Chapitre 19 - Elian – Guérison

Notes de l’auteur : Souvenez-vous :
Elian devient ami avec Ceïlan. Ils se confient l’un à l’autre, permettant à Elian d’obtenir le soutien précieux des elfes dissidents lors de l’invasion des orcs et des elfes noirs. Elian rencontre Beïlan, le roi des elfes d’Irin, en temps que comtesse d’Anargh, afin de demander officiellement leur aide aux elfes des bois. Elle échoue et Beïlan l’enlève pour l’obliger à se laisser baiser. Khala, le roi des elfes noirs, intervient et la reconnaît : elle est la fille d’Ariane, l’ancienne reine des elfes, faisant d’elle la sœur de Beïlan et de Ceïlan. Elle accepte le trône d’Irin puis égorge Khala sous les remparts de Tur-Anion. Alors qu’elle offre son titre de reine de Dalak à un elfe noir nommé Saelim, elle s’écroule, transpercée d’une violente douleur à l’épaule droite.

Brouillard.

Souffrance.

Peine.

Des mains qui se posaient sur elle. Elian ne voulait pas. Elle hurla. Seul le silence lui répondit. Aucun son ne sortait de sa gorge. Les mains étaient nombreuses. Elles forcèrent ses chemins de vie, suivirent ses lignes énergétiques, les obligèrent à changer de direction, les tirèrent, les poussèrent avec violence. Elian pleurait intérieurement. Elle aurait voulu qu’on la laisse tranquille, que les caresses cessent.

Elle perçut une dispute au dehors. Les mots lui échappaient mais le ton l’indiquait clairement. Qui se battait ainsi près d’une morte ? Ne pouvait-on pas lui ficher la paix ? Elle ouvrit péniblement les yeux, espérant pouvoir faire cesser. On lui saisit la tête. Elian voulut repousser la main ferme. Son corps ne lui répondit pas. On la força à boire. Cela avait le goût de l’argile. Elle fut forcée d’avaler. La douleur explosa en elle. Elle perdit connaissance.

Les mains étaient de nouveau sur elle, partout, la caressant, accompagnées d’une douce chaleur. Elian grogna en pensées. Petite, les hommes aussi étaient gentils avec elle et pourtant, ce qu’ils faisaient était mal. Elian souhaitait qu’on la laisse tranquille. Comment l’exprimer dans cet état ? Elle aurait voulu pouvoir pleurer. Son corps s’y refusa.

Nouvelle dispute dehors. Des voix masculines s’affrontaient. Elian était incapable de reconnaître quiconque et les mots s’envolaient sans faire sens dans son esprit embué de souffrance. Elle souhaitait le calme et la tranquillité. L’ambiance explosive près d’elle lui déplaisait. La dispute cessa.

Elian s’apaisa. Elle se permit un petit sourire et ouvrit difficilement les yeux. De nouveau, cela lui valut d’être saisie et forcée d’avaler un liquide infecte. Elle se promit de ne plus jamais montrer signe de conscience. Elle voulait seulement qu’on la laisse en paix.

 

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- Que la lune et le soleil guident tes pas, dit une voix masculine près d’elle.

Elian eut envie de sourire mais se retint. Qu’on la salue, qu’on prenne la peine de lui parler au lieu de la toucher sans même s’adresser à elle lui allait droit au cœur. Cependant, lorsqu’elle indiquait qu’elle était éveillée, on la forçait à avaler cet immonde liquide nauséabond. Pas question !

- Je sais que tu es consciente, indiqua-t-il d’un ton malicieux. Puisque tu ne veux pas ouvrir les yeux, fort bien. Ce sont donc tes oreilles que je vais satisfaire.

Pendant quelques instants, il ne se passa rien puis un chant retentit près d’elle, un piaillement d’oiseau. Comme il était beau ! Doux et puissant, joyeux et libre, virevoltant et pétillant. Elian ne put résister à sa curiosité. Elle ouvrit les yeux pour découvrir une petite mésange commune, juste à côté d’elle, qui semblait lui offrir un spectacle privé. L’elfe derrière resta silencieux, immobile. Le concert terminé, Elian, épuisée, replongea dans le sommeil, le sourire aux lèvres.

- Je t’avais ordonné de ne pas l’approcher ! s’écria Ceïlan faisant sursauter Elian dans son sommeil tranquille.

- Je n’ai pas d’ordre à recevoir de toi, répliqua la voix masculine ayant salué Elian quelques instants plus tôt.

Elian plissa des yeux. Elle voulait être entourée de calme et de tranquillité, pas de conflit.

- Pardon, Majesté, dit la voix masculine. Je me retire.

Elian sentit la main de Ceïlan se poser sur son épaule meurtrie.

- Non, parvint-elle à articuler.

- Je fais cela pour t’aider, indiqua Ceïlan d’une voix douce.

- Je ne veux pas, murmura-t-elle dans un souffle.

- Ta guérison en dépend. Il faut…

- La reine a dit non, gronda une voix masculine qu’Elian n’avait jamais entendue.

- Elle n’est pas en état de… commença Ceïlan.

- Retire ta main.

La voix était ferme, autoritaire et menaçante et enfin, le contact cessa. Elian soupira d’aise et s’endormit sereinement, heureuse de se sentir protégée.

- Que la lune et le soleil guident tes pas.

Elian sourit et ouvrit doucement les yeux. L’elfe assis près d’elle lui souriait gentiment. Il désigna le plafond. Elian leva les yeux pour découvrir des milliers de papillons multicolores formant une mosaïque vivante impressionnante. Ils battirent des ailes et le mouvement donna vie à l’œuvre d’art. Le résultat était époustouflant. Le ballet dura un moment qu’Elian sut long mais trouva trop court.

- Maintenant, il faut se nourrir. L’esprit seul ne suffit pas.

L’elfe lui tendit un verre. Elian fit la moue.

- Qu’est-ce qu’il y a là-dedans ?

L’elfe renifla le verre puis annonça :

- Je dirais de la pomme, de la cannelle et un peu d’orange.

- C’est immonde, indiqua Elian.

- Ton palais est peut-être endommagé, je ne sais pas, dit l’elfe en buvant une gorgée. Moi, je trouve ça délicieux.

Son épaule droite n’étant pas disponible, Elian tendit son bras gauche et attrapa le verre avant de fixer sa main serrant le contenant.

- Ceïlan est un excellent guérisseur, annonça l’elfe. Il fait des miracles. Cette blessure-là était classique. La soigner n’a pas posé de difficulté.

Elian n’en revenait pas. La lame d’assassin avait tout déchiré sur son passage. Jamais sa main n’aurait dû pouvoir fonctionner de nouveau et pourtant, elle tenait le verre sans difficulté ni douleur.

Afin de boire plus aisément, Elian voulut se redresser. À peine essaya-t-elle qu’une douleur intense partit de son épaule droite pour irradier dans tous son torse avant de remonter vers le crâne. Le verre tomba, son contenu se répandant sur le sol et Elian hurla de douleur. L’elfe ne dit rien. Il ramassa le verre, le remplit de nouveau puis attendit. Elian se calma.

- Je voudrais m’asseoir, grogna-t-elle.

L’elfe se leva, sortit puis revint avec une corde qu’il fixa à une branche solide au dessus du pied de lit d’Elian. Il lui tendit l’autre extrémité. Elian s’en saisit de sa main gauche valide et se tracta. Elle se retrouva assise, seule. Elle sourit.

- Merci.

- De rien.

- Ça compte pour moi.

Elle prit le verre et le but en faisant la moue.

- C’est vraiment immonde.

