Chapitre 17 : La fin

Orn n’avait jamais couru aussi vite de sa vie. Déambulant rapidement dans les couloirs presque vides, il poussait le peu de personnes qui se trouvaient sur son chemin, n’ayant qu’un seul but en tête : être le plus loin possible de Vador. Le chasseur était paniqué, terrifié et perdu. Totalement perdu. Il comprenait tout et rien à la fois. Cette vision du passé brouillait son esprit et perturbait son équilibre. Orn pleurait sans s’en rendre compte, continuant à courir à travers la ville flottante. Il se souciait peu des éventuels témoins qui, de toute façon, ne penseraient pas que ce Twi’lek pouvait être le tristement célèbre Chasseur Impérial. Tout comme ce dernier n’avait pas pensé possible que Vador était en réalité le Jedi qui avait tué Taano. Cela lui paraissait totalement irréel et impossible. Depuis la mort de sa sœur, il n’avait eu cesse de chercher un coupable atteignable, finissant par s’accuser lui-même lorsqu’il avait pensé ce Jedi disparu pour toujours. Mais maintenant que le Twi’lek avait retrouvé l’assassin de Taano, il souhaitait ne jamais avoir connu cette terrible vérité. La vie était plus simple quand on ignorait tout, quand on pouvait simplement fermer les yeux sans une preuve intangible. Seulement, Orn ne pouvait plus fermer les yeux, forcé de subir ce que sa sœur avait subi lors de ses derniers instants. Il y avait longtemps, le chasseur avait été capable de tout donner pour avoir la pièce manquante du puzzle; vingt ans plus tard, l’Univers avait répondu à sa question. Mais il regrettait cette réponse désormais. Il avait trop fait pour survivre pour ne pas être associé d’une manière ou d’une autre au Seigneur Sith. Il avait trop laissé sa haine le diriger pour ne pas avoir contribué à la Grande Purge des Jedi.

Enfermé dans ses réflexions, Orn traversait les couloirs et les allées sans réfléchir, sa main toujours agrippée au sabre-laser doré de sa sœur. Son casque, accroché à sa ceinture, frappait sa cuisse sans qu’il s’en soucie. Après avoir poussé un habitant de la Cité des Nuages en fuite, le chasseur prit un virage instinctivement et s’arrêta en apercevant une sortie. S'approchant doucement de la porte déjà grande ouverte, il fut surpris de voir la plate-forme sur laquelle son vaisseau était posé. Le Twi’lek n'avait aucune idée de comment il avait pu, dans sa fuite si confuse, retrouver un chemin qu’il n’avait emprunté qu’une seule fois. Il s'avança d'un pas incertain vers le Vautour, qui émettait un faible vrombissement, prêt à décoller. Le vaisseau rouge et noir se tenait fièrement sur la plate-forme blanche, indifférent aux récents évènements. Derrière le Vautour Couronné, dans le ciel nuageux de Bespin, différents vaisseaux spatiaux se dirigeaient hâtivement vers d'autres planètes, tandis que deux Destroyers impériaux gris, accompagnés de chasseurs TIE, supervisaient la prise de contrôle de la Cité des Nuages. Pour la première fois de sa vie, Orn sentit un véritable malaise face à cette armée impériale qu'il avait pourtant menée ici. Les yeux toujours fixés sur les vaisseaux de l’Empire, le chasseur s'empara de son communicateur et l'activa.

"Nasha, ouvre la porte," dit-il d'une voix étrangement calme et détachée.

