Chapitre 18 : 2 h 50

Par Cléooo

Chapitre 18 : 2 h 50

 

— Ça m’embête un peu, bien sûr.

Pavel se frotte le menton d’un air tourmenté, puis il tourne la tête vers moi.

— Je crois que Mikhaïl t’aime bien, Solange. Il va être très déçu.

— Mêlez-vous de vos affaires.

— C’est ce que je fais.

— Pourquoi c’est vous, mon tuteur ?

— Parce que je me suis généreusement proposé, indique-t-il. Pourquoi crois-tu que tu passes tes vacances au Symbiose ?

Je soupire. Éliane Cassan observe notre échange avec un sourire mal dissimulé.

— Comme je te le disais, Pavel, j’ai suspendu Herston pendant trois jours. Mais je suppose que la renvoyer au Symbiose attirerait trop l’attention ?

Le chancelier hoche la tête.

— Oui, trois jours c’est trop long. Mais je vais l'emmener avec moi, nous parlerons longuement ce soir, puis je la ramènerai demain. Qu’en dis-tu ?

Une sueur glaciale se plaque contre ma nuque. Je serais seule avec lui ?

— Ah non, hors de question !

— Je suis d’accord, répond Éliane.

J’ouvre de grands yeux dans sa direction. Mais c’est à Pavel Konstantin qu’elle s’adresse, pas à moi.

— Comment a réagi Sylianna ? demande le chancelier, choisissant lui aussi de m’ignorer.

— Oh, pas si mal, indique Éliane Cassan. En fait, juste avant que tu arrives, elle a proposé de la prendre chez elle pour les quelques jours d’exclusion. Mais Sissi ne sait pas rester discrète, alors il vaut mieux qu’elle aille avec toi.

— Hein ? Elle a quoi ?

— Je vois. Content de voir qu’elle sait passer au-delà de ses préjugés.

Pavel Konstantin se lève de toute sa hauteur et adresse un sourire à Éliane.

— Nous allons y aller. Merci de m’avoir prévenu, prends soin de Mikhaïl.

— Je refuse de partir !

— Toujours, assure Éliane à Pavel en se levant à son tour.

Le chancelier abat une main sur mon épaule.

— Je te la ramène demain.

— Passez une bonne soirée.

— Je veux rester ici !

 

***

 

— Ça tombe bien, non ?

Je lance mon regard le plus sauvage au chancelier. Nous sommes de retour dans son bureau, et cette fois, nous sommes seuls.

— La dernière fois m’a laissé un goût d’inachevé, complète-t-il. Devant Mikhaïl, il y a des sujets que je ne peux pas aborder aussi facilement.

— Vous savez, Chancelier, ce que vous faites n’est pas si différent que de me retenir prisonnière.

— Cesse le mélodrame, Solange. Je croyais que tu voulais accéder aux fichiers du Symbiose ?

Une réplique me brûle la gorge, que je retiens in extremis. A-t-il finalement décidé… ?

— La dernière fois qu’on s’est vus, vous n’aviez pas confiance en moi…

— C’est toujours vrai. Mais ce soir, je vais te laisser une chance, Solange. Si tu me convaincs, je te laisserai accéder à tout. D’accord ?

— À tout ?

— Tout.

— Vous savez ce que je suis capable de faire si vous me laissez l’accès libre ?

— Tu as une curieuse manière d’essayer de me convaincre, Solange. Veux-tu oui ou non l’accès ?

Je hoche précipitamment la tête.

— Bien, lance-t-il. Oui, je sais que tu es capable de détruire Solavie, de nous condamner à mort, nous tous. Le feras-tu ? Condamneras-tu à mort ta famille, tes amis ? Ton amoureux ?

Cet homme est insaisissable. Je scrute le moindre tic qui viendra briser cette façade lisse, mais les secondes s’écoulent dans le vide.

— Il y a un juste milieu entre tuer jusqu’au dernier solavien et chercher des informations classifiées, Chancelier. Qu’est-ce que vous voulez, au fond… ? Si vous me donnez l’accès, c’est que vous attendez quelque chose de moi, n’est-ce pas ?

Un large sourire se dessine alors sur son visage. Il joint ses mains devant lui, puis affiche un air très suffisant qui me déplaît beaucoup.