- Je ne sais pas pourquoi, avoua-t-il.

- Je peux avoir du lyma au cœur de gelée royale ?

- Du tamaï, indiqua l’elfe.

- Si tu le dis.

- Au miel, c’est du tama. Au cœur de gelée royale, du tamaï.

- Du tamaï, alors, merci.

L’elfe lui apporta une douzaine de boules sombres. Elian en saliva d’avance.

- Mâche doucement. Cela fait longtemps que ton corps n’a rien avalé de solide.

Son goût devait vraiment être endommagé car bien que n’étant pas mauvais, ce n’était pas bon non plus. Cependant, son corps lui envoya de nombreux signaux de plaisir.

- Depuis combien de temps suis-je ici ? demanda-t-elle en saisissant une seconde boule.

- Trois lunes, annonça l’elfe.

Elian baissa les yeux et une larme traversa son visage.

- C’est la première fois que nous sommes confrontés au métal noir. C’est une sacrée merde, continua l’elfe. C’est d’autant plus compliqué pour nous que tu refuses les soins des guérisseurs.

Elian ne ressentit aucune critique dans ces propos. Il énonçait une constatation sans lui en tenir rigueur. Le métal noir. Voilà donc ce qui avait blessé Elian. Cela expliquait la douleur intense, lancinante, ininterrompue sans pour autant permettre de savoir pourquoi et qui l’avait blessée.

Elian ressentait des émotions conflictuelles. Pourquoi survivre ? À quoi bon ? Pour régner sur un peuple qu’elle méprisait ? Pour croiser Laellia qui avait souffert par sa faute ? Pour croiser Beïlan, son propre frère, l’ayant torturée dans le but de la faire céder à ses avances ?

- Tu viens ? proposa-t-il.

Elian le regarda sans trop y croire. Venait-il vraiment de lui proposer de se lever et de sortir ?

- Elle est à l’agonie et il lui propose de se lever ! gronda Ceïlan depuis l’extérieur. C’est du suicide ! C’est de repos dont elle a besoin pour guérir du métal noir.

- Suis-moi, proposa encore l’elfe en ignorant totalement le maître guérisseur.

Son chant éloigna une seconde Elian de ses craintes, ses doutes, ses questions, ses angoisses, ses peurs. Sa présence rassurante lui faisait beaucoup de bien. Elle parvint à sourire et hocha la tête.

- Mon bras droit ne répond pas, indiqua-t-elle.

- Heureusement que tu as deux bras, annonça l’elfe en riant. Allez, viens.

Elian se leva péniblement, doucement, geste après geste, lentement, tenant son bras droit avec sa main gauche et finalement, elle se tint debout.

- De quoi ai-je l’air ? demanda-t-elle.

- D’un cadavre ambulant, répondit l’elfe.

- À ce point là ?

- Heureusement que tu ne te vois pas !

Elian aperçut une mèche de ses cheveux. Elle s’en saisit. Ils étaient blancs. L’elfe ne fit aucune remarque et sortit, attendant qu’Elian le suive, ce qu’elle fit.

Elle se trouvait en haut d’un arbre gigantesque d’Irin. Ils marchèrent de branches en branches, l’elfe l’aidant à garder son équilibre que la fatigue et la douleur lui faisaient souvent perdre. Ils arrivèrent à un arbre d’où la vue sur Irin était splendide. En hauteur, on voyait des arbres mais également de nombreux elfes vaquant à leurs occupations. Jusque-là, elle n’avait jamais croisé que du vide, simplement parce qu’elle ignorait où aller et quoi voir. Pour la première fois, elle voyait ce qui ressemblait à une ville, végétale certes, mais avec son animation, ses passants, ses discussions, sa vie.

Un écureuil s’arrêta devant elle et lui tendit un fruit. Elle s’en saisit et l’animal partit en courant. Elian observa le don et se tourna vers l’elfe, le regard plein de questions.

- Je suis nilmocelva, annonça-t-il.

- C’est ton nom ? demanda-t-elle.

- Non, répondit-il en souriant. Je m’appelle Theorlingas. Nilmocelva, c’est ce que je suis. Je communique avec les animaux. Je suis expert en arachnides. Les autres m’écoutent… parfois… souvent. Tu peux le manger, il est pour toi.

Elian croqua dans le fruit et le bien-être qui l’envahit fut immédiat.

- Il est bon, dit Elian, surprise.

- C’est une bonne nouvelle si le goût revient, indiqua Theorlingas.

Divers animaux la servirent en fruits et eau fraîche, tous plus mignons les uns que les autres, oiseaux, reptiles, mammifères, insectes. Theorlingas la surprit à chaque fois. Alors qu’une mésange lui portait un délicieux fruit sec, Elian eut envie qu’elle chante. Elle le lui demanda et l’oiseau lui fit un petit concert avant de s’envoler.

- Voilà un talent caché fort intéressant, dit Theorlingas. Je t’ignorais nilmocelva. Tu as toujours eu ce contact avec les animaux ?

Elian hocha la tête.

- Je pourrai t’aider à le développer, si tu le souhaites. Je suis le maître nilmocelva à Irin.

- Je crains que mes responsabilités de reine ne me prennent tout mon temps, répliqua Elian qui n’avait pas la moindre idée de ce qu’une reine elfique était censée faire de ses journées.

- Chacun est libre d’utiliser son temps comme il le souhaite, répliqua Theorlingas. Ce n’est qu’une question de choix.

Elian voulut parler mais l’elfe la prit de vitesse.

- Viens, je vais te montrer autre chose.

Elian, trop heureuse de changer de conversation, le suivit volontiers. Il attrapa une corde solide, proposa à Elian de venir se coller à lui – ce qu’elle accepta - puis l’attrapa par la hanche et tandis qu’elle s’accrochait à son cou de son bras valide, ils descendirent au sol.

Ce simple contact physique avec l’elfe, son odeur, sa présence proche, firent trembler Elian. Arrivée en bas, elle ne retira pas immédiatement son bras du cou de son guide forestier. En réponse, il lui sourit tendrement puis lâcha ses hanches. Elian mit un peu plus de temps à retirer son bras de son cou et à se remettre à une distance convenable.

Elle le suivit dans un boyau plongeant sous terre. On pouvait s’y tenir debout et les murs, recouverts d’une substance blanchâtre, rayonnaient d’une lueur bleutée permettant de voir malgré l’obscurité totale. L’effet était saisissant. Malgré la beauté indéniable des lieux, Elian se sentit étouffée, sa claustrophobie montant doucement. À chaque pas, elle suffoquait un peu plus.

- Elian ? Je ne te lâche pas. Je reste avec toi. On dirait que ça ne va pas…

- Je…

Elian tomba à genoux. Le souvenir de la malle de son enfance et de la geôle de Beïlan tournaient dans sa tête. Elle hurla et la douleur explosa dans son épaule. Elle sentit Theorlingas la prendre dans ses bras et la porter dehors pour la ramener dans sa chambre végétale.

- Tu es totalement inconscient ! s’écria Ceïlan à l’extérieur. Elle est malade et tu la promènes un peu partout dans Irin comme si tout allait bien.

- Va te faire foutre, Ceïlan, répondit Theorlingas.

Puis ce fut le silence et Elian eut soudain très peur que son guide nilmocelva ne revienne pas. Elle désira sa présence réconfortante, son odeur, son sourire, son regard, ses mains, sa tendresse. Le sommeil l’enlaça et elle se promena le long de doux rêves.

- Laisse-la ! gronda Ceïlan, éveillant Elian de sa voix forte. Ce n’est pas ton domaine d’expertise.

