Chapitre 2

Par Zig
Notes de l’auteur : Ca y est ! Voici la V2 du chapitre 2 (qui m'a onné du fil à retordre). C'est très loin d'être parfait, mais je ne pense pas pouvoir faire mieux u_u. Encore merci à ceux qui m'ont commentée, et aidée à y voir plus clair ! (et surtout merci à Alice_Lath, qui m'a aidée à savoir que raconter).

Ils ne parlaient pas.

Leurs chevaux aux côtés, Cole et Sinead patientaient, attendant que le reste de la troupe daigne se montrer. Si la pluie les épargnait – et si la froideur habituelle leur avait laissé un répit –, le soleil demeurait timide et le ciel grondait, menaçant, chargé d’un orage qui n’éclatait pas.

« On va se prendre une belle rincée, constata Sinead.

— En effet, valida Cole, surpris par la remarque.

— On devrait repousser le départ. »

À force de côtoyer le garçon, Cole avait fini par découvrir chez lui une véritable passion pour la météo. En réalité, ses connaissances s’avéraient si poussées qu’elles en devenaient presque ridicules : avec Sinead, le temps occupait quatre-vingts pour cent des conversations, les vingt autres étant réservés aux grognements mous.

« Nous serons à l’abri bien avant que l’orage éclate. Le premier relais est assez proche.

— Nous n’arriverons pas à temps. »

Le nez en l’air, le Landais continuait de scruter les nuages, comme s’il pouvait lire à travers et prévoir ce qui s’y passerait. Il se montrait si catégorique dans son pronostic que Cole finit par le croire.

« Ce n’est qu’un peu de pluie, tu n’es pas fait de sel, ni de sable.

— Le vent vient du nord. C’est un gros orage, et il éclatera quand nous serons dans les marais.

— Fais-moi confiance, termina Cole. »

Sinead n’osa répondre, mais il n’était pas convaincu pour autant. Habitué au temps épouvantable de ses Landes natales, il savait anticiper les mouvements du ciel, pour s’en prémunir. Si Cole choisissait de ne pas l’écouter, libre à lui.

Il fallut moins d’une dizaine de minutes pour que Camille Mons pointe le bout de son museau roux, suivi d’un grand échalas à la peau brune et au nez busqué. Les deux jeunes hommes saluèrent leur supérieur, puis leur camarade. Une belle ecchymose s’étalait sur la pommette haute d’Ichab Comodecci – puisqu’il s’agissait bien de lui – accompagnée par un cercle violacé, au niveau de l’œil droit.

« Vous êtes en retard, les sermonna Cole.

— La faute à qui ? grogna Ichab. Si c’est pas une idée à la con, de nous prévenir aussi tard ! »

Le cadet redressa la tête, provocateur, puis vrilla son regard dans celui de Cole. Des touches dorées éclaboussaient son iris vert, lui donnant un air farouche.

« J’attends de mes soldats qu’ils se montrent réactifs, soutint Cole, sans ciller.

— Et moi j’aime faire les choses bien, voyez ? Me d’mandez pas la lune, et j’vous la décrocherai pas, hadh'klu'sha ».

Les derniers mots – prononcés d’une manière râpeuse, mais étrangement aérienne – valurent à Ichab un grognement mécontent, de la part de Camille.

« Surveille ta langue, Ichab. Elle tombe encore dans le vulgaire.

— Vulgaire mon cul !

— Je vois que j’arrive au bon moment… »

Quatre têtes curieuses se tournèrent vers la nouvelle voix. Roy devançait son cheval, son paquetage sur l’épaule. Il montrait un visage frais et reposé, rasé de près et chaudement sympathique.

« T’es pas un peu vieux pour être cadet  ? »

Lui lança Ichab, sans le moindre tact.

« Et toi ? Tu n’es pas un peu “bronzé”, pour faire partie de la cavalerie ? »

Sans la réaction de Camille – qui attrapa Ichab in extremis –, le nomade se serait jeté sur le nouvel arrivant, poings en avant. Vu la fureur qui animait le grand corps tonique, Roy n’aurait pas apprécié la rencontre.

« Redis ça encore une fois, menaça le nomade, et je t’enterre. »

Durant toute l’altercation, Cole n’avait pas bougé d’un centimètre. Si la remarque – profondément déplacée – l’avait dérangé, il n’en montrait rien et observait en silence.

« Vous avez terminé ? »

Demanda-t-il simplement, une fois les esprits calmés. Comme personne ne répondait, il prit le temps de faire les présentations :

« Vous ne le savez peut-être pas, mais je suis le sergent Jessieh Cole, instructeur de la cinquième colonne. À ma gauche voici Sinead Connor, cadet sous mon service. »

Il tourna la main en direction de son élève, indiquant aux autres le propriétaire du nom.

