Chapitre 19 : Aller de l'avant

Les jours passaient lentement dans l’antre secrète du chasseur. Les dialogues entre les membres de l'équipage du Vautour étaient occasionnels et courts, teintés de platitudes et d’inutilité. Orn était le moins bavard d’entre tous, alternant entre sommeil troublé et réflexions internes et sombres. Chaque matin, il changeait ses pansements, vérifiant avec minutie l’évolution de sa blessure. Son casque avait pris la majorité du coup de feu, ne laissant au Twi’lek qu’une balafre superficielle bien que voyante. La symétrie de ses taches blanches de vitiligo était cassée par les nouvelles zones de dépigmentation qui se développaient doucement autour de la blessure, marquant davantage ce trait qui barrait violemment son visage. Quelques fois, Twik assistait son co-pilote dans cette guérison, lui donnant des bandages propres, mais lui aussi restait silencieux.

Le droïde savait que ses commentaires et ses remarques acerbes ne seraient pas suffisantes pour distraire Orn, et il se contentait donc de quelques reproches bienveillants lorsqu’il s’apercevait que le Twi’lek n’avaient pas changé son pansement ou n’avait pas assez mangé. Ce comportement protecteur avait surpris Nasha, qui voyait les deux mercenaires dans une ambiance entièrement différente de celle de leurs voyages, et elle fut une nouvelle fois frappée par le lien existant entre ses amis. Si Twik n’en donnait pas l’impression, il était en réalité très attentif, et gardait toujours un œil inquiet sur Orn. Le droïde réfléchissait toujours avant de parler, adaptant sa langue acerbe à l’humeur du chasseur. Lorsque ce dernier avait été témoin de la destruction d’Alderaan, Twik l’avait distrait, ce qu’il faisait toujours quand il sentait que son co-pilote avait besoin de se changer les idées. Seulement, le robot pouvait très clairement voir que Orn n’avait pas besoin de distractions, ni qu'il avait l’envie de se distraire.

Le chasseur n’avait qu’un objectif en tête : accepter la réalité et la comprendre véritablement. Le Twi’lek tentait du mieux qu’il le pouvait de suivre cet objectif, mais il s’y prenait maladroitement, laissant ses remords et ses idées noires prendre facilement le dessus. Seulement, pour échapper à ces pensées et ces regrets, Orn se forçait à dormir, bien que le sommeil fût difficile à trouver et à garder. Dans ses rêves, qui n’étaient que des fragments d’un passé partagé avec sa sœur, il revoyait le Temple de Coruscant et les Sentinelles qui se battaient désespérément contre les Clones. Il apercevait encore les soldats en uniformes blancs ornés de symboles colorés s’arrêter de courir aux côtés de leurs supérieurs, ouvrant le feu sans hésiter sur ceux en qui ils avaient placé toute leur confiance. Orn entendait toujours les cris de désespoir de Taano, qui observait, impuissante, ses amis tuer son Maître qui avait été comme une mère pour elle.

Quelques fois, lorsqu’il était en proie à ces visions cruelles qui pouvaient se faire violentes, il pouvait sentir le poids du corps de sa sœur qu’il avait tenu dans ses bras, peu de temps après le massacre des Novices qui avait succédé à celui de Taano. Trop souvent, Orn se réveillait en panique, pour trouver un faible réconfort dans les bras de Nasha, qui veillait aussi sur lui. Malgré la tendresse de son équipage, le chasseur gardait résolument le silence, sachant qu’il n’avait pas la force d’exprimer tout son mal-être à ses amis. Il sentait leur inquiétude, et bien qu’il en fût reconnaissant, il se prit à confondre cette préoccupation avec de la pitié, se murant dans un silence sombre lorsqu’il croyait en voir l’éclat dans les yeux de ses deux compagnons. 

 

Quelques jours après leur arrivée dans la grotte, Orn s’était enfin décidé à enlever son armure, qu’il ne quittait presque jamais. Cette dernière ne lui était de toute façon plus utile, puisque le Twi’lek voulait d’abord que sa balafre cicatrise entièrement avant de sortir de sa cachette. Il l’avait donc enlevée avec mauvaise grâce, peu habitué à être sans son armure. Néanmoins, il devait admettre qu’il était plus à l’aise dans des vêtements amples que dans cet uniforme noir, se sentant plus léger et moins en alerte. Le chasseur n’aimait cependant pas avoir les bras à découvert, ayant trop conscience de ses nombreuses cicatrices pour supporter la sensation pourtant fausse du regard de son équipage. Ces anciennes blessures portaient elles des souvenirs qu’il avait vainement tenté d’oublier, s’en retrouvant encore moins agréables pour lui. Certaines lui venaient de l’embuscade tendue par Fett, et toutes étaient presque de la même nature : les combats durant ses missions.

