Chapitre 18 : L’île entourée de brume

La tempête faisait rage, montant et créant des vagues de plusieurs mètres, voire dizaines de mètres. Faisant ainsi ralentir le vaisseau du capitaine William dans sa quête du trésor. On pouvait également entendre le tonnerre gronder dans le ciel et s’abattre dans la mer. Cela semblait ne pas s’arrêter, on aurait dit que la tempête allait durer une éternité et les emporter avec elle, qu’ils n’arriveraient pas à la traverser pour arriver à temps à leur destination.

Le navire tanguait et se balançait au rythme des vagues devenant de plus en plus grandes et fortes au fur et à mesure de leur avancée. La pluie s’était abattue sur eux, mais malgré ce temps plus que désastreux et pourri le capitaine sortit de sa cabine pour aller voir à la barre. Il y rencontra Christian qui tenait cette dernière de toutes ses forces afin de garder le cap, même si le vent était contre cette volonté. Mais tous savaient que celle du capitaine était bien plus puissante que l’acier et que ce n’est pas une simple tempête qui allait l’arrêter. Morgan était resté dans la cabine et regardait le spectacle qui se jouait dehors, impuissant. Face à ces éléments il ne pouvait rien faire, mis à part ce que lui avait dit William.
Prier. Il devait prier pour qu’ils arrivent à temps. Pour que tout cela cesse. Mais au fond il voulait également pouvoir sauver le capitaine. Le ressouder. Faire en sorte qu’il ne soit plus déchiré ainsi à cause de son père. Il voulait faire en sorte qu’il soit lui-même et pas l’ombre de son père. Alors il pria également pour lui auprès de la déesse en qui il avait foi depuis l’enfance, depuis qu’il avait entendu sa tragique histoire.

-Calypso, je sais que tu dois entendre des prières à longueur de journées mais écoutes ma voix. Moi, celui qui à foi en toi depuis toujours. J’aimerais que la tempête cesse pour qu’on arrive à temps. Je voudrais également qu’avant mon retour à terre…j’ai l’occasion de sauver William de son destin tragique et de son mental déchiré. Je t’en supplie Calypso, entends ma voix et exauce mes voeux.

Il souffla en espérant que sa voix soit parvenue à la déesse des mers et que ses voeux voient le jour. Cependant il savait que peut-être ne ferait-elle rien. Après tout il n’était qu’un simple humain. Pas une personne importante à ses yeux. Peut-être la chance allait-elle leur sourire et la tempête allait s’arrêter d’elle-même. La tempête dura jusqu’au petit matin du lendemain, empêchant beaucoup d’hommes de dormir, les achevant, eux qui étaient déjà fatigués par le dur labeur de maintenir le cap. Mais même ceux encore en état de le faire étaient dérangés par le vent, le bruit et le bateau tanguant sous les vagues parfois gigantesques. Une fois que le calme était revenu, beaucoup s’attelèrent à calculer leur position pour savoir s’ils avaient beaucoup dérivé de leur trajectoire.

De son côté le châtain, qui n’arrivait pas à dormir, avait de nouveau reprit le cryptogramme une énième fois pour être sûr de n’avoir rien oublié. Le brun, qui était parti sur le pont au lever du jour pour avoir des nouvelles, rentra dans sa cabine. Ce qui arracha Morgan à son travail pour avoir des nouvelles.

-Alors ça donne quoi ?

-Eh bien nous avons dérivé de quelques kilomètres de notre route, mais avec toute voiles dehors on peut arriver à temps. Enfin je l’espère.

-Je vois. Oui espérons-le.

-Tu fais quoi ?

-Je regarde s’il ne manque rien à la transcription. On ne sait jamais. Il ne faudrait pas passer à côté de quelque chose, surtout qu’on arrive à la fin.

-Ah oui ?

-Oui le cryptogramme est clair là-dessus. Mais avant de me prononcer j’attends de voir si on y sera à temps et si tout est correct.

-Oui je comprends.

-Dis-moi. J’aurais un service à te demander.

-Tout dépend ce que c’est.

-Tu vois Marin, l’esclave si on peut dire de ton second ?

-Le blondinet aux cheveux longs ?

-Oui. Je lui ai fait une promesse et j’aimerais la respecter.

-Qui est ?

-Je lui ai promis de le sortir de là. Des griffes de ton second entre autres. Alors une fois mon travail terminé j’aimerais que ta promesse s’applique à lui également.