« Connor, s’amusa Roy, tu n’étais pas fermier, aux dernières nouvelles ?

— Hughes, répliqua calmement Sinead, je te croyais mort. »

Si Roy ne riposta ni ne bougea, il n’en fusilla pas moins Sinead du regard. En face de lui, le principal intéressé passait déjà à autre chose, ignorant son condisciple. On l’avait attaqué, il s’était défendu : voilà qui clôturait l’affaire.

« Bien… je vois que certains se connaissent. Puisque Sinead vous a déjà rencontré, Hughes, laissez-moi vous présenter Camille Mons et Ichab Comodecci. Roy Hughes, ici présent, appartient à la deuxième colonne du sergent Preston. Quant à Mons et Comodecci, ils sont tous les deux sous les ordres du sergent Grey, de la quatrième colonne.

— Il étaient sous les ordres du sergent Grey, rectifia Camille. »

L’officier confirma d’un hochement de tête, avant de rajouter :

« C’est exact puisque, désormais, vous êtes sous ma direction, et les membres officiels d’une nouvelle troupe d’éclaireurs. Je me permettrai de vous tutoyer, et j’utiliserai vos prénoms, par simplicité.

— Je vois, le coupa Roy, et nous ? On te tutoie aussi ? On t’appelle par ton prénom ? »

La provocation était si grossière, si évidente, que Cole l’ignora avec dédain, continuant sur sa lancée.

« Pour le moment, nous n’avons pas de mission précise. Ordre est donné de rejoindre fort Malthus, le plus rapidement possible.

— On crée une troupe, mais sans affectation préalable ? s’étonna Camille.

— Je suis aussi surpris que toi, c’est pour ça que j’aimerais ne pas perdre de temps.

— Quitte à voyager sous la pluie, grommela Sinead.

— Où as-tu vu de la pluie ? l’agressa Roy.

— Ça arrive. Bientôt. »

Pour une fois, la remarque de Roy se justifiait : un rayon de soleil perçait les habituelles menaces du ciel, laissant planer le doute sur l’annonce d’une tempête.

Comme personne ne désirait s’appesantir sur les prophéties du Landais – ni sur des présentations trop longues –, Cole ordonna le départ. Ils quittèrent le camp tandis qu’on sonnait le repas de mi-journée.

La première partie du voyage s’effectua dans le calme et la concentration. Cole menait – s’appuyant régulièrement sur une carte récente – et les autres suivaient à un rythme soutenu. Rapidement, ils entrèrent dans la région marécageuse qui bordait le fleuve Opah. Les chevaux ralentirent avant de s’arrêter tout à fait, refusant de progresser dans ce bourbier qui leur bloquait les sabots. Face à ce début de panique, les soldats continuèrent à pied, brides en main, le temps de dépasser la zone. Les bottes s’enfonçaient dans la terre molle et il devenait laborieux d’avancer sans perdre l’équilibre, au point que Camille dut s’interrompre pour reprendre son souffle. Du groupe, il n’était pourtant pas le plus en difficulté. Gêné par sa petite taille, Sinead tentait de suivre alors qu’il s’embourbait jusqu’aux mollets, produisant une énergie monstrueuse pour un résultat moindre. Malgré tout, le Landais ne laissait échapper aucune plainte, le regard fixé vers l’avant et le haut du corps mobile, pour se donner de l’élan. Touché par la détresse silencieuse de son camarade – qui l’eut cru, d’ailleurs –, Roy porta secours à Sinead, récupérant ses rênes pour lui libérer les mains. Contre toute attente, le Landais les regagna avec brusquerie, ajoutant un laconique :

« Pas b'soin de toi. »

Ils ne s’adressèrent plus la parole du trajet.

Après des heures et des heures d’une progression lente et harassante, Camille demanda, la voix déchirée de fatigue :

« Nous sommes encore loin ? »

Cole s’arrêta net, tira la carte de sa besace et plongea le nez dans le papier, suivant le crayonné rigoureux qu’il avait tracé.

« D’ici 25 lieues, nous devrions voir apparaître l’auberge »

Un gémissement désespéré échappa au rouquin. C’était encore long, et il n’en pouvait plus.

« On ne peut pas faire une pause ? »

Le sergent observa un à un les visages de ses cadets. Roy – arrivé dans les derniers en compagnie de Sinead – boitait lourdement, et seul Ichab avançait sans heurt. Un éclair zébra le ciel au loin, mais sans tonnerre.

