Chapitre 2

Les premiers rayons du soleil viennent caresser le visage d'Anna à travers les rideaux de la chambre. Elle ouvre les yeux et se détache peu à peu des bras de Morphée. Le cauchemar d'une chute sans fin l'avait réveillé plusieurs fois dans la nuit. Elle avait répété sans cesse ce même rêve. Un tourbillon l'emmenait progressivement et immuablement dans une pièce noire où son frère Claude dormait paisiblement. Elle s'était réveillée à chaque fois avec un sentiment étrange et nouveau de vide. Les rêves de la nuit essayaient de la ramener dans ses souvenirs effacés par le Mimnesko. Des songes laissés pour fictifs qui tentaient de la reconduire dans son histoire passée. Elle se réveille aujourd'hui avec un nouveau récit de son enfance, de ses proches et de son existence. Totalement imaginé et façonné dans son esprit par le Mimnesko. Et c'est dans cette nouvelle histoire qu'elle s'éveille ce matin, complètement amnésique de son ancienne réalité.

Elle se sent lasse et retourne se blottir dans ses draps de coton. Une légère accalmie prolongée semble s'imposer. Elle se recouvre le visage et tourne dans son lit pour se protéger du halo de lumière qui tente de s'imposer dans sa chambre. Elle laisse ses pensées errer à leur gré et se relaxe de ces quelques minutes de surplus. Noah, quand à lui, ne semble pas partager cette rallonge de répit. Claude étant parti aux aurores pour son travail au marché, il vient à la quête de sa nouvelle acolyte matinale. Il toque délicatement contre la porte et vient lui glisser une main sur le visage pour la forcer à se réveiller totalement. Il soulève légèrement les draps du visage d'Anna et ouvre les rideaux de la fenêtre entièrement. Le début de la saison estivale s'installe dans la pièce. Dehors, les fleurs commencent à s'ouvrir et les arbres protègent les rues des chaleurs avec leur végétation buissonnante. Anna pose ses pieds sur le plancher et se couvre de son kimono d'intérieur. Elle ne cesse de bailler, son quotidien lui semble étranger ce matin. Elle ne veut pas aller travailler aujourd'hui, elle souhaiterait seulement se rendre sur cette plage à Cynoa où l'océan se confond avec le ciel. Prendre le temps d'observer les oiseaux qui virevoltent entre les vagues, plongent à la recherche de trésors. Ou encore jouer à touche-touche avec l'écume et sentir le sable mouillé entre ses orteils. Mais ses devoirs professionnels lui font vite reprendre raison et elle franchit la porte de sa réalité.

Dans le salon, Noah s'impatiente, pressé de s'attabler pour déguster ses tartines aux fraises et avocat. Il paraît si heureux, ses yeux verts rieurs témoignant de sa nuit d'amour avec Claude. Il s'assoit en face d'elle et lui tend une tasse de café. Une hirondelle faite de mousse de lait s'est invitée dessus. Elle sourit et remercie Noah pour cette délicate attention. Finalement, son désir d'aller distinguer les oiseaux se perdre dans l'eau aura été exaucé. Elle avale son premier café sans un mot. Au fur et à mesure de sa boisson, elle s'éveille et remet de l'ordre dans ses pensées. Elle sent ses jambes encore engourdies par ses cauchemars de la nuit. Noah avale goulument devant elle son petit-déjeuner et se félicite de la réussite de ce nouveau mélange audacieux de saveurs matinales. Il débarrasse rapidement la table de la salle à manger et laisse Anna dans ses rêveries. Elle part se préparer dans la salle de bain, prolongeant la douceur et la lenteur de sa matinée. Elle laisse sa baignoire se remplir et ajoute quelques gouttes d'huiles essentielles de menthe poivrée et de pin sylvestre. Un remède contre les matins compliqués qu'elle avait appris quelques années auparavant. L'eau chaude enveloppe tout son corps et elle plonge dedans. Seuls ses cheveux bruns continuent de flotter le temps de son apnée. Elle se tente à capturer les bulles d'air qui s'amusent à danser sur la surface. Suite à toutes ses tentatives infructueuses, elle attrape finalement son masque et embaume minutieusement ses cheveux, section par section, de son mélange d'aloe vera et d'huile de quinoa. Elle les rince abondamment, espérant que son las intérieur s'extirpe également. Cette émotion si inhabituelle semble s'être imprégnée dans tout son corps. Sortant de sa baignoire, elle se sent plus apaisée et prête à affronter son quotidien. En démêlant sa crinière, elle remarque des rares cheveux blancs qui illuminent ses boucles brunes. Elle les attache en chignon et dompte ses frisottis à coups de laque, cachant les premiers signes du temps qui passe. Elle se trouve encore un peu fatiguée, les traits tirés et les cernes commençant à prendre place sous ses yeux noisettes. Un soin du visage lui ferait le plus grand bien, songe-t-elle. Quelques traits de crayon noir, du rose sur ses lèvres et elle se sent presque à nouveau Anna, confiante et débordante de vie. Demain sera un jour meilleur, se rassure-t-elle. Elle enfile sa tenue de travail habituelle, un jean brut avec une chemise blanche, positionne ses bagues en argent à ses doigts et il est finalement l'heure de prendre la direction du café avec Noah.