- Ça ne semble pas être le tien non plus, cingla Theorlingas.

- Pardon ? s’étrangla Ceïlan.

- Cela fait des lunes que tu tentes de la soigner et en deux jours, j’ai réussi à l’amener à boire, manger, marcher et sourire.

- Nous savons tous la raison qui te pousse à t’occuper d’elle alors arrête de me prendre pour un con.

- Explique-toi ! grogna Theorlingas.

- Tu veux la baiser, c’est tout. Elle ne te connaît pas mais nous, oui, et tu ne parviendras pas à nous leurrer. Je compte bien la protéger ! Elian ?

Theorlingas se tourna vers sa reine, debout à côté des deux hommes. Ils avaient l’air de deux gamins pris en flagrant délit.

- Theorlingas, dit Elian en lui proposant de la suivre d’un geste de la tête.

L’elfe rayonna en suivant la reine, non sans lancer un regard fier à un Ceïlan en rage. Un peu plus loin, Elian se tourna vers Theorlingas et demanda :

- On va où, aujourd’hui ?

- J’aimerais vraiment te montrer quelque chose dans le souterrain, annonça Theorlingas et Elian se raidit. Je serai avec toi. Je ne te lâcherai pas. Tu pourras sortir quand tu veux.

Elian se détendit un peu mais son visage resta grimaçant.

- Soit, accepta-t-elle.

Une fauvette lui déposa un fruit dans la main avant de repartir. Elian sourit à Theorlingas avant de croquer dedans.

- Il y a un problème entre Ceïlan et toi ? demanda Elian qui suivait Theorlingas de branches en branches.

- Une différence de point de vue.

Elian hocha la tête et ne chercha pas à aller plus loin tout de suite. Elle voulait avant tout profiter de la présence de Theorlingas avec légèreté. Il la prit de nouveau par les hanches pour l’amener au sol et Elian, une fois en bas, ne lâcha pas le nilmocelva.

- C’est vrai ? demanda-t-elle, malicieuse.

- Quoi donc ?

- Que tu apprécierais qu’on partage un moment charnel ?

- Oui, répondit Theorlingas en toute simplicité.

Elian sourit et lâcha l’elfe blond. La sincérité des créatures sylvestres était à la fois surprenante et rafraîchissante.

- Pas toi ? demanda Theorlingas et Elian fut ravie de lui tourner le dos à ce moment-là afin de masquer son visage plus rouge qu’une tomate.

Elle se massa l’épaule droite, se reprit puis se tourna vers l’elfe blond.

- Tu aimes baiser les morts ?

Pour toute réponse, Theorlingas attrapa une mèche de ses cheveux et les lui montra : ils étaient blonds.

- On y va, dans ce trou ? lança Elian en changeant volontairement de sujet.

- Nid, la reprit Theorlingas.

- Les nids sont dans les arbres, répliqua Elian.

- Pas tous, indiqua-t-il mystérieusement.

Elian le suivit. À l’entrée du boyau souterrain, Elian respira lentement plusieurs fois puis prit la main de Theorlingas lorsqu’elle se sentit prête. En bas, la même substance blanche luminescente couvrait les murs. Elle tendit la main vers elle.

- Ne touche pas à ça, prévint Theorlingas.

- C’est dangereux ? demanda Elian en laissant sa main en place à un doigt de la couche laiteuse.

- Non, c’est collant, précisa Theorlingas. Tu n’arriverais pas à t’en débarrasser. Ses sœurs et elle le tissent.

L’elfe venait de lui désigner son propre bras du menton. Elian se tourna vers sa main pour y découvrir une énorme araignée mauve. La bête couvrait toute sa main et s’y tenait difficilement du fait de son énorme taille. Elian se figea de terreur.

- Une seule morsure est mortelle et les talents de Ceïlan ne serviraient à rien. La mort survient en moins d’une claquement de doigts.

- Fais-la partir, demanda Elian et l’araignée repartit sur sa toile pour finalement disparaître sous la couche blanche. Pourquoi m’as-tu amenée ici ?

- Les araignées tissent ici parce que ma brigade de nilmocelva le leur demande. Comme tu peux le constater, la toile est propre, immaculée. Aucun insecte ne s’y laisse prendre.

- Parce qu’ils ne viennent pas jusqu’ici ? supposa Elian.

- Parce qu’on leur indique le chemin pour les éviter.

- Pourquoi ?

- Pour qu’ils parviennent à la salle suivante, indiqua Theorlingas en y emmenant Elian.

S’enfoncer plus profondément lui déplaisait mais la curiosité prit le dessus. La seconde salle était bien plus sombre.

- Tu sais voir dans le noir ? demanda Theorlingas.

Elian secoua négativement la tête.

- Entre en contact avec la nature, détends-toi, et imagine une chouette ou un chat, tu peux faire ça ?

Elian hocha la tête. Soutenue par Theorlingas, la nuit s’éclaira doucement, les ombres diminuèrent et Elian parvint à distinguer les formes autour d’elle. Les couleurs restaient insaisissables mais Elian voyait.

- C’est incroyable ! dit Elian.

- Tu es une elfe, dit Theorlingas. Tous les enfants apprennent à faire cela étant petit. Tu as beaucoup à rattraper mais tu es douée. Cela ira vite.

Elian sentit son ventre se serrer. Elle était une elfe qui ignorait tout de sa communauté, une étrangère parmi les siens. Une immense mélancolie s’empara d’elle. Les humains ne voudraient plus d’elle et elle n’appartenait pas non plus au peuple elfe. Elle naviguait entre deux eaux, seule, rejetée par les vagues de part et d’autre.

- Reviens vers moi, murmura Theorlingas.

Elian sourit mais ne put soutenir le regard de son guide. Il la força à lever les yeux sur lui en lui prenant délicatement le menton et dans ses yeux, elle puisa force et assurance. Les larmes montèrent. Il dut s’en rendre compte car il la prit dans ses bras et Elian pleura. Il ne demanda rien. La douleur explosa dans son épaule droite mais Elian tint bon. Elle la repoussa, l’enfermant dans la blessure. Finalement, Elian s’éloigna des bras de son guide pour observer autour d’elle. Des araignées recouvraient des murs noirs parsemés de petits points blancs.

- Voici la nurserie. Ce que tu vois sont les cocons reproductifs des araignées, indiqua le nilmocelva. Les insectes viennent jusqu’ici et se suicident volontairement dans la gueule des araignées.

- Pourquoi faites-vous cela ? Quel est votre intérêt ? Obtenir un poison surpuissant ?

- Poison ? répéta Theorlingas. Non, nous n’avons jamais prélevé leur venin. Viens, je vais te montrer.

L’elfe la ramena dans la première chambre. Il détacha un bâton à sa ceinture, le plongea dans la toile et tourna, obtenant rapidement un gros œuf de fils. Puis, il sortit, la main d’Elian dans la sienne. La remontée dans les frondaisons fut difficile mais avec l’aide de Theorlingas, Elian parvint à retrouver Irin, cachée en hauteur, invisible depuis le sol.

Ils marchèrent ainsi, de branches en branches, ville naturelle sans chemin clair. Un étranger n’avait aucune chance de s’y retrouver et Elian fut rapidement perdue. Elle serait incapable de retourner à sa chambre seule.

Un groupe d’elfes jouaient en riant. Elian ne connaissait pas les règles mais elle ressentit une furieuse envie de participer à leur activité.

- Que la lune et le soleil guident vos pas, lança Theorlingas.

- Que la lune et le soleil guident tes pas, Theorlingas, lança l’un des elfes.

