- J'avais donc raison de suivre ce petit qui m'a accosté au réfectoire !
Je serre les dents. D'un bond, Illiam se remet debout. Je l'imite accompagnée d'Erica :
- Alors comme ça on aime fouiner dans les affaires des autres ?
Il rit.
- Lâchez Yann ! s'exclame Erica.
- Oh non ! D'ailleurs, vous trois, vous allez me suivre ! On part !
- Certainement pas ! riposte Illiam en se jettant sur Coyne, un couteau sortit de nulle part dans la main.
D'un geste rageur, il tente d'asséner un coup au chef de l'équipe de la brigade. L'arme fend l'air avec une rapidité extrème sans pour autant parvenir à toucher sa cible. La cible en question ricane :
- Bande de gamins ! Et vous pensez pouvoir m'échapper ?!
Le combat continue. Tandis qu'Illiam s'épuise à essayer de placer un coup, Coyne virevolte, esquive les coups avec une agilité surhumaine. Nous l'avions sous-estimé. Il est peut-être médiocre en attaque mais en esquive, il est imbattable. Illiam s'impatiente. D'un geste sec et maîtrisé, il il lance son couteau. L'arme tournoie dans les airs et se confond avec l'obscurité de la pièce. Si bien que l'adversaire ne la voie pas arriver. La lame s'enfonce dans le bras de l'homme qui crache un juron. Il se relève. Essaie tout du moins. Illiam est déjà sur lui. Il tourne la tête :
- Gwenaëlle ! Vas-t-en ! crie-t-il.
Je ne réfléchis pas. J'empoigne Erica d'une main et Yann de l'autre et me dirige vers la porte. A ce moment, un homme surgit de nulle part pour nous barrer la route :
- Oh non ! Vous n'irez nulle-part !
J'examine rapidement notre nouvel adversaire. Grand, très grand. Une musculature impressionante, des mouvements vifs. Je n'ai aucune chance. Pas alors que je viens d'entrer en première année dans cette école. Mais je n'ai pas envie d'abandonner. D'un geste protecteur, je met Erica et Yann derrière moi et je sors mon poignard que j'ai récupéré. Je tente de placer un coup mais mais cet homme, calmement, presque au ralenti, saisit la lame de mon arme et me l'enlève des mains avant de la pointer sur moi. Derrière, j'entends un cri de rage. Je me retourne. Illiam est plaqué au sol, maîtrisé. Coyne lui fait une clef de bras.
- Bon, finissons ce petit jeu. Andrew, amène les gosses.
Mon assaillant ferme la porte à clef et nous fait assoir sur le lit où Illiam nous rejoint bientôt.Coyne ferme les volets puis les rideaux. Nous n'avons plus d'échappatoire. Le chef d'équipe revient se placer devant nous, les bras croisés. Il semble examiner mes camarades.
- C'est bon, confirme-t-il, pas besoin de les tuer. Ils seront plus, utiles si on les ramène avec la gamine.
Son regard revient sur Illiam. Un sourire s'étire sur ses lèvres :
- Alors comme ça ton père t'a envoyé faire le chevalier blanc de la peite Prévost ?
- Hein ? N'importe-qu... je commence.
Mais je remarque qu'Illiam ne réagit pas, se contentant d'adresser un regard haineux à Coyne. Je me tourne vers mon ami :
- Illiam. Qu'est-ce qu'il raconte ?
Il soupire, il semble lassé et déçu. Je ne comprends pas. Ma voix devient pressante :
- Illiam, dis-moi de quoi il parle.
Coyne est peut-être une personne malfaisante mais il semble avoir du respect pour l'intimité. Avec son collègue, il sort de la pièce, prenant soin de refermer la porte derrière lui.
Un instant, je songe à ouvrir les volets pour m'enfuir mes bientôt, je vois une ombre se poster devant la denêtre à travers l'interstice entre les deux volets. Je reviens sur Illiam :
- Alors ?
- C'est... Une longue histoire Gwenaëlle, une histoire que même moi je ne connais pas en détails...
- Je m'en fiche ! Raconte !
Il prend une inspiration. Il n'est plus la même personne. Il y a quelques minutes encore, il était téméraire et tenter de repousser l'adversaire. Mais là, il semble avoir perdu tout espoir, il est comme... Vide. Il commence son récit d'une voix empreinte de lassitude :
- Je sais que mon père et ta mère étaient amis mais qu'ils se sont disputés. Après, ils ne se sont plus parlés. On a plus revu ta mère pendant très longtemps et cet été, elle est réaparue. Elle nous a dit qu'elle avait une fille de dix ans, Gwenaëlle, qui allait bientôt rentrer à Jack the Ripper school. J'ai pas tout entendu, elle a parlé d'ennuis... Elle a demandé à mon père de te protéger. Alors il l'a fait. Pendant deux ans. Et puis un jour, il t'a vue sortir d'un parc et entrer dans une limousine noire. Il a sû que t'allais ici. Et comme moi aussi j'allais passer les examens d'entrée, il m'a demandé de te surveiller. C'était pas facile parce que tu m'en voulais pour je ne sais quelle raison. Mais heureusement qu'on était dans la même classe, c'était plus simple de te suivre.
Il y a un moment de silence pendant lequel tout le monde se dévisage dans la pièce.
- Ma mère a disparu quand j'avais trois ans... Et tu dis qu'elle est venue chez toi il y a deux ans ?
- Oui, confirme-t-il, pas de doute, c'était bien elle, tu lui ressembles comme deux gouttes d'eau.
- Où est-elle maintenant ? Vous avez eu des nouvelles ?
- Non, elle... commence Illiam.
Mais à ce moment, Coyne rentre dans la pièce.
- On y va maintenant ! Andrew, tu t'occupes du petit Smith et de Gwenaëlle, je me charge des deux autres.
L'homme nous empoige. Je sens une vive douleur dans mon bras. Nous sortons dans le parc. Il n'y a personne, tout le monde est en train de manger. J'ai envie de crier mais ça ne servirait à rien, les murs sont insonnorisés. Nous arrivons devant deux voitures garées à l'écart, cachées. Andrew ouvre la portière de la première et nous fait entrer à l'intérieur avant de s'installer au volant. Devant nous, Coyne fait entrer Yann et Erica avant de faire de même. Sa voiture démarre. Nous quittons le parc pour nous enfoncer dans la forêt. Illiam pose une main sur mon bras. Je me dégage vivement et m'écarte le plus possible de lui. Mais qui est-il vraiment ? Pourrais-je un jour avoir confiance en lui ?