Rena ne dormait pas. Elle repensait aux derniers événements : les cercles, l'absence de Miiko, sa dispute avec Ezarel... Tout n'était que chaos et confusion dans son esprit tracassé. Elle avait pris une longue douche chaude pour se vider la tête, mais l'eau n'était pas parvenue à la laver de ses inquiétudes.
De retour dans la chambre, elle avait répété son discours d'excuse des dizaines de fois dans sa tête, mais elle avait vite déchanté lorsqu'elle avait vu Ezarel entrer en titubant. Il avait bu plus que de raison. Cela se voyait à sa démarche, et surtout, cela se sentait à son haleine d'où émanaient des effluves doucereux d'hydromel.
— Tu es vraiment allé boire avec Alajéa ? interrogea-t-elle en fronçant les sourcils alors que l'elfe se laissait tomber sur le lit.
— Ça te pose un problème ?
— Bien évidemment que ça me pose un problème ! Qu'est-ce qui t'est passé par la tête ? Je ne te parle même pas d'Alajéa, mais boire autant alors qu'on est en alerte, c'est totalement irresponsable ! Que vas-tu faire dans cet état si on doit prendre les armes pour défendre la cité ?
— Tu exagères. Je suis juste un peu éméché, mais je vais vite dessoûler. Surtout avec toi pour me faire la morale.
Rena pinça les lèvres. Elle le trouvait vraiment odieux ce soir. Ezarel avait posé sa tête sur les cuisses de la jeune femme en ignorant son regard désapprobateur. Le poignet posé sur son front, il ferma les yeux un instant.
— Tu avais raison, souffla-t-il, les yeux toujours fermés.
— À quel sujet ?
— Alajéa. Je voulais te prouver que tu avais tort, mais je me suis fait prendre à mon propre jeu. J'ai joué franc jeu avec elle. Je lui ai demandé ce qu'elle ressentait pour moi, si elle me voyait autrement que comme son supérieur, et elle m'a avoué qu'elle était amoureuse de moi. Depuis très longtemps, visiblement. Elle a même essayé de me convaincre qu'elle valait mieux que toi et que tu allais me rendre malheureux.
— Et c'est pour ça que tu as autant bu ?
— Non. L'hydromel de Karuto est juste incroyablement délicieux et enivrant. Je t'assure que je n'ai pas bu tant que ça. Juste deux ou trois verres. Je n'ai pas bu avec elle, je lui ai dit ce que j'avais à lui dire, et je lui ai demandé de partir. J'ai bu avec Valkyon. Enfin, il s'est invité à ma table sans me demander mon avis.
— Qu'est-ce que tu as répondu à Alajéa ?
— Qu'est-ce que tu crois que je lui ai répondu ? Je lui ai dit que c'était impossible, bien entendu. Et je lui ai demandé de rester professionnelle en toutes circonstances. Elle n'avait pas l'air très ravie, mais bon... Tu es la seule qui compte à mes yeux.
Il tendit une main vers le visage de Rena pour caresser sa joue. Il s'était redressé pour l'embrasser, mais la jeune femme détourna la tête.
— Arrête, tu empestes l'alcool.
— Tu es toujours fâchée contre moi ?
— Oui, je suis fâchée contre toi parce que tu n'en fais qu'à ta tête et que tu me fais tourner en bourrique. Je n'arrive pas à croire que tu sois allé confronter Alajéa comme ça...
— Je voulais juste mettre les choses au clair pour que tu n'aies plus à t'inquiéter. Au moins, maintenant, il n'y aura plus de malentendu. Elle sait à quoi s'en tenir.
— Certes... Je vais aller faire un tour dans le QG et m'assurer que tout va bien. Pousse-toi.
Ezarel avait laissé la jeune femme quitter le lit à regret. Elle laissa glisser son kimono en soie blanc le long de sa peau nue et laiteuse. Ses longs cheveux blancs et raides, encore un peu humides après sa douche, lui tombaient en cascade jusque dans le bas du dos. Baignée par les rayons de la lune, elle avait une allure fantomatique. Elle enfila sa tenue d'officier, puis attrapa son sabre avant de se diriger vers la porte.
— Tu veux que je vienne avec toi ? demanda Ezarel qui ne l'avait pas quittée des yeux.
— Non. Dans ton état, si un des gardiens de patrouille te croise, tu vas finir aux cachots à dégriser avec les poivrots de la cité.
— Tu es vraiment cruelle, soupira l'elfe en se tournant sur le dos. Si tu n'es pas revenue dans vingt minutes, je sonne l'alerte générale.