- Que la lune et le soleil guident tes pas, Majesté, dit un autre.

Elian frémit. Majesté ? Ce titre, elle le portait, tel un fardeau. Reine ? L’était-elle vraiment ? Elle chassa ses pensées négatives pour se concentrer sur cet agréable moment. Elle tenait déjà à peine debout. Plus tard les responsabilités. Sa santé venait en premier et Theorlingas l’aidait à merveilles.

- Que la lune et le soleil guident vos pas, salua Elian.

- J’aimerais que vous montriez vos talents à notre reine, annonça Theorlingas en leur tendant le bâton recouvert de toile d’araignée.

Un des elfes s’en saisit tandis qu’un autre se plaçait à côté de lui, attrapant un petit bâtonnet vide. Un gros ver apparut à côté du premier, vomit une substance gluante transparente avant de disparaître.

Le premier elfe plongea sa main dans la matière visqueuse, donnant la nausée à Elian. De sa main poisseuse, il attrapa un peu de toile et d’un habile mouvement de doigts, la transforma en fil que le second, après avoir placé ses deux mains dans le vomi du ver, tirait et enroulait autour du bâtonnet.

- La bobine de fil ainsi obtenue est ensuite trempée dans la même substance pendant une lune, expliqua Theorlingas. Cela permet d’enlever tout son collant à la toile. Le fil sèche ensuite pendant trois lunes. Viens.

Elian et Theorlingas quittèrent les fileurs pour un endroit voisin vide. Elian put y voir de nombreux bâtonnets, plantés un peu partout dans les arbres, attendant que leur précieux fil atteigne le séchage idéal.

- Ce fil est ensuite tissé pour faire vos vêtements ? supposa Elian.

- Tout dépend ce que tu entends par « tissé », répliqua Theorlingas avant de lui faire à nouveau signe de le suivre.

Un peu plus loin, d’autres elfes chantaient et dansaient, réalisant des acrobaties ahurissantes à une centaine de pas au-dessus du sol. Sans sa blessure, Elian aurait pu faire les même mais le résultat, parfaitement rythmé et harmonieux, restait magnifique à voir.

- Que la lune et le soleil guident vos pas, lança Theorlingas.

Les elfes cessèrent leur danse et leur chant pour saluer les nouveaux venus, qu’Elian salua en retour.

- Sa Majesté a besoin de vêtements, annonça Theorlingas.

Elian se rendit soudain compte de ce qu’elle portait. Personne ne l’avait changée. Ses vêtements, tailladés des coups de dague de Khala, étaient couverts de sang. Elle rougit de honte. Elle avait l’air d’une pouilleuse, d’une mendiante. Elle se sentit brusquement mal.

L’animation devant elle lui fit rapidement oublier son malaise. Des dizaines d’écureuils et de pics-verts apparurent et se mirent à façonner un énorme morceau de bois apporté par un ours brun, reparti aussi vite qu’il était venu. L’objet prit rapidement la forme d’une femme, corps sans tête, reproduction parfaite… d’elle-même. Elian rougit encore plus fort en reconnaissant ses propres formes nues.

Les rongeurs et les oiseaux cédèrent la place à des fourmis, des centaines de milliers de fourmis, tenant dans leurs mandibules du fil. Dans un ballet magistral, elles menèrent le fil dessus, dessous, à droite, à gauche, donnant forme, serrant, tissant et en un instant, le vêtement prit forme.

Le haut apparut. Des manches longues, un col, il couvrait tout le torse pour descendre sous le nombril. En bas, le vêtement partait des chevilles pour rejoindre les hanches sans laisser de vide. Les fourmis se reformèrent pour créer une robe par dessus les habits déjà terminés. La tunique sans manche se resserrait aux hanches pour descendre jusqu’au sol. Ouverte sur chaque côté jusqu’au ventre, elle permettait des mouvements fluides et aisés dans une végétation touffue.

Les fourmis repartirent. Le vêtement n’avait mis que quelques instants à être réalisé. Elian n’en revenait pas. Aucun tisseur de Falathon, même le plus rapide, n’aurait pu espérer un tel résultat.

- C’est splendide ! s’exclama-t-elle ahurie.

- C’est blanc, répliqua Theorlingas. Quelles couleurs souhaites-tu ?

- Quelles ? Quoi ? Euh… Je… Je ne sais pas… bafouilla-t-elle, prise de court.

- Tu as choisi la couleur des vêtements que tu portes ?

- Non, répondit Elian qui cherchait avant tout à plaire aux autres qu’à elle-même par ses habits, révélateurs de rang social à Falathon.

- Tu connais tes couleurs préférées ? demanda-t-il avec douceur.

Elian dut réfléchir un moment avant d’annoncer :

- Comme toi ?

Theorlingas sourit.

- Honnêtement… Tes vêtements sont magnifiques. J’adore.

- Vert donc, comme tous les elfes, en conclut Theorlingas.

Elian ne parvint pas à déterminer s’il le lui reprochait, parce qu’en tant que reine, elle aurait dû choisir autre chose ou si au contraire il appréciait qu’elle s’inclut dans leur groupe.

- Ton vêtement n’est pas seulement vert, le contra Elian.

- Avec des pointes de jaune et de mauve, continua Theorlingas d’un ton agacé. Ne t’inquiète pas, ils connaissent leur travail. Personne ne veut d’un habit d’un vert uni.

Elian se tourna vers les travailleurs, suivant ainsi le regard de Theorlingas. Ils sortaient et alignaient méticuleusement des pots en… cela ressemblait à des fruits mais Elian n’en avait jamais vu de cette forme.

- Les herboristes demandent aux fruits de pousser de cette manière afin que nous puissions utiliser leur coque comme contenant.

- Qu’est-ce qu’il y a dedans ?

- De la teinture… verte, jaune, mauve.

- Vous vendez ce produit à Falathon, se rappela Elian.

- En échange de pointes de flèches en acier, indiqua Theorlingas. Il n’y a pas de mine de fer à Irin et même si nous en avions, nous refuserions de le manipuler.

- Pourquoi ?

- Il faut le faire chauffer. Aucun feu n’est toléré à Irin. Un incendie serait bien trop grave.

- Vous ne faites… jamais de feu, comprit Elian.

Le feu était la base à Falathon, le centre de chaque maison, l’attention de tous les instants, l’élément prioritaire. Les elfes n’en avaient pas, aucun, jamais.

- Nous n’en ressentons pas le besoin, indiqua Theorlingas.

- Vous… savez faire du feu ? interrogea Elian, consciente que sa question pouvait ressembler à une insulte.

- Certains parmi nous ont appris…

Theorlingas fit la moue.

- Les dissidents, comprit Elian. Ils ont appris à Falathon.

Theorlingas hocha la tête. Elian montra qu’elle avait compris avant de retourner à son vêtement. Des mouches se massèrent autour des elfes, avant d’entrer dans les pots puis d’en ressortir. Elles se posèrent sur le mannequin de bois et la couleur apparut, par petites taches, les unes à côté des autres.

Au début, Elian fit la grimace mais l’œuvre prenant forme, son visage devint ahuri puis impressionné. Lorsque les mouches disparurent, le résultat était splendide.

- Même mouillé, il ne perdra pas ses couleurs, annonça Theorlingas. Les vers offrent cette particularité.

- Que les humains n’ont pas, comprit Elian, les obligeant à vous acheter de la teinture, encore, et encore, et encore, leurs vêtements perdant leur couleur au moindre lavage ou à la première pluie.

