Chapitre 20 : Plus de mystère

Personne ne répondit immédiatement à cette question posée par le chasseur qui fixait Fett d’un air étrange et indescriptible. Le Mandalorien, lui, était sous le choc en voyant le visage de son collègue ainsi balafré, et fut frappé par son expression si fatiguée et blessée. Des milliers de questions lui traversèrent l’esprit, mais aucune ne franchit ses lèvres résolument fermées. Il était inconcevable qu’un mercenaire comme Orn, qui avait échappé de la mort plus d’une fois et qui avait survécu à une embuscade si cruelle, fut ainsi si défiguré par un ennemi jusqu’alors inconnu du reste de la Galaxie. Fett esquissa un mouvement vers son collègue, par réflexe, mais le suspendit, ne sachant comment réagir. Il voulait répondre à la question du chasseur tout en lui demandant ce qu’il s’était passé sur la Cité des Nuages, et le réconforter en même temps, mais, à la place, le Mandalorien resta immobile, posant simplement un regard inquiet sur ce Twi’lek à l’expression si inconnue.

C’était un air qu’il n’avait jamais encore vu sur Orn : celui d’une résignation empreinte de doutes et de peur. Durant leurs années communes, le chasseur n’avait jamais douté, et avait possédé une confiance inébranlable en lui-même et ses convictions. Pourtant, Fett connaissait trop bien le Twi’lek pour ne pas identifier cette expression qu’il ne lui connaissait pas, et cela l’effrayait. Pour le Mandalorien, il n’y avait rien de plus terrifiant que de voir un proche aussi dévasté et différent quand ce dernier était d’ordinaire si sûr. Car si quelqu’un aussi attaché à ses convictions doutait autant, plus rien n’était alors certain. Mais il y avait cependant plus effrayant : la chose, la personne ou l'événement qui avait eu un tel effet sur un chasseur aussi sûr. Et Fett voulait, devait savoir ce que cela était, il ne pouvait pas supporter la vision de son collègue ainsi brisé. Mais le choc était tel qu’il ne dit rien, imité par Nasha, quelques pas devant lui, qui voyait pour la première fois depuis la ville flottante une faible lueur d’espoir et de volonté. Alors elle restait silencieuse, sentant derrière elle la confusion et l’étrange inquiétude du Mandalorien. La Twi’lek avait beau détester ce guerrier pour ce qu’il avait fait à son ami, elle ne pouvait nier l’existence de ce lien entre les deux chasseurs qui, bien qu’il fût étouffé par cette embuscade, persévérait et animait toujours leur cœur. Parler lui paraissait une tâche trop ardue, et elle ne voulait pas briser en parlant cet échange de regard et cette prise d’informations.

Seulement, Orn n’appréciait pas ce silence. Certes, l’arrivée impromptue et inattendue de Fett allégeait légèrement ce poids écrasant ses épaules, car les souvenirs de leurs années de vie commune étaient toujours présents en lui, mais une grande partie de lui voulait que ce Mandalorien disparaisse immédiatement. Par-dessus tout, il voulait une explication. Le chasseur avait aisément deviné que Nasha avait sa part de responsabilité dans cette situation, mais il ne comprenait pas pourquoi elle avait permis à Fett de venir ici, ni pourquoi ce dernier était dans sa grotte. Après tout, pourquoi le Mandalorien, après l’avoir trahi aussi brutalement, s’inquiétait ainsi de son sort ? En vérité, Orn connaissait la réponse, mais elle était si illogique et si douloureuse qu’il préférait l’ignorer, feignant croire une autre vérité pourtant erronée.

"Je pensais qu’une question appelait à une réponse," lâcha-t-il d’un ton sarcastique rivalisant avec celui de Twik.

Ce dernier observait d’ailleurs la scène, mal à l’aise face à l’humeur étrange mais effrayante de son co-pilote. Le droïde s'éclipsa donc discrètement, sortant de l’antre secrète et brisant enfin cette immobilité lancinante. Nasha s’apprêta à répondre la stricte vérité, mais fut devancée par le Mandalorien, qui rassembla son courage et ses esprits et fit un pas en avant, se mettant au niveau de la Twi’lek. Finalement, cette dernière imita Twik, et sortit silencieusement de la grotte, espérant que tout allait bien se passer. Le chasseur restait avachi sur sa chaise, ses yeux jaunes et fatigués suivant avec attention les mouvements de son collègue.

