Chapitre 18 : Mensonges et vérités

Le Vautour Couronné s’approcha discrètement de Tatooine, dirigé par les manœuvres expertes de l’ancien droïde de combat. À ses côtés, son co-pilote regardait d’un air sombre son casque brisé et jouait machinalement avec le sabre-laser, perdu dans ses pensées disparates et entremêlées d’un trop plein d’émotions. Le voyage avait été court, mais plongé dans un silence lourd, seulement interrompu par des dialogues brefs et légers. L’équipage avait fait de son mieux pour réconforter le chasseur troublé, mais ce dernier restait souvent plongé dans des pensées qui ne lui faisaient que du mal.

Nasha, assise près de ses amis, gardait les yeux rivés sur le radar à la recherche de vaisseaux à éviter. Si Orn lui avait demandé de ne se soucier que de la présence de l’Empire, la Twi’lek vérifiait également que le Slave I ou le Faucon Millénium ne se trouvaient pas dans les environs, voulant éviter une confrontation dont le chasseur n’avait pas besoin. Nasha levait la tête de temps en temps, observant avec inquiétude son ami, mais respectait le silence qu’il avait tacitement imposé dans son vaisseau. Ainsi, personne ne disait un mot, et tous prétendaient être concentrés sur leurs occupations immédiates, tentant vainement d’ignorer l’ambiance pesante et triste. Le seul bruit audible était le vrombissement familier du Vautour, qui avait longtemps bercé le chasseur. Ce dernier lâcha d’ailleurs un faible soupir, fatigué. Il avait peu dormi, trop assailli par des images sanglantes pour trouver le sommeil. La vision du Seigneur Sith plantant son arme dans Taano dansait régulièrement devant ses yeux, le faisant toujours tressaillir et faisant resurgir mille regrets dans son esprit.

Brusquement, Orn s’empara de son poignet et le serra, fermant les yeux avec violence. Il retint sa respiration, comme si cela avait le pouvoir de faire disparaître les souvenirs qui l’attaquaient. Lentement, il les ouvrit à nouveau, contrôlant avec difficulté sa respiration. D’un coup, il aperçut, caché par les nuages jaunâtres de Tatooine, le Temple de Coruscant, dont les pierres grises se teintaient de rouge. Il se revoyait, vingt ans plus tôt, courir vers le monument, sentant la détresse intense de sa sœur. Un haut-le-cœur mêlé à un sanglot serra violemment la gorge du chasseur lorsqu’il fut pris par une ancienne sensation de mort et de souffrance, la même sensation que Taano avait vécu lors de ses derniers instants. Orn se força à lâcher un soupir long et contrôlé, mais cela ne l’apaisa pas.

Voyant la détresse du Twi’lek, Nasha posa une main sur son épaule avec douceur, mais la retira rapidement lorsqu’il sursauta brusquement. Le chasseur se tourna vers son amie, paniqué et prêt à se battre, puis se calma, reconnaissant Nasha. Tellement ancré dans ces images si réelles et pourtant imaginées, Orn s’était coupé de la réalité, mais le mouvement tendre de la Twi’lek, bien qu’inattendu, l’y avait rappelé. Cette dernière tenta d’ailleurs de parler, mais, ne trouvant pas les mots justes, elle se ravisa en adressant un petit sourire au chasseur. Il le lui rendit faiblement, avant de se retourner vers le pare-brise, scannant les environs comme si rien ne s’était passé et que son cœur ne battait pas à tout rompre. Il reconnaissait le chemin emprunté par Twik, et un petit sourire, faible et timide, se peignit sur son visage. Cette destination familière agissait comme un léger baume au cœur, et le chasseur savait qu’il y serait en paix et coupé du reste de la Galaxie.

 

Le Vautour se posa doucement sur la planète-désert, soulevant du sable autour de lui. À travers le pare-brise, l’équipage pouvait apercevoir de grandes montagnes rougeâtres irrégulières, qui se dressaient fièrement contre les dunes jaunes de sable. Un faible vent soufflait doucement sur les reliefs, animant les monticules et les grains de sable. Aucun signe de vie n’était visible, et une aura inquiétante et presque lugubre semblait sortir des montagnes, comme si une présence mystique et ancienne habitait ces lieux. Contrairement au reste de Tatooine, cet endroit était magnifique et avait quelque chose d’aérien, semblable à l’ambiance calme et captivante des forêts de Ryloth. Nasha ne pouvait pas détacher ses yeux de ces montagnes à l’apparence pourtant normale, ressentant une pointe de peur mêlée à de la fascination face à cette atmosphère si particulière.

