Chapitre 3

Notes de l’auteur : « La jeunesse est la seule richesse qui compte ; le sexe et l'argent ne sont que des accessoires ».
Friedrich Nietzsche

Le jour se leva. C’était le lendemain d’une nuit où Norbert avait passé un bon moment. La journée était belle. La réceptionniste n’avait pas menti en disant que la chambre du beau blond offrait une magnifique vue. Il contemplait le paysage depuis un bon moment. De là où il se trouvait, il pouvait voir les collines verdoyantes et un petit lac dont la fraîcheur s’évaporait en nuages de vapeur, embaumant l'air des alentours pour les habitants et les clients de l’hôtel.

Norbert se tenait sur le balcon de sa chambre, observant ce paysage qui le poussait à réfléchir sur le véritable bonheur. La joie de vivre se trouvait-elle entre les jambes des femmes qu'il courtisait chaque jour, ou devait-il plutôt la chercher dans la beauté de la nature et des lieux qu'il visitait ? Il voyageait dans des endroits magnifiques, mais il n’en profitait pas vraiment. À la place de se concentrer sur le plaisir de découvrir ces beautés, il pensait uniquement à ses conquêtes. Il aurait pu faire de ses voyages un métier enrichissant, sans se laisser corrompre, et bénéficier d'une vie plus épanouissante sur le plan moral, psychologique, social et financier.

 

Il regarda autour de lui. L'idée de changer son mode de vie ne cessait de le tourmenter. Pourquoi ne pas abandonner son passé pour se consacrer à un avenir meilleur, surtout qu'il en avait les moyens ? Il tourna à nouveau son regard vers la chambre, s'arrêtant sur l'image de la jeune femme belge, Katrine, qui dormait, presque entièrement dénudée sur son lit d'eau. Le drap, emporté par le vent matinal, laissait entrevoir sa silhouette. Norbert la fixait, pensant à une relation plus sérieuse. Mais une question le hantait : désirait-elle vraiment cela ? Avait-elle également envie d'une relation engagée ? Lui, qui n'avait jamais eu à forcer une femme à l'accepter, car son charme et son éloquence suffisaient généralement.

 

 

Quelques instants plus tard, Katrine se réveilla. Elle prit rapidement conscience de sa nudité, exposée à la lumière du jour et au regard des oiseaux.

- Norbert, où es-tu ? demanda-t-elle, inquiète. Elle craignait qu'il ne soit qu'un homme sans scrupules.

- Norbert ? Où te caches-tu ? appela-t-elle à nouveau.

 

Norbert, de son côté, était sorti prendre l'air. Il s'était arrêté dans un café voisin pour le petit-déjeuner, tentant d'échapper aux questions qui assaillaient son esprit et le faisaient culpabiliser.

- Une tasse de lait et deux gâteaux, s'il vous plaît, dit-il au serveur.

- Bien, monsieur, acquiesça ce dernier.

 

Alors qu'il dégustait sa boisson, une douce fraîcheur envahit le café, annonçant l'arrivée d'une jeune femme, tout juste sortie de l’adolescence. Norbert ne manqua pas de la dévisager. Elle portait une jolie robe d'été rose à pois blancs, des ballerines blanches et tenait une petite trousse, sans doute remplie de maquillage.

Plus il la regardait, plus il se rapprochait d'elle. Il avait déjà oublié Katrine, la jeune femme qui dormait dans son lit. Ce n’était pas la première fois qu'il laissait ses vieux démons refaire surface.

 

- Salut, avança-t-il, tout sourire.

- Bonjour, répondit la demoiselle, perplexe.

- Puis-je m'asseoir ici ? demanda-t-il en désignant une chaise près de la sienne.

- Oui ! répondit-elle, surprise d'être courtisée si tôt dans la journée.

Elle en était ravie, c'était probablement la première fois.

 

- Je suis Norbert, et vous ?

- Jessica Martel.

- Comment allez-vous, Jessica ? demanda-t-il, un sourire sur le visage.