"Je voulais te voir, Orn. Je dois savoir ce qu’il s’est passé après que je sois parti. Ce Skywalker… C’est lui qui t’a fait ça ?" demanda-t-il, ne souhaitant pas s’attarder pour ne pas s’attirer une nouvelle fois les foudres du chasseur.

Ce dernier baissa rapidement les yeux, n’appréciant pas le rappel de son échec cuisant. Il ramena ensuite son regard vers Fett, ses yeux jaunes brillant à travers les larmes qui montaient doucement. Orn revit, fixant l’homme casqué, l’instant où, alors qu’il avait compris le piège meurtrier qui s’était refermé sur lui, le Mandalorien lui avait tourné le dos, trop lâche pour affronter les conséquences de ses actions.

"Je suis vraiment désolé… Je n’aurais pas dû te laisser l’affronter seul," ajouta Fett, baissant la tête honteusement.

Il n’en fallut pas plus pour sortir le chasseur de sa torpeur. Il se leva lentement de sa chaise et s’avança doucement de quelques pas, le visage entièrement fermé.

"Je n’ai pas besoin de toi, Mandalorien," siffla-t-il, presque humilié.

"Je sais. Mais nous avons fait cette mission ensemble. Nous avons capturé Solo et son équipage ensemble. Je me devais de finir la mission avec toi. Non pas parce que tu avais besoin de moi, mais parce que nous avons travaillé ensemble depuis le début de la mission," expliqua le concerné, d’un ton empreint de tristesse et de honte.

"Alors pourquoi as-tu fait ça ?"

Orn avait posé cette question sans s'énerver ou s'indigner, avec une voix tremblotante mais posée et calme. Il gardait ses yeux sur Fett, attendant patiemment sa réponse, sachant parfaitement que ce dernier avait compris le véritable sens de la question. Si le Twi’lek avait des doutes sur ce qu'il devait faire et sur les jours à venir, il ne doutait absolument pas de tout ce que le Mandalorien venait de lui dire. Il le connaissait trop bien pour ne pas savoir lorsque son collègue mentait. C'était justement pour cela qu'il voulait savoir la raison pour laquelle Fett l'avait trahi. Cela n'avait aucun sens, à ses yeux. Pendant leur mission et durant toutes ses années après l'embuscade, Orn n'avait jamais voulu connaître les raisons de son collègue, mais désormais, tout avait changé.

Le chasseur avait appris trop de choses trop bouleversantes et trop submergeantes, et il n'en pouvait plus de ces mystères, de ces doutes et de toutes ses questions épuisantes. Il était temps d'obtenir autant de réponses que possible, et cela commençait par le Mandalorien, puisque ce dernier se tenait devant lui et ne semblait pas vouloir partir. Le Twi’lek regardait Fett avec intensité et patience, les yeux posés sur ce guerrier qui évitait son regard. Ce dernier avait été pris de court par cette question, et tentait en vain de retenir la vague de honte et de culpabilité qui commençait doucement à le submerger. Il lâcha un soupir rempli de regrets et d’excuses, et se força, avec difficulté, à rencontrer les yeux du chasseur, enlevant son casque pour révéler son visage hâlé et couturé. La culpabilité qu’il ressentait le frappa en plein fouet, se faisait violente, lorsqu’il vit l’air fatigué, résolu et déçu de son collègue. Des larmes menaçaient de couler, mais le Mandalorien s’obligea à les refouler. Il n’avait aucun droit de pleurer. Ce n’était pas lui qui avait été trahi par celui qu’il aimait. Ce n’était pas lui qui avait dû faire s’effondrer un bâtiment sur lui-même pour avoir une chance infime de survie. Mais c’était bien lui qui avait causé toute cette horreur, cette trahison et cette blessure intérieure si profonde et si douloureuse qu’elle faisait physiquement mal. C’était lui qui avait provoqué le malheur du chasseur et qui l’avait forcé à abandonner brusquement tout cet amour qu’il n’avait voulu que partager. Et dans l’expression si tristement résolue du Twi’lek, Fett aperçut à nouveau cet air si terrifié et si profondément blessé qu’il lui avait lancé derrière son casque lorsqu’il avait compris que le Mandalorien venait de le trahir. Prenant son courage à deux mains, il parla enfin, contrôlant difficilement sa voix qui ne voulait que se briser et se fondre en excuses.

