Quelle heure est-il...
Olivia se frotta les tempes : elle avait une migraine épouvantable. La lumière filtrait à travers ses paupières closes en grosses paillettes pourpres. Elle s'étira péniblement, gênée par l’inconfort de sa position. Le sol était froid, trop dur, gravillonneux. Elle prit subitement conscience ne se trouver ni chez Max, ni chez ses parents, tandis qu’un courant d'air frais lui chatouillait le visage. Elle avait donc dormi dehors.
Atterrée, Olivia ouvrit les yeux, persuadée de découvrir quelques passants au regard narquois. Elle avait la gorge enflée comme après une nuit d’excès et ses vêtements lui collaient désagréablement à la peau. Dans quel état elle devait être…
Les rayons du soleil, pourtant timides, l'aveuglèrent. Elle poussa un grognement sourd, ayant la sensation douloureuse de bulles d’air s’agglutinant sous son crâne et explosant une à une sous la pression du sang. Son corps était étendu au milieu d'un sentier en terre battue qui formait une courbe, bordé de part d'autre par une forêt épaisse. Elle cilla plusieurs fois, complètement désorientée et sentit monter en elle un début de panique.
Elle avait marché… Oui elle rentrait à la maison. Max… c’était fini.
Olivia s’assit, tentant de rassembler ses pensées. Son estomac se noua au fur et mesure qu'elle se remémorait la façon dont son petit ami l’avait rejetée. Et d’avoir songé à en finir à cause de lui ! Mais quelle idiote ! Elle secoua doucement la tête : ce n'était pas le moment de s'y attarder. Il lui fallait trouver une explication rationnelle à sa présence au milieu de ce chemin. Quel était donc cet endroit? Selon toute vraisemblance, il devait s’agir du parc des Gayeulles, au Nord-Est de Rennes, même si dans son souvenir la végétation y était beaucoup moins dense. Avait-elle bu jusqu’au black out ? L’avait-on droguée ?
Les hypothèses les plus folles se bousculaient dans son esprit sans qu’elle ne parvienne à se raccrocher au moindre souvenir datant des dix dernières heures. C’était le trou noir.
Olivia gémit tout en se massant la racine du nez. Autant se concentrer sur le plus important : trouver le moyen de se rendre à la boucherie, située à l’autre bout de la ville. Elle était sûrement déjà extrêmement en retard à son travail et son père allait se faire un plaisir de lui exprimer tout le poids de son mécontentement. Il n’était de toute façon jamais satisfait, quoi qu’elle fasse.
L’humeur encore affectée par les évènements de la veille, Olivia songea alors à quel point son quotidien était terne. L'une après l'autre ses journées se ressemblaient, incolores. Personne qui ne lui témoignât de l’affection et pas un seul ami à qui elle puisse se confier. Si elle continuait à respirer, c'était davantage par réflexe que par envie.
Elle s’épousseta les manches avec vigueur, comme pour chasser ses idées noires. Ses yeux devinrent humides : cette brusque marque d’émotivité la décontenança.
— Ce n’est pas le moment de se mettre à pleurer, renifla-t-elle.
Elle ne versait jamais de larmes, habituellement. Une digue s’était effondrée. Ses parents s’étaient toujours fermement opposés à ce qu’elle consomme des antidépresseurs, mais il lui faudrait sans doute l’envisager dans un proche avenir. Son mal de tête s’estompait, c’était déjà ça.
Au moment où elle se relevait, Olivia sentit une présence dans son dos : elle n’eut pas le temps de se retourner.
— Meurs !!!
Une masse de cheveux roux se jeta sur elle en hurlant. Elles roulèrent à terre, Olivia se retrouva plaquée au sol, le souffle coupé. Elle failli tourner de l’œil en apercevant la lame brillante d’un sabre dirigée tout contre son cou.
— Arrête !
C’était sorti très vite, dans une sorte de couinement suraigüe.
La boule orange bondit en arrière. C’était une jeune femme de taille moyenne, vêtue d’une espèce de poncho bariolé, sous lequel dépassaient deux petites sacoches. Les sourcils froncés, elle la fixait - interloquée.
Olivia ne voyait que l’arme pointée dans sa direction. Elle se remit debout aussi rapidement qu’elle le put, faisant voler un nuage de poussière. Son cœur battait à tout rompre.
— Qu’est ce qui te prend ? hurla-t-elle sous le coup de la panique. T’es complètement folle ou quoi ?! T’aurais pu me blesser !
— Qui es-tu ?
— Pose ça par terre ! répliqua Olivia, le regard toujours rivé sur la lame.
— Qui es-tu ? L’agresseuse s’était rapprochée, menaçante.
Olivia sentit ses jambes flageoler : elle doutait fortement que ses muscles réduits à l’état de guimauve ne lui soient d’une quelconque utilité si elle tentait de fuir en courant. Elle déglutit.
— Je m’appelle Olivia Mahe, d’accord ? Je…je ne te veux rien de mal. S’il te plait, pose ce sabre.
La rousse l’étudiait avec les deux poignards qui lui faisaient office d’yeux. Elle sembla se détendre et rangea son arme dans un fourreau accroché à la ceinture de son pantalon. Olivia recommença à respirer. Mais la sauvageonne ne la laissa pas reprendre ses esprits : comme piquée par un insecte, elle lui saisit le bras et l’entraina violemment vers la forêt.
— Lâche-moi !
— A terre, vite !
Pour lui couper toute possibilité de se débattre, la folle lui empoigna les cheveux, se jetant avec elle sur le tapis de fougères et de ronces. Olivia étouffa un cri de douleur. Ainsi cachées par la végétation, elles étaient difficilement visibles du chemin.
— J’ai…
— Ferme-la ! Ils arrivent.
L’appréhension de l’inconnue contrastait trop avec l’agressivité dont elle avait fait preuve une seconde plus tôt. C’était communicatif. Olivia enfoui instinctivement le visage au creux de ses mains, apeurée. La situation était surréaliste. Elle entendit le bruit caractéristique de chevaux foulant la voie de leurs sabots, à l’évidence nombreux. Pourquoi la rousse les craignait-elle ?
