C’est furieuse que je traverse les couloirs en suivant sa trace. Un bon nombre de personnes s’agitent tout autour de moi, mettant immédiatement une distance de sécurité entre nous au moment où elles prennent conscience de ma présence. Je dois avoir une mine déplorable.
L’odeur est enfin à proximité. Derrière cette porte. Je l’enfonce avec rage, me retrouvant face à lui. Il se tourne vers moi, surpris, fixant automatiquement mes pupilles rubis. Son rythme cardiaque reste pourtant bien calme. Aucune trace de peur se peint sur son visage pâle. Il a tort ! Je rêve de lui faire la peau. Œil pour œil, crocs pour traître, le blondinet. Tu as essayé de me tester, à mon tour ! Je m’élance, toutes canines dehors et le plaque contre le mur dont une partie du plâtre s’effondre sous l’impact. Marco en a le souffle coupé.
Je le surplombe en le maintenant par la gorge. Prédatrice, je ne compte pas m'amuser. Je resserre mes doigts contre sa trachée et me penche pour le voir... sourire ? Un mauvais pressentiment parcourt tout mon être. Je sais qu'il semble lui manquer un neurone, ou deux, mais personne ne sourit face à la mort. Calmant légèrement mes ardeurs, je recule tant bien que mal ma bouche de sa jugulaire. Voulant l'entendre souffrir, mes griffes s'allongent rapidement pour lui pénétrer le gosier. Mes ongles se trouvant a une surface étrangement dur se délogent de mes doigts, les faisant saigner jusqu'à leurs extrémités. Je n'ai pas le temps de m'apitoyer sur mon sort qu'il m'empoigne par les cheveux.
— Ne te fais pas d’illusion, petite, tu es loin d’être la seule prédatrice qui rôde dans ces couloirs. Et je suis la seule personne qui puisse t’empêcher de connaître l’enfer en ces lieux. Alors, ne sois pas stupide. Obéis-moi et je me plierai en quatre pour te faire plaisir si je suis de bonne humeur. On s’est bien compris ?
Son visage est si près du mien que je sens son haleine chaude m’agresser. Ses yeux ancrés n’attendent qu’un geste, une parole qui accepteraient sa proposition. Pour toute réponse, je lui donne un violent coup de pied qui le projette à l’autre bout de la pièce. Ma tête me brûle, ma main fourmille et pourtant une seule seconde suffit pour que ce que j’aperçois me rende encore plus amère. Sa peau brille légèrement d’une couleur gris pâle. Il me regarde avec un énorme sourire narquois sur le visage.
Il attend, les bras grands ouverts :
— Je te pensais vraiment plus futée, tu vas me décevoir, ricane-t-il.
Mes membres tremblent de colère, ce type me rend folle de rage. Mes dents sont si serrées que cela crée une pression énorme dans ma tête. Lui sautant furieusement dessus, nous tombons tous deux violemment au sol. Me retrouvant à califourchon sur le corps de Marco, je fixe avec rage ses yeux azur et l’enfonce un peu plus dans le sol.
— Méjaï ! m’appelle une voix.
Jarod... Je reconnais son odeur sans même me retourner.
— C’est inutile, sa peau est en titane, continue-t-il.
Marco me sourit au nez.
À cette révélation, les battements de mon cœur martèlent ma cage thoracique et il ne peut refréner mes sentiments plus longtemps. Sans réfléchir, mon poing atterrit sur son visage dans un craquement sinistre. La douleur qui m’assaille me fait comprendre que les dommages ne sont pas de son côté. Les courbes de son visage sont parfaitement intactes. L’odeur de mon sang attise mon envie de lui faire la peau, mais je dois me rendre à l’évidence : c’est impossible. Cette constatation me fait rugir de rage. Frustrée, je me relève en regardant Jarod qui grimace à la vue de ma blessure. Je saisis délicatement mon os puis le réintroduis dans ma chair, jusqu’à retrouver l’amplitude de mon bras. Je finis par masser la zone afin de favoriser la guérison et calmer la douleur. Marco se relève à son tour et lève les yeux au ciel.
