- Tu veux quoi ? s’exclama Theorlingas d’une voix contrariée.
- J’ai besoin de réponses et notre peuple a besoin de conserver le lien avec ses voisins. Il faut que je quitte Irin.
- Tu tiens à peine debout deux heures ! gronda le nilmocelva.
- Tu viens avec moi, précisa Elian, et Ceïlan aussi. Brian doit conserver un guérisseur elfe auprès de lui.
- À quoi bon ? répliqua Theorlingas. Il a prouvé être incapable de te soigner. Il ne fera pas mieux avec Brian.
- Cela, personne ne le sait et nous allons clamer haut et fort le contraire. C’est Ceïlan qui m’a soignée et sans la moindre difficulté qui plus est.
- Pourquoi ? s’exclama Theorlingas.
- Pour que Brian ne soit pas la cible d’une attaque. À quoi bon perdre son temps si ça ne sert à rien de toute façon ?
- Tu crois que les elfes noirs vont attaquer de nouveau ? Saelim a tenu parole. Ils sont repartis.
- Et les orcs ? demanda Elian.
- Ils sont tous morts.
- Ils sont montés à l’assaut sur l’ordre de qui exactement ?
Theorlingas répondit par un silence total.
- Qui a permis l’union des tribus orcs ? Ce sont des animaux. Qui leur a fourni les armes et l’idée de réaliser une trouée afin d’entrer sans se faire remarquer ? Certes, c’est tombé à l’eau mais… Oh…
- Ça ne va pas ?
- Voilà pourquoi il voulait ma mort. J’ai contrecarré un de ses plans majeurs.
- De qui parles-tu ?
- C’est la réponse dont j’ai besoin, justement. L’information qui me manque se trouve quelque part, à Falathon. Je dois m’y rendre.
- C’est du suicide, répliqua Theorlingas.
- Pour une fois, je suis d’accord avec lui, annonça Ceïlan en apparaissant. Tu ne peux pas te promener comme ça ! Tu es reine d’Irin ! Ta place est…
- Je vais où je veux, répliqua Elian froidement.
- Tu as besoin d’une escorte, prévint Theorlingas.
- Fort heureusement, tu es là, dit Elian.
- Je suis plus mauvais combattant que toi, répliqua-t-il. Je ne te servirai à rien. Tu devrais emmener Dolandar.
- Dolandar ? répéta Elian.
- Oui, Majesté ? dit un elfe en tombant depuis une branche proche.
Elian sursauta. Elle ne se faisait pas à cet endroit où le danger pouvait venir de nulle part sans prévenir.
- Si tu m’avais vu venir, je serai un bien piètre protecteur, n’est-ce pas ? annonça Dolandar. Que la lune et le soleil guident tes pas, Elian.
Elle reconnut la voix de celui qui avait ordonné à Ceïlan de retirer sa main de son corps. Cet elfe était différent des autres. Même en pleine santé, Elian était incapable de se défendre contre Ceïlan. Elle ne voyait pas venir sa dague. Il pouvait la planter à volonté.
Celui-là lui faisait froid dans le dos. Il portait une épée et une dague à une ceinture humaine en cuir brun, combinaison qu’elle n’avait jamais vu chez aucun elfe d’Irin, ceux-ci ayant généralement seulement un petit couteau, parfois un arc et des flèches mais certainement pas d’armes de contact. Plus que tout : il bougeait, observait, se tenait, se mouvait à la façon d’un tueur aguerri. Cet elfe la terrifiait.
- Que la lune et le soleil guident tes pas, Dolandar. Tu es capable d’assurer ma protection.
C’était une affirmation, pas une question. Il répondit tout de même.
- Contre une attaque extérieure, oui. Contre ça, non, précisa-t-il en montrant l’épaule droite d’Elian.
Elian observa sa blessure.
- C’est trop tôt, répéta Theorlingas.
- C’est peut-être trop tard, le contra Elian. Qui sait ce que mon adversaire a pu faire en trois lunes ? Il faut agir maintenant.
Les trois elfes grognèrent. Elian partit plein ouest, son escorte gênée sur les talons. Rapidement, Dolandar passa devant sa reine qui avançait lentement. Elian avança tout droit, il n’avait guère de difficulté à guider. Il repérait les lieux, offrant une voie facile et sans trop d’obstacles.
Theorlingas et Ceïlan grimaçaient à côté d’Elian. Son rythme lent les crispait. Régulièrement, l’un ou l’autre proposait des fruits ou de l’eau à leur reine qui acceptait sans sourire ni remerciement. Dans sa tête se tournaient tous les évènements. Elle tentait de planifier, d’ordonner, d’organiser les objectifs, les missions, de prioriser. Il y avait tant à faire !
- Tu sais, pour régler notre différend une bonne fois pour toute, il y a une solution simple, dit Theorlingas à Ceïlan.
- Ah bon ?
- Un plan à trois, indiqua Theorlingas.
- Je vous entends, précisa Elian, choquée.
- Elle ne voudra pas, dit Ceïlan.
- Pourquoi ? répliqua Theorlingas. C’est super à trois… ou à quatre, ou…
- On a compris le principe, le coupa Ceïlan. Ce n’est pas baiser à plusieurs qu’elle refusera… Quoi que… Enfin bref, c’est de coucher avec moi qu’elle refusera.