« Dix minutes, accorda l’officier. Pas plus. »

Aussitôt, les cavaliers sortirent de quoi boire et manger. S’ils ne pouvaient s’asseoir au sol – à cause de la boue –, ils profitaient au moins de l’immobilité pour apaiser les muscles. Ichab vida également ses vieilles bottes abîmées, qui laissaient passer l’eau par flaques.

« On devrait trouver un abri avant le relais, suggéra Sinead, fixant l’orage au loin.

— Sinead, prévint Cole, ne recommence pas.

— Mais on va…

— Stop. On reprend la route ».

C’est à cet instant précis que le ciel – apparemment facétieux et arbitraire – fit résonner un grondement menaçant et puissant. Cole décocha à Sinead un regard d’avertissement, l’invitant à ne plus ouvrir la bouche. On les sentait tendus, trop épuisés par une journée longue, et qui ne finirait pas de si tôt. Comme Sinead n’aimait pas les confrontations, il baissa les yeux et prit la tête du groupe, rapidement suivi par Ichab, Camille, puis Cole et Roy.

Alors qu’ils trouvaient un terrain plus stable, Roy ralentit le pas et s’arrêta, le front en sueur et le visage pâle. Cole se porta à sa hauteur pour lui demander :

« Ta jambe ?

— Non, ma nuque, de toute évidence.

— Je ne pensais pas cette blessure si sérieuse, releva Cole, passant outre l’insolence. »

L’aristocrate serra les dents, retenant difficilement les mots qui lui brûlaient les lèvres. Il ne voulait pas discuter de ses faiblesses avec un homme qu’il ne respectait pas, et qui se montrerait incapable de le mener vers la réussite.

« Elle ne l’est pas.

— Vraiment ? Tu ne peux pas faire trois pas sans souffrir le martyre.

— Sauf votre respect, on a largement dépassé les “trois pas”

— Le respect t’intéresse, maintenant ? »

Agacé, Roy pressa l’allure pour rejoindre Camille, au prix de gros efforts. Le silence – qui s’imposait majoritairement dans cette troupe mal constituée – reprit sa place et régna, malgré les essais infructueux de Cole et Camille.

Alors qu’ils se trouvaient encore loin du point de chute – et comme l’avait prévu Sinead –, le mauvais temps les cueillit sans crier gare. Des trombes d’eau s’abattirent sur eux, les noyant en quelques secondes. Roy poussa un énorme juron – qui se perdit dans le bruit assourdissant du déluge – et les chevaux s’agitèrent au point de déstabiliser leurs cavaliers, pourtant au sol. Égarés dans ce rideau de pluie, ils ne voyaient plus à un mètre devant eux, et ne pouvaient progresser sans s’embourber. Ils essayèrent de poursuivre leur route mais le voyage devenait dangereux, et ils risquaient de se perdre définitivement ou de disparaître dans un trou d’eau.

Face à l’obstination de Cole – qui avançait tête baissée, bien décidé à atteindre le poste d’arrêt –, Sinead hurla dans la tempête :

« Le village de la Petite Opale est à moins de 2 lieues… Campons là-bas ! »

Le vent soufflait avec force, fouettant leurs visages et emportant les mots. Cole s’interrompit et patienta tandis que ses cadets le rejoignaient. Sinead répéta alors :

« On n’est pas loin de la Petite Opale, reprit le Landais. Les paysans accepteront de nous héberger le temps que l’orage passe.

— Nous sommes attendus à Himel et nous irons à Himel.

— Pourquoi ? »

Demanda soudain Ichab, qui devait pousser sur sa voix pour se faire entendre.

« Qu’est-ce que ça change, sérieux ? À ce rythme, on n’arrivera pas de toute façon !

— Tu as peur, Comodecci ? le provoqua Roy.

— Non, j’ai un cerveau et j’sais l’utiliser, crétin ! »

Le nomade et l’aristocrate s’étaient rapprochés, menaçants. Heureusement, leurs mains étaient occupées à maintenir les chevaux.

« Vous n’avez pas le choix, asséna Cole. J’ai fixé un plan, on le suit. Il n’y a pas à discuter ».

Concentrés, les jeunes gens devaient tendre l’oreille pour recevoir l’information et – même comme ça – l’intempérie dévorait certains mots. Les rafales rabattaient la pluie sur leurs peaux et les tenues militaires s’imbibaient, au point de devenir lourdes et glacées. Camille claquait des dents et Ichab se frottait les bras, râlant après cet immobilisme absurde.

« Faut qu’on se décide ! finit par déclarer le nomade. On va pas se peler les miches pendant des plombes.

— Moi je vais à Petite Opale ».

L’annonce provoqua un silence tout relatif – étant donné le bruit assourdissant du monde autour. Ils se connaissaient depuis peu mais, s’il y avait bien une personne qui semblait prompte à obéir, c’était bien Sinead. Sa soudaine prise de position contre Cole étonnait.