Certes, son armure l’avait protégé en majorité, mais elle ne suffisait pas pour le protéger d’un bâtiment tombant sur lui ou d’une chute de plusieurs mètres. Des lames aussi affûtées que ses poignards avaient aussi réussi à percer sa protection, et les courses de modules de son enfance n’avaient pas été sans risque. Les cicatrices survenues lors de ces dangereuses compétitions étaient les seuls que le chasseur avait réussi à embrasser totalement, car elles témoignaient de ses talents de pilote, bien qu’il eût conscience de ne pas être le plus adroit - même si le Twi’lek ne l’admettrait jamais, Han Solo était un bien meilleur pilote que lui. Mais Orn avait d’autres cicatrices qui, bien que supportables, le rendait honteux, et lui rappelait qu’il n’était pas aussi fort ou aussi courageux qu’il aurait aimé l’être. Nasha avait d’ailleurs remarqué ces anciennes blessures, frappée par la taille des taches blanches sur les poignets de son ami. Elle y avait aperçu plusieurs entailles fines et profondes, comprenant aussitôt que ce n’étaient pas des balafres accidentelles. Néanmoins, elle gardait cette découverte pour elle-même, ne voulant pas déranger le chasseur avec des commentaires inutiles et déplacés.

Cette dernière occupait son temps libre comme elle le pouvait. Nasha, les premiers jours, était partie explorer la cave, étonnée par sa grandeur inattendue. Le lit posé au fond de l’antre cachait en réalité une prolongation étroite et fine de la grotte, qui se terminait sur un petit ruisseau qui coulait doucement de la pierre. C’était une sorte d’oasis miniature dont l’eau était limpide et rafraîchissante, et Nasha s’y aventurait chaque matin pour se laver le visage, savourant cette sensation de pureté et de douceur. La Twi’lek profitait également de ses heures perdues pour améliorer son gadget, en y ajoutant différentes fonctions et améliorant sa précision et sa base de données. Intriguée par ce qu’avait découvert Orn sur Dark Vador, Nasha avait tenté de se renseigner sur le Seigneur Sith, cherchant des indices de ses actions passées en se connectant à des réseaux impériaux. Si elle avait réussi à obtenir des informations sur les Inquisiteurs qui avaient aidé le bras droit de l’Empereur dans sa chasse aux Jedi, apprenant que l’Empire était bien plus cruel qu’elle ne croyait, la Twi’lek n'appris rien qu’elle ne savait déjà sur Vador.

Tout ce qui concernait le Seigneur Sith, son passé, sa famille et son histoire, étaient entièrement hors d’accès, protégés par des programmes bien trop performants pour quelqu’un de Tatooine sans éducation poussée. Cette collecte d’informations lui avait pris plusieurs semaines, où elle était restée penchée sur son gadget, et récoltant une douleur au cou, qui se fit rapidement oublier. À côtés de ces recherches, Nasha avait travaillé sur son électriseur, qui n’était qu’à l’origine un fil électrique dont elle avait oublié l’utilité. En l’améliorant et en piquant quelques outils sur l’établi du chasseur, elle construisit une sorte de gant électrique pouvant générer un courant assez puissant pour étourdir un être adulte. Bien sûr, elle devrait le modifier régulièrement, mais cette arme de défense, bien que précaire, satisfaisait déjà la Twi’lek et impressionnait les deux mercenaires. Fière de sa création, elle était allée la montrer une fois finie à son ami, son habituel sourire espiègle ornant son beau visage, et sa main droite adornant le gant noir et cuivre qu’elle venait de créer.

"Orn, regarde ça ! Je vais pouvoir court-circuiter Twik sans problème !" avait-elle dit en riant, faisant jaillir une petite étincelle en serrant puis ouvrant le point.

Le chasseur avait ri tout en admirant l’œuvre de son amie, surpris une nouvelle fois par ses talents si incroyables, tandis que le droïde s’était doucement tourné vers les deux Twi’leks, s'assurant avoir bien entendu.