-Tu cherches à le sauver, n’est-ce pas ?

-Oui. Ai-je ton accord William ?

-Je ferais mon possible.

-Merci William.

-Maintenant va dehors.

Morgan se figea, ne comprenant pas, et leva le regard vers lui alors qu’il était prêt à se rasseoir. Il ne comprenait pas pourquoi il avait dit cela.

-Ne me fais pas ce regard-là, tu m’as bien entendu. Va prendre l’air. Cela te fera du bien et t’aidera à mieux travailler. Il faut que tu sois attentif à tout maintenant, alors je veux que tu
sois frais.

-Pour de vrai ? Je peux sortir ?

-Si tu me promets de ne pas passer par-dessus bord.

-Oui, mais ça commence à faire beaucoup de promesses.

Les deux hommes sourirent ensemble, même si celui du capitaine était léger par rapport à celui du plus jeune. Ils sortirent ensemble et le brun lui dit d’y aller, mais qu'il le surveillerait tout de même de là-haut, en lui montrant la barre. Le châtain acquiesça et partit sur le pont tandis que le noiraud montait à la barre avec Christian. Morgan trouva rapidement
son ami Marin regardant l’océan et le rejoignit.

-Salut Marin. Comment vas-tu ?

-Morgan ? Mais qu’est-ce que tu fais là ?

-Chut. Ne cries pas comme ça. J’ai le droit de sortir.

-Le capitaine t’y autorise ? C’est vrai ?

-Oui mais il me surveille de là-haut. Je lui ai également promis de ne pas passer par-dessus bord pour m’échapper. Il ne veut vraiment pas que je m’envole.

-Oh je vois. Mais c’est normal, tu es important avec ton savoir sur les cryptogrammes et les étoiles.

-Oui, c’est sûrement ça. Tu sais, j’ai parlé de notre promesse au capitaine et il est d’accord. Enfin, il fera tout pour que tu puisses partir avec moi.

-Vraiment ?

-Oui et on a grandement avancé sur le cryptogramme, il est terminé.

-Mais c’est super ça !

-Oui ! Mais on n'en a pas encore fini, tu vas devoir attendre encore un peu avant d’avoir ta liberté totale. D’ailleurs c’est ironique, on est sur le Liberty et nous ne sommes pas vraiment libres.

-Il n'y a pas que nous, crois-moi…

Avait-il murmuré.

-Tu as dit quoi ?

-Non, rien.

-Morgan ! Ta pause est terminée, on rentre.

-Oui…Tout de suite.

Il dit au revoir à Marin d’un signe de main et celui-ci baissa la tête tristement. Une fois le capitaine et le châtain rentrés son regard fut attiré par Christian à la barre. Celui-ci avait des
yeux accusateurs et il savait très bien ce que cela voulait dire. Pour ne pas le contrarier plus il retourna à ses tâches. Alors le Liberty fit voile vers l’île souhaitée par tous, quoique plus pour certains que pour d’autres.

Ce soir-là Morgan se coucha pensif, il ne savait pas s’ils allaient arriver à temps. William arriva, retira son artillerie afin de se coucher à son tour. Chacun leur tour, ils évoquèrent les doutes parcourant leurs pensées et espérèrent qu’ils se trompaient, que tout se passerait à merveille sur cette île. C’est sur cette pensée que le brun souffla la bougie sur sa table de chevet, plongeant la cabine dans le noir, permettant au deux hommes de dormir paisiblement.

Le lendemain, alors que l’horizon était tout juste éclairé par le soleil annonçant un nouveau jour, un homme entra sans prévenir dans la cabine du capitaine encore silencieuse. William, qui fut surprit de cela, eut comme premier réflexe de prendre son épée posée à côté de son lit pour la diriger vers l’homme l’ayant perturbé. Celui-ci se figea en voyant l’arme arriver près de son visage et n’osa plus bouger avant que le brun ne parle, les cheveux quelque peu dérangés.

-C’est quoi ça ? Qu’est-ce que tu fais là ?

-Je…je…

-Parle à la fin !

-Terre capitaine. Droit devant !

-Oh je vois. Tu ne dois pas être là depuis assez longtemps pour savoir qu’il ne faut pas me déranger et FRAPPER avant d’entrer si c’est vraiment important ! Compris ?

-Oui capitaine. Pardon capitaine.

-File !

