À la surprise générale, la tempête disparut le lendemain comme si elle n’avait jamais existé. Ne restait plus alors que d’épais nuages de neige, ceux dont Chioné parait traditionnellement le ciel lors de son règne.
Les festivités allaient donc avoir lieu. Et en début d’après-midi, tout le monde se prépara pour la fête des Premières Neiges.
Dans ma chambre, je revêtis mon costume de Dame de Glace et observai longuement mon reflet, subjuguée. Ma robe blanche et argent était doublée d’une fourrure incroyablement douce alors que mon bustier était paré de discrets diamants formant de grandes étoiles à quatre branches, l’étoile de la Déesse de l’Hiver dans le jeu des Douze Cours. Le tout faisait incroyablement ressortir mes yeux violets et mes cheveux bruns que je laissais couler dans mon dos.
Mme Corbyn avait vraiment fait un travail fabuleux.
Je me dépêchai d’ajouter quelques paillettes argentées sur mes joues et mes paupières, rabattis ma capuche fourrée et sortis de ma chambre.
Dans le couloir je croisai Marietta dans son costume de Princesse Blizzard. Un diadème de cristal reposait sur ses cheveux joliment noués de rubans d’argent. Sa robe, plus élaborée que la mienne, possédait des jupons imposants recouverts de strass formant des flocons de neige, le tout dans les mêmes tons blanc et argent.
— Comment tu me trouves ? demanda-t-elle en tournant sur elle-même.
Elle avait même décoré ses lèvres et ses paupières d’argent.
— Magnifique, souris-je. Et moi ?
— Tout simplement resplendissante ! s’exclama-t-elle. Rhen n’aura d’yeux que pour toi.
Je manquai m’étouffer.
— Q-quoi ?
— Oh, pitié, pas de ça avec moi. Vos regards énamourés ne trompent personne, tu sais ?
Je m’empourprai.
— Ceci dit, fit-elle un peu plus sombrement, fais quand même attention. Je crois que père n’a encore rien remarqué et s’il l’apprenait…
Je serrai les lèvres. Oui, si père l’apprenait, nul doute qu’il chasserait Rhen du manoir, invité ou non.
Je m’apprêtais à poursuivre quand Meryl sortit de sa chambre, déguisée en jolie Demoiselle des Neiges. Sa robe, semblable à la mienne, avait de différent ses jupons à froufrous et ses manches bouffantes.
— Par les dieux Meryl ! s’exclama Marietta en se précipitant vers notre cadette pour la faire tourner sur elle-même. Tu es ravissante !
Meryl rosit de plaisir et lui retourna un timide compliment alors que notre aînée l’emportait déjà dans le grand salon. En les suivant, je découvris les jumelles, la mine boudeuse, dans leur costume de lutin. Marietta et moi nous retînmes difficilement de rire.
Hormis leur bonnet à grelot d’argent et leur robe à damier bleu bouffante, ce fut leur fraise qui eut raison de nous. Gemma et Georgia ne semblaient pas ravies pour un sou, mais elles avaient au moins fait l’effort d’accepter la revanche de Meryl, ce qui enchanta notre petite sœur.
— Jolis grelots, ne put-elle s’empêcher dire en passant devant elles.
Marietta éclata de rire alors que les jumelles virèrent au rouge cerise.
— Vous êtes ravissantes, assura notre mère un peu plus loin dans la pièce.
Elle portait une ravissante tenue de Nymphe d’Hiver, sa robe aussi simple qu’élégante. Une couronne d’édelweiss coiffait ses longs cheveux blond vénitien. Elle était ravissante.
Tante Vitali apparut un peu plus tard, Calista à son bras.
Ma sœur paradait fièrement dans son costume de Fée de l’Hiver, ses fausses ailes couvertes de strass dans le dos. Des roses blanches décoraient son bustier et ses jupons alors que de longues manches de dentelles blanches recouvraient ses bras. Elle avait maquillé ses yeux du même argent que Marietta et ses lèvres d’un blanc un tantinet effrayant tandis que ses cheveux dévalaient ses épaules nues en cascade de boucles brillantes, seulement parés de deux barrettes ornées de roses de cristal et de rubans argentés.
