Chapitre 2

Par Notsil

Axel ne s’était pas attardé. Juste le temps de jeter quelques affaires essentielles dans son sac de voyage.  Les ailés voyageaient léger, c’était préférable quand on ne disposait pas d’une monture pour porter ses bagages. D’un regard, il balaya sa chambre. Parfaitement rangée, elle était loin de ressembler à celle d’un jeune homme de dix-neuf ans. Mais Axel avait toujours aimé l’ordre et la constance, deux points qui l’avaient amené à choisir la voie des Mecers, marchant sur les traces de son père.

Il rejoignit le salon, où ses parents l’attendaient. Axel lança le sac sur son dos, noua les lanières sur son torse.

— Prends le temps qu’il te faudra, dit Satia. Mais donne-nous des nouvelles régulièrement. Les Courriers de la Fédération sont là pour ça.

— Oui, maman, soupira Axel.

Comme s’il aurait le temps d’écrire des lettres.

— Ta mère ne sera rassurée que le jour où tu seras Lié, commenta Lucas avec un sourire. Pour mieux te pister.

— Jamais je ne ferais ça ! s’exclama Satia, outrée.

Elle ne possédait pas d’ailes, pouvait mentir comme elle le souhaitait, et même si Axel lui faisait une totale confiance, il n’était pas dupe pour autant. Leur mère les couvait, tenait à les protéger de son mieux. Elle connaissait le prix de la souffrance, savait qu’elle ne pouvait épargner à ses enfants les tourments de la vie, même si elle aurait donné cher pour payer les erreurs à leur place.

— Ne t’en fais pas, maman. J’ai juste besoin… de réfléchir à tout ça.

— Je comprends, mon chéri.

— Il y a des héritages lourds à porter, ajouta son père. N’oublie pas que le passé ne doit pas t’empêcher de voler dans la direction de ton choix. Tu auras toujours notre soutien.

— Merci, papa.

Les yeux bleu-acier étaient sereins, comme toujours. Axel n’avait jamais vu son père autrement. Il l’admirait, comme tous les aspirants Mecers. Lucas était une légende chez les Massiliens, en étant devenu le plus jeune Émissaire puis le plus jeune Messager de l’histoire des Mecers ; avant de renoncer, en pleine gloire, à ce statut privilégié pour intégrer les rangs fermés des Veilleurs.

Néanmoins, c’était Surielle la plus proche de leur père au sein de la fratrie. Si Axel aimait ses deux parents, il se sentait plus à l’aise auprès de sa mère. Un comble, alors qu’il marchait sur les traces de son père.

— Si tu es prêt, Axel, nous pouvons y aller, annonça Itzal.

Satia lui soutira une dernière étreinte, Lucas lui ébouriffa les cheveux avec un sourire. Sur le pas de la porte, Itzal l’attendait, l’ombre d’un sourire sur les lèvres.

— Je suis prêt, Messager, salua Axel, poing droit sur le cœur.

Avec quelques pas d’élan, ils gagnèrent les airs. Il y avait peu de nuages et peu de vent aujourd’hui ; un temps parfait pour voler.

Leur maison était située dans les faubourgs huppés de Valyar, dans la première couronne qui ceinturait le Palais. Un des avantages à avoir été Souveraine. Ils avaient même un petit jardin, un vrai luxe en ville.

Leur vol les conduirait au nord-est de la capitale. Ils laisseraient le lac Eriol sur leur droite, pour obliquer sur la Porte. Trois heures d’un vol calme, où ils ne croisèrent que quelques sarcelles en route pour le lac. Un instant, Axel envia leur quiétude. Nager, manger, se laisser porter par les flots… une apparente tranquillité. Bon, restait la question des prédateurs. La forêt de Tyrion était proche, et abritait plusieurs prédateurs redoutables, dont les panthirions, capables de prendre la couleur de leur environnement en camouflage.

Enfin, ils atterrirent près de la Porte. Axel laissa son Messager frapper poliment à la porte de la petite cabane. Le Prêtre d’Eraïm en fonction les salua, puis s’approcha de la Porte. Les deux piliers de marbre mauve et blanc étaient surmontés d’un linteau où s’affichait la flèche violette de Sagitta.

—Quelle est votre destination ? s’enquit le Prêtre en rajustant sa toge blanche.

— Niléa, répondit Itzal à la surprise d’Axel.

Le huitième Royaume, dédié aux arts. Il se serait plutôt attendu à retourner sur Massilia, trouver un Maitre des Vents.

Le Prêtre se concentra, marmonna des paroles qu’Axel ne comprit pas tandis que ses mains décrivaient des arabesques précises. Bientôt, l’espace entre les piliers ondula, scintilla d’une lueur orangée, comme une aura énergétique.

— La liaison est établie, annonça-t-il.

Itzal lui glissa quelques pièces qu’il accepta en s’inclinant légèrement.

— La bénédiction d’Eraïm vous accompagne, Massiliens.

Après un dernier remerciement, Itzal s’engagea  à la suite de son mentor, et ils disparurent.

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