Arnitan :
La Forêt Sans Morts.
Une garnison légère, formée de guerriers venus des quatre coins du royaume de Balar, progressait lentement sous les frondaisons. Leur mission : retrouver l’Hirondelle et avertir les royaumes alliés, à commencer par Cartan.
Arnitan chevauchait en tête, monté sur un étalon noir. Le roi de Balar avait exigé qu’on l’escorte personnellement.
Tout s’était si vite enchaîné. Le lendemain du conseil, ils avaient pris la route. Il avait à peine eu le temps de dire au revoir à sa famille. Myriam s’était effondrée, répétant en larmes qu’elle ne voulait pas perdre son fils, après avoir perdu son mari.
Piré, en revanche, n’avait posé aucune question. Il s’était contenté d’un regard.
— Je protégerai Man, avait-il simplement dit.
Arnitan lui avait confié cette charge sans mot dire. Il savait qu’il n’y aurait plus grand monde à protéger.
À ses côtés, la chevelure brune de Céleste dansait au rythme des pas de son cheval gris moucheté. Gabrielle les accompagnait également, et c’était elle qui avait insisté pour que la jeune fille vienne.
Et bien sûr, Patan était là. Sa mère avait supplié qu’Arnitan l’emmène. Il te protégera, avait-elle dit.
Le garçon était content d’avoir son plus fidèle compagnon à ses côtés.
Draiss chevauchait non loin, tout comme son père, Brethin — ils savent tout deux maniés l'épée mais surtout ils avaient été sollicités au cas où il y aurait besoin d'effectuer des construsction rapide. Trois autres bâtisseurs étaient présents.
La troupe était dirigée par le comte Ostir lui-même, qui avait insisté auprès du roi pour mener cette expédition.
À ses côtés se tenaient Calir, le messager, et deux gardes personnels.
Calir, justement, observait souvent Arnitan avec un regard indéchiffrable.
Le garçon tentait de ne pas s’en formaliser, mais ce n’était pas facile.
Il est étrange… pensa-t-il.
Mais Gwenn lui faisait confiance. Et cela lui suffisait.
Devant lui, les armures étincelaient — la plupart d’un gris uniforme. Quelques-unes étaient colorées, comme celles des guerriers de Krieg dont une ligne droite bleue était dessinée sur chaque partie de l’armure.
Un hennissement éclata soudain, tout près.
— Encore une dizaine de jours avant d’entrer en Cartan, lui dit Brelan.
Son maître d’armes n’aurait manqué ce voyage pour rien au monde. Arnitan lui avait tout raconté avant de partir. L’homme s’était contenté d’une tape sur l’épaule et d’un simple :
— Je viens.
Chaque jour, les entraînements se succédaient : combat à mains nues, à l’épée, à la lance, tir à l’arc — dans lequel Arnitan excellait — et dressage de monture pour les assauts à cheval.
Brelan lui rappelait souvent que sa condition d’élu ne l’exemptait pas des épreuves, qui se termineraient à Dralan.
Cette exigence, Arnitan l’embrassait pleinement. Il s’entraînait seul à l’aube, répétant les gestes jusqu’à l’épuisement.
Sur le terrain, il n’aurait pas le droit à l’erreur.
— C’est bien silencieux, hein Patan ? dit-il à son chien.
— Il faut vraiment que tu arrêtes de parler à ton chien, soupira Draiss.
— Je suis presque certaine qu’il comprend mieux que toi, lança Céleste.
— Ah ah, très drôle, grinça l’apprenti charpentier.
Comme pour répondre, Patan aboya deux fois.
Arnitan leva les yeux au ciel. C’est pire que d’être avec Piré.
— STOP !
L’ordre claqua à l’avant.
La colonne s’immobilisa aussitôt.
— Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda Arnitan à Brelan.
— On va vite le savoir.
Calir approchait au trot.
— Le sol est retourné. Un groupe important est passé par ici récemment, annonça-t-il.