- Pourquoi ? lança Theorlingas clairement surpris.
- Je vous entends, répéta Elian avec insistance.
L’échange la dérangeait énormément.
- Parce que je suis… commença Ceïlan avant de chercher ses mots pour finalement finir : parce qu’elle et moi sommes sortis du même ventre.
- Et alors ? dit Theorlingas.
- Lalalala, chanta Elian pour ne pas entendre l’échange entre les deux hommes.
- Et alors ça prouve juste que tu ne la connais pas du tout, continua Ceïlan. Ce genre de choses sont peut-être sans valeur pour nous, mais les humains y accordent énormément d’intérêt.
- Elian est une elfe, pas…
- Elle a été élevée parmi eux. Elle partage leurs valeurs.
- Tu vas être frustré toute ta vie juste parce que vous avez passé quelques lunes dans le même ventre ? Ça n’a pas de sens…
Ceïlan soupira. Elian sentit son ventre se tordre. Ceïlan avait envie de partager un moment intime avec elle. Elle crevait d’envie de se rapprocher de lui. Ses sentiments n’étaient pas réciproques, puisque inexistants chez les elfes, mais il lui suffisait de claquer des doigts et il lui donnerait tout ce qu’elle voulait et davantage, avec plaisir. Elle se sentit immensément triste et dut se retenir de pleurer.
- C’est dommage, en conclut Theorlingas. Ça aurait vraiment permis de résoudre notre différend rapidement.
- Je sais, maugréa Ceïlan.
Elian s’arrêta, se tourna vers les deux hommes et lança, la voix tremblotante :
- Changez de sujet de conversation, maintenant…
- Nous avions fini de toute façon, lança Theorlingas en souriant.
La marche reprit et les deux hommes n’amenèrent plus ce sujet sur le tapis de toute la randonnée. Arrivée à destination, Elian annonça :
- Ceïlan, Theorlingas, vous restez là. Dolandar et moi irons seuls à Liennes. Nous reviendrons vous chercher. N’hésitez pas à profiter de ce moment d’intimité pour régler votre différend par le sexe. Une bonne sodomie, y’a que ça de vrai !
Les deux hommes lui lancèrent un regard noir tandis que Dolandar suivait sa reine en ricanant.
- Bien envoyé, Majesté, dit-il lorsqu’ils furent assez loin. Où allons-nous ?
- Sonner à la porte de la guilde des voleurs de Liennes, indiqua Elian en ruyem.
- Parce que tu sais où se trouve cette porte ? répondit Dolandar dans la même langue, rassurant ainsi Elian sur les compétences linguistiques de son protecteur.
- Oui, pour l’avoir empruntée des milliers de fois lorsque j’en faisais partie.
- Tu as fais partie de la guilde des voleurs de Liennes, comprit Dolandar. Et… ils vont te laisser entrer.
- J’en doute. Ça tombe bien, je ne souhaite pas entrer.
- Qu’est-ce que tu veux ?
- Des réponses.
- Et ils vont te les donner gratuitement ?
- Oui, car la question va tellement les prendre de court qu’ils ne vont pas comprendre que c’est ça, l’information qui m’intéresse tant et qui, à leurs yeux, ne vaut rien.
Dolandar fit une moue dubitative.
- Quel niveau de danger ?
- Pas le moindre. Tu es là seulement parce que si je t’avais ordonné de rester dans la forêt avec Ceïlan et Theorlingas, tu m’aurais suivie quand même et je déteste l’idée de ne pas être obéie alors…
- Je suis là pour assurer ta protection. Je ne te quitterai pas d’une semelle, confirma Dolandar.
- Rassure-toi, tu n’auras rien à faire.
Dolandar ne répondit pas.
- Tu ne vas pas du tout vers la ville, dit le protecteur au bout d’un moment.
- Nous ne pouvons pas entrer comme ça, répliqua Elian.
- Comme ça quoi ?
- Sais-tu de quand date la dernière venue d’un elfe à Liennes ? interrogea Elian avant de répondre sans lui laisser le temps de le faire : Jamais ! Si nous entrons, nous serons le centre de l’attention et c’est tout l’inverse que je souhaite. Je veux être invisible. Nous allons devoir masquer notre identité. Pour cela, je vais aller nous voler deux capes à capuche.
- Et tu sais où en trouver ? grimaça Dolandar à qui la situation déplaisait clairement.
- J’ai vécu ici toute mon enfance, répliqua Elian. Bien sûr que je sais !
En arrivant en bas de l’arrière d’un bâtiment, Elian s’arrêta et lança :
- Tu restes là. Je reviens vite.
- Elian, non !
Sans tenir compte de l’opposition de son protecteur, Elian grimpa sans difficulté jusqu’à la première fenêtre et entra dans le bâtiment, d’où une cape, puis une seconde sortirent pour s’écraser au sol près de Dolandar. Elian reparut rapidement.
- Je n’apprécie pas ce que tu viens de faire, gronda Dolandar. Je suis censé te protéger, pas te laisser partir seule.
- Tu m’aurais gênée, répliqua Elian. Il n’y avait pas le moindre risque. Tiens ! Masque bien tes cheveux sous la capuche et maintiens la cape bien devant toi, histoire qu’on en voit le moins possible.