En prolongeant son regard sur ces monts fiers et rouges, elle comprit que les montagnes formaient une sorte de demi-cercle autour du vaisseau, protégeant ainsi l’équipage des regards indiscrets. La Twi’lek n’avait jamais pensé qu’un endroit pareil puisse exister dans une planète si plate et uniforme comme Tatooine, et doutait de la véritable sécurité de ces lieux qui constituaient une cachette évidente. En continuant à observer les magnifiques montagnes, Nasha se rendit compte de ce qui faisait l’étrangeté de la place : le manque de vie. D’ordinaire, dans de tels endroits, les rochers fourmillaient de mouvements discrets mais visibles des Hommes des Sables, des êtres à l’allure terrifiante vivant en tribu. Que ce lieu soit si vide n’était pas normal. Alors qu’elle s’apprêtait à le signaler à Orn, ce dernier se leva silencieusement, prenant les morceaux de son casque avec précaution.

Le chasseur ne prononçait pas un mot, ne daignant même pas d’informer son amie sur leur localisation si étrange. Il se dirigea vers la porte du Vautour et l’ouvrit, après avoir mis sa capuche noire, cachant presque entièrement ses yeux. Sortant du vaisseau, il avança avec une grande précaution sur le sable, il vérifiait que les lieux étaient effectivement vides, tenant dans son autre main un blaster prêt à être utilisé. À la surprise de Nasha, Twik suivit son co-pilote après un signe de tête de ce dernier. Fronçant les sourcils, elle emboîta le pas au droïde, commençant à être las de tout ce mystère. Un petit malaise s’empara d’elle lorsqu’elle posa le pied sur le sable. C’était la première fois qu’elle revenait sur Tatooine depuis sa fuite imprévue avec le Twi’lek. Chassant cette pensée de son esprit, Nasha rattrapa Orn, qui se dirigeait droit vers les montagnes. Elle regarda avec suspicion les monts rougeâtres, ne pensant pas que le chasseur puisse aller plus loin.

Cependant, plus elle s’approchait, plus la Twi’lek apercevait ce qui paraissait être une simple ombre devenir une fissure fine scindant les grands rochers en deux. Finalement, la fissure s’avérait être un sillon aussi large que Jabba le Hutt, mais le relief si irrégulier et si cassant de la montagne dissimulait sans aucun problème cette crevasse. C’était une cachette parfaite, même si le silence froid et glaçant était perturbant. Orn se glissa dans la fissure sans difficulté et toujours en silence, ne semblant pas à l’étroit entre les roches pourtant proches. Nasha s'engouffra elle aussi dans cette crevasse, suivie de près par Twik, qui ne disait rien non plus. Le chemin, bien que mince, était assez large pour que deux personnes puissent marcher côte à côte, mais la visibilité était dégradée par l’obscurité soudaine. Dans cet espace qui n’avait jamais connu les soleils chauds de Tatooine, un petit climat agréable, presque froid, entourait l’équipage du Vautour Couronné, offrant un changement brutal qui n'était pas indésirable. 

"Orn, ou est-ce que l'on va?" demanda Nasha, s'approchant en trottinant de son ami.

Le concerné ne répondit pas mais leva son index, le détachant de son blaster, pour lui dire d'attendre. La Twi'lek poussa un petit soupir ennuyé, mais continua à le suivre, sachant qu'il était inutile d'insister. Elle se tourna vers Twik, l'interrogeant du regard. Le droïde la fixa de ses petits yeux en retour et se contenta de hocher la tête vers Orn, gardant le silence. Nasha plissa les yeux d'un air mauvais, obligée d'attendre pour avoir enfin des réponses. En réalité, Twik ne savait pas pourquoi son co-pilote ne disait rien à la Twi'lek, mais, se doutant qu'il y avait une raison derrière ses actions, le robot respectait son silence. L'expression maussade sur son acolyte l'inquiétait, et sa volonté de mettre un terme au Chasseur Impérial ne présageait rien de bon à Twik.