- Je vais bien, merci, répondit Jessica, excitée par l'échange.

Elle gloussait à chaque fin de phrase, ce qui amusait Norbert.

 

- Eh bien, Jessica, je trouve que vous êtes une jeune femme très charmante. Puis-je avoir votre numéro de téléphone ?

Norbert ne cachait pas son intérêt pour elle.

 

- C’est le 203…, répondit Jessica, toute excitée, serrant les cuisses.

Peut-être sentait-elle déjà l'aura séduisante de jeune norvégien.

 

Quarante-cinq minutes plus tard, après avoir terminé leur petit-déjeuner et eu une conversation agréable, ils se dirigèrent vers l’hôtel quatre étoiles où résidait Norbert. Il espérait que Katrine soit déjà partie. Heureusement, le service de chambre avait été effectué, laissant un petit-déjeuner coûteux : café, pâtes bolognaises, salade de fruits et jus d’orange, ainsi que deux verres de vin blanc. Personne ne pouvait ignorer que Norbert avait passé une nuit agréable.

- Tiens, c’est ouvert, nous pouvons entrer, annonça-t-il à Jessica, qui admirait les lieux.

Elle ne doutait pas qu'il avait des moyens, ce qui lui plaisait énormément.

 

- Waouh ! C’est magnifique ici ! s'exclama Jessica, probablement émerveillée par un tel luxe.

Norbert, voyant que son expression ne reflétait pas le même émerveillement, se tut. Il aperçut alors une lettre sur la table de nuit. Il la prit discrètement et la lut avant que Jessica ne puisse remarquer quoi que ce soit.

 

« Bonjour Norbert, je me suis réveillée ce matin et tu n’étais plus là. J'ai dû m'en aller rapidement pour rassurer mes parents. Je passerai ce soir dans ta chambre après mon service pour que nous puissions nous revoir. À plus, ta Katrine d'amour. Cette nuit était magique, j'ai pris beaucoup de plaisir. Et toi, ça t’a plu ? »

Norbert se sentit dégoûté en lisant ces mots. Ses jambes tremblaient à l'idée du retour de Katrine.

Si elle avait été satisfaite, lui ne l’avait pas été du tout.

 

- Alors, tu veux jouer ? demanda Norbert à Jessica.

- Oui, mais qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle, innocente.

- C’est du billard. Tu sais y jouer ?

- Pas du tout.

- Ce n’est pas grave. De toute façon, je ne sais jouer qu’au billard américain. À quoi voudrais-tu jouer ?

C’était une question à double sens, mais il n’était pas sûr que Jessica l’ait comprise.

 

- Au baby-foot ? Mais il n’y en a pas ici.

- Ça c’est un problème qui n’en ait pas un, répondit Norbert avec assurance en demandant à faire livrer une table au téléphone.

 

Il était un peu frustré par l’absence d’intérêt de Jessica, même s’il essayait de le cacher. Pendant que la table de baby-foot était livrée, Norbert s'approcha d'elle, qui regardait la table de billard, se reprochant de ne pas savoir y jouer. Il profita de cette occasion pour la rassurer et l'encourager, avant d’essayer de l’embrasser.

 

Ding Dong !

 

- Oui, dit Jessica en hâtant d’ouvrir la porte, soulagée d’avoir échappé à Norbert.

- Voici la table de baby-foot que vous avez demandée, dirent les employés.

- Ah, merci beaucoup, répondit-elle, enthousiaste. Entrez, je vous en prie.

- D'accord, répondirent les deux agents en installant la table et en partant ensuite.

- Norbert, c'est toi qui as demandé ça ? demanda Jessica, ravie.

- Euh, oui, c’est moi, répondit-il, encore un peu distrait.

- Hum, merci, s'exclama Jessica en le prenant dans ses bras.

- Je suis content que ça te plaise, répondit-il, surpris par la rapidité du service.

Il sentait la chaleur de la jeune femme contre lui, mais il devait encore retenir son appétit et jouer le jeu, au moins jusqu'à la fin de la partie de baby-foot.

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