"Parce que j’avais peur. Tu… Tu me rendais vulnérable. J’étais - je suis - prêt à tout faire pour toi, et... Cela m’a effrayé. Mes ennemis ne me menaçaient plus directement, mais menaçaient de te faire du mal, ou de te tuer. Je n’avais plus peur pour moi, mais pour toi. Et certains me l’ont fait remarquer. Ceux que je connaissais me disaient faible… Et c’était vrai. Tu étais une de mes faiblesses, sinon ma plus grande. Mais je n’avais pas l’habitude d’être vulnérable… J’avais l’impression de déshonorer mon père…"

Fett s’arrêta un instant de parler, sentant sa voix flancher doucement au souvenir de son père. Il déglutit tout en baissant ses yeux sombres, se préparant à continuer à parler. Le Mandalorien ignora la petite inquiétude que Orn commençait à exprimer, secouant la tête pour le dissuader de le réconforter face aux souvenirs d’un père assassiné. Il ne voulait pas tourner la situation en sa faveur, et s’éloigner du sujet pour le fuir. Cette discussion était pour le Twi’lek et non pour lui, et Fett le savait. Une nouvelle fois, il se força à lever les yeux pour regarder Orn, dont l’expression fatiguée et patiente s’était discrètement teintée d’une légère empathie.

"Il m’avait appris à ne jamais laisser mes attachements me submerger ou me rendre atteignable. J’étais tout pour lui, mais il n’a jamais faibli lorsque d’autres me menaçaient ou pointaient un blaster contre moi. Comme je n’étais pas capable de faire cela, j’ai… J’ai estimé que tu me rendais faible, que tu étais une vulnérabilité… Seulement, toutes mes faiblesses avant toi, je les avais détruites. Et je voulais me prouver à moi-même que je n’étais pas faible, que je pouvais m’affranchir de cette vulnérabilité que tu étais… C’est ce que j’ai tenté de faire, mais je n’ai jamais autant regretté une de mes actions, même si cela n’excuse rien et ne change rien," finit-il, d’un ton désolé et triste.

Orn l’avait écouté sans perdre une miette de son explication, appréciant que le Mandalorien n’avait pas tenté de se justifier. Il le croyait entièrement, même si le chasseur était blessé de savoir que Fett avait fini par le considérer comme une faiblesse supplémentaire. Néanmoins, son honnêteté et sa franchise rendait son indignation plus facile à calmer. Le Twi’lek comprenait son collègue, et était soulagé, bien que ce soulagement fût à double-tranchant, que ces années de vie commune n’avaient pas été un complot complexe et cruel pour le détrôner. Orn avait quelques visions, quelques impressions, que la grotte allait s’effondrer sur lui, mais il n’en fit rien, laissant ses larmes partir le long de ses joues déjà creusées par ces dernières semaines difficiles. Pourtant, à travers sa douleur rendue pire par son affection pour l’homme en face de lui, le chasseur esquissa le fantôme d’un faible sourire, qui lui fut rendu avec émotion par le Mandalorien. Un poids lourd qu’il avait porté longtemps sur ses épaules venait de le quitter enfin, grâce à cette page que le Twi’lek pouvait tourner avec l’aide de cette explication. Cependant, il ne disait rien, se laissant le temps pour accueillir sans jugement, sans haine et sans douleur les mots de cet ancien compagnon.

"Tu sais, l’attachement n’est pas une faiblesse… Ça ne l’a jamais été. Je ne t’ai jamais vu comme une vulnérabilité, au contraire. Avec Twik, tu me donnais la force nécessaire pour prendre soin de moi et pour continuer à vivre. Aimer, ce… Ce n’est pas être faible," dit-il enfin d’une voix légèrement enrouée par les émotions qui le submergeaient.

