Quelques minutes après que les pensionnaires de l’aile ouest aient déboulés dans le dortoir, ils commencent à quitter la pièce. Etonné, je cherche du regard Julian que je trouve en pleine discussion avec un garçon qui le dépasse en taille et en masse musculaire. Il est roux et je n’ai jamais vu quelqu’un qui ait l’air plus bête.
Les deux garçons sont eux aussi en train de partir. Encore quelques instants et je me retrouverais seul ici. Je prends mon courage à deux mains et me lève du lit pour me fondre dans la masse et les suivre, ou qu’ils aillent. A présent je fais partit du pensionnat, que je le veuille ou non. Ils se dirigent tous vers la salle de bain commune.
Je jette un coup d’œil à ma montre. 18H30. Je me souviens des paroles de Mme Popkins qui évoquait la douche obligatoire à cette heure fixe. Horrifié, je me met à jurer contre elle et ma mère en entrant dans la pièce ou les autres garçons commencent déjà à se déshabiller comme si cela était naturel. Ils parlent dans de grands éclats de voix en plaisantant, et j’essaie de me fondre dans la masse, même si il est clair que je suis le plus crispé ici. Je me dirige lentement vers mon casier comme un mort que l’on enverrai à la guillotine et en sors mon gel douche et mon savon que je sers contre moi comme une bouée qui viendrait me sauver des eaux pleines de requins. Je m’assois sur un banc et commence à retirer lentement mon sweat.
Personne ne me regarde, bien entendu, mais je ne me suis jamais déshabillé en publique et cela me paraît la pire chose qui puisse m’arriver.
Il faut que j’accélère. Les autres sont déjà sous les douches. Bientôt ils remarqueront tous que je suis le seul à ne pas m’être dévêtu. Je retire mon t-shirt et le roule en boule avec mon sweat sur le banc, puis enlève mon pantalon et mes sous-vêtements. Une fois nu, entièrement nu, je me dirige vers un jet d’eau inutilisé et appuie sur le bouton en ignorant les autres garçons qui sont tous en grandes conversations. Je me lave rapidement, et regarde le sol pendant toute la durée de la douche. Puis je prends une des serviettes imacculées de blanc qui se trouvent dans un placard et me sèche, puis mets le vêtement qui nous sert d’uniforme pour la soirée et la nuit. Ce n’est pas le même que celui de la journée, mais il ne ressemble pas pour autant à un pyjama, il est plus classe.
Le vêtement se compose d’une chemise bleu pâle, d’un pantalon de la même couleur et d’un pull bleu nuit à col blanc. La matière est très fine et très douce. J’enfile le tout en restant silencieux dans un coin de la pièce, puis sors avant tous les autres.
J’aurais du mal à trouver le réfectoire seul, et décide d’attendre les autres dans le couloir pour les suivre.
Pendant ce cours instant ou je les entends parler bruyamment à travers la fine porte en bois, je tripote l’ourlet de mon pull en regardant le plafond. Comment ais – je bien pu me retrouver ici ?
Dans ma tête défile les souvenirs que j’ai de chez moi, de ma chambre et des livres que je lisais toute la journée jusqu’au retour de ma mère. Je n’allais même plus en cours, le lycée ne voulait plus de moi. De toute manière, je suis assez malin pour me débrouiller seul. Je n’ai jamais eu besoin de qui que ce soit. Et puis certaines choses s’obtiennent plus facilement qu’on ne le pense réellement.
Soudain j’entends la porte se claquer et du coin de l’œil je vois Julian et ses amis se diriger dans l’escalier par lequel je suis arrivé ici. Je me glisse à leur suite et les suit à travers plusieurs couloirs, jusqu’à ce que l’un d’eux débouche sur une grande pièce au plafond très haut. Six longues tables en bois qui me paraissent interminables s’alignent dans la pièce. Dessus sont posés des couverts, des assiettes en porcelaine et des verres à pieds ou se reflètent la lumière qui filtre par une fenêtre étroite en haut d’un mur, bien au dessus de nous. La lumière d’un début de soirée.
Des plats énormes d’haricots verts, de soupe et de pain sont mis sur les tables par le personnel du pensionnat. Les autres garçons vont tous s’asseoir à une place, toujours dans une ambiance d’effervescence et d’exclamations. Je reste planté au milieu de la pièce quelques secondes avant de rejoindre une table. Je m’assois tout au bout, prés d’une tapisserie qui représente l’insigne du pensionnat. La bougie bleue et le slogan. Il n’y a pas de réussite sans peine.
