Chapitre 2

Par Ozskcar

Chaque grande famille choisira deux héritiers : l’un gouvernera les terres allouées à sa famille, l’autre résidera au palais de la Tour, aux côtés de la couronne impériale. Ainsi sera formé le conseil restreint : Dawnarya, Artium, Erlkoning et Maart se partageront les pouvoirs de la couronne, et au même titre, chaque grande famille confiera le glaive de la justice, le sceptre de la religion et la balance de l’économie à des agents et diplomates qu’elle aura elle-même désigné. Il appartiendra à chaque famille de nommer son gouvernement et d’administrer ses terres ; mais elle se devra d’obéir à la loi unique qui lie ensemble les grandes familles. Ces lois seront formulées par le conseil restreint et approuvées en dernière instance par l’exécutif. Ce conseil pourra être élargi aux membres des ambassades ainsi qu’à la petite noblesse, mais ceux-là siégeront en tant que témoins, conseillers ou porte-parole. Il ne leur appartiendra pas de voter – ce droit ne leur sera pas alloué.

La machine du pouvoir de Zorach l’Ancien


 

Lorsqu’elle fut annoncée, la mort de Wilhelm Maart fit naître une tension nerveuse qui se répandit dans toute la tour ; un voile de deuil vint noircir les visages, et nombres de résidents du palais semblèrent affectés par la perte d’un homme connu pour son honnêteté et sa droiture. Sur les traits de certains, cependant, se lisait moins la douleur que l’angoisse des changements à venir : si Wilhelm était père de deux enfants, ceux-ci sortaient tout juste de l’adolescence ; quant à leur mère, on la disait malade et fortement abattue par la perte de son mari. Simple objet de commérages pour beaucoup, la succession des Maart était un véritable sujet d’inquiétude pour d’autres : Probité Artium avait envoyé un ambassadeur à la cour pour le représenter lors des débats politiques, mais un conseil plus restreint encore, ne rassemblant que le couple Dawnarya et Gaetano Erlkönig, s’était déjà emparé de la question. La princesse eut beau insister auprès de ses parents, ils ne l’autorisèrent pas à se joindre aux discussions ; elle demeura donc en retrait, morose et blessée dans son amour propre. Sa chambre ne tarda pas à lui sembler exiguë : les pièces, traversées par les courants d’air, n’offraient que peu de diversité.

Lorsqu’elle eut pris soin de toutes ses plantes, arrosé, bouturé, observé chaque graine et sa lente croissance, prit des notes et dessiné chaque aspect de la végétation qu’elle faisait fleurir dans la petite serre adjacente à son cabinet, elle n’y tint plus : relevant les yeux des illustrations qu’elle traçait avec nervosité – elle s’était mise en tête, depuis peu, de façonner un herbier et d’y dessiner les végétaux placés sous sa protection –, les doigts plein d’encre, elle se tourna vers Ran pour exprimer une nouvelle fois son impatience.

Celui-ci, assis sur le bord d’une banquette, garda les yeux fixés sur une traduction qu’il avait réalisée quelques jours auparavant. Sans relever la tête, il indiqua du doigt le texte sur lequel il travaillait :

– Vous avez barré tout le deuxième paragraphe, fit-il remarquer. 

– Parce que c’était imprécis, répondit-elle évasivement avant d’insister : Alors ? Tu m’accompagneras ? 

– Votre mère me ferait quitter vos services à la seconde où nous passerions la porte. 

– Je pensais que c’était une conclusion qui te seyait… 

– Je m’estime chanceux ; même si je dois supporter vos jérémiades, je n’ai pas à tourner en rond dans le froid ni à rester debout devant une porte close à longueur de journée. En quoi était-ce imprécis ? C’était très clair, au contraire, poursuivit-il en relisant les quelques lignes raturées par la main de la princesse.

– C’est au niveau du lexique ; dans l’original, les tournures de phrases n’étaient pas aussi guindées. Et aux ateliers Erlkönig, tu m’y emmènerais ? 

Il fallut quelques secondes à Ran pour répondre ; après avoir relu le passage concerné, il attrapa la plume qu’il avait abandonnée sur la table basse et entreprit d’écrire une seconde version à sa traduction. Curieuse, Li’Dawn s’approcha : observant par-dessus son épaule, elle opina puis se pencha en avant pour pointer du doigt une expression qui lui semblait inadéquate. Quand Ran releva la tête, ses sourcils froncés s’étaient rehaussés, balayant son expression d’incompréhension contrariée au profit de celle de la satisfaction :

– Ce texte était plus vieux ? Je ne me souviens pas avoir eu autant de difficultés avec les précédents. 

