Chapitre 2

Par Elka

2.

Il y avait un ralentissement, en approchant de l'autoroute, et Callinoé l'aperçut plus loin. Elle avait fait la plus grande pancarte d'auto-stoppeuse qu'il n'avait jamais vu, la plus belle aussi, car même avant de pouvoir lire sa destination on voyait les petits dessins colorés qui l'entourait.

— C'est dingue ! s'exclama Roxanne quand elle la remarqua à son tour, elle va exactement dans le même bled que nous !

— Ouais, je me disais que c'était un joli hasard.

Ils se regardèrent et Roxanne déclara :

— Moi, ça me dérange pas. Mais je te laisse parler, on n’est pas obligés de l'amener jusqu'au bout si tu veux pas.

— C'est nos vacances.

— C'est notre aventure, corrigea-t-elle. Elle a l'air de ton âge, j'adore son style... Moi je suis pour aider notre prochaine !

La fille leur offrit un sourire immense quand il s'arrêta sur le bas-côté. Il releva ses lunettes de soleil sur ses cheveux.

— Bonjour ! claironna la fille en se penchant à la fenêtre de Roxanne. Merci de vous arrêter !

— Avec plaisir, répondit Callinoé. Il se trouve qu’on se rend exactement au même endroit que toi. Mais je préfère te prévenir, on ne va pas faire la route d'une traite.

— Au même endroit, sérieux ? s'étonna la fille.

Sa surprise laissa place à une mine encore plus enthousiaste que précédemment. Elle avait de très longs cheveux clairs qui gardaient encore une belle couleur turquoise des épaules aux pointes, un bandana dégageait son front et devait la protéger de l'insolation mais ses joues étaient rouges. Des taches de son parsemaient son visage allongé.

— Ça c'est marrant ! ajouta-t-elle en tirant Callinoé de son observation. Mais ne vous en faites pas, vous pouvez me poser où vous voulez. Ça m'arrangerait déjà de gagner au moins la première aire d'autoroute.

— C'est plus que dans nos cordes, assura Callinoé. Monte.

Elle les remercia chaleureusement, plia sa pancarte en trois et récupéra un sac à dos de taille modeste à ses pieds. Elle avait les bras couverts de dessins.

— Vous êtes frère et sœur ? demanda-t-elle une fois installée à l'arrière.

— Oui. Je m'appelle Roxanne.

— J'en étais sûre, vous avez exactement le même nez !

Roxanne pressa l'index sur le bout du sien, qu'elle avait toujours trouvé trop long.

— Moi, c'est Callinoé, informa-t-il en redémarrant.

Il surprit le haussement de ses sourcils dans le rétroviseur.

— Ça c'est un nom original.

— Merci, plaisanta-t-il. Et toi, tu t'appelles comment ?

— Paul.

Elle se marra au silence qui suivit et précisa :

— C'est le diminutif d'Apolline. Les deux me vont !

« Paul » et pas « Pol », tout de même ; pas même Pollie ou Pauline. C'était une extravagance intéressante et Callinoé se promit de l'appeler « Paul », comme elle l'avait prononcé. On se présentait généralement de la façon qu'on préférait.

— Toi aussi, c'est original, commenta-t-il.

Le sourire d'Apolline gravait des fossettes étonnamment hautes sur ses joues.

— Je peux prendre votre rétroviseur en photo ? demanda-t-elle à brûle-pourpoint. J'adore cette peluche !

Elle désignait le vieux chat délavé qui tournoyait avec le sapin sans odeur dans une parodie de danse nuptiale. Son portable déjà en main, elle s'empressa d'ajouter :

— C'est juste pour moi. Je ne mettrai rien sur Facebook ou Instagram. Promis.

— Fais-toi plaisir, décida Roxanne.

Manifestement, le caractère de leur auto-stoppeuse lui plaisait déjà beaucoup. Il fallait reconnaître que c'était bien plus sympa qu'un mutisme gêné. Callinoé s'était toujours dit qu'il ferait un mauvais compagnon de route ; il n'avait pas assez de sujets de conversation dans sa poche, aussi se trouvait-il bien plus utile derrière un volant.

Le déclencheur de l'appareil se fit entendre quand il se pencha pour prendre le ticket d'autoroute.

— Qu'est-ce qui vous amène sur la route, alors ? lança Paul.

Elle enleva son bandeau et s'acharna à nouer ses cheveux haut sur sa nuque. D'un coup d’œil dans le rétroviseur, Callinoé remarqua qu'elle avait aussi dessiné sur sa clavicule.

— Les vacances, répondit Roxanne. On va voir notre famille et on en profite pour s'offrir un pseudo-périple !