— Oh oui, Solange. J’attends quelque chose de toi. Je souhaite toujours savoir qui est le Phœnix.

 

***

 

Aujourd’hui, c’est le 10 décembre.

Depuis ma dernière entrevue avec Pavel Konstantin, ma vie est devenue un cauchemar.

Ce cauchemar a un nom.

Sylianna Pomaraie.

Cela fait deux heures que je me demande pourquoi elle est assise sur mon lit.

Deux heures pendant lesquelles elle n’a cessé de piailler. Ses sourires sont si francs qu’ils lui donnent un air beaucoup plus jeune, beaucoup trop humain.

Comme je ne réponds à aucune de ses questions, elle parle surtout d’elle. Elle parle de son mari, rencontré cinq ans plus tôt. De son hésitation à devenir enseignante avant que la « passion » ne la rattrape. De ses hobbys quand elle n’enseigne pas : elle adore faire du patinage. Elle avait un très haut niveau dans sa jeunesse…

Mon manque de réaction ne la dérange pas.

La semaine dernière, elle m’a montré une photo qu’elle a précieusement gardée. Une photo de Léanna, un gros bébé joufflu dans les bras, datée de bien des années plus tôt.

Un peu plus, et elle se serait laissée aller à me pincer les joues.

Je ne sais plus comment réagir. Elle semble avoir totalement oublié la façon dont elle s’est comportée envers moi depuis notre rencontre. C’est une autre femme. Comme si une autre sœur Cassan était soudainement apparue.

 

Le ciel s’est assombri quand je réussis enfin à me débarrasser d’elle, lui rappelant que j’ai un devoir à terminer, à son attention d’ailleurs. Elle a quand même l’audace de me proposer de le lui rendre plus tard, ce qui nous laisserait encore un peu plus de temps pour apprendre à nous connaître.

Je crois que mon air ahuri la ramène un peu sur terre.

À peine trente secondes après que j’aie enfin refermé la porte sur elle, on frappe de nouveau et je me retiens de hurler. A-t-elle déjà fait demi-tour ? Comment vais-je me débarrasser d’elle ?!

Ma Maeve me rassure très vite : c’est Hermès.

— Coucou… murmure-t-il en pénétrant dans ma chambre.

Je lui adresse un petit sourire quand il vient passer ses bras autour de moi.

— Sylianna Pomaraie vient de partir…

— Je sais, répond-il, amusé. Maeve surveillait son départ. Tu sais qu’au total, sur cette seule semaine, tu auras passé près de sept heures en tête-à-tête avec elle ?

— Pitié…

Il a un léger rire puis dépose un baiser sur ma joue avant d’aller s’allonger sur le lit.

— Vois le positif, au moins elle ne te harcèle plus en classe.

— Tu te moques de moi ?

Hermès éclate de rire.

— Tu sais, finit-il par dire, les gens commencent à trouver son changement de comportement bizarre.

J’ai du mal à retenir une grimace. Mais que fait Éliane ? Ne peut-elle pas canaliser sa furie de sœur ? Je me laisse tomber sur le lit sans répondre et il passe un bras autour de mes épaules.

— Tu crois pas que tu devrais le dire à tout le monde ? Que tu es la fille de Léanna Cassan ?

Je croise son regard et prends une seconde pour réfléchir. Que tout le monde sache… ? Impossible. Si par exemple sa propre mère savait qui je suis, j’aurais un problème. Elle doit savoir que je me suis invitée chez eux. Elle appréhendera tout naturellement que j’aie vu de mes yeux les recherches de tata Béa. Elle le répétera potentiellement à Pavel Konstantin… Non, mieux vaut qu’elle ne sache pas. Et je pars du principe qu’Hermès n’a rien dit, puisqu’il a promis qu’il s’était tu.

Je ne peux pas encore révéler à chacun que je suis une Cassan.

Je souris à Hermès.

— Pas encore. Je me sens pas prête… Tu vois comment c’est avec Sylianna. Je me sens pas prête à ce qu’absolument tout le monde me traite comme ça.

— C’est différent, vous êtes de la même famille. Mais je comprends. C’était une suggestion.