– C’est juste qu’avant, j’étais moins pointilleuse. Alors, les ateliers ? 

– Donc je m’améliore ? rétorqua Ran avec un sourire ravi et quelque peu narquois. 

– Pas suffisamment, de toute évidence. 

– Vous êtes certaine de vouloir que je vous accompagne ? 

Un sourire vint poindre sur les lèvres de la princesse. Il demeura malgré tout teinté d’une légère impatience, et le chevalier eut la présence d’esprit de ne pas lui laisser le temps de poser une ultime fois sa question ; avant qu’elle ne puisse ouvrir la bouche, il demanda :

– Est-ce vraiment une bonne idée ? Gaëtano Erlkönig n’aime pas vous savoir dans ses ateliers…

– Sauf qu’il ne s’y trouvera pas. Il est trop occupé à discuter de la succession des Maart avec ma mère. C’est le moment ou jamais !

Bien que la princesse eut des sujets d’intérêts divers et régulièrement variés, elle s’était depuis peu découvert une passion pour le mystère des Enfants. N’ayant pas grandi à une époque où leur culte était très présent, elle n’avait jamais véritablement vu ces divinités à l’œuvre : elle ne connaissait leur pouvoir et leurs exploits que par le biais des livres – rares, cependant – qu’elle avait pu trouver à travers la bibliothèque de son vieux précepteur. Plusieurs fois, elle avait tenté de descendre dans les ateliers Erlkönig, mais chaque fois, elle avait été arrêtée à mi-parcours : ou bien une célébration avait lieu dans la vaste nef, ou bien le noble Gaetano était-il apparu sur son chemin et l’avait-il subtilement reconduite vers le palais. 

Comme elle insistait et alléguait qu’elle resterait prudente et obéirait à son garde du corps si celui-ci identifiait la moindre menace, Ran finit par céder. Ravie, Li’Dawn entreprit immédiatement de rejoindre sa chambre pour enfiler quelque chose de plus seyant à ce qu’elle considérait déjà comme une expédition. Elle fut bientôt ralentie par l’absence de sa femme de chambre – malade, disait-on. Elle fit appeler la jeune Ruhe qui était déjà venue plusieurs fois l’habiller ; attendit, impatiente, que celle-ci rejoigne les étages supérieurs du palais et, sans se préoccuper de l’expression ravie et émerveillée de la domestique, lui donna plusieurs ordres concernant sa vêture et sa coiffure. 

Si Ruhe fut étonnée des habits et du maquillage extrêmement discret que la princesse arbora, elle n’en signifia rien et s’acquitta de la tâche qu’on lui avait donné. Bientôt, la princesse fut prête : vêtue relativement sobrement, elle se faufila dans les couloirs du palais à la suite de Ran.

– Aviez-vous un moyen de transport en tête, pour descendre aux quartiers de l’Horloge ? demanda le chevalier. 

– J’avais pensé à emprunter l’un des planeurs de la garde, avoua la princesse. 

Elle ignorait si l’idée était bonne, mais elle rêvait depuis longtemps d’emprunter l’un de ces véhicules. Elle n’aurait su dire si Ran accepta pour des raisons pratiques ou si il céda à un caprice d’une prudence toute relative. Il suffit à la princesse d’attendre sur l’une des terrasses à l’est du palais, là où l’on était peu susceptible de la voir escalader un planeur ; Ran ne tarda pas à la rejoindre, perché aux commandes du véhicule qu’il fit stationner légèrement en surplomb de la terrasse :

– Avez-vous besoin d’aide pour monter ? l’avisa-t-il.

La princesse secoua la tête, préférant que le chevalier ne lâche pas les manettes de contrôle. Quand elle fut à bord, elle s’accrocha au dos de son garde du corps et, alors qu’ils décollaient, elle observa le palais s’éloigner, la tour se préciser. Le vent fouettait son visage et ébouriffait ses longs cheveux clairs, bien que le dos de Ran la protégeât du gros des bourrasques. 

– Ça n’a pas été difficile d’emprunter le planeur ? cria-t-elle.

Ran dut demander à la jeune femme de répéter sa question. Lorsqu’il l’eut comprise, il secoua la tête :

– J’ai simplement eu à dire que je partais en patrouille autour de votre chambre.