— Tu es une femme ! C’est ridicule d’essayer de me montrer ce que tu as dans le pantalon !
Je me sens bouillir de l’intérieur, ce blondinet m’horripile.
— Je n’ai peut-être pas de couilles comme tu dis, mais putain si tu savais comment mon majeur est en érection quand il te voit !
Je lui balance mon majeur sous le nez avec l’un de mes plus beaux sourires hypocrites.
— Méjaï... souffle Jarod.
Devant le ricanement de Marco, je me sens perdre toutes mes couleurs. Mes yeux se ferment un instant sous le coup de la stupeur et de la colère. Jarod me conseille de rebrousser chemin sans lui accorder de l’importance. Mon cœur manque un battement et mes sourcils se froncent, je ne peux imaginer qu’il s’en sorte si facilement.
— Son expérience aurait pu me tuer ! crié-je.
— Pour tuer quelqu’un, il faudrait déjà que tu sois vivante ! s’égosille-t-il, hors de lui.
— Mais Méjaï est vivante ! Elle possède un cœur ainsi qu’un organisme identique à celui d’un être humain, lui réplique Jarod.
Il le regarde, furieux. À défaut de pouvoir l’éliminer, je capture l’image de sa tête dépitée comme lot de consolation et d’un sourire non dissimulé, je quitte fièrement la pièce suivie du médecin. Je suis d’autant plus heureuse que, quelques secondes après, on l’entend répliquer :
— C’est ça, fait ton savant, l’intello !
— Il faudrait que je lui fasse passer une radio pour voir si ton coup à la tête ne l’a pas trop diminué. Parce que vu son temps de réponse, il y a de quoi s’inquiéter non ? me sourit-il, moqueur.
Je ricane, amusée. Nous revenons vers le premier couloir, mais changeons de porte. Découvrant une sorte de laboratoire, où je ne manque pas de le remercier.
— Il n’y a pas de quoi. Pour ne rien te cacher, je n’aime pas trop Marco... Il est si arrogant...
— Je suis contente de voir qu’il n’y a pas que moi qui le prends pour un enfoiré !
Il me sourit, choqué devant mon expression vulgaire en m’apportant une tasse. Du sang... Cette fois, je ne me fais pas prier et bois hâtivement le contenu. Son sourire satisfait devant ma mine enjouée me fait doucement oublier mes contrariétés. Je ressens déjà les bienfaits du précieux nectar dans tout mon organisme, le pauvre en a vu de toutes les couleurs aujourd’hui. Mes mirettes se remplissent à nouveau de sang, s’illuminant de plus belle. Jarod me regarde fixement en plissant les yeux.
— Il y a un souci ? demandé-je en m’essuyant la bouche.
Mal à l’aise, il aspire bizarrement sa joue et se contente de fixer le sol pour ne plus croiser mon regard.
— Mes yeux se remplissent de sang à chaque fois que mes pouvoirs s’activent.
Il relève doucement la tête en souriant, content que je lui réponde sans qu’il ne passe pour un gros curieux.
— Je ne veux pas paraître impoli, mais tu es le premier vampire que je rencontre et je dois avouer que je suis assez fasciné.
Je ris et réplique en reluquant la pièce :
— Tu dois sans aucun doute être le premier humain à me dire ça...
— Je me doute bien ! Mais je suis un homme de sciences et tout ce qui sort de l’ordinaire m’intéresse.
— Tu fais quoi au juste ici ?
— Je suis principalement médecin avec mon collègue Patrick que tu as... un peu... amoché. Sinon je fais toutes sortes de tests, d’expériences... Je teste un peu tout et n’importe quoi.
Ce dernier fait un geste de la main en direction de son plan de travail recouvert de papiers en désordre. Curieuse, je m’approche et jette un vague coup d’œil. Mon expression change radicalement quand je vois des photos de moi.
