Le Black Pearl glisse silencieusement sur les flots, voguant, tranquille et à vive allure sous les chauds alizées. Il file droit au Nord, sur les îles du Cap Vert. Très bientôt, vers l’Ouest, il mettra cap sur les Caraïbes. Plusieurs heures plus tard, en effet, Jack rejoint le pont et Christa sous le soleil de l’après-midi. Elle s’est installée sur le gaillard d’avant, comme elle aime à se poster, le nez au vent. Un coup d’œil sur Gibbs, à la barre, qui lui fait signe que tout va bien, et il peut se consacrer entièrement à sa préoccupation première : séduire la donzelle. Sa patience complètement émoussée, plus rien ne semble retenir son désir de mieux connaître ce trésor de femme qui se trouve à sa portée. Il s’approche d’un pas félin, décidé à mettre tous les atouts de son côté. Tout près d’elle, alors qu’elle ne l’a pas vu arriver, absorbée à regarder l’étrave du Black Pearl fendre l’eau, il écarte d’une tendre main ses longs cheveux noirs tels un rideau dans son dos pour dégager son cou.
- Jamais un être doué d’atouts aussi féminins ne m’a donné autant de motivations à mériter de vous quelques purs enseignements de la chair, lui souffle-t-il de sa voix chaude sur sa nuque.
Surprise de sentir sa main sur elle et son souffle chaud, le cœur de Christa manque un battement. Mais, se ressaisissant très vite, elle sourit légèrement tout en continuant de fixer l’étrave, ses sens en éveil.
- Capitaine, je ne vous attendais pas si tôt, dit-elle le ton badin.
- Je vous ai déjà dit de m’appeler Jack, la corrige-t-il, faussement contrarié.
- Oh ! ..... c’est vrai, se corrige-t-elle, un peu ironique. Nous devons être intimes, c’est ça ?...
- En effet, Trésor, renchérit-il, plus entreprenant. J’attend de vous monts et merveilles. Et je suis sûr, désormais, que vous êtes celle qu’il me faut.
- Vous n’en savez rien du tout !
- Oh, que si !
- Vous bluffez !
- Je suis un pirate, rappelez-vous !
- Vous ne voulez qu’un trésor et c’est tout.
- Et ce trésor, c’est vous qui le détenez, je le sais !
- Et avez-vous idée de ce à quoi ressemble le trésor que vous prétendez me ravir ?
- A vous de me le dire, ma belle. Je suis tout ouïe.
- Et si je ne veux pas ? le défie-t-elle, le menton relevé.
- Ce serait fâcheux !
- Fâcheux pour vous !
- Pour nous deux !
- Vous nous voyez déjà un couple ?
- Mieux que ça !!... Mais, je ne voudrais compromettre nos chances d’emprunter les chemins de la félicité...
- Pour un pirate, vous parlez bien. Mais, nos chances d’emprunter les chemins de la félicité ensemble, comme vous dites, restent encore du domaine de la fiction, mon cher.
Là, elle saisit soudain son poignet droit et le lève à la hauteur de leurs yeux. Au doigt du pirate, la bague de la Fontaine affiche une couleur rouge carmin.
- Vous voyez, ça ? fait-elle, d’un ton affirmé, ça veut dire que vous n’êtes motivé que pour une petite sexualité de bas étage et rien d’autre !
- Peut-on me blâmer pour cela ? s’insurge Jack. Ça fait des semaines que j’ai envie de vous ! lui avoue-t-il. Et puis, elle ment, cette bague. Il ne faut pas la croire, je...
- Ces choses-là ne mentent jamais, Jack, l’interrompt Christa en lui lâchant le poignet. Tout comme votre compas, d’ailleurs.
- Alors, si mon compas ne mentait pas, hier soir, c’est donc bien vous, que je désire le plus !
- Non ! C’est impossible, s’insurge-t-elle, je...
- Aaah ?! Je croyais que ces choses-là ne mentaient pas ? réplique Jack, le doigt levé vers elle.
- Je ... je ... bredouille-t-elle, troublée cherchant quelque chose à répliquer, en vain.
Puis, il approche son visage tout près du sien et se penche un peu.
- Cessez de lutter, Christa, dit-il, la voix radoucie, presque murmurante. Vous êtes prête à tomber dans mes bras et l’heure est à l’Amour.
- C’est vous qui dites ça ? fait-elle, surprise.