En la voyant, je me fis la réflexion que, même avec ce châle qui entourait ses épaules, elle aurait rapidement très froid. Mais peut-être comptait-elle sur l’amabilité d’un futur nouveau prétendant pour la réchauffer. Si c’était le cas, je doutais que ce pauvre homme retrouve un jour sa veste.
À côté d’elle, Vitali avait opté pour quelque chose de radicalement différent, arborant un costume d’homme parfaitement blanc. Ses cheveux bruns avaient été ramenés en arrière et attachés avec un ruban surmonté d’une épingle en forme de flocon alors que sa queue de pie brodée d’argent battait à ses jambes.
— Un Valet de Givre ? demanda Marietta, perplexe.
— J’ai toujours rêvé de porter des pantalons, répondit joyeusement notre tante en nous rejoignant.
L’instant d’après, père apparut avec Rhen, Liam et grand-père.
Le premier arborait un costume tout simple d’un blanc éclatant, un édelweiss à la boutonnière. Grand-père, lui, avait opté pour une tenue similaire à celle de Vitali, un autre Valet de Givre. Mon petit frère, quant à lui, était déguisé en un adorable petit Prince du Gel, ses cheveux savamment plaqués en arrière et décorés de paillettes d’argents. Il portait le même costume blanc que père, mais dont les manches de la veste, plus évasées, laissaient entrevoir les broderies d’argent de sa chemise tandis que des cristaux pendaient à ses épaules comme du givre.
Tous étaient magnifiques, mais ce fut le costume de Rhen qui attira le plus de regards.
Doublée de fourrure comme le mien, sa veste était décorée de boutons d’argent sertis de pierres précieuses. Des boutons de manchettes en forme de flocon de neige fermaient les manches de sa chemise au col en V dont la dentelle dépassait ostensiblement de sa veste. Ses cheveux avaient été coiffés et un edelweiss ornait également sa boutonnière.
En le voyant, je perdis toute notion du monde qui m’entourait. Avec sa peau d’albâtre, ses cheveux blonds et ses yeux pâles, Rhen semblait tout droit sorti de la Cour de Chioné.
Quand son regard se posa sur moi, il eut un mouvement d’arrêt si violent qu’il manqua tomber à la renverse. Ses yeux étaient grands ouverts et me scrutaient comme s’il me voyait pour la première fois.
L’instant sembla durer une éternité. Du moins jusqu’à ce que tante Vitali se racle la gorge, attirant l’attention de tout le monde. Le charme rompu, nous virâmes écarlates.
— Puisque nous sommes tous là, allons-y.
Je laissai tout le monde passer devant moi, jusqu’à me retrouver seule avec Rhen. Celui-ci me proposa son bras que j’acceptai avec un sourire.
— Tu es magnifique, me glissa-t-il à l’oreille avant de sortir.
Ses yeux pétillaient.
— Toi aussi, répondis-je en souriant timidement.
Le trajet se passa en un éclair et, alors que nous descendions de la voiture, des flocons se mirent à tomber du ciel.
Je levai les mains pour accueillir cette première neige miraculeuse, un sourire immense aux lèvres. On aurait dit un rêve. Et lorsque je reposai un regard sur mes sœurs, ce fut pour les voir virevolter sous la neige. Il ne me fallut pas longtemps pour les rejoindre, emportant bien malgré eux, Rhen et Liam dans notre ronde. Vitali se prêta gracieusement au jeu, éclatant de rire quand notre père nous rappela à l’ordre.
— Nous allons être en retard, sourit-il tout de même et nous le rejoignîmes bien sagement.
Nous nous dirigeâmes vers la grand-place où une estrade avait été aménagée pour le concert de Calista. Ma sœur nous quitta rapidement, se préparant à monter sur scène alors qu’un orchestre s’installait.
Pendant que les spectateurs attendaient impatiemment, je me glissais au côté de Rhen et lui pris la main.
— Tu te souviens ? Je t’avais dit qu’elle chanterait.
— Il y a tellement de monde, fit-il en regardant alentour, fasciné.
— C’est parce qu’elle est très populaire. Elle rêve de chanter à l’Opéra d’Aramore depuis des années.
Quelques instants plus tard, Calista monta sur scène, splendide dans son costume de Fée de l’Hiver. Le silence se fit sur la grand-place. Elle inspira, puis commença à chanter. Sa voix était douce à l’oreille, enjôleuse. L’entendre était toujours une véritable bénédiction. Elle apaisait les âmes, faisait vibrer les cœurs. Sur scène, ma sœur se métamorphosait. Elle n’était plus une insupportable jeune fille bouffie d’orgueil, mais une splendide chanteuse qui mettait tout son être dans sa chanson.
