La lumière blafarde pénètre dans la pièce tandis que j’observe ma main nue. Je m’étais tant habituée à cet anneau d’argent, clé de ma délivrance, qu’à l’instant où je sens ma peau à la place du métal je ne peux m’empêcher de sursauter.
Voilà trois jours que je me repose dans la demeure des Enfers du messager des dieux. Je sais que mon comportement sur l’embarcadère était insensé et toutefois nécessaire. Hermès ne m’a pas adressé la parole depuis. Au début, je m’en moquais, car j’étais trop épuisée d’avoir usé une nouvelle fois de mon pouvoir. Je n’ai fait que dormir sans jamais rêver. À présent que je me sens mieux, son silence me pèse. J’étais si heureuse de retrouver mon ami pourtant.
J’examine avec attention mes mains. Encore une fois, mes pouvoirs se sont réveillés avec l’intensité de la colère et du désespoir qui m’ont submergé. J’aurais pu faire du tort à Iphigénie si tant est qu’il soit possible de blesser une âme en peine. En revanche, j’ai senti les ronces lacérer les jambes d’Hermès. Je ne voulais pas lui faire de mal, seulement le ralentir avant qu’il n’empêche ma transaction avec Charon. Je ressens un profond dégout pour mon pouvoir et j’ai honte de n’être capable que d’apporter la mort et la souffrance avec. Que dirait ma mère si elle m’observait ? Je secoue la tête, espérant chasser mes sombres pensées.
Avachie sur le bord de la fenêtre, j’ai une vue saisissante du palais royal niché sur la colline et surplombant le reste de la cité. Son ombre plane sur les ruelles bondées de monde. Jamais, on n’aurait imaginé qu’il s’agisse là de la dernière demeure des mortels. On dirait tout simplement un jour de marché tout à fait commun. Je remarque qu’aucun habitant ne paraît malheureux et tous semblent mener une existence loin des pénibles labeurs. Du moins, seuls les résidents habillés d’un vêtement ocre ont l’air de travailler. À plusieurs reprises, ceux qui m’ont aperçu en passant m’ont tous salué poliment. M’obligeant à rentrer au plus vite me fondre dans l’obscurité de la maison.
Néanmoins, même si mon pouvoir s’est rendormi, quelque chose d’étrange émane de la nature ornant les murs de la ville. Ce bougainvillier qui a envahi la façade par exemple n’a rien de la douceur que je connais aux pétales de celui de ma demeure. Il ne fait ni trop chaud, ni trop froid et en trois jours je n’ai jamais entendu le vent souffler. Le ciel, quant à lui, est indistinct et sans éclat. Un curieux sentiment de gêne m’inonde sans pour autant comprendre sa provenance. Je mettais cela sur le compte de mon extrême fatigue, mais à présent que je suis bien reposée, je n’arrive pas à m’en défaire.
La demeure d’Hermès est bien plus grande que la maisonnette d’Adulis et surtout mieux entretenue. Une dizaine de domestiques travaillent pour lui. C’est à peine si je les croise. Je n’ai retenu que le nom de Lydía, ma femme de chambre. Celle-ci a pris le temps de me raconter que tous avaient préféré cent années de servitude en échange de pouvoir vivre ici aux Champs-Élysées. Morts sans sépulture et sans obole, ils seraient restés des âmes en peine dans les marécages à perdre toute humanité. C’est à ce moment-là que j’ai compris pourquoi je voyais beaucoup de personnes arborer un chiton de la même couleur.
Ce matin, elle m’a fait apporter des vêtements propres et j’avoue avoir savouré le bain chaud avant de les enfiler. Cela faisait très longtemps que je n’avais porté un himation aussi léger et soyeux. Sa couleur pastel fait ressortit le bleu clair de mes yeux et les perles et broderies subliment mes formes. Je remets autour de mon cou le collier d’Orphée. Toutefois face au miroir j’ai du mal à me reconnaître. Je n’ai plus rien de la jeune fille docile aux joues bien roses et rebondies.
Ne souhaitant aggraver la colère d’Hermès à mon encontre, je reste bien sagement dans la demeure, car je me doute aisément qu’il ne voudrait pas que je m’expose à un quelconque danger dans ce royaume que je ne connais pas. Et puis, être au repos et en sécurité fait du bien. Du moins, je l’espère. Cependant, l’ennui me gagne rapidement. Ne trouvant rien de mieux à faire, je m’entraîne au tir à l’arc dans la cour intérieure avec l’attirail que j’ai découvert tantôt. J’ai aussi demandé à emprunter un des chitons de Lydia, leur tenue étant plus pratique pour se mouvoir. Je dois dire que je suis plutôt fière de mes progrès. Même si, pour l’instant, aucune de mes flèches n’a atteint le centre de ma cible. Je ne suis pas loin d’y arriver et cela suffit à me remonter le moral.
