Tchaque ! bam ! un nouvel adversaire au sol.
Maëlle, lassé de se petit jeu, s’assit paresseusement. A quoi bon s’entrainer puisqu’elle battait tout le monde ?
Mais Hard était strict à ce sujet : une heure d’entrainement par jour pour chacun.
Pourtant, elle avait tellement mieux à faire… cela faisait deux jours qu’elle était chef des gardes et était débordée. Ses nuits étaient courtes et ses journées étaient dédiée à organiser les patrouilles dans Lyon, les entrainements et remettre dans le droit chemin certains garnements. Le coté positif de cette nouvelle vie professionnelle, c’était que cela l’occupait et cela lui permettait de moins penser au visage possédé de Joséphine avant de mourir. Maëlle faisait tout son possible pour oublier, mais cela la suivait jusqu’à ses rêves, enfin à présent, ses cauchemars. L’adolescente savait que cette image la suivrait toute sa vie. Ce qui l’intriguait surtout, c’était le fait que c’était la première fois que cela l’obsédait à se point. Elle en avait tué pourtant des innocents. Les yeux de la foules réapparurent. Ses yeux même qui la critiquaient. Maëlle ferma les yeux et s’empêcha fermement de se masser les tempes. Aucunes émotions ne devaient être visible.
*
Elle grignotait les grains de riz dans son assiette. Mais enfin, y jouait plus. Maëlle posa le regard sur les quelques agents qui parlaient et rigolaient avec leurs collègues. Ils avaient l’aire de tous bien s’apprécier. Erreur. Il ne fallait pas s’attacher au gens. C’était bien trop dangereux.
« Alors ! » scanda Marjorie les deux mains sur la table.
C’était la première fois qu’elle lui adressait la parole depuis sa nomination.
« raconte-nous tout : ça fait quel effet d’être au poste d’une personne que l’on a assassiné ? » demanda-t-elle avec sarcasme. « fierté ? joie ? »
Maëlle la regarda avec dédain et supériorité tout en y ajoutant une froideur déstabilisante. Marjorie leva les bras au ciel et cria assez fort pour que toute la cantine se taise :
« ho mais pardon ! quelle question ! ça doit être satisfaisant ! 17 ans, une carrière déjà tracée, assassin, garce : le bonheur je suppose ! »
La cafétéria resta silencieuse, chacun conscient qu’elle venait de titiller la colère de Maëlle.
« vous n’en avez pas marre vous ?! de vous faire rejeter puis diriger par cette même fille ?! une fille qui n’est même pas majeur » cracha-t-elle.
Quelques voies s’élevèrent.
« nous sommes tous allés la voir quand elle est arrivée, elle était paniquée et seule et pourtant de son « grand » âge, elle nous a mis dehors comme de vulgaires objets. Mais moi, je peux vous assurer qu’elle est devenu chef pour une seule et unique raison : les nuits passées dans le lit de Hard »
Maëlle tressaillit légèrement mais n’intervint pas. Marjorie vint se placer derrière elle et posa ses mains sur ses épaules.
« ho mais oups » s’excusa-telle en les enlevants aussitôt. « excuse-moi, seule ton maître peut toucher ton jolie petit corp. »
Cette fois-ci c’en était trop, elle attrapa le bras de la fille et empoigna -comme elle l’avait fait il y a deux jours- un poignard et lui trancha le poignet violement.
Du sang gicla sur le visage de Maëlle et la main morte tomba sur le sol. Marjorie hurla, tenant son moignon en sang, mais personne ne vint l’aider.
La jeune fille se leva froidement et désigna une jeune homme d’une vingtaine d’années qui tremblait de tous ses membres et qui la regardait paniqué.
« emmène-la à l’infirmerie. Je la veux en état de se battre au plus vite. »
Elle les laissa s’engouffrer dans le couloir, une trainée de sang dégoulinant sur leur passage et attendit quelques instants.
« la première personne ne me respectant pas ici connaitra le même sort » dit-elle en regardant chaque visages un par un. « voir pire.»