Cette phrase me fait frissonner. Soudain, le calme revient sur la salle et j’entends la voix du directeur, Henri Twelsy, qui est assis à une table avec d’autres professeurs, prononcer le début d’une prière.
Les garçons joignent tous leurs mains et ferment les yeux pour le suivre dans la prière et même si quelques uns ont le sourire aux lèvres ou ouvrent les yeux, il n’y a que moi qui regarde, hébété, la pièce qui semble s’être rassemblé en une seule et même personne. Puis le directeur déclare « Amen », et tout le monde reprend sa conversation, et les professeurs ainsi que les élèves commencent à manger. Ils se servent et je reste au bout de la table, les coudes posés sur la table à les observer discuter. La seule idée de manger me répugne, j’ai passé une journée horrible, je ne peux rien avaler et je peux seulement me résigner à commencer ma nouvelle vie ici, parmis ces gens que je ne connais pas.
Ils ont tous l’air heureux d’être là, personne n’est à l’écart comme je le suis. Et personne ne semble m’avoir remarqué. Non pas que ça me blesse ; et c’est mieux ainsi, mais je me serais attendu à ce que les gens soient intrigués par l’idée d’un nouveau pensionnaire.
De toute façon je ne compte pas me faire des amis. Je n’en ai jamais eu, aussi loin que je me rappelle.
Le repas semble durer des heures. Je n’avale rien, et le directeur ne me quitte pas des yeux lors du dessert. Les miens se rivent immédiatement sur mon assiette quand je croise le regard de Julian, ce qui dure seulement une seconde, mais qui suffit à faire soulever une sensation désagréable dans la poitrine. Quand tout le monde a fini de manger, le directeur se lève en premier et quitte la pièce. C’est le signe que les élèves peuvent quitter le réfectoire. Je me souviens que Mme Popkins, l’adjointe qui me semble tout à fait détestable, a mentionné le quartier libre de 19h30 à 21h. J’ai donc 1h30 à tuer.
Je sors à la suite des autres alors que les garçons se dispersent. Certains vont dans leur dortoir, d’autres se rassemblent dans le gymnase pour s’entrainer, ou vont se balader dans la cour du pensionnat. Je décide d’aller prendre l’air, mais remonte d’abord au dortoir B pour prendre un pull. Il fait tout de même froid, dehors. Heureusement je me souviens du chemin que j’ai emprunté avec Julian et je le retrouve sans mal. Je croise quelques élèves qui ne font pas attention à moi, puis fais le chemin sens inverse et me retrouve dans le hall. Celui dont le carrelage noir et blanc me rappelle un échéquier. Mes pas retentissent en écho contre les murs tandis que je me dirige vers les coursives qui entourent la cour.
Le vent frais de cette soirée me balaie le visage, mes mèches blondes me tombent sur les yeux et j’inspire une goulée d’air.
Mes pas s’enfoncent dans l’herbe verte, dans la cour est amassée assis contre le tronc d’un arbre un groupe ou j’identifie quelques têtes déjà vues, il y a la fontaine ou je reconnais un garçon roux. Le flot de la fontaine coule et son bruit m’apaise quelque peu, mais je reste énervé et j’aurais du manger quelque chose car à présent la faim se fait sentir. Mais j’étais trop anxieux pour avaler quoi que ce soit.
Je vais m’asseoir derrière un buisson, un peu à l’écart des autres. Je jette un regard à ma montre ; 19h36. Que vais-je bien pouvoir faire. Je commence par compter le nombre de couleur présent sur mon uniforme, ce ridicule costume avec cette chemise et ce pantalon abjecte. Je regrette sincérement mon sweat à capuche et mes baskets rouges élimées.
Finalement, je finis par m’allonger dans l’herbe, caché à la vue des autres par le bosquet, et pose ma tête sur mes bras croisés. Je ferme les paupières et tente de m’ évader par mes pensées loin d’ici, mais c’est presque impossible, je ne peux pas m’empêcher de réfléchir à des millions de choses comme ma faim, mon ennui, l’impression d’être habillé comme un élève d’élite, et je pense aussi un peu à ma mère. Est-ce que je lui manque ?
Une dizaine de minute s’écoule durant laquelle mon esprit s’éparpille au milieu de beaucoup de questions différentes et de pensées inutiles. J’oublie quasiment ou je suis. Soudain, se rappelle à moi le fait que je suis allongé dans l’herbe quand une main se pose sur mon épaule. Je sursaute et ouvre les yeux d’un coup.