Je sursaute lorsqu’un bruit de pas retentit derrière moi. Le dieu du voyage vient tout simplement d’atterrir dans la cour tel un oiseau. Arborant une tunique parme, ses cheveux sont noués avec un ruban d’un vermeil similaire aux ailes de ses sandales. C’est avec un grand soulagement que je découvre ses jambes sans la moindre trace de mon attaque. Il semble épuisé et bâille sans se soucier de la bienséance. Je le salue, mais il ne se retourne pas. Il m’ignore comme l’aurait certainement fait un enfant boudeur. Je jette l’arc et lui cours après.
— Hermès ! S’il te plait, regarde-moi ! je m’écrie.
Il continue son chemin comme si je n’existais pas. Je sais que le messager des dieux est plutôt rancunier. Je l’appelle encore, mais en vain. Au détour d’un couloir, je pense l’avoir perdu lorsque j’entends le claquement d’une porte. J’ouvre à la volée et l’aperçois se jeter à plat ventre sur un grand lit couvert de coussins.
— Il faut qu’on parle s’il te plait !
Il soupire en levant les yeux au ciel.
— Je t’en prie, tu ne vas pas m’ignorer encore, je dis en m’avançant timidement.
— Je suis fatigué, voilà des semaines que je vole à travers le champ de bataille et que je ramène les âmes de ces pauvres mortels. Et comme je ne peux pas rentrer sur l’Olympe me nourrir d’ambroisie, puisque tu es ici, j’aimerais que tu me laisses tranquille, marmonne-t-il la tête enfouie dans les draps.
— Allons, Hermès, on ne peut pas faire comme s’il ne s’était rien passé ? je dis en m’accroupissant près de lui.
Le jeune dieu se retourne et se dresse sur ses coudes. Moi qui espérais que sa colère était apaisée, le regard qu’il me pose est terriblement froid.
— De quoi veux-tu parler Koré ou Perséphone, quel que soit le nom que tu préfères. Tu veux que nous parlions de comment tu m’as désobéi et tu n’es pas resté à Adulis ? Qu’as-tu bien pu faire pour que Déméter voyage jusqu’en Éthiopie ? Je t’avais dit de m’attendre !
— Je le sais bien, mais j’ai dû intervenir pour protéger des personnes, je réponds d’une voix à peine audible.
Il frappe le lit de son poing. Je sursaute face à sa colère. Je baisse les yeux, honteuse.
— Ou, on peut parler du fait que tu as pris des risques inconsidérés en venant ici ? Tu t’es mise en danger pour sauver une âme déjà perdue !
— Je n’ai pas pu m’empêcher d’agir…
— Tu as offert notre anneau à cette abjecte créature ! m’accuse-t-il en regardant ma main nue.
— Ce n’était qu’un bijou, voyons Hermès, je n’avais rien d’autre pour payer la place de ce bébé.
Le messager des dieux entrouvre les lèvres pour me répondre, mais se retient. Je lis de la tristesse dans ses yeux. Il secoue la tête comme pour chasser ses pensées. De toute évidence, il rumine sa colère depuis des jours. Je l’ai déçue.
— Et enfin, après tout ce que j’ai déjà fait pour toi, tu as osé m’attaquer ? Moi, ton ami le plus fidèle !
Cette fois, le messager des dieux s’est assis sur le bord du lit et me domine.
— Je suis sincèrement désolée pour l’explosion de mon pouvoir. Je ne le contrôle pas comme je le voudrais, si tant est que je l’ai maitrisé un jour. Tu sais bien que jamais je n’aurais souhaité te blesser toi ou n’importe quel autre innocent, je dis en osant poser ma main sur son genou.
— Ah parce que tu penses que tu as réussi à me toucher ? Tu m’as à peine frôlé. Tu as encore bien des choses à apprendre si tu veux réellement blesser quelqu’un ! dit-il d’un ton railleur.