Les gardes du palais étaient connus pour leur caractère badin, leur humour particulier et leur curiosité à toute épreuve ; s’approcher de leur quartier, c’était l’assurance d’entendre des rires et des échos de conversations criés à toute heure. Leur lieu de résidence était un endroit à part au sein du palais, sorte de caserne bruyante et pleine de vie où l’on trouvait toujours de quoi manger et sujet à rire. Ran aurait non seulement dû s’y sentir chez lui, mais surtout faire l’objet du respect de la part de ses pairs, car il était non seulement chevalier mais aussi garde du corps de la princesse héritière. Par un concours de circonstances, il avait sali l’honneur de sa famille qui, pourtant, servait la couronne depuis plusieurs générations ; depuis, ses anciens camarades le considéraient soit avec dédain, soit, tout bonnement, l’ignoraient. On le moquait souvent, le disait accroché aux jupes d’une femme qu’il était incapable de protéger, trop occupé qu’il était à se pomponner ou à boire du thé en bonne compagnie. Ran en éprouvait de la honte, mais regrettait bien davantage d'entacher l’honneur de la princesse que d’avoir perdu le sien. Li’Dawn avait partiellement connaissance de la situation de son chevalier, bien qu’elle n’en imaginât pas les véritables proportions. Elle s’efforçait toujours de le soutenir, lui évitait le plus souvent d’avoir à faire avec les autres gardes – mais elle participait aussi, de fait, à son exclusion. Au moins lui permettait-elle de vivre dans une sorte de cocon à l’écart du reste du palais, loin des rires et des insultes dont il était l’objet. 

En lui imposant ce voyage, cependant, elle l’avait obligé à se confronter aux autres gardes. Prise de remord, la princesse jeta un coup d’œil à son chevalier ; elle s’attendait à voir sur ses traits une moue peinée, mais elle ne trouva qu’un sourire ingénu et ravi : il volait. Comme une balle qui se répercute, l’émotion du chevalier réveilla celle de la princesse : elle ferma un instant les yeux, savourant la vitesse et l’attraction du vide qui les conduisait droit vers les nuages en contrebas. Lorsqu’ils furent à leur niveau, Ran redressa le planeur, et l’appareil flotta un instant sur la surface cotonneuse avant de s’y enfoncer lentement. De fines gouttelettes glissèrent sur leurs bras et leurs joues. Ran se passa plusieurs fois la main sur les yeux, mais davantage que l’humidité, c’était la vive lumière du soleil qui lui compliquait la tâche : elle se réverbérait, aveuglante, contre la surface vaporeuse du nuage. Heureusement, ils ne tardèrent pas à quitter sa masse blanche. De nouveau, la Tour envahit l’horizon, différente, cependant : la sobre architecture des quartiers des vents avait été remplacée par celle des quartiers de l’Horloge. Les colonnes et les esplanades étaient désormais des galeries soutenues par des arches en fer blanc ou noir qui s’enroulaient autour de l’édifice avant de fondre à l’intérieur telles de larges racines. 

Ran braqua vers l’une des galeries et s’y engouffra avant d'atterrir un peu plus loin, près d’autres planeurs. Le leur attirerait l’attention, marqué qu’il était des insignes impériales, mais la princesse espéra qu’on supposerait par là qu’une patrouille était en cours, quelque part, dans les galeries attenantes. 

Elle sauta du véhicule et épousseta ses vêtements encore humides. Ran ne tarda pas à la rejoindre, et elle lui emboîta le pas en direction du hall central. Comme la foule se densifiait, elle se mit à espérer que son accoutrement et son châle lui permettraient de passer inaperçue ; elle se rendit rapidement compte qu’elle s’était inquiétée pour rien : le quartier, très animé, lui offrait la meilleure des couvertures, car elle n’y était qu’un passant parmi tant d’autres, un simple visage auquel on ne prêtait nulle attention et qu’on s’empressait d’oublier. La princesse se détendit quelque peu. 

Le cœur de la Tour était traversé par un vaste puits reliant les différents étages. Des nacelles montaient et descendaient pour permettre la circulation des habitants, quant aux marchandises, elles étaient acheminées par le biais de petits canaux ou de rails circulaires sur lesquels filaient des chariots. Selon le quartier auquel l’on se trouvait, les bordures du puits étaient entourées tantôt de commerces ou d’habitations entassées les unes sur les autres, tantôt d’ateliers en tout genre – forges, industries, cordonneries –, de cafés et de restaurants. Des yeux, elle chercha la haute horloge surplombant l’étage ; elle la trouva, imposante et luisante sous les factices lumières qui flottaient un peu partout. Comme la princesse l’indiquait à son chevalier, celui-ci se dirigea dans sa direction.