« Pardon ? »

Aucune réponse ne vint compléter la question de Cole. Sûr de sa décision, Sinead s’éloignait déjà vers la gauche, luttant contre la tourbière.

« Je l’suis »

Prévint Ichab avant de lui emboîter le pas, sous le regard assassin de Roy et l’œil médusé de Cole. Camille, de son côté, ne savait quelle position adopter. L’obstination du sergent lui paraissait idiote et peu judicieuse, dangereuse même. D’un autre côté, il se voyait mal désobéir, ça ne lui ressemblait pas.

« Qu’est-ce qu’on fait ? s’enquit le rouquin.

— Vous me les ramenez, ordonna froidement Cole. »

Médusé par la requête – qui n’en était pas vraiment une, vu le ton employé –, Camille resta planté sous la pluie, son épaule meurtrie par les mouvements de sa monture.

« Mais…

— Et merde, on ne va pas y passer des heures ! »

D’un geste vif, Roy confia son cheval à Camille avant de rejoindre les deux autres, d’un pas furieux. Il boitait plus violemment, mais s’appliquait à ne rien montrer, ses longues jambes affrontant l’eau, la boue et les herbes hautes.

« HEY ! cria-t-il pour faire ralentir Ichab et Sinead. Attendez ! »

Quelques enjambées de plus, et il se trouvait près d’eux, le visage déformé par une rage que ni Ichab ni Sinead ne comprenait.

« Vous avez fini de jouer aux cons ?

— Nous, on joue ? s’agaça Ichab. On s’met en danger là. Tout ça pour satisfaire un chefaillon ».

Sinead ne répondait pas, mais continuait sa progression vers l’avant. Roy ne se concentrait plus sur Ichab, son attention fixée sur le Landais et ses petits pas ridicules, sa lutte vorace contre les éléments. Quelque chose de mauvais passa dans le regard de Roy, quelque chose qui venait de loin et qui le prit avec une telle force, une telle rage, qu’il submergea tout le reste.

Dépassant son coéquipier nomade, le grand aristocrate rattrapa Sinead avant de le saisir par le bras, et le tirer vers l’arrière.

« Qu’est-ce que tu fous ? »

Sinead haussa les épaules : il n’avait pas à se justifier. Ce geste – qui s’additionnait à tout le reste – ouvrit la voie à toute cette violence qui résidait en Roy. Sinead n’était qu’un prétexte, un moyen de soulager tellement de choses : sa souffrance, son inconfort, un sentiment d’humiliation, aussi. Il frappa. Juste comme ça. Juste pour le plaisir. Juste pour sentir la pommette de l’autre contre son poing fermé, puis la douleur – brève, mais jouissive – du coup qui porte. Déstabilisé, surpris, Sinead s’effondra dans la vase, lâchant sa bride pour ne pas entraîner son cheval.

« T’es malade ! s’horrifia Ichab.

— Ça t’amuse ? »

Insista Roy, tourné vers Sinead, tandis qu’il ignorait son partenaire nomade.

« Tu te crois assez malin pour prendre des décisions ? »

Sinead ne réagissait toujours pas, trop occupé à trouver son équilibre.

« Réponds-moi ! Tu te prends pour qui ? »

Aucune riposte, pas d’interaction. Sinead cherchait son cheval.

Roy serra les dents, tout son être tendu. Ses cheveux lui tombaient sur le front, plaqués par l’eau, et ses yeux accumulaient la foudre et l’orage. Il allait frapper à nouveau, plus fort, plus dur, jusqu’à ce que Sinead le confronte, lui réponde, prenne en compte son existence. Alors qu’il armait sa jambe – sous le regard sidéré d’Ichab –, Cole et Camille le rejoignirent.

« Ça suffit ! »

Si l’injonction n’arrêta pas Roy, ce fut l’intervention plus musclée d’Ichab qui s’en chargea. Avec autorité, le nomade éloigna son camarade de Sinead – toujours à terre – et l’invita à ne plus bouger. Lui aussi ressentait de la colère : ce n’était ni l’endroit ni le moment pour ce type d’enfantillage. Quelle mouche les piquait ? Cole et sa fierté mal placée, Roy et sa violence injustifiée… tout ceci n’avait pas sa place ici, et maintenant.

Camille aida Sinead à se lever, tandis qu’Ichab s’éloignait pour rattraper le cheval du Landais.

« Ça va, Sinead ? demanda Cole »

Le garçon hocha la tête, les lèvres bleues et la peau pâle, plus qu’à son habitude. Il ne se plaignit pas, toujours calme et passif.