Le rictus sur ses lèvres me choque profondément. Jamais je n’avais lu du mépris dans son regard. Je suis humiliée et ressens une pointe de colère naître en moi. Je me rends soudainement compte qu’hormis l’attaque à son encontre, je n’éprouve aucun remords. Tout ce que j’ai fait était peut-être irréfléchi, mais juste. Je ne suis plus une enfant forcée d’endurer le mécontentement et la frustration de son parent !
— Si je devais recommencer tout ce que j’ai fait, je le ferais encore si cela peut me permettre de faire le bien, je déclare en soutenant son regard accusateur.
Hermès retire ma main et semble courroucé par mes propos. Il se lève et je l’imite.
— Te rends-tu compte des absurdités que tu dis ? Il y a deux mois tu n’étais jamais sortie de chez toi et tu veux m’apprendre ce qui est bien et ce qui est mal ? s’emporte-t-il.
— Je n’ai rien dit de tel ! je réponds choquée par le ton de sa voix.
Le jeune dieu fait les cent pas dans la pièce et serre les dents. Je me mords la joue pour éviter de céder à la colère.
— Les mondes dans lesquels nous vivons sont régis par des règles. Que ce soit à la surface ou ici. Tu ne peux pas venir et vouloir tout changer, car cela ne te convient pas ! me désigne-t-il d’un doigt accusateur.
— Je ne peux pas accepter que sous prétexte qu’un dieu s’est senti offensé par les propos d’une seule personne les mortels subissent tant de souffrance !
— On ne peut pas tout changer Koré ! Grandis un peu voyons !
— Mais tu n’étais pas à la surface quand j’ai dû assister à toutes ces morts injustes, tout comme tu n’étais pas là pour défendre Médusa ! je crie alors qu’une larme de rage perle sur ma joue.
— Ah ! Donc c’est de ma faute si Médusa a vécu son calvaire ? Je te rappelle que c’est toi que je protégeais ce soir-là donc ne rejette pas la faute sur moi ! Après que tu sois rentrée chez toi, que penses-tu que j’ai dû accomplir auprès d’Aphrodite pour lui faire oublier ton existence ? Tu n’as pas conscience du danger dans lequel tu étais et j’ai tout fait pour t’en préserver. Et là je t’ai simplement demandé de patienter Koré !
Ces paroles me touchent, car je me rappelle la panique dans ses yeux lorsqu’il m’a trouvé ce soir-là. Je sais que je n’aurais pas dû l’attaquer sur Médusa, c’était injuste. Il a toujours tout fait pour moi et je m’en veux aussitôt.
— Je t’ai attendu Hermès ! Des jours que j’espère que tu reviennes avec la kunée et un plan pour libérer notre amie…
— Mais qu’imagines-tu ? Je suis un bâtard royal ! Ma position sur l’Olympe n’est due qu’au bon plaisir de Zeus. Je suis obligé de faire ce qu’il me commande ! J’allais te rejoindre avec le casque, mais pour l’instant Hadès n’a pas voulu me le céder. Je ne vais pas me rendre au palais et lui voler ce serait la pire des idées !
— À suivre les règles de tes rois, le temps passe pour Médusa qui attend dans sa prison. Tu es immortel, mais les humains ne le sont pas. Il m’est impossible de rester sans rien faire lorsque nous pouvons agir.
— Mais c’est ce que j’allais faire et tu devais simplement me faire confiance au lieu de te comporter de manière puérile ! Mes rois sont aussi les tiens. Il serait stupide de croire le contraire. Ce n’est pas parce que ta mère t’a gardée cachée de ce monde que tu n’en fais pas partie ! Tu n’es qu’une bâtarde divine maîtrisant à peine ses pouvoirs et rien d’autre Koré ! Alors cesse de jouer les héroïnes, j’ai déjà bien assez de choses à faire que de veiller sur toi !
Cette phrase est aussi violente qu’une gifle. Son ton méprisant et son regard plein de colère me brisent le cœur. Blessée par ses propos et aveuglée par mon ressentiment je lève instinctivement le bras pour lui montrer ce dont je suis capable !
— Je ne suis plus une enfant, je ne suis plus Koré, mais Perséphone la pourfendeuse de monstre ! Je n’ai pas eu besoin de toi pour anéantir Cetus et j’en ferai de même avec Athéna !