Il se laisse retomber sur le lit, tranquille, quand pour ma part je me relève. Malgré tout, j’ai toujours mon devoir à faire, alors je m’y mets en silence, le laissant à sa sieste. C’est curieux. Apaisant. Naturel et normal. Juste passer du temps ensemble et la chose ne me dérange pas. Le voir ainsi, les yeux fermés sur mon lit… Et me sentir bien.

Je déteste parfois le goût de normalité qu’Hermès a donné à mon quotidien. Je m’y oublie un peu trop bien.

 

***

 

Il est 22 h 42.

Je marche sous les platanes dénudés.

Je rejoins la lisière du bois bordant un côté du lycée Avril Cassan, qui s’étend sur quelques mètres avant que de hauts murs n’enferment les étudiants. Les échos de Port-Céleste me parviennent, au loin. Je me retiens de claquer des dents, calme, à l’écoute de la moindre information que le vent portera.

Un battement d’ailes froisse l’air.

Je lève deux doigts.

La colombe s’y pose, lève une patte. Je prends le rouleau.

Je souffle dessus, l’air chaud révèle l’écriture. Une seconde à peine, puis tout disparaîtra, définitivement.

Mes yeux bondissent sur les quelques lignes.

Je retourne le papier pour y griffonner une réponse à la va-vite, que j’attache à la patte de mon émissaire. Une brève caresse et je le libère, qu’il s’envole par-delà les cimes.

22 h 47.

Je reviens sur mes pas.

Dans le dortoir, j’avance sans que les capteurs ne me voient.

Je glisse jusque dans ma chambre.

Là, je caresse délicatement une mèche de cheveux d’Hermès, toujours endormi sur mon lit. Je récupère mon bracelet à son poignet, puis je saisis un petit sachet de cristaux dans une poche intérieure de ma veste. Je les agite un instant devant son nez et quand il commence à remuer, je les range.

— Hermès ?

— Mmh…

Je le secoue un peu par l’épaule.

— Hermès, c’est presque le couvre-feu. Réveille-toi.

Il cligne des yeux, surpris.

— Mince… Je me suis endormi ?

— Oui, et moi aussi. On devait être épuisés. Réveille nos Maeve.

Encore groggy, Hermès marmonne la formule. Puis d’un pas chancelant, il se lève. Un dernier baiser à mes lèvres et il quitte le seuil de ma chambre.

— Dors bien.

Il a un sourire avant de disparaître dans le couloir. Au moment précis où sa porte se referme, une autre s’ouvre. Je vois Mikhaïl apparaître dans l’encadrement, les yeux rivés sur moi, sa brosse à dent dans la bouche.

Il ne dit pas un mot. Il me fixe, simplement, tout en frottant durement contre ses gencives. Un peu de mousse rosée tombe sur le sol, à ses pieds.

— Bonne nuit, Mikhaïl.

Il me regarde encore quelques secondes, puis il hoche la tête et retourne dans sa chambre.

Il est 22 h 59. Je referme ma porte à mon tour.

 

 

***

 

Dix ans plus tôt.

 

Le monde est douleur. Tout est blanc autour de moi. Quand je ferme les yeux, tout devient rouge.

Personne ne me parle. Les gens viennent et vont autour de moi. Des tubes s’enfoncent sous ma peau. Si j’esquisse le moindre mouvement, il me semble que mon corps va se briser. Si fragile, tellement fragile. Un souffle et je m’effondre.

Maman ne vient pas. Ni papa. Mikhaïl non plus. Est-ce que tout est vrai ?

Non. Tout a l’air d’un rêve.

Mikhaïl doit partir aujourd’hui. Le géant le ramène. C’est le jour du départ.

Je dois être dans mon lit. Si tout est rouge, c’est que j’ai mal fermé les persiennes, et que le soleil me joue un vilain tour.

J’ai dit au revoir à Mikhaïl, hier, parce que même si je sais qu’il sera au Palais des Douces aujourd’hui, je ne dois pas m’y rendre. Tata Béa veut que je reste à la maison. Si j’y vais, elle ne sera pas contente. Je ne dois pas y aller. Sinon, il risque d’arriver malheur.

De toute façon, j’ai mal dormi, j’ai mal partout. Mieux vaut rester au lit aujourd’hui. Et si demain je suis fatiguée, je dormirai encore. Je dormirai jusqu’à ce que papa, maman, ou tata Béa viennent me chercher.