Son ton et son sourire n'amenaient pas à poser davantage de questions. Ils ne se connaissaient pas, après tout, ils n'avaient pas de raison d'évoquer Papy Del. Ce n'était pas un mensonge pour autant, et mentionner la famille invitait les discussions à se poursuivre si le courant passait.

Roxanne avait-elle conscience de tout ce qu'elle transmettait en une phrase, un geste, une intonation ? Ou était-ce un talent naturel dont Callinoé était totalement dépourvus ?

« Mais tais-toi. » se morigéna-t-il, fatigué de lui-même.

— Et toi ?

— La famille aussi, dit Paul. Je les retrouve là-bas, j'étais avec des amis jusque là et je voulais essayer l'auto-stop.

— C'est risqué.

— C'est marrant, opposa-t-elle gentiment. En tout cas, ça me plaît de prendre ce risque.

— Wouah.

Il y eut quelques secondes de silence, puis Roxanne se tourna vers leur invitée, portable en main, et s'enquit :

— T'aimes bien Cabrel ?

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Dédé
Posté le 28/10/2019
Me voilà de retour ! Cela faisait plusieurs jours que je me retenais de revenir sur cette histoire par manque de temps et par souci d'avancer d'abord dans mes propres projets. Mais me revoilà !

Calli et Roxane m'avaient beaucoup manqué. J'aime tout particulièrement l'ajout de Paul. Cela donne un bon gros coup de pied à la dynamique entre frère et sœur.

La couverture fait donc référence à Paul, je comprends mieux. D'ailleurs, sachant qu'ils vont exactement au même endroit, se pourrait-il que Paul soit de leur famille ? Style un coin éloigné de l'arbre généalogique ? Je ne sais pas pourquoi mais je me suis posé la question à un moment.

Grâce à toi, en plus de voyager dans un univers qui m'a plu de suite, j'apprends de nouveaux mots. Aujourd'hui, j'ai découvert l'existence du verbe "morigéner". Je ne connaissais pas du tout, je l'avoue. Merci donc pour cela !

Je pense continuer un peu ma lecture, ne serait-ce pour voir s'ils vont chanter dans la voiture sur du Cabrel.

A très vite !

Petite coquillette :
Ou était-ce un talent naturel dont Callinoé était totalement dépourvus ? --> dépourvu
Elka
Posté le 29/10/2019
Re-coucou Dé !
Je suis bien contente de te revoir, mais tu as eu mille fois raison de privilégier tes avancées <3 (le texte ne va pas s'envoler donc tout va bien)
Oui, la couverture fait référence à Paul ! Un trio ça permet toujours plus d'altercation d'un duo, surtout quand le duo se connait assez bien.

He cool pour "morigéner" ! Généralement c'est moi qui apprends de nouveaux mots, je suis fière comme un paon.

(mince je dois filer, mon neveu à surveiller)
Merci Dé ! <3
Rimeko
Posté le 21/09/2019
Suggestions :
"la plus grande pancarte d'auto-stoppeuse qu'il n'avait jamais vu(e), [...] on voyait les petits dessins colorés qui l'entourai(en)t."
"Ou était-ce un talent naturel dont Callinoé était totalement dépourvus (dépourvu) ?
« Mais tais-toi.(,) » se morigéna-t-il, fatigué de lui-même."

Oooh, j'adore déjà cette Paul !! (Ces surnoms du genre opposé me font bien rire d'ailleurs ^^) Et effectivement, ces dessins sur ses bras sont intriguants. J'ai hâte d'en connaître un peu plus sur elle !
(Et d'ailleurs, cette histoire d'auto-stop me rappelle encore une fois l'IRL, vu que c'est la première fois que j'en ai fait... Ouais, promis, j'existe en dehors des IRLs, mais XD)
Elka
Posté le 22/09/2019
Oh j'avais raté le fait que tu avais auto-stoppée pour l'IRL ! Je reconnais que ça, c'est un truc que je n'ai jamais fait. Faut bien que mes persos vivent un peu autrement que moi de temps à autre :p
(et tu ne t'arrêtes plus de lire ! C'est dur de tenir ton rythme !!)
<3
Olek
Posté le 21/09/2019
Quelques remarques :
- "Il y avait un ralentissement en approchant de l'autoroute, et Callinoé l'aperçut de loin" je croyais que tu parlais du ralentissement, pas d'un autre truc. La structure de la phrase porte un peu à confusion. Pour moi, remplacer "et" par "aussi" ôterait le désagrément.
- Elle a l'air chouette l'autostoppeuse.
- J'ai du mal à comprendre pourquoi ses cheveux "gardaient encore" la couleur turquoise. L'histoire étant du point de vue de Callinoé, ça donne l'impression qu'il les a déjà vu, fraichement teints, puis se décolorer jusqu'à arriver là.
- Etant du Sud, j'ai du mal à faire une différence à l'oral entre Paul et Pol (ou plutôt je ne saurai pas lequel écrire commente et si de l'écrit, je dois les oraliser, ce serait de la même manière). Ce n'est pas grave en soit, si ce n'est que du coup le paragraphe sur la prononciation rime un peu à rien pour moi ^^
- Paul est un personnage jovial et haut en couleur, elle est chouette !
- ça ne doit pas être facile de dessiner sur sa clavicule, elle doit avoir un miroir pour ça non ? (j'ai fait de la contorsion du cou pour essayer de voir ma clavicule, ça revient un peu à essayer de se lécher le coude)