"Dis, cher co-pilote… Je n’ai rien dit lorsque tu as ramené cette forme de vie pathétique dans notre vaisseau, mais cette créature devrait apprendre le respect avant qu’elle comprenne que ma programmation de base n’est pas entièrement effacée," avait rétorqué le robot, en ignorant délibérément Nasha.

La Twi’lek avait ri puis promis à Twik de résister à la tentation de tester son œuvre sur lui. Ce dernier avait grommelé une menace, affirmant rester toujours sur le qui-vive, car il ne pouvait faire confiance à une technicienne. Orn avait ensuite demandé à Nasha de lui expliquer comment elle s’y était prise pour créer cette arme défensive, ce qu’elle fit à cœur joie, toujours heureuse de pouvoir partager sa passion. Si le chasseur avait eu du mal à comprendre, il avait assez de connaissance pour visualiser les manipulations complexes que son amie avait réalisées. Les deux mercenaires, déjà surpris par cette création inhabituelle et ingénieuse, furent également étonnés lorsque la Twi’lek, après avoir demandé l’accord du chasseur, se mit à modifier un casque de Mandalorien pour pouvoir le porter. Nasha avait expliqué vouloir retourner à Mos Espa pour sortir de temps en temps, mais elle jugeait plus prudent de cacher l’entièreté de son visage.

En voyant son amie se démener en apportant différentes modifications à ce casque, Orn se rappela ses premières années en tant que chasseur de primes, où lui-même avait modifié son propre casque, appartenant à l’origine à un Clone de la 501e Légion. Tout comme le Twi’lek avant elle, Nasha créa un trou à l’arrière du casque pour permettre à ses lekkus - les excroissances typiques de son espèce, placées au dos de la tête- et le chasseur, ayant enfin des réminiscences de souvenirs agréables, se laissa gagner par une humeur légère et sortit de son habituel silence maussade pour aider son amie. Cette dernière était heureuse de voir enfin Orn bouger et sortir de sa bulle, et demandait son aide même lorsqu’elle n’avait pas besoin pour lui changer les idées. Une fois le casque adapté à sa morphologie, Nasha continua à le modifier avec de la peinture turquoise et noire, imitant les marques mystérieuses portées par les Frères de la Nuit de Dathomir. Peindre le casque pour lui donner une nouvelle apparence lui prit plusieurs jours, mais la Twi’lek fut rapidement satisfaite du résultat et s’empara d’une vieille armure dans la collection de son ami pour se construire une vraie tenue de Mandalorien. Manipulant avec la même adresse les coups de pinceaux, une semaine suffit à Nasha pour finir entièrement cette armure qui lui permettrait d’entrer à Mos Espa sans craindre d’être reconnue. Orn fut impressionné par le travail de la Twi’lek, qui, lorsqu’elle mettait l’armure, avait l’apparence d’une vraie Mandalorienne avec son armure turquoise et marquée de symboles noirs.

Avec cette nouvelle armure, Nasha pouvait enfin retourner dans les villes de Tatooine sans risquer sa sécurité, ce qu’elle fit, et régulièrement. Chaque jour ou presque, La Twi’lek quittait la grotte pour rejoindre Mos Espa, passant certaines fois par Mos Eisley. Si elle prétendait vouloir simplement prendre l’air et circuler librement dans les villes pour la première fois de sa vie, n’ayant pu le faire lorsqu’elle avait été esclave, le chasseur savait, ou ressentait, que ce n’était pas l’unique raison de ses visites régulières. Il n’en fit cependant rien, ne voulant pas confronter son amie et estimant qu’il n’avait pas à savoir les moindres détails de la vie de Nasha. Orn se contentait simplement de demander à la Twi’lek de faire attention et de rester prudente, ce qu’elle lui avait promis. Nasha avait bien conscience que Taar-Y la cherchait, et même si elle savait ne pas encore avoir de prime sur sa tête, les hommes de main du gérant de la Cantina étaient sûrement à sa recherche également, ayant probablement une récompense à la clé s’ils retrouvaient la Twi’lek. Nasha évitait donc les endroits qu’elle savait fréquentés par les clients réguliers de Taar-Y, n’ayant de toute façon qu’une destination précise en tête.