Sa voix résonna dans toute la ville, claire et forte. De là où je me trouvais, je pouvais d’ores et déjà voir les nouvelles victimes de sa voix enchanteresse, ces jeunes hommes de passage venus assister aux Sélénites dans la capitale des Terres de la Nuit. Ils venaient de la découvrir et déjà ils la vénéraient comme une déesse.
En me tournant vers Rhen, je le découvris fixant ma sœur bouche bée. Je comprenais sa surprise, c’était troublant d’entendre Calista chanter, surtout pour la première fois. On disait qu’elle avait la voix d’un ange et je n’en doutais pas. Mais, à cet instant, en voyant l’expression si fascinée de Rhen, j’eus soudain peur que ma sœur ne réussisse une fois encore à me voler ce à quoi je tenais le plus. Je me tournai vers elle, serrant la main de Rhen un peu plus fort. Il me jeta un regard surpris. Je n’osais pas le regarder.
Il se pencha vers moi et je sentis ses lèvres sur ma tempe. En me retournant, je croisai son regard, toujours aussi brillant, posé sur moi.
— Je n’ai pas changé d’avis, articula-t-il silencieusement, un sourire aimant aux lèvres.
J’eus envie de pleurer et lui rendis son sourire avant de reporter un regard sur ma sœur. Le reste de la chanson, je le passai la tête appuyée sur l’épaule de Rhen, rassurée.
Quand le concert se termina, quand les spectateurs se réveillèrent de leur transe, ce fut pour découvrir la ville sous un manteau blanc. Il y eut un tonnerre d’applaudissements dont Calista se délecta, envoyant des baisers par poignées avant de nous rejoindre. Puis les gens s’éparpillèrent dans toute la ville. Une grande partie – nous compris – se dirigea vers le parc et son exposition de statues de glace. Des enfants commencèrent une partie de bataille de boules de neige. En passant les grilles du parc, l’une d’elles me heurta dans le dos, me faisant trébucher. Je me retournai avec un regard noir en direction de la fillette qui venait de me la lancer. Elle semblait pétrifiée sur place. Mais, alors qu’elle s’apprêtait à fondre en larmes en demandant mon pardon, je me baissai pour ramasser de la neige et la lui lançai en retour. Rassurée, la petite éclata de rire et poursuivit l’offensive.
Assez rapidement, mes sœurs, Liam, Rhen, tante Vitali et même grand-père Wendel se joignirent à la bataille.
Je n’avais pas le souvenir de m’être autant amusée depuis longtemps.
Quelques minutes plus tard, quand les esprits se calmèrent, nous dîmes au revoir aux enfants qui partaient dans une autre direction et rejoignîmes l’exposition de glace où nous commençâmes à déambuler. Cette dernière était encore plus belle que l’an passé. Les sculpteurs avaient rivalisé de génie et d’imagination.
Là, un bateau pirate s’élevait dans la houle, son équipage prêt au combat. Juste en face, un dragon déployait ses ailes, la gueule grande ouverte sur autant de dents acérées que de flammes figées dans la glace. Un peu plus loin, un couple de cygnes se préparait à l’envol au côté de chevaux ailés. Un carrosse aux délicates arabesques attendait sa passagère échappée du bal à quelques pas de là tandis que des sirènes se tenaient prêtes à pousser la chansonnette sur des roches de glace tout à côté.
Il n’en fallut pas plus à ma famille pour se disperser dans ce labyrinthe merveilleux, me laissant seule avec Rhen. Ce dernier me proposa son bras avec un sourire et nous nous enfonçâmes à notre tour dans les chemins de glace.
Nous traversions l’arcade gelé d’un château de glace quand Rhen lança :
— Est-ce toujours ainsi ?
— Comment ça ?
— Je veux dire, est-ce toujours aussi animé ? Je ne pensais pas voir un jour une fille de duc – ni même toute sa famille – jouer dans la neige ainsi avec des enfants.
— Bien sûr. Les premières neiges de Chioné sont synonymes de bonne fortune. On dit qu’y assister porte bonheur pour le reste de la saison, beaucoup les voient comme une bénédiction accordée par la déesse.