- Dit, quoi ?
- ... L’Amour ...
- Oui, j’ai dit l’Amour. Avec un grand A !
- ... c’ ... c’est... venant de vous, c’est ...
- Etonnant, incongru, impossible, oui, ça, vous l’avez déjà dit. Mais, vous vous trompez sur moi, c’est sûr.
Incapable de répondre quoi que ce soit, Christa baisse les yeux. Son cœur bat la chamade. Ses défenses s’effritent. Sa garde est mise à bas. Ses désirs sont mis à jour. Ses sentiments sont bouleversés. D’un doigt sous son menton, il lève son visage vers lui et plonge un regard brun transi dans ses yeux turquoise et or. Tout ce qu’il espérait voir dans son regard est là, offert. L’amour, le désir, l’offrande, la promesse de perspectives bien plus grandes qu’eux. Jack, alors, pose ses lèvres sur les siennes, doucement, goûtant l’instant tant attendu avec une retenue enfiévrée. Sa main caresse tendrement sa joue, puis son cou et ses doigts glissent dans ses cheveux. Il en veut encore. Ses lèvres, plus gourmandes que jamais, s’ouvrent et il goûte de sa langue l’interstice offert par celles de Christa. Rompue, elle s’abandonne. Glissant ses bras autour de son cou, elle lui rend son baiser avec chaleur et fougue. Leurs langues se caressent et se goûtent avec délice. Leurs lèvres ne se lassent pas de se découvrir. De son autre bras, Jack colle son corps contre le sien, caressant la cambrure de ses reins d’une main fébrile. Il voudrait que ça ne finisse jamais.
- TERRE ! TERRE ! crie-t-on du haut du nid-de-pie.
Jack lâche à regret ses lèvres si douces mais pose son bandana contre son front en fermant les yeux. Ne pouvait-il pas se taire, ce singe, sur son perchoir ? Il veut goûter encore et encore. Tant de douces promesses sont là, offertes. Et puis, cette terre pourrait bien être providentielle, qui sait ?... Pourquoi ne pas espérer qu’elle soit le berceau de leurs amours ? Il s’écarte légèrement d’elle sans pour autant lâcher son étreinte et lève la tête vers la mâture.
- Au mouillage ! crie-t-il à la vigie. Et on ravitaille !
Puis, il se tourne de nouveau vers Christa et lui dit :
- Peut-être est-ce notre nid d’amour, Trésor....
- ... Ou notre perte à tous, ajoute-t-elle, consciente des risques.
- C’est la dure loi de la mer, mon ange, complète Jack. Savoir profiter de ce qui nous est donné, là, tout de suite, maintenant... sinon, jamais.
- Je suis d’accord. Profitons tout de suite conclue-t-elle, en posant son visage sur son épaule.
Quelques heures plus tard, alors que le soleil de fin d’après-midi sous le tropique du cancer darde ses rayons obliques, le Black Pearl mouille à quelques encablures d’une très grande plage de sable gris bordée d’une végétation épaisse et verdoyante. En arrière plan, un majestueux volcan conique surmonté d’une coiffe de nuages blancs domine une plaine aride de roches grises. On met à l’eau deux chaloupes et autant d’hommes qu’elles peuvent en contenir.
- Cette île n’a pas l’air très généreuse, maugrée Ragetti en fixant la plage de son seul œil, la mine boudeuse.
- C’est toujours ce que tu dis quand tu vois trois cocotiers qui se courent après, râle Pintel tout en ramant.
- Oh, fermez-là ! soupire Jack dans la même chaloupe. Vous savez très bien que les apparences sont souvent trompeuses.
Ainsi, chacun s’en remet à la providence. Lorsqu’on croise une île en plein océan, on ne fait pas la fine bouche. Et quand on a faim, on prend ce qu’on trouve. On tire les chaloupes à sec. Tous s’égayent sous le couvert végétal à la recherche de quelque fraîcheur à manger. Jack et Christa, quant à eux, s’éloignent le long de la plage vers le sud, là où une quantité de gros rochers termine la course du sable et offre les perspectives d’une tranquille retraite amoureuse. Le lieu est bien plus accueillant qu’ils ne l’espéraient. Une fois les premiers rochers contournés ou escaladés, c’est un merveilleux mini paradis qui s’offre à leurs yeux. Une source d’eau douce, claire et chaude émerge du sol en une mare à demi profonde, entourée d’une rase verdure formant un tendre tapis végétal. Quelques arbustes tordus poussent ça et là, à la base de la roche volcanique, paysageant le lieu naturellement. Le tout est abrité de l’extérieur par de grands rochers gris, permettant ainsi le secret de ce petit éden providentiel.