Il partit sans demander son reste. Morgan avait été réveillé par la voix forte de William criant sur son matelot et n’avait pas voulu intervenir, ayant vu dans les yeux du brun ce reflet noir qu’il ne connaissait que trop bien. William rangea son épée et poussa le jeune pour qu’il sorte de son lit afin de s’habiller. Une fois cela fait pour les deux hommes, ils sortirent et montèrent à la barre, d'où ils pouvaient voir bien loin droit devant eu. Il y avait de la brume mais on pouvait vaguement apercevoir une forme derrière celle-ci mais rien de bien précis. Cependant ils savaient que l’île était bien là, car des oiseaux volaient dans le ciel, annonçant et trahissant à la fois la présence de la terre. Bien que celle-ci semblait en tout point coupée du monde par cette barrière de brume éphémère. Bien que charmé par le paysage, le capitaine demanda combien de temps allaient-ilsmettre à accoster. Son matelot lui répondit qu’il leur faudrait quelques heures pour effectuer l’amarrage du Liberty.

-Parfait, cela nous laissera du temps pour trouver la mort.

-Je vous demande pardon ?

-Ne t’inquiète pas matelot. Tu ne mourras pas aujourd’hui. Sauf si tu fais quelque chose qui me contrarie.

-O-oui compris…capitaine.

-Parfait. Morgan, on rentre. Fais en sorte que tout soit prêt.

-Tout de suite.

Les deux hommes rentrèrent et durant le temps de l’amarrage, Morgan relisait une toute dernière fois le cryptogramme afin de savoir où aller et ce qu’il fallait faire. Ainsi que la
suite des événements. William s’approcha de lui et lui demanda l’endroit exact où ils devaient se rendre. Le châtain essaya tout d’abord de faire un croquis de l’île, mais le dessin n’était pas son fort. Une fois terminé et bien grossi sur la feuille, il montra la partie est de l’île. Le plus jeune dit que là où il y avait un arrondi, il y avait aussi une élévation en pierre. D’après la Buse c’est là qu’ils devaient se rendre. William acquiesça et fit en sorte d’accoster non loin de là. Pendant ce temps Morgan ramassa ses feuilles et rangea le bureau du capitaine brisé. Il savait que tout allait bientôt se terminer. Cependant il sentait en lui que cette attirance pour la mer était encore plus forte qu’avant, quand il était sur chez lui, dans la maison où il avait grandi. Ressentirait-il cela de nouveau une fois rentré ?

-Morgan, tu es prêt ?

Ceci réveilla l’endormi qui regarda son interlocuteur. Plus précisément ses yeux gris couleur tempête.

-Tu as fini de me regarder ainsi, comme si tu ne comprenais pas ? On est arrivé alors conduit nous vers la mort.

-C’est macabre.

-Pourquoi tout le monde dit ça ? C’est la vérité non ?

-C’est vrai. Allons là où la mort regarde.

Beaucoup d’hommes descendirent à terre, ce qui surprit le châtain. Toutefois il les guida tous dans la direction souhaitée avec l’aide de William, supervisant l’opération. Les
paysages aperçus sur le chemin étaient magnifiques voire époustouflants. Dommage qu’ils ne puissent en profiter plus que ça, pensa Morgan. Ils continuèrent leur chemin qui montait plus haut, encore et encore par des chemins tumultueux et rocailleux. Ils arrivèrent sur une plateforme rocailleuse, la plus élevée de la région.

- Bien, nous ne pouvons pas aller plus haut. Donc où est la mort ?

-Je ne sais pas. Il n'y a aucun indice dans le cryptogramme là-dessus.

-Je vois…on va devoir chercher.

Le brun donna des directives à ses matelots, qui se mirent à chercher ce que La Buse appelait la mort. Morgan regarda le ciel et le soleil.

-Il t’arrive quoi Morgan ?

-Je regarde combien de temps il nous reste avant le crépuscule et l’arrivée des étoiles. Grâce à elles, l’outil nous révélera où aller.

-Et il nous reste combien de temps ?

-Une heure tout au plus.

-On doit trouver vite.

A force de chercher, le temps passa et personne n'avait trouvé la mort en question. La tension montait en voyant les toutes premières étoiles dans le ciel. Tout semblait perdu quand
Morgan entendit la voix de William.

-Morgan vient voir ça.

-J’arrive.

Celui-ci arriva en courant vers lui et regarda ce que le capitaine lui montra dans la pierre. C’était comme un oeil gravé dedans.