Au détour d’une sculpture d’ours polaire, je ralentis, observant les jumelles courir après une Meryl hilare. Je souris en les voyant. Leurs grelots faisaient un boucan de tous les diables à chacun de leurs pas, ce qui semblait beaucoup amuser notre cadette. Et irritait fortement certains passants dont la grimace ne laissait aucun doute quant à leur agacement. Les pauvres… me dis-je en reportant un regard sur l’immense sculpture de bonhomme de neige en face de nous.
— Quel joli tableau.
Je me raidis. Rhen se tourna vers moi.
— Tout va bien ?
— Il serait si triste de voir une catastrophe se produire, n’est-ce pas ?
Je me retournai en tous sens, soudain terrifiée.
— Adaline, que se passe-t-il ? s’inquiéta Rhen.
— Il est là, fis-je tout bas.
Et aussitôt, Rhen fut sur ses gardes lui aussi.
— Oh… délicieuse Adaline… il serait si simple pour toi de laisser ce pauvre mortel…
— Je ne vous appartiendrai pas, dis-je entre mes dents serrées.
Ciaran apparut brusquement devant moi, son nez frôlant le mien. Ses yeux étaient grands ouverts, comme fous, alors qu’un sourire mauvais étirait ses lèvres pâles.
— Dans ce cas, chère enfant, que la partie commence.
Rhen tenta de repousser le dieu, mais celui-ci disparut avant même qu’il n’ait pu le toucher, ne laissant derrière lui que l’écho de son rire sinistre. Rhen me prit la main.
— Tu le vois ?
— Non…
Mon cœur battait à tout rompre.
Quand mon regard se posa sur l’immense statue représentant la Déesse de la Nuit, je sentis une sueur froide me couler dans le dos. Je me souvins brusquement de ce que j’avais raconté à Rhen quelques jours plus tôt. L’incident de l’an dernier. La statue de glace qui s’était effondrée. En regardant toutes ces sculptures immenses qui nous entourait, je me sentis blêmir.
— Les statues, murmurai-je d’une voix tremblante.
Rhen fronça un instant les sourcils avant de comprendre. Il regarda autour de lui avec appréhension.
La panique commençait à m’envahir. Je cherchai frénétiquement ma famille des yeux, parcourant le chemin de l’exposition en sens inverse. Pitié, écartez-vous des sculptures…
Je les trouvai avec soulagement un peu plus loin à l’entrée au parc, observant avec admiration l’artisanat d’un stand éphémère. J’en fus si soulagée que je manquai m’effondrer, mes jambes flageolant sous moi.
Puis la réalité me rattrapa.
— Où sont les jumelles ? demandai-je, livide.
Rhen se tourna vers ma famille au stand, puis, comprenant où je voulais en venir, se mit à fouiller le parc des yeux. Je me précipitai dans le labyrinthe de statues de glace, Rhen sur mes talons. Il y avait tant à parcourir que finalement, nous dûmes nous séparer.
J’avais l’impression de tourner en rond. Mon cœur battait si fort qu’il me semblait sur le point d’exploser. Quand je trouvai enfin mes sœurs, se chamaillant sous une imposante tour de glace, je soupirai de soulagement. Mais, alors que je m’apprêtais à prévenir Rhen, je vis avec horreur la sculpture trembler sur ses fondations. Je remarquai la silhouette de Ciaran à ses pieds. Il me fixait, un grand sourire aux lèvres.
Incapable de prononcer le moindre mot, je me contentai de secouer la tête sans le quitter des yeux. Il semblait presque se moquer de moi.
— Ton choix, articula-t-il simplement.
— Jamais… murmurai-je du bout des lèvres.
Il haussa des épaules. Comme si ce n’était rien, comme s’il ne tenait pas la vie de mes sœurs entre ses mains.
— Très bien.
Et il donna un coup à la statue.
Aussitôt, la glace se fissura et il disparut dans un coup de vent. Je me précipitai en avant, hurlant à mes sœurs de bouger. Les jumelles se retournèrent à temps pour voir la tour tomber en avant. En les voyant pétrifiées, je ne réfléchis pas et bondis dans leur direction, les poussant sans ménagement dans la neige.