La Twi'lek s'effectua, et, dans un petit grincement faisant s'échapper de la vapeur, la porte du vaisseau s'ouvrit, révélant l'intérieur blanc du Vautour. Alors que Orn s'apprêtait à s'avancer vers le Vautour, il ressentit une présence derrière lui. Une terreur sourde se construisit en lui, et il fit rapidement volte-face, plus prêt à fuir qu'à se battre. Ses yeux se posèrent immédiatement sur le Seigneur Sith qui lui faisait face, restant immobile et lui retournant simplement son regard. Malgré la peur et l’horreur qui s'emparèrent de lui à la vue de Vador, le chasseur ne bougea pas, trop tétanisé pour esquisser un mouvement. Le nouvel arrivé ne disait rien, se contentant de fixer avec curiosité le Twi’lek. Des souvenirs d’une vie passée l’attaquaient de toutes parts, provoqués par le visage familier du chasseur. Le Seigneur Sith tentait d’éloigner ces réminiscences de son esprit pour mieux cerner Orn. Après tout, peut-être le jumeau était-il un Padawan rescapé, qui aurait réussi à survivre aux Clones et à échapper aux Inquisiteurs. Peut-être même travaillait-il pour l’Empire afin de mieux s’en cacher. Si tel était le cas, Vador devait tuer le chasseur lui-même, ne pouvant plus compter sur les Purge Troopers ou les membres de l’Inquisitorius.

Jugeant le Twi’lek tétanisé de haut en bas, son regard s’arrêtant un bref instant sur le sabre-laser doré, le Seigneur Sith se rendit à l’évidence : l’homme en face de lui n’avait rien d’un Jedi. Sa posture indiquait qu’il était prêt à fuir, mais que ses membres le retenaient, et sa poigne sur l’épée antique était incertaine et maladroite. De plus, Vador sentait que la Force, bien que présente, n’était pas puissante en Orn. Décidant que ce dernier n’était pas une menace, le bras droit de l’Empereur esquissa un mouvement pour partir, ramenant un pan de sa cape près de lui. Mais ce geste qui brisa son immobilité fut suffisant pour que le chasseur réagisse enfin.

Recouvrant le contrôle de son corps, le Twi’lek se précipita à l’intérieur de son vaisseau, ne se concentrant plus que sur une seule chose : partir le plus loin possible de cet endroit. Il entra en trombe dans le Vautour et se jeta sur le siège de son co-pilote, ignorant le regard interrogateur de Nasha, qui n’eut pas le temps de prononcer un seul mot.

"Twik, fais-nous partir d’ici !

— Où est ton ca-

— Maintenant ! S’il te plaît… Décolle…," supplia-t-il, avant de se laisser glisser au sol.

Le droïde, sentant que quelque chose de grave s’était passé, obéit sans faire de commentaire, et dirigea le vaisseau hors de l’atmosphère de Bespin le plus rapidement possible. En même temps, Nasha partit fermer la porte du Vautour, fixant un instant la figure noire sur la plate-forme, terrifiée. La Twi’lek se tourna ensuite vers Orn et s’accroupit près de lui, inquiète et intriguée. Ce dernier était par terre et fixait le sol, le regard vide. Il serrait entre ses mains l’arme de sa sœur, et ne prêta pas attention à son amie, qui se retenait de l’assaillir de questions face à sa détresse flagrante.

"Orn… Qu’est-ce qu’il s’est passé ?” demanda-t-elle avec un ton doux, ne voulant pas avoir l’air pressante.

Le concerné ne répondit pas immédiatement, gardant les yeux baissés. Instinctivement, il amena le sabre-laser près de son torse, cherchant sans le savoir du réconfort. Enfin, il leva sa tête balafrée vers Nasha et réussit à articuler quelques mots.

"Il l’a tuée…," répondit-il, ne pouvant dire que la seule pensée claire qu’il avait.

"Comment ça ?

— Vador... c’est lui qui l’a tuée…" expliqua le chasseur, la voix étranglée par les sanglots et l’horreur.