Dolandar se plia aux injonctions en ronchonnant. Finalement, ils entrèrent à Liennes sous quelques regards curieux peu appuyés. Des voyageurs, il y en avait tous les jours.
Sur un marché, Elian s’arrêta devant un étal de fruits et acheta des cerises avant de repartir.
- Où as-tu trouvé l’argent ? demanda Dolandar.
- J’ai récupéré une bourse en même temps qu’une cape.
Dolandar grommela.
- J’ai besoin de manger, précisa Elian.
Dolandar gronda et Elian sourit. Elle avait avalé la moitié de son achat lorsqu’elle frappa à une porte de ce qui ressemblait au hangar d’un maréchal ferrant. La porte s’ouvrit sur un enfant.
- Bonjour gamin, dit Elian. Va dire à Narco qu’Elian souhaite lui parler.
- Je ne vois pas de qui vous parlez, répliqua l’enfant.
- Je sais, précisa Elian avant de se reculer et de se mettre dos au mur en position d’attente.
L’enfant haussa les épaules puis ferma la porte. Quelques instants plus tard, il reparut.
- Même lieu, même moment, que le cambriolage du solstice d’automne, annonça l’enfant avant de disparaître de nouveau derrière la porte fermée.
- Tu vois, facile, dit Elian avant de partir, des noyaux de cerise au sol derrière elle.
- Je n’aime pas ça, grommela Dolandar en regardant autour de lui.
Elian s’installa dans la taverne et commanda un lait de chèvre qu’elle but tranquillement.
- Nous sommes observés, lança Dolandar quelques instants plus tard.
- L’intégralité de la taverne est peuplée de voleurs de la guilde. Évidemment que nous sommes surveillés. Pas un seul client n’est réel. Narco n’est pas fou. Il sait à qui il a affaire. Il prend ses précautions.
- Et toi ? Quelles sont tes précautions ?
- Je n’en ai pas besoin. Je te le répète. Tout va bien se passer.
- Et si tu te trompes ? Irin perd sa reine et une femme. Tu es trop précieuse pour mettre ainsi ta vie en péril.
- Elian ? dit une voix masculine en apparaissant dans la taverne.
La jeune femme se leva, retira sa capuche, écarta sa cape et sourit aux nouveaux venus.
- Narco, Lucas, bien le bonjour !
- Joli ton nouveau style, indiqua Narco. Je t’aurais croisée dans la rue sans te reconnaître. Pourtant, c’est bien toi.
- En chair et en os, répondit-elle.
Narco désigna du menton Dolandar qui avait gardé cape et capuche.
- Mon protecteur, indiqua Elian.
- Tu as besoin de protection ? ricana Narco.
Il perdit son sourire devant le visage grave d’Elian. Ils s’assirent autour de la table.
- Tu voulais me parler ?
- Oui, j’ai besoin d’une information.
- Je t’écoute, indiqua Narco alors que Lucas sursautait.
Le jeune homme s’était attendu à ce que Narco négocie un prix.
- L’homme qui recherchait l’anneau d’Elgarath, tu l’as rencontré, n’est-ce pas ?
Narco plissa les yeux puis hocha la tête.
- Vieille histoire, répondit Narco. Pourquoi remuer une telle affaire ?
- Il n’a pas décliné son identité.
- Non, à aucun moment.
- À quoi ressemblait-il ? demanda Elian.
Narco fit la moue puis annonça :
- À tout le monde. Il était d’une banalité affligeante. Peau olive, ma taille, les yeux marrons, les cheveux bruns, d’apparence ni pauvre, ni riche, pas de signe distinctif, ni cicatrice, ni marque, ni bouton, ni points particuliers. Il était rasé de près et arborait une coupe de cheveux banale. Il portait une épée et une dague, la configuration la plus classique.
- Quel niveau en combat ?
- Excellent, précisa Narco. Je ne me serai pas frotté à lui. Il bougeait et observait en expert.
- Merci, Narco, dit Elian.
- C’est tout ? s’exclama Narco. En quoi cette information est-elle intéressante ? Elle date de plusieurs années.
Dolandar sourit. Elian avait vu juste. Narco s’attendait à recevoir la vraie question sans se douter un seul instant qu’Elian entrerait immédiatement dans le vif du sujet. Elian soupira, le visage grave.
- Tu veux le retrouver ? supposa Narco. C’est peine perdue. Il ressemble à n’importe qui, une aiguille dans une botte de foin.
- Je ne pense pas pouvoir le retrouver, précisa Elian.
Narco fit la moue puis, comprenant qu’il n’obtiendrait rien, changea de sujet. Il sourit et lança :
- Alors, Elian, t’as réussi à devenir comtesse ?
- Tes informations datent. Je suis reine maintenant.
Narco explosa de rire avant de cesser sous le regard las d’Elian.
- Sans déconner ? Reine ?
- Des elfes des bois, ouais, super…
- Depuis quand ? demanda-t-il tout en laissant son regard filer sur les oreilles pointues de son interlocutrice.
- Quelques lunes, mais vu que je les ai passés à dormir, pour moi, c’était hier.