Theorlingas sourit. Qu’il prenne les humains pour des idiots incapables était une évidence. Elian s’avança pour toucher le vêtement mais Theorlingas gronda derrière elle. Elian se recula, apeurée d’avoir mal agi. Devait-elle d’abord remercier la nature, ou un cérémoniel du genre ?

- Il est hors de question que tu touches cette merveille avec une main aussi sale, annonça le nilmocelva.

Elian n’avait jamais rougi autant. La honte l’envahit.

- D’abord, tu te laves. Après, tu t’habilles, ordonna-t-il sévèrement.

Elian mit la moue mais ne put s’empêcher de sourire au clin d’œil de l’elfe blond. Theorlingas retira les vêtements du mannequin puis tendit la main à Elian. Elle la prit. Il l’amena près de lui puis chuchota à son oreille :

- C’est ta main droite que tu viens de me tendre.

Elian prit alors seulement conscience qu’elle avait retrouvé l’usage de son bras droit. Toute joyeuse, Elian suivit Theorlingas jusqu’au sol. Les elfes descendaient rarement des arbres. Elian enregistra. Deux raisons pour retrouver la terre ferme : les araignées et se laver.

Devant elle se dressait une cascade avec des trous d’eaux d’où s’élevait une fumée prouvant la chaleur du liquide. De l’eau chaude ? Elian en soupira d’aise par avance. Un bain lui ferait du bien, sans aucun doute. L’endroit était désert. Theorlingas avait-il demandé aux éventuels baigneurs de s’en aller avant leur arrivée ? Elian l’ignorait.

- Celui-là est mon préféré, indiqua Theorlingas.

Elian s’approcha de l’endroit désigné et transperça Theorlingas des yeux.

- Quoi ? finit-il par lancer.

- Retourne-toi que je puisse me dévêtir ! gronda-t-elle.

L’elfe ricana puis, constatant qu’elle ne blaguait pas, obtempéra sans cacher sa surprise. Elian se sentit rejetée, une étrangère dans un monde différent. Irin aurait dû être sa maison. Elian eut soudainement envie de pleurer.

L’eau chaude caressant son corps lui regonfla un peu le moral. Sa blessure à l’épaule droite la fit frissonner. Blanchâtre, rebondie, purulente, elle n’était pas belle à voir. Elian observa son corps à travers l’eau transparente.

Constatant la présence de son propre reflet, Elian cessa de bouger et changea de perspective. À la surface de l’eau apparurent deux oreilles pointues qu’elle voyait pour la première fois. Elle posa ses mains dessus, ressentant leur forme, tremblant à la réalité incontestable de leur présence.

- Sais-tu ce qui s’est passé ? demanda Elian.

- Quand ça ? interrogea Theorlingas qui tournait toujours le dos à Elian.

- Pourquoi ai-je été blessée au métal noir ?

- Puis-je me tourner vers toi ?

- Oui, répondit Elian qui était entièrement plongée dans l’eau.

Il s’assit devant elle, sur le bord du trou d’eau pour la regarder dans les yeux. Parfois, son regard dérivait sur la blessure à l’épaule mais jamais ailleurs.

- Tu sais… pour être honnête… personne n’a trop compris ce qui s’est passé. Laellia n’a pas été d’une grande aide. Apparemment, tu as parlé en elfe noir, une langue qu’aucun de nous ne parle. Je faisais partie des dissidents sur les murailles. Je servais d’espion. Les animaux sont capables de donner énormément d’informations sans attirer l’attention.

Elian hocha la tête. Cela avait du sens.

- Tu étais à la merci du roi des elfes noirs et… il est tombé. Puis, tu as laissé un elfe noir te blesser. Alors qu’il te tournait le dos, une flèche t’a atteint à l’épaule.

Elian massa sa blessure. Une flèche…

- L’elfe noir est entré dans une immense colère. Il a cherché le coupable, sans le trouver, je crois, mais sans certitude. Les elfes noirs ont alors levé le camp. Ils sont rentrés chez eux. Ça n’a de sens pour aucun de nous, je le crains.

- L’un d’eux aura essayé de réaliser la demande de leur allié. Il aura saisi l’opportunité.

Elian secoua la tête. Elle ne serait jamais débarrassée. Elle ne pouvait pas vivre constamment dans la peur. Il fallait qu’elle sache, qu’elle le débusque, qu’elle l’empêche de lui nuire.

- Merci de tes précisions, indiqua Elian.

- Je crains de n’avoir pas apporté grand-chose, grommela Theorlingas.

- Tu viens de m’apprendre que Saelim a tenu parole. Je ne lui ai pas donné le trône pour rien. J’ai eu raison de lui faire confiance. C’est énorme pour moi.

- La flèche… est restée très longtemps dans ton épaule, indiqua Theorlingas. Nous avons mis du temps à t’atteindre et à comprendre ce qui se passait. Tu étais… comme morte. C’était impressionnant… Je n’ai jamais vu personne… Ta peau était transparente. On voyait tes organes à travers… Tes yeux étaient blancs, ainsi que tes cheveux. Tu ne répondais plus… à rien. Nous avons cru te perdre. Ceïlan t’a évité la mort. Il t’a maintenue en vie.

Elian sentit son cœur bondir à cette annonce. Elle eut soudain envie qu’il soit là, de le couvrir de remerciements, de l’enlacer, de l’embrasser, de… Elian rejeta ses mauvaises pensées. Ceïlan était son frère. Penser à lui en ces termes n’était pas convenable.

Elle se concentra sur Theorlingas. Ariane n’ayant eu que deux garçons, le nilmocelva ne pouvait pas être de son sang. Elian était libre de se laisser aller avec lui. Son cœur ne brûlait pas, certes, mais cela ne l’empêchait en rien de passer un agréable moment en sa compagnie.

- Et tu me la rends doucement.

- C’est un travail conjoint, en équipe.

- Je croyais que tu détestais Ceïlan, fit remarquer Elian.

- Nous avons un différend mais je sais reconnaître ses qualités, indiqua Theorlingas.

Elian sourit. Elle s’avança vers Theorlingas et sortit à moitié de l’eau. Theorlingas ne lâcha pas son visage des yeux. Elian posa ses lèvres sur celles de son guide et il lui rendit volontiers son baiser. Il entra dans l’eau sans même prendre la peine de se dévêtir.

 

###########################

 

- La guérison est en bonne voie, murmura Theorlingas à ses oreilles tandis que les deux partenaires, enlacés, se câlinaient après un plaisir partagé.

- La cicatrice est très moche, le contra Elian.

- C’est la première fois que nous avons une telle horreur à traiter. Laisse-toi du temps. Bon, tu t’habilles ? proposa Theorlingas.

- Pourquoi ? miaula Elian. Je suis bien, là.

Theorlingas rit puis déplaça tendrement Elian avant de sortir de l’eau. Elian bouda. Elle n’avait qu’une envie, rester là, à tout jamais, dans ce bain chaud contre le torse réconfortant de Theorlingas, à baiser encore et encore et… C’était à cause de ces pensées-là qu’Ariane avait éloigné Elian d’Irin, pour qu’elle ne soit pas comme les autres, qu’elle ait davantage de conscience, de volonté pour ne pas sombrer.

Elian s’ébroua et sortit de l’eau, bien décidée à ne pas se laisser aller. Baiser, elle comptait bien recommencer, mais certainement pas passer ses journées à ça ! Elle sortit de l’eau sans aucune pudeur, cherchant le linge sur lequel s’essuyer.

