Je me réveille au son d’un bip régulier. Où est-ce que je suis ? J’ai mal aux jambes. La clarté aveuglante de la pièce m’agresse jusqu’à ce que mes yeux s’habituent. Je suis dans une chambre d’hôpital. C’est raccord avec le fait que je me sente mal. J’essaie de remuer toutes les extrémités et j’y arrive avec plus ou moins de succès : mes orteils bougent, mes pieds un peu moins. Ma main est retenue par une autre et quand je la remue, l’autre remue également.
- Oh chérie …
- Maman ?
Je tourne la tête péniblement vers ma maman. Elle a les yeux rougis et les traits tirés, mais elle m’affiche un grand sourire.
- Ça va ma chérie ?
- J’ai connue mieux.
- C’est sûr.
Son regard migre vers le bout du lit. Je baisse les yeux vers les amas de matière blanche que je peux apercevoir entre les draps et je comprends pourquoi j’ai mal : J’ai des plâtres sur presque toute la hauteur des jambes.
- Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
- Je ne sais pas chérie, on pensait que tu pourrais nous le dire …
Je lutte quelques instants pour faire fonctionner ma mémoire mais je me heurte à un mal de crâne.
- Je ne sais plus, on est allé en boîte mais … qu’est-ce qu’ils m’ont fait ?
- Tu as les jambes cassées, ils ont dû t’opérer en urgence. Tu as des broches et des vis, c’est compliqué. Repose-toi, on pourra voir le médecin demain matin.
- On est quel jour ?
- On est lundi soir.
Ça va faire deux jours depuis mon dernier souvenir.
- Ça fait longtemps que tu es là ? Et papa ?
- On est arrivé hier matin avec ton père, il est parti il y a 5 minutes chercher du café.
- Faut que j’appelle le bureau pour les prévenir …
- Ils sont déjà au courant, certains de tes collègues sont arrivés avant nous. C’est Elise qui nous a prévenu. Elle était là ce matin, je lui enverrais un message pour la prévenir que tu t’es réveillé si tu veux. Elle sera contente. Elle s’en veut beaucoup de ne pas avoir été là.
- Oh …
Je renfonce ma tête dans l’oreiller ; Je sens déjà qu’elle va se foutre de moi.
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Il est 1h39 du matin quand enfin le calme s’est installé à cet étage. La dernière infirmière rejoint le poste de garde au bout du couloir et me laisse le champ libre. Elle est enfin seule. Ses parents l’ont laissé pour la nuit et sont partis vers 10h se reposer dans leur hôtel. Ils ne l’ont quasiment pas quitté depuis leurs arrivée, se relayant à son chevet, m’empêchant jusqu’alors de m’approcher. Discrètement, je passe la porte de sa chambre avant de la refermer dans mon dos.
Elle dort, au son du bip régulier de son électrocardiogramme. Tant de problèmes potentiels pour une si petite chose fragile. Je contemple un instant sa perfusion. La raison voudrait que je règle cette affaire en lui injectant de l’air dans sa poche de sérum physiologique pour lui causer une embolie. Je pourrais également l’étouffer sans un bruit avec un oreiller même si cela laisserait des marques sur ses lèvres. Dans les deux cas le scandale serait étouffé dans l’œuf avant même de savoir s’il pourrait éclore.
Ma raison tend dans cette direction, mais alors pourquoi l’aurais-je laissé vivre à l’origine ? Une part de moi pense qu’elle ne se souvient sûrement de rien. Peut-être il y a dans sa mémoire quelques images floues d’une soirée de fête, mais il me semble peu probable que ces images, selon toute probabilité nimbé dans un brouillard d’alcool et de douleur, lui donnent un souvenir intelligible. Certainement que le traumatisme aura effacé la plupart des événements. Je me sens soudain très lasse.
Je m’assois dans le fauteuil que sa mère n’a quasiment pas quitté en deux jours et de cette assise je trouve une vision reposante. Elle dort, ses longs cheveux d’un cuivre ardent à moitié emmêlés, le teint légèrement pâle, sa poitrine se soulevant régulièrement et son cœur battant comme un métronome.