L'Empire n'était pas réputé pour sa compréhension, et le Twi’lek, selon le droïde, avait la mauvaise manie de trop réfléchir. Cela était normal, bien sûr, puisque Orn n'était pas un soldat, mais bien un chasseur de primes aimant sa liberté. Seulement, cet esprit indépendant n'était pas le bienvenu dans cet Empire si mystérieux. Et Twik ressentait que la dernière confrontation de son ami avec Vador serait lourde de conséquences. Le Seigneur Sith n'était pas connu pour laisser des informations pouvant trahir son identité traîner. Il était dit du bras droit de l’Empereur qu'il avait tué tous ses hommes de main, les Inquisiteurs, lorsque ces derniers ne s'étaient plus montrés utiles. Si Orn se prouvait réticent à exécuter ses missions ou coupait entièrement les ponts avec l'Empire, il était sûr que son arrêt de mort serait signé. Twik ne serait pas étonné si Vador s'occupait du Twi'lek personnellement après leur discussion sur la Cité des Nuages. Orn s'engouffrait dans un terrain dangereux et possiblement mortel.

Ce dernier, qui pensait exactement les mêmes choses que le droïde, secoua la tête, chassant ces pensées de son esprit. Il arrêta sa marche silencieuse et, réajustant sa capuche, il se tourna fièrement vers Nasha, un petit sourire plaqué au visage. La Twi'lek le regarda avec intrigue, surprise par l'entrain de son ami. Le chasseur fit quelques pas à reculons, puis désigna avec son bras l'entrée discrète d'une petite grotte sur le flanc irrégulier de la montagne. Avec l'obscurité de la crevasse, le trou béant se retrouvait confondu avec une ombre et échappait facilement aux voyageurs peu attentifs. Quasiment rond, cette entrée de grotte faisait la taille de Twik, forçant ainsi les individus plus grands, comme les Twi'leks ou les humains, à baisser légèrement la tête. Nasha s'en approcha doucement, avant de poser à nouveau son attention sur son ami.

"C'est ma seconde maison. J'espère qu'elle est à ton goût," dit-il d'un ton léger, avec une pointe de fierté dans sa voix.

Le chasseur fit signe à la Twi'lek d'entrer dans la grotte, ce qu'elle fit avec précaution. Elle ne vit d'abord rien, ne sentant que l'air frais et rance de l'intérieur. Ses pas résonnaient doucement dans la grotte, permettant à Nasha d'en conclure que l'espace était assez large. Ses yeux s'habituaient doucement à l'obscurité, et bientôt, elle put apercevoir quelques formes vagues et floues çà et là dans la grotte. Orn se glissa aux côtés de son amie et s'avança plus profondément qu'elle, avant de s'arrêter en face d'une sorte de table à peine visible. Il appuya sur un bouton, et leva la tête vers le plafond en même temps qu'une douce lumière jaunâtre s'alluma dans l'espace fermé, révélant l'entièreté de sa seconde maison. Nasha laissa s'échapper un sifflement admiratif et émerveillé devant la grotte qui se dévoilait sous ses yeux.

La table devant laquelle se trouvait le chasseur se révéla être un établi en pierre, avec de nombreux outils et débris en désordre qui y était exposé. Au fond de cet endroit caché, un petit matelas était posé à même le sol, faisant office de lit avec sa couverture rougeâtre et affectée par le temps. À gauche, le regard de Nasha s'attarda sur la moitié d'un moteur appartenant à un module de course, autour duquel divers objets fourmillaient. Des armes, des casques, des morceaux de droïdes ou de vaisseaux étaient jonchés sur le sol. La Twi'lek s'avança, observant cette étrange collection avec intrigue. À travers tous ces casques, elle reconnut ceux qui avaient vraisemblablement appartenus à des Mandaloriens, et fut surprise par l'apparence étrange d'un de ces casques. Entièrement rouge, des marques noires ornaient sa peinture effacée par endroits, et des cornes, huit au total, s'élevait du casque de Mandalorien, formant une sorte de couronne effroyable. Nasha comprit sans aucun problème que ces nombreux objets étaient d'anciennes possessions des cibles du chasseur, qui affichait en trophée les diverses choses qu'il l'intéressait chez ses victimes.

Il était facile pour la Twi'lek d'oublier l'occupation de son ami, qui, même s'il n'avait tué que très rarement, gagnait son pain en chassant les êtres recherchés et parfois innocents de la Galaxie, déchirant des familles et scellant des destins par lui-même. Elle détourna le regard de cette collection macabre et se tourna vers le chasseur, qui la regardait avec un sourire timide.

"Et personne n'a trouvé cet endroit ?" demanda-t-elle, étonnée que cette cachette était toujours utilisée.