- Je crois que nous ne pouvions pas trouver mieux, n’est-ce pas ?! s’exclame Jack en admirant l’endroit.
- Il faut avouer, que .... fait Christa, pantoise, sans terminer sa phrase.
Puis, Jack, sans perdre plus de temps, saisit Christa par la taille et l’attire contre lui.
- Où en étions-nous, déjà ? demande-t-il en plongeant ses prunelles sombres bordées de khôl dans le turquoise de celles de sa chère enseignante.
Sans se faire prier, Christa saisit son visage à deux mains et dépose un long baiser langoureux sur ses lèvres.
- Ici, je crois, répond-t-elle, en les lâchant enfin et en lui souriant de ses dents blanches.
Il lui fait alors ce sourire carnassier si spécial d’où émane une foule de sentiments très différents. Désir, triomphe, espérance, emprise, gourmandise, tendresse, envie...
- Je savais que je pouvais compter sur toi, lui dit-il d’une voix chaude.
Puis, il s’éloigne un peu en lui prenant la main pour la garder avec lui et se penche pour aller tremper l’autre main dans l’eau pour tester sa chaleur et sa douceur.
- Elle est faite pour nous, cette eau. Viens ! dit-il en l’entraînant soudain tout habillé pour se baigner.
Il prend à peine le temps de jeter à bas son pistolet et son sabre qu’il la tire vers l’eau. Christa, avec un petit cri de surprise, se laisse entraîner dans le bain chaud à souhait toute habillée aussi. Quelles douces sensations ! A genoux dans l’eau peu profonde, les pans de son sari flottant autour d’eux, ils se laissent glisser l’un contre l’autre en flottant. Trempés jusqu’au cou, ils se goûtent avec délice. Le temps est suspendu. Plus rien ne compte d’autre que d’éprouver cette chaleur intérieure qui chauffe leur ventre. Entamant une sorte de danse amoureuse dans l’eau cristalline, leurs ronds aquatiques les entraînent jusqu’au bord moins profond où Jack s’allonge sur le corps à demi immergé de Christa. Diable, ce qu’elle peut être belle, ses cheveux noirs répandus autour de son visage ! Elle l’observe tendrement, caressant d’un doigt sa tendre moustache et la commissure de ses lèvres, et, de l’autre, explorant son torse par sa chemise ouverte. Jack, d’une main enfiévrée, caresse son flan de la cuisse jusqu’au sein, désirant plus que tout au monde profiter, jusqu’à la mort s’il le faut, de ce moment tant espéré. Avec un fougueux baiser, ils roulent l’un avec l’autre, un peu plus loin, sortant pratiquement de l’eau sur le tapis de verdure poussant entre sable et liquide. Ses jambes emmêlées dans le sari qui s’est déroulé en même temps que leurs ébats, Jack s’emploie alors à se dégager en prenant un plaisir certain à découvrir sous le tissus qu’il déroule les jambes de sa partenaire, puis ses hanches et son brun jardin secret, ensuite son ventre vibrant sous l’émotion et ses seins pommés tendus de désir. Le paradis lui est offert. Il s’allonge contre elle et s’amuse à faire courir ses doigts de sa gorge à son ventre, et remonte encore et encore lui faisant pousser des soupirs de plaisir sous ses paupières clauses. Sa peau est si douce. Du plat de la main, maintenant, il parcourt les collines tendres de ses seins, les vallons de ses hanches, les creux de son ventre. Puis, c’est avec sa bouche, ses moustaches gourmandes et sa langue entreprenante, alors, qu’il refait le même parcours, achevant de griser complètement la jeune femme. N’y tenant plus, elle guide sa main pour l’inviter à découvrir la chaleur de ses jardins intimes. Sans se faire prier, de ses doigts aventureux, puis de sa langue experte, il anime avec délice les grands secrets féminins donnés en offrande.