Tant pis pour Mikhaïl. Peut-être sera-t-il parti sans que j’aie pu le revoir.

 

— Solange ?

La voix est apeurée. J’entrouvre les yeux, mais les lunettes de tata Béa ne m’apparaissent pas nettement. Puis petit à petit, tout se dessine. Elle a les joues rouges, pareil pour ses yeux, striés de dizaines de minuscules veines. Ses lèvres tremblent, ses dents claquent.

— Je suis tellement désolée… Je suis désolée… Solange… Je suis désolée…

Les larmes me montent. Je ne veux pas que tata soit désolée. Je ne veux pas qu’elle pleure. Je veux être ce matin, juste avant le départ de Mikhaïl. Je ne veux pas…

On tambourine à la porte, laquelle coulisse un instant plus tard. Tiens ? J’avais une porte coulissante ? Et depuis quand ma chambre est-elle si blanche ? Elle me semble à la fois différente et familière…

— Dépêche-toi, Béa.

Tata Béa renifle.

— Elle est branchée de partout ! Je veux pas prendre de risque !

J’entends un grognement.

Résolue, tata m’observe à nouveau, et, doucement, vient ôter un premier câble.

— Tata… ? Tata, j’ai mal…

Elle ferme brusquement les yeux, plaque une main contre sa bouche.

— Béa, dépêche-toi… !

— Colibri… Je peux pas… Fais venir un médecin, je peux pas…

Second grognement. Je tourne la tête vers l’homme avec qui elle parle. Il n’a qu’un œil, qu’il darde sur moi avec une drôle d’expression. Il semble capituler car l’instant d’après, il fonce vers la porte coulissante.

— Ça va aller, ma chérie. Je vais m’occuper de toi.

Je ne suis pas sûre de comprendre. Tata Béa a le visage noyé de larmes, et moi, petit à petit, je me mets à trembler.

Deux secondes plus tard, un médecin pénètre la pièce, une arme braquée contre sa joue.

— Nous emmenons la petite, lui indique tata Béa d’une voix dure.

— Vous… Quoi ?! lance l’homme, visiblement choqué. Vous êtes complètement folle, elle commence tout juste à se stabiliser !

L’arme de Colibri vient s’enfoncer dans sa chair, il déglutit.

— Nous l’emmenons, répète tata Béa.

— Vous lui avez enlevé sa morphine, continue-t-il malgré tout en désignant le câble que tata tient entre ses doigts. Vous ne saurez pas vous occuper d’elle. Ça fait moins d’une semaine, vous la mettriez en danger…

— Vous allez nous préparer le nécessaire à son transport, ordonne tata en rebranchant la morphine.

Mes tremblements s’estompent. Tout se passe beaucoup plus lentement autour de moi.

C’est de nouveau la nuit. Demain, Mikhaïl quittera Ludvina.

 

***

 

Jour présent.

 

La nuit glaciale s’engouffre par la fenêtre ouverte. Comme à chaque fois que j’ai reçu un message de la part des Oiseaux, je ne parviens pas à dormir. Surtout pas après avoir croisé le regard de Mikhaïl. A-t-il vu quelque chose ? M’a-t-il aperçue, dehors ? Si oui, dira-t-il quelque chose ? Peut-être pas. Peut-être ne dira-t-il rien. Il a dit lui-même que quand il m’imaginait tout détruire, il voyait quelque chose de particulièrement grandiose. Je t’offrirai du grandiose, Mikhaïl. Quelque chose qui effacera le traumatisme de ce jour-là, quand la fontaine aux nénuphars s’est peinte de rouge et que tu as à jamais perdu ton sourire de petit garçon.

 

Il est 2 h 50.

J’ignore à quelle heure aura lieu le prochain coup de radar, celui qui découvrira que je ne suis pas dans mon lit. Mais je quitte tout de même ma chambre.

J’évite les capteurs du couloir, gratte tout doucement à la porte cible.

Il se passe très peu de temps avant qu’un œil d’un bleu translucide ne me toise… Puis il ouvre plus largement, tend une main, m’invite à l’intérieur.

Mikhaïl aussi a ouvert sa fenêtre.