"Tous ceux qui l'ont vu ne sont jamais revenus. Aussi, ce lieu est craint par beaucoup. Non loin d'ici, une tribu entière d'Hommes des Sables vivait dans un village, avant la Guerre des Clones. Et puis… sans explication, sans aucune raison, le village entier était détruit et ses habitants étaient tous morts. Depuis, personne ne s'aventure par ici, ou presque," répondit Orn, toujours avec un sourire doux et presque nostalgique.

Nasha acquiesça, mais un détail gênant trottinait dans sa tête malgré cette explication.

"Et ton vaisseau ? Tout le monde le reconnaît… tu n'as pas peur que quelqu'un fasse le lien entre le Vautour et cette cachette ?"

À cette question, le sourire du chasseur s'agrandit, imitant la moue espiègle de son amie avec fierté. Il désigna d'un geste de la main le poste de contrôle compressé que Nasha avait construit et qu'elle gardait toujours sur elle, l'accrochant à sa ceinture noire et haute. La Twi'lek pencha la tête sur le côté, une expression amusée et attentive au visage.

"Ton engin est connecté au radar du Vautour, non ? Il me suffit de laisser le radar activé en tout temps, et je l'ai reprogrammé pour qu'il soit plus précis et détecte aussi les mouvements les plus proches. Donc nous sommes bien cachés, ici," expliqua fièrement Orn.

S'il n'avait pas le talent de Nasha avec la technologie avancée, le piratage ou la création de programmes complexes, le chasseur excellait dans la reprogrammation, comme le prouvait Twik et son vaisseau volé. Il devait cela aux hommes de Jabba, qui l'avaient pris comme leur apprenti, une fois que le Twi'lek avait fait ses preuves en gagnant une course de modules. Ses mentors lui avaient appris presque tout ce qu'il savait à ce jour, mais Orn avait perfectionné leurs arts, se les appropriant et allant jusqu'à dépasser de peu Boba Fett, qui était, à l'époque, le chasseur le plus craint de toute la Galaxie. C'était son sacre en tant que Chasseur Impérial qui avait conféré au Twi'lek toute la peur et la haine que les autres ressentaient en sa présence.

Ses mentors lui avaient tourné le dos lorsqu'il avait rejoint l’Empire pour se protéger des primes, voyant en Orn un lâche qui choisissait la facilité. Si le chasseur les avait laissés dire ce qu'ils voulaient pendant un certain temps, sachant que la situation était plus complexe que ça, il était revenu vers eux lors de son grand retour, un an après l'embuscade de Fett qui avait manqué de le tuer. Cette dernière confrontation avec ses mentors s'était finie en bain de sang, où le Twi’lek, ne supportant plus les remarques et rempli de rage, les avait exterminés, prouvant ainsi à la Galaxie entière que l'Empereur n'était pas le seul à craindre. Néanmoins, les enseignements que ses mentors lui avaient inculqués lui étaient restés, permettant à Orn d'améliorer son vaisseau et de finir la reprogrammation de Twik, réussissant à enlever entièrement à l'ancien droïde de combat les commandes obscures qui l'avaient forcé à se désactiver à la chute de la République.

"Donc…," Nasha adopta un air espiègle. "J'avais raison de pirater le Vautour…"

Face au sourire malicieux de son amie, Orn devint soudain suspicieux, n'aimant pas ce rappel. Pourtant, il devait bien admettre que la Twi'lek avait raison. Les modifications et créations de Nasha avaient permis au chasseur de trouver plus facilement le Faucon Millénium, et avaient sauvé le Vautour Couronné d'un impact certain. Vaincu, il soupira longuement et dramatiquement.

"Tant que tu n'abîmes pas mon vaisseau et que tu ne contactes personne… j'imagine que pirater le Vautour n'est pas un mal…," avoua-t-il avec un semblant de mauvaise foi.

Nasha se retint de rire, mais fut touchée par la confiance que le chasseur lui accordait. Après tout, les mercenaires comme lui n'avaient qu'un seul vaisseau qu'ils considéraient souvent comme leur bien le plus important, qui dépassait même certaines amitiés. La Twi'lek remercia donc son ami, qui se contenta de lever les yeux au ciel, admettant difficilement que d'autres pouvaient être plus doués avec son vaisseau. Soudain, Twik entra en trombe dans la grotte, plus embêté qu’énervé. Les deux Twi'leks se tournèrent vers lui, et Orn saisit instinctivement son blaster.