La jeune fille tourna les talons et s’essuya d’un revers de main sur une serviette du sang de Marjorie. Elle savait qu’elle avait fait son effet. Elle n’en était pas forcément fière, mais cette femme l’avait humilié.
Voilà ce qu’il arrivait quand on embêtait Maëlle FAL. On perdait sa main.
Maëlle s’approcha d’un pas assuré de l’accueil. Ici travaillait un vielle homme complètement fou à force de s’occuper de la paperasse. Il possédait le dossier de chaque agents exerçant ses talents ici. Le jeune fille s’arrêta devant le comptoir. Elle ne posa pas ses coudes sur le bureau bien que l’envie et la fatigue la tentaient.
« j’aurais besoin du dossier Marjorie. »
Il leva les yeux de son ordinateur, il s’apprêtait à répliquer quelques choses de désagréable, mais à la vue du chef de la garde se tue. Il la regarda éberluer derrière ses lunettes noir et après quelques secondes de rêverie se leva et sortit son énorme trousseau de clé. Jamais Maëlle n’en avait vu autant jusqu’ici. C’est-à-dire qu’elle n’était jamais vraiment venu ici avant qu’elle ne devienne commandant et doive s’occuper de ses subordonnés. Elle se remémora soudain les clés de sa maison qu’elle avait. Elle y avait mis beaucoup de portes clés et sa famille et ses amies la taquinaient souvent là-dessus. Elle cligna des yeux pour chasser le souvenir. Elle n’aimait personnes.
Le secrétaire réapparu, un dossier pas très épais à la main. D’après l’imagination des employés, le vielle homme savait jusqu’aux choses les plus personnelles des agents. Bien sur ce n’était qu’une légende fournit et refournit d’histoire farfelu. Maëlle rêvait tout de même de rentrer dans cette pièce depuis qu’elle était arrivée ici. Malheureusement, l’accès était refusé à tout le monde sauf à Hard et pour accéder au dossier il fallait être au même niveau que Maëlle, sachant que le secrétaire rapporterait tout au chef. Elle devait donc se faire sa propre interprétation de chaque personnes qu’elle croisait et les retranscrivait le soir sur sa tablette portable. Mais aujourd’hui, elle n’avait pas besoin de toutes ses traductions : elle avait besoin de l’histoire de sa collègue pour mieux la comprendre.
Elle empoigna le dossier et le remercia d’un hochement de tête. Elle se rendit dans sa chambre et s’assit sur son lit. L’adolescente posa délicatement sa tête sur son oreiller et ouvrit la pochette renfermant le vie de Marjorie.
Elle avait 19 ans et avait vécu une enfance seule, sans autres enfants. Ses parents vivaient à la montagne, dans le massif des écrins. Ils travaillaient dans un restaurant en fasse du glacier de la Girose qui accueillait de nombreux visiteurs chaque années. Sa famille ne descendait que très rarement dans la vallée et cela, Marjorie le vivait très mal. Sa mère lui faisait l’école et elle était fille unique. Alors, à ses 14 ans, elle décida de se rendre à Lyon pour étudier les sports de combat et en devenir professeur. Un peu comme Maëlle, mais celle-ci avait d’autres projets en tête pour son avenir. En tout cas, Hard avait dû employés la femme pour sa faculté à se battre. Elles étaient assez similaire tout compte fait. Sauf que l’une avait perdu quelque chose et l’autre pas. Maëlle repoussa se sous-entendu d’un soupir lasse. Une erreur stratégique dans sa vie.
La chef des gardes comprenait à présent pourquoi Marjorie réagissait ainsi. Seule toute sa vie, la sociabilité n’était pas son fort. Tout de même, Maëlle c’était sentit offensée et elle ne pouvait l’accepter. En la blessant, cela lui a permis de s’imposer et tout le monde devait à présent la prendre au sérieux : c’était une fille redoutable qui n’avait ni peur de sang et encore moins de la mort.