Il se rassoit sur son lit. Je prends place à ses côtés.

— J’ai vu, murmure-t-il.

Je prends sa main. Il tourne lentement la tête vers moi, je sais qu’il a peur.

— Tu as vu ?

— J’ai vu Hermès, endormi, j’ai vu ton bracelet à son poignet.

Il déglutit. Ses lèvres tremblent.

Je me penche pour presser doucement mon front contre le sien.

— Ne tire pas de conclusions hâtives, Mikhaïl. D’accord ?

— Tu vas pas me…

— Te tuer ?

Il plonge son regard dans le mien. Suppliant.

— On aurait dû t’emmener, ce jour-là, déclare-t-il. Je voulais tellement qu’on t’emmène…

Ma respiration se coupe subitement. Un hoquet m’agite et je sens mes ongles s’enfoncer dans la paume de Mikhaïl.

— Et je voulais juste te dire au revoir… Tu me manquais déjà…

Il retire sa main de la mienne.

— Comment t’as pu les laisser te manipuler à ce point, Solange !

— Je te ferai aucun mal, Mikhaïl.

Je pose un doigt sur ses lèvres.

On se détaille encore un long moment. Je finis par sourire.

— Tout va bien. C’était un mauvais rêve. Dors, maintenant.

— Tu veux faire ça pendant que je suis endormi ?

Il s’est remis à trembler.

— Je te ferai pas de mal, Mikhaïl.

Il tremble toujours. Plus encore, il me semble.

— Mais je peux pas faire comme si j’avais rien vu… Solange…

Sa voix est plaintive. Me voilà bien embêtée. Tout serait précipité… Il ne faut pas qu’il parle. Si j’avais la nouvelle formule du Nebulatrex, je pourrais l’utiliser pour gagner quelques semaines…

— Laisse-moi juste un peu de temps, Mikhaïl.

Il secoue la tête de droite à gauche.

— Non, je…

Je me relève brusquement, prends sa tête à deux mains.

— Je t’ai dit que j’avais besoin de temps !

Il se met à pleurer, bruyamment. Je sens mes doigts s’enfoncer dans sa peau. Doucement, ils glissent, trouvent sa gorge.

— Tu… Tu me fais mal… Solange…

— Ça ira, Mikhaïl. Ça va aller.

— Solange… So…

 

Une larme roule sur ma joue. Je suffoque dans l’air glacial.

Il est 2 h 50.

Je ne vais pas quitter ma chambre. Je ne vais pas affronter Mikhaïl. Je refuse de lui faire du mal.

Mon cœur bat violemment dans ma poitrine. Mes doigts sont agités de spasmes. Impossible. Jamais je ne pourrais faire ça. Pas Mikhaïl.

Est-il vraiment venu, le moment de choisir un camp ?

L’étau se serre, il m’étouffe presque.

La voix de Pavel Konstantin résonne dans ma tête.

Il n’y a pas qu’une seule vérité.

Pas seulement une.

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MrOriendo
Posté le 04/08/2025
Hello Cleo !

Encore un bon chapitre, j'ai bien aimé ce jeu d'introspection autour du fantasme de tuer Mikhaïl, et les doutes de Solange qui viennent dans un second temps pour contrecarrer ses plans. J'imagine qu'il s'agissait d'une mission confiée par les Oiseaux... On ne sait plus très bien dans quel camp elle joue, finalement. Elle oscille entre la vengeance et les nouveaux liens qu'elle tisse à Solavie, mais ce chapitre nous rappelle qu'elle est à deux doigts de basculer, et c'est chouette de ramener de la tension de ce côté de l'histoire.
Finalement, on se dit qu'elle a peut-être été endoctrinée et manipulée toute sa vie... Va-t-elle réussir à se libérer et se retourner contre les Oiseaux ?
J'ai hâte de connaître la suite.

Au plaisir,
Ori'
Cléooo
Posté le 04/08/2025
Et merci à nouveau !
Oui Solange vit entre deux mondes, et on va peu à peu en savoir davantage sur le côté qu'on a pas encore beaucoup vu. Mais j'en dis pas plus ^^
Je te dis à bientôt ! :)
James Baker
Posté le 19/07/2025
Bonjour Cléoooo! Je pourrai revenir plus activement sur Plume ;)

"Mais Sissi ne sait pas rester discrète, alors il valait mieux qu’elle aille avec toi." --> petit problème de concordance des temps. Un présent fonctionnerait mieux (conditionnel ou indicatif, dépendant du degré de certitude d'Éliane).