Fett retenait avec difficulté ses larmes, s’obligeant par respect pour le chasseur à ravaler ses propres émotions. Il lâcha un faible rire à la remarque de ce dernier, le regardant avec tendresse et amour.

"Oui… Désolé de l’avoir compris trop tard. Je… Je sais que cela ne change rien mais je veux que tu le saches : je suis sincèrement désolé, vraiment.

— Je sais. Mais je ne peux pas te pardonner. Pas tout de suite," répondit Orn, sans méchanceté.

Le Mandalorien acquiesça, n’en demandant pas autant. Il voulait simplement que le Twi’lek sache cela, mais n’exigeait rien de lui. Cela serait injuste de sa part, d’autant plus que ce n’était pas lui qui avait le plus souffert à cause de cette embuscade et de son égo. Il fit un mouvement vers Orn, suspendant son geste en lui demandant sa permission d’un regard tendre. Lorsque le chasseur lui donna son accord, Fett se lança doucement dans une embrasse forte, serrant son collègue de ses bras avec douceur et lâchant son casque qui tomba lourdement au sol. Ce dernier lui rendit son étreinte presque désespérément, lâchant un sanglot d’une tristesse infinie mêlée à un soulagement palpable. Orn avait beau en avoir voulu énormément au Mandalorien, allant même jusqu’à le détester, il n’avait jamais cessé de l’aimer d’un amour trop douloureux. Dans les bras de son collègue, le Twi’lek enfouit sa tête dans l’épaule de Fett, pleurant sans retenue. Il était bon de laisser enfin cette colère et cette haine partir, de lâcher un pan de sa vie qui l’avait énormément affecté. Bien sûr, Orn n’oubliait pas ce que le Mandalorien lui avait fait subir, mais il mettait de côté toute sa rage pour enfin vivre et aller de l’avant.

Le Twi’lek savait désormais la vérité complète - ou presque - sur ceux qui l’entouraient, et il pouvait ainsi reprendre le contrôle de sa vie, un contrôle qui lui avait trop longtemps échappé. Orn s’abandonnait dans les bras de Fett, ne songeant quasiment à rien. Il se sentait léger, libéré de sa haine et des visions d’horreurs de cette embuscade. Le Twi’lek se surprit même à se sentir en sécurité, près de son compagnon, sentant toujours cette affection qui n’avait jamais faibli. Quelques instants avant, il n’aurait jamais cru que ce serait le Mandalorien qui, grâce à l’intervention de Nasha, viendrait l’aider à se sortir de cette spirale infinie de pensées sombres. Bien sûr, les récentes révélations alourdissaient cruellement son cœur, mais ce fardeau lourd semblait presque distant, loin de cette étreinte rassurante qui lui avait manqué. Pour une fois, ses réflexions et son esprit se calmaient, devenant bien moins bruyants que ces dernières semaines. Pour une fois, le futur ne semblait pas écrasant et ayant pour seule issue une mort certaine. À travers ses sanglots qui se faisaient doucement plus calmes, Orn lâcha un soupir. Il venait de retrouver l’espoir, une sensation qu’il avait oubliée depuis sa confrontation avec le Seigneur Sith. Cet espoir lui donnait une faible force pour continuer à vivre et pour abandonner l’Empire, mais le Twi’lek l’ignora, préférant se réconcilier avec lui-même et toute cette période de son passé, et préférant également se concentrer sur le moment présent, perdu dans cette embrasse si familière.