"Vous avez un petit problème, que j'ai totalement oublié. Il n'y a plus beaucoup de nourriture…," annonça-t-il d'un ton détaché.

Le chasseur lâcha son arme et poussa un soupir désespéré.

"Pourquoi n'y as-tu pas pensé avant ?!

— Parce que je n'ai pas besoin de manger," expliqua Twik comme si son co-pilote était trop stupide pour le comprendre.

Orn s'apprêta à insulter le droïde de tous les noms et à le menacer avec les supplices les plus effroyables pour un robot, mais Nasha le devança, parlant avant lui.

"Alors je vais aller à la ville la plus proche, et je vais acheter ce qu'il nous faut.

— Nasha, la ville la plus proche, c'est Mos Espa… Si tu y vas, tu devras faire extrêmement attention, et je ne vais pas t'obliger d'y aller," répondit le chasseur d'un ton désolé.

À la mention de la ville, la Twi'lek esquissa un petit mouvement de recul, mais se reprit rapidement. D'un air décidé, elle se tourna vers un coin de la grotte et récupéra une vieille cape brunâtre ayant appartenu à Orn. Nasha l'enroula autour de ses épaules et mit la capuche attachée à la cape, cachant presque ses yeux verts. Enfin, elle s'empara de la couverture posée sur le matelas, et la posa sur Twik, qui se retrouva entièrement couvert par le tissu. Il poussa un cri de protestation, mais le regard autoritaire et déterminé de la jeune femme le dissuada de parler plus. Nasha arrêta un instant de bouger, vérifiant si elle n'avait rien oublié. Elle prit son gadget, le détachant de sa ceinture, et le tendit vers Orn, qui se contenta de la regarder, voulant savoir exactement ce que son amie avait derrière la tête.

"Prends ça. Tu pourras avoir le radar sous les yeux, pendant que Twik et moi partons à Mos Espa. Je ne veux pas me cacher," expliqua-t-elle avant de quitter la grotte, ne laissant pas au chasseur le temps de l'arrêter.

Orn se tint un instant immobile, le gadget en main, étonné par cette soudaine rage de vivre qui s'était emparée de son amie. Bien qu'il fût conscient des dangers auxquels Nasha s'exposait, il respectait et comprenait son choix. De toute manière, Twik était entièrement capable de protéger une autre personne, et le Twi’lek remarqua qu'un des vieux blasters sur l'établi avait disparu, pris par le droïde. Le chasseur ne pensait pas devoir se faire énormément de soucis pour son équipage adroit, et, maintenant seul, il s'assit sur la chaise près de l'établi. Il y déposa les morceaux de son casque, toujours avec des gestes lents et prudents. Hésitant un instant, Orn se décida d'y déposer également le sabre-laser doré de sa sœur. Il regarda d'un air désolé l'arme de Taano. Le Twi'lek savait maintenant que toutes ses convictions, tout ce qu'il pensait savoir sur les Jedi, la Guerre des Clones et l’Empire était faux. Entièrement faux. Ce nouveau gouvernement dirigé par l'Empereur avait prétendu être une mesure extrême nécessaire afin de se protéger des Jedi qui avaient voulu s'emparer du pouvoir pour eux-mêmes.

Mais cela était un mensonge. Orn le comprenait, maintenant, mais il avait l'impression de le comprendre trop tard. Les Jedi n'étaient pas des traîtres, mais avaient en réalité été trahis par leurs frères d'armes, les Clones. Ces mêmes soldats avaient depuis laissé leur place aux stormtroopers, qui formaient l'armée meurtrière et impitoyable de l'Empereur. Une haine douce naquit en Orn, qui réalisa que l'Empire avait fait de sa sœur innocente une traîtresse imbue de pouvoir, comme ses semblables. Elle n'avait que quinze ans lorsque Vador était entré dans le Temple pour tuer les Novices qu'elle protégeait à la requête de son Maître mort. Le chasseur serra le poing, se retenant avec difficulté de pleurer. Vador… Le Seigneur Sith était lui aussi un traître, comme tous ces Clones.