Nasha ne comprit pas immédiatement, puis son visage s’éclaira lorsqu’elle aperçut le sabre-laser. De la surprise, son expression passa à la compassion, et elle prit le Twi’lek dans une étreinte tendre et puissante, exprimant toute sa tristesse, sa colère et son empathie. D’abord trop absorbé par cette récente découverte, Orn ne rendit pas immédiatement l’embrasse, mais, lorsqu’il le fit, il lâcha entièrement prise. Il laissa libre cours à ses sanglots, se libérant de la douleur profonde et mêlée à de la culpabilité. Le chasseur était redevenu l’enfant qu’il était à Coruscant, perdu et effrayé, mais il n’était plus seul. Il serrait avec force son amie dans ses bras, comme si la Twi’lek allait disparaître en un instant pour le laisser seul à nouveau. Cette dernière ne disait rien, sachant pertinemment que les mots n’étaient d’aucune utilité. Elle aussi pleurait, mais plus doucement, et plus par compassion que par culpabilité. Nasha se demandait toujours pourquoi son ami n’avait plus de casque et quelle était l’origine de sa balafre, mais elle gardait le silence, souhaitant par-dessus tout que Orn aille mieux. Ils restèrent longtemps ainsi, indifférents à l’inconfort du sol froid du vaisseau et au petit vrombissement familier qu’il émettait. Un silence doux et apaisant flottait autour d’eux, brisé seulement par les sanglots discrets du chasseur, qui se calmait lentement. Devant eux, dans son siège, Twik restait aussi silencieux, dirigeant le vaisseau loin de Bespin et des troupes impériales, sans véritable direction.

Le droïde était lui aussi inquiet et touché, mais ne faisait pas part de ses questions ou de ses sentiments. Il avait toujours su que connaître l’identité du Jedi qui avait tué Taano ne serait pas un soulagement pour son co-pilote, mais il ne s’était jamais douté que l’assassin avait été si proche d’eux pendant tout ce temps. Twik ne supportait pas voir Orn dans cet état, et il aurait été ravi de faire regretter au Seigneur Sith ses crimes, mais il ne le pouvait pas. Alors le robot se contentait de faire la seule chose qu’il pouvait faire : piloter le Vautour Couronné et emmener son ami dans un endroit sûr et calme. Sans demander son avis, Twik entra les coordonnées de Tatooine et se dirigea vers la planète-désert, sachant que cet endroit reculé était peu contrôlé par l’Empire. Certes, le voyage durerait un peu plus d’une semaine, mais ces quelques jours à passer dans le vaisseau allaient permettre au chasseur de se remettre de ses émotions. Le droïde jeta un regard rapide vers le reste de l’équipage, et se demanda une nouvelle fois où était le casque de son co-pilote. Depuis les vingt années passées ensemble, Orn ne l’avait jamais enlevé hors du Vautour Couronné - à quelques exceptions près - et Twik fit facilement le lien entre le casque manquant et la balafre ornant le visage du Twi’lek. Il avait énormément de questions à poser, mais il s’empêchait, avec difficultés, de les exprimer. Le robot les poserait quand Orn se sentirait mieux et serait à même de répondre.

Le chasseur se sépara de Nasha, se sentant plus calme et moins accablé par les informations qui saturaient son esprit. Des larmes prêtes à couler faisaient briller ses yeux rougis, et son visage exprimait sa détresse intense malgré l’épuisement flagrant. Et fatigué, Orn ne l’avait jamais autant été. Il voulait dormir, dormir pour ne plus rien ressentir et pour ne plus rien penser. Le Twi’lek souhaitait faire taire son esprit qui le travaillait, le tiraillait et qui était en même temps terriblement vide. Orn voulait que tout s’arrête, qu’il puisse mettre la vie et le temps lui-même en pause, afin d’être en paix et de ne pas sentir toutes raison d’exister lui glisser entre les doigts comme des grains de sable, et enfin cesser de subir les évènements qui se succédaient sans pitié sur lui, ignorant sa détresse et ses peurs. Mais le cours du temps ne s’arrêtait pas pour lui, pas plus que pour un autre, condamnant le chasseur à suffoquer, étranglé par les sanglots et par la réalité cruelle et violente.