— Vous avez vraiment besoin de ça ?
Je le regarde furieusement en lui montrant une photo de moi totalement nue.
Quand il comprend de quelle photo je parle, ses joues s’empourprent. Il bégaie bien plus que nécessaire en passant timidement sa main dans ses cheveux en bataille. Je l’observe se dépatouiller, les bras croisés sur ma poitrine. Conscient qu’il ne sauvera pas la situation, il tousse en se raclant la gorge. Il allume un projecteur, cherche dans tous ses papiers et sort un film transparent.
— Grâce à ton dossier, j’ai pu analyser toute ton anatomie. Nous voyons ici un squelette d’humain tout à fait basique, dit-il en plaçant un premier film sur le projecteur. Superposant un deuxième, il enchaîne : ensuite, on y place les organes. Puis, dans ton cas, on peut non seulement ajouter une belle paire de canines à la mâchoire supérieure, mais aussi comme une sorte de coffrage tout autour de ton cœur. Ce qui le rend presque intouchable. Tout ce qu’on a pu imaginer sur les vampires, comme les balles ou les pieux en bois, sont totalement inutiles. Tout en imaginant, bien sûr, que te perforer le cœur signe ton arrêt de mort, dit-il songeur.
Je ne peux m’empêcher de glousser discrètement quand je remarque les yeux pétillants avec lesquels il me fixe. Je crois que je le captive ! Sachant pertinemment qu’il ne pense pas à mal, l’idée de le voir dans une position délicate me fait doucement sourire. Ainsi, je le fusille du regard et observe l’effet que j’escomptais. Il rougit comme un enfant pris en faute... Ouvrant et refermant la bouche à plusieurs reprises, il finit par dire d’un ton nullement assuré :
— Enfin je ne cherche en aucun cas à te tuer...
Je me retiens de ne pas éclater de rire en sentant son rythme cardiaque s’affoler d’un coup. Pour le soulager, je change de sujet en lui montrant deux ronds dessinés sous mes poumons. Je le fixe d’un regard interrogateur.
— Alors ça ! s’exclame-t-il en guise de réponse. Je n’ai aucune idée de ce que c’est. J'espérais justement que tu serai m’en dire plus. J’ai moi même effectué plusieurs examens, mais je dois t’avouer que c’est toujours un mystère... Cela peut être aussi bien un nouvel organisme que des poches de sang de réserve.
Il se dirige alors vers des radios posées en vrac et se perd complètement dans sa contemplation réflexive, jusqu’à m’ignorer totalement. Je finis par lui taper amicalement l’épaule et il ricane.
— Pardon, j’étais complètement absorbé.
Je glisse mes paumes dans les poches arrière de mon pantalon et cherche à trouver des réponses à toutes les questions qui submergent mon esprit. Peu à peu, il m’explique le fonctionnement de l’établissement. Cette entreprise ou plutôt cette base militaire hors du commun qui s’emplit d’autant d’êtres étranges que d’êtres insignifiants. Le gouvernement a trouvé judicieux de mélanger des êtres hors normes avec leurs soldats. De façon, que d’une pierre deux coups, nous augmentons leurs défenses. Une base gouvernementale, qui nous assure également une couverture inviolable par le commun des mortels. L'établissement diviser de quatre ailes, permettent de cohabiter sans trop de problème. Les militaires humains, possèdes toute une aile, nous rejoignant que si nécessaire, pour des mission interne. La seconde est désignée pour tous les être fantastique qui travaille dans un secteur précis. Tandis que la troisième et purement pour la bureaucratie, elle dispose également de la buanderie des quatre ailes. Son expression change cependant en évoquant la dernière, son cou s’est tendus, son sourire s’est crispé en m’annonçant, qu’elle été réservé aux siège du gouvernement et ses prisonniers. Il a plutôt vite changer de sujet en m’annonçant qu’il préférait nettement sa place au centre, même si cela le force à monter plus souvent.