Le Twi'lek lâcha un soupir tremblant. Il ne pouvait plus servir l'Empire maintenant qu'il savait cela. L'Empereur s'était emparé du plein pouvoir, profitant du chaos de la Grande Purge pour devenir le maître de la Galaxie. Avec une terreur sourde, Orn réalisa que l'Empereur pouvait très bien avoir orchestré tout cela. Il avait honte d'avoir servi ce gouvernement si mensonger et si cruel. Il avait encore plus honte d’avoir cru à ces mensonges si facilement. Le chasseur ressassait chaque moment, chaque dialogue qu’il avait échangé avec Vador et ses hommes, à la recherche d’un quelconque indice qu’il n’avait pas vu ou qu’il avait volontairement ignoré. Car sa plus grande peur, c’était d’avoir, inconsciemment ou non, fermé les yeux sur tous les éléments qui auraient pu lui permettre de comprendre tout ce complot si bien exécuté par l’Empereur. Il savait, au fond de lui-même, que rien n’aurait pu lui mettre la puce à l’oreille, mais sa culpabilité lancinante le faisait douter de tout, même de son propre esprit. Orn s’en voulait énormément, pensant qu’il aurait dû le savoir plus tôt, qu’il aurait dû être plus intelligent et mettre à jour plus rapidement ces mensonges désormais flagrants.

Soupirant une nouvelle fois, le Twi’lek se redressa sur sa chaise, et tendit la main vers l’arme dorée. Touchant le sabre-laser, il murmura une excuse, puis, retirant son bandage, il fit la chose la plus courageuse qu’il avait faite et qu’il ferait dans toute sa vie. Orn décida de quitter l’Empire. Cela était dangereux et pouvait lui coûter la vie, mais c’était la décision la plus juste. Et le chasseur ne faisait pas seulement ça pour se désolidariser des mensonges créés et perpétrés par l’Empereur, mais aussi par respect pour Taano. Elle avait donné sa vie en protégeant des innocents, et son frère avait sacrifié des personnes qui se dressaient contre la tyrannie impériale. Mais cela ne pouvait plus être permis. Orn n’avait ni le courage ni la justesse pour suivre les pas de sa sœur, mais il pouvait au moins honorer sa mort et son sacrifice en se retirant de l’Empire qu’il avait tant aidé. Il ne rejoignait pas pour autant la Rébellion, car c’était un changement trop brutal pour lui, et le Twi’lek savait que les Rebelles ne lui feraient jamais confiance, même s’ils étaient les seuls à pouvoir le protéger de l’Empire. À bien y penser, Orn ne voulait pas être protégé de l’Empire. Il voulait seulement faire disparaître le Chasseur Impérial, et cela commençait par ne plus répondre aux officiers impériaux qui lui donnaient ses instructions.

 

Le Twi’lek prit sa tête dans ses mains, désespéré. Il avait beau savoir que tout ce qu’il avait cru savoir était un ensemble de mensonges plus élaborés les uns que les autres, ce n’était pas facile pour lui de changer de point de vue aussi brusquement. Orn avait besoin de temps pour réaliser la véritable ampleur de cette grande mascarade et accepter qu’il se fût trompé sur toute la ligne. Mais une partie de lui voulait refuser tout cela, et voulait ignorer la vérité qui lui montrait toutes ses erreurs et tous ses crimes. Ce n’était pas seulement avec cette vérité que le chasseur allait devoir faire la paix, mais aussi avec lui-même et ses actions qui désormais étaient cruelles et insensées. Orn lâcha un soupir triste et douloureux. Il était épuisé, et toutes ces réflexions le fatiguaient, puisant en lui ses dernières forces. Lentement, il se dirigea vers le lit et s’y coucha, ne voulant que dormir pour ne plus penser.

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SinnaraAstaroth
Posté le 19/05/2024
Tu montres vraiment bien les effets et symptômes d'un véritable syndrome post-traumatique. On sent vraiment que Orn est un homme brisé et torturé, et que ces révélations en rajoutent une couche.

Cela dit, il se décide enfin à faire des choix un peu plus assumé. On peut comprendre qu'il ne veuille pas faire un revirement à 180° en rejoignant la Rébellion, surtout qu'en effet ils vont pas lui faire confiance, mais quitter l'Empire et partir en mode solo c'est un bon début.

Il a quand même zigouillé beaucoup de monde, mais c'est tellement un bon anti-héros que c'est difficile de ne pas l'aimer, du moins en tant que personnage.

Et je m'inquiète un peu pour Nasha partie toute seule. J'ai peur qu'au pire elle essaye de la lui mettre à l'envers qu'il soit encore (j'espère vraiment pas) ou pire encore qu'il lui arrive un truc pas cool du tout.
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