Les deux femmes restèrent allongées à plat ventre quelques minutes qui semblèrent peser une éternité. Secouée, Olivia n’osait pas faire un mouvement, malgré les épines qui lui rentraient dans la peau.
Soudain, la rousse se mit à ramper en direction du sentier, à présent désert. Cachée sous le feuillage touffu d’un buisson, elle observa attentivement les alentours puis fit signe à Olivia de la suivre.
— Je suis Tilma Oclamel, déclara-t-elle une fois sur ses deux pieds. Du clan Fara.
La précision semblait avoir toute son importance.
Occupée à retirer une à une les épines fichées dans ses vêtements, Olivia réfléchit prudemment à sa réponse. Tilma l’observait avec un regard d’une étrange intensité : son sabre se balançait doucement à son flanc, rappelant si nécessaire qu’elle constituait toujours un danger. Olivia s’en voulut de ne pas avoir manifesté sa présence auprès du groupe de cavaliers, une aide n’aurait pas été de trop. Elle pensa qu’il valait mieux faire semblant de considérer cette folle comme saine d’esprit, et parvint à bégayer :
— Tilma (l’intéressée afficha une expression indignée à l’énoncé de son propre prénom), heu…merci. Ecoute, il faut absolument que je me rende au quartier Sud Gare, je suis en retard à mon travail.
Reprenant un peu d’assurance, Olivia continua sur le ton avec lequel elle se serait adressée à une enfant :
— Je ne sais pas comment j’ai atterri ici et je suis perdue, tu comprends ? articula-t-elle exagérément, Est-ce que tu peux m’aider, m’indiquer quelle direction prendre ?
— Je-ne-con-nais pas de lieu du nom de Sudgar, répondit Tilma en l’imitant.
— Comme s’appelle l’endroit où nous nous trouvons ?
— Je n’en sais rien.
Olivia se gratta la tête. Décidément Tilma Oclamel était complètement dérangée.
— Ça ne fait rien, je vais me débrouiller. A une prochaine peut-être !
Rassemblant son courage et tout en lui adressant un petit signe d’au revoir, Olivia fit quelques pas dans la direction opposée de celle prise par les cavaliers. Au cas où la rousse s’imaginerait qu’elle chercherait à les rejoindre.
— Où as-tu appris la langue des Fara ?
Olivia marqua un arrêt. Ça n’allait sans doute pas être aussi simple de s’en débarrasser.
— Je ne connais pas cette langue.
— Ne te moque pas de moi.
— Je te dis la vérité. Je ne savais même pas qu’une langue avec un nom pareil existe.
— Mahe, tu es en train de me parler en Fara !
Olivia se retint d’exprimer l’étendue de son exaspération :
— Mais non, qu’est-ce que tu racontes… Il faut vraiment que je parte là, si ça ne t’ennuie pas.
Un bruit de lame fendit l’atmosphère.
— Tu ne t’en vas nulle part, dit Tilma d’une voix calme. Je te fais prisonnière. Si tu essaies de t’échapper, je te tuerai.
Effarée, Olivia regarda Tilma faire un mouvement à la fois gracieux et terriblement effrayant avec son sabre. Elle sut intimement qu’elle ne plaisantait pas. Serrant les poings de dépit, elle considéra un instant le grotesque de sa situation et sa totale impuissance. Les arbres feuillus qui les entouraient semblèrent les emprisonner dans un silence pesant.
Ce n’est qu’une question de temps, se rassura-t-elle.
Les deux femmes finiraient forcément par croiser des gens, les secours seraient prévenus… et Olivia aurait une excellente excuse pour justifier son absence au travail. Elle se raccrocha à ce scénario, pleine d’espoir : il allait seulement falloir se montrer patiente.
— C’est bon j’ai compris ! répondit-elle sèchement.
Tilma esquissa un sourire. La soudaine combativité d’Olivia semblait l’amuser. Elle se dirigea vers un buisson et en sortit un sac aux couleurs passées.
— Eh ! Mais c’est à moi !
— Très juste. J’espère que tu ne comptais pas sur moi pour le porter ?
Olivia rattrapa le bagage lancé droit sur elle et faillit s’écrouler sous son poids. Elle commençait à être tout à fait sur les nerfs, avec la sensation de n’avoir plus aucune prise sur les évènements. Elle s’était réveillée au milieu de nulle part, sans souvenirs, et comme si cela ne suffisait pas, elle était tombée sur une démente armée jusqu’aux dents.
Elles se mirent en route. Tilma - bien qu’elle-même chargée - marchait d’un bon pas et avait manifestement l’habitude de parcourir de longues distances à pied. Olivia se trainait tant bien que mal derrière elle, maudissant son sort à chaque seconde. Sa peau lui démangeait, conséquence des égratignures et de la moiteur malodorante de sa transpiration. Elle avait eu un instant de fébrilité, pendant lequel elle s’était soudainement rappelé de la présence de son téléphone portable dans le fond sa poche. En prenant discrètement l’objet en main cependant, elle n’avait pu que constater, désabusée, l’absence de batterie.
Cela faisait déjà au moins deux bonnes heures que l’insolite duo crapahutait sur le chemin de terre, sans échanger un mot. Le paysage ne variait pas : la masse imposante des arbres jaillissait d’une végétation désordonnée et broussailleuse, d’où s’échappaient des gazouillements d’oiseaux. L’odeur vinaigrée de feuilles mortes et d’écorce humide taquinait gentiment les narines. Le désarroi d’Olivia allait croissant : le parc des Gayeulles ne s’étendait pas sur une telle superficie, s’agissait-il alors de la forêt de Liffré… ou, hypothèse la plus folle, de Brocéliande ?
Au signal de Tilma, les deux jeunes femmes s’étaient une seconde fois précipitées se cacher dans la forêt. En entendant de nouveau des cavaliers, Olivia avait imaginé courir à leur rencontre. Mais à peine avait-elle fait mine d’esquisser un mouvement qu’elle avait senti un métal froid lui caresser sa clavicule : Tilma avait dégainé son sabre en une fraction de seconde et penchait ironiquement la tête : N’y pense même pas, Mahe. L’avertissement était clair.