Nous nous étalâmes lourdement par terre et la sculpture s’effondra derrière nous. Je me relevai précipitamment, le cœur au bord des lèvres. En regardant derrière moi, je découvris la tour complètement brisée au sol. Sa chute avait soulevé un nuage de neige et, à travers ce brouillard de flocons, je vis Ciaran, un sourire mauvais aux lèvres.
— Elles n’auront pas toujours cette chance, m’assura-t-il avant de disparaître pour de bon.
Je soupirai et me tournai vers mes sœurs.
— Vous allez bien ? demandai-je rapidement.
Georgia se releva difficilement avant de hurler en secouant Gemma. Je me précipitai vers elles avant de me figer en découvrant l’entaille qui barrait le front de ma sœur. En tombant, Gemma avait heurté une pierre cachée sous la neige dont je voyais à présent le sommet. Du sang maculait la neige de rouge, me pétrifiant de terreur.
Des gens accoururent tout autour de nous. Je reconnus Rhen qui se jeta à côté de ma sœur toujours inconsciente, la prenant dans ses bras, vérifiant son pouls. Intérieurement, je priais tous les dieux que ma sœur respire encore, que je ne l’ai pas poussée aux portes de la mort en essayant de l’en protéger.
Rhen soupira de soulagement. Ce fut à peine si je le remarquai. Il appliqua un mouchoir sur la plaie de Gemma. Je l’entendis vaguement me dire qu’elle était en vie, que le choc l’avait juste sonnée et qu’elle se réveillerait bientôt pourvu qu’on la porte au manoir tout de suite.
Je le vis à peine emporter le corps de ma sœur dans la foule, une Georgia en larmes sur ses talons. Je demeurai là, à genoux dans la neige, pétrifiée, le regard fixé sur cette affreuse tache de sang. Les images de mon cauchemar me revinrent, m’empêchant de respirer correctement. Un frisson d’effroi me parcourut tout entière. Qu’avais-je fait ? Qu’avais-je fait ?
Des bras m’entourèrent doucement. Je sursautai. En me retournant, je découvris Marietta.
— Elle va bien, articula-t-elle lentement. Adaline, tu m’entends ? Gemma va bien.
J’opinai lentement du chef, encore sous le choc. Dans ma tête c’était le chaos.
— Viens.
Marietta m’aida à me relever et m’accompagna jusqu’à la voiture. En regardant en arrière, je vis un papillon de nuit se débattre dans la neige. L’une de ses ailes se trouvait coincée sous un bloc de glace.
Et je songeai alors que mes sœurs auraient pu être à sa place.
Je trouve le chapitre intéressant, mais il me manque un peu l'ambiance de la fête, des descriptions. Je crois que c'est ce qui me manque le plus dans ton texte ; tu te concentres beaucoup sur lesp ersonnages, ce qui dans un sens est logique car tu en as un sacré nombre, c'est pas évident de pas en oublier ! Et tu n'en oublies pas, ce qui est vachement chouette, mais du coup je trouve que tout ce qui relève des environs, de l'environnement des personnaegs, ça s'évacue trop vite en une ou deux lignes. (Les descriptions sont aussi queqlue chose qui me tient à coeur, en tant que lecteurice, c'est poruquoi elles me manquent particulièrement)
Deuxième chose que je trouve dommage, c'est que je trouve que le climax du chapitre est pondéré par tous les petits détails que tu rajoutes/rappelles, qui font que j'ai su que Ciaran allait venir, menacer des gens, faire tomber une statue... pour moi j'ai trop pu deviner pour pouvoir pleinement apprécier les tensions qui auraient pu apparaître et qui pour moi étaient moins fortes.
Je crois que tu porurais repréciser les enjeux, aussi, autour de Ciaran : ça rejoint ce que je disais au chapitre jesaispluscombien où Ciaran veut que Adalaine le rejoigne mais finalement je sais pas exactement ce que lui, il y gagnerait, pourquoi c'est aussi important pour lui, au point qu'il vienne s'amuser autant à menacer sa famille, au lieu de la tuer tout simplement (l'exemple de Rhinite montrant que c'est une pratique plutôt banalisée qui n'entraîne pas beaucoup de conséquences pour les dieux - en tout cas de ce que tu as montré jusqu' présent). A cause de ce que je perçois comme une imprécision, j'ai l'impression que Ciaran est méchant juste pour être méchant, et j'ai du mal à voir l'intérêt de ces manoeuvres, qui m'apparaissent être là "juste" pour créer des tensions. En d'autres termes, j'ai du mal à voir le fil rouge, l'enjeu de l'histoire globale, en quoi tous les petits fils que tu as amenés sur la table s'emmêlent et en quoi ils font tableau ensemble. Je ne sais pas si je suis clair ? T_T
J'espère que je vais mieux y voir dans les prochains chapitres !