- Tu m’as fait peur, dis – je d’une voix amère en me relevant de manière à être en position assise.
Julian esquisse un sourire et s’assois à côté de moi. Heureusement, il est sans ses amis.
- Pas grand-chose suffit pour t’effrayer, le nouveau.
- Je ne m’attendais pas à …toi, dis – je en retirant un brin d’herbe de mes cheveux.
Il hausse les épaules et jette un regard par-dessus son épaule puis revient à moi.
- Qu’est ce que tu faisais ?
- J’essayais de me réveiller de ce cauchemard, sans doute.
Un pli se creuse entre ses sourcils.
- C’est si difficile pour toi d’être ici ?
Il ne sait pas de quoi il parle, et il ne le saura jamais. Lui a l’air de bien s’accomoder au fait de vivre ici. Tant mieux.
- Je perds un temps précieux. Au lieu d’être ici à discuter avec toi, je pourrais être en train de faire des choses intéressantes. Et puis je n’aime pas être entouré d’autres gens. Partager une chambre, une salle de bain et tout mon lieu de vie avec vous, c’est faire de ma vie une répression totalitaire.
- Dans ton monde, ouais, se moque Julian en rassemblant ses genoux contre sa poitrine. Moi ça fait 4 ans que je vis ici. On s’habitue.
Mais je n’ai aucune envie de m’y habituer. Pourquoi trainer avec des garçons qui ne pensent qu’au football et aux filles quand je pourrais être à l’ombre de ma chambre, sur mon lit, en train de lire Baudelaire ou Victor Hugo.
Je ne suis pas à ma place ici. Lorsque j’ étais petit, ma grand-mère venait souvent rendre visite à moi et à ma mère. Elle l’aidait à ranger la maison ou s’occuper de moi, lui prétait des sous pour qu’elle puisse payer le loyer et allait faire des courses pour la laisser se reposer. Ma mère était totalement effondrée ; elle s’est toujours débrouillée pour qu’on ait un toit mais à cette époque elle tenait à peine émotionellement. Mon père est partit de la maison quand j’avais 2 ans, je me souviens à peine de lui. J’ai le souvenir d’une voix grave et chaleureuse qui souffle des mots doux à mon oreille en me faisant sauter sur ses genoux pour m’amuser. Rien d’autre. Ma mère a fait disparaitre toutes ses photos à son départ. Et elle ne me parle jamais de lui.
J’étais un enfant calme, heureusement. Ma grand-mère s’occupait de moi pendant que ma mère travaillait et elle n’avait pas à beaucoup se dépenser. Toutes deux m’ont toujours dits que j’était un bébé silencieux et intelligent, ainsi qu’un petit garçon surdoué dans pleins de choses et pas très bavard.
Peut être que c’est la mort de ma grand-mère qui a décidé ma mère à m’envoyer ici. Que sais- je. Ou alors seulement l’envie de se débarasser de moi.
- Tu vas venir avec nous à Harly’s Park ce week end ? demande Julian, le regard rivé vers le soleil qui est en train de disparaitre du ciel.
- Non.
- Pourquoi non ?
- Parce que j’en ai pas envie, dis- je en me laissant retomber sur l’herbe.
Comme il est assis et moi allongé, il ne peut pas savoir que je l’observe. Il jette de temps en temps des regards vers son groupe d’amis pour être sur qu’il ne leur manque pas. Ceux – ci sont quelques mètres plus loins à discuter bruyamment.
- Tu devrais venir. On va aller voir des filles.
- Ça ne m’intéresse pas …
Il me regarde furtivement et baisse la tête.
- Toi, le nouveau, tu aimes bien être seul.
- Disons que je suis plus dérangé par le fait d’être entouré…
Il à l’air un peu agacé du fait que je refuse d’aller draguer de pauvres adolescentes dans un parc ce week end. Il secoue la tête légérement comme si je lui faisais défaut et ses boucles brunes balayent son front.
- Tu pleurais, la première fois que je t’ai vu.
- Oui et alors ? Dis – je, sur la défensive en me rapellant le désespoir qui s’était insinué en moi ce matin même.
- Et alors tu n’es pas si insensible que tu n’y parais.
Il dit ça en se levant. Son uniforme est recouvert de brins d’herbes et il les enlève distraitement.