Ce lieu qu’elle visitait régulièrement était discret et peu peuplé, protégé des témoins indésirables, lui donnant ainsi une protection rendue presque parfaite avec son armure Mandalorienne. Si elle n’en parlait pas au reste de l’équipage, ses rendez-vous presque quotidiens se déroulaient en réalité dans une petite base Rebelle près de Mos Espa, où elle aidait les membres de la Rébellion à améliorer leur matériel et leurs speeders, des petits véhicules fins et rapides. Si les Rebelles de la planète-désert avaient été d’abord méfiants et ne lui avaient donné que peu d’informations, Nasha se prouva rapidement utile et digne de confiance. Ainsi, elle apprit que ces insurgés étaient des Fulcrum, agents Rebelles chargés de récolter des informations et de trouver de nouvelles recrues. Bien que la Twi’lek souhaitait les rejoindre pour enfin prendre part à cette Guerre Civile Galactique de manière significative, elle se borna à seulement assister les Fulcrum en améliorant réparant leur arsenal. Nasha ne voulait pas rejoindre la Rébellion alors que son ami n’allait pas bien et avait besoin de son équipage pour réussir à sortir de cette mauvaise passe. La Twi’lek était loyale avant tout, et ne supporterait pas laisser son ami seul dans un tel état.

Cependant, Nasha voulait que Orn aille mieux, non pour qu’elle puisse enfin rejoindre les Rebelles, mais pour lui-même. Si les quelques jours où elle avait passé son temps à construire son armure avait permis au chasseur de se changer quelque peu les idées, il était rapidement retourné dans sa triste routine habituelle, passant plusieurs heures à fixer le sol de sa grotte. Il n’arrivait pas à accepter qu’il eût admiré et respecté celui qui avait tué sa sœur, servant son intérêt au nom de l’argent et de sa survie. Plus que les mensonges de l’Empire, ses actions lui pesaient, le forçant brutalement à ouvrir ses yeux sur les horreurs qu’il avait perpétué ou permis de perpétuer. Il se mit à penser à Alderaan, cette planète détruite seulement pour sa connexion avec l’Alliance Rebelle. Orn se rappela avoir accepté sans hésiter de capturer le roi de cette planète, haïssant ce dernier à cause de son amitié connue pour les membres de l’Ordre Jedi. Cependant, le chasseur comprenait maintenant que le roi Organa était une victime de l’Empire, ayant lui aussi perdu ceux qu’il aimait pendant la Grande Purge. Orn s’était attaqué aux mauvaises personnes depuis le début, ayant laissé sa haine assombrir son jugement et avalant sans broncher les mensonges de l’Empereur.

Il se mit à espérer avoir tort sur la Rébellion qu’il pensait inutile. Il était vrai que cette organisation était dirigée par une jeune femme qui n’avait que la vingtaine et que tous les espoirs des Rebelles reposaient sur les épaules d’un jeune inconscient, mais le Twi’lek devait admettre que la Rébellion avait déjà affaibli grandement l’Empire en détruisant l’Étoile Noire. Certes, les répercussions de cette mémorable victoire avaient tué bon nombre de Rebelles, mais le chasseur espérait qu’ils n’avaient pas dit leur dernier mot. Il sourit faiblement à cette pensée. Jamais il n’aurait cru, quelques semaines avant, vouloir la chute de l’Empire, mais voilà que maintenant, connaissant la sombre réalité, il se mettait à rêver d’un retour à un Sénat Galactique. Pourtant, il ne voulait toujours pas rejoindre les Rebelles. Il ne pouvait pas abandonner toutes ses convictions en si peu de temps. Et Orn savait que le Sénat et ses gardiens, les Jedi, n’étaient pas non plus innocents.

Après tout, l’Ordre des Jedi avait enlevé Taano de sa famille peu de temps après sa naissance, séparant les jumeaux malgré leur lien déjà puissant, favorisé par la Force qu’ils ressentaient tous deux. Orn savait aussi que le Sénat pouvait se montrer passif, laissant des peuples entiers souffrirent de la famine et des actions des Séparatistes. Pourtant, ils étaient préférables à un Empire qui détruisait des planètes et pointait du doigt leurs victimes en les appelant "traîtres". Et le chasseur savait qu’il devait répondre de ses actions cruelles qui s’étaient révélées injustifiées. C’était justement parce qu’il savait tout cela, parce qu’il connaissait la vérité, qu’il se devait d’agir et de retirer à l’Empire un de ses plus grands atouts, le Chasseur Impérial, et le retourner contre lui. Seulement, renoncer à son titre mettait déjà le Twi’lek en grand danger et était un acte d’un courage qu’il ne se connaissait pas. Faire plus que cela et agir ouvertement contre l’Empereur effrayait Orn, même s’il savait que, un jour ou l’autre, il allait devoir choisir un camp bien précis. Il ne pouvait pas rester neutre dans ce conflit aussi important, surtout avec ses connaissances, mais le courage lui manquait.