La main sur la poignée, Rena ne se donna pas la peine de répondre à son commentaire empreint de sarcasme. Elle sortit sans même lui jeter un regard.
***
La gardienne déambula un moment dans les couloirs sombres. Tout était silencieux. Elle s'était d'abord rendue devant la salle du Cristal. Deux gardiens surveillaient l'entrée. L'un d'entre eux l'interpella d'une voix forte :
— Halte ! Qui va là ? s'exclama-t-il en posant une main sur le pommeau de son épée, le regard méfiant.
— Je faisais une petite ronde, répondit Rena en montrant son insigne d'officier supérieur. Je voulais juste voir le Grand Cristal et m'assurer que tout allait bien.
— Oh ! Vice-capitaine Yukihira ! salua alors le garde en se mettant au garde-à-vous. Je ne vous avais pas reconnue. Toutes mes excuses.
— Ce n'est pas grave, je ne faisais que passer. Tout va bien ?
— Oui, rien à signaler. Tout est calme.
Rena jeta un coup d'œil par-dessus l'épaule du garde. Une arche creusée dans le mur donnait vue sur un large escalier en colimaçon qui montait jusqu'à la salle du Cristal. Une barrière magique avait été dressée pour en condamner l'accès. Un cercle de lumière rosâtre dessiné sur la paroi invisible, à la manière d'un mur de verre parfaitement transparent, indiquait que le sceau était toujours actif. Seuls la générale Miiko, son vice-capitaine, et les prêtresses de la Trinité en charge des rites religieux liés à l'Oracle possédaient la clé runique qui permettait de franchir la barrière.
Rares étaient ceux qui avaient le privilège de contempler la splendeur divine du Grand Cristal qui reposait sur un énorme socle de marbre finement sculpté et serti de pierres précieuses. Il occupait presque tout l'espace de la salle et s'élevait jusqu'au plafond.
Une grande colonne de lumière azur s'échappait à travers la coupole en verre, son rayon était si lumineux qu'on pouvait le voir à des centaines de kilomètres à la ronde. Il émettait une lueur féérique qui happait le regard et incitait à la rêverie. Majestueux et paisible, il diffusait une douce énergie qui apaisait l'âme et reposait le corps.
Rena aurait bien voulu se rendre dans la salle du Cristal pour vérifier qu'il n'y avait rien d'anormal, mais sans l'autorisation de Miiko, elle devrait se contenter de le surveiller de loin.
***
La gardienne de l'Ombre avait pris congé des deux gardes après leur avoir rappelé de rester vigilants. Elle pouvait constater qu'à la suite des ordres de Nevra, il y avait plus de sentinelles qui patrouillaient dans les couloirs et dans les jardins. Elle était elle-même en train de se diriger vers les grandes portes du QG pour s'assurer que personne ne rôdait autour de l'enceinte, lorsqu'elle était tombée nez à nez avec Alajéa.
— Rena ? Qu'est-ce que tu fais là ? demanda la sirène de sa voix fluette.
Elle s'était plantée devant elle, les bras croisés dans le dos, à la dévisager avec un air interrogateur et quelque peu accusateur. Rena la dévisagea à son tour. Comme à son habitude, elle portait des vêtements osés qui dévoilaient ses courbes généreuses de sirène Atlante.
Rena n'avait pas de complexe concernant ses propres formes qu'elle trouvait tout à fait honorables, mais elle se sentait toujours mal à l'aise face au manque de pudeur de sa collègue. En outre, elle détestait la façon qu'elle avait de s'adresser à elle avec tant de familiarité, mais la sirène semblait faire peu de cas des grades. La gardienne de l'Ombre força donc un sourire quelque peu crispé avant de répondre sur un ton aussi neutre que possible :
— Je me promenais. Et toi ? Qu'est-ce que tu fais dehors si tard ?
— Je suis sortie pour me changer les idées... Je n'avais pas trop le moral, alors je suis allée observer les étoiles et la lune, répondit-elle en exhalant un soupir lourd de chagrin. Le ciel est très clair, c'était magnifique, mais ça m'a encore plus donné envie de pleurer.
— Je vois.
— C'est tout ce que tu as à dire ?
— Je ne vois pas ce que je pourrais dire de plus...
— C'est toi qui as demandé à Ezarel de me remettre à ma place, n'est-ce pas ? C'est si mal que ça de vouloir me rendre utile ? Et puis, même si j'ai des sentiments pour lui, ça ne se contrôle pas, qu'est-ce que ça peut te faire ? J'étais là avant toi, mais c'est toi qu'il a choisie, de toute façon... Tu ne trouves pas cela injuste ? Tu n'as rien fait pour lui, alors que moi...