Theorlingas lui fit signe de le suivre. Les cheveux de l’elfe s’envolèrent soudain. Elian se plaça au même endroit que lui. Quel délice que ce courant d’air chaud naturel sinuant entre deux rochers ! Elian ronronna de plaisir. Rapidement sèche, elle enfila le bas, ravie de constater qu’il n’entravait en rien ses mouvements, l’accompagnant avec fluidité, sans gêne. Pas de couture, pas de bouton, la matière s’adaptait à elle, comme une seconde peau. Les bas offraient protection, adhésion et maintien pour une marche confortable, au sol ou dans les arbres.

Theorlingas l’aida à enfiler le haut, sa blessure rendant l’habillement difficile. Une fois l’ensemble mis, elle ne ressentit plus ni chaud, ni froid, juste une température idéale. Theorlingas lui passa la tunique, terminant ainsi l’ensemble, avant de sourire.

- Tu es magnifique.

Elian rougit. Elle devait bien admettre qu’elle adorait. Les habits la métamorphosaient. Elle se sentait bien. Elle aurait dû être comme ça, depuis toujours. Une immense tristesse s’empara d’elle. Elle eut soudain envie de pleurer mais se retint devant Theorlingas.

- Je vais te montrer quelque chose, dit-il avant qu’elle ait pu prononcer un mot.

Prenant sur elle, elle attendit patiemment la leçon du nilmocelva. Au sol, il ramassa la ceinture de cuir d’Elian, la lui passa puis attrapa sa dague au fourreau, dont elle n’avait pas la moindre idée de quand elle lui avait été rendue.

Elian constata que Theorlingas ne portait aucune arme, chose inconcevable à Falathon où tout le monde transportait au moins un couteau. À bien y réfléchir, Theorlingas reflétait la généralité. Il lui avait dit que les elfes ne travaillaient pas l’acier et échangeaient les teintures contre des pointes de flèches, pas des dagues ou des épées dont ils ne sauraient que faire.

En portant ces objets, Elian ressortait du lot, s’excluant du groupe. Ceci dit, ne pas porter d’arme lui était inconcevable. Foraine, puis voleuse et assassin, vivre désarmée l’angoisserait bien trop.

Elle n’empêcha pas Theorlingas de lui prendre sa dague. Face à elle, même blessée, le pauvre elfe ne ferait pas le poids. Elian se savait capable de le battre à une seule main. Il posa le tranchant de la lame sur l’avant bras gauche, appuyant un peu et l’arme fila, faisant sursauter Elian, qui constata, ahurie, que le vêtement était intact.

- Incroyable, s’exclama Elian abasourdie.

- Les ronces, les fougères, la matière résiste à presque toutes les agressions.

Elian acquiesça. Ce tissu était exceptionnel. Les elfes l’étonnaient tellement. Très simples sur certains points, presque arriérés, sauvages, barbares, et tellement fins et subtiles sur d’autres.

- C’est ton travail de gérer les araignées qui permettent d’obtenir la matière première.

- Non, moi, je suis le maître nilmocelva. Je gère les nilmocelva d’Irin. Parfois, je chante moi-même mais c’est en fait plutôt rare. Mon travail est de coordonner tout le monde, d’entendre et de transmettre les besoins, mais également de former les enfants destinés à devenir nilmocelva.

- Entendre et transmettre les besoins ? répéta Elian.

- Le tama est fait en partie de miel, commença Theorlingas. Ce miel est fait par des abeilles qui nous donnent une partie de leur récolte.

- Pourquoi ? interrogea Elian.

- Parce qu’en échange, des nilmocelva les protègent.

- De quoi ?

- Des guêpes, par exemple, ou des ours. Les abeilles qui donnent aux elfes se savent en sécurité à jamais. Le nilmocelva chantant pour les guêpes leur demande de ne pas passer à un endroit et aux ours de contourner tel arbre.

- Pourquoi le font-ils ?

- Les raisons sont nombreuses, mais souvent, parce que les animaux ont confiance en nous. Ils pensent que nous les protégeons d’un danger ce qui est souvent le cas. Ils nous écoutent et agissent en conséquence.

- Donc, il y a le nilmocelva qui chante pour les abeilles, celui pour les guêpes, celui pour les ours, les mouches, les vers, les écureuils, les pics-verts… supposa Elian qui commençait à entrevoir la complexité de la situation.

- Il y en a plusieurs en fait car il faut couvrir tout Irin. Il faut plusieurs ruches pour fournir assez de tama pour tout le monde, surtout quand une petite nouvelle les dévore par dizaines.

Elian sourit au reproche gentil.

- Il y a aussi des nilmocelva généralistes, qui chantent pour tous les insectes, leur indiquant de s’éloigner des elfes. Ainsi, tu vis en pleine forêt sans jamais qu’une mouche ne soit visible sur nos fruits ou des fourmis sur nos sols. Une coccinelle ne viendra jamais te chatouiller le nez. Un moustique ne te piquera jamais. Non pas qu’il n’y ait pas de moustiques à Irin, bien au contraire, ils sont essentiels à la vie, mais nos chanteurs font en sorte qu’ils contournent les elfes.

Elian en fut épatée. Elle n’avait en effet jamais eu à subir les insectes dans la forêt enchantée. Theorlingas continua :

- Mon travail en temps que maître nilmocelva est de transmettre les informations car souvent, les chanteurs ours restent enfermés dans leur mélodie, oubliant que la durée de vie d’une ruche excède rarement dix ans. Il n’y a plus aucune raison alors d’interdire l’emplacement de cette ruche morte aux ours. C’est mon travail de le leur rappeler et de leur indiquer les nouveaux emplacements.

Elian hocha la tête et soudain, elle comprit ce que l’elfe tentait de faire : il formait sa reine. Il lui enseignait comme un précepteur à un enfant. Il la soignait, certes, mais pas seulement. Il la baisait, certes, mais pas seulement. Il tentait de la faire s’intégrer, en la lavant, en l’habillant, en lui expliquant les bases rudimentaires de la vie elfique. Elian avait tant à apprendre, tant à rattraper. Ces choses-là auraient dû être naturelles et voilà qu’elle devait lutter pour ne serait-ce que concevoir les concepts fondateurs.

Elian se sentit soudain lasse. Elle voulait être seule. Elle ramassa ses bras d’archer, dédaignant le reste de ses anciens vêtements, déchirés et couverts de sang.

- Tu n’en as pas besoin, assura Theorlingas tandis qu’elle les fixait. Les manches te protégeront bien mieux que ça !

Elian se tourna vers le nilmocelva et d’un coup de son poignet, déclencha la lame d’assassin cachée.

- Ça offre ça aussi ?

Theorlingas sursauta.

- C’est comme ça que je l’ai tué, précisa-t-elle. Sauf que pour en arriver là, il fallait d’abord trancher mes liens… et mon poignet au passage.

- Tu t’es auto-mutilée le poignet ?

- La lame d’assassin a traversé la corde et le poignet sans difficulté. Fort heureusement, Khala était trop occupé à savourer sa victoire pour se rendre compte que mes bras avaient échangé de position. La lame a transpercé son cœur. Le reste n’était que du spectacle.

Theorlingas avala difficilement sa salive. La force et l’assurance émanant de la jeune femme en face de lui le touchaient profondément. Elle imposait le respect.

- Ramène-moi à ma chambre, ordonna Elian.

- Bien sûr, Majesté, dit Theorlingas avec dans la voix une admiration nouvelle.

Une fois seule, Elian pleura, longuement. Cela n’allégea pas le poids immense sur son cœur et ses épaules. La fatigue la gagna et elle finit par s’endormir, le visage trempé de larmes.

 

###########################

 

À son réveil, trois femmes demandèrent à lui parler.