Le calme qui le gagnait était un cadeau empoisonné, qui lui laissait la chance de réfléchir et de songer aux significations de cette découverte, ne faisant qu’augmenter la culpabilité du Twi’lek. Le même homme qu’il avait aidé, servi, respecté et même admiré avait tué la personne la plus chère à son cœur. Pour Orn, c’était comme s’il avait lui-même transpercé le corps de Taano. N’ayant pas eu de coupable punissable, il s’était accusé lui-même, se reprochant son manque de réactivité le jour de sa mort. Maintenant qu’il connaissait l’identité de ce soi-disant Jedi, le chasseur ne pouvait que s’en vouloir davantage. Lui qui avait toujours dirigé sa haine contre l’Ordre des Jedi, pensant que l’un de ses membres était le meurtrier de sa sœur, et qui avait donc décidé de venir en aide à l’Empire, il venait seulement de réaliser qu’il s’était grandement trompé. Tout ce qu’il avait cru comprendre de la Guerre des Clones et des Chevaliers antiques désignés comme traîtres par l’Empereur, par l’ancien Chancelier Suprême, était faux. Orn avait basé sa vie et sa haine sur des mensonges, salissant la mémoire et le sacrifice de Taano au passage.

Ses réflexions interminables et terrifiantes furent brusquement interrompues par Nasha, qui posa tendrement une main sur son épaule, voyant l’expression de son ami changer vers une panique inquiétante et prenante. Elle força avec douceur le chasseur à la regarder dans les yeux, voulant être certaine d’avoir arrêté le train effréné de ses pensées et d’avoir son attention.

"En es-tu vraiment sûr ? C’est lui qui te l’a dit ?

— Oui. Enfin… Je l’ai vu. Le sabre-laser me l’a montré," expliqua le concerné avec une voix serrée.

Nasha fronça les sourcils, perdue. Ce que venait de dire son ami n’avait aucun sens pour elle.

"Mais… Ce n’est pas possible, si ?"

Orn fit une moue embarrassée, comme s’il avait honte. Il se redressa, s’asseyant de manière plus confortable, avant de réfléchir à l’explication la moins étrange qu’il pourrait donner à Nasha, qui, bien plus jeune que lui, n’avait aucune connaissance de la Force ou des Jedi.

"Eh bien… Les armes des Jedi sont reliées à leur propriétaire, et ont une sorte de conscience… Ils peuvent montrer des images ou des souvenirs de leur porteur aux personnes qui ressentent la Force. Et je…je pense que le sabre-laser de Taano a réagi à la présence de Vador et a voulu me montrer ce qu’il avait fait," dit-il, conscient que cela n’avait aucun sens.

La Twi’lek ne répondit pas pendant un moment, essayant de comprendre l’explication fournie par le chasseur, et qui n’avait rien de satisfaisant.

"Donc… tu peux ressentir la Force ?" demanda-t-elle, se concentrant sur le passage le moins farfelu de son explication bancale.

Le concerné baissa les yeux, évitant le regard de Nasha. Poussant un petit soupir, il se lança dans sa réponse, ignorant les mauvais souvenirs que cela lui apportait.

"Plus ou moins. Avant, je pouvais ressentir les souvenirs des objets, même si je ne contrôlais pas cette capacité. Et puis… Quand elle est morte, mes liens avec la Force ont été brisés… Mais son sabre-laser a dû percevoir quelque chose, une ouverture suffisante pour me laisser voir… ça," dit-il, la voix tremblante d’émotions face aux images qui dansaient devant ses yeux.

Nasha hocha la tête, comprenant plus ou moins ce que son ami lui disait. Elle était bien trop jeune pour se rappeler du temps de la République, temps durant lequel la Force n’était pas un tabou et ses utilisateurs n’avaient pas à cacher leurs talents. Contrairement à Orn, elle n’avait jamais vu un Jedi, bien que, petite, elle avait toujours cru que la mystérieuse Togruta qui avait visité la boutique de Watt-O faisait partie de cet Ordre déchu. Malgré sa rationalité scientifique, elle croyait le chasseur, bien qu’elle ne comprît pas tout. Puis une autre question lui vint en tête, et elle hésita un instant avant de se lancer, ne voulant pas agresser le Twi’lek avec ses nombreuses questions. Elle voulait aussi changer de sujet pour apaiser l’esprit de son ami.