La sirène enfouit son visage dans ses mains pour cacher les larmes qui lui montaient aux yeux. Rena n'était pas touchée par la détresse émotionnelle de sa collègue et rivale.
— Tu as raison, tu ne peux pas contrôler tes sentiments, mais tu peux contrôler tes actions, et il y a des limites à ne pas franchir.
— Tu as vraiment un cœur de glace, répliqua-t-elle en dardant ses yeux embués de larmes sur elle. C'est pour ça qu'Ezarel est si malheureux avec toi. Depuis que vous êtes ensemble, il broie toujours du noir et il est prompt à se mettre en colère. Il a même menti au capitaine à cause de toi, ce qui lui a valu un blâme. Il n'était pas comme cela avant.
— Est-ce que tu sous-entends que j'ai une mauvaise influence sur lui ?
— Ce n'est pas le cas ? Vous autres de la garde de l'Ombre, vous êtes tous des manipulateurs et des menteurs. Vous n'êtes pas dignes de confiance. Regarde ce qu'a fait ton ancien capitaine ! Si tu te sers d'Ezarel, alors je-
— Tu vas quoi ? la coupa-t-elle sur un ton abrupt en la dévisageant avec mépris. Je ne me sers pas de lui, et de toute façon, ce ne sont pas tes affaires. Ezarel a été clair avec toi. Tu ne l'intéresses pas, alors arrête de lui tourner autour et trouve-toi une occupation plus utile pour tout le monde. Tu es une gardienne d'Eel avant toute chose, comporte-toi comme telle.
Rena avait tourné les talons. Elle ne savait pas si la sirène était la dernière des ingénues ou la plus sournoise des vipères, mais elle n'avait aucune sympathie pour elle. Certes, c'était Ezarel qui lui avait porté secours, mais c'était la garde d'Eel qui l'avait accueillie en son sein, qui lui avait accordé l'asile, et qui lui avait octroyé un poste de gardienne qu'elle ne méritait clairement pas. Si elle était réellement reconnaissante, elle ferait mieux de prendre à cœur ses obligations.
***
Rena était montée sur les remparts qui entouraient le QG. L'air frais et pur lui emplissait les poumons. La gardienne inspira profondément plusieurs fois jusqu'à retrouver le calme et la sérénité. Alajéa avait raison sur un point : le ciel était vraiment magnifique. Les trois lunes formaient une diagonale de la plus grosse à la plus petite. Il était rare de les voir à la fois pleines et parfaitement alignées. C'était un phénomène qui ne se produisait qu'une fois tous les trente ans.
La plus imposante d'entre elles s'appelait Nakkusûm, la lune d'Ambre. C'était un astre doré qui tirait parfois sur l'orangé. La deuxième était Abûrris qu'on surnommait la lune d'Opale. De taille moyenne, c'était une sphère blanche aux reflets irisés qui rappelait la lune terrienne. La dernière était la moins visible, car la surface d'Agû, la lune d'Onyx, était noire comme le charbon.
Assise dans le creux d'un des créneaux du rempart, ses jambes se balançant dans le vide, la yôkai balayait la cité qui s'étendait à ses pieds de ses yeux gris et perçants. Son sang ne fit qu'un tour lorsqu'elle vit plusieurs colonnes de lumière colorée jaillirent du sol entre les bâtiments. Les cercles avaient été activés. Ce qu'elle redoutait était en train de se produire.
Rena était descendue en quatrième vitesse et avait couru jusqu'à l'entrée de la salle du Cristal. Elle se figea, horrifiée. Les deux gardes qu'elle avait salués un peu plus tôt gisaient face contre terre dans une mare de sang. Ils n'avaient même pas eu le temps de sortir leur épée. La gardienne enjamba les deux cadavres, la main au pommeau de son sabre.
Elle s'avança prudemment vers l'escalier qui menait à la salle du Cristal tout en constatant avec effroi que la barrière magique avait été levée. Elle monta les marches à quatre. Le sceau de la deuxième barrière qui se trouvait au sommet des escaliers en colimaçon avait été brisé, lui aussi.
Rena franchit le seuil de la porte. Quelqu'un se tenait au pied du Grand Cristal. Un homme en armure noire. Il lui tournait le dos. Elle ne pouvait pas voir son visage, mais il portait un casque orné de cornes torsadées noires et luisantes.
— Qu'est-ce que vous faites ? s'exclama Rena en dégainant son sabre qu'elle pointa sur l'intrus.