Lorsqu’ils pénétrèrent à l’intérieur, il leur fallut quelques secondes pour se faire à la pénombre et à l’odeur pénétrante et sucrée du lieu : l’encens se mêlait à la fragrance des bougies qui brûlaient un peu partout dans la nef et flottait – fumée lourde et colorée – dans la lueur ténue des candélabres et des brasiers. Ramenant sa large manche sur son nez, la princesse se faufila vers les escaliers qui conduisaient vers les ateliers Erlkönig. Lentement, elle en escalada les marches, attentive au moindre bruit qui aurait pu provenir des étages supérieurs. Sur l’un des paliers, elle aperçut une bibliothèque étroite où avaient été entassés une quantité incroyable de vieux ouvrages. Curieuse, Li’Dawn s’avança et lut quelques uns des titres ; certains lui étaient familiers, d’autres parfaitement inconnus. Comme elle feuilletait quelques pages d’un livre abîmé par l’humidité, un bruit la fit sursauter : une latte qui craque suivie d’éclaboussures. Les muscles de Ran se tendirent tandis qu’il se rapprochait du pallier, aux aguets. Li’Dawn le suivit et jeta un œil vers les étages supérieurs. Les escaliers se perdaient dans l’obscurité, grimpaient vers des étages dénués de lumière d’où ne provenaient que des grincements et des clapotements.

Après avoir interrogé son chevalier du regard, la princesse posa son pied sur la première marche, puis, lentement, commença son ascension dans la pénombre ; se guidant au bruit, elle se rapprocha de sa provenance et finit par apercevoir, sur l’un des paliers, une lueur rougeâtre calfeutrée par une lourde tenture. Silencieusement, elle s’approcha et jeta un œil à l’intérieur. Au sein d’une vaste pièce ressemblant à un laboratoire, une femme lui tournait le dos. Ses cheveux clairs ramenés en un brouillon chignon tombaient en filaments fins sur son dos nus avant de s’enrouler sur le parquet sombre. Accroupie sur le sol, la main tendue, elle faisait fleurir de sa main des arborescences pourpres qui plongeaient ensuite dans une large cuve. Un liquide rouge en dégoulinait parfois. Soudain, une secousse sembla provenir de l’intérieur. La femme se redressa et resserra sa prise sur la chose qui, à l’intérieur, remuait. De son autre main, elle fit jaillir davantage de tiges violacés qui fondirent ensembles à l’intérieur de la cuve. Au bout de quelques secondes, la chose s’immobilisa, le temps sembla se suspendre, et avec lui le silence enfla, saisissant la princesse d’effroi. C’est alors qu’elle entendit quelqu’un inspirer profondément, comme après une longue apnée ; deux mains vinrent s’accrocher aux bords de la cuve, redressèrent un corps qui émergea, dégoulinant, les cheveux plaqués contre la nuque d’où gouttaient des filaments rouges sur sa peau grisâtre. Son profil se dessinait dans la pénombre, affichant une expression de détresse mêlée à de l’incompréhension. La femme lui épongea le front et plongea son regard dans le sien. Elle dut lui murmurer des mots rassurants, car la silhouette se calma peu à peu. Comme elle observait la pièce autour d’elle, cherchant ses marques, ses yeux croisèrent ceux de la princesse : ses deux orbites claires, trop claires, presque blanches, la considérèrent, écarquillés par la peur et la surprise. Li’Dawn recula immédiatement dans la pénombre, mais ses pas firent grincer le vieux parquet vermoulu.

Mue par le sentiment qu’elle venait de lever le voile sur un secret bien gardé, la princesse n’eut d’autre réflexe que de s’enfuir en hâte : suivie de son chevalier, elle descendit les escaliers à toute vitesse. Si elle entendit vaguement le bruit de pas derrière elle, ils ne s’aventurèrent pas beaucoup plus bas puis disparurent lorsque la princesse fut immergée dans la clameur du hall de l’Horloge. Comme elle reprenait son souffle, Li’Dawn considéra Ran qui, à ses côtés, scrutait leurs arrières. D’un simple regard, elle l’interrogea sur ce qu’ils venaient de voir. Le jeune homme secoua la tête :

– Retournons au planeur, conseilla-t-il.