"Que comptes-tu faire, maintenant ?

— Réparer mon casque, et… réfléchir. Il n’y pas grand-chose que je puisse faire," dit Orn d’un ton défaitiste.

"Il y a bien quelque chose que tu puisses faire, mais ça ne va pas te plaire…," tenta la Twi’lek.

Le chasseur leva la tête et lui lança un regard plein de reproches, comprenant parfaitement à quoi Nasha faisait allusion.

"Non. Cette Rébellion est sans espoir, tu le sais aussi bien que moi ! Ce Skywalker, qui est si important pour eux, n’est qu’un gamin ! Je ne vais pas risquer ma vie pour des personnes qui posent tous leurs espoirs sur un enfant," exposa-t-il, maintenant énervé.

Alors que son amie s’apprêtait à répondre, elle fut devancée par Twik, qui s'était retourné, perturbé par une phrase de son co-pilote.

"Attendez une minute," intervint-il. "Comment ça, ‘réparer mon casque’ ?!"

À ces mots, le concerné baissa la tête, évitant les regards effarés et questionneurs de ses amis. Voilà un autre événement dont il ne voulait pas se souvenir.

"Skywalker l’a cassé. J’ai les morceaux, mais… Je crois bien qu’il a vu mon visage," dit-il, honteux et ne se sentant pas prêt pour la réaction de son équipage.

"Encore une raison pour ne pas aider ces stupides Rebelles," commenta Twik, qui n’avait pas besoin d'en savoir plus pour détester ce Skywalker.

Si Nasha leva les yeux au ciel à la remarque du droïde, elle ne dit rien, comprenant maintenant la réaction violente de son ami à la mention de la Rébellion.

"Est-ce que quelqu’un d’autre a vu ton visage ?" demanda-t-elle.

"Oui… Vador," répondit sombrement le chasseur.

Nasha laissa échapper un petit "Oh", ne trouvant rien à dire d’autre. Elle voulait rassurer Orn, lui dire que ce n’était pas grave, mais elle-même n’en était pas sûre. Sans surprise, ce fut Twik qui trouva un commentaire à faire pour apaiser l'ambiance.

"Bon… Ce n’est pas comme si ce type était très bavard, ni très curieux, alors j’imagine qu’il ne va pas le dire à la Galaxie entière…"

Le Twi’lek esquissa un sourire, le premier depuis longtemps, avant de se souvenir des quelques mots murmurés par le Seigneur Sith lorsqu'il avait vu le visage découvert du chasseur. Ces mots étaient perturbants, non pas par leur contenu, mais par la façon dont Vador les avait prononcés. Comme si c’était une toute autre personne qui avait parlé à sa place. Comme s’il s’était retrouvé des années en arrière, avant de devenir le Seigneur Sith qu’il était désormais. Et, en repensant à ses mots, Orn réalisa autre chose : il connaissait le prénom de Vador, son véritable prénom. Un prénom qui ressemblait à celui que Nasha avait prononcé, quelques jours plus tôt. Le chasseur se tourna vivement vers son amie, la surprenant, soudain pris d’un objectif nouveau, qui l’éloignait de toutes ces révélations.

"Nasha, tu m’avais parlé d’un Skywalker qui travaillait pour Watt-O avant toi… Il s’appelait comment ?"

La Twi’lek sembla surprise, ne voyant pas où son ami voulait en venir. Néanmoins, elle comprit à qui il faisait allusion, et répondit immédiatement.

"Ani. Il a quitté Tatooine lorsqu’il avait neuf ans, peut-être plus. Pourquoi ?"

Le lien ne fut pas difficile à faire pour Orn. Il écarquilla d’abord les yeux, avant de lâcher un petit rire nerveux et embêté.