Après cet échec, Olivia se résigna à attendre un moment plus favorable. A force de marcher, la douleur irradiait de ses jambes jusqu’aux épaules, avec une pointe dans le bas de son dos. Ses pieds s’échauffaient dans l’enveloppe spongieuse et rêche de ses chaussettes. Olivia serrait les dents : elle s’était rarement sentie aussi sale, vêtue de ses fripes de la veille. Ses cheveux châtains tombaient en mèches grasses sur son front et son haleine exhalait des relents de lait tourné. Pourtant, son esprit restait étonnamment clair et alerte, mu par une force aussi nouvelle qu’inattendue. Cette énergie agissait comme une seconde colonne vertébrale et elle supportait cette marche-torture avec un courage qui lui ressemblait peu.
Elle avait commencé à percevoir des murmures autour d’elle, portés par le vent. Bizarrement, ces bruits sonnaient comme vaguement familier et l’apaisaient plus qu’ils ne l’inquiétaient.
Olivia s’arrêta brusquement. Presque simultanément, Tilma fit volte face, une lueur inquiétante dans ses iris marron dorés.
— On ne pourrait pas faire une pause ? Je n’en peux plus !
— Très bien ma belle. Mais pas d’entourloupe, je te surveille.
Elles s’assirent. Tilma lui tendit une gourde souple en peau, à laquelle Olivia, assoiffée, porta avidement ses lèvres. Le liquide lui brûla la gorge : c’était à la fois frais et légèrement amer.
Elle prit la décision de questionner sa ravisseuse :
— Où est-ce qu’on va ?
— Je ne peux pas te le dire.
— Pourquoi ? Tu as peur que je le répète à quelqu’un d’autre ? rétorqua Olivia, sarcastique.
— Exactement.
— Je te jure que je ne dirais rien. Même sous la torture !
Tilma, très sérieuse, tentait visiblement de juger jusqu’à quel stade elle pouvait lui faire confiance.
— Tsss, de toute façon, tu n’es pas dangereuse. Tu as intérêt à garder pour toi ce que je vais te dire, Mahe. Si tu me trahis, je t’assure que tu préféreras cent fois mourir que de te retrouver face à moi.
— Pourquoi tu te sens obligée de me menacer… je ne suis pas en position de te faire quoi que ce soit en ce moment, que je sache.
— Oui…effectivement, ricana Tilma, appuyant à quel point elle la trouvait faible.
— Alors ? l’ignora Olivia, où va-t-on ?
— Je ne sais pas précisément. Un contact sûr m’a conseillé de me rendre au sud-est de la forêt Halda. Apparemment c’est l’un des endroits où la Résistance recrute.
Tilma Oclamel semblait soulagée d’avoir partagé son grand secret. Olivia n’en avait cure.
— La forêt Halda ? ça se trouve où en Bretagne ? Et c’est quoi cette histoire de Résistance ?
— Franchement, tu ne réalises sans doute pas à quel point tu as eu de la chance d’être tombée sur moi. Je vais t’expliquer comment sont les choses ici, d’accord ? Ecoute-moi attentivement car je ne me répéterais pas, Mahe.
— Je suis tout ouï, Oclamel.
Olivia ne se rappelait pas avoir fait preuve d’autant d’aplomb dans sa courte vie. Elle ne supportait pas la manière qu’avait Tilma de l’appeler par son nom de famille. Elle avait donc pris soin d’insister sur Oclamel. Ce que cette dernière ne releva pas, toute occupée à dérouler son récit :
— Tu te trouves dans l’Empire du Luft. Ou plutôt devrai-je dire sous la dictature de l’Empereur illégitime Karza Etcho, du clan Etcho. Ici, tu dois faire attention à tout ce que tu dis, tu m’as entendu ? Tu pourrais perdre la vie avant même d’avoir eu le temps de t’en rendre compte. Depuis sa prise de pouvoir il y a plus de vingt ans, Karza a brisé les accords entre clans qui garantissaient l’harmonie dans l’Empire depuis des temps immémoriaux. La guerre a fait rage ces deux dernières décennies, des clans entiers ont été décimés de façon atroce.
Sa voix s’éteignit. Olivia lui fit signe de continuer. Elle était fascinée (même si elle s’en serait défendue) par la conviction que mettait Tilma à raconter son histoire. La folie avait transformée ce qui aurait pu être un conte pour enfant en une réalité fantastique.
— Karza veut régner en maître absolu sur le Luft. Il a massacré sa propre famille, Mahe, il n’a de pitié pour personne ! Une fois qu’il contrôlera tout l’Empire, il le modèlera à son image, et plus un seul clan n’osera défier son autorité. Tant qu’il vivra, nous ne connaitrons jamais la paix.
Elle fit une pause. Ses traits se durcirent.
— Il essayera sans doute de conquérir les royaumes voisins, sacrifiera ses sujets à cette folie, qui sait ? Karza Etcho ne connaît pas de limites : il est cruel, ambitieux et malheureusement pour nous, il a toujours fait preuve d’un génie militaire hors norme. Il y a cependant encore beaucoup de Lufzans qui luttent contre lui. Des survivants, ou bien des hommes et des femmes qui veulent retrouver la douceur d’antan. En assemblant nos forces, en forgeant de nouvelles alliances entre clans, nous pourrions le vaincre et je ne suis pas la seule à le croire ! Une rumeur dit que les neveux de Karza Etcho sont de retour d’exil. Ils ont l’âge et la légitimité pour rassembler autour d’eux et lever une armée suffisamment puissante pour défaire celle de l’Empereur. C’est mon destin d’en faire partie : je suis prête à donner ma vie pour la liberté de mon peuple et l’honneur de mon clan.
Olivia avait peine à croire qu’il soit possible d’inventer une histoire pareille. Tilma était habitée par son discours, tellement persuadée de la réalité de ce soi-disant Luft…
— Je ne vois pas en quoi tout cela me concerne.
Tilma la regarda comme si elle venait de dire la chose la plus stupide qui soit.
