Sans même donner le temps à la plateforme de s’arrêter, plusieurs groupes embarquent. Ils exposent à voix basse, mais présomptueuse, leur mécontentement dû au retard. Cependant, les gardes soulèvent les rouleaux de tissus, et les balancent de manière impétueuse, pour scinder la foule orgueilleuse. Iro en profile pour se faufiler jusqu’à l’entrée des quartiers, avant qu’une main lui saisisse l’avant-bras.
« Je suis… dit à voix basse, Wazo, la tête baissée, la poigne tremblante. Désolé. Je voulais pas crier, comme ça. Je… J’ai vu, d’en haut… que tu as failli tomber. Si j’étais là, si…
– Tout va bien, réponds Iro qui tient la pause, lui serre la main pour chasser ses frayeurs. J’ai fait la connaissance du Tisserand Tio. Il est responsable de la confection de nos tuniques. Elle lui tapote la main pour relâcher l’étreinte. Je tiens une piste, puis lui murmure : je vais enfin savoir pourquoi la bête nous a pris pour cible, Meos et Moi. »
Iro s’en va en direction de sa chambre, gaiement, sous la vision confuse de Wazo, puis la salue de dos et prononce à haute voix : « Repose-toi ! On se voit au prochain cours ! Et… Merci ! »
La chambre ne dégage plus d’odeur véhémente. La cage ne lui écrase plus le cœur. Elle laisse sa cape sale tomber au sol, et se jette sur le lit, rebondit sur le ventre, avant de se retourner pour observer le plafond. Des reflets de lumières dansent sur les reliefs, portée par les songes, un moment passe.
Elle se lève enfin, et saisit sur le comptoir sa plume. La lame de la rapière de Meos dessine des étincelles au bout de ses doigts. Elle tire une feuille d’un tas, et se met à écrire, mot après mot, d’un fil continu, de songe en songe, s’endort.
Papa…