Il me serait tellement plus simple d’en finir avec elle. Tellement simple. J’ai encore la sensation de son sang sur mes lèvres. Derrière les liqueurs qui lui empoisonnaient le sang, j'avais perçu des notes agréables de fraises sucrées. Du souvenir que j’ai des fraises sucrées.
Je me relève pour m’approcher d’elle. Elle sortait juste un samedi soir avec des amis et elle a failli en mourir par la stupidité d’un de mes congénères. J’ai encore quelques instants pour me décider sur son sort. Je suis persuadé qu’elle ne sait rien, elle n’a rien dit à ses parents. Il n’y aura pas de lendemain à cette affaire. Je replace instinctivement une mèche vagabonde de son visage avant de m’en aller.
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Je me réveille avant l'arrivée de ma mère et je regarde le fauteuil qu’elle a fait sien ces derniers jours. J’ai une impression fugace d’une visite dans mon sommeil. Je n’ai pas le temps de m’y attarder comme l’on toque à la porte.
- Entrez !
Ma collègue Elise entre, un gros vase de fleurs de toutes les couleurs et un ours en peluche dans les mains.
- Bonjour !
- Elise … il ne fallait pas …
Elle jette un coup d'œil à son chargement avant de me sourire.
- Ah ça ? Ça c'est pas pour toi.
- Pour qui alors ?
- Le beau et grand brun de la chambre d’à côté.
Je pouffe de rire face à cette réponse qui lui correspond tellement.
- Pose tout ça dans un coin et raconte-moi ce que je rate.
Elle pose les fleurs dans le coin de la chambre avant de m’apporter l’ours. Par la même, elle en profite pour s’asseoir sur le bord du lit.
- Te raconter ce qu’il se passe ? Pas grand chose. Mais ce serait plutôt à toi de me raconter quelque chose. Déjà, est-ce que ça va ?
- Franchement, ça peut aller. J’ai mal, c’est vrai, et j’ai les jambes en miettes, mais ça va.
- C’est déjà ça. Et tu ne te rappelles vraiment de rien ?
J’essaie une nouvelle fois d'agripper le moindre souvenir de quoi que ce soit qui ait eu lieu cette nuit, sans succès.
- Non …
Mon regard dérive dans le vague jusqu’à s'arrêter sur le fauteuil de ma mère.
- Je ne me rappelle de rien …
J'aime beaucoup, vraiment beaucoup, j'espère que tu ne vas pas t'arrêter en si bon chemin. J'ai trop hâte de connaître la suite. comment vivent les vampires dans ton histoire, sont-ils plutôt solitaires ou vivent-ils en famille ? et pourquoi la vampire dit que cette histoire va s'arrêter là, et après elle s'en va de la chambre !
J'aime le fait que ça reste flou et même tant j'aimerais déjà avoir des réponses, bon sang, tu sais vraiment captiver ton lectorat.
à quand le prochain chapitre ?
Au plaisir
Je suis très heureuse que ça te plaise ! Je te rassure, je ne vais pas m'arrêter là, de nombreux chapitres attendent dans l'ombre, alors la suite arrivera bientôt ! Quant à tes questions sur les vampires, j'ai bien peur qu'ils ne faille attendre que l'indécise Katelyn en parle... ou que d'autres s'invitent ?
Nous n'en sommes encore qu'aux balbutiements de l'histoire, il faut encore que certaines paroles demeurent sibyllines. Nous aurons bien assez tôt le loisir d'éclairer les zones d'ombres de New York.
Bon sang ? Intéressant choix de vocabulaire...
A très vite
J'aime bien le fait qu'on change de narrateur, même si c'est un peu perturbant au début, ça permet de garder une part de mystère sur les personnages.
Sinon, j'ai repéré une petite coquille : « Je me sens soudain très las. » → « Je me sens soudain très lasse. »
Merci pour ce chapitre !
Merci beaucoup pour ton commentaire !
J'essaie quelque chose avec l'alternance des narratrices, je comprends que ça puisse être perturbant. Ce n'est sûrement pas encore au point.
Je vais corriger la petite coquille, bien vu !
De rien pour le chapitre, c'est moi ! La suite arrivera bientôt !