Que de douceur, là, entre ses jambes, dans cet écrin naturel, où le monde extérieur n’est perceptible que par le bruit du ressac et la voûte azur et or d’un ciel sans nuage. Sous les caresses du pirate, Christa se cambre de plaisir, les paupières clauses. Pas un son, ni une sensation ne lui échappe qu’ils viennent de cet homme curieux et transi que de la nature environnante. A cet instant, le ciel et la terre s’unissent. L’homme et la femme s’aiment dans un même élan. Ses sens se mêlent et s’entremêlent, faisant s’agiter ses doigts dans les airs, dansant au gré de ses sursauts de plaisirs. Complètement soumise aux gestes experts de cet homme qui fourrage avec entrain les portes secrètes de sa féminité en y cherchant la clé, elle ondule telle une vague sur l’océan qui enfle de plus en plus. Et, soudain, avec une énergie d’une puissance incroyable, amorcée par un râle venu du tréfonds, les portes secrètes cèdent sous ses doigts agités pour ne plus vouloir se refermer. Empressée de répandre son trop plein d’énergie, son ventre en feu, Christa, arquée, tendue dans son plaisir se saisit d’une poignée de cheveux emmêlés pour les serrer sans même se rendre compte de sa force, lui intimant de suivre sa jouissance jusqu’au bout.
Une porte est ouverte pour le septième ciel.
Christa rouvre les yeux sur Jack qui s’essuie la bouche d’un revers de main, l’air ébouriffé. Leurs yeux échangent un désir énorme qu’ils viennent à peine d’entamer. Ils se sourient. Les heures à venir promettent d’être chaudes. Il s’allonge et pose tout son poids sur elle, s’accoudant de chaque côté de son visage, il plonge avec délice ses yeux dans les siens et ses doigts dans ses cheveux mouillés massant délicatement sa nuque pour garder son plaisir au même niveau. Sans rien dire, silencieux, se caressant l’un l’autre, calant, chacun, leur respiration pour n’en faire qu’une, ils unissent leurs énergies tels deux calices dont les fluides se versent l’un dans l’autre. Puis, un instant plus tard, Jack se redresse, quitte sa chemise et invite sa partenaire à se lever en lui offrant son bras. Tout près d’eux, il y a un gros rocher rond et lisse, pas plus haut qu’un siège, parfaitement propice à leurs ébats. Jack défait son pantalon, et s’assoit sur le rocher. Il saisit une main de Christa et l’invite à s’occuper de son pénis que son excitation et le contrôle qu’il connaît désormais a déjà animé. Là, elle s’agenouille devant lui, son membre déjà bien en main. Puis, elle lève les yeux vers lui et lit intuitivement dans les siens que, s’il cherchait Shaakti, c’est justement pour cet instant-là ; savoir contrôler son désir et sa semence, et ainsi, savoir l’honorer avec tout l’amour qu’il peut donner. D’évidence, ses à priori primaires de leur rencontre étaient infondés. A travers ce masque de pirate, l’homme qu’elle tient désormais en main lui montre combien les apparences sont trompeuses. Son parcours amoureux lui offre bien plus de promesses qu’elle ne pouvait en espérer. Sa recherche est donc légitime. Repentante et néanmoins silencieuse, elle accepte le marché ; lui offrir ce qu’il cherche en échange de son amour. Et, le membre vibrant dans sa main, gonflant sans même qu’elle ne caresse son dôme de plaisir, elle le prend dans sa bouche avec effusion. La sensation fulgurante de plaisir qu’il éprouve lui fait basculer la tête en arrière, expirant un râle sourd, la bouche béante. Mais, c’est bien trop rapide. La semence s’impatiente à vouloir gicler et lui coupe la respiration. Hors de question ! Agitant des mains affolées et, Christa, comprenant l’urgence, lâche l’affaire. Elle place rapidement ses doigts pincés sur son périnée et lui demande de serrer tout ce qu’il peut qui se trouve à ce niveau. Après quelques instants, Jack reprend son souffle et se calme. Tout va bien. En lui caressant les cuisses, Christa le rassure de petits mots tendres et murmurés pour prendre le temps d’un nouvel élan. Sa raideur est toujours là. Il est donc temps d’entamer l’assaut principal. Christa se redresse, alors, et grimpe sur le rocher pour s’asseoir sur ses cuisses. Jack s’emploie à diriger l’arme du bonheur dans son fourreau. Celui-ci, chaud et humide à souhait, réceptacle de volupté sans pareille, le serre de ses parois vibrantes aussi sûrement que l’étau de ses bras.
- Mon Dieu, reçois-moi sur le champ, c’est trop bon ! se dit-il à peine en elle.