Si l'homme l'avait entendue, il avait décidé de l'ignorer. Une main levée vers le Cristal, il s'était mis à incanter un sort d'une voix grave et profonde. Son chant aussi mélodieux que terrifiant avait invoqué quatre grands cercles qui s'étaient formés dans les airs, tout autour du Cristal, comme des canons lumineux pointés sur lui. Ils s'activèrent tous en même temps. Quatre rayons de lumière d'un bleu intense frappèrent le Cristal à l'unisson. La roche de mana se mit à vibrer violemment en émettant une plainte cristalline.
— Arrêtez ça tout de suite ! ordonna-t-elle d'une voix ferme en s'avançant vers le mystérieux cavalier noir.
— La roue du destin est en marche, personne ne peut l'arrêter, récita laconiquement l'homme qui avait fini de psalmodier son incantation. Bientôt, un nouveau cycle va débuter, et cette fois-ci, la vérité sera rétablie.
Ce n'était pas la première fois que Rena entendait un tel discours. L'homme s'était tourné vers elle. Ses yeux étaient tels deux charbons ardents qui la fixaient intensément. Elle sentait son âme se consumer sous son regard de braise. La puissance qu'il dégageait était si écrasante que la yôkai était incapable de bouger le moindre muscle. D'un geste de la main, il lui fit mettre un genou à terre, puis l'autre.
— On se reverra, enfant de l'Oubli.
Il ploya son propre genou pour poser une main à terre. Un nouveau cercle apparut à ses pieds. « Un cercle de téléportation ! » réalisa Rena en reconnaissant la disposition des éléments.
— Attendez ! cria Rena qui était parvenue à se libérer de sa paralysie.
L'homme avait disparu dans une cascade de lumière écarlate avant qu'elle ne puisse l'atteindre. Rena leva alors la tête vers le Cristal. Les cercles magiques étaient toujours actifs. C'était la première fois qu'elle voyait un tracé aussi complexe. Le sol fut parcouru d'un léger tremblement. Le Cristal vibrait de plus en plus et son bourdonnement aigu lui vrillait les tympans.
Tout à coup, des runes noires apparurent à la surface de la concrétion de mana. Le long serpent noir et filiforme de symboles étranges s'enroula autour du Cristal, comme s'il cherchait à l'étouffer. Il s'immobilisa et les runes se mirent à briller d'une sinistre lueur rougeâtre.
Les cercles magiques avaient disparu aussi soudainement qu'ils étaient apparus. C'est alors que Rena remarqua avec horreur que la surface du Cristal était en train de se fissurer. Il fallait qu'elle fasse quelque chose, mais elle ne savait pas comment inverser le processus. Les rouages de son cerveau tournaient à toute vitesse, jusqu'à ce qu'une idée germe dans son esprit. Si elle essayait de geler le Cristal, elle arriverait peut-être à le stabiliser avant qu'il ne se brise.
***
Une main levée vers le Cristal comme l'homme peu de temps avant elle, Rena concentra toute son énergie dans sa direction. La glace commençait à gagner du terrain, mais ce n'était pas assez rapide. La surface à couvrir était trop grande et la puissance du Cristal ralentissait la progression du givre.
Rena redoubla d'efforts. Elle puisait dans ses dernières forces. Elle devait faire tout ce qui était en son pouvoir pour empêcher cette catastrophe. Si le Cristal était détruit, ce serait la fin du royaume d'Eldarya. La yôkai commençait à faiblir, elle sentait son pouvoir l'abandonner, mais elle y était presque... La glace avait presque atteint le sommet du Cristal.
La dernière portion de Cristal bleu disparut sous une couche de glace blanche. Le Cristal ne vibrait plus et les tremblements avaient cessé. Rena relâcha la pression en poussant un soupir de soulagement. C'est alors qu'elle entendit la voix d'Ezarel.
— Rena ! Qu'est-ce qu'il se passe ? s'exclama-t-il, affolé. Qu'est-ce que tu as fait ?
Il contemplait le Cristal gelé avec crainte et incompréhension.
— Ezarel ! Il faut que tu...
Sa phrase resta inachevée. Elle avait entendu le craquement familier de la glace qui se rompt. Les rayons de mana bleuté filtraient à travers l'épaisse couche de verglas qui commençait à se fissurer et à se craqueler. Un long sifflement strident lui vrilla les tympans. Rena plaqua les mains sur ses oreilles en poussant un gémissement de douleur.