La bravoure ne lui était pas innée, et le chasseur n’avait rien de sa sœur ou des Rebelles qui risquaient leur vie pour défendre leur liberté. Il n’avait rien de Nasha, qui n’aimait pas la neutralité et voulait toujours agir pour ses idéaux. Le Twi’lek n’avait jamais défendu ses valeurs et se gardait même d’en avoir pour pouvoir mieux fermer les yeux. Seulement, ses yeux étaient maintenant grand ouverts, forcés d’observer la vérité par une vision qu’il aurait voulu ne jamais voir. La neutralité n’était pas une option pour le chasseur, mais cela ne voulait pas dire qu’il ne devait pas réfléchir et prendre son temps pour enfin décider de ses actions prochaines. Et du temps, il s’en offrait, assis silencieusement dans cette cachette en attendant de guérir et de réparer son casque.

 

Au fur et à mesure que les semaines passaient, Nasha perdait de plus en plus patience, désespérant en voyant que son ami ne touchait pas à son casque et broyait continuellement du noir, submergé par ses pensées et par ce qu’il devait faire. Elle savait qu'accepter une vérité cachée depuis si longtemps et pourtant si proche de soi était dure à accepter et à réaliser, mais la Twi’lek savait également que baisser les bras et rester enfermé dans ses pensées n’était pas la solution. Elle aussi, lors de son esclavage, avait été en proie à des prises de conscience cruelles et avait dû combattre ses idées noires, et elle comprenait Orn. C’était justement pour cela que Nasha ne pouvait pas le laisser se morfondre et se lancer dans des réflexions qui ne faisaient que l’enfermer dans une spirale sombre et infinie. Alors elle commença à chercher des solutions, des personnes ou quelques paroles qui pourraient arracher son ami à sa torpeur lancinante. Cependant, la Twi’lek devait admettre qu’elle n’avait que peu d’idées, ne sachant réellement ce qu’elle devait faire pour aider le chasseur.

Elle avait d’abord pensé à Xyrr, la vendeuse étrange et aimable qui les avait aidés lorsque Orn et Nasha avaient quitté la Cantina de Taar-Y, mais elle s’était ravisée, sachant que les deux n’étaient pas très proches. La Twi’lek continua donc ses visites chez les Rebelles tout en traînant dans Mos Espa pour tenter de trouver des idées qui pourraient l’aider. Et, en se baladant à travers les nombreuses rues de la ville jaunâtre et peuplée, revêtant son armure pour cacher son visage, elle l’aperçut. Elle s’arrêta nette, d’abord surprise par sa présence, puis se mit à le suivre discrètement, élaborant avec précaution l’esquisse d’un plan pour aider Orn. Celui qu’elle suivait ne semblait pas l’avoir remarquée, ou faisant semblant, continuant son chemin l’air de rien, n’ayant pas besoin de jouer des coudes dans l’allée peuplée grâce à sa réputation. Il se dirigea vers une autre rue que la Twi’lek ne connaissait pas, qui était plus vide et moins bruyante que les autres auxquelles elle était habituée. Nasha lui emboîta discrètement le pas, mais, d’un coup, elle se retrouva plaquée contre un mur, un blaster pointé contre sa tempe. Elle grogna sous l’effet de la surprise et plaça sa main gantée sur le bras lui serrant le cou, prête à se défendre au besoin.

"Pourquoi me suis-tu ?" demanda l’homme en casque vert d’un ton menaçant.

La Twi’lek ne répondit pas immédiatement, jugeant d’abord son attaquant pour choisir avec soin ses mots. Elle devait être maligne et trouver les bonnes phrases, afin d’atteindre l’homme casqué immédiatement. Il l’avait déjà surprise en la prenant d’assaut ainsi, mais Nasha avait pris cette possibilité en compte, et ne laissa rien transparaître de sa petite peur tapie au fond de son cœur.