Plein de bisous !
Sinon, wouah, il s'en passe des choses. Je divise (encore) le chapitre en deux parties : la fête et l'arrivée de Ciaran. Suprenament, la première partie m'a plus plue !
Déjà, tu as corrigé un des défauts du chapitre précédent : les robes ! Absolument parfait. Variées et très imaginés, j'aime beaucoup. Ça en résulte une ambiance folle pour le festival. Faire de Callista une soprano d'enfer qui peut appeler la neige est aussi super.
Bémol sur l'échange entre Rhen et Adaline quant ils écoutent le chant de Callista. Tu en dis trop. "j’eus soudain peur que ma sœur ne réussisse une fois encore à me voler ce à quoi je tiens le plus." Juste "j’eus soudain peur" suffisait. Ou alors quant à la réplique de Rhen, le "je n'ai toujours pas changé d'avis" : laisser les actes parler aurait été mille fois mieux je trouve. Le non-dit aurait paru tellement plus naturel ici.
On retrouve la même erreur à la dernière phrase. J'avais très bien compris le parallèle entre le papillon morte et les jumelles. La dernière ligne est de trop !
Ciaran est là ! Chouette, chouette. Le début de son arrivé, avec juste sa voix, est bien vu. Pendant un instant, j'étais perdu, je ne savais pas qui c'est, et puis j'ai compris. Assez glaçant.
MAIS le reste ne m'a malheureusement pas convaincu. Trois raisons :
- encore une fois, le manque de description spatiale. Sa précédente apparition était juste dans une venelle, donc pas besoin de gros efforts d'imagination de ma part. Mais là, Adaline doit se bouger, chercher les jumelles, les sauver... sans que je puisse m'imaginer exactement qui est où exactement. À quoi ressemble ce parc ? Ce labyrinthe ? Ces statues sont hautes comment ? Combien de gens y a-t-il ?
- le manque de description physique. On n'est plus dans une ruelle obcure ou un monde onirique irrationnel. On est en plein festival, en public, où tout est éclairé ! Et voici l'apparition de Ciaran, juste sous les yeux d'Adaline : " Ciaran apparu soudain devant moi, son nez frôlant presque le mien. Ses yeux étaient grands ouverts, comme fou, alors qu’un sourire mauvais ornait ses lèvres pâles." C'est tout. Plus loin, alors que Adaline le voit clairement aux pieds d'une statue, il est juste une "silhouette". Avant, le mystère pouvait (et encore) fonctionner, mais là non. Je dois savoir qu'est-ce qui est dans la scène, me figurer ce que les personnages voient. Même un homme entièrement couvert par un cape grise eut été mieux !
- le rythme. Mon dieu ça va vite. À telle point que j'ai l'impression de plus voir le schéma du chapitre que le texte fini. Ciaran apparait devant Adaline, et puis deux deux trois lignes plus tard il disparait. Ça va tellement vite que je n'ai pas le temps de vraiment accuser l'information. C'était le moment de détailler Ciaran, la réaction de Rhen derrière, et surtout l'horreur que ressent Adaline intérieurement ("le coeur bat à tout rompre", plus tard, est trop succinct). Même exemple plus tard : les jumelles sont en danger... et puis trois-quatre phrases plus tard Adaline les retrouvent !
Voili voilou
Maintenant, ma petite suggestion : plutôt qu'une attaque "armée" comme ça, j'aurais préféré une approche plus creepy. Ciaran avertit Adaline par télépathie et lui demande de les retrouver. Puis elle arrive, isolée dans le labyrinthe, et le vois... juste jouer avec les jumelles, faire une bataille de boules de neige avec elle. Et elles l'adorent. Et Ciaran ne fait même pas de menaces voilées, ou d'insinuations malsaines. Adaline juste pète un câble (à raison), et force les jumelles et abandonner Ciaran, qui ne fait rien. Les jumelles sont juste énervés envers leur soeur. Ciaran s'est glissé entre Adaline et sa famille...