Abasourdie et désorientée, elle tentait désespérément de s'éloigner du Cristal, mais elle était retenue par une force invisible. C'était comme si le Cristal, qui vibrait de plus en fort et de plus en plus rapidement, exerçait une puissante force d'attraction sur elle.
Son corps ne lui obéissait plus. Alors qu'elle entrait dans sa lumière, incapable de contrôler ses propres pas, elle vit son bras se tendre et sa main se poser à la surface du Cristal. Une atroce souffrance lui fendit le crâne. Son esprit était chauffé à blanc. Elle avait l'impression que sa tête allait exploser. Le Cristal était en train de mourir. Elle sentait son désespoir et son agonie. C'est alors qu'elle fut engloutie dans une lumière aussi éblouissante que douloureuse.
***
Pris dans l'explosion du Cristal qui avait rendu son dernier souffle, le corps de Rena fut transpercé par un millier de fragments de glace et de mana cristallisé. Elle sentait ses membres et ses organes se déchirer, centimètre par centimètre. Paralysée par la douleur, elle ne s'entendait pas hurler.
L'instant d'après, la douleur avait disparu. Enveloppée d'une douce lumière irisée, apaisante et chaleureuse, elle avait l'impression de flotter sur un nuage. Il n'y avait ni haut ni bas, ni avant ni après. Elle n'avait plus de corps, seule sa conscience subsistait dans cet endroit étrange, à mi-chemin entre le rêve et la réalité, entre la vie et la mort.
L'écho d'une voix retentit dans l'infini. Rena avait cru que c'était son propre nom qui lui revenait en écho, mais elle devait se tromper.
— Rena... répéta la voix, de plus en plus distincte. Rena...
Une femme était apparue dans son esprit désincarné. Elle possédait plusieurs paires d'ailes aux plumes irisées, une queue de reptile, et des cornes striées qui se dressaient droit sur sa tête. Son visage empreint de mélancolie, elle semblait en proie à une extrême souffrance.
— Vous êtes...
— L'Oracle, termina l'être éthéré. Je n'ai plus beaucoup de temps. Je vais utiliser mes dernières forces pour faire tourner la roue du destin en notre faveur.
— Qu'est-ce que vous voulez dire ?
— Trouve l'Élu. Au sacrifice de l'ange de glace répondront les larmes du dragon de lumière. Va, enfant de l'Oubli. Va, et souviens-toi.
L'Oracle ne lui laissa pas le temps de répondre à cette injonction énigmatique. L'espace se mit à vaciller, à s'étirer et à se distordre. La yôkai fut projetée à une vitesse astronomique dans un tunnel de lumière aveuglante aux couleurs psychédéliques, puis elle vit le sol se rapprocher à vitesse grand V. Elle n'eut pas le temps de se préparer à l'impact. Elle heurta d'abord un arbre, emportant quelques branches sur son passage, puis s'écrasa lourdement sur un chemin de terre. Après cette chute vertigineuse, ce fut le trou noir.
L'enchaînement avec le cristal fut une sacrée surprise. Jamais je n'aurais imaginé ça maintenant. Je voyais plutôt une lutte acharnée pour détruire les cercles. Allez, go trouver un Jean Michel-Solution pour arranger le problème
Ah ben oui, là, tout s'est barré en cacahuète très vite ! xD Mdr Jean-Michel Solution est pas prêt pour la tâche qu'on va lui confier non plus. =')
- Bon écoute Jean-Michel ramdom. Tu dois devenir Jean-Michel solution et sauver le monde
-Alors je suis plombier à la base ...
- Te voilà l'élu !
Sinon, Rena avait entièrement raison d'être parano ! Effectivement, ils n'ont pas avoir affaire avec des amateurs. Hâte de voir où tout cela va nous mener !
J'aime beaucoup l'aspect prophétique que prend l'histoire également. Déjà, c'est très bien tourné... même si j'ai peur de ce "sacrifice"...
Enfin, le titre est venu dans l'histoire ! Bon, on est pas très avancé sur ces enfants de l'Oubli, mais c'est quand même intéressant de voir que l'Oracle et l'antagoniste aient tous deux appelé Rena comme ça. Pour l'Oracle, je peux comprendre : c'est l'Oracle, elle sait beaucoup de choses. Mais apparemment, l'antagoniste sait également énormément de choses.
En somme, que des choses intéressantes ! Je file vite lire la suite ahah
Pour l'appellation "enfant de l'Oubli" et l'identité de l'antagoniste, ses motivations, etc., c'est bien là tout le mystère ! Mystère dont je ne dévoilerai rien, bien entendu !