- T’as pas l’air enchanté du poste…
- Je ne le suis pas, confirma Elian.
- Tu ne peux pas refiler le bébé à quelqu’un d’autre ? proposa Narco.
- Non, ce n’est pas une option dont je dispose, maugréa Elian.
- Désolé, finit-il. Ça explique l’obligation de protection.
Elian regarda Dolandar et hocha la tête en soupirant.
- Mes félicitations quand même, dit Narco. Putain, reine… Merde, j’aurais jamais imaginé…
- Moi non plus, indiqua Elian. Narco, merci beaucoup d’avoir pris un peu de ton temps pour moi.
- Je t’en prie. Ça m’a fait plaisir de te revoir.
- Si tu as besoin d’un truc, n’hésite pas, dit Elian.
- C’est noté, répondit Narco.
Ils se serrèrent les avant-bras et après la seconde classique, Narco ne lâcha pas, observant le bras d’archer. Il plissa les yeux avant de desserrer la main.
- Bon courage, Elian, dit-il d’une voix sifflante.
- Merci. Bonne continuation, Narco. Tu vas avoir un sacré débriefing avec le petit. Il n’a rien compris.
Narco rit et tapa Lucas dans le dos avant de quitter la taverne. En un claquement de doigts, l’endroit fut vide. Elian replaça sa cape et sa capuche alors que les vrais clients retrouvaient le droit de fréquenter l’endroit.
- On y va, ordonna Elian et Dolandar la suivit dehors avec plaisir.
- C’est tout ? s’exclama Dolandar. Cette information était capitale ?
- Seule, non, répondit Elian.
Dolandar ne demanda rien de plus. Il décida d’attendre un peu. À trois, ils auraient peut-être davantage de poids.
- On va où maintenant ? demanda Theorlingas qui dévisageait méchamment Elian et Dolandar dans leurs capes humaines.
- À Tur-Anion, indiqua Elian.
Les trois elfes prirent la route.
- On garde les capes ? interrogea Dolandar.
- Nous en aurons besoin à Tur-Anion, indiqua Elian.
- Et nous ? demanda Ceïlan.
- Votre présence attirera énormément l’attention, nous permettant un anonymat encore plus grand. Tu es encore à leurs yeux ambassadeur d’Irin. Ils t’accueilleront à bras ouverts.
- C’est Brian qui va être content, indiqua Dolandar.
- Pourquoi ? interrogea Elian, surprise.
Ceïlan fit la moue.
- Sa Majesté Brian Eldwen demande que Ceïlan ausculte sa femme enceinte. Apparemment, la grossesse se passerait mal, indiqua Dolandar.
- Et tu n’y es pas allé ? s’exclama Elian.
- Je tentais de te sauver toi. Entre une reine humaine et une reine elfe, j’ai choisi ma communauté, se défendit Ceïlan.
- J’approuve ton choix, indiqua Elian. J’aurais juste apprécié que tu me mettes au courant de la situation à Tur-Anion. J’ai dans l’idée que sans Dolandar, tu ne l’aurais jamais fait.
- Probablement pas, en effet, admit Ceïlan.
Elian fixa intensément son frère. Ancien chef des dissidents, il avait trahi le roi précédent, Beïlan, en montant une rébellion. Elian n’avait guère envie de subir le même sort. Qu’il se permette de ne pas la tenir au courant prouvait que le risque n’était pas négligeable.
- Je suis la reine. Ce genre d’informations doit m’être transmis, insista-t-elle.
Ceïlan grimaça en retour.
- Je n’ai pas dit que je t’y aurais envoyé. Je viens de te dire que j’approuve que tu aies choisi de rester à Irin. Je veux juste être au courant. De plus, ce n’est pas le bon moment pour faire les morts face aux falathens. Nous aurons très probablement besoin de nos alliés pour faire face.
- Faire face à quoi ? demanda Ceïlan.
Elian fit la moue avant de reprendre la route sans rajouter un mot.
- Elle semble aller bien, indiqua Theorlingas.
- Elle a bu et mangé à Liennes.
- Bonne nouvelle, indiqua le nilmocelva.
- Elle a volé deux capes et une bourse pleine d’or, maugréa Dolandar.
Theorlingas haussa les épaules. Il ne voyait pas bien le problème. Dolandar se renfrogna et garda ses pensées pour lui.
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Tur-Anion se présenta devant eux.
- Ceïlan, Theorlingas, vous allez au palais. Vous annoncez mon arrivée prochaine. Vous mettez tout en place. Ceïlan, tu auscultes la reine. Tu fais tout ce que tu peux pour elle. Tu colles Brian tout le temps pendant que Theorlingas utilisera son charme pour être écouté d’un maximum de gens lorsqu’il racontera comment Ceïlan a soigné sans difficulté la reine des elfes de sa blessure par une flèche de métal noir. C’est clair ?
- Tu vas où ? interrogea Ceïlan.
- Ailleurs à Tur-Anion, répondit Elian.
- Nous annonçons au palais que tu arrives dans ? commença Theorlingas.
- Un jour… ou deux.
- Et si tu n’es pas là dans deux jours ? interrogea Ceïlan.
- C’est que je ne reviendrai jamais mais Dolandar est là pour éviter que ça se produise, n’est-ce pas ?
