CHAPITRE 17 - le trésor

Par itchane


CHAPITRE 17
- le trésor -


 

—  Elle a pondu un oeuf ! Elle a pondu un oeuf ! annonça-t-il à Lili, encore essoufflé de sa course.

Marco avait pris un petit-déjeuner éclair, s’était à peine mouillé sous la douche et il était parti à la plage, ignorant les mises en garde de son père concernant la tempête à venir.
Le vent était si fort qu’il lui rendait le chemin difficile jusqu’aux rochers. Il devait forcer sur ses pieds et se tenir loin du rivage sur lequel de grande vagues déferlaient.

— Quoi ? lui cria Lili qui était, comme toujours, déjà arrivée à leur point de rendez-vous.
Marco s'approcha d’elle et mis ses mains en porte voix.
— Elle a pondu un oeuf sur la plage il y a longtemps, mais les humains sont arrivés et à cause de nous il ne peut pas éclore.

Lili ouvrit des yeux ronds et un sourire commença à se dessiner sur ses lèvres.

— Un oeuf ? Comment tu sais ça ?
— Je sais. Elle m’a appelée cette nuit. Les ronds dans le sable c’est pour indiquer l’oeuf, le cycle c’est le cycle de la vie, la tempête c’est pour chasser les humains !
— Tu crois ?
— Oui, je suis sûr même !
— Mais la plage n’est pas fermée.

En effet, les vagues avaient fait fuire les familles mais avait attiré de nouveaux touristes, déboulant avec planches de surf et paddle.
— Non, il faut plus de vent encore, dit Marco.
— Mais un oeuf, ça peut éclore en pleine tempête ? Le vent, ça fait du bruit aussi.

Marco réfléchit ; Lili n’avait pas tort.
— Non, je ne pense pas… 
— Alors je ne comprends pas.
— Ben c’est peut-être pour ça que la Tortue a besoin d’aide. Il faut que les humains s’en aillent et qu’ils ne reviennent pas avant la fin de l’éclosion.
— Mais comment on fait ? Il faudrait que les papillons créé encore plus de vent pour repousser les humains puis qu'ils s’arrêtent d’un coup pour laisser l’oeuf éclore, mais sans que les touristes ne reviennent ?
— Oui, je pense.

Marco se mit à douter. Avait-il vraiment compris le message de la Grande Tortue ? Comment pourraient-ils faire vider la plage à eux deux ? Mais il refusa de se laisser abattre.

— Je suis sûre qu’on peut y arriver, sinon la Grande Tortue ne nous aurait pas demandé de l’aide. Il doit y avoir quelque chose à faire. 

Une voix lointaine tira Marco de sa réflexion.

— Marco ! criait Bassim. Marco !

Le maître nageur courrait vers lui.
— Il y a trop de vent, c’est dangereux. Viens avec moi je te ramène à ton bungalow.
— Mais… 
— Marco, pas de discussion, tu ne peux pas rester ici, au milieu des rochers. Des vagues peuvent déferler à tout moment.
— Mais il y a encore du monde sur la plage !
— Des adultes. Et puis plus pour très longtemps. Si le vent forcit encore, nous fermerons.

Marco voulut bouder, piaffer, se défendre. Il avait une mission que diable ! De la plus haute importance ! Mais alors que Bassim se penchait pour lui tendre la main, Marco vit soudain de quoi sauver la situation. Au milieu des colliers, perles et portes bonheur, l’appeau à vent cliquetait contre le torse du moniteur.
— Bassim, je pourrais t’emprunter ton appeau à vent ?
— Quoi ?
— Ton appeau à vent, tu me le prêterais ?
— Tu n’as pas encore assez de vent comme ça ?
— Non mais… c’est juste pour voir, tenta Marco qui n’avait pas beaucoup d’arguments.
— Je ne prête pas mes affaires comme ça, cet appeau m’appartient, je n’ai pas de raison de le prêter. Et qui m’apporterait des écailles bleues si je le confiais à tout va, hein ? répondit Bassim malicieux.
— Je n’en ai pas trouvé d’autres… avoua Marco en baissant la tête.
— Et bien alors je le garde ! sourit Bassim. De toute façon il me faudrait plus que des écailles pour que je le prête.
— Il te faudrait quoi ? demanda Marco.
— Je ne sais pas, au moins un trésor d’envergure ! Mais ce ne sera pas pour maintenant, il est temps de rentrer Marco, viens, tes parents t’attendent.

Marco se rembrunit à cette annonce. Il n’avait pas envie de renoncer mais ne voyait comment se sortir de cette situation. Est-ce qu’il serait envisageable de voler l’appeau ? Difficile, il était pendu au cou de Bassim qui n’avait aucune raison de l’enlever. Un trésor, où pourrait-il en trouver un ?
— Tu n’as qu’à aller chercher celui que tu as caché dans le sable ! lui dit Lili, enthousiaste.
— Le trésor ! s’écria Marco dont le visage s’illumina. J’en ai un !
— Marco, le pria Bassim, ce n’est pas le moment, je te dis de revenir auprès de tes parents.
— Mais il est là sur la plage, promis après je te suis. Tu vas adorer tu verras ! En plus on s’éloigne des rochers et des vagues pour y aller, et c’est sur la route du bungalow et je serais sous ta surveillance ! Et en plus c’est mon dernier jour de vacances, ajouta-t-il boudeur.

Bassim regarda Marco droit dans les yeux. Ses cheveux battaient contre ses épaules et le chant de ses bijoux devenait de plus en plus fiévreux.

— Bon, dit-il finalement, j’espère que je ne serai pas déçu. Alors, il est où ce trésor ?

Marco n’en revenait pas, ils allaient réussir. Il se tourna vers Lili et lui souria à pleine dents. Bassim suivit son regard mais ne put comprendre cet engouement soudain pour le large.

 

Le trésor ne fut pas si facile à retrouver. Marco retrouva le rocher qui lui avait servit de repère et compta treize pas, comme la dernière fois. Mais lorsqu’il creusa, il ne trouva pas ce qu’il cherchait.

Il jetta un coup d’oeil en biais à Bassim qui avait rejoint sa chaise de maître nageur, à quelques mètres de lui. Il semblait absorbé par la chute d’un surfer et ne surveillait Marco que d’un oeil, vérifiant régulièrement qu’il était toujours là. Cela lui laissait un peu de temps. 

 

Marco ne comprenait pas, c’était bien là pourtant qu’il l’avait caché. Lili pouvait en témoigner. Elle l’avait rejoint dans ses fouilles et l’aidait à creuser aussi.
— Ça ressemble à quoi ? demanda-t-elle.
— Une petite boîte rouge.
— Petite ? Ça va être dur, dit-elle en continuant à creuser.
— Non, non, elle est juste là, je suis sûr.
— Une comme ça ? demanda Lili en se redressant fièrement.

Dans sa main, la boîte à bijoux que Marco avait emprunté à sa mère.

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