« On doit aller à Petite Opale, insista-t-il. La tempête ne passera pas. »

Cole leva les yeux au ciel avant d’essuyer son visage. En posant son regard sur Sinead, il remarqua un détail : le Landais fixait Roy, qu’Ichab essayait d’apaiser en sourdine. L’œillade du jeune homme ne menaçait pas, simplement chargée d’une acuité vive, lourde d’une maturité silencieuse.

« On va à Petite Opale »

Décida finalement Cole, s’attirant le mépris de Roy. Chacun récupéra sa monture, calma ses esprits, et retomba dans ce silence désagréable qui devenait habituel.

Tandis qu’ils reprenaient la route – mené par Sinead et son orientation sans faille –, Camille glissa à Roy.

« On est foutus, avec lui. 

— Connor ?

— Cole. Il ne sait pas ce qu’il fait. »

Ils restèrent côte à côte, juste un instant, éphémère, fugace, avant que Roy ne conclue.

« Nous le saurons à sa place ».

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Isapass
Posté le 23/11/2020
Oh la la ! Il va falloir qu'il s'affirme très vite, Cole, parce que sinon, avec des branques pareils, il va se faire bouffer !
Franchement, je suis déjà conquise : je le répète, je trouve vraiment ça super d'avoir tout misé sur les interactions entre les persos sans perdre de temps avec la présentation du contexte. Parce que non seulement ça te permet de montrer très vite, et en profondeur, leurs personnalités, de définir très vite un enjeu majeur (enfin j'imagine) qui sera l'entente entre eux, mais en plus ça éveille la curiosité d'en dire aussi peu sur leur monde et leur situation.
Finalement, celui sur lequel on en sait le moins, c'est Cole. Du coup je suis impatiente d'en savoir un peu plus sur ses enjeux et limites personnelles. Ceci dit, les autres sont intéressants aussi : Roy semble être l'archétype de la tête brûlée, mais il y a déjà quelques indices qui me laissent penser qu'il y a du bon en lui malgré la colère. Ichab est en pleine rebellion (ça se comprend) et on verra quelles sont ses autres valeurs. Camille semble être le bon gars, peut-être le ciment du groupe, mais ce sera peut-être le moins solide ? Quant à Sinead (c'est un hommage Sinead Connor/Sinead O'Connor ? La chanteuse qui se rasait la tête ?), il est plus difficile à lire pour moi, encore, mais ça ne le rend que plus intéressant.
Bref, ça s'annonce très bien, tout ça !
Je continue un chapitre de plus pour l'instant, mais je sens déjà que ton histoire va rejoindre ma PàL déjà pleine à craquer XD
Zig
Posté le 11/12/2021
Ah bah c'est marrant que tu me demandes pour Sinead, parce que c'est un hasard COMPLET, et une amie m'a fait découvrir la chanteuse il y a peu xD Du coup voilà... Mon Sinead aura une homonyme plus célèbre que lui, diantre !

