Tout le monde s’affaire dans la demeure royale. Les dalles noires sont lustrées, le mobilier massif est épousseté, chaque flambeau est allumé par les domestiques dans une synchronisation exemplaire. Des tentures richement brodées et aux reflets violines agrémentent les murs et un peu partout sont disposées des statues représentant des animaux ou des créatures légendaires. Nous traversons un balcon d’où nous pouvons apercevoir en contrebas entre des colonnes d’un vert profond, un immense trône vide. Je frissonne en le découvrant. Le palais est d’une splendeur ahurissante toutefois, il est sombre et glacial.
Enfin, nous passons une porte à la boiserie travaillée pour atterrir sur une terrasse surplombant la ville. Le panorama est à couper le souffle. Une fête se prépare ici. Il y a des dizaines de tables disposées pour former un carré. Je suppose qu’ils installent sur l’estrade, celle du roi qui aura une vue sur son royaume, mais aussi ses convives. On nous donne l’ordre de déposer les fleurs dans des vases argentées et de retourner chercher le reste. Les yeux baissés, j’évite les autres servantes et m’exécute. Sauf que, cette fois-ci, je ne les suis pas et bifurque dans un couloir. Munie d’un grand bouquet et vêtue de cet uniforme, je suis invisible et me fonds parfaitement dans la masse.
Le palais est immense et je ne sais combien de pièces et de salles j’ai traversées tellement il y en a. Soudain, j’entre dans une chambre somptueuse où volètent des voilages violets et rouges. Les rires s’arrêtent et une dizaine de paires d’yeux se tourne vers moi. Trois femmes sont assises sur des coussins, tandis que deux autres brossent des mèches de cheveux et une un peu plus en retrait semblait accorder une cithare. Elles rayonnent d’élégance. En opposition à elles, tout autour dans la salle, se trouvent des domestiques portant divers plateaux et le visage éteint. Immobiles, elles ressembleraient presque à des statues. Enfin, j’aperçois, dans un bassin couvert de pétales, une femme à la beauté éblouissante et aux paupières closes. Immergée dans l’eau, jusqu’à la taille, sa chevelure sombre cache sa poitrine. Le silence soudain de ses suivantes éveille sa curiosité. Elle pose ses grands yeux noirs sur moi et semble terriblement déçue. Ses sourcils se froncent et ses lèvres fines se pincent.
— Que veux-tu ? demande-t-elle d’un ton autoritaire.
— On m’a ordonné de vous porter ces fleurs, je mens en m’inclinant.
— Approche, je ne t’ai jamais vue au palais. Comment t’appelles-tu ? dit-elle en plissant les yeux.
Je déglutis et m’avance doucement.
— Je suis nouvelle, je me nomme Perséphone, c’est le dieu Hermès qui m’envoie…
— Encore une âme perdue, recommandée par notre cher bâtard divin, la belle affaire ! s’exclame la femme d’un ton moqueur.
La plupart des suivantes rient. Je serre les dents et ne laisse rien paraître, mais je suis choquée par ses mots. La voilà qui se redresse et tend un bras à sa suivante de gauche, qui lui applique aussitôt un savon.
— Permet-moi de deviner. Derrière ses grands yeux larmoyants et sous cette poitrine ferme se cache une jeune femme forte, loyale et… quel est l’adjectif qu’il aime utiliser déjà ?
— Débrouillarde ! déclare la suivante à sa droite.
— Oui c’est cela ! Débrouillarde ! J’imagine que tu as su te montrer assez adroite avec cette bouche immense pour le convaincre de t’envoyer ici ! À ce rythme-là, nous devrions ouvrir un bordel plutôt qu’appeler cet endroit un palais !
— Il y a plus d’âmes perdues mandatées par Hermès que d’invités ! renchérit une suivante aux cheveux noués en tresses.
