Chapitre 2

Mon sommeil est sans rêve. Reposant. Ça faisait bien longtemps que je n’avais plus dormi comme ça. Sans rien penser, la tête vide. Je me suis très vite endormi, en même temps. Je n’ai même pas eu le temps de songer à quoi que ce soit que je roupillais déjà. La chaleur des draps m'enveloppe comme les bras de Morphée pourraient le faire. Et quand je me réveille, je me sens en forme. J’aurais juste besoin d’un petit café pour me sentir mieux réveillé. Le café, cette drogue qui nourrit mes veines chaque jour… C’est addictif.

Alors, je me redresse. Cette fois, je ne fais pas le débile comme j’ai pu le faire la veille. Je prends mon temps, je marque même une pause, assis. J’ai l’impression d’avoir l’air d’un con, quand même. Ma blouse ne cache rien d’autre que le devant de mon corps, si je me lève, on verra forcément mon cul. Après, je ne me plains pas, j’ai un beau corps, je le sais. Un peu amoché, maintenant. Mais beau, quand même. Les petites vieilles qui circulent dans l’hôpital me materont très probablement. Je suis certain que l’une d’entre elles osera même palper un peu. Et je la laisserais faire. Elle n’aura pas cette chance tous les jours, il faut bien qu’elle profite.

C’est dans une grimace que je me lève. Mes côtes me font encore mal et mes jambes tremblent un peu. Au moins, je ne suis pas attaché à une machine ou à un de ces trucs qui vous envoie de la drogue liquide directement dans les veines. Avant de passer par la salle d’eau, je jette un coup d’œil curieux au dossier de mon colocataire. J’y perçois son nom, puis je rentre dans la salle d’eau pour me débarbouiller un peu. Et alors que j’en sors, un gémissement emplit la pièce. Mon visage se tourne directement vers mon voisin de chambre. Son expression est apeurée, il a l’air d’être dans un cauchemar.

- Pardon… Hn… Pardon…

Je l’entends murmurer des excuses à plusieurs reprises et je le vois lutter dans son sommeil, comme s’il cherchait à se protéger de quelque chose. Ou plutôt, de quelqu’un. En général, je ne serais pas intervenu. Parce que ce gars, je ne le connais pas. Mais il me fait tellement de peine que mon cœur se change en guimauve et je finis par soupirer. Je me déplace jusqu’à atteindre son lit, ma main prend la sienne, je suis soudainement mal à l’aise. Je ne sais pas comment l’apaiser. Je me sens idiot, à lui caresser le dessus de la main et à paniquer intérieurement.

Mais rien que ça, ça a l’air de l’apaiser un peu. Il ne parle plus, il ne fait plus que gémir. Je soupire, c’est déjà ça. Je devrais le laisser à son sort et sortir prendre mon café à la machine. Avant même que je ne puisse m’écarter, la porte de la chambre s’ouvre sur une infirmière apportant un petit déjeuner. Elle m’observe, me sourit.

- Déjà levé ?

- Mh…

- Vous avez fait connaissance tous les deux, c’est bien !

Pas vraiment… En fait, il dort encore. Ah, non.

- Ah, salut. Ça va ? dis-je en voyant son expression étrange.

On dirait qu’il est perturbé. Il exprime clairement un choc, comme si j’avais fait quelque chose d’horrible.

- Bah quoi ?

Il ne parle pas, il ne dit strictement rien. Il baisse juste les yeux. Je suis son regard pour constater que ma main est toujours dans la sienne. Je la retire rapidement avant de soupirer, et je fuis. Je repars dans mon lit alors que l’infirmière décide d’ouvrir le rideau qui me sépare de mon colocataire. Mon plateau est posé sur la table amovible et je m’installe dans mon lit, ramenant la table vers moi. L’odeur du café me chatouille les narines et me fait envie. Du coin de l’œil, je peux observer mon colocataire, mais je me refuse à le surveiller. De toute façon, pour le moment, je n’ai pas l’énergie. Il me faut mon café, et après, on pourra discuter. Ou pas, on verra. Il n’a pas l’air de vouloir parler de toute manière.

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