Le guerrier à l’armure verdâtre, de son côté, savourait cet instant, laissant finalement ses larmes couler silencieusement. Lui aussi avait besoin de ressentir cette proximité avec le chasseur, et même si sa culpabilité ne faiblissait pas, il n’en tenait pas compte, trop heureux et trop triste de retrouver enfin le Twi’lek qui lui avait tant manqué. Et en recevant son étreinte, Fett se sentait terriblement honteux, ne pensant pas un instant mériter l’affection si inaltérée de son partenaire. Lorsque Orn lui avait rendu son embrasse, il avait presque reculé, ne voulant pas recevoir un tel geste après tout le mal qu’il lui avait fait. Pourtant, dans les bras du chasseur, le Mandalorien ne pouvait nier que tout semblait aller mieux. Certes, il se demandait toujours comment le chasseur avait récolté cette balafre qui barrait son visage, mais cela semblait, dans l’immédiat, le problème d’un autre temps, lointain et presque inexistant. Pour Fett, il n’y avait plus que lui et Orn, le reste de la Galaxie, l’Empire, la Rébellion et ses ennemis n’avaient plus aucune importance. Ne plus sentir toute la haine que ce dernier avait éprouvé en son égard était libérateur, même s'il savait qu’il méritait cette haine et que Orn s’abandonnait dans cette étreinte pour lui-même et non pour le Mandalorien. Il ne cesserait jamais d’être désolé, il le savait, et le contraire ne lui semblait pas juste. Ce qu’il avait fait était horrible et cruel, pur produit de son égo et de sa peur, et cela le rongeait depuis longtemps, et le rongerait jusqu'à l'éternité.

Mais comme toujours, Fett accueillait cette douleur qui logeait dans son être, refusant de se sentir libre et de vivre comme s’il n’avait rien fait, quand celui qu’il aimait souffrait bien plus que lui de par sa faute, qui se forçait à ne jamais l'ignorer. Cette tâche était cependant rendue difficile dans les bras si familiers et si tendres du chasseur. Il était si facile de tout oublier lorsqu’il était dans cette embrasse nécessaire, mais le Mandalorien sentait toutefois le désespoir latent du Twi’lek, qui accroissait son inquiétude. Il avait toujours mille questions à poser sur son casque, sa balafre, son état si déplorable. Jamais Fett ne l’avait vu ainsi, les yeux ternis par la fatigue et les joues creusées par les larmes presque incessantes. Il se doutait que quelque chose de bien plus grave que sa défaite contre Skywalker et que la perte de son casque s’était produite, mais Fett redoutait la réponse. Il savait à quel point ce casque de Clone était important pour le chasseur, alors qu’un événement ou une découverte pouvait le détourner ainsi de son armure terrifiait le Mandalorien. Il n’osait pas imaginer ce qui s’était passé sur la Cité des Nuages, et il regrettait terriblement d’être parti avant lui.

Après ce qui leur sembla être une décennie, Orn brisa doucement l’étreinte, presque à remord. Fett l’imita immédiatement et esquissa un sourire faible, essuyant rapidement ses larmes d’un revers de la main. La gorge serrée par ses émotions puissantes, il s'éclaircit la voix avant de se mettre à parler à nouveau, sous l’oreille attentive du chasseur.

"Que ça te prenne une semaine ou des années pour que tu me pardonnes, j’attendrais. Et même si tu ne me pardonnerais jamais, je serais là, si tu le veux."

Le concerné sourit légèrement, ne disant rien. Il appréciait la bienveillance et la tendresse de son compagnon, bien que ce dernier ne fît que la moindre des choses. Ils restèrent dans un silence paisible, mais le Twi’lek sentait que le Mandalorien brûlait de lui poser une question. Il voyait que Fett prenait grand soin d’éviter de poser son regard sur sa blessure, et Orn avait remarqué qu’il avait lancé un coup d’œil furtif vers son établi, où les deux morceaux de son casque noir était posés. Il poussa un soupir, mi-fatigué mi-énervé par ces questions que personne ne posait. Nasha et Twik faisaient la même chose, préférant échanger des regards inquiets plutôt que de remuer le couteau dans la plaie du chasseur. Seulement, ce dernier s’en rendait bien compte, et, en un sens, ce silence se voulant protecteur était pire que les interrogations dont ils voulaient avoir les réponses. Et bien que le Twi’lek comprenait leur logique et était reconnaissant de leur affection, il en avait marre de tous ces non-dits. Alors il planta ses yeux dans ceux, sombres et profonds, de Fett, et le força tacitement à lui rendre son regard.

"Tu sais, ce n’est pas une question qui va m’achever…," dit-il d’un ton ennuyé, presque accusateur.

Le Mandalorien s’excusa, honteux et compréhensif. Cherchant ses mots et les pesant, il ramassa son casque, qui était à terre, et l’essuya en quelques coups pour enlever la poussière. Orn, patient, croisait les bras en observant ce petit manège, Cependant, il ne se plaignit pas, sentant le malaise et la honte de Fett.