— Mahe, tu ne réalises pas ce que tu dis. Je suis presque certaine que tu as le don de la grande compréhension. Tu m’as parlé dans un dialecte que très peu de gens connaissent. Seuls les membres du clan Fara, en réalité, ou du moins ce qu’il en reste.
Tilma déglutit, visiblement troublée :
— Et crois moi, j’aurais su si tu étais des nôtres.
L’émotion la rendait touchante. Elle était jolie à sa manière, une beauté sauvage et piquante, avec sa crinière rousse éclatée en corolle autour de son visage rond et ses traits espiègles. Elle avait fini de parler et balaya d’un revers de main les nombreuses questions qui se bousculaient sur les lèvres d’Olivia.
— Allez, on y va ! Si tout se passe bien, dans deux jours nous aurons atteint notre but !
Notre but ? Cela promettait d’être de pire en pire.
Le reste de la marche – Olivia l’évalua à quatre heures environ – fut tout aussi éprouvante. Elle peinait à suivre le rythme imposé par Tilma et souffrait d’ampoules aux pieds. Des nuages pareils à de gros galets gris projetaient leurs ombres du ciel humide. Olivia s’exhortait au calme, cherchant désespérément des indices sur sa localisation. Certes, ce temps changeant était typiquement Breton… mais ce n’était gage de rien. Olivia avait beau ouvrir les yeux et tendre l’oreille, elle n’avait repéré aucun signe de vie humaine. Pas de pictogrammes de randonnée peints sur les troncs ni de panneaux de signalisation quelconques. Pas un seul déchet (une bouteille en plastique abandonnés dans le fossé lui aurait suffi) ou de bruit de moteur indiquant la proximité d’une route bétonnée. Rien que la nature sauvage… Et toujours ces drôles de murmures portés par la brise.
— Tu entends ça ? finit-elle pas demander.
— Quoi ?
— Ces bruits…on dirait que quelqu’un meure…heu… chante.
Soudain alerte, Tilma observa attentivement la végétation autour d’elle. Elle resta silencieuse un moment, à l’affut du plus petit bruissement de feuille. Elle évoquait l’image d’un félin aux yeux jaunes, tendu, prêt à bondir sur sa proie. Sa façon de marcher, légère et feutrée, n’était d’ailleurs pas sans rappeler la démarche d’un prédateur. Olivia se fit la réflexion qu’elle ne devrait rien laisser au hasard si toutefois elle parvenait à lui fausser compagnie.
— Je crois que ces sons viennent de ton imagination, décréta Tilma.
Elle leva un sourcil, railleuse :
— Dis-moi, ce n’était pas une excuse pour faire une deuxième pause ? Mademoiselle est déjà fatiguée ?
Olivia saisit la perche. Il lui paraissait tout à coup insupportable de passer pour une affabulatrice auprès d’une folle persuadée de vivre dans le Monde de Narnia. Un comble.
— Tu as peut-être l’habitude de randonner, mais il se trouve que ce n’est pas mon cas. J’ai les pieds en sang, je suis fatiguée, j’ai faim et devine quoi, j’aimerais bien rentrer chez moi !
Sa voix lui échappa et se termina sur un ravalement de sanglot. Mais qu’avait-elle donc fait pour mériter une journée pareille ! Elle aurait donné cher ne serait-ce que pour dormir, elle ne demandait rien d’autre. Dormir...et qu’on lui fiche la paix.
L’expression de Tilma s’adoucie devant sa tirade désespérée. Elle pinça ses lèvres, bras croisés :
— D’accord Mahe, nous sommes peut-être parties du mauvais pied. Sans jeu de mot, ajoute-t-elle avec un sourire moqueur. Nous monterons le camp ici pour cette nuit et j’essayerais de t’en apprendre d’avantage, pour ce qui te concerne.
Elles s’enfoncèrent dans la forêt. Tilma se mit en quête d’un endroit suffisamment couvert où elles pourraient s’installer confortablement et parler sans être audibles du chemin. Elle cherchait aussi la proximité d’un point d’eau, indispensable pour la cuisine et les ablutions :
— J’ai des pâtes pour le dîner, précisa-t-elle, c’est très consistant. Nous serons vite rassasiées, tu verras.
Tilma ne possédait qu’une seule couverture mais elle assura qu’en se serrant un peu elles dormiraient très bien.
— C’est même une chance que d’être deux, on se réchauffera mutuellement. Les nuits sont fraîches en ce moment, il faut faire attention.
Faire attention à quoi ? Olivia n’en avait pas la moindre idée. Elle écoutait passivement, attendant le moment où elle pourrait enfin s’asseoir et retirer ses chaussures. C’était sans compter tous les tâches que Tilma lui réservait : elles ramassèrent du bois qu’elles assemblèrent et fixèrent entre deux branches. En recouvrant l’édifice de feuillage, elles formèrent un petit abri, tout juste suffisant pour protéger la partie supérieure de leurs corps en cas de pluie. Olivia fut également chargée de remplir des gourdes d’eau. En d’autres circonstances, elle aurait probablement apprécié participer à toutes ces activités : elle avait dû aider à la boucherie tous les étés et n’avait jamais eu l’occasion de partir en camp de vacances. Elle découvrait ainsi avec intérêt les techniques de survie en pleine nature : Tilma avait l’air d’avoir vécu en Robinson Crusoé toute sa vie.
Olivia gardait cependant la désagréable sensation d’être observée en permanence. Sa ravisseuse ne la lâchait jamais du regard et c’est à peine si elle la laissa s’éloigner pour se soulager derrière un arbre.
— N’essaie pas de courir Mahe, je te rattraperais en moins de temps qu’il en faut pour le dire, rajouta-t-elle au cas où, obtenant un sifflement ulcéré en guise de réponse.
Lorsqu’Olivia la rejoignit, les jambes raidies par l’exercice de la journée et les pieds si douloureux qu’elle en boitillait, Tilma était en train de s’attaquer au feu. Elle avait monté un petit tas de brindilles. Accroupie par terre, elle sortit deux magnifiques pierres rouges de sa besace.
— Elles sont belles, remarqua Olivia…ce sont des rubis ?