Les voilà qui rient encore. Leur beauté disparaît sous la laideur de leur propos. Je déglutis péniblement sous ses insinuations vulgaires. Comment peuvent-elles oser dépeindre ainsi Hermès ? Et surtout, comment plaisanter de l’horrible situation dans laquelle se trouvent les âmes sur les rives du Styx ? Mon regard parcourt les domestiques qui ne réagissent pas, trop habituées, j’imagine, à la cruauté de ces femmes. Je remarque alors la suivante avec son instrument ne riant absolument pas et se mordant la lèvre inférieure.
Je m’agrippe fortement à mon vase et m’interdis de répliquer à quoi que ce soit. Je dois jouer mon rôle si je veux atteindre mon objectif.
— Approche donc et montre-moi ces fleurs, ordonne la femme.
Je m’exécute en silence.
— Quelle horreur, tu empestes la mort ! Recule, vilain crapaud ! s’écrie-t-elle en se bouchant le nez, provoquant l’hilarité de ses compagnes.
Mes doigts sont si crispés qu’ils doivent être blancs. Je suis capable de me taire, j’ai fait cela toute ma vie. Quelle humiliation tout de même. De toute évidence, cette demoiselle s’ennuyait et a décidé de s’amuser avec moi. Je ne dois pas répondre à ses attaques puériles et me contenter de rester servile. Je me penche vers la jeune femme pour lui tendre le bouquet. La musicienne a les yeux rivés sur moi. Elle semble tout à coup bouleversée, mais dès que nos regards se croisent la voilà qui se détourne, concentrée sur son instrument.
La femme dans le bassin se réinstalle.
— Sors d’ici ! Je ne veux pas de ce bouquet nauséabond par ta faute. Tu n’as qu’à le déposer dans les appartements du roi, ça lui apprendra à laisser trop de libertés à Hermès ! ordonne-t-elle, un rictus sur les lèvres.
Je suis confuse. Mais qui est-elle pour manquer ainsi de respect à des divinités si importantes ? Tout le monde sait qu’Hadès n’a jamais choisi de reine à ses côtés. Pourtant cette demoiselle se comporte comme si elle était maitresse de ces lieux. Je n’oublie pas de m’incliner. Mais une fois devant la porte j’entends une voix douce derrière mon dos.
— Je vais l’accompagner et alors je pourrais récupérer mon aulos** si vous voulez danser avant le diner.
Elle n’attend pas la réponse de l’autre femme trop occupée à savourer son bain. Je suis docilement la jolie musicienne dans les méandres du palais. J’essaye de noter mentalement des détails dans la décoration pour me resituer.
La jeune femme marche d’un pas sûr. De temps en temps, elle jette un rapide coup d’œil dans ma direction. Sa chevelure lisse et brillante est retenue par un ruban crème de la même couleur que sa robe. Simple, mais élégante, elle paraît plus douce que les autres suivantes. Elle n’hésite pas à aider un domestique qui trébuche devant nous. Soudain, elle s’arrête à un croisement et tend un doigt surmonté d’une alliance vers un escalier où se trouvent des soldats.
— Les appartements de sa majesté sont là-haut. Dis aux gardes que Menthé t’envoie déposer ces fleurs et laisse-les sur la table près de la fenêtre. Tu sauras retrouver ton chemin ? dit-elle avec bienveillance.
— Oui merci, je réponds en lui souriant.
— Un conseil : ne prête pas attention aux propos de ses femmes. Évite de les contrarier et tout se passera bien, chuchote-elle.
— Je tâcherai de m’en souvenir !
La jeune femme m’observe attentivement de ses grands yeux. Un doux sourire flotte sur ses lèvres nues. Elle ne porte ni fard ni bijoux pour sublimer sa beauté. Ses mains délicates se cramponnent à son instrument, plus large qu’elle, accentuant sans le vouloir sa silhouette menue. Je ne serai l’expliquer mais son attitude sereine à quelque chose de réconfortant mais aussi de triste. Je perçois une certaine mélancolie derrière ce regard. Elle ressemble à l’une de mes poupées articulées autrefois jaunies par le soleil et maintenant abandonnées dans l’obscurité d’un coffre.