Le silence envahit la pièce et durant quelques secondes il ne se passe rien. À ma grande surprise, Hermès éclate de rire. Je prends conscience qu’il n’est rien arrivé. Sous mes doigts, aucune plante n’a jailli pour prouver ma puissance. Je cache ma main dans mon dos, à la fois choquée d’avoir voulu invoquer mon pouvoir et en même temps humiliée de le voir se moquer ainsi de mon incompétence. Cela me fait certainement plus mal que n’importe quelle autre parole. Je sens mes joues s’empourprer sous la honte. Je dois lui paraître ridicule et cela illustre ce qu’il a osé me dire. Furieuse, je quitte sa chambre et claque la porte pour courir me réfugier dans la mienne.
Les heures passent et notre querelle ne cesse de hanter mes pensées. Je suis à la fois triste et en colère. Jamais nous ne nous étions disputés ainsi. Tout n’était que rire et amusement. La vie semblait bien plus simple, cachée sous les arbres du bois d’Enna. Je ne supporte pas l’idée qu’à l’instar de ma mère, il me voit comme une enfant qui ne peut prendre ses propres décisions. Je n’ai plus peur d’agir et je déteste le fait qu’il ne puisse me considérer semblable à son égal. J’ai changé et cela me peine qu’il ne le comprenne pas.
En regardant par la fenêtre, la lumière décline pour former l’illusion d’un coucher de soleil. Des lanternes ont été allumées un peu partout. Le palais du roi des Enfers a pris des teintes violacées et m’apparaît encore plus imposant qu’auparavant. Je décide de sortir pour me changer les idées.
Si vu d’en haut les rues me paraissaient étranges avec cette nature factice, en bas, je n’y pense plus, car je suis saisie par l’effervescence de la ville. Les habitants sont si aimables avec moi. Chacun semble profiter de la soirée à faire ce qu’il lui plait. Je passe devant des tavernes bruyantes, des fontaines où chantent et dansent de jeunes gens, il y a des familles qui se promènent, des marchands qui rangent leurs étales, en somme tout ce que je pourrais observer dans une véritable cité.
Je n’aurai jamais pensé qu’après la mort, les mortels veuillent à nouveau travailler et se comporter comme à la surface. Il est vrai que mes connaissances sur ce royaume sont limitées. Que ce soit mes précepteurs ou même ma mère, les Enfers n’étaient pas un sujet qui m’était venu à l’esprit d’aborder. J’étais plus avide de connaissances sur le monde, son histoire ou surtout sur l’Olympe et ses habitants. Plutôt que ce lieu qui ne représentait rien à mes yeux, hormis l’endroit où les mortels finissent leur existence et où les divinités sont châtiées. Le contraste entre les rives du Styx et cette ville en ébullition est perturbant.
Je déambule sans but, perdue dans mes pensées. Les paroles d’Hermès ne cessent de tourner en boucle dans ma tête. Je n’arrive pas à passer à autre chose. Comment lui prouver qu’il a tort à mon sujet ? En même temps, je n’aurais jamais dû l’attaquer. C’était un acte irréfléchi dont je devrais avoir honte. Il a toujours été là pour moi, sans lui je n’aurai jamais pu m’enfuir ni même avoir l’espoir de retrouver Médusa. Toutes ces années, il m’a tenu compagnie, il m’a raconté tellement d’histoires et de légendes sur le monde pour ne pas que je dépérisse. C’est un ami fidèle qui était prêt à me demander en mariage pour quitter enfin la demeure de ma mère. Je m’arrête un instant, frappée par l’évidence. Se pourrait-il qu’Hermès ait des sentiments à mon égard ? Et c’est pour cela que la perte de l’anneau le touche à ce point ? Je secoue la tête et reprends mon chemin. Non, c’est impossible, il sait très bien que nous ne sommes que des amis. Je l’aime comme un frère. Il n’y a jamais eu d’ambiguïté entre nous.
Au détour d’une ruelle sinueuse, je prends enfin conscience que sans m’en rendre compte, je me dirige vers le palais. Je devrais tourner à droite et ne pas m’en approcher. Rentrer chez Hermès et discuter à nouveau afin de calmer sa colère. Pourtant quelque chose en moi me dit de prendre l’autre chemin. Et si je me rendais moi-même dans le palais pour voler le casque du Dieu des Enfers ? Cette fois-ci je pourrais montrer ma valeur à Hermès. Lui prouver que je n’ai plus besoin d’un chaperon et que je peux très bien affronter n’importe quelle épreuve. J’ai malgré moi tué deux amazones, j’ai survécu à l’attaque d’un requin et j’ai anéanti l’une des plus féroces créatures des océans. S’il m’avait permis de lui expliquer tout cela, peut-être aurait-il compris que je ne suis plus une enfant que l’on doit protéger sans cesse.
