiguisée par la rage : la curiosité malsaine du peuple agglutiné sur l’esplanade, l’étrange regard qu’échangeaient désormais la Volindra et l’étranger à lunettes, le soleil qui brûlait sa nuque blanche, la poigne féroce des gardes qui le tiraient sans ménagement. Et au-delà des bavardages de la foule et de son brouhaha, la voix d’Ojas, de plus en plus lointaine, criait son nom.
Je me demandais quand sortait le prochain chapitre et je me suis rendue compte que j'avais loupé la notification... Honte à moi !
Super chapitre, belle montée en tension, il y a de l'action et c'est super à lire !
"Il y avait quelque chose de rassurant à voir que les hommes ignoraient tout du monde dans lequel ils vivaient." : j'aime beaucoup la
citation !
Je trouve ça super que les trois protagonistes soient toujours liés d'une manière ou d'une autre (ici Ojas et Mirage pensent à Chidera et nous la font connaître encore un peu plus)
Course poursuite super stressante ah ah j'ai eu peur même si j'ai encore confiance en ta bonté envers tes personnages !
"Les cauchemars sont immortels. Ils se transmettent d’homme en homme. La peur grandit parce qu’elle se partage. " : trop trop cool
Le meilleur c'est quand même la chute, on découvre une nouvelle facette de Chidera et j'ai été vraiment surprise, hâte de voir les conséquences de ce nouvel incident, notamment sur les négociations avec l'Empire, la famille Volindra...
A très vite !
Merci pour ton commentaire ! Effectivement, les trois héros sont toujours liés d'une manière ou d'une autre, et au fil de l'histoire je vais essayer de rendre ce lien encore plus subtile - mais les fils sont noués, pour sûr.
Chidera, toujours des surprises en stock ! Je pense que tu comprendras pourquoi elle a fait ça bientôt (reste à voir si tu approuves).
À bientôt !
Très chouette chapitre ! J'ai juste eu un peu de mal à comprendre pourquoi la chimère ne rattapait pas Mirage et Ojas en quelques secondes. Je l'imagine comme un gros chien et comme il est écrit qu'elle file à toute vitesse, c'est étrange qu'ils lui échappent si longtemps. Peut-être qu'en la décrivant plus imposante et moins leste ça fonctionnerait mieux à mon avis.
J'ai beaucoup aimé ce chapitre, sa montée en tension progressive, la redite des tournures avec le cauchemar. La course poursuite, la fin en confusion... À ce stade, c'est pas évident de deviner quelles vont être les conséquences de cet événement, je suis très curieux. On se doute que les 2 chimères vont refaire surface un jour ou l'autre.
Très drôle les réflexions de Mirage sur la naïveté d'Ojas, leur dynamique est toujours aussi chouette. J'ai aussi apprécié les mini réminiscences de notre personnage mystère même si tout reste très flou avec lui....
Mes remarques :
"soit les Volindra n’inspirait plus la même loyauté qu’autrefois." -> inspiraient
"Or rien n’était moins croyable que" -> crédible ?
"Les cauchemars appartiennent à la nuit," très cool ce paragraphe !
"Les cauchemars sont immortels. Ils se transmettent d’homme en homme. La peur grandit parce qu’elle se partage." Très très stylé !!
Un plaisir,
A bientôt !
Je suis d'accord, mieux vaut agrandir le bestiau avant qu'il ne leur fonce dessus. Je le note pour la réécriture ! Je suis contente que tu sois laissé prendre par l'atmosphère, j'ai encore des doutes sur mon style d'écriture sur ce point. Les conséquences sont en effet encore troubles (j'espère que ça ne gêne pas à la lecture), mais ça me semblait les réactions les plus naturelles pour les persos.
"J'ai aussi apprécié les mini réminiscences de notre personnage mystère même si tout reste très flou avec lui...." --> Ahaha, j'ai hâte de voir ce que tu penses des futures infos à son sujet !
À bientôt !
Eh bien, que de mouvements ici !
J'aime bien la poursuite, la duplication de la chimère, la fin inattendue par Chidera !
J'ai par contre eu un souci sur le côté taille de la chimère, il me semble qu'elle était plus grande, comme un cheval, non ? En tous les cas c'est l'image mentale que je m'en faisais.
Il yva quelques lignes confuses, où on ne sait pas qui est fait quoi, par ici :
"Mirage planta ses yeux dans les siens mais n’eut pas le temps de faire quoi que ce soit.
—Qu’as-tu fait ? s’exclama Chidera en le prenant par l’épaule.
Mirage ne répondit pas. Il préférait regarder la chimère se transformer"
Et sinon, j'ai été déçue que la situation soit désamorce par le dialogue de Chidera, je trouve que ça "claquerait" plus si elle le laissait dans le doute.
Enfin, le layus sur Chidera qui veut une victoire, c'est dommage de l'avoir dans le même chapitre, ça menparait trop ramassé, après ça c'est très subjectif !
J'espère que je pourrais avoir un jour la fin de cette histoire, merci pour le partage !
À bientôt <3
Merci pour ton commentaire ! J'hésitais justement sur la manière de finir le chapitre. Je voulais limiter la confusion des lecteurs, d'où la petite explication de Chidera. Mais j'aime bien l'idée d'un Mirage confus et énervé jeté en prison x)
Pour la taille de la chimère, tu as raison, elle a changé de taille dans ce chapitre et j'ai oublié de le préciser... Je vais corriger ça ! Mais à la base, elle est effectivement plus grande qu'un cheval.
À bientôt !