— Tu as renoncé à beaucoup de monde à la surface ? demande-t-elle les yeux baissés.
— Quelques amis et… ma mère.
— Pas de mari, ni même un amant secret ? insiste-t-elle.
— Je n’ai pas eu le temps d’y penser hélas ! je rétorque presque amusée, car c’est la vérité.
La jeune fille ferme les yeux, presque soulagée en entendant cela. Ses joues sont rouges. Aussitôt, elle secoue la tête et rit afin d’éviter mon regard suspicieux. Je la suppose gênée par sa propre audace. Elle se retourne pour partir et me salue poliment. C’est dommage, j’ai oublié de lui demander son nom. Elle paraissait vraiment gentille, tout le contraire de la dénommée Menthé.
Je répète exactement les paroles de la musicienne et on me laisse tout bonnement passer. C’est presque trop facile, mais j’en suis ravie. Après avoir gravie une trentaine de marches et maudit l’architecte du palais, je me retrouve face à une jolie porte au bois sculpté d’arabesques. Tout à coup, je me sens nerveuse. Et si le roi des Enfers se trouvait dans ses appartements ? Je ne suis actuellement qu’une domestique, je ne crains rien. Allons un peu de courage ! Je frappe doucement contre le bois, attendant une réponse et comme elle n’arrive pas je me permets d’entrer.
Je ne sais pas vraiment à quoi je pouvais m’attendre d’une chambre royale, mais elle est splendide. Les larges fenêtres inondent la salle de larges rayons de lumière. La curiosité est trop grande pour ne pas explorer les lieux. Des colonnes torsadées délimitent l’espace à coucher de l’espace de travail où se trouve une table recouverte de biblos*** éparpillés. Des meubles en bois finement sculptés sont disposés, ainsi que des tapisseries aux broderies fleuries. Les mosaïques au sol constituent diverses scènes animales dans l’eau et dans les forêts. Sur les murs on a peint aussi de charmantes plantes dorées sur fond bleu nuit. Je remarque au plafond toutes sortes de pierreries semblables à un ciel étoilé. Sur une table près de la cheminée il y a de jolies figurines en bois et le matériel qui a servi à les tailler. Puis, au fond de la salle, cachée derrière des voilages, se trouve un grand lit englouti par les coussins en fil d’or. Dans l’ombre d'un paravent se dissimule une immense baignoire en marbre. Je sens mes joues rougir, car je sais que la bienséance m’interdit d’entrer dans une pièce aussi intime.
Qui me croirait si je disais avoir pénétré dans la chambre du dieu des Enfers ? Elle n’est ni sombre ni glaciale comme n’importe qui se l’imaginerait. Au contraire, elle est lumineuse et accueillante. Pourtant il est aisé d’y ressentir une terrible solitude, cachée ici en haut de cette tour. Hadès est connu pour ne jamais se mêler de la vie des mortels. Ma mère le dépeignait tel un être abject, froid et manipulateur. Elle décrivait la plupart des dieux ainsi, mais Hadès était celui dont elle ne voulait jamais parler. Je me demande si la nuit, il se couche en regardant son plafond en rêvant d’être à la surface, ou si en parcourant ses murs il s’imagine entouré d’arbres et des fleurs.
Je m’avance vers une fenêtre où la vue sur la ville est époustouflante. Cependant, un bruit attire mon attention. Sur une des terrasses en contrebas, j’aperçois un homme à la carrure immense se battre contre deux blonds. Torses nus, ils grognent et rient tout en parant leurs coups. Je ne peux observer que le dos musclé et les cheveux bruns de l’attaquant. Le plus jeune s’arrête et regarde dans ma direction. Je recule aussitôt et prie qu’il ne m’ait pas vu.