Dû-t-il blasphémer, implorer, injurier le Seigneur et Lucifer à la fois, rien ne lui fera regretter cet instant de pur bonheur.
Le septième ciel est à une volée de marches.
Christa, à l’écoute de leurs sensations, maîtresse du rythme de leurs ébats, sait que ses mouvements, aussi subtils soient-ils, peuvent rompre le charme tout autant que le sublimer. Le moment est délicat. La voie incertaine. De la fragile maîtrise à garder sa semence dépend le plus beau trésor de la terre : sa vitalité juvénile. Ils doivent le trouver. Ensemble.
Accroupie sur lui, les pieds sur le rocher, elle ondule doucement d’un va et vient étudié et langoureux, relançant alors son énergie à elle pour mieux la lui offrir. Jack, lui, concentré sur ses sensations, râle bruyamment toujours la tête en arrière. Leurs gonades en harmonie, rien ne saurait plus retenir le flot d’énergies partagées. Au bout de quelques petites ondulations, elle s’enfonce sur lui soudain jusqu’à la garde, posant tout son poids sur ses hanches. Elle étend ses jambes de chaque côté de lui et colle son ventre et ses seins contre son torse, s’offrant entièrement, et l’entourant de ses bras. Ses mains se mettent à courir le long de son échine parcourue de frissons de plaisir. Christa, en extase, bascule à son tour la tête en arrière pour offrir sa gorge à ses baisers. Son bassin ne bouge presque plus, laissant s’attiser seul le feu qui les brûle à l’unisson. La respiration haletante, elle tente, en vain, de caler la sienne sur celle de Jack. Mais, l’émotion de la découverte d’énergies aussi puissantes leur demande de calmer leurs ardeurs. Christa, ramène ses mains sur le visage du pirate et prend sa bouche dans un baiser profond. Jack répond d’une langue entreprenante et de ses doigts caressants. L’effet sur lui est surprenant. Parcouru de soubresauts incontrôlables, il se met à trembler de plaisir, le souffle court. Sa bouche glisse sur le menton de sa partenaire, puis son cou et sa gorge. Elle se cambre avec un sourire d’extase en s’appuyant sur ses mains qui la retiennent dans le dos. Totalement offerte et partageant un bonheur sans pareil, ils goûtent ensemble au creuset de l’univers tout entier. La lutte du féminin et du masculin a perdu. Les deux ont gagné, ensemble, le droit de parcourir les jardins d’Eden et les Champs Elysées à la fois. Ainsi rendu à un orgasme fulgurant, l’homme dépose les armes de son mental malmené. Il s’en remet entièrement au sort qui l’attend désormais ; l’amour a gagné. Encore enlacés dans la position du lotus sur ce petit rocher, hors de la conscience du temps et de l’espace, autour d’eux le jour disparaît avec le soleil à l’horizon. En elle, le chibre enfin au repos se retire doucement, encore chargé de sa précieuse semence. Le plus beau cadeau qu’ils aient pu se faire est là, dans leurs yeux brillants d’amour et d’énergie. Leur corps assouvis, leur esprit apaisé, l’âme en paix, ils descendent enfin de leur petit rocher retrouver leurs habits dans la pénombre du soleil couchant.
C’est là qu’apparaît soudain le perroquet multicolore de Cotton. Jacassant à qui mieux-mieux perché sur un rocher tout près, surplombant le couple qui se rhabille.
- Me mangez pas ! Me mangez pas ! criarde le perroquet.
- Ce n’est pas mon intention, sac à plumes ! lui envoie Jack en enfilant sa chemise encore un peu humide.
- Moi non plus, rassures-toi, je n’ai pas faim, renchérit Christa avec un sourire amusé à l’attention du perroquet.
Puis, il s’envole de nouveau comme il est venu, disparaissant derrière les rochers. Quelques instants plus tard, finissant de remettre son sabre dans son fourreau pendant qu’elle ajuste le dernier pan de son sari sur son épaule, des voix connues se font entendre par derrière la roche et se rapprochent. Le perroquet revient se percher au-dessus d’eux.
- Garder la chaloupe ! Garder la chaloupe ! criarde-t-il cette fois.
- Quoi ? Qu’est-ce qu’elles ont, les chaloupes ? demande Jack sans attendre de réponse du perroquet.
Il prend Christa par la main et sortent ensemble de derrière les rochers. Non loin, quelques pirates se sont rassemblés avec quelque butin appétissant.