- Que le soleil et le lune guident tes pas, Theïlia, salua Elian en reconnaissant l’une d’elle.

Elle la salua de la même manière et présenta ses deux compagnes, Yillio et Myrthe.

- Il t’a fait le coup des papillons, c’est ça ? commença Yillio.

Elian fut immédiatement sur ses gardes. Ce genre de discussions, elle les connaissait pour les avoir souvent entendues et elles n’avaient rien d’anodines, même si elles le laissaient croire.

- Sacré charmeur ! continua Myrthe.

- Les oiseaux qui chantent ? Les animaux qui t’apportent à manger dans la main ?

- Franchement, il n’a pas mieux à faire de son don ?

- Sortez, dit Elian qui parlait pour la première fois.

Elle avait usé d’une voix douce mais fusillait les trois femmes des yeux.

- Mais, nous… commença Yillio.

- Dehors, répéta Elian d’une voix glacée en perdant tout sourire.

Yillio et Mythe sortirent.

- Je ne vous en veux pas, précisa Elian en regardant Theïlia. Sors et dis à Ceïlan de venir.

Theïlia sourit brièvement avant d’obéir.

- Si tu as quelque chose à dire, évite d’envoyer des poules à l’avenir, gronda Elian lorsque Ceïlan fut devant elle.

- Des poules ? répéta Ceïlan, outré.

- Elles colportent des ragots. Ce sont des poules. Me prendrais-tu pour une idiote, Ceïlan ?

- Que veux-tu dire ?

- Theorlingas a quoi ? Une douzaine de générations humaines ? Tu crois que j’imagine qu’il n’a couché qu’avec moi ? Que le spectacle qu’il m’a offert m’était spécifiquement destiné ? Je ne suis pas stupide. Naturellement qu’il l’a utilisé sur d’autres, et alors ?

- Je te connais mieux que personne, Elian. Tu as quelque chose qu’aucun de nous n’a : des sentiments amoureux.

Elian blêmit. Des sentiments, oui, elle en avait… pour son interlocuteur avec qui cela n’était pas envisageable. Il dut prendre sa réaction pour une confirmation car il continua :

- Ça n’existe pas chez nous. Les humains, en revanche, les vivent et tu as été élevée avec eux. Je cherche à te protéger, de toi-même, de ces sentiments qui ne seront jamais réciproques.

Elian en eut les larmes aux yeux. Ceïlan ne l’aimerait jamais. Il ne partagerait jamais ses sentiments. Elle enfouit encore plus profondément son amour avant de cracher :

- Theorlingas et moi n’avons jamais échangé de sentiments, répliqua Elian, seulement des contacts charnels.

- Tu te mens à toi-même, c’est pire, dit Ceïlan. Tu es amoureuse, ça crève les yeux, mais personne ici ne peut s’en rendre compte parce qu’aucun elfe n’a jamais croisé une telle émotion.

Amoureuse, elle l’était, d’un amour inconditionnel, total, incommensurable pour le guérisseur. Elle espérait bien que Theorlingas lui ferait oublier ses émotions à jamais impossibles. Elle comptait bien tout faire pour tomber amoureuse de Theorlingas et enfin oublier Ceïlan, son propre frère, avec qui il était impensable qu’elle s’unisse.

- Et même si je le suis, alors quoi ?

- Alors Theorlingas ne t’offrira pas l’exclusivité.

- Je ne la lui demande pas !

- Ça ne te fera rien de le voir baiser avec une autre elfe dans un fourré, tu es sûre ? Tu ne ressentiras rien en le voyant offrir un ballet de papillons à Theïlia ?

Elian sentit son ventre se tordre. Ceïlan ne lui avait jamais caché apprécier le sexe. Il couchait souvent. Elle rongea son frein. Elle allait devoir l’accepter.

- Je veux t’ouvrir les yeux, quitte à te faire mal, continua Ceïlan. Theorlingas ne t’offrira jamais ce que tu souhaites.

- Sors.

Ceïlan obéit instantanément. Elian, une fois seule, se plia en deux de douleur et son épaule explosa de l’intérieur. Elle s’écroula. Elle sentit qu’on la portait dans son lit de feuilles. Elle perçut l’échange, dehors.

- Merci de saboter mon travail, c’est super, ironisa Theorlingas.

- Je la protège, répliqua Ceïlan.

- De moi ? C’est moi l’ennemi, c’est ça ?

- Tu ne pourras jamais lui donner ce qu’elle attend.

- Mais toi oui ?

Elian frémit. Pourquoi une telle réponse ?

- Arrête ! Je ne suis pas jaloux. Je veux la protéger, c’est tout.

- De quoi ? Suis-je différent des autres elfes ?

Il y eut un silence puis Theorlingas reprit :

- Tu penses que son propre peuple va la faire souffrir. Tu as tort. Elle est différente et alors ? C’est pour ça qu’Ariane l’a mise de côté, pour qu’elle nous revienne avec de nouvelles idées, des propositions jamais vues ou entendues…

- Des propositions humaines, cingla Ceïlan, qu’aucun elfe n’acceptera jamais.

- Nous avons besoin de changement.

- Quitte à ressembler aux humains ?

- Qu’est-ce qui te permet de croire qu’elle agira de la sorte ? J’essaye justement de l’intégrer à notre univers et tu m’en empêches ! Aide-moi au lieu de me mettre des bâtons dans les roues.

- La façon dont tu t’y prends n’est pas…

- Ceïlan, Theorlingas, venez ici, ordonna Elian en s’asseyant difficilement.

Les deux elfes entrèrent et en la voyant pâle, haletante sur son lit, ils voulurent tous deux l’aider mais elle les repoussa d’un geste de la tête. Ils restèrent debout, à bonne distance l’un de l’autre.

- C’est quoi votre problème à tous les deux ?

- Il est jaloux, dit immédiatement Theorlingas.

- Ta gueule, répliqua Ceïlan.

- Tu l’as connue en premier. Tu voulais la sauter en premier. T’as été pris de vitesse et tu m’en veux, c’est tout.

- Je ne te permets pas ! gronda Ceïlan.

- Fermez-la, tous les deux, soupira Elian et les hommes se turent enfin. Les elfes des bois pensent avec leur bite. Khala n’a eu de cesse de le répéter et je commence à croire qu’il avait raison…

Ceïlan et Theorlingas grimacèrent à cette remarque.

- Vous êtes tous les deux maîtres de votre propre discipline : botaniste, pour Ceïlan, nilmocelva pour Theorlingas.

Les deux hommes acquiescèrent de la tête.

- L’un la flore, l’autre la faune. Sur quoi porte votre différend ?

- La connexion entre guérison et lien avec les plantes, annonça Theorlingas.

- Les deux sont liés, grogna Ceïlan.

- Tu es tellement hautain et prétentieux, commença Theorlingas mais Elian le fit taire d’un geste de la main.

- Theorlingas, tais-toi, ordonna Elian. Ceïlan, explique-moi ton point de vue.

- C’est simple : la nature est séparée en trois éléments. Le premier, le plus profond, le plus puissant, la terre. D’elle émane une énergie qui nous est indisponible. Viens ensuite la flore, qui puise dans la force terrestre pour vivre. Je suis connectée à la nature et par ce lien, je reçois cette force vitale que je peux utiliser à ma guise, pour amener un arbre à pousser d’une certaine façon, ou une fleur à s’ouvrir et à me donner son pollen, ou bien d’autres choses encore. En troisième lieu se trouve la faune, qui puise son énergie dans la flore. La faune est donc moins puissante que la flore. Le don de guérison ne peut de ce fait n’être possédé que via un lien avec les plantes. Les animaux ne fourniront jamais assez de puissance.