Durant tout le trajet, l’image rémanente d’une silhouette surgissant des profondeurs de la mort vint hanter la princesse. Sans qu’elle ne puisse se l’expliquer, elle eut le sentiment que l’ordre des choses avait été transgressé sous ses yeux, et elle s’en sentait d’autant plus souillée que c’était sa propre curiosité qui l’avait conduite en ces lieux. Quand ils parvinrent au planeur, Ran posa une main sur son bras.

– J’ignore si votre mère est au courant. Mais ce qu’il se passe aux ateliers Erlkönig ne peut pas demeurer secret.

Trop consciente de cette vérité, Li’Dawn baissa davantage la tête : pour prévenir l’impératrice, il lui faudrait admettre qu’elle s’était éloignée du palais sans autorisation…

– Pensez-vous que Gaetano Erlkönig ait pu œuvrer dans l’ombre ? reprit Ran.

– Je ne sais pas. Je le sais très lié à ma mère, et je le crois fidèle à l’Empire. Mais c’est un homme très secret… Qu’as-tu compris, là-haut ? 

La princesse avait rarement senti à ce point la tension envahir son chevalier : s’il lui arrivait d’être méfiant ou inquiet, il n’avait jamais exprimé de franche terreur à l’égard d’une menace. Dans les ateliers, pourtant, Li’Dawn l’avait vu devenir livide. Comme s’il entamait un compte-rendu à son supérieur, Ran entreprit de relater le gros de ses impressions :

– Nous nous trouvions dans les ateliers Erlkönig. La femme qui nous tournait le dos était de fait très probablement Clavarina, l’Enfant de cette famille. Elle devait être en train d’employer sa magie, quand nous sommes arrivés. J’ignore comment, mais elle a ramené un mort à la vie. La silhouette, dans la cuve, c’était Kholia.

Comme des lucioles qui s’illuminent, ce nom se réverbéra dans l’esprit de la princesse. Tout ce qu’elle savait des Enfants lui apparut plus nettement ; des filaments relièrent certaines informations, tissant un réseau beaucoup plus parlant entre des images disparates. Elle était trop jeune lorsque le scandale de la rébellion avait éclaté, aussi n’avait-elle pas reconnu Kholia, l’Enfant des Dawnarya, qui s’était enfuie de la Tour il y avait de cela une dizaine d’années. On lui avait maintes fois conté son histoire, cependant : l’Enfant de la Tour, élevée aux côtés des autres académiciens, l’Enfant ingrate qui s’était rebellée contre l’Empire, qui avait réveillé la bête des Maart et commis bien des attentats avant d’être capturée et mise à mort. Depuis lors, nul n’avait réveillé de nouveaux Enfants. 

Aujourd’hui, pourtant, de tous ceux qui dormaient dans le ventre des statues des laboratoires Erlkönig, c’était Kholia qui avait été choisie. C’était absurde.

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Mentheàleau
Posté le 12/05/2024
J'aime beaucoup le style de l'écriture, cela évoque des images très vivantes. Les personnages commencent à se dessiner et l'histoire est de plus en plus prenante! Cela donne hâte pour la suite:)
Edouard PArle
Posté le 06/11/2023
Coucou Ozkscar !
Tes descriptions sont toujours très sympathiques. Cette fois-ci, on a directement le point de vue de la princesse. J'aime bien la dynamique qu'elle entretient avec son chevalier. Je trouve que pour l'instant les personnages et l'univers sont introduits tout en légèreté et c'est très agréable à suivre.
La fin du chapitre avec la découverte dans les ateliers est bien mystérieuse. On retrouve des prénoms importants de la version précédente. Le personnage de Kholia est très intriguant, je suis curieux de voir quel rôle elle a pu jouer dans le passé et quelles sont ses motivations.
Mes remarques :
"prit des notes et dessiné chaque aspect de la végétation" -> pris
"pour permettre la circulation des habitants, quant aux marchandises," point après habitants ?
Un plaisir,
A bientôt !
Ozskcar
Posté le 10/11/2023
Salut !

Je suis ravi que tu aies apprécié le chapitre, en particulier le point de vue de la princesse et la dynamique avec son chevalier. C'est un soulagement de savoir que l'introduction des personnages et de l'univers se fait de manière légère et agréable à suivre. Ce n'était pas vraiment le cas, dans la version précédente, et ça a été un sacré enjeu, de corriger tout ça. Mais au moins, ça fonctionne !