J’observe la bâtisse monumentale qui trône en hauteur. Je frissonne. La raison voudrait que je rebrousse chemin, mais quelque chose en moi me dit de continuer. Je ne sais si c’est la peur ou l’excitation qui fait tambouriner mon cœur dans ma poitrine. Peut-être un peu des deux. Je n’ai jamais rien volé dans ma vie. Comment fait-on pour réaliser un tel méfait ? Je me rappelle le jour où Cyané et Médusa ont dérobé les pommes d’un verger. La jolie rousse désirait toutes nous convaincre que les fruits du fermier voisin étaient plus savoureux et plus juteux que les nôtres plantés par ma mère, la déesse des moissons. Je savais que c’était mal et j’ai refusé de me prêter à ce jeu. Je suis partie avec les dryades, mais pas Cyané. Je lui en ai voulu qu’elle ait préféré suivre Médusa. Elles étaient rentrées, les joues rouges d’avoir couru et se sont vantées des semaines entières de leur méfait. J’étais bien trop sage pour prendre ce genre de risque à l’époque.
Des gardes sont postés un peu partout autour du palais. Ils arborent des armures noires et argents. Au centre de leur bouclier se trouve un serpent et me rappelle la statue d’Adulis. Je me demande à quoi peuvent-ils bien servir aux Enfers. Étaient-ils des soldats dans leur vie de mortels ? Et d’ailleurs, qui voudrait attaquer le palais et étant déjà mort, que peut-il bien arriver de pire ? Je remarque que certains m’observent du coin de l’œil sans jamais m’aborder. À l’évidence, je ne vais pas prendre le risque de passer par la grande porte, sait-on jamais. Peut-être devrais-je attendre qu’il n’y ait moins de lumière pour m’introduire dans le palais. J’aurais plus de chance si les habitants sont plongés dans le sommeil, cela semble logique.
Je longe le bâtiment et m’apprête en rebrousser chemin, convaincue d’avoir agis sans réfléchir quand soudain je découvre un petit escalier. Celui-ci mène sur une terrasse où sont disposés des centaines de bouquets et de gerbes de fleurs. Je m’approche et constate qu’en comparaison à toute la végétation que j’ai pu voir en ville, celles-ci possèdent des senteurs plus fortes et tout me porte à croire qu’elles viennent de la surface.
— Et toi là-bas ! Que fais-tu à lambiner comme ça ? Dépêche-toi d’apporter ces fleurs ! s’exclame la voix d’une femme.
Prise sur le fait, je tressaille et me retourne pour découvrir un homme d’âge mûr et à la mine sévère. Derrière lui, j’aperçois dans l’embrasure de jeunes gens portant dans leur bras des bouquets et arborant des vêtements ocre. Je regarde mon chiton emprunté à Lydia et je comprends rapidement qu’elle doit me prendre pour une servante ! C’est une aubaine que je ne dois absolument pas laisser passer ! Je me retourne pour cacher mon sourire et m’exécute.
Je baisse la tête et suis à une distance respective les autres. Nous formons une procession silencieuse avec nos décorations florales. Si on m’avait dit qu’un jour je pénétrerais par la porte des domestiques dans le palais des Enfers, jamais je ne l’aurais cru. D’ailleurs, il y a beaucoup de choses que je fais en ce moment que je n’aurais cru possibles, comme le fait que j’irai voler le casque légendaire du dieu Hadès.
Que nenni !!
Inimaginable découverte des Champs-Elysées ;
Colère d'Hermès, l'ami si précieux, qui regrette la douce Koré et refuse d'admettre le combat de Perséphone la Juste.
Que va-t-il advenir de cette belle amitié et même de Perséphone si celle-ci s'obstine dans son redoutable projet ?
Comme à chaque fois j'ai hâte de lire le chapitre suivant pour dépasser l'angoisse qui m'étreint.
Merci à vous J. J.
Bravo et bon courage pour l'écriture de la suite !
Je m'imagine tellement facilement me mettre à la place de Koré grâce à tes descriptions diverses, j'adore voir l'évolution de sa personnalité au fur et à mesure des chapitres, c'est palpitant!
Comme d'habitude: grande hâte de lire la suite !!
Ton évolution est spectaculaire JIJI Chaque chapitre est mieux que le précédent. Waouh.