— Je ne connais pas leur nom savant. Chez moi, nous avons toujours appelé ça des pierres à feu.
— Ah…et tu comptes allumer un feu avec ? ne put s’empêcher d’ironiser Olivia.
Sans chercher à gagner la sympathie de Tilma, elle espérant endormir sa vigilance par une attitude naturelle, sinon ouverte. Malgré la fatigue et la lassitude physique, rien n’entachait sa volonté farouche d’échapper à sa ravisseuse, ses pensées convergeaient toutes vers ce seul et unique objectif. Si seulement cette folle n’avait pas été armée !
Lili n’avait jamais été amenée à se battre de sa vie, mais elle envisageait toues les options, dont celle d’en découdre si l’occsion se présentait. Elle avait du mal à considérer Tilma comme réellement dangereuse, sans doute à cause de son âge et de la façon dont elle se comportait, assez normale si elle mettait de côté son délire de Résistance. C’était surtout le sabre qui lui faisait peur : Tilma lui avait semblé stable jusqu’à maintenant, mais elle pouvait toujours l’attaquer sans préavis.
Pendant qu’elle ruminait tout ceci, pensive, Tilma s’était mise à frotter les deux pierres l’une contre l’autre. Olivia eu juste le temps d’entrapercevoir quelques étincelles avant que les brindilles ne s’enflamment. Elle ouvrit de grands yeux ronds.
Impossible !
— Tu ne devrais pas te montrer si sûre de toi, Mahe. Tu as beaucoup de choses à apprendre.
Experte, Tilma eut tôt fait d’obtenir de jolies braises. Elle avait disposé quelques pierres autour du feu pour caler une gamelle en fer remplie d’eau et attendait patiemment l’ébullition pour y plonger ses pâtes.
Olivia, assise à même le sol humide, ouvrit son sac pour en faire l’inventaire rapide. Il lui fallait s’alléger un maximum, ne garder que le strict nécessaire. Elle constata avec soulagement la présence de quelques changes et de sa trousse de toilette. Avoir la possibilité de se débarbouiller et garder une figure présentable lui semblait indispensable au cas où elle croiserait des promeneurs susceptibles de l’aider. On ne convainquait personne avec une apparence hirsute, surtout avec une histoire aussi rocambolesque que la sienne. Elle aperçut soudain un bout de métal irisé : ses couteaux.
Olivia referma son sac d’un coup sec. Ce fut comme un déclic : elle avait un moyen de se déffendre, il ne lui restait plus qu’à réfléchir à un plan. Elle était tellement excitée et stressée à cette idée qu’elle prit machinalement une cigarette. Elle n’avait même pas songé à fumer depuis le début de ses déboires.
— Qu’est-ce que c’est ?! s’écria Tilma en sortant simultanément son sabre de son fourreau.
Olivia rattrapa sa cigarette tombée à terre sous l’effet de surprise.
— Eh du calme, ce n’est qu’une clope !
— Une - quoi ?
— Ça se fume, regarde.
Olivia sortie un briquet de sa poche et l’alluma. Tilma était dorénavant bien plus intriguée par le briquet, bien qu’elle s’efforçât de masquer sa curiosité.
— Comment fonctionne cet objet ?
— Avec du gaz.
— Ah…, répondit-elle, manifestement pas convaincue.
Olivia aspira de longues bouffées, l’esprit en ébullition. Lorsqu’elle eut terminé, Tilma lui tendit une cuillère et un bol de pâtes. Celles-ci avaient vaguement l’aspect de nouilles japonaises au sarrasin, le tout était complètement agglutiné. Olivia considéra son repas, circonspecte.
— Tu n’es pas obligé de faire une tête pareille, marmonna Tilma, la moue vexée.
Olivia avait si faim qu’elle aurait de toute façon pu manger n’importe quoi : c’était à se demander par quel miracle elle ne s’était pas évanouie d’hypoglycémie durant la journée. Après avoir écrasé son mégot, elle s’offrit prudemment une première bouchée.
— Oh, fit-elle agréablement surprise, c’est bon.
Le goût ne rappelait pas celui de pâtes ordinaires. C’était sucré. Olivia avala rapidement son repas puis alluma une seconde cigarette.
— Pourquoi est-ce que tu me retiens avec toi ? dit-elle pour rompre le silence. Je te ralentis et je ne sais rien faire qui puisse t’aider. Si c’est une question d’argent tu sais, on peut s’arranger. Aide-moi à rentrer à Rennes et je te promets de te donner tout ce que j’ai sur mon compte bancaire.
Ce qui, pour être honnête, ne représentait pas grand-chose. Olivia se dit qu’elle n’avait rien à perdre en tentant un coup de bluff. Elle aviserait une fois de retour à Rennes. Tilma ne répondit pas immédiatement. Elle fixa Olivia avec une expression étrange, pleine de compassion.
— Tu ne m’as pas crue tout à l’heure, pas vrai Mahe ?
— Euh…si, bien sûr.
— D’un côté, j’imagine que ça ne doit pas être facile pour toi. Je ne sais pas comment je réagirais à ta place… Est-ce que je peux te poser une question ?
— Oui ?
— Comment as-tu atterri là où je t’ai trouvée ce matin ?
Il y eut un silence. Olivia gigota, mal à l’aise. Elle était consciente que son récit ne tenait pas debout.
— Je ne sais pas, avoua-t-elle finalement. Mon dernier souvenir remonte à hier soir. Je rentrais chez moi à pied et puis…je crois avoir perdu connaissance. Quand je me suis réveillée, j’étais au milieu du chemin. Ensuite, tu m’as attaquée !
Elle avait dit sa dernière phrase avec plus de hargne qu’elle ne l’aurait voulu, ce qui fit sourire Tilma :
— Si je comprends bien tu t’es téléportée d’un endroit à un autre.
— Bien sûr que non ! Quelqu’un a dû m’abandonner ici, sans doute pour me faire une blague… c’est le plus probable.
— Ou alors tu as toi-même, d’une manière ou d’une autre, réussi à passer d’un monde à un autre.
— Pff, arrête.
