Chapitre 18 : Aelia

Par Talharr

28 Thalven de l’an 1297.

Aelia :

Une quinzaine de jours s’étaient écoulés depuis que leur petit groupe avait quitté Vaelan en direction du royaume de Balar.

Ils étaient désormais en plein cœur de la Forêt Sans Morts. Dès qu’ils y étaient entrés, Aelia avait senti le poids qui la submergeait se dissiper… au moins tant que le soleil était haut. La nuit, les cauchemars revenaient. Elle voyait sa mère se faire dévorer par un serpent géant. Toujours le même cri, le même hurlement déchirait son sommeil.

Arlietta, qui ne la quittait jamais, essayait de l’apaiser. Mais dès qu’elle se rendormait — souvent sans même remercier sa protectrice — c’était Arnitan qui apparaissait.

Lui aussi marchait dans une forêt. Elle se perdait à nouveau dans ses yeux océans. C’était comme si ce garçon guérissait ses maux.

Un rêve, se disait-elle. Mais chaque nuit, elle priait pour qu’il revienne.

Les jours passant, les questions revenaient d’elles-mêmes : sa mère en vie, un frère, une magie qui grandissait en elle…

Sylros, le mage du Cercle de Baltan, n’avait encore rien dit. Et Aelia n’avait pas osé poser la moindre question.

Elle avait peur.

Peur de ce qu’elle était.

Ou de ce qu’elle pourrait devenir.

Beaucoup auraient rêvé de posséder un pouvoir magique. Pas elle. Pas depuis ce qu’elle avait appris de son père.

Elira, sa mère, avait été enlevée puis emprisonnée loin de sa famille… parce qu’elle était une mage.
Comment Aelia pourrait-elle désirer ce même destin ?

Au moins n’avait-elle plus besoin de cacher qu’elle apprenait à se battre.

     — Mademoiselle ? On se réveille. Les ennemis ne vous feront pas de cadeau juste parce que vous êtes une jolie fille, lança Lordan en souriant, épée d'entraînement à la main.

     — Hé ! protesta Arlietta, qui les regardait jouter.

Aelia sortit de ses pensées et éclata de rire.

La forêt était d’un calme presque irréel. Seuls les chants d’oiseaux et le bruissement des insectes brisaient le silence.

Des arbres partout, des feuilles et des mousses colorées.

C’était magnifique.

    — Hein ? Non… euh… c’est pas… bégaya Lordan.

Plus à l’aise avec une épée qu’avec une fille, pensa Aelia.

    — Ne t’en fais pas, Arlie. Je te laisse Monsieur mon ombre, dit-elle en clignant de l’œil à Lordan.

Il me revaudra ça.

Arlietta la remercia d’un large sourire.

    — Tu penses toujours à ton prince charmant ? demanda-t-elle.

Aelia, en position de défense, sentit ses joues s’empourprer.

Lordan baissa sa garde. Il était sur le point de prendre la parole. Mais la jeune comtesse ne lui laissa pas le temps de dire le moindre mot, pour que le sujet s'arrête. 

L’épée d’entraînement s’abattit sur les côtes du garde.

    — Aïe ! Mais ça va pas ?!

    — J’ai gagné ! Il ne faut pas se laisser distraire ! s’écria Aelia, hilare.

Lordan fit la moue.

     — J’étais déconcentré… ça n’arrivera plus, mademoiselle.

Elle sautillait sur place, radieuse.

     — Mais je suis fier de voir que vous savez attaquer quand il le faut, reprit le garde. 

L'entraînement terminé, ils regagnèrent le campement. Lordan s'approcha d'elle.

    — Alors, de quoi parlait Arlie ?

Aelia lança un regard à son amie. Merci, pensa-t-elle. Et vit dans ses yeux une réponse muette : désolée.

    — De rien du tout. Elle a mal compris ce que je lui racontais, répondit-elle en souriant.

    — Personne ne vous a jamais dit que vous mentiez mal ?

Aelia soupira mais ne répondit pas.

     — Je découvrirai la vérité, ajouta le garde en se tournant vers Arlietta.

La servante rougit aussitôt.

Elle va tout raconter… soupira Aelia intérieurement.

Ils arrivèrent aux tentes. Des soldats de Vaelan couraient dans tous les sens.

Sylros les rejoignit aussitôt.

     — Où étiez-vous ?

     — À l’entraînement, monsieur, répondit Lordan.

Le mage souffla. 

Un moment, seuls les pas affolés des soldats rompirent le silence.

     — Que se passe-t-il ? demanda Aelia, inquiète.

     — Nos éclaireurs ont repéré un groupe d’une trentaine de guerriers en approche. Ils seront là d’ici quelques heures.

     — Mais… nous sommes dans la Forêt Sans Morts. Le traité de paix et de non-agression s’applique encore, non ?

     — Les temps changent, jeune comtesse, répondit le mage.

     — Savons-nous de qui il s’agit ?

     — Non. C’est pour cela qu’il faut nous préparer.