— Alors ne restons pas là, dit Brelan. Continuons.
Il sembla être entendu.
— En avant ! épées prêtes au combat ! tonna Ostir.
Les sabots martelaient à nouveau le sol. La forêt, silencieuse, n’avait plus rien d’apaisant. Elle devenait pesante. Les derniers rayons du soleil filtraient entre les feuillages. Quelque chose brilla près d’un tronc.
Puis un cri fendit l’air, haut perché, venu du ciel.
Arnitan leva la tête.
Une hirondelle, aux ailes bleutées.
Même la forêt se moque de moi… pensa-t-il.
— Prépare-toi, murmura Brelan.
Le garçon se tourna vers lui. Le maître scrutait les ombres.
L’a-t-il vue, lui aussi ?
Les lames furent dégainées. Tous attendaient, tendus.
Alors, tout se précipita.
Deux arbres s’effondrèrent de part et d’autre du convoi, bloquant le chemin.
Les chevaux s’affolèrent, hennirent, se cabrèrent. Plusieurs cavaliers tombèrent.
Patan aboyait furieusement, les yeux fixés sur un point invisible.
— EN CERCLE !
Les soldats formèrent rapidement une défense.
Céleste, Gabrielle, Calir et Ostir furent placés au centre.
Arnitan, lui, restait près de Brelan. Draiss les rejoignit.
Le silence retomba, pesant. Seuls les souffles saccadés troublaient l’air.
Une voix grave surgit de la forêt.
— Que faites-vous avec une armée ?
Ostir avança son cheval d’un pas.
Des cordes se tendirent.
— Nous faisons route vers Cartan. Nous ne cherchons pas le conflit.
— Et pour quelle raison ?
— Le royaume de Balar a été attaqué. Nous devons prévenir les autres couronnes.
Un silence tendu.
— Pourquoi tant d’hommes pour une mission diplomatique ?
— Pour ne pas tomber en chemin, répondit Ostir, ferme. Le danger est partout.
Alors, lentement, la forêt reprit vie. L’air devenait plus respirable.
Des silhouettes se dessinèrent entre les troncs. Elles descendirent lentement, épées en main.
Les mains se crispaient sur les armes. Le moindre faux pas, le moindre mot de travers, et le sang coulerait.
Parmi elles, l’une attira le regard d’Arnitan.
Une armure argentée.
Des cheveux d’un blond parfait.
Elle s’approcha.
Leur regard se croisa.
Et plus rien n’exista.
Des yeux d’olive, sombres et profonds.
Une hirondelle gravée sur le plastron. Deux ailes bleutées sur le casque.
— Aelia ? souffla-t-il.
Il ne l’avait vue qu’une fois, mais son visage ne l’avait jamais quitté.
— Arnitan ? répondit-elle, dans un murmure.
Ce jour-ci ne fut pas celui qui rompu le traité de la Forêt Sans Morts.
Au contraire une alliance venait de naître.
Deux trois trucs sur la forme :
Myriam s’était effondrée, répétant en larmes qu’elle ne voulait pas perdre son frère, lui aussi. (il me semblait que Myriam était la mère)
- Je suis presque certaine qu’il comprend mieux que toi, lança Céleste. (certain)
- La forêt, silencieuse, n’avait plus rien d’apaisant. Il devenait pesant. (elle devenait)
A la prochaine,
Scrib.
Ahaha je pensais que tu avais compris :')
Donc oui c'est monsieur Calir, le messager qui a pourtant soutenu Gwenn.
Oui la rencontre je voulais pas quelque chose d'extraordinaire mais les voilà réuni, maintenant place à la quête pendant que toute la Terre de Talharr entre en guerre :)
Oh, ah oui je voulais mettre fils pas frère...
Et pour Draiss et son père, ils savent tout deux se battre également et on a toujours besoin de bâtisseur dans une armée :) mais je vais ajouter une ligne pour expliquer comme ce que j'ai fait avec Céleste tu as raison.
A plus ^^