Dolandar grimaça.
- Ai-je besoin de te redire à quel point je n’apprécie pas ? gronda Ceïlan.
- Je le sais, merci. Mon ventre est tellement précieux !
- Ne sois pas sarcastique ! grogna Ceïlan. La vie de…
- Va au palais, maintenant, ordonna Elian.
Les deux elfes partirent en ronchonnant.
- On va où ? demanda Dolandar tout en suivant Elian qui comptait entrer dans Tur-Anion par une autre porte.
- À la guilde des assassins.
- De Tur-Anion ? finit Dolandar.
- Les assassins ne fonctionnent pas par ville. Il y a une guilde pour tout le pays. Ils sont peu nombreux, inutile de dégrouper.
- Tu as fait partie de leur guilde ?
Elian grimaça.
- Pas exactement, indiqua-t-elle. Ils m’ont proposé de les rejoindre il y a bien longtemps, offre que j’ai déclinée. Depuis, j’ai tué l’un d’eux.
Dolandar grogna en réponse.
- C’est une autre manière d’entrer dans leur guilde, évidemment pas la plus répandue. De ce fait, en théorie, je fais partie de leur guilde.
- Et en pratique ?
- J’ai tué l’un d’eux, répéta Elian.
- Super… Je suis censé te protéger des meilleurs tueurs du royaume ?
- C’est ça, indiqua Elian et Dolandar grogna de plus belle.
- Tu sais où tu vas ?
- À la guilde des assassins, répéta Elian.
- Son emplacement est de notoriété publique ?
- Non, mais lorsqu’ils m’ont proposé d’être des leurs, j’ai eu droit à une petite visite de leurs locaux.
Dolandar grinça des dents.
- Tu as une ancienne voleuse et un assassin.
Elian ne répondit rien. Le ton critique de Dolandar ne l’encourageait pas à poursuivre la conversation.
- Bien le bonjour, dit Elian à un homme assis devant un portail fermé.
Aux yeux de Dolandar, il s’agissait d’un mendiant quelconque particulièrement enivré. Elian s’accroupit devant lui, ouvrit son aumônière, en sortit un collier alourdi d’un pendentif et le montra à l’ivrogne.
- Je veux entrer, dit-elle.
L’homme observa le pendentif puis se leva sans montrer le moindre signe de vertige. En un claquement de doigts, il venait de dessaouler. Dolandar admira le don d’acteur de cet homme. L’elfe y aurait totalement cru.
- T’as obtenu ça comment ? demanda l’homme tandis que le pendentif retournait dans l’aumônière.
- En tuant son précédent propriétaire, annonça Elian d’un ton sûr.
Dolandar admira la maîtrise du faux ivrogne. Il hocha sobrement la tête, sans indiquer de surprise, de peur ou un quelconque sentiment. L’homme se tourna vers la grille mais Elian l’arrêta d’un geste de la main.
- Petite précision : je suis Elian, comtesse d’Anargh. Étant désormais l’une de vous, ma mise à prix est caduque.
L’homme sourit puis ouvrit la grille sans un mot. Il fit signe aux deux invités de le suivre, referma derrière eux et les emmena dans l’immense bâtiment de pierres blanches. Elian, occupée à surveiller le mendiant, ne sut comment Dolandar réagit à la nouvelle de la mise à prix sur la tête de sa reine, information dont elle ne lui avait jamais fait part.
Ils passèrent des escaliers, des salles, des cours pour finalement être priés d’attendre dans un couloir immense sublimement décoré de tapisseries et de statues. Ils attendirent un court moment et la porte s’ouvrit, dévoilant le faux ivrogne et un homme à la peau brun clair. Sa tête, dépourvue de cheveux, était cintrée d’un collier de barbe noire. Il portait un ensemble de cuir et soie brodé d’or aux couleurs vives, signe de richesse. À sa ceinture, deux dagues étaient visibles mais Elian douta qu’il s’agisse là de ses seules lames disponibles. Il lança sur ses visiteurs un regard sombre.
- Je vous laisse le soin de lui répéter ce que vous m’avez dit, précisa l’ivrogne un immense sourire sur les lèvres.
Il fit un pas de côté et observa son supérieur en dansant d’un pied sur l’autre. Le chef, lui, soupira, visiblement contrarié. Dolandar était crispé, la main prête à dégainer.
- Bien le bonjour, Arnaud, dit Elian.
Le chef se crispa. Cette inconnue connaissait son nom, celui du maître de la guilde des assassins ? Le mendiant ricana. La situation semblait égayer sa journée.
- Je suis Elian, comtesse d’Anargh, se présenta-t-elle.
Arnaud se figea, abasourdi. Il se tourna vers son homme de main qui riait nerveusement sans pouvoir s’arrêter.
- Je suis également reine d’Irin, précisa-t-elle en retirant sa capuche afin de révéler sa nature elfique.
D’un geste, elle demanda à Dolandar de faire de même. Le fou rire de l’acteur envahissait le couloir, allégeant l’atmosphère lourde entre les deux interlocuteurs se faisant face.
- Je suis de plus un membre de votre guilde, indiqua Elian en sortant le collier et le pendentif de son aumônière. Je l’ai pris à celui qui a essayé de rafler la mise à prix sur ma tête.