- Salut, dis – je en voyant qu’il s’apprête à partir.
- A demain.
Puis il rejoint ses amis et je me retrouve à nouveau seul.
Le lendemain, je me réveille avant tous les autres. Le soleil n’est pas encore levé et le dortoir est plongé dans l’obscurité. La respiration lente et rythmée des autres garçons fait écho entre les murs, et je me lève en essayant de ne pas faire de bruit. Je récupére dans le tiroir de ma table de chevet mon uniforme et sors de la pièce discrétement.
Le couloir est silencieux lui aussi. La lumière est tamisée et par la fenêtre j’aperçois encore la lune. Il doit être 6h du matin, et toute la nuit j’ai gardée mes yeux rivés vers le plafond, mes pensées divaguant entre plusieurs souvenirs de mon enfance. Ce n’est que vers 4h du matin que mes paupières se sont fermées.
Je me glisse dans la salle de bain. Je ferais de bien de me laver avant que d’autres décident de venir prendre leur douche. Je me déshabille et un frisson me parcours l’échine car l’aube et son atmosphère est rafraichie. Je me dépêche de me glisser sous le jet d’eau chaude.
L’eau s’écoule par la bonde en faisant ce bruit apaisant et mon esprit se vide progressivement des sombres pensées de cette nuit. Je reste sous le jet plusieurs minutes, laisse les gouttes se frayer un chemin sur mes joues et sur mon corps, mes cheveux dégouliner d’eau et l’odeur du savon embaumer la pièce. Puis je prends une serviette et marche pied nu sur le carrelage blanc, laissant quelques traces d’humidité sur le sol. Je me sèche et m’habille, frotte sur le miroir pour enlever la buée et rencontre le reflet de mon regard. Mes yeux bleus, profonds mais clairs me jettent un regard présomptueux et un souffle chaud s’échappe de mes lèvres entrouvertes. Je passe la serviette dans mes mèches blondes devenues presque brunes à cause de l’eau et me regarde dans le miroir une nouvelle fois. L’uniforme me va plutôt bien en fait, la cravate n’est pas si horrible que ça.
Les chaussures en cuire sont un peu désagréable à porter, c’est vrai, mais tout cela est bien mieux que ce que l’on doit porter le soir pour aller manger.
Je sors de la salle de bain et j’entends dans le dortoir que quelques garçons se sont levés et parlent à voix basse. Je me dirige alors vers le réfectoire ou il se trouve déjà une douzaine de garçons qui viennent d’autres dortoirs. Certains ont l’air épuisés, ils n’ont pas du beaucoup dormir, comme moi. J’effleure du doigt mes cernes et prend place à une table. Des boites de céréales recouvrent les tables, ainsi que du beurre, de la confiture et plusieurs sortes de pain. Il y a aussi du thé et du café, et je me sers une tasse de thé noir. Comme je n’ai rien mangé depuis assez longtemps, je me fais une tartine au beurre que je mange du bout des dents, pas très enthousiaste en pensant à la journée de cours qui s’annonce.
Après avoir récupéré mon emploi du temps dans le bureau de Mme Popkins, et les manuels dont j’aurais besoin, je remonte me brosser les dents dans la salle de bain. Comme les autres sont au réfectoire, je suis à nouveau seul.
Je balaie du regard mon emploi du temps. Je commence presque tous les jours à 8h, et les cours finissent tous à 18H. Heureusement j’ai quelques heures de trous. Aujourd’hui, je commence avec Langue et Littérature, en salle 23, au premier étage côté Est.
Je prends du temps pour trouver la pièce. Quand j’y parviens enfin, mes camarades de classes sont en train d’entrer dans un brouhaha uniforme. Je devine que le professeur ne doit pas être très sévère. J’entre à mon tour, et quelques personnes me jettent des regards curieux en me voyant arriver.
Les bureaux forment quatre rangées et vont par deux. J’aperçois Julian, à côté de son ami roux, entouré devant et derrière par les autres garçons de sa bande. Je reste dans un coin de la pièce, ne sachant pas vraiment ou aller, et je découvre avec stupéfaction que j’ai les mains moites. Je les frotte contre mon pantalon. Le professeur entre, referme la porte derrière lui et salue la classe. Les garçons lui répondent en chœur. Soudain, il me voit et un large sourire se forme sur son visage. Sa main m’agrippe l’épaule mais je ne bouge pas.