— Ecoute, tu es sans doute persuadée que je suis cinglée et que je te raconte n’importe quoi mais je t’ai dit la vérité. Tu te trouves dans l’Empire du Luft, Olivia Mahe. Il n’y a jamais eu de ville du nom de Rennes ici. Plus vite tu l’admettras et mieux ce sera pour toi.
Olivia serra les dents. A quoi bon discuter avec cette fille, cette folle à lier !
— Même si tu refuses de me croire, la réalité finira par s’imposer à toi. Sache que les Empereurs Lufzans épousent des femmes Ivy, issues d’un autre monde que le nôtre. Toutes les Impératrices ont le pouvoir de grande compréhension : elles sont capables de parler et comprendre toutes les langues. Et tu possèdes ce don, Mahe.
Le sujet semblait revêtir une importance capitale pour Tilma.
— Karza Etcho n’a eu qu’un seul enfant, qui est mort à sa naissance. Il est possible que tu sois celle qui lui était destinée… évidemment je ne fais là qu’une hypothèse car le cas ne s’est jamais produit au cours de notre histoire millénaire.
— Je ne vois pas ce qui te fait croire que je maîtrise plusieurs langues. Je parle à peine trois mots d’anglais, sans parler de l’allemand.
— Je t’ai testée tout à l’heure à ton insu. Je t’ai parlé en Lufzan et puis dans mon propre dialecte. Tu as basculé d’une langue à l’autre de manière tout à fait naturelle. J’avoue que ça m’a impressionnée.
— Ça n’a pas de sens, enfin ! s’entêta Olivia. Réfléchi : en admettant que je sois bilingue, comment se fait-il que je ne m’en rende pas compte moi-même ?
La rouquine prit un air songeur. Olivia réalisa qu’elle avait dû s’interroger à ce sujet toute l’après-midi. Sa démence allait bien au-delà de ce qu’elle aurait pu imaginer.
— Je me suis aussi posée la question. Pour être honnête, je ne suis pas très au fait de tout ce qui concerne le clan impérial. Ça ne m’intéressait pas étant plus jeune et j’étais nulle en histoire du Luft.
Tilma but une gorgée de sa drôle de boisson. Elle en offrit à Olivia qui accepta avec gratitude, avant de continuer :
— Une chose est sûre Mahe, c’est que tu vas devoir trouver un moyen de contrôler ce don. Certains dialecte sont rares ; un seul mot et tu te ferais repérer immédiatement. J’essaierais de t’aider. Je n’ai pas la moindre idée sur la façon de procéder, cependant.
— Même si c’était vrai, pourquoi devrais-je me cacher ?
Olivia ne cherchait là qu’à l’irriter. L’assurance de cette fille l’insupportait, ne lui faisant que trop ressentir le fossé qui les séparait. La provocation fit mouche :
— Par-ce-que ce n’est pas n’importe quel don ! dit Tilma, effectivement agacée. Tu deviendrais le gibier le plus convoité de l’Empire, on n’hésiterait pas à t’infliger les pires outrages ! Mais si l’idée de t’offrir en sacrifice au premier venu te séduit, à ta guise ! Car tu peux en être assurée, tes petits désirs personnels ne pèseront pas bien lourd face aux enjeux de pouvoir.
— Tu n’exagères pas un peu ? rétorqua Olivia, un peu égarée par la tournure que prenait la conversation.
Les deux femmes s’affrontèrent du regard. Puis Tilma soupira.
— Mahe, je suis de ton côté. J’essaye de t’aider… mais il faut que tu acceptes le fait de ne plus pouvoir retourner chez toi. Nous sommes au milieu d’une forêt immense et le premier village est à des jours de marche.
Cause toujours se dit Olivia. Elle ne la croyait pas une seule seconde. Et elle avait maintenant un plan.
— Et ces gens que nous avons croisés, alors ?
— On ne sait jamais de qui il peut s’agir. Une partie de cette route est souvent empruntée par des commerçants. Ce n’était donc peut-être que de simples voyageurs mais cela aurait aussi bien pu être des Tartars. L’armée Impériale, si tu préfères, ajouta-t-elle devant le regard interrogateur de sa captive.
Olivia alluma une troisième cigarette.
— Est-ce que je peux essayer ? demanda Tilma.
— Si tu veux. Tu aspires un peu et ensuite tu recrache la fumée. Comme ça, expliqua Olivia tout en joignant le geste à la parole.
Tilma pinça prudemment le filtre entre son pouce et son index. Elle approcha ses lèvres, inhala d’un grand coup sec. Immédiatement, ce fut un concerto de quinte de toux et de raclement de gorge. On aurait cru voir la rescapée d’un incendie : le visage rouge d’asphyxie et la larme à l’œil, Tilma se rependait en grimaces et gestes théâtraux.
Olivia assista au spectacle, incrédule. Elle sentit un tremblement prendre naissance au fond de sa poitrine, puis monter jusqu’à sa gorge… avant d’éclater en fou rire. Ses nerfs lâchaient : elle riait, hoquetait, riait de plus belle…si fort qu’elle en avait presque mal. Qu’est-ce que cela faisait du bien ! Elle réalisa alors que c’était la première fois que cela lui arrivait. Elle en oublia quelques secondes toutes les épreuves de la journée, le feu sous ses pieds et cette histoire de fou. Tilma la regardait, un sourire aux lèvres.
— Contente que ça t’amuse, Mahe ! N’essaie plus jamais de me proposer de ton poison.
— C’est toi qui voulais ! Et puis tu as raison, ça détruit la santé.
— Pourquoi est-ce que tu en prends alors ?
— Bonne question.
— Bon !
Tilma étendit une fine couverture en dessous de l’abri en feuillage. Elle lui fit signe de venir s’asseoir, puis contre toute attente, entreprit de la déchausser. Olivia se laissa faire en serrant les poings. Avec les frottements, ses deux pieds étaient gonflés et écarlates. Tilma lui enduit les orteils d’une crème à l’odeur mentholée. Avec une extrême douceur, elle procéda de même sur la plante et le dessus des pieds. Olivia ressentit un soulagement immédiat. C’était frais et aussi enveloppant qu’un pansement.