Merci également pour les corrections et tes retours constructifs. Ça me motive à continuer à améliorer l'histoire.

À bientôt !
Ozskcar
Posté le 10/11/2023
Salut !

Merci beaucoup pour tes retours positifs, remarques et corrections. Je vais rectifier les erreurs que tu as soulignées. C'est toujours utile d'avoir un regard extérieur pour repérer ces petites imperfections.

Je ne sais pas si tu te souviens de Kholia... J'ai un peu changé la façon dont elle était présentée. Et je lui ai donné un peu plus d'importance, pas seulement dans l'univers, mais dans la narration. J'espère que ça sera efficace.

A bientôt !
Ozskcar
Posté le 10/11/2023
... Je réponds deux fois, maintenant. Je me mélange les pinceaux, entre deux de tes commentaires. Désolé. x)
Edouard PArle
Posté le 11/11/2023
Oui ça se voit que tu as bossé l'introduction, elle est vachement mieux que dans la 1ère version !
MrOriendo
Posté le 31/10/2023
Hello Ozskcar !

Voilà un chapitre qui amène bien des mystères et autant de questionnements.
Déjà, j'aime toujours autant ta plume et tes descriptions, notamment celles du planeur dans le vent et du quartier de l'Horloge.
La scène à l'intérieur des atelier Erlkonïg a quelque chose de malaisant pour le lecteur, ce qui montre que tu l'as très bien réussie. Pour le coup, le "rapport" de Ran m'a beaucoup surpris ; je ne m'attendais pas du tout à ce qu'il s'agisse de Clavarina ramenant Kholia à la vie.
De toute évidence, cette Kholia a fait des choses atroces et pourrait recommencer. Ce qui me pousse forcément à me demander : Clavarina, qui semblait après ton premier chapitre être l'héroïne de l'histoire, ne serait-elle pas plutôt l'une des antagonistes ? Quid de tous ces Enfants "qui dormaient dans le ventre des statues des laboratoires" ?

Tout cela est très mystérieux, et je me demande vraiment dans quelle direction ton histoire va partir. En tout cas, à l'heure actuelle, elle ne ressemble à rien de ce que j'ai pu lire par le passé, et c'est très rafraichissant.

Au plaisir,
Ori'
Ozskcar
Posté le 10/11/2023
Salut Ori',

Je suis ravi que le chapitre ait réussi à susciter ton intérêt.

Quant à la perception des personnages, ta réflexion sur Clavarina est intrigante. Je ne m'étais pas vraiment attendu à ce qu'on la voit comme une antagoniste... Mais c'est vrai que, dans ce second jet, j'ai mis un peu de temps à développer ses motivations. Si ça peut te rassurer, j'ai essayé de ne pas avoir de véritable antagoniste, dans cette historie. Chaque personnage a son caractère, ses objectifs, et même s'il leur arrive d'être en désaccord, j'essaie de ne pas créer une histoire manichéenne.

Je suis heureux que l'histoire prenne une direction inattendue et rafraîchissante à tes yeux. C'est un sacré compliment et il me fait vraiment plaisir !

Merci encore pour tes retours détaillés et constructifs. À bientôt !

Ozskcar
Lauraline Aday
Posté le 10/08/2023
J'ai trouvé ce chapitre dynamique et palpitant ! Le passage dans les ateliers est très réussi et m'a fait une forte impression !

Je me permets de te suggérer quelques corrections :

s’acquitta de la tâche qu’on lui avait donné >> donnée


J’avais pensé à emprunter >>
À mon avis il faudrait plutôt écrire : "je pensais emprunter" ...

"Ran aurait non seulement dû s’y sentir chez lui, mais surtout faire l’objet du respect de la part de ses pairs, car il était non seulement chevalier mais aussi garde du corps de la princesse héritière" >>> il y a une répétion de "non seulement" qui a tendance à alourdir la phrase.

tiges violacés >>> violacées

Voilà c'est tout ce que je trouve à redire sur ce chapitre !
Ozskcar
Posté le 11/08/2023
Hello !

Oh ! Merci beaucoup pour ton retour. J'ai vraiment fait de mon mieux avec l'ambiance de l'atelier, je suis donc soulagé que la scène fonctionne.

Je prends note de tes corrections ! C'est gentil d'avoir pris le temps de me les noter.

A bientôt !
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