Ils s'étaient rencontrés dans une salle d'escalade quelques années auparavant. Claude assurait Anna sur une voie quand il aperçut Noah au loin. Il tomba directement en admiration des prouesses de ce bel homme. Il avait envie d'apprendre à découvrir cet athlète. Il commença à s'avancer vers lui et s'arrêta net. Paralysées par la peur, ses jambes refusèrent de le laisser approcher cet ange métisse. Il l'observait repositionner sa corde à son baudrier, couvrir ses mains de magnésie et appréhender cette nouvelle voie. Il s'élançait, légèrement haletant de ses efforts passés, sur la première prise. Avec une facilité déconcertante, Noah maintenait son équilibre sur les différents volumes de la paroi. Il dansait, suspendu contre son mur. Ses dernières phalanges accrochaient une prise, ses jambes se courbaient et, progressivement, il se hissait jusqu'au sommet. Il poussa un cri de rage pour atteindre cette dernière étape et son sourire illumina son visage. Et Claude sut. Plus rien ne l'éloignerait de cet homme. Il n'avait pas rencontré quelqu'un, c'était l'amour inattendu qui redescendait de cette corde. Cet étranger le mettait à nu de toutes ses émotions. La simplicité de sa nouvelle vulnérabilité le transcendait. Son cœur battait la chamade et Claude le laissait exploser. D'un simple regard, cet inconnu lui avait fait perdre la raison. Il s'approcha de lui. Ils partagèrent un café et discutèrent longuement. Claude s'enivra de son odeur, se délecta du son de sa voix. Noah et lui tourbillonnaient. Le temps s'était arrêté et la flamme de leur amour s'embrasait. C'était une évidence. Le compte à rebours s'était achevé après s'être attendus tant d'années. Et juste comme ça, autour d'une boisson amère et éphémère, ils s'éprirent. A la nuit tombée, leurs lèvres se retrouvèrent. Un baiser tendre et intime comme promesse d'une tendresse éternelle. Claude sentait le souffle chaud de Noah sur son cou. Il le déshabilla lentement. Parcourant son corps avec sa bouche, il goutait à la douceur de sa peau. Leurs cœurs se prenaient finalement comme amants. Il lui attrapa la main, enlaça ses doigts, le retourna et leurs corps fusionnèrent. Ils se reconnurent à travers cette étincelle charnelle. Et le feu de leur amour fut de plus en plus éclatant.

Noah emménagea rapidement dans l'appartement de la fratrie. Au sein des clameurs de la ville, ils avaient agencé un véritable cocon. Les trois jeunes locataires étaient solitaires et casaniers, leur bonheur résidait dans ces soirées passées entre eux, dans leur univers. Une bulle qu'ils s'étaient construite au fur et à mesure des années écoulées ensemble. Ils se suffisaient à eux trois. Ce fut donc naturellement qu'Anna et Noah décidèrent de partager leur vie professionnelle et d'ouvrir leur propre café - pâtisserie.

