Chapitre 2

Notes de l’auteur : Dans ce chapitre Cannelle découvre une face cachée du maire, monsieur Le Perre!
La vérité est toujours à Droche... :-p

Le lendemain, le site du doc-psy-cotte était prit d’assaut car la vidéo de Cannelle s’était retrouvée sur le site de partage très populaire « Tonhit ».

La dixième sonnerie de son téléphone portable finit par la réveiller enfin. Au bout du fil, Robert Laingaud, le rédacteur en chef du Droliquinfo était fou de rage. Plus personne ne parlait de l’inauguration de la chapelle mais bel et bien des lumières non identifiées qui tournaient autour. Robert connaissait bien Cannelle, aussi elle eu beau démentir toute implication, il ne la cru pas et la convoqua à un entretien qui s’annonçait musclé.

Laingaud avait vu du pays avant de prendre la tête du petit journal de Droche, en guise de pré retraite comme il disait. C’était un homme sûr de lui, peu discret et volontiers vulgaire mais ce caractère bien trempé lui avait permit de faire une belle carrière comme correspondant d’un grand journal.

Il n’aimait pas Cannelle. Trop excentrique et surtout pas assez docile à son goût. Depuis le black out, elle n’arrêtait pas de le harceler à propos de faits prétendument étranges sans apporter de preuves concrètes.

Ce matin, il avait frôlé la crise cardiaque lorsqu’il avait découvert la vidéo à plus de deux milles vues. Ce qui l’ulcérait par-dessus tout c’était qu’une de ses journalistes puisse lui cacher un scoop.

— J’vais la découper en rondelle, putain ! hurla-t-il en buvant sa quatrième tasse de café, Jeanine, elle est là la traitresse ? vociféra-t-il sur sa secrétaire.

— Non pas encore Monsieur Laingaud, répondit-elle, blasée.

— Je vais l’écarteler, l’assaisonner, la pulvériser ! Le maire m’a déjà appelé deux fois pour avoir plus de renseignements. Il m’a dit que des touristes n’arrêtaient pas d’appeler pour savoir comment rencontrer les extraterrestres de Droche. On va quand même pas devenir un putain de Roswell ! Il faut que cette écervelé nous dise ce qu’elle sait.

— Cannelle est ici Monsieur Laingaud, le coupa Jeanine.

Robert souffla bien fort, remonta ses manches pour laisser apparaître ses avant bras velus, puis éclaircit sa voix.

— Faites entrer Judas, dit-il suffisamment haut pour que la journaliste l’entende.

Lorsque cette dernière apparu dans le bureau avec son éternelle sourire moqueur, il se cramponna à son siège pour ne pas la saisir à la gorge.

— Bien bien bien. Alors comme ça on cache du scoop à tonton Laingaud, lança t-il sur un ton faussement mielleux.

 

Cannelle avait cet homme en horreur. Et cette façon, un brin machiste, de lui parler, lui donnait envie de le gifler. Dans ces moments là, elle l’imaginait au Paravent dans une tenue de Marilyn Monroe : la perruque blonde, les faux cils et les vrais poils épais un peu partout.

— Je te fais rire ? s’énerva son patron en la voyant inattentive.

— Non, non, se reprit-elle alors. Pour la vidéo, elle est vraie, j’ai vu ces choses de mes yeux, mais comme vous m’aviez dit que toutes ces histoires ne vous intéressez pas…

— J’en ai rien à carrer de ces histoires, ce qui m’intéresse c’est cette histoire là. Le maire ne me lâche plus. Je veux que tu me trouves ce qui se passe là bas et vite ou je me sers de ton contrat pour me torcher le cul. T’as compris ?

La vision du gros Robert, assit les fesses à l’air tout en déchirant son contrat de travail traversa l’esprit de la jeune journaliste qui fut parcourut d’un frisson d’écœurement.

— Ouais. J’vois bien que tu viens de l’imaginer ma p’tite Cannelle et c’est pas joli joli ! Trouve moi des réponses et vite, lui somma t-il en pointant l’index vers elle.

 

Elle sortie du bureau encore dégoûtée par ce qu’elle avait eu en tête mais il fallait qu’elle se reprenne. Elle appela sans attendre Alex et sans grande surprise, ce dernier ne répondit pas. Son ami vétérinaire par contre était enthousiaste à l’idée d’élucider ce mystère. Ils se rendirent donc tous deux sur les lieux à la nuit tombée. Ils n’étaient pas les seuls à avoir eu cette idée puisqu’une vingtaine de personnes avait fait de même, dont le groupe de jeunes Ufologues.

— Vous avez vu, même le maire est là ! lança l’un d’eux en se précipitant sur Cannelle.

— C’est l’un des nôtres, murmura un autre en s’approchant à son tour.

— L’un des vôtres ? s’étonna la journaliste.

Ce que Cannelle ignorait, comme beaucoup d’ailleurs, c’était que le maire de Droche, Paul Le Perre, avait un grand secret: il avait fait ce qu’il appelait pudiquement, une rencontre étrange.

Vingt ans plus tôt, alors qu’il rentrait d’une partie de chasse bien arrosée, tant par la pluie que par la boisson, il s’était arrêté dans un petit chemin pour assouvir un besoin naturel. C’est là qu’il avait rencontré des êtres fluorescents qui lui avaient commandé de se présenter aux élections de la mairie au plus vite. 

Après un petit séjour en clinique, officiellement pour soigner un coup de fatigue mais officieusement ses problèmes d’addiction, il avait promit à sa femme de ne plus jamais évoquer ce passage embarrassant. Il tint promesse pendant des années, mais il n’y pouvait rien, Monsieur Le Perre était persuadé que ses victoires consécutives au poste de maire étaient dues à l’intervention de ces êtres fluorescents et non pas à l’absence de candidat en face de lui. 

Alors, dans la plus grande discrétion, il créa une association dont le but serait de découvrir ce qu’il avait rencontré ce soir là et c’est ainsi que la LAVED vit le jour. Régulièrement, il faisait des dons de matériel aux apprentis ufologues à la seule condition que personne ne sache qu’il était le créateur de l’association.

Ce soir, c’était son soir, il attendait de pied ferme des visiteurs d’un autre monde et tant pis pour sa réputation.

— C’est une blague ? demanda Cannelle, incrédule mais prenant des notes tout de même.

— Pas du tout, rétorqua l’un des jeunes hommes.

— Remarque, cela explique sa fascination pour les costumes en latex fluo, ajouta Fdj, qui par cette phrase s’attira tous les regards.

— Cela explique aussi pourquoi il met la pression au journal, reprit la jeune fille pour changer de sujet et ne pas avoir d’image en tête cette fois-ci.

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