Il repartit donner ses ordres. Aelia, Lordan et Arlietta le suivirent.

     — Se préparer ? Nous allons combattre ? demanda-t-elle.

     — Il faut être prêt à tout, Hirondelle.

Une nouvelle question monta à ses lèvres, mais elle ne la posa pas.

     — Mettez votre armure et positionnez-vous dans la forêt, ordonna Sylros avant de s’éloigner pour parler au commandant.

Aelia obéit.

Elle enfila une armure argentée aux détails dorés. Sur le plastron, une hirondelle finement gravée. Son casque était orné de deux ailes bleutées.

C’était l’armure de ma mère… Je la reconnais. Mon père l’avait gardée si précieusement.

Une boule monta dans sa gorge. Les larmes menaçaient.

Je ne laisserai personne me la prendre.

Les tentes furent repliées, les feux éteints, les traces effacées. Les chevaux amenés dans les bois. 

Les soldats se postèrent de chaque côté du sentier pavé qui traversait la forêt.

Ils étaient prêts à accueillir la troupe armée qui approchait.

Aelia, elle, ne savait pas si elle l’était.

Mais elle se battrait.

A ses côtés se tenaient Lordan, Arlietta et Sairen, armure sombre et épée fine en main.

      — Je te protégerai. Peu importe le danger, lui sourit-il.

Le protecteur de l’Hirondelle. C’est ainsi que Sylros l’avait présenté. 

Ce garçon avait dû laisser sa famille, sa bien-aimée… toute sa vie derrière lui. Pour elle. Maintenant il prenait son rôle très à coeur. 

Et elle s’en voudrait longtemps encore.

Des heures passèrent. Le soleil fatigué commençait à décliner.

La forêt semblait elle-même s’être figée.

Puis, enfin, des bruits de pas métalliques résonnèrent au loin.

Aelia sentit son cœur s’emballer.

Elle ferma les yeux.

Je veux revoir ma mère.

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Scribilix
Posté le 11/08/2025
Le prochain chapitre promet d'etre intéressant, la bataille s'annonce. Je t'avoue que j'ai cependant eu du mal à comprendre plusieurs répliques dans ce chapitre lorsque les personnages parlaient entre eux. Nottament cette partie :

L'entraînement terminé, ils regagnèrent le campement.

— Alors, de quoi parlait Arlie ?

Aelia lança un regard à son amie. Merci, pensa-t-elle. Et vit dans ses yeux une réponse muette : désolée.

— De rien du tout. Elle a mal compris ce que je lui racontais, répondit-elle en souriant.

— Personne ne vous a jamais dit que vous mentiez mal ?

Pour moi Arlie est le surnom affectueu d'Arlietta mais là on a l'impression que Aelia demande des infos sur son ami à elle meme. Puis désolé et merci pour quoi ?
Pareil durant l'entrainement lorsque Aelia et Lordan se taquinent mutuellement j'ai parfois eu du mal à voir qui disait quoi. Arlie dit quelquechose à Aelia qui la fait rougir donc on peut présumer qu'elle baisse sa garde puis après Lordan baisse la sienne pour répondre qch et Aelia en profite alors qu'elle n'était plus vraiment dans le combat.
- Un moment, seuls les pas affolés des soldats rompirent le silence. ( la tournure est un peu maladroite, plutot Durant un moment. Après je ne sais pas si tu es obligé de laisser un silence pesant car Lordan a juste expliqué au mage qu'ils étaient à l'entrainement ce n'est pas uen révélation au point de laisser le mage sans voix.
Ils étaient prêts à accueillir l’armée qui approchait. ( bon là je chipote un peu mais on peut difficilement appeler une trentaine d'hommes une armée.
Voilà je continue :)
Talharr
Posté le 11/08/2025
Une bataille ? A voir ;)

Mince pour moi c'était assez clair. Je t'explique et je vais faire quelques modifs du coup :
"L'entraînement terminé, ils regagnèrent le campement.

— Alors, de quoi parlait Arlie ?

Aelia lança un regard à son amie. Merci, pensa-t-elle. Et vit dans ses yeux une réponse muette : désolée.

— De rien du tout. Elle a mal compris ce que je lui racontais, répondit-elle en souriant.

— Personne ne vous a jamais dit que vous mentiez mal ?"

C'est Lordan qui demande. Aelia elle en veut légèrement à Arlietta d'avoir dit qu'elle pensait à son prince charmant. Le désolée c'est dans le regard d'Arlietta :)

Je vais ajouter une phrase de Sylros pour ajouter pas que le silence soit trop perturbant.

oui c'est vrai que c'est pas une armée, mais j'avoue je suis à tatillon sur les nombres ahaa je modifie ça :)

Je vais ajouter deux-trois trucs pendant l'entrainement.

Merci pour ton retour :)
Talharr
Posté le 11/08/2025
j'ai modifié ce que tu m'as remonté :) ça devrait mieux passer ;)
Scribilix
Posté le 11/08/2025
En effet c'est mieux, je comprends mieux qui parle à qui ^^
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