- Combien y-a-t-il de guérisseurs elfes actuellement, dissidents compris ?

- Sept, révéla Ceïlan, moi compris.

- Sont-ils tous botanistes ?

- Oui, répondit-il.

- Maintenant, Ceïlan, tais-toi. Theorlingas, c’est ton tour. Je t’écoute.

- Ceïlan ne considère la maladie que comme une invasion du corps par un élément étranger qu’il faut repousser avec le plus de force possible. En gros, à ses yeux, tu n’es qu’un tas de chair qu’il faut exorciser. Je trouve cette approche ridicule. Notre esprit et notre corps sont liés. L’un ne va pas sans l’autre. Or l’esprit, ces botanistes ignorent ce dont il s’agit. Ils parlent avec des plantes. Que savent-ils de l’âme ? Les animaux pensent et expriment des émotions, du ressenti. Aucun nilmocelva ne peut faire faire quelque chose à un animal s’il ne le souhaite pas. Ce sont des négociations, des échanges, des compromis, une symbiose. Nous communiquons d’esprit à esprit. Je ne cherche pas une guérison par la force mais à aider ton esprit à te soigner lui-même.

- Vous avez deux approches radicalement différentes du même sujet, indiqua Elian, toutes les deux intéressantes. Je ne crois pas qu’elles soient incompatibles. On peut à la fois tenter d’éloigner le mal de force et aider l’esprit à supporter le traitement, non ? Et si au lieu de vous chamailler, vous travailliez ensemble, dans un même but ? Pensez-vous cela impossible ?

Les deux hommes grognèrent. Elian put enfin se reposer en paix. Seule, elle réfléchit. Elle était censée être la sauveuse, espérée, attendue par tous. En lieu et place, ils avaient une gamine incapable de se laver, de se sécher ou de s’habiller, à qui il fallait apprendre à voir.

Reine, elle ne l’était pas. Et puis, à quoi bon ? Les elfes se débrouillaient très bien tout seuls. Ils n’avaient pas besoin d’elle. Irin se levait chaque matin et se couchait chaque soir sans qu’Elian n’ait besoin de rien faire. Sa présence n’apportait rien.

Elian tenta de prendre du recul. La douleur lancinante rendait la chose difficile. Chaque respiration lui demandait un effort, l’obligeant à se focaliser sur le moment présent, alors même qu’Elian essayait de s’éloigner.

Soudain, Laellia lui manqua. Elle voulait la voir, lui parler, échanger avec elle, papoter. Une discussion simple l’aiderait. Elle avait envie de lui raconter, de tout lui dire, de la rassurer, de lui expliquer. Savait-elle qu’Elian avait survécu à sa blessure ? Probablement pas. Aucun elfe n’avait dû prendre la peine de la prévenir.

Il fallait qu’elle se rende à Tur-Anion, qu’elle… Une réalité la frappa de plein fouet : Irin n’était pas sa maison mais une prison. Elle ne pouvait pas sortir, non pas que les elfes l’empêcheraient de le faire mais là, dehors, sa tête était mise à prix. Quelqu’un de très riche et donc de très puissant voulait sa mort, quelqu’un lié aux elfes noirs.

Elian frémit et la douleur augmenta alors que la peur et l’angoisse lui tiraillaient le ventre. Être enfermée, jamais ! Ce salopard, qui qu’il soit, ne la priverait pas de liberté. Ravie d’avoir autre chose à penser qu’Irin, Elian sourit. Elle savait ce qu’elle devait faire.

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blairelle
Posté le 02/09/2023
Pour l'instant Irin a une forte allure de dessin animé Disney (je suppose que c'est voulu et que ce n'est que temporaire)
Donc Elian a survécu à une blessure au métal noir, et Theorlingas a pu la soigner plus efficacement que Ceïlan en l'emmenant faire un tour et en lui changeant les idées, ce qui laisse penser que le métal noir agit en enlevant la joie de vivre (un genre de dépression, mais qui se soigne très facilement une fois qu'on a enlevé le métal noir) mais l'immense majorité des blessés meurent tout de suite. Elian a résisté plus longtemps, soit parce qu'elle est à moitié elfe, soit parce que la génétique du côté de son père l'avantage particulièrement (par exemple si elle est la fille de Narhem, qui est immortel), soit parce qu'elle avait terriblement envie de vivre, soit parce que le métal noir était de mauvaise qualité. Au début je pensais que c'était parce que Ceïlan l'avait sauvée rapidement mais apparemment non parce qu'il a mis du temps à l'atteindre.

Quelques coquilles :
« - Mon bras droit ne répond pas, indiqua-t-il. »
=> elle si c'est Elian qui parle, et si ce n'est pas Elian, alors je n'ai pas compris qui
« - Heureusement que tu ne te voies pas ! »
=> que tu ne te vois pas (indicatif, pas conditionnel)
« - Vert donc, comme tous les elfes, en conclut Theorlingas. »
C'est pas une coquille mais je n'ai pas trop compris si c'est "zéro originalité, tous les elfes préfèrent le vert" ou "en tant que reine, tu aurais pu prendre une autre couleur que celle de tout un chacun, mais tu as choisi de faire comme les autres"
« Je faisais parti des dissidents »
=> partie
« - Pourquoi ? miaula Elian --- Elian ronronna de plaisir »
C'est pas une coquille mais c'est bizarre de voir les deux verbes à quelques lignes d'intervalle. Si Elian avait été tout le temps comparée à un chat ça aurait fait sens.
Nathalie
Posté le 02/09/2023
Coucou blairelle

Irin ressemble à un dessin animé Disney ? On ne me l’avait jamais faite, celle-là. Oui, peut-être, je suppose. Ce n’est pas forcément voulu mais ça ne me dérange pas non plus. Theorlingas cherche surtout à lui montrer les bons côtés et à lui expliquer mais Irin est avant tout une forêt avec des mecs blonds tout fins qui chantent et baisent à longueur de journée. Si ça, c’est la définition de Disney alors ça me convient parfaitement.

Elian a survécu, oui. Parce qu’elle a reçu les soins de Ceïlan et des autres guérisseurs, parce que Theorlingas a insisté pour intervenir malgré l’opposition de Ceïlan, peut-être aussi parce qu’elle a été blessée par une pointe de flèche (et les elfes noirs ne sont pas connus pour leurs compétences en archerie, peut-être, de ce fait, que la qualité est moindre), parce qu’elle a une forte constitution. En tout état de cause, elle est vivante, certes, mais pas guérie non plus et cela l’handicapera énormément dans la suite du roman.

Merci pour les coquilles que j’ai corrigées.

Pour le « miaula » et « ronronna », c’est sûrement parce qu’après l’amour, je suis moi-même terriblement chatte (alors que pas vraiment le reste du temps). Ça ne me choque pas alors je laisse mais je conçois que cela puisse gêner (ou faire sourire, selon la personne).

Bonne lecture !
blairelle
Posté le 03/09/2023
une forêt avec des mecs blonds tout fins qui chantent et baisent à longueur de journée, et aussi des animaux qui viennent t'apporter des fruits ou te coudre tes robes, c'est surtout ça qui m'a très fortement fait penser à Disney

Je ne vais pas pouvoir continuer à lire pendant un certain temps, j'espère pouvoir m'y remettre bientôt !
Nathalie
Posté le 03/09/2023
Alors en effet, ça ressemble à Disney (même si ça n'était pas voulu de ma part).

Merci de me prévenir pour ton impossibilité à lire. La rentrée, je suppose ?
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