"— Nous allons y aller. Merci de m’avoir prévenu, et prend soin de Mikhaïl." --> prends soin; la virgule devant "et" est aussi superflue, mais ça peut passer dans un texte littéraire.

"Une sueur glaciale vient se plaquer contre ma nuque." --> Pas une coquille à proprement parler, mais "se plaque à ma nuque" réduirait le nombre de mots et augmenterait la "charge" de sens.

"— La dernière fois qu’on s’est vu, vous n’aviez pas confiance en moi…" --> ce "on" est un pluriel déguisé en singulier; l'auxilaire "est" s'accorde au singulier et le participe passé "vus" s'accorde au pluriel.

"— Vous savez ce que je suis capable de faire, si vous me laissez l’accès libre ?" --> virgule en trop devant "si"; celle-là est grammaticalement fausse. Il y a plusieurs autres virgules en trop dans le texte (souvent devant le mot "et), mais je ne vais pas toutes les rapporter; la plupart pourraient se justifier par un "effet littéraire", que je sois d'accord ou non avec cette utilisation:P

"Je scrute son expression si lisse pendant quelques secondes. Il est insaisissable." --> pas non plus de coquilles ici, mais je crois qu'une "expression lisse et insaisissable" pourrait être mieux exprimé en évitant le mot "expression". En évitant de nommer quoi que ce soit suggérant l'existence d'une expression faciale, on renforce la notion d'absence. C'est complètement subjectif, tu fais ce que tu veux avec ça. La façon la plus simple de procéder serait de simplement substituer un mot (comme visage) à "expression" sans rien changer d'autre, mais d'autres méthodes (selon moi meilleures) pourraient être appliquées.

"Il rassemble ses mains devant lui, puis affiche un air très suffisant qui me déplaît beaucoup." --> sans doute subjectif, mais j'aime moins le mot "rassembler" quand il s'agit de seulement deux éléments (comme les mains d'une unique personne).

"Il semble qu’elle a totalement oublié la façon qu’elle a eu de se comporter envers moi depuis notre rencontre." --> encore là, pas de coquille, mais une question de clarté structurelle. "Il semble" est une structure impersonnelle qui distancie le lecteur; "Elle semble avoir totalement..." rectifierait ce détail. Cette phrase comporte de plus ce qu'on appelle une "cascade de complément" (guillemets parce que j'ignore si tu es familière du terme). La "cascade" se reconnaît à une abondance de mots qui introduisent des compléments, comme "que" (qu'elle, 2 fois), de, depuis, etc. Sur le plan de la langue, une cascade de compléments n'a rien de grammaticalement faux. Sur le plan de la clarté, elle rend le texte moins lisible. Dans le cas présent, la même phrase pourrait être remplacée par "Elle semble avoir totalement oublié la façon dont elle s'est comportée envers moi depuis notre rencontre." (on retire le premier que, le second est remplacé par un autre mot de même fonction, mais il permet de retirer le de suivant). En retirant ces deux là, il ne reste que ceux nécessaires à la logique du texte.

"À peine trente secondes après que j’ai enfin refermé la porte sur elle, on frappe sur le bois et je me retiens de hurler. " --> "que j'aie (subjonctif); "le bois" donne l'impression d'éviter sciemment la répétition. "On frappe à nouveau" pourrait être plus efficace.

"Comment je vais me débarrasser d’elle ?!" --> je ne me souviens plus si tu employais cette structure pour rester dans un registre "parlé" même dans ses pensées; si non, "Comment vais-je me débarrasser d’elle ?" serait plus littéraire. On suggère aussi d'éviter les enchaînements de ponctuation, mais ça reste un choix stylistique.

Je prends le temps de mentionner : "Je t’offrirai du grandiose, Mikhaïl. Quelque chose qui effacera le traumatisme de ce jour-là, quand la fontaine aux nénuphars s’est peinte de rouge et que tu as à jamais perdu ton sourire de petit garçon." J'adore ce passage. Les images qu'il offre sont fortes.