"Je crois que je l’ai retrouvé… Et qu’il a peut-être un fils…

— Vraiment ? Qu’est-ce qu’il est devenu ? Et qui est son fils ?

— Il est devenu l’homme le plus dangereux de la Galaxie… Et il a peut-être un lien de sang avec celui sur qui repose tous les espoirs de la Rébellion…," dit-il, une expression indescriptible au visage.

Twik se retourna brusquement vers lui, et son incrédulité se lisait sur ses yeux noirs pourtant inexpressifs.

"Mon pauvre Twi’lek, tu as perdu la tête ! Qu’est-ce qui te fais dire que Vador et Skywalker sont liés ? C’est totalement ridicule…

— Mais j’ai vu ses souvenirs… Et j’ai vu Vador avant qu’il ne porte cette armure… Elle- Taano l’appelait ‘Ani’. Et cela expliquerait aussi pourquoi Vador voulait absolument capturer Skywalker lui-même.

— Tu réfléchis trop, Orn. Tu vas t’attirer des ennuis…," grommela le droïde, avant de rediriger son attention sur le pare-brise du vaisseau révélant l’hyperespace.

Le chasseur hocha la tête, ne pouvant qu’être d’accord avec le robot. De son expérience, jamais rien de bon ne ressortait lorsqu’on jouait les détectives et que l’on déterrait les secrets des hommes dont la réputation était intimement liée à leurs mystères. Il décida donc de lâcher l’affaire, bien qu’il sût qu’il n’allait jamais oublier cette éventualité. Cette dernière était d’ailleurs une autre raison pour ne pas rejoindre les Rebelles, mais Orn sentait qu’il cherchait plus des excuses que de véritables raisons. En réalité, il avait peur. Énormément peur. Songer à rejoindre la Rébellion alors qu’il savait de quoi Vador était capable - et le chasseur se doutait que le Seigneur Sith pouvait faire bien pire - le faisait trembler. Il n’était pas un lâche, mais il ne souhaitait pas mourir non plus. Nombre de Rebelles n’avaient jamais croisé le chemin du bras droit de l’Empereur, mais peu ne faibliraient pas devant lui. Certes, certains avaient déjà été confrontés à la rage de Vador, mais ces personnes, bien qu’étant sans aucun doute les personnes les plus courageuses de la Galaxie, étaient toutes mortes. La bravoure n’apportait rien, à part la souffrance et la mort. Deux choses auxquelles Orn avait déjà été confronté, et il ne voulait pas revivre de telles choses. Il avait assez perdu, et il avait un équipage à protéger, ainsi qu’une tombe à visiter chaque année. En rejoignant la Rébellion, le chasseur ne ferait que mettre ses amis en danger, en plus de s’attirer la haine d’un Seigneur Sith trahi.

Le Twi’lek s’assit sur son siège, avant de se rendre compte que la destination du vaisseau avait déjà été choisie, et que sa blessure au visage recommençait à lui faire mal. Il mit la douleur de côté, et se tourna vers son co-pilote.

"Twik, où est-ce que l’on va, au juste ?

 — À Tatooine. L’Empire n’y est pas très présent, et tu pourras réparer ton casque en paix.

— Bonne idée…

— Un remerciement ne serait pas de trop," fit le droïde, l’air de rien.

Orn leva les yeux au ciel, ayant, l’espace d’un instant, oublié les remarques perfides de son acolyte.

"Merci, Twik," siffla-t-il entre ses dents, un sourire flottant sur ses lèvres.

Nasha, qui était partie un instant, était revenue à temps pour observer cette scène, et retrouva son sourire espiègle habituel. Elle était ravie de revoir son ami sourire et plaisanter après une telle journée. Pourtant, la Twi’lek sentait que quelque chose venait de changer au fond du chasseur. Et ce quelque chose, bien que Nasha ne le saisissait pas encore totalement, était le synonyme d’un changement encore plus grand, d’une transition qui venait à peine d’être entamée, ayant la possibilité de tout bouleverser, pour le meilleur ou pour le pire. La Twi’lek s’approcha de son ami et lui tendit un bandage, ainsi qu’une solution désinfectante, tenant son précieux gadget dans l’autre main. Le chasseur la remercia chaleureusement avant de s’occuper de sa blessure, avant d’hésiter à mettre le bandage autour de son visage.