Trop contente que ça te plaise ! Les Equilibres est mon premier roman et ça se sent, je trouve... alors je suis heureuse qu'il puisse quand même divertir un peu !
Elie Langroi
Posté le 26/06/2020
Hey !
Voici donc enfin mon commentaire du deuxième chapitre !
Déjà sache que je l'ai beaucoup aimé ! Il met en avant les caractères des personnages avec intelligence et nous permet, en tant que lecteurs, de tirer des ficelles, justes ou non. J'aime beaucoup !
Je vais évidemment faire quelques commentaires sur le tout, vicieux petit lecteur que je suis !
1. "Ils ne parlaient pas" : on peut supposer que cela fait longtemps puisque tu as utilisé l'imparfait. Je trouve que c'est intéressant car le premier chapitre s'appuie sur le dialogue vivant des personnages, alors qu'ici, dans ce deuxième chapitre, c'est bien le silence qui prend l'ascendant. Seulement je te propose juste de dire "finit par constater Sinéad" ou "constata enfin Sinéad" (avec une préférence auditive pour le second).
2. Cela me perturbe d'avoir des incises qui vont à la ligne parfois, au lieu d'être inscrites à la suite de certains dialogues. Erreur de mise en forme, j'imagine.
3. "Pour une fois, la remarque de Roy se justifiait" : il s'agit en soi d'un parti pris du narrateur, ce que je trouve intéressant. Soit tu as voulu le faire et cela démontre une certaine ironie de ta part, soit tu n'as pas voulu le faire et cela révèle une antipathie de la part de plus d'un personnage envers lui.
4. "Face à ce début de panique" : je trouve que le terme "panique" est peut-être un peu trop violent. Par la suite ils éprouvent de l'inquiétude, de l'énervement, de la contrariété, au mieux, mais je n'ai pas ressenti de la panique...
5. Je vois Ichab comme quelqu'un d'extrêmement authentique. Attention je ne me repose pas seulement sur ses paroles mais aussi sur ses gestes. Le fait est qu'il marche dans la boue, dans la vase. Il est donc à même le sol, à même ce monde. De plus, lorsqu'ils s'arrêtent, il vide ses bottes, redonnant l'eau à la terre, et, nous pouvons le supposer, reposant ses pieds à même la terre, sans en éprouvant de gêne, contrairement aux autres. Oui, je vais trop loin, et alors ? Enfin toujours est-il qu'il m'intéresse.
6. Deux choses prouvent que Cole va avoir du mal vis-à-vis de son rôle actuel. Tout d'abord le fait qu'il ne réponde pas aux attaques, même minimes, des autres. Soit il est trop humain pour cela, soit il a une carte dans sa manche... un serpent dans sa botte ! Enfin il se repose sur le mauvais étalon : il ne lui faut pas la force tranquille de Connor mais celle, plus explosive, de Roy. Mais ça il ne le comprendra que tardivement, à mon avis.
7. Petite Opale. Alors là on va rire parce que je suis dingue ! D'accord ? Tu es prête ? Je pense que ce nom n'est pas anodin... mais je m'en veux flirter avec la folie. "Opale" déjà : c'est une pierre qui peut avoir plusieurs couleurs, j'y vois une référence aux couleurs (facettes) de chacun des personnages. Enfin l'opale est aussi une pierre qui ne contient que très peu d'eau, l'exact contraire du lieu où se trouvent les personnages. De plus, l'opale représentant la matière, j'y vois une sorte d'antithèse avec le lieu dans lequel ils se trouvent, fangeux et vaseux... indescriptible (et non décrit, d'ailleurs, par le narrateur). En réalité, l'opale serait donc l'espoir, pour eux, depuis le début. Mais... un petit espoir. Donc... là-bas il pourrait se passer quelque chose de fâcheux.
8. " - et même comme ça -" : c'est une phrase qui me semble un peu familière pour ton narrateur, mais je me trompe peut-être !
9. Je pense que Roy a eu un problème de hiérarchie. Je crois que durant la guerre il a eu soit désobéi aux ordres mais personne ne l'a écouté... ce qui a mis à mal sa réputation et ce qui lui a valu sa blessure.
10. Connor est une force tranquille. Il est intéressant de constater qu'il est du genre à utiliser la fonction phatique du langage sans s'en servir pour autant. Le fait qu'il parle du temps montre qu'il ne s'intéresse pas aux autres mais qu'il est simplement rationnel... et désintéressé. Cole ne doit donc pas s'y fier. Il est intéressant de voir que c'est Ichab, que je vois presque comme l'exact inverse, qui le suit.

Je trouve que le chapitre est vraiment intéressant et je m'emballe mais je suis impatient de lire et découvrir la suite. Parce que je n'ai lu que jusqu'au chapitre III pour l'instant ! A très vite pour une nouvelle lecture !
Zig
Posté le 29/06/2020
Coucou !

J'ai mis du temps à venir lire ce commentaire mais ça y est, je le découvre et je l'apprécie énormément ! Je suis toujours incroyablement heureuse de voir le temps que tu acceptes de passer sur tes commentaires, et leur finesse !
On sent bien le prof de français en toi, et l'amour de l'analyse :p (on a tous le même réflexe, c'est fou !)

J'ai tellement galéré sur ce chapitre... heureusement j'ai eu un peu d'aide de la part de Slibarr, sinon je ne m'en serais jamais sortie... C'est déjà la troisième fois que je le réécris en entier et je suis contente qu'il soit meilleur et qu'il joue enfin son rôle, sans donner l'impression de n'être qu'une transition !

1. Tu as tout à fait raison ! Je vais faire la correction sur mon manuscrit, je trouve te version bien meilleure !
2. Je galère avec certaines incises... j'ai vu certains textes qui font revenir à a ligne, d'autres non... il faudra vraiment que j'harmonise quand tout sera terminé, et que je fixe une règle. Je ne trouve rien de précis là-dessus mais j'aimerais bien, pour savoir sur quel pied danser !
4. C'est vrai ! Le terme "panique" est trop fort, je vais le remplacer par quelque chose de moins poussé !
5. Mon Ichab... c'est sans doute le personnage que j'aime le plus ! (même si Sinead n'est pas loin derrière). Tu as très bien cerné son caractère et j'espère qu'il ne te décevra pas pour la suite !
6. Woody... je t'ai vu !
7. J'avoue, t'es allé un peu loin xD Mais c'est sympa à voir, et j'aime bien l'interprétation **
8. Yop ! Tu as tout à fait raison ! Mes textes avaient beaucoup d'éléments familiers dans le récit, à la base, et celui-ci m'a échappée, le fourbe èé
9. Ah Roy... Roy...
Roy :D
10. Décidemment, tu as un don pour voir les choses ! Le rapprochement entre Ichab et Sinead est en effet voulu, et tu as très bien cerné le caractère de mon petit Landais ! Les deux sont très opposés mais ils se rejoignent sur certains points (que l'on voit surtout au chapitre 4)