Ils avaient déniché un local dans la rue parallèle à leur appartement, au 78 Rue Delaie. A la place d'une ancienne échoppe, ils avaient aménagé un endroit propice à la dégustation des gourmandises d'Anna et des breuvages réconfortants de Noah. Un cadre intimiste, avec seulement quelques tables donnant sur une large cuisine ouverte. Ce matin, au lendemain des funérailles oubliées d'Adèle, les deux associés arpentent le quartier s'éveillant sous un soleil accru. Quelques personnes s'engouffrent la tête baissée dans les bouches de métro, d'autres se hâtent entre les rues et peu déambulent en s'émerveillant du spectacle commun de cette matinée ordinaire. Quant aux deux jeunes gens, ils évoluent sur les pavés sans se soucier de leur environnement. Ils ne remarquent pas ces femmes qui se présentent leur nouveaux nourrissons, ce chien qui aboie contre une mouette osant manger un sandwich devant lui. Ils ne s'aperçoivent plus de la beauté architecturale des immeubles qui les entourent, du sourire enfantin d'un vieillard qui salive devant une boulangerie. La magie de l'ordinaire ne les éblouit plus, engloutie par la monotonie de leur quotidien. Dans leur routine, ils entament leur travail matinal en énumérant les besoins du café. Quelques courses à profiler pour l'heure de pointe, un appel à la banque pour s'assurer de la trésorerie et la finalisation de nouvelles spécialités de saison.

Ce matin, Noah s'interroge sur les multiples variations du matcha latte. De la douceur du lait d'avoine à la crémosité de celui de brebis, il se délecte de chaque saveur et appréhende l'harmonie des différents éléments. Il ajoute des liqueurs de fruits, augmente la puissance du fouet pour faire mousser le lait... Scrupuleusement, il annote sur un carnet chaque quantité, chaque observation et baptise son œuvre.

Conjointement, Anna se consacre à la préparation de pâtisseries. Elle se plaît à la rigueur de cette discipline. Les fondations se doivent d'être exemplaires pour pouvoir faire preuve par la suite d'originalité. Après avoir mis en place les bases de ses pâtes, elle laisse sa créativité culinaire s'épanouir dans le mélange de saveurs audacieuses. En parallèle, la jeune brune s'attelle au service des quelques tables disposées dans la pièce principale. Des habitués s'y installent en la saluant chaleureusement. Deux architectes aux expressos noirs, trois amis d'enfance s'échangeant les dernières rumeurs du week-end, un policier fraichement à la retraite avec sa tasse de thé noir et un jeune homme brun silencieux buvant son café au lait d'une gorgée. Anna étudie furtivement ces visages étrangers. Elle les connait seulement à travers ces rites matinaux ou encore au détour de quelques phrases, mais cela la réconforte de les voir résider dans son univers chaque jour.

Comme à son accoutumée, le jeune homme s'avance vers elle d'un pas hésitant. Café payé, il la scrute les yeux luisants et lui demande l'heure. « 9H32 », lui répond Anna en lui désignant l'horloge sur le mur de la boutique. Il baisse la tête, ses lèvres tentent de sortir quelques mots. Mais seul le silence résonne entre les deux jeunes gens. Il pivote sur ses talons et repart hâtivement vers la sortie du café sans un au revoir. De loin, elle l'observe repositionner sa capuche noire sur ses cheveux de jais. Cet homme l'intrigue, elle s'imagine son quotidien, ses désirs, ses appréhensions. Elle s'interroge sur la signification de cette expression mystérieuse sur son visage. Mais surtout, pourquoi une telle obsession pour l'heure ! Le policier la regarde en souriant, acquiesçant son incompréhension. Il hausse les épaules et se tente à une blague.

– Quelle heure est-il quand on ne peut plus lire l'horloge ? Celle d'aller s'acheter des lunettes, Anna. Et il en aurait bien besoin le petit, dit-il tout triomphant.