- Jack, la récolte a été bonne, regarde ce qu’on a trouvé, fait Gibbs en regardant le couple et désignant le tas de fruits en tous genres.
- On a même trouvé une tortue, ajoute Pintel en désignant la pauvre bête posée sur sa carapace à côté du tas de fruits.
- Et un gros varan, complète Marty, levant à bout de bras le gros lézard tué pendu par la queue.
Le capitaine observe ses sbires et le butin en silence. Puis, son regard s’allume d’une idée subite.
- On installe un camp. Et on passe la nuit ici.
- Quoi.... là ? demande Gibbs, intrigué. On fait un camp ici ?
Les hommes le regardent, étonnés.
- Oui, là ! répond Jack, sûr de lui. Qu’est-ce qui nous presse de rentrer, hein ? Rien ! Alors, on dresse un camp pour la nuit et on rentre demain, à l’aube.
- Comme tu voudras, Cap’tain, obéit son second sans vraiment comprendre sa nouvelle lubie.
- Et faisons ripaille de ces bonnes choses que vous avez trouvées ! s’écrie Jack avec enthousiasme.
Dans la nuit sombre, sous une lune à peine perceptible, les pirates, assis autour du feu qui flamboie, se racontent des histoires de pirates en parlant la bouche pleine et en riant. Jack les écoute à peine, le regard ailleurs, dans une bienheureuse félicité. Christa, à son côté, la tête posée sur son épaule les regarde rire et raconter, sagement, avec un sourire bienveillant. Sur chacun de leur visage se lit la liberté et le besoin d’horizon. Sous leurs airs débonnaires, couve une farouche envie d’en découdre avec les lois du monde quoiqu’il en coûte. Demain, ils reprendront la mer. D’autres aventures les attendent.
Jack, lui, songeur, sent qu’au fond de lui quelque chose a changé. Ce n’est ni avouable, ni envisageable et pourtant .... Une destinée bien plus vaste que lui.... La vieille chinoise, diseuse de bonne aventure, avait raison, au fond. Il l’a bien trouvé, son amour. Il est là, dans ses bras, offert, et tout entier dévoué. Que peut-il lui arriver de mieux ?
Mais, c’est sans compter sur le fait qu’on n’assoit pas une légende sur un amour, si grand soit-il... encore moins une amourette. Alors, que faut-il de plus ?
Je vais te décevoir un peu, je préfère toujours la scène qu'il y a eu avec la mère de son fils. Je ne sais pas trop pourquoi peut-être le fait qu'il ait cette histoire de "1ère fois" pour elle, ou le côté dramatique de son départ inéluctable. Je n'ai pas l'impression que Jack aime cette fille, il ne développe pas ses pensées pour elle, elle l'attire physiquement, ça on a compris, elle détient "la clef" il en est certain mais dans le caractère de cette fille qu'est-ce qu'elle a et les autres pas ? Même sont corps, on dirait qu'elle est juste parfaite, mais l'amour ne se satisfait pas de la perfection. Que pense vraiment Jack pourquoi est-il le regard ailleurs ? Où est-il perdu ? Qu'elle est cette félicité ?
Elle s'est refusée pas mal de temps à lui mais en dehors de la frustration de ne pas obtenir ce qu'il veut, je n'ai pas ressenti de tristesse ou de souffrance d'un véritable amour qui attend, qui craint, qui s'interroge. Enfin c'est peut-être moi, la scène est en revanche magnifiquement décrite, le lieu est très beau, peut être même trop, comme la fille d'ailleurs. Je sais pas... je reste sur ma faim.
Je crois que c'est un reproche récurrent sur ce chapitre, c'est trop beau pour être vrai ; on a du mal à y croire. C'est vrai, c'est pas facile. Je vais songer à ajouter quelques doutes préalables aux pensées de Jack, bien que le but à atteindre est justement cette idée de "perfection" qui rend mal à l'aise quelques lecteurs. En même temps, ayant vécu, du moins touché du doigt ces sensations-là, je sais à quel point c'est déstabilisant.
J'ai une interrogation tout de même sur ce que tu dis. Pour toi, un véritable amour est forcément lié de souffrance et de tristesse, ou tu voulais dire autre chose ? Les doutes préalables, oui, je comprend. J'ai peut-être pas assez insisté sur cet aspect des sentiments tant de Jack que de Christa.