Encore merci de passer du temps et de lire avec autant d'application et d'implication ! J'adore voir tes attentes, tes interprétations et tout ce qui va avec. On sent bien que tu as l'habitude d'écrire et de lire, parce que tu attrapes les indices et comprends rapidement les pistes, c'est impressionnant !

J'espère que la suite ne te décevra pas (j'ai la pression un peu ><)
Carreaux
Posté le 18/06/2020
Oh la la, la petite bande qui commence bien. Si il y en a bien un qui m'a surprise c'est bien Sinead parce que comme Cole le pensait "c'est celui qui serait plus apte à obéir" xD

En tout cas cette scène d'exposition est très intéressante les personnalités de tes personnages se détaillent, et on arrive à savoir qui est qui et qui est quoi malgré la difficulté des noms qui est encore présente (je m'emballe un peu les pinceaux encore, j'ai du relire quelques phrases plusieurs pour repérer qui il y avait et qui est qui)

Ça promet pour la suite 🙏
Zig
Posté le 18/06/2020
Ah Sinead ! Je suis contente qu'il puisse surprendre les gens ! C'est mon petit pipou, et il n'a pas fini d'en faire baver Cole :p

J'ai énormément galéré sur ce chapitre... Il a d'ailleurs été entiérement réécrit, et que c'était compliqué ! Comme c'est un chapitre de transition, je devais trouver un équilibre entre le déplacement d'un point A à un point B, mais tout en posant les enjeux et problématiques du groupe..
Autant dire que c'était un jeu de balance délicat (pour ne pas ennuyer les lecteurices ou donner une impression de répétition), et je ne suis pas certaine de m'en être complètement tirée...

Arf... toujours les soucis sur les noms ! Tu pourras me dire si la difficulté persiste ? Il faudra que je trouve un moyen de compenser... peut-être avec une carte pour le monde et ses lieux, et une page de présentation rapide pour les personnages.

Merci encore, plein des gros merci ! J'espère que la suite ne te décevra pas !
Elore
Posté le 01/06/2020
Re ! ♥

J'ai beaucoup aimé tes dialogues, ils sonnent vrai et ils complètent bien l'action. On commence à entrevoir la personnalité de chaque personnage et on a hâte de savoir la suite de leur voyage (qui commence bien mal, par ailleurs, on ne va pas se mentir 8D). Ton style accompagne leur périple avec une légèreté qui, associée aux dialogues, rend vraiment la lecture facile. C'est un plaisir de se plonger dans l'épopée de ce petit groupe même si eux-mêmes n'ont pas un grand fun ♥

Une chose à laquelle j'ai pensé en lisant tes descriptions : si tu ne décris la peau que quand il s'agit de personnages racisés, ça peut sous-entendre que blanc = défaut. Ça peut être le cas dans ton univers, mais je préfère te prévenir au cas où ce ne serait pas volontaire !
Zig
Posté le 02/06/2020
Relele !

J'adore écrire des dialogues... un peu trop je crois. En plus, ce roman est vraiment basé sur le système de parole, plus de description (ça ne plaira pas à tout le monde, mais c'est assumé !)

Ces personnages m'accompagnent depuis très longtemps, au point qu'ils sont un peu devenu des compagnons de vie... (pas besoin de mec, j'e ai 5 :D), du coup je pense que ça a un impact sur la manière dont ils interagissent et se présentent dans le roman. Ils ont vraiment leur propre vie, et la fâcheuse manie de faire ce qu'ils veulent, sans suivre la trame que j'avais prévue ...

Excellente remarque, tiens ! Surtout que Sinead a aussi une peau marquante (avec sa pâleur de cadavre). Je vais vite rectifier ça sur mon tapuscrit !

De toute manière, il faudra que je repasse tout - une fois terminé - pour vérifier que je n'ai rien laissé de potentiellement raciste (qui ne soit pas maîtrisé dans le carre du scénario) ou sexiste. Je compte sur toi pour m'aider :p
PetraOstach - Charlie O'Pitt
Posté le 20/03/2020
Hello Zig !
Je me suis un peu perdue dans ce chapitre entre les personnages et l'action qu'il s'y passe, du coup je suis restée un peu en retrait de l'histoire. J'avais comme une impression de lenteur pour peu d'événements marquants finalement. C'est mon ressenti de lecteur, peut-être que c'est moi qui n'ai rien compris, mais je préfère te le dire au cas où ça recouperait d'autres commentaires et que ça te serve pour la réécriture :)
Zig
Posté le 21/03/2020
Re-coucou !