— Demain, tu devrais être en mesure de marcher.
— Merci.
Elles se couchèrent, flanc contre flanc. Tilma avait gardé son arme près d’elle. Olivia, épuisée, ne tarda pas à sombrer dans un sommeil sans rêves.
— Je suis heureuse d’avoir fait ta connaissance, Mahe. A deux on sera moins seules…
Au premier passage des cavaliers, Olivia se demande "Pourquoi la rousse les craignait-elle ?" : or à ce moment, elle pense encore qu'elle est aux Gayeulles. Ne devrait-elle pas interroger leur présence elle-même ? J'ai été surpris aussi de retomber sur son nom, Lili, alors que tu la nommes Olivia dans le reste du récit.
Sinon, au-delà de ta façon de faire exister les personnages par leurs remarques et leurs impressions (en ce qui concerne Olivia en tout cas), je trouve aussi que certains passages sont chouettes à lire pour eux-mêmes ! "la sensation douloureuse de bulles d’air s’agglutinant sous son crâne et explosant une à une sous la pression du sang"... j'avoue tout : cette phrase m'a fait mal. L'image est bien trouvée !
Ta remarque est assez juste concernant les chevaux, mais sur cette action il m'est difficile de trop développer ses pensées (les différentes hypothèses, etc), au risque de couper le rythme, je pense.
Pour Lili, c'est un point qu'on m'a aussi remonté (auparavant je mettais le nom de famille et c'était encore pire^^), et je vais probablement le replacer par la suite.
Merci encore et bonne lecture !
Youhou, j'adore les nouveaux persos ! xD Cette Tilma a l'air d'avoir du caractère !
J'aime beaucoup ce chapitre (comme les autres, me dira-t-on xD), tu as une écriture très belle et fluide.
Olivia a carrément changé de caractère xD Et en voulant mettre fin à ses jours... Elle a plutôt mis fin à une vie et en recommence une autre ! J'espère qu'on aura plus de détails sur son passage d'un monde à l'autre (ou alors tu l'as dit et je ne m'en souviens pas... ^^°)
Hâte de lire la suite !
Remarques, coquilles, tout ça tout ça :p
"la gorge enflée comme près" → après
"sentie monter en elle un début de panique." → sentit
"la façon dont Maxime l’avait rejeté" → rejetée
"L’avait-on drogué ?" → droguée
"Elle était surement déjà extrêmement" → sûrement
"c'était davantage par reflexe que par envie" → réflexe
"mais lui faudrait sans doute l’envisager" → il lui faudrait, non ?
"une large ceinture d’où pendant deux sacoches" → pendaient, non ?
"Mais la sauvageonne ne l’a laissa pas reprendre ses esprit" → la / esprits
"comme piqué par un insecte" → piquée
"Olivia réfléchi prudemment à sa réponse." → réfléchit (d'ailleurs, au début de la phrase, y a deux espaces après le point, c'est rien mais je te le dis quand même xD)
"Je ne sais pas comment j’ai atterrit ici" → atterri
"Tu ne t’en va nulle part" → vas
"Si tu essais de t’échapper, je te tuerai." → essaies / je crois qu'il y a un "s" à "tuerai" ^^
"failli s’écrouler sous son poids" → faillit
"vêtu de ses fripes de la veille" → vêtue
"des relents de lait tournée" → tourné
"mue par une force aussi nouvelle" → mu
"Tilma fit volt face" → volte
"Le liquide lui brula la gorge" → brûla
"Pourquoi tu te sens obligé de me menacer" → obligée
"Tu ne réalises dans doute pas" → sans, non ?
"même si elle s’en serait défendu" → défendue, je crois
"Tilma dégluti, visiblement troublée" → déglutit
"Aller, on y va !" → je crois que c'est "allez', non ? ^^
"fut tout aussi éprouvante" → éprouvant ("Le reste de la marche")
"des éléments rassurant auquel se raccrocher" → rassurants / auxquels
"Tu entends ça ? fini-t-elle pas demander" → finit-elle / par
"d’un félin aux yeux jaune, tendu" → jaunes
"légère et feutré" → feutrée
"(Elle n’imaginait pas à quel point elle avait raison)" → je trouve cette phrase un peu... inutile ^^ Ou bien cela fait partie de ton récit, et dans ce cas il faudrait enlever les parenthèses. Là, on a plus l'impression d'un commentaire de l'auteure.
"Olivia saisie la perche" → saisit
"nous sommes peut-être partie du mauvais pied" → parties
"sans être audible du chemin." → audibles
"Nous serons vite rassasié tu verras." → rassasiées
"la partie supérieur de leurs corps" → supérieure
"En d’autre circonstance" → autres / circonstances
"’occasion de partir un camp de vacances" → partir faire un camp/partir en camp
"les jambes raidis par l’exercice de la journée" → raidies
"Tu ne devrais pas te montrer si sure de toi" → sûre
"Elle était tellement excitée et stressé" → stressée
"manifestement pas convaincu." → convaincue
"Lorsqu’elle eut terminée" → Lorsqu'elle eut terminé/Lorsqu'elle l'eut terminée
"Aides moi à rentrer chez moi" → aide
"Tu ne m’as pas cru tout à l’heure" → crue
"Comment as-tu atterri là où je t’ai trouvé" → trouvée
"Ensuite tu m’as attaqué" → attaquée
"Si je comprends bien tu t’es téléporté" → téléportée
"tu sois celle qui lui était destiné" → destinée
"Je t’ai testé tout à l’heure à ton insu" → testée
"Tilma bu une gorgée de sa drôle de boisson" → but
"tes petits désir personnel" → désirs / personnels
"toute les épreuves de la journée, effaça un instant le feu sous ses pied" → toutes / pieds
"Bon ! Tilma étendit une fine couverture en dessous de l’abri en feuillage." → là je ne comprends pas pourquoi la phrase est ici. Elle devrait être sur une ligne en dessous, ou alors il faut l'intégrer à une incise (par exemple "dit Tilma en étendant une fine....) ^^
"A deux on sera moins seule…" → seules
Je ne pensais pas avoir autant de coquilles, quelle horreur ^^ Je vais corriger ça de ce pas.