Arnaud ne regarda pas l’objet tendu. Il ne quittait pas Elian des yeux, la dévisageant, la scrutant, la transperçant, détaillant son visage avec précision et intérêt.
- Elian ? Non, ça ne peut pas… Attends… Elian, la comtesse d’Anargh, c’est… Non, une voleuse des bas-fonds ne peut pas devenir comtesse en…
- Reine, le rectifia Elian. Je suis reine, maintenant.
Le faux mendiant riait à plein poumons. Arnaud secoua la tête en levant les yeux au ciel tant la proposition lui semblait ridicule. Elian désigna Dolandar du menton et le maître de la guilde des assassins accepta enfin la vérité. Après tout, qui, sinon la reine des elfes, pourrait se promener avec un elfe comme garde du corps ?
- Avec qui tu as couché pour en arriver là ? lança Arnaud en souriant à demi.
Elian plissa les yeux, réfléchit puis annonça :
- Ça serait plutôt avec qui j’ai refusé de coucher…
- Avec qui as-tu refusé de coucher ? interrogea Arnaud, heureux que son interlocutrice prenne sa remarque aussi légèrement qu’il l’avait souhaité.
- L’ancien roi d’Irin.
- Tu as viré l’ancien roi d’Irin en refusant de coucher avec lui ?
- C’est résumé, très résumé, mais oui.
Arnaud rit doucement. Le mendiant, enfin calmé, retourna à son poste.
- Je t’avais proposé une porte d’entrée moins sanglante, fit remarquer Arnaud en désignant le pendentif de la main.
Elian haussa les épaules.
- Quoi qu’il en soit, je te souhaite la bienvenue à la guilde des assassins, Elian, ancienne voleuse, comtesse d’Anargh et reine d’Irin. Ton compagnon peut se détendre. Tout va bien.
Dolandar garda la main sur son épée, prêt à dégainer.
- Que puis-je pour toi, Elian ? continua Arnaud sans accorder le moindre intérêt supplémentaire à Dolandar.
- Manger, boire, indiqua Elian.
- Bien sûr. Faisons la fête pour accueillir notre nouveau membre.
Elian et Dolandar furent conduits dans une immense salle à manger qui se remplit rapidement de monde. À l’entrée, Elian retira sa cape qu’elle plaça sur un clou. Dolandar l’imita. Leurs atours leur valurent quelques regards mais les assassins n’insistèrent pas énormément non plus.
- Je n’aime pas ce lieu, indiqua Dolandar en s’asseyant à gauche d’Elian. Ces gars… Ils bougent comme…
- Des assassins ? termina Elian à sa place. C’est ce qu’ils sont… et moi aussi, pour information.
- Combien de personnes as-tu tué, Elian ? demanda un assassin pendant le festin.
- Trois, indiqua Elian à l’assemblée.
- Je déteste ce lieu où le nombre de morts détermine le rang de quelqu’un, dit Dolandar en lambë. Trois, c’est beaucoup ou pas selon leurs critères ?
- Mon ami demande si mes trois assassinats m’apportent un rang élevé, indiqua Elian.
- Ça dépend, répondit un assassin en riant.
- De quoi ? demanda Dolandar en ruyem.
- Trois fois la même arme ? demanda l’assassin.
- Une flèche pour le duc de Phalté, une dague pour l’assassin, une lame d’assassin pour le roi des elfes noirs, indiqua Elian.
Le silence se fit dans l’assemblée puis des sifflements admiratifs suivirent.
- Un roi tué par une lame d’assassin ? s’exclama un homme admiratif.
- Apparemment, ça dépend qui et comment, indiqua Elian en souriant à Dolandar qui affichait une mine renfrognée.
- On part quand ? demanda-t-il.
- Lorsque j’aurai eu mon information, indiqua Elian.
- Que veux-tu savoir ? demanda Arnaud en s’asseyant à côté d’elle.
- D’après toi ? répliqua Elian.
- Elian, je ne connais pas son identité. Il ne l’a pas déclinée et je n’ai pas demandé.
- Décris-le moi.
- Que dire… bredouilla Arnaud en secouant la tête. Ce type était d’une banalité affligeante.
Dolandar sursauta tandis qu’Elian restait de marbre.
- Il ressemblait à un banal maraîcher. Quand il m’a dit la somme à inscrire, je lui ai ri au nez. Il a ouvert sa bourse. Ce mec avait le montant sur lui, en pierres précieuses. Je n’en avais jamais vu autant et d’aussi pures. Je n’en ai pas cru mes yeux. Putain, tu fais chier d’avoir tué mon gars. Tu te rends compte la récompense qui me passe sous le nez ?
- Tu n’avais qu’à envoyer un meilleur assassin, répliqua Elian.
- Vu le montant de la prime, je les ai tous envoyés. S’il t’a trouvée en premier, c’est qu’il était le meilleur.
- J’ai eu de la chance, indiqua Elian.