- Mes chers élèves, nous accueillons aujourd’hui un nouvel élève au sein de notre établissement et de notre classe, entonne t-il joyeusement. Vous l’avez peut être déjà croisé et j’attends de vous un comportement exemplaire avec lui. Montrons – lui qui nous sommes et quelles sont nos valeurs.
Je dois faire un immense effort pour ne pas tourner la tête vers les élèves qui ont tous le regard rivé sur moi. Ses doigts raffermissent leur emprise sur mon épaule et je me dégage lentement, un peu agacé.
- Présente-toi, mon garçon.
- Pardon ?
- Présente toi, répète t-il avant d’avoir un petit rire désagréable.
J’inspire pour me donner du courage. Tout le monde me fixe, je fixe tout le monde. Comme je prends un peu de temps à parler, j’entends quelques garçons qui ricanent et font semblant de s’endormir.
J’avale ma salive.
- Je m’appelle Alex. J’ai 16 ans et je viens d’une petite ville du coin.
- C’est tout ? Demande le professeur en remettant ses lunettes bien sur son nez.
Que pourrais – je dire d’autre ? Merci beaucoup chers élèves pour cet accueil chaleureux dans votre humble paradis ou je me plais à vivre ? Merde, quoi.
- Oui.
- Bien, alors… Tu peux aller t’asseoir. Va… Il regarde la classe en cherchant une place de libre. Tiens, va à côté de Neil Keating.
Il montre du doigt un garçon élancé à l’air un peu trop imbu de lui même, qui arbore des pommettes larges et des yeux marrons sous des sourcils épais. Je pousse un soupir silencieux et me rend là ou il m’indique, passant entre les rangées sous le regard de chacun.
- Salut, me dis ce certain Neil Keating en se balançant sur sa chaise.
- Salut.
Il m’observe quelques secondes tandis que je m’assois, puis reporte son attention sur le professeur qui a déjà commencé son cours.
- Bien, comme nous avons finis l’étude de David Copperfield Jeudi, nous allons commencer un nouvel ouvrage digne des plus grands auteurs de Langue. Ouvrez vos manuels page 256 et commencer à lire le texte en haut de la page. Vous m’en écrirez une synthése.
Je tourne les pages jusqu'à celle donnée, sors un stylo et une feuille et me met au travail.
- Mon frère s’appelle Alex aussi, me dis mon voisin de table en mordillant son stylo.
- D’accord, dis-je sans trop savoir sur quoi rebondir.
Je suis raide sur ma chaise, un peu mal à l’aise, et lui met presque ses pieds sur la table. Le contraste est saisissant entre son attitude et la mienne, et je ne peux pas m’empêcher de le souligner dans mes pensées. Je remarque toujours ce genre de détail.
- Tu connais Voltaire ? Me demande t-il en faisant un signe de la tête nonchalant en direction du manuel.
- Oui. A vrai dire j’aime bien lire, dis – je en me grattant la nuque.
- Moi aussi. Enfin, ça dépend quoi. Mais en général je lis plutôt de tout. Enfin… Sauf les histoires à l’eau de rose, style Roméo et Juliette. Faut pas me faire avaler ces conneries.
J’hoche la tête, même si je ne suis pas d’accord, et commence à écrire la synthèse. Lui ne bouge pas le petit doigt et continue de se balancer en me regardant, un regard qui me donne l’impression de transpercer ma nuque.
- Tu viens d’où ?
- Une petite ville dans le coin…
Je croyais que me présenter à la classe servirait au moins à éviter les questions.
- Ah, oui. C’est vrai, tu l’as dit. Je viens de Suisse.
- Et tu es ici depuis combien de temps ? Dis – je en continuant d’écrire, même si je n’ai pas très envie de discuter.
- Depuis que j’ai 13 ans. Qu’est ce que ça fait long…
Lui-même a l’air de ne pas y croire. Il arrête enfin de se balancer sur sa chaise et se décide à lire le texte avec une moue ennuyée. Enfin, le silence revient à mes oreilles. Ce silence me va bien, même si j’aurais voulu avoir le courage de demander pourquoi il est dans le pensionnat.
Est-ce que toutes les personnes ici ont-elles perdues leurs parents ? Qu’est il arrivé pour que tant d’adolescents se retrouvent là ?
J’ai adoré ce passage ! Quelques petites fautes mais rien de méchant.
Merci beaucoup
Je fais beaucoup moins de fautes à présent, j'ai écris ce livre il y a un an déjà et la différence se voit pour sur...