J'ai également relevé un "Il a un sourire" plutôt que "Il sourit"; je sais qu'on en a parlé auparavant ;)

J'ai beaucoup aimé ce chapitre. Quelques éléments manquent de clarté à mon goût, peut-être parce que je n'avais pas lu depuis un moment. Par exemple, la date ne m'a pas permis immédiatement de figurer que Solange et Hermès étaient de retour au lycée. Je me demande aussi pourquoi, si Mikhail a peur qu'elle le tue, il invite Solange à entrer. Les points forts principaux du chapitre sont ses tensions, le mystère, le conflit intérieur exprimé à la fin. On se demande si Solange agit selon les instructions de Pavel, selon celles des oiseaux ou selon son instinct.

Si jamais tu as le temps d'ici à demain, j'ai posté une nouvelle dans un style différent. Je suis confiant en certains de ses aspects, je m'interroge sur d'autres. J'apprécierais si tu avais le temps d'y jeter un œil.

À bientôt!
James Baker
Posté le 19/07/2025
J'ai aussi une question où je me demande s'il s'agit d'une erreur ou d'un indice. "Il est 2 h 50" apparaît à deux endroits différents. Mon premier réflexe est que le premier passage commençant par cette heure est une vision fantasmée de la mission que lui ont donnée les oiseaux, ce qui pourrait expliquer les différences dans le personnage (et le fait qu'il la laisse entrer chez lui, qu'ils discutent avant qu'elle ne l'étrangle, l'échange surréel qu'ils ont). Ce n'est pas clair pour moi, mais ça n'est pas nécessairement un problème. Tout dépend du chapitre suivant.
Cléooo
Posté le 19/07/2025
Coucou James !

J'ai eu peur, j'ai lu un peu rapidement ta première phrase et j'ai compris "je pourrai plus revenir" xD
J'ai vu pour ta nouvelle, je vais y jeter un œil oui ! Ça tombe bien, j'avais prévu de lire un peu cet après-midi.

Merci pour ton retour , toujours si détaillé :)
Deux remarques : "Mais Sissi ne sait pas rester discrète, alors il valait mieux qu’elle aille avec toi." --> petit problème de concordance des temps." -> que penses-tu de "Sissi n'aurait pas su rester discrète" ?
"Il y a plusieurs autres virgules en trop dans le texte (souvent devant le mot "et), mais je ne vais pas toutes les rapporter" -> c'est un toc, j'en ai conscience et j'essaye de les supprimer en réécriture ^^

Et concernant 2 h 50, je pense que je vais devoir retravailler ce passage. C'était aussi le titre du chapitre dans un vain espoir d'attirer l'attention dessus, mais ça n'a pas pris. Oui, le premier 2 h 50 est une "rêverie" de Solange. De ce qu'elle hésiterait à faire, de ce qui pourrait en résulter. J'espérais que le deuxième 2h 50 attire davantage l'attention. "Il est 2 h 50. Je ne vais pas quitter ma chambre. Je refuse d’affronter Mikhaïl. Je refuse de lui faire du mal.", le but était de contredire ce qui se passait dans la scène précédente. Je vais réfléchir à comment mieux l'amener !

Merci encore ^^
James Baker
Posté le 19/07/2025
Rebonjour!

Je pensais que "Sissi ne sait pas rester discrète" fonctionne mieux. Éliane parle de Sissi et ses habitudes. En parler au passé (même conditionnel), c'est suggérer un événement qui est terminé. Hors, Solange s'apprête à partir en suspension. Sa suspension n'est pas terminée; Éliane et Pavel ne sont pas en train de discuter d'autres options qu'ils auraient peut-être dû appliquer (ce que le conditionnel suggère). Un conditionnel passé touche plutôt à ce qu'on aurait pu faire à la place.

Oui, je me souviens qu'on avait parlé des virgules par le passé. Un souvenir un peu vague quand même... parfois, je me demande si je confonds des conversations. Je crois que ça ne sert à rien d'essayer de le dissimuler, mais je travaille dans le milieu de la langue et je corrige (entre autres activités) des textes d'autres professionnels du monde linguistique. Entre mon travail et Plume, j'ai beaucoup d'occasions de confondre ce que j'ai mentionné à l'un ou à l'autre.