Anna éclate de rire face à l'échec cuisant de cette tentative d'humour. Elle le rabroue tendrement quand il lui propose son énième tour de magie. Il semble envouté par le charme d'Anna et son humour piquant. La brunette s'amuse avec lui et le considère presque comme cette figure paternelle qu'elle n'avait jamais connu. Mais les heures ne pouvant s'étirer, elle se sépare de l'humoriste amateur afin de retourner à la préparation de ses pâtisseries et le service des autres consommateurs. Progressivement, les différents clients s'éclipsent et partent à leur travail respectif. La journée file au rythme des badauds inconnus s'aventurant dans l'échoppe face à la promesse d'un moment gustatif surprenant. Anna accourt, jongle entre les différents services, tout en continuant de sourire chaleureusement à ses clients. Il est finalement 17h30, elle ferme la devanture et s'affale sur la première chaise qu'elle rencontre.

Noah vient la rejoindre, tenant un foulard dans sa main gauche pour la dernière étape de la journée. Il est temps de s'adonner à la dégustation des créations du jeune barista. Les yeux bandés, dans le noir total, les sens d'Anna sont à l'affut. Elle entend des bruits de céramique au loin, quelques pas qui s'avancent et le son d'un plateau qui prend place devant elle. Noah a les mains moites, l’intransigeance d'Anna lui avait valu bon nombre de pleurs étouffés. Solennellement, il lui amène à son palais des saveurs inédites de ses matcha latte et autres boissons revisitées. La mousse de lait fond sur sa langue, l'onctuosité des framboises tapisse son palais et l'amertume disparaît. Une symphonie se crée intérieurement, embellie par des notes sucrées que la jeune femme imagine. De l'agrume, des pistaches, du fruit rouge et autres goûts détonnent dans sa bouche. Elle laisse son corps s'imprégner de ces liquides sapides. Noah lui ôte le foulard de son visage et elle partage avec lui l'effervescence de cette dégustation. Elle s'emballe, parle trop vite tellement la passion déborde. Elle court chercher un stylo et annote dans le carnet du jeune homme ses propositions d'arrangements gustatifs. Le jeune métisse est soulagé. Il souffle à nouveau et s'assoit devant la jeune femme. Il n'a plus l'énergie pour débattre ce soir et lui propose de continuer la discussion le lendemain en refermant le carnet sur les doigts d'Anna. Il l'embrasse sur le front et éteint toutes les lumières du café. Ils claquent la porte d'entrée, descendent la grille et rentrent chez eux en échangeant leurs anecdotes de la journée.

C'est en sortant du café que Noah ressent alors une sensation de coups de poignard sur sa tempe gauche. Sa vision commence à se brouiller, sa bouche à s'engourdir et sa main à se figer. Il a l'impression qu'une enclume s'est déposée sur son crâne et que quelqu'un s'amuse à affuter son marteau dessus. Il tente de se masser la zone, sachant pertinemment que cela ne sera pas suffisant pour amoindrir la douleur. Ces symptômes lui sont trop familiers. Aux prémices de ces manifestations, il s'était rendu dans une cabine médicale où un algonaute robotisé lui avait posé quelques questions sur les facteurs d'apparition de ses céphalées. Il avait réalisé dans l'habitacle quelques imageries et effectué une prise de sang. Au vu des résultats, et selon l'algorithme, l'algonaute lui avait prescrit des comprimés verts, remèdes pour éradiquer la douleur physique. Quelques minutes après la prise, tous ses symptômes disparaissaient, aussi subtilement qu'ils avaient surgis. La fréquence de leur apparition s'intensifiait récemment. Noah avait commencé à augmenter la posologie et se ruait sur ses médicaments dès la moindre alerte physique. Il ne supportait plus cette fragilité charnelle et tentait de camoufler sa maladie. Claude s'inquiétait régulièrement de l'impact de ces comprimés sur Noah et lui signifiait par un regard désapprobateur à chacune de ses prises. Mais ces pilules lui permettaient la liberté de se mouvoir, d'interagir, de redevenir une personne lambda. Il taisait son addiction à son conjoint par amour, même s'il savait pertinemment le crescendo exponentiel de son asservissement. Mais cela ne l'inquiétait pas.