— Depuis combien de temps travailles-tu ici ?
Il me regarde, gêné et tourne la tête :
— Je suis né ici, donc autant dire toujours, me sourit-il en posant la radio.
Restant particulièrement attentif à mon comportement, je devine facilement que ma réaction, ou plutôt ma non-réaction, ne semble pas le satisfaire. Il apparaît surpris que je ne le questionne pas davantage, comme s’il avait espéré que je découvre un point essentiel à son existence.
— Et tu en penses quoi de cet endroit ?
— Heu... Tu sais... Moi je ne suis que le médecin, ce qui se passe en haut, je ne m’en mêle pas trop.
Il ne daigne même pas poser les yeux sur moi, se contentant de fixer un point au loin. S’il croit s’en sortir si facilement, j’insiste :
— Mais qu’est-ce que tu en penses ?
Finalement, son regard rejoint le mien et je l’encourage en lui offrant un sourire. J’ai bien conscience d’agir comme une manipulatrice, mais je m’en tamponne, il doit répondre.Je dois comprendre où nous sommes tombés.
— Les personnes dotées de facultés hors du commun ne sont pas forcément les bienvenues dans le monde dans lequel on vit. Alors, même si je trouve leurs méthodes parfois radicales, on reste un mal nécessaire.
Mon cœur se serre doucement devant ce sentiment d’insécurité. Je me remémore les derniers événements passés, espérant qu’ils ne soient qu’un mauvais rêve, même si j’ai bien conscience que s’en ai pas un. Dans un soupir, je tente de me persuader que tout ceci n’est qu’un plan pour me sauver de cette situation brumeuse, que cela n’est que temporaire. Tout ce qui m’importe est de retrouver ces bribes de souvenirs qui semblent s’être évaporées ensuite à la revoyure...
— Je veux juste comprendre ce qui s’est passé, murmuré-je.
Il se fige en plein mouvement, ne sachant comment réagir face à mes propos. Devant son regard ennuyé, mon sourire s’évanouit. Il me répond :
— Je ne dis pas que tu n’obtiendras aucune réponse, d’accord ? Mais je peux t’assurer qu’on n’en sait pas tellement... Le directeur n’est qu’un pion sur un échiquier bien plus grand.
— Comment ça ?
Il aspire sa joue, nerveux d’en avoir visiblement trop dit.
— Tout ce que je veux, c’est en apprendre plus sur mon père...
Il acquiesce timidement.
— Tu dois savoir que c’est le siège qui décide des plus grandes décisions ici, sans leurs appuies tu obtiendra rien.
— Alors, le directeur m’a menti ?
— Je ne pense pas, le directeur est l’un de leurs loyaux employés, s’il t’a mise aux mains de Marco, c’est qu’il pense en avoir l’autorisation. Leurs missions pourraient d’apporter des réponses sur ceux que tu cherche, mais les réponses, ici, sont rarement gratuites.
— Je ferai ce qu’il faut dans ce cas, rétorqué-je.
— Alors, nous serons souvent amenés à nous voir.
Je ne sais pas si sa remarque doit m’effrayer ou me rassurer, mais un léger sourire au creux de sa bouche se dessine et s’étire sincèrement.
— Je vais te raccompagner à ta cabine...
— Une cabine ?
— Oui, chaque personne vivant ici en a une. Etant nouvelle, tu ne serai pas mélanger aux autres, mais tu seras avec ta soeur. A dire vrais, tu n’auras pas loins à aller, continu-t-il en pointant son doigt vers le plafond.
Elle ma tuer avec son majeur en érection.
Et ce Marco, mon dieu je sens que je vais adoré le détester ...
Pour ce qui est du médecin, je ne sais pas pourquoi mais je ne le sens pas sincère à 100 % avec elle. Je suis du genre à douter des gens sympa dans les histoire mdr