Salut !
Je trouve que ton histoire présente pas mal de points positifs qui ne sont pas négligeables : Une bonne écriture, des dialogues qui sonnent vrais, un personnage secondaire qui sait déjà ce qui arrive à l'héroïne (j'aime cet aspect "oui oui tu arrives d'ailleurs, on a déjà vu ça" ; ça change, ça impose un rythme rapide et oriente plus directement vers l'intrigue), une héroïne qui m'a l'air chouette à suivre... Pas mal de choses, donc, pour un début !
J'aurais deux suggestions (tout à fait personnelles, naturellement, tu en fais ce que tu veux) :
Sachant que Tilma finit par orienter la conversation en parlant téléportation, mondes différents et semble pas du tout étonnée qu'Olivia vienne d'ailleurs, je pense que tu pourrais ne pas traîner à dire tout ça. Tilma a de quoi être convaincue très vite : la langue et ce sac d'Olivia qu'elle a parfaitement pu fouiller et qui des contient des objets d'ailleurs. Y a ses vêtements aussi. Tu coup elle sait d'office que c'est difficile pour Olivia et peut directement partir en explications. Lui montrer leur route, assurer qu'il y aura d'autres gens là où elles iront.
Et si Olivia reconnaît précisément un endroit, elle n'a qu'à le lui indiquer (tout en sachant que ça n'arrivera pas :p)
J'ai eu le sentiment que Tilma avait déjà vu quelqu'un comme elle ?
Ensuite, c'est pour le chapitre 1. Je pense que le temps que tu passes sur Maxime n'est pas très utile (il revient peut-être plus tard, hein ?)
Perso, j'ai de plus en plus de mal avec le vilain personnage masculin qui est moche, qui boit, qui est bedonnant, qui regarde du foot avec ses copains bruyants qui vont pécho de la meuf en boite. J'ai parfaitement conscience que ça existe, mais en récit ça fait vite "too much", et je n'ai pas l'impression que ça sert vraiment le personnage d'Olivia dont tu voulais montrer le côté dépressif/inadaptée à son environnement.
Dans ce que lui reproche Maxime, je pourrais envisager une autre idée :
Olivia déploie des efforts énormes pour être appréciée, emménager avec lui et ainsi quitter son domicile familiale (que tu peux décrire par ce père tyrannique et cette mère qu'elle n'aide pas). Une fois installée avec Maxime, elle relâche inconsciemment ses efforts. Elle peut parler d'une vie inintéressante et de caractères qui ne s'accordent sur rien.
Ce qui pour moi est important c'est ce que lui reproche Maxime : elle ne l'a jamais aimé, il l'a mal vécu et ça ne peut plus continuer ainsi.
En tous les cas, mon idée ou la tienne, ça peut se résumer en deux bons paragraphes, ce qui rendrait le début plus dynamique à mon sens.
Voilà ! Je garde ton histoire sous le coude, très belle continuation, je vois qu'il y a déjà pas mal de chapitres hehe <3
Je te remercie chaleureusement pour ce commentaire très détaillé !
Tes remarques sont pertinentes et me donne des pistes intéressantes pour améliorer mon texte : c'est exactement ce que je recherchais en venant sur PA :)
J'espère que j'aurais la chance de recevoir d'autres analyses de ta part sur de prochains chapitres.
Niveau style, j'apprécie toujours autant, c'est vraiment agréable à lire et on ne voit pas les mots défilés ^^
Bon, visiblement Olivia a changé de monde et elle est vraiment la fameuse impératrice destinée à l'empereur. Pas de bol, il a été renversé et cette position la met plutôt en danger qu'autre chose, probablement la raison pour laquelle dans le prologue le narrateur ne veut pas la rejoindre. C'est le meilleur moyen de découvrir que la lignée de l'empereur est pas morte et qu'il faut l'éliminer x)
Bon, visiblement la situation dans le royaume a pas l'air super ='D Entre dictateur fou et guerre sans fin, ça donne très clairement envie ^^ Enfin, faut ce qu'il faut pour bouger un peu les héros et donner une histoire :p
Sinon, si j'ai une critique à faire, c'est vis-à-vis du caractère d'Olivia et de ses réactions. Dans le chapitre précédent, elle semblait vraiment extrêmement passive (elle refuse de discuter avec Maxime), très en retrait, en observation. Là elle est ultra combative, n'a pas peur d'un sabre, essaie de raisonner une personne qui l'attaque, de s'enfuir, envisage d'attaquer avec un couteau... Je t'avoue que j'ai eu un peu de mal à reconnaître le personnage, qui au final a très peu peur. Son côté dans le déni de la situation ne me dérange pas, au contraire, mais je là trouve d'un coup très courageuse et ça m'a un peu laissée perplexe ^^"
Pareil pour Tilma. Même si visiblement elle a compris qu'il s'agissait de l'impératrice, je trouve qu'elle l'aide bien facilement et qu'elle lui raconte l'histoire de son monde sans trop broncher. Elle ne doute pas non plus ? Elle l'amène à la résistance alors que c'est peut-être une espionne bilingue... Bref, je trouve pour le coup que Tilma y croit un peu vite alors que tu essaies justement de nous montrer quelqu'un qui a tendance à se méfier.
Sinon, deux coquilles :
"serrée à la taille par une large ceinture d’où pendant deux sacoches" pendaient, non ?
"Tu ne devrais pas te montrer si sure de toi Mahe." sûre
Bon courage pour la suite =D Pluchouille zoubouille !
J'aimerais bien savoir, si jamais tu lis le chapitre suivant, si tes impressions restent les mêmes concernant le caractère d'Olivia.
Il y a effectivement un changement de sa personnalité entre son monde et le Luft, mais il ne faut pas non plus que ce soit trop choquant. Je vais voir s'il est nécessaire de remanier un peu le texte.
Pour Tilma je comprends ta remarque également, et tu comprendra pourquoi elle ne doute pas un peu plus tard.
Encore merci d'avoir pris le temps d'écrire ce long commentaire, ça m'aide beaucoup :)