"J’imagine que c’est Skywalker qui t’a fait ça ? Et qui a détruit ton casque ?

— Oui. Je l’avais coincé, mais il a réussi à m’atteindre."

Le guerrier à l’armure verte se tourna vers le Twi’lek, les sourcils froncés. Il avait beau savoir que cela était vrai, il peinait à croire qu’un illustre inconnu avait réussi à battre un des meilleurs chasseurs de primes de la Galaxie. Bien sûr, Orn n'était pas infaillible, et il avait déjà perdu quelques combats. Mais il faisait toujours attention à ne jamais laisser son casque être touché par des coups ennemis, prenant soin de garder son visage caché.

"Et… comment cela est-il arrivé ? Skywalker est-il si puissant que ça ?

— Il a été chanceux et j’ai été trop sûr de moi. C’est aussi simple que cela," répondit le chasseur, ne niant pas son erreur.

Orn n’avait aucun mal à admettre qu’il s’était trompé sur Skywalker et qu’il l’avait sous-estimé, mais avouer que ce dernier avait réussi, en un coup miraculeux de blaster, à détruire ce qui faisait de lui le chasseur craint qu’il était plus difficile. Fett acquiesça avec compréhension, croyant sans difficulté que ce Rebelle étrange avait eu de la chance. Car si lui, digne fils du plus grand chasseur de primes de tous les temps, n’avait pas réussi à tuer le Twi’lek, Fett ne pensait pas possible que quelqu’un pouvait mettre fin au règne de son compagnon avec un seul tir de blaster. Et le Mandalorien savait, sentait, que cette défaite contre Skywalker n’était pas l’entière raison de son isolement. Voulant donc respecter Orn, il se résolut à lui poser une autre question.

"Qu’est-ce qui t’as fait venir ici ?" demanda-t-il, observant la réaction du chasseur.

Ce dernier ferma les yeux un instant, serra les poings puis les rouvrit, avant de se mettre à regarder le sol. Il n’avait toujours pas accepté entièrement toute la vérité qu’il avait apprise des semaines auparavant, mais il sentait que les dire à voix haute, calmement et non sous le choc, pouvait l’aider à avancer. Et il devait, voulait avancer.

"L’Empire m’a menti. Et… Ce ne sont pas les petits mensonges qu’ils me disent pour me garder hors de leurs complots, mais plutôt le genre de mensonges qui te font comprendre que tu avais tort sur toute la ligne,» expliqua-t-il, se forçant à lâcher un faible rire.


Orn ne voulait pas avoir l’air faible et si affecté par cela, mais son rire ne fit que confirmer les doutes du Mandalorien, qui décida de ne pas s’étendre sur le sujet. À la place, il se dirigea vers l’établi et posa son casque vert à côté de celui, scindé en deux, du Chasseur Impérial. Restant silencieux un instant, il se tourna vers le Twi’lek, qui le regardait avec une pointe de curiosité et d’espoir. Il savait ce que Fett avait derrière la tête, mais il voulait l’entendre le dire. Le Mandalorien lui sourit, un éclat espiègle dans ses yeux, teinté d’une affection et d’une tristesse aussi vieilles que le temps lui-même. Il prit un outil dans ses mains et en lança un autre au chasseur, qu’il attrapa au vol, souriant faiblement à son tour.

"Alors ? On le répare ?"

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
SinnaraAstaroth
Posté le 19/05/2024
Alors, je t'avoue, le couple Boba Fett - Orn pour moi c'est un grand non, je suis pas convaincue, et encore moins après cette "raison". >< Le coup du "je t'aimais trop, je me sentais faible, du coup je te vends aux ennemis et je te laisse te faire torture", déjà c'est pas une excuse, c'est un aveu de crime, et clairement là faiblesse elle est là, ensuite je trouve ça tellement toxique et tordu, que je ne sais pas à quel moment Boba Fett arrive à se regarder dans le mémoire et à croire qu'il mérite qu'on le comprenne ou qu'on le pardonne. Même Miiko elle aurait pas osé avoir un tel culot ! x)

Et je trouve pour le coup Orn très faible aussi et esclave d'un attachement que je vois plus comme une dépense affective malsaine qu'une amour équilibré. C'est peut-être une analyse psychologique un peu trop poussée, mais j'ai vraiment du mal à voir leur relation comme quelque chose de touchant, je le perçois vraiment comme quelque chose de toxique et malsain. Orn peut pardonner pour aller de l'avant, sans vouloir tuer Boba ce qui n'est pas sain non plus, mais c'est un lien qui mériterait d'être coupé une bonne fois pour toutes.