Il ouvre la porte de l'appartement en trombe et se précipite vers la salle de bain. Sur le canapé, Claude se réveille en sursaut par la course frénétique de son partenaire. Anna le rejoint sur le sofa et lui explique la migraine soudaine de Noah. Elle sent monter la colère de son frère. Elle essaye de le calmer, le rationaliser sur les choix de Noah face à sa maladie. Mais il ne peut plus tout garder pour lui. Il a peur des effets secondaires que pourraient avoir ces comprimés de l'enfer sur l'amour de sa vie. Il a bien remarqué que les boîtes s'enchainaient de plus en plus vite. Parfois, il se demandait même si Noah n'en prenait pas par simple précaution. Cela ne peut pas être la seule solution. Il fonce dans la salle de bain rejoindre le malade et lui enlève de la main brusquement son médicament. Noah gît par terre face au placard de la salle de bain. Sa bouche est déformée, il ne peut plus parler. Les doigts de sa main gauche se replient sur eux-mêmes. Il tremble de tout son corps. Claude s'assoit en face de lui et lui caresse le visage. Il l'aime tellement, il donnerait toute son âme pour le protéger de ce trouble.

– Mon cœur, ce n'est pas la solution. Tu ne peux plus continuer comme ça, lui dit-il tendrement.

Noah hoche la tête péniblement. Quelques larmes ruissellent sur ses joues. Il cherche à articuler quelques mots, mais sa bouche stagne, légèrement entrouverte. Il essaye alors de tendre faiblement le bras vers la main de son compagnon, renfermant le comprimé. Vaincu par sa faiblesse, il renferme alors ses mains sur sa poitrine et se recroqueville sur lui même. Claude le redresse légèrement. Il pose le comprimé sur la langue du malade, amène un verre d'eau à sa bouche et l'aide à déglutir. Ils restent sur le carrelage froid tous les deux, dans le silence de ceux qui savent que l'oubli est pour demain. Noah soupire et attrape la main de Claude.

  • –  Tu n'auras bientôt plus de tristesse quand j'appartiendrai au monde des oubliés, lui sourit-il. Claude se lève d'un bond et aide Noah à se relever.

  • –  Non, notre amour se décline dans tous les futurs, lui répond-il sèchement.

Ensemble, ils parcourent les quelques mètres qui les séparent de leur chambre. Ils se couchent sur le lit, attendent quelques minutes l'effet recherché du médicament et Noah s'endort, apaisé par la voix rassurante de Claude.

Le frère rejoint Anna dans la cuisine laboratoire, hypnotisée par la préparation du diner. Il enfile un tablier en silence et l'aide dans l'épluchage de carottes sables. Sans un mot, elle pose son économe et glisse une main sur son épaule. Elle connaît la sensibilité de son frère, son impulsivité face à son impuissance. Et elle sait qu'il a peur que cette souffrance croissante ne l'emmène au Mimnesko.

La sonnette de l'appartement se met alors à retentir. Claude et Anna se regardent étonnés, ils n'attendent personne ce soir. Ils ouvrent la porte, surpris, sur une femme d'une soixantaine d'années. Des lunettes carrées couvrent son visage, ses cheveux roux sont ramenés dans une petite queue de cheval et elle tient dans ses mains une boite en bois cadenassée. Elle a les traits tirés, les yeux gonflés par une probable tristesse passée. Surpris par cette vision, le frère et la sœur referment la porte derrière elle. Elle avance dans le salon, comme si elle connaissait déjà les lieux, et leur demande de bien vouloir s'installer sur le canapé. Ils s’exécutent comme ensorcelés par la vision de cette drôle de femme. Elle scrute la pièce et s'assoit finalement sur un tabouret en face d'eux.

« Je viens de la part de votre défunte mère, Adèle ».

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