"Parce que je connais un Twi’lek Léthan, Fett," répondit-elle simplement, restant vague pour assurer sa sécurité si jamais le Mandalorien n’avait pas compris à qui elle faisait référence.

Les Twi’leks Léthans étaient les membres de cette espèce qui possédaient la peau rouge, et Fett baissa légèrement sa garde, sachant parfaitement de quel Twi’lek Nasha parlait. Il observa avec précaution son interlocutrice, et aperçut sa peau violette et pâle. Derrière son casque, ses yeux se tintèrent d’espoir.

"Nash'Amersu ?"

La concernée acquiesça, et le Mandalorien relâcha entièrement son emprise sur la Twi’lek, qui laissa s’échapper un faible soupir de soulagement. Elle sentait l’intrigue et l’inquiétude qui émanaient de Fett, et fut confortée dans sa décision. Alors que Nasha s’apprêtait à l’informer de son plan, il la devança, lui coupant presque la parole

"Est-ce qu’il va bien ? Je ne vous ai pas vu repartir de la Cité des Nuages…

— Ce serait plus simple que tu viennes avec moi.

— Nasha… Je ne crois pas qu’il ait envie de me voir," fit le Mandalorien avec une pointe de suspicion.

La Twi’lek hocha la tête, puis commença à se diriger vers la sortie de Mos Espa, forçant Fett à la suivre.

"Non, c’est vrai. Mais il ne peut pas continuer à vivre ainsi, en ne tournant pas la page. Te parler peut l’aider, même s’il ne l’admettrait jamais," expliqua-t-elle tout en marchant, ne laissant pas le temps à Fett de répliquer.

Bien que le Mandalorien ne voulait pas forcer son collègue, il continuait à suivre Nasha, intrigué mais surtout inquiet. Elle ne lui avait donné aucune information sur le chasseur, et la sensation que quelque chose de grave était arrivé serra son cœur. Si la Twi'lek pensait qu'il pouvait aider celui qu'il avait trahi, alors Fett devait faire tout en son pouvoir pour soutenir Orn, même si ce dernier ne voulait ni le voir ni l'entendre. Les deux individus casqués sortirent de la ville rapidement, puis se dirigèrent vers l’antre du chasseur, que Fett connaissait déjà, ne surprenant pas la Twi’lek.

Nasha espérait sincèrement que confronter le Mandalorien allait aider son ami à mettre une partie de son passé de côté, et lui permettre de mieux affronter le futur qui s’avérait être semé d’embûches et de décisions difficiles. Cependant, si Orn ne voulait pas parler à Fett, elle n’allait pas le forcer, et respectait entièrement son choix, quel qu’il fût. Arrivant enfin à la grotte, Nasha entra en première, enleva son casque et esquissa un faible sourire embarrassé au chasseur, qui la regarda avec un air méfiant, sentant que quelque chose n'était pas normal. Ses yeux se firent ronds lorsqu’il aperçut le Mandalorien. Il tenta de dire quelques mots, en vain, submergé par la surprise et ses émotions soudaines et confuses. Après quelques secondes, il réussit enfin à parler, réussissant finalement à articuler une question simple et efficace, qui exprimait sa pensée principale.

"Qu’est-ce qu’il fait ici, lui ?"

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SinnaraAstaroth
Posté le 19/05/2024
Oh, non, pas Fett ! Elle est gentille Nasha, mais emmener ce mec pas très digne confiance dans leur cachette, je le sens pas trop.

Orn est toujours dans le tourment, après ça se comprend, mais on voit qu'au fil de ses pensées, il commence à réaliser ce qu'il doit vraiment faire.

C'est sympa de voir que Nasha arrive à aider les Rebelles à son échelle tout en restant fidèle à Orn.

Les répliques de Twik me court-circuitent toujours autant et avec Nasha ils forment un duo qui apportent un peu légèreté au milieu de toute cette dépression.

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Deux choses que j'ai relevées :

- les excroissances typiques de son espèce, placées au dos de la tête- : je ne pense pas que ce soit nécessaire de préciser étant qu'on connaît déjà bien les Twi'lek maintenant, si le lecteur a bien suivi normalement il voit bien ce que sont les lekkus.

Cette dernière était heureuse de voir enfin Orn bouger et sortir de sa bulle, et demandait son aide même lorsqu’elle n’avait pas besoin pour lui changer les idées. : et demander
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