De la chance qu’il ne lui tombe pas dessus maintenant. Elian ne mangeait pas. Non pas qu’elle n’avait pas faim, mais son bras droit refusait de lui répondre. Saisir sa cuillère de la main gauche ne serait pas passé inaperçu en ce lieu où tous les yeux savaient voir. Cette blessure au métal noir priverait à jamais Elian de ses forces. Elle ne pourrait plus jamais se passer d’un protecteur, d’une escorte. Elle était faible, diminuée. Ce salopard en était la cause. Il devait payer.
- Elle gouverne ce monde, répliqua Arnaud.
- Taille, âge, poids ?
- Imagine un mec dans la rue, insista Arnaud, un badaud dégustant un gâteau au miel. C’est lui.
- Taille, âge, poids ? insista Elian.
- Ma taille, dans la fleur de l’âge, mon poids environ, peau, cheveux et yeux marron, aucun bijou, aucun signe distinctif. Je te le dis. Ce mec, c’est personne.
- S’il l’avait demandé, l’aurais-tu accepté dans ta guilde ?
La question prit Arnaud de court. Il cligna plusieurs fois des yeux, se leva, alla parler à plusieurs de ses hommes puis revint.
- Ses compétences en combat le lui auraient largement permis, annonça-t-il.
Elian hocha la tête.
- Merci, Arnaud.
- Tu ne le retrouveras pas et vu la récompense promise, il ne s’arrêtera pas là.
- Je sais, précisa Elian. Puis-je dormir ici ?
- Naturellement, s’exclama Arnaud. Tu es l’une des nôtres.
Elian hocha la tête.
- C’est dur de vivre avec cette peur constante, comprit Arnaud. Tu ne sais pas qui suivre, en qui faire confiance. Tu crains tout le monde, tout le temps. Le danger est partout, permanent, insistant, transperçant. Chaque pas nécessite des trésors de surveillance. Tu ne peux jamais relâcher ton attention.
Elian avala difficilement sa salive. Il semblait lire en elle comme dans un livre ouvert. Il connaissait bien la situation, supposa-t-elle, puisque ses hommes la faisaient vivre à chacune de leur victime.
- Tu as besoin d’un peu de répit, continua Arnaud. Tu es en sécurité ici. Tu es l’une des nôtre. Il ne t’arrivera rien. Nous te protégerons. Il en va de notre honneur.
Elle toucha son épaule droite en grimaçant. La douleur venait de se réveiller et s’étendait doucement, implacable, se frayant un chemin vers le cœur.
- Elian ? Ça va ? s’enquit Dolandar, inquiet.
Il attrapa sa reine et la soutint tandis qu’elle s’endormait dans ses bras.
- Elle relâche son attention, indiqua Arnaud pour rassurer l’elfe. Elle est en confiance ici. Elle semble épuisée. Je vais te montrer où tu peux porter ta reine pour qu’elle reprenne des forces.
Elian se sentit soulevée mais dans cet endroit, enfin, elle se sentait bien. Elle s’enfonça dans un profond sommeil, oubliant le monde et ses pièges.
Donc un homme, qui ressemble vraiment à monsieur tout-le-monde à ceci près qu'il sait très très bien se battre (Narhem ?) commandite le vol de l'anneau de machinchouette, qui est un anneau qui garantit prétendument la fertilité des reines de Fmachin, mais en fait c'est un anneau maudit qui les rend malades et si on le conserve c'est uniquement pour le protocole sinon les reines ne sont jamais reconnues comme telles.
Elian récupère cet anneau à la guilde puis le garde sous sa protection et s'arrange pour qu'il soit présent à chaque mariage royal de Fmachin.
Le quidam qui voulait voler l'anneau (Narhem ?) commandite l'assassinat d'Elian, mais ne s'en charge pas lui-même (parce qu'il est trop occupé ? parce qu'il n'ose pas confronter Elian en face ?)
La question est donc : que veut le quidam ? Hypothèse facile : empêcher les mariages de Fmachin et faire s'éteindre la dynastie. Ladite dynastie a-t-elle piqué le trône à Narhem ? Ou à son ancien pote le roi ? Est-ce quelqu'un d'autre que Narhem ?
« Elian partit plein ouest, son escorte gênée sur les talons. Ils marchèrent sous les arbres à vitesse réduite afin qu’Elian puisse suivre. »
=> C'est bizarre, au début son escorte est décrite comme étant derrière Elian, et à la phrase suivante on a l'impression que c'est Elian qui est derrière. Je me doute qu'ils ont pu échanger mais moi ça m'a perturbé de voir un échange implicite aussi rapide.
« je lui ai ris au nez » => je lui ai ri au nez
« - Je sais, précisa gravement Elian. Puis-je dormir ici ?
- Naturellement, s’exclama Arnaud. Tu es l’une des nôtres.
Elian hocha gravement la tête. » => répétition de gravement
Ce chapitre, très lourd au niveau émotionnel pour Elian, contient volontairement quelques passages plus léger pour contre-balancer. Ravie que là encore, cela fasse effet.
Je ne veux pas te spoiler mais l’anneau d’Elgarath ne permet pas de rendre fertiles les reines de Falathon. Le roi de Falathon de l’époque (Groth Faïmyr, le nom n’est pas donné dans le texte mais c’est cadeau, puisque tu adores les noms [mode ironie]) était parfaitement fertile puisqu’il a eu une fille (Elgarath Faïmyr, qui a donné son nom à l’anneau). Si tu retrouves à quoi sert exactement l’anneau d’Elgarath, cela pourrait te mettre dans la voie…
Si celui qui veut l’anneau d’Elgarath est Narhem, la question est donc pourquoi ? Et pourquoi vouloir tuer Elian ? Que de suspens !