-Mais oui bien sûr !

-Qu’est-ce qu’il y a ?

-C’est une tête de mort qu’on cherche. Il faut dégager la végétation.

Avec l’aide des matelots, la végétation fut vite dégagée et comme l’avait dit Morgan juste avant, il s’agissait bel et bien d’une énorme tête de mort gravée dans la pierre et ayant à la place du nez une simple fente. Le châtain s’agenouilla et la toucha, puis la pierre se mit à bouger. Elle pouvait tourner pour être dirigée vers les étoiles.

-Bien, maintenant qu’on l’a trouvée, il ne nous manque plus que les étoiles.

C’est seulement quelques minutes plus tard qu’elles apparurent dans le ciel. Lecapitaine ordonna à ses hommes d’obéir à Morgan afin de diriger la tête dans l’angle prévu. Le châtain posa alors l’outil dans la fente et se coucha sur le sol pour regarder à travers la lunette. Il dut demander de la décaler un peu vers la droite jusqu’à ce qu'il leur dise stop. Une fois que celui-ci retentit les matelots s’arrêtent. Les étoiles étaient parfaitement alignées puis le jeune ne comprit pas ce qu'il se passait. Les dessins changèrent. C’était comme s'il avançait sur la mer. Il se voyait dépasser une île à gauche, puis une autre apparut en face et il s’arrêta net. Tout ça grâce au rayonnement des étoiles.

-Que vois-tu Morgan ?

-La direction à suivre.

Il se releva et dit simplement à William :

-Il faut aller tout droit. Il y aura une île sur notre route un peu plus à gauche, mais ce n’est pas elle qui nous intéresse. C’est une toute petite île qui se trouve tout droit.

-Donc la deuxième île dans cette direction ?

-Oui. Cet outil est vraiment remarquable, un vrai bijou même si ce ne sont que plusieurs lentilles qui se révèlent quand des points bien précis sont éclairés.

-Je ne comprends pas ce que tu racontes-là

-Oh oui pardon je m’emporte.

Il sortit alors un petit carnet où il écrivit ce qu’il avait vu. Il y avait déjà noté toutes les technologies de La Buse et bien d’autres choses depuis le début de cette aventure.

-Tu notes vraiment tout ?

-Oui comme ça je n’oublie pas.

-C’est un bon stratagème.

Le capitaine se mit un peu plus haut avec Morgan et son second afin de parler à son équipage. Mais pour que ce soit plus compréhensible ce fut le châtain qui prit la parole,
connaissant tout du cryptogramme.

-Alors euh…tout le monde excusez-moi ! A partir de maintenant nous allons voguer dans cette direction, où se trouvent deux îles. La première se trouve à gauche et ne nous intéresse
pas mais la deuxième oui, car c’est là que nous allons. Elle est petite et de ce que je me souviens elle n’est pas recensée, du moins sur les cartes à bord du Liberty.

-Qui nous dit que tu ne nous racontes pas des salades ?

-Parce que-

-Non mais c’est vrai, la première fois tu nous a conduit tout droit à la mort au tombeau !

-Mais je-

-La ferme Mordore ! C’est aussi grâce à lui que tes grosses fesses et toi êtes en vie. Moi j’ai confiance et je suis le capitaine donc tu me dois obéissance.

Le matelot se tut face au regard noir qui le surplombait et William redonna la parole au plus jeune.

-Merci…Alors je disais. Sur cette île dans une crique un peu enfoncée et inaccessible en bateau, il faudra trouver un arbre pleureur, sûrement un saule pleureur qui est un arbre de la famille des Salicaceae.

-Morgan…

-Oui, pardon.

-A cet arbre il y aura sûrement à ses racines une serrure ouvrant une grotte derrière lui.

-Et on fait comment pour ouvrir la serrure sans clé ?

-Bonne question. Sachez que nous avons la clé. D’après la Buse, son cercle doré est la clé. Il me suffira de l’insérer et de tourner pour ouvrir.

-Et c’est tout ?

Demanda Christian dans son dos.

-Eh bien oui, il faudra juste suivre Sirius dans la grotte mais ce sera c’est un jeu d’enfant. C’est sûrement pour éviter les pièges.

-Parfait.

Dit la même voix avant qu’en une fraction de seconde des dizaines de lame se tendent vers lui et le capitaine, tout aussi surprit et dans l’incompréhension totale. Que leur arrivait-il à cet instant ?

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