Je ne vais pas lire ton autre chapitre aujourd'hui, mais j'essaierai de m'en charger au cours de la semaine.

À bientôt!
James Baker
Posté le 19/07/2025
Ah, et j'oubliais. 2 h 50 : c'est comme ça que je l'avais compris. Il faut peut-être juste ajouter un élément qui indique qu'elle se ressaisit, un frisson de plus après le second 2 h 50. Ne te casse pas la tête pour le rendre plus évident ailleurs; ça doit tenir en au plus une phrase (si ce n'est quelques mots).
Cléooo
Posté le 19/07/2025
Ça marche, je note, j'essaierai de corriger ça ce soir, je vais me faire une petite soirée écriture ^^

C'est possible qu'on ait déjà parlé des virgules ! Alors je sais de mon côté que je l'ai déjà dit à plusieurs personnes m'ayant fait la remarque xD il est donc tout à fait possible que nous ayons eu cette conversation ensemble.

C'est cool comme taf, ce que tu fais ! Enfin entre autres activités mais c'est cool. Ça doit être usant par contre, je pourrais pas le faire je pense (sous-entendu même si j'avais un excellent niveau), mais je trouve ça super intéressant. Mon travail à moi n'a aucun rapport avec l'écriture...

Tqt pas pour le chapitre suivant, rien ne presse ! Je suis loin d'avoir terminé mon premier jet, encore plus loin d'entamer la réécriture, donc il n'y a vraiment pas d'urgence. C'est déjà très gentil de prendre le temps de me faire des retours aussi pointus ^^

À bientôt :)
James Baker
Posté le 19/07/2025
Effectivement, corriger le texte d'un expert et lui réexpliquer l'utilisation de la virgule pour te faire dire qu'on portera plainte contre toi et que la virgule est subjective n'est pas la partie cool de mon taf:P

J'exagère. Ce que je viens de donner comme exemple m'arrivait beaucoup quand j'ai été sélectionné pour ça, que j'étais le nouveau. Maintenant que ma place est faite, certains jugent parfois que je suis pointilleux, mais je n'ai plus besoin de justifier chaque correction à une diva qui croit en savoir plus que moi. En fait, ça fait des années que ça ne m'est plus arrivé. Dans tous les cas, pointer ses erreurs à un expert reste une expérience où l'humilité importe des deux côtés et l'humilité n'est pas le point fort de l'expert moyen. Celui du génie, souvent, mais de l'expert, rarement.
Cléooo
Posté le 19/07/2025
Arf une plainte pour une virgule me semble un peu abusif xD mais l'égo humain est sans doute la chose la plus fragile au monde.
Anna.lyse
Posté le 13/07/2025
Hello Cléooo,
Te voici de retour! Chapitre au début plutôt calme et qui questionne sur l'avenir de Mikhail. D'ailleurs je ne saisi pas encore très bien ce personnage. Au début, il paraissait plutôt affirmé, avec un côté sombre qui questionnait sur ses intentions. Le fait même que Hermès ne l'apprécie guère au début est quelque part intriguant mais dans ce chapitre il apparaît comme un petit enfant. Sans doute à cause du contact avec Solange, la reviviscence du traumatisme...
J'attends de lire la suite avec impatience pour voir ce qui va finalement arriver. J'ai du mal à croire que Solange lui fasse véritablement du mal. Mais je me questionne beaucoup sur ce que sa tante Béa lui a mis dans la tête tout au long de ces années...
Au plaisir de te lire
Cléooo
Posté le 13/07/2025
Coucou Anna.lyse :) Oui, j'ai repris mon texte avec plaisir cet après-midi ! ^^

Concernant le personnage de Mikhaïl, je comprends ton ressenti. Peut-être ai-je trop poussé, mais l'intention initiale était surtout de montrer que lui, doutait des intentions de Solange. Il bluffait un peu, pour qu'elle croit qu'elle ne l'impressionnait pas.
Attention, dans ce chapitre par contre, il n'est pas réellement présent. Enfin à peine. C'est peut-être passé inaperçu, mais le titre du chapitre a toute son importance ici :p
Du coup, le fait que tu le ressentes comme un petit enfant me convient.
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