Encore une remarque sur ce chapitre, définitivement on va faire table rase et re-construire tout ça !

Ca recoupe carrément plusieurs autres avis alors HOP, on se remet au travail et on remixe le tout !

Merci ♥
Alice_Lath
Posté le 09/03/2020
Hola! Haha, le "sale con" aura bien réussi à me faire rire mdr, t'as vraiment une plume de dingue pour les dialogues, quoique tu en dises. Ils sont vifs, nerveux, percutants et on distingue plutôt bien chacun des personnages quand il parle. Y'a juste une chtite faute de frappe à un endroit ;) "Sle Landais poussa un soupir" -> "le Landais poussa un soupir je suppose". Sinon, je me suis bien amusée à suivre leur péripétie. Si j'avais une piste à t'offrir, mais c'est comme tu le désires, c'est peut-être de ne pas hésiter à enrichir davantage les parties descriptives avec des qualifications "fortes", car je pense que tu peux leur donner encore plus de piquant!
Zig
Posté le 15/03/2020
Coucou !
Ah bah ! J'ai oublié de la corriger ici >< merci beaucoup !

Tu n'es pas la première à me suggérer d'enrichir la description ! Pour le moment mon objectif c'est surtout les dialogues et le lien entre les persos, mais comme toujours je note le Conseil pour le ressortir plus tard de mon chapal !

Merciiii
Flammy
Posté le 18/02/2020
Coucou !

On découvre donc la fameuse et joyeuse troupe au total ^^ Bon, clairement, on a l'impression que Connor a récupéré tous les bras cassés du campement dont personne ne voulait xD On se dit avec ça que la mission ne peut que bien se passer dans la bonne humeur général ! Bon en vrai, clairement, je me demande pourquoi Connor a sélectionné ces gens. On vrai, Hugues ça se justifie, mais les deux autres, je me demande, on verra bien ^^

Sinon, petite réflexion que je me suis faites au cours de ma lecture, c'est sur le point de vue. Dans ce chapitre, on passe souvent d'un point de vue neutre, à celui de Connor ou de Sinead sans que ça soit très clair ou visible, et cela m'a un peu parfois pris par surprise/perturbée. C'est pas forcément dramatique, mais je te dis ça au cas où tu veuilles réfléchir dessus ^^

Sinon, une coquille :

"Sle Landais poussa un soupir de soulagement."

Bon courage pour la suite ! Pluchouille zoubouille !
Zig
Posté le 20/02/2020
Coucou !

Tu confirmes ce que dit CorinneChoup à propos des noms de famille, à force de les utiliser le lecteur les mélange (c'est Cole, pas Connor; Connor étant le nom de famille de Sinead). J'ajoute donc sur mon petit carnet que je dois harmoniser tout ça !

Bien sûr le choix des différents participants va s'expliquer au fur et à mesure (dans deux chapitres, si mes souvenirs sont bons).

Pour ce qui est sur les points de vue, c'est voulu. Quand j'ai écrit le premier jet de ce roman j'étais en plein dans l'étude des changements de focal dans Mme Bovary, et j'avoue avoir essayé de faire quelques tests. Comme c'est voulu je pense garder comme ça pour le moment, mais si d'autres remarques reviennent, je changerai ! Tu pourras y porter attention dans les prochains chapitres et me dire si ça te dérange toujours ?

Encore merci pour tes commentaires, je note tout ça dans un coin pour la re-correction finale (ça fait très ultime dit comme ça...)

Des bisouilles !
Cocochoup
Posté le 16/02/2020
Hey coucou!
Ce chapitre deux m'emballe tout autant. Ce petit groupe haut en couleur est plein de promesses!
juste un petit détail qui m'a destabilisé, tu utilises parfois le nom, parfois le prénom de tes perso. Pas simple à suivre surtout avec la mémoire de mouette que je possède...
En tout cas je sens le plein de potentiel de Roy et j'éprouve dejà beaucoup d'empathie pour Cole qui va en chier des ronds de chapeau à mener toute cette troupe!
Zig
Posté le 17/02/2020
Coucou !

Merci pour ton second com, ça me fait trop plaisir que tu prennes le temps de poster quelques mots ;_;

C'est une remarque qu'une amie m'avait déjà faite : je considère donc que c'est un vrai problème et je note de faire gagner les usages en cohérence !

Et oui le malheureux Cole n'a pas fini d'en baver... Souhaitons lui bon courage.
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