Un chouette chapitre en somme, j'aime beaucoup comme tu écris les dialogues !
Elka
Posté le 21/09/2019
Bonne remarque, je vais noter ça !
Si tu vois que les racines de cheveux ont pas la même couleur qu'aux pointes, on peut dire qu'ils gardent encore un reste de teinte turquoise, non ? Enfin, c'était comme ça que je le voyait ><
Pour la prononciation, je me suis dit que ça parlerait pas à certaine personne mais j'avais très envie d'écrire "Paul" (le "o" est un peu ouvert avec "au"), et Cricri m'a dit y a fort longtemps d'expliquer un surnom si son orthographe n'est pas évidente. A l'école, avec les enfants, on peut marquer une différence entre les deux "o" (comme on la marque entre deux "é") Voilà voilà (c'est un peu alambiqué)
Si tu te dessines juste des arabesques, même pas besoin de miroir ! (mais ça lui ressemblerait bien d'essayer plus chiadé et de se regarder, du coup)
Rachael
Posté le 06/09/2019
Cette « paul » a l’air de bien s’entendre d’emblée avec Roxanne. Elle a l’air originale et intéressante. C’est donc un trio et plus un duo qui part à l’aventure.
Juste un détail au niveau du déroulement : quand ils aperçoivent l’auto-stoppeuse ; ils prennent leur temps pour discuter et réfléchir. Ça paraît bien long, considérant qu’ils roulent, même si son panneau est grand et qu’ils l’ont vu de loin.
Détails
Callinoé partageait l'avis de sa sœur et la fille leur offrit un sourire immense quand il ralentit la voiture et l'arrêta sur le bas-côté : phrase un peu mal articulée. Le début est-il utile ? (s’il ralentit, c’est qu’il partage son avis). Ralentit se suffit à lui-même (j’enlèverais la voiture)
des pointes aux épaules : c’est bizarre de regarder les cheveux du bas vers le haut. Pas très intuitif pour moi. J’aurais fait le contraire… (des épaules jusqu’aux pointes)
Elle avait le bras gauche couvert de dessins, indiquant qu'elle était droitière : pourquoi ça indique qu’elle est droitière ? Parce qu’elle les a faits elle-même ? Comment peuvent-ils le savoir ?
C'est un risque qu'il m'amuse de prendre : ce n’est pas un peu trop élaboré, comme formule, pour de l’oral ?
Elka
Posté le 07/09/2019
Oui, Paul et Roxanne ont des caractères proches ; des caractères du genre à ne pas s'encombrer trop de timidité au premier contact.
Merci pour tes remarques, que je vais corriger de suite ! Je vais noter un ralentissement sur la route, ça te parait bien comme ça ?
(Le coup du "elle est droitière" c'est parce que c'est chaud de dessiner beaucoup sur le bras droit si tu es droitière. Mais en relisant je me disais que c'était pas top comme phrase, j'ai hésité à l'enlever : tu me confirmes qu'on vit très bien sans cette info qui pousse plus à s'interroger qu'autre chose)
Merci Rach !
Renarde
Posté le 06/09/2019
J'aime beaucoup l'ambiance de cette voiture ! On y est, à la fois sympa et nostalgique sans être triste.
L'arrivée de Paul dynamise bien le récit. Déjà, le personnage est très sympathique, et on se demande comment Callinoé va gérer ces deux filles qui se sont bien trouvées.
Fini la routine, Callinoé !
Elka
Posté le 07/09/2019
Oh oui, Callinoé va être obligé de faire un petit effort pour pas rester dans l'ombre. Quant à la routine... il était déjà l'heure de lui dire bye bye en partant de chez lui mais, en effet, ça ne va pas aller en s'améliorant ahaha
Merci de ta lecture <3
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