Je sens que je m'emballe pour rien, mais voilà ! x) Le chapitre portait surtout sur ça. Et sinon contente de voir Orn un peu plus raisonnable et de reconnaître que Luke a juste eu de la chance, et de pas avoir envie de lui faire la peau juste parce qu'il a eu mal à son égo. x)
Solaq G.
Posté le 19/05/2024
Ahah, je savais que t'allais pas aimé ! Si ça peut te rassurer, Orn et Fett auront surtout une relation de collègues, voire d'amis ! Orn a pas du tout envie de faire comme s'il s'était rien passé, il veut juste tourner la page (sans oublier) et enfin se reconstruire ! Après, effectivement, ça peut paraître un peu faible de la part d'Orn ; mais Fett est l'un des seuls êtres vivants (désolé Twik) avec qui il avait une relation de confiance, donc une certaine partie de lui a envie de lui donner une seconde chance, tout en pensant à lui-même d'abord. Mais je comprends totalement ta réaction ahah
J'espère quand même que la suite te plaira ! Si ça peut te rassurer, Fett reste un personnage mineur de l'histoire ahah
SinnaraAstaroth
Posté le 19/05/2024
Non mais ça n'enlève rien au reste de l'histoire, au contraire, après je me questionne juste beaucoup sur la psychologie des personnages. x) Même pour une relation collègue ou amicale, je trouve quand même ça un peu dangereux, surtout que justement ça vient presque d'une solitude de Orn qui est prêt à se reposer sur un mec pas net du tout, juste pour pas se sentir seul. En vrai, il ferait mieux d'aller s'ouvrir à d'autres gens plus sympas. x) Genre Han Solo et Chewie. xD

Après je pense que mon désamour de Fett vient du fait que dès le départ, on (tu) nous le présente(s) comme l'objet des traumatismes les plus profonds de Orn, qui le pousse même à avoir des idées suicidaires et à se mutiler, c'est quand même très violent. En plus après quand on apprend ce qu'il a subi, c'est encore plus violent. Et par contre, à aucun moment on nous montre (et je dis bien montrer, pas juste évoqué en passant) des moments positifs. Dès le début c'est trahison, vengeance, souffrance.

Alors que par ex. avec Taano, on voit ce qu'elle a vécu, Orn le vit avec elle, et donc sont pardon envers les Jedi semble bien plus naturel et acceptable, pour lui comme pour le lecteur. Et même Taano est attachante, alors qu'on la sait morte, parce qu'on la voit dans le feu de l'action, en Jedi super digne et badass. Et elle est aussi super choupi, on veut lui faire des câlins, et donc on comprend vraiment la peine de Orn.

Là, au final, on a du mal à comprendre cette hésitation et ce désir de réconciliation avec Fett, alors que rien ne va dans ce sens. Du moins, en tant que lectrice, c'est ce que je ressens, parce que je n'ai que la version négative et toxique de la relation.

Et je pense que tu l'as vu à ma réaction au fil des chapitre que dès que je parlais de Boba c'était en mode "mais qu'il crève lui", parce que je me suis vraiment positionné du côté de Orn et de la colère justifiée qu'il ressentait un son égard, et moi par contre je suis pas prête à pardonner du tout. xD
Solaq G.
Posté le 19/05/2024
Mmh, je comprends totalement ton point de vue !
Je vais peut-être retaper ce côté de l'histoire, quand j'aurais le temps, pour qu'il y ait ces moments positifs qui expliquent l'hésitation
Vraiment, merci beaucoup de ce retour, c'est ultra intéressant d'avoir ton point de vue, et vraiment c'est une sacrée piste d'amélioration ! Merci !
Vous lisez