Merci pour les coquilles. J’ai corrigé :)
Bonne lecture !
Une sorcière ayant lancé sur sa famille une terrible malédiction, la princesse était allée jusqu’aux confins du monde pour ramener un anneau magique mettant fin à ce mauvais sort. Depuis, à chaque mariage royal, l’anneau d’Elgarath se devait d’être porté par l’épouse, en souvenir de cette héroïne ayant sauvé le royaume de Falathon.
- Que sais-tu de l’anneau d’Elgarath ? demanda Brian.
- Qu’il a été crée pour permettre à Elgarath Faïmyr de vaincre la malédiction lancée sur son père et elle par sa propre mère, sorcière brûlant sur le bûcher.
- En quoi consistait cette malédiction ?
- L’infertilité, répondit Elian qui connaissait bien l’histoire. Si ni le roi, ni sa fille n’engendraient, alors à leur mort, le royaume se déchirerait en querelles intestines. Elgarath a porté l’anneau de la conception à la naissance de son premier enfant, prouvant qu’il permettait effectivement de la contourner, alors que le roi couchait avec tout le monde pour essayer de mettre au monde un héritier.
- Connais-tu la suite de l’histoire ? interrogea Brian.
- Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ? supposa Elian pour qui la narration s’arrêtait là.
- Le reste n’est connu que de la famille royale, indiqua Brian. Elgarath, convaincue des bienfaits de l’anneau, ne le retira pas. Elle mit au monde un second enfant mais la grossesse fut compliquée et elle frôla la mort lors de l’enfantement. Par la suite, son état ne s’améliora guère. Elle tenait le lit, le moindre coup de vent la faisant tousser pendant des semaines. Elle qui avait traversé le monde pour trouver l’anneau ne pouvait plus faire un pas sans tomber. Elle mourut au cours de sa troisième grossesse, l’enfant survivant par miracle. L’anneau fut confié à sa fille aînée, Giulia. C’était une enfant vive, souriante, gaie, pleine de vie. Elle passa l’anneau à son doigt le jour de ses huit ans. Un an plus tard, elle était morte, ses poumons crachant du sang.
Une sorcière ayant lancé sur sa famille une terrible malédiction, la princesse était allée jusqu’aux confins du monde pour ramener un anneau magique mettant fin à ce mauvais sort. Depuis, à chaque mariage royal, l’anneau d’Elgarath se devait d’être porté par l’épouse, en souvenir de cette héroïne ayant sauvé le royaume de Falathon.
- Que sais-tu de l’anneau d’Elgarath ? demanda Brian.
- Qu’il a été crée pour permettre à Elgarath Faïmyr de vaincre la malédiction lancée sur son père et elle par sa propre mère, sorcière brûlant sur le bûcher.
- En quoi consistait cette malédiction ?
- L’infertilité, répondit Elian qui connaissait bien l’histoire. Si ni le roi, ni sa fille n’engendraient, alors à leur mort, le royaume se déchirerait en querelles intestines. Elgarath a porté l’anneau de la conception à la naissance de son premier enfant, prouvant qu’il permettait effectivement de la contourner, alors que le roi couchait avec tout le monde pour essayer de mettre au monde un héritier.
- Connais-tu la suite de l’histoire ? interrogea Brian.
- Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ? supposa Elian pour qui la narration s’arrêtait là.
- Le reste n’est connu que de la famille royale, indiqua Brian. Elgarath, convaincue des bienfaits de l’anneau, ne le retira pas. Elle mit au monde un second enfant mais la grossesse fut compliquée et elle frôla la mort lors de l’enfantement. Par la suite, son état ne s’améliora guère. Elle tenait le lit, le moindre coup de vent la faisant tousser pendant des semaines. Elle qui avait traversé le monde pour trouver l’anneau ne pouvait plus faire un pas sans tomber. Elle mourut au cours de sa troisième grossesse, l’enfant survivant par miracle. L’anneau fut confié à sa fille aînée, Giulia. C’était une enfant vive, souriante, gaie, pleine de vie. Elle passa l’anneau à son doigt le jour de ses huit ans. Un an plus tard, elle était morte, ses poumons crachant du sang.
Alors maintenant hypothèse : Groth Faïmyr est le nouveau nom de Narhem, celle qui a lancé la malédiction est Bintou, et cette malédiction donne à la fois l'infertilité et la vie éternelle. L'anneau sert à pouvoir mourir.
Mais je pense que c'est tiré par les cheveux parce que si c'est le cas, Narhem serait très vieux (ou alors Groth serait très récent)
Les durées et dates sont imprécises et c'est voulu. Narhem ignore sincèrement combien de temps il a passé dans les oubliettes. Cela ouvre toutes les hypothèses.
Est-ce que elgarath est récent ? Par rapport à qui ? Ça veut dire quoi récent ? Un truc qui s'est passé au siècle dernier ? Deux siècles plus tôt ? Trois ? Où mets-tu la limite ?
Encore merci pour tes super commentaires !