"Je vais laisser la blessure à l’air," fit-il innocemment, mettant le linge à l’écart.

Après un regard entendu avec Nasha, Twik, sans prévenir, frappa Orn à l’arrière de la tête. Le maltraité poussa un cri outré, forçant son amie à se retenir de rire. Le chasseur savait parfaitement que son équipage faisait cela pour lui changer les idées en plus de prendre soin de lui, mais il ne s’en plaignait pas. Il se tourna vers la Twi’lek, l’entendant pouffer discrètement.

"Bravo ! Il est beau, votre esprit d’équipe ! Je rêve…," s’exclama-t-il, réprimant un sourire.

"Oui, je trouve aussi cet esprit magnifiquement splendide, mais mets ton bandage !" répondit Twik, lui tendant le tissu blanc.

"Si je le mets, je ne verrais plus que d’un œil !

— Orn, soit tu le mets volontairement, soit j’utilise mon électriseur !" menaça Nasha d’un ton faussement autoritaire.

Le chasseur se retourna doucement vers son amie, surpris par ces mots.

"Nasha… Depuis quand as-tu un électriseur ?

— Depuis que j’ai oublié l’utilité d’un fil," répondit-elle le plus simplement du monde.

Le Twi’lek hocha la tête en signe de compréhension, puis mit son bandage de mauvaise grâce, couvrant son œil gauche entièrement. Il fit une moue ennuyée, avant de détacher de sa ceinture avec douceur les deux morceaux de son casque. Les manipulant avec une précaution extrême, Orn les posa près du poste de contrôle, la mine assombrie face à son casque ainsi détruit. C’était le casque du Chasseur Impérial. Un chasseur qu’il ne pouvait plus être, un titre que désormais il abhorrait. Nasha lui serra tendrement l’épaule en signe de compassion et de soutien, et le chasseur posa sa main sur la sienne, reconnaissant.

"Orn, tu… Que vas-tu faire ?

— Mettre un terme au Chasseur Impérial."

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SinnaraAstaroth
Posté le 18/05/2024
Le choix de fuir de Orn est expliqué plus en détail ici et ça se tient. On comprend son impuissance et le sentiment que tout son monde s'écroule quand il perd sa chance de se venger.

Intéressant de savoir qu'il y a un peu de Force en lui, il serait temps de la trouver et de forger un peu de courage ! x) Intéressant de voir que sa sensibilité à la Force lui venait surtout de sa sœur jumelle à travers laquelle ils partageaient un lien. Orn, c'est un peu la Leia de Luke, en fait ! (ce parallèle me court-circuite xD)

Nasha a raison ! La Rébellion ! La Rébellion ! Surtout avec les infos dont il dispose sur Vador maintenant, y a de quoi semer le chaos.

J'espère que cette fin n'est qu'un nouveau commence et qu'il y a une suite !

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Juste deux remarques sur la forme sur ce chapitre :

Tout comme ce dernier n’avait pas pensé possible que Vador était en réalité le Jedi qui avait tué Taano. => petit souci de temps/modes : Tout comme ce dernier n’aurait pas pensé possible que Vador fût en réalité le Jedi qui avait tué Taano. (les joies du subjonctif passé et de la concordance des temps xD)

Orn ne rendit pas immédiatement l’embrasse => accolade, embrassade, étreinte (une embrasse ça existe mais c’est : « un lien, cordon, bande d'étoffe, ganse de passementerie... qui, fixé(e) à une patère, sert à embrasser, à enserrer un rideau, une portière, en le/la tenant drapé(e) sur le côté. »)
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