Tout à coup je tressaille et étouffe un cri de surprise. Une silhouette se cache derrière un voilage. Je plisse les yeux et me moque intérieurement. Ce n'est qu’une armure exposée avec d’autres armes sur le mur. Je tire sur le rideau pour découvrir au sommet du présentoir un casque aux reflets d’argent surmonté d’une crête noire. Il émane de l’objet quelque chose à la fois de puissant et d’inquiétant. Nul doute qu’il s’agit là du trésor que je convoite.
Je m’approche doucement et caresse d’un doigt les serpents gravés sur les protège-joues. Je frissonne au contact du métal glacé. Tout le monde connait l’histoire de cet objet capable de rendre invisible. La kunée, le trident et le foudre**** sont les légendaires cadeaux offerts par les cyclopes pour gagner la guerre durant la titanomachie*****. Sans elles, peut-être que Zeus, Poséidon et Hadès n’auraient pas réussi à anéantir Cronos.
Je me souviens d’un jour où nous montions une pièce de théâtre avec mes suivantes. Nous voulions rejouer la victoire des Cronides****** en l’honneur de l’anniversaire de ma mère. Si Hermès n’aimait pas parler de la titanomachie, il était tout de même intervenu, car selon lui nous avions tord dans notre représentation. Ce n’était pas Zeus, mais bien Hadès qui réussit à porter le coup fatal mettant ainsi fin à cette guerre qui durait depuis plus de dix années. Nous n’avions lu cette version de l’histoire nulle part ailleurs et il était difficile de le croire. Peu enclin à se mêler au monde des mortels et des Olympiens, Hadès n’apparaît que très peu dans les légendes et je dois avouer que j’étais trop attirée par les récits d’aventures pour me poser des questions sur le roi des morts.
Le casque entre mes mains est plus lourd que ce que je pensais. Armée de la kunée, je suppose qu’Hermès envisage que nous l’utilisions pour pénétrer dans le palais d’Athéna pour éviter tout affrontement. Je sais que mon action est mauvaise, mais je n’ai pas le choix si je veux pouvoir enfin aider Médusa. Cela fait longtemps qu’il n’y a plus eu de guerre divine, je doute que le roi des Enfers en ait besoin. Je ne dois pas laisser le remords m’envahir. Je dois faire tout ce qui est en mon pouvoir et je n’ai aucunement droit à l’erreur. À l’instant où je parviens à me convaincre de poursuivre ma mission, un cri strident retentit. Je sursaute comme une enfant et lâche l’objet qui tombe lourdement sur le sol dans un bruit de métal. C’est Menthé !
— Encore toi ! Sale crapaud que fais-tu avec le casque de sa majesté ? s’exclame la femme cette fois-ci vêtue d’une robe péplos émeraude.
Les joues cramoisies, je me précipite pour le ramasser. Son regard et sa bouche horrifiés déforment son visage. Elle a compris ce que je m’apprêtais à commettre. Alors qu’elle se jette sur moi, j’attrape le casque et sans réfléchir, je le pose sur ma tête. Je recule vivement en espérant ne pas faire de bruit. Menthé me cherche désespérément et à ma grande surprise elle ne me voit plus. Elle court vers la porte et donne aussitôt l’alerte de sa voix stridente. Je suis tétanisée par la peur. Deux gardes armés accourent par les escaliers et d’un ton menaçant, me somment de me montrer.
— Tu ne peux plus t’enfuir vilain crapaud ! clame la jeune femme gargarisée par la venue des soldats.
Menthé s’est placée prête à me bloquer le passage. Elle crie encore au voleur et déjà je peux percevoir le cliquetis et les pas lourds d’autres gardes. Quel cauchemar ! Si près du but et me voilà prise comme une enfant qui aurait dérobé une pomme ! Que se passera-t-il si l’on m’attrape ? Qui sait quels tourments l’on me fera subir pour avoir tenté de voler un dieu ! Non, je ne peux pas me le permettre, je dois sortir de là pour sauver mon amie !
— Dame Menthé, êtes-vous certaine d’avoir aperçu cette voleuse ? demande un des gardes suspicieux.
— Bien sûr que je l’ai vu ! Elle est ici, je vous dis bande d’incompétents ! crie-t-elle furieuse.
N’écoutant que mon courage, je profite de l’incertitude du soldat pour me faufiler entre eux. Néanmoins, comme la jeune femme m’empêche de passer, je me trouve dans l’obligation de la pousser. Je ne réfléchis plus. Seule ma survie compte. Je prends de l’élan et bondis. Elle ne s’attend pas à mon contact et l’impact de mon coude et mon épaule la propulse contre le mur. Un bruit sourd retentit. Au sol, Menthé hurle de rage, tenant son nez ensanglanté. Je ne me retourne plus et dévale les escaliers sous une pluie de juron !
Je cours sans réellement savoir où je vais. Ma nuque peine à supporter le casque. Sa lourdeur est telle qu’il pourrait me faire perdre à plusieurs reprises l’équilibre. Ma visibilité aussi est compromise et je reconnais vaguement les salles que je traverse. J’entends de l’agitation derrière moi et prie pour m’en sortir. Des serviteurs affolés abandonnent leurs tâches. Des cris retentissent un peu partout. Je cours à en perdre haleine, quand soudain, un peloton de soldats s’engage face à moi. Armés de glaives et de boucliers, ils accourent dans une parfaite synchronisation. Je recule et me colle contre le mur de pierre retenant mon souffle. Ils se dirigent vers les appartements de sa majesté et passent devant sans me voir. L’un des boucliers me frôle presque.
J’en profite pour me reposer un peu. Mon cœur bat à tout rompre et ma tête me fait mal. J’ai terriblement chaud sous ce casque et je manque d’air. Je me sens si stupide. Que dira Hermès lorsqu’il apprendra ce que je viens de faire ? Moi qui voulais lui prouver ma valeur. Il aura raison de me traiter de gamine inconsciente. Je me ressaisis aussitôt. Tout n’est pas perdu, voyons. J’ai réussi à vaincre Cetus, je peux sortir d’un palais surtout avec un casque rendant invisible ! Je dois croire en moi et continuer si je ne veux pas être attrapée !
Je me redresse et prends une direction. Je descends des marches et reconnais une tapisserie où sont brodés des lions dans une forêt. Mon cœur bondit dans ma poitrine, car je sais que je ne suis pas loin de la terrasse où la fête se préparait. Je peux y arriver ! Je ne suis plus la petite Koré sans défense, mais Perséphone que rien ne peut arrêter. Je n’ai plus peur d’agir et de prendre mes propres décisions ! Je souris et m’élance dans les couloirs. Le casque vacille cependant et ma vue est obstruée. Je tourne à droite, mais sans crier gare je fonce droit dans un mur. Réajustant la kunée, je recule horrifiée en constatant que c'est le dos d’un homme ! Il se retourne aussitôt. Il ne peut pas me voir, mais il sait que je suis là !
Je déglutis en observant l’inconnu qui ne ressemble aucunement aux autres soldats que j’ai pu croiser dans le palais. Sa stature imposante me fait reculer. Je suis frappée par un sentiment d’incompréhension. Cette chevelure ébène, cette barbe sévère, ce visage ciselé me sont familiers. Cet homme, je le connais ! Son regard noir se pose sur moi et je retiens mon souffle en reculant doucement. Nous nous sommes déjà rencontrés j’en suis persuadée même si je ne sais pas son nom. La bestialité qui émane de lui me fait frissonner. J’aperçois le glaive à son poing et comprends tout de suite qu’un seul coup me sera fatal étant donné sa musculature. Ce doit être un guerrier à la renommée légendaire. Les cicatrices sur ses bras et son visage n’en laissent pas douter.
Déterminé, il s’avance vers moi et je me retrouve acculée contre la paroi. Je retiens ma respiration et prie pour qu’il n’entende pas mon cœur battant la chamade. Il se penche et le souffle chaud caresse ma joue. J’essaye alors de me mouvoir le plus silencieusement possible sur sa gauche. L’homme pivote et je m’arrête immédiatement. Je comprends aussitôt qu’à l’instar d’un animal il sent ma présence ! Ni une ni deux, je m’élance de l’autre côté et brusquement son arme frappe contre le mur à quelques centimètres de mon visage. Je sursaute et m’incline pour passer en dessous. Puis je me précipite pour m’enfuir, excitée à l’idée de lui avoir échappé !
— Tu ne croyais tout de même pas t’en sortir ainsi ? s’exclame une voix d’outre-tombe.
Quelque chose de lourd s’abat sur moi et provoque ma chute douloureuse sur le marbre. Plaquée contre le sol, je suis terrifiée et je me débats pour me soustraire à son emprise. De pitoyables cris s’échappent de ma gorge. Le guerrier m’écrase sous le poids de son corps et bientôt une de ses mains retire le casque tandis qu’il me retourne sans effort comme un ours le ferait avec sa proie. Un Ours ! Mais oui ! Je le reconnais ! C’est l’homme rencontré à la fête d’Henna ! Il semble surpris en me voyant et un sourire carnassier se dessiner sur ses lèvres. Terrifiée, je me démène et n’hésite pas à le griffer. Dans ma lutte désespérée, ma tête tape violemment le sol dur. La douleur est fulgurante et bientôt, un brouillard m’envahit et je sombre sous le regard noir de mon prédateur.
Tout d’abord félicitations pour ta victoire aux Histoires d’Or !!
Cela fait longtemps que ne je suis pas revenue par ici, je suis heureuse de retrouver Perséphone, surtout à un moment aussi important ! Je trouve que tu t’es super bien débrouillée pour la scène d’action et on a hâte de connaître la suite ;)
Quelques petites remarques :
- « des teinture richement brodées et aux reflets violines » → je trouve que le « et » est de trop, ça fout en l’air le rythme de la phrase
- « le palais est d’une splendeur ahurissante toutefois, il est sombre et glacial » → problème de virgule : soit une seule virgule avant toutefois, soit 2 virgules encadrant toutefois
- « je suppose qu’ils installent sur l’estrade... » → je pense que le « sur » est en trop non ?
- « des vases argentées » → argentés
- « Trois femmes sont assises sur des coussins, tandis que deux autres brossent des mèches de cheveux et une un peu plus en retrait semblait accorder une cithare. » → semblait doit être mis au présent, et tu gagnerais en clarté en encadrant « un peu plus en retrait » avec des virgules je pense
- « car selon lui nous avions tord dans notre représentation → tort
- « sa lourdeur est telle qu’il pourrait me faire perdre à plusieurs reprises l’équilibre » → il y a une petite erreur dans la syntaxe : « pourrait » indique une simple possibilité (conditionnel), alors que « à plusieurs reprises » renvoie à des situations concrètes → soit tu gardes le conditionnel en enlevant le « à plusieurs reprises », soit tu optes pour une expression comme « il manque de me faire perdre l’équilibre à plusieurs reprises »
A bientôt et bonne continuation !
Bravo à toi pour cette écriture et pour ta sélection !!
Ce chapitre et les enfers sont tellement prenant ! J’adore ça j’ai hâte de continuer dans le chapitre 21 ! ❤️
Pour l'heure, quel contraste entre la description si minutieusement enchanteresse (et inattendue) du palais d'Hadès et la violence induite par la découverte du stratagème de Perséphone !
Tout est dans l'écriture. Bravo !
C'est palpitant !
"comme un ours le ferait avec sa proie. Un Ours !..." (joliment amené !)
"